Journal de Gyn´ ecologie Obst´ etrique et Biologie de la Reproduction (2011) 40, 633—638
TRAVAIL ORIGINAL
Épidémiologie et caractérisation des génotypes de papillomavirus humain dans une population de femmes à Ouagadougou Epidemiology, characterization of genotypes of human papillomavirus in a population of women in Ouagadougou C.M.R. Ouedraogo a,∗, F.W. Djigma a,b, C. Bisseye a,b,c, T. Sagna a,b,c, M. Zeba a,b,c, D. Ouermi a,b,c, S.D. Karou b,c,d, V. Pietra b,c,e, F. Buelli b,c, N.W. Ghilat-Avoid-Belem b,c, K. Sanogo b,c, J. Sempore b,c, R. Moret b,c, S. Pignatelli b,c, J.-B. Nikiema a,b,c, J. Simpore a,b,c a
Université de Ouagadougou 07, BP 5252, Ouagadougou, Burkina Faso Centre de recherche biomoléculaire « Pietro Annigoni » CERBA/LABIOGENE, Ouagadougou, Burkina Faso c Centre médical Saint-Camille, Ouagadougou, Burkina Faso d Université de Lomé, Togo e Universita da Brescia, Italie b
Rec ¸u le 15 d´ ecembre 2010 ; avis du comité de lecture 19 mai 2011 ; définitivement accepté le 27 mai 2011 Disponible sur Internet le 6 juillet 2011
MOTS CLÉS Papillomavirus humain ; Génotype
∗
Résumé But. — Ce travail a été réalisé dans le but de déterminer la prévalence des différents génotypes de papillomavirus humain (HPV) dans une population de femmes venant en consultation gynécologique. Patientes et méthodes. — De mai à juin 2010, des prélèvements du col ont été réalisés chez 300 femmes venant en consultation gynécologique dans deux centres de santé à Ouagadougou. L’identification du génotype du HPV a été faite en utilisant la technique de réaction de polymérisation en chaîne (PCR) suivie d’une reverse hybridation sur des bandelettes nitrocellulosiques. Résultats. — Parmi les 73 femmes (24,3 %) infectées par HPV, seulement 27,4 % (20/73) d’entre elles étaient infectées par un HPV à bas risque (BR) ; les 72,6 % (53/73) autres femmes étaient infectées par au moins un HPV à haut risque (HR). En cumulant les génotypes de HPV
Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (C.M.R. Ouedraogo).
0368-2315/$ – see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.jgyn.2011.05.012
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C.M.R. Ouedraogo et al. retrouvés sans tenir compte du nombre de femmes infectées, nous avons retrouvé en tout 84 HPV parmi lesquels nous avons des HPV à haut risque : HPV-50 S (26/84 soit 31,0 %), HPV18 (12/84 soit 14,3 %), HPV-16 (9/84 soit 10,7 %), HPV-30 S (5/84 soit 5,9 %), HPV-HR (5/84 soit 5,9 %) et HPV-45 (3/84 soit 3,6 %) et des HPV à bas risque : HPV-6 (15/84 soit 17,9 %) et HPV-BR (9/84 soit 10,7 %). Nous n’avons retrouvé aucun HPV-11. Discussion et conclusion. — La prévalence de HPV retrouvé dans notre série est comparable à celle que l’on trouve dans reste du monde. Pour compléter cette étude, il serait nécessaire de rechercher la prévalence des HPV retrouvé dans les lésions du col au Burkina Faso. © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
KEYWORDS Human papilloma virus; Genotype
Summary Objectives. — This work was carried out in order to determine the prevalence of different HPV genotypes in a population of women attending gynecological consultation. Material and methods. — From May to June 2010, cervical samples were obtained from 300 women attending gynecological consultation in two health centers in Ouagadougou. The strains of HPV genotyping was done using the technique of polymerase chain reaction (PCR) followed by reverse hybridization on nitrocellulose strips. Results. — Among the 73 women(24.3%) infected with HPV, only 27.4% (20/73) of them were infected with a HPV low risk (BR), the 72.6% (53/73). Other women were infected with at least one high risk HPV (HR). By combining the HPV genotypes found without taking into account the number of infected women, we found a total of 84 HPV among whom we have high-risk HPV : HPV-50’S(26/84 or 31.0%), HPV-18 (12/84 or 14.3%), HPV-16 (9/84 or 10.7%), HPV-30’S (5/84 or 5.9%), HPV-HR (5/84 or 5.9%) and HPV-45 (3/84 or 3.6%) and low-risk HPV: HPV-6 (15/84 or 17.9%) and HPV-BR (9/84 or 10.7%). We have found no HPV-11. Discussion and conclusion. — The prevalence of HPV found in our series is comparable to that found in the world. To complete this study, it would be necessary to investigate the prevalence of HPV found in cervical lesions in Burkina Faso. © 2011 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Introduction L’infection à papillomavirus humain (HPV) est responsable chaque année de plus de 493 000 cas de cancer du col de l’utérus dans le monde et d’environ 274 000 décès [1]. C’est la première IST dans le monde [2,3]. La très forte corrélation entre la présence de HPV et l’apparition d’un cancer du col a permis à la recherche d’aboutir à l’élaboration de deux vaccins. Cependant, ces vaccins ne couvrent que quelques génotypes de HPV. Même si ces génotypes sont retrouvés de fac ¸on générale dans plus de 70 % des cas de cancer du col dans le monde, ils ne sont pas nécessairement ceux que l’on retrouve le plus dans nos pays africains. En effet, parmi les HPV à haut risque outre ceux suscités, on relève d’autres qui n’ont pas fait l’objet d’élaboration de vaccin, mais qui semblent poser un problème, en témoignent les différentes études réalisées en milieu africain [4—7]. L’objectif principal de notre étude était de déterminer la prévalence des différents génotypes de HPV dans une population de femmes venant en consultation gynécologique.
médical Saint-Camille (CMSC) et le centre médical avec antenne chirurgicale du secteur 30 (CMA du 30). Nous avons proposé le test de HPV à 315 femmes sans distinction d’âge recrutées lors de consultations gynécologiques ordinaires. Leur consentement a été obtenu avant le prélèvement. Chaque femme a répondu à un questionnaire en vue de déterminer le statut socioéconomique, professionnel, le motif de consultation ainsi que certaines habitudes comportementales et sexuelles. Treize femmes ont refusé le prélèvement et deux femmes ont été exclus de l’étude parce qu’elles étaient vierges ; de sorte que nous avons retenu en tout 300 femmes pour l’étude.
Prélèvement des échantillons Après avoir mis en évidence le col de l’utérus à l’aide d’un spéculum, on introduit un écouvillon à bout cotonné dans l’endocol et à l’exocol au niveau de la zone de jonction et on le tourne au moins trois fois dans le sens des aiguilles d’une montre. L’échantillon ainsi collecté est ensuite mis dans un tube d’extraction de 1,5 mL et placer à −80 ◦ C en attendant l’extraction de l’ADN.
Patientes et méthodes Extraction de l’ADN Cadre de l’étude et patientes de l’étude Le prélèvement des échantillons a été fait de février à juin 2010 dans deux centres de santé de référence et très fréquentés de la capitale du pays, Ouagadougou : le centre
Elle s’est faite à l’aide d’un kit « INSTANT Virus DNA Kit » de analytkjena® bio solutions ; Italie, en suivant le protocole fourni par le fabriquant. Nous avons utilisé des colonnes d’extraction dans lesquelles on a placé notre extrait d’ADN
Épidémiologie et caractérisation des génotypes de papillomavirus humain (Burkina Faso) obtenu après la lyse des membranes et des protéines. L’extrait d’ADN a ensuite été lavé et élué. On obtient à la fin de l’ADN prêt pour la PCR. La PCR par hybridation a été réalisé à l’aide d’un kit « HPV STAR BLOT » de Diatech® ; Italie. Les bandelettes ont été colorées en noir au niveau des parties représentantes des HPV positifs. Elle permet de détecter les génotypes HPV suivant : 16, 18, 30 S (31, 33, 35, 39), 45, 50 S (51, 52, 53, 56, 58, 59), 6, 11 et les autres génotypes HPV à haut risque et à bas risque. Après avoir laissé sécher les bandelettes, nous avons lu les bandes ou les traits obtenus en les comparant avec ceux du fournisseur. On obtenait ainsi les différents types de HPV pour chaque échantillon. Les HPV-50 S sont soit des HPV-51, HPV-52, HPV53, HPV-56, HPV-58, HPV-59 soit une combinaison de chacun de ces génotypes. Les HPV-30 S sont soit des HPV-31, HPV-33, HPV-35, HPV-39 soit une combinaison de ces génotypes. Le kit « star Blot » nous a permis d’isoler spécifiquement des HPV à haut risque (HPV-16, HPV-18, HPV-45, HPV-30 S et HPV-50 S) et des HPV à bas risque (HPV-6). Cependant, il ne permet pas de distinguer les autres génotypes HPV ; nous les nommerons donc HPV-HR pour les HPV à haut risque non génotypés et HPV-BR pour ceux à bas risque non génotypés.
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• le nombre moyen de grossesse était de 2,3 ± 2 ; • le nombre moyen d’accouchement de 1,5 ± 1,7, le nombre moyen d’avortement de 0,6 ± 0,9 ; • 76 % des femmes étaient mariées ; • 75,7 % avaient eu leur premier rapport sexuel entre 15 et 20 ans ; • 38,3 % étaient des ménagères ; • 69 % ont été scolarisées ; • 64,3 % des femmes n’avaient jamais subi un avortement ; • 97,3 % des femmes ne fumaient pas ; • 79,7 % n’auraient jamais eu d’IST ; • 93,7 % ne prenaient pas d’antibiotique depuis au moins une semaine ; • 88,3 % des femmes avaient un seul partenaire ; • 73,3 % d’entre elles n’utilisaient pas le préservatif ; • 73,3 % n’avaient jamais eu une consultation du gynécologue ; • 87,7 % n’avaient jamais fait d’examen pour détecter les lésions précancéreuses au niveau du col de l’utérus ; • 56,7 % avaient déjà eu une infection gynécologique ; • 29,7 % utilisaient un moyen de contraception ; • 88 % des femmes n’avaient jamais eu d’intervention chirurgicale sur l’utérus ou sur le col.
Analyses statistiques Les données ont été directement saisies dans une base de données SPSS version 12.0 et analysées par EpiInfo version 6. Pour le test du khi2 et le calcul de l’indice de confiance nous avons utilisé EpiInfo version 6. Le seuil de significativité a été fixé à p ≤ 0,05.
Résultats De février à juin 2010, nous avons proposé le test de dépistage du HPV à 315 femmes. Parmi elles 300 ont donné leur consentement et ont accepté de faire le prélèvement. Les principaux motifs de consultation gynécologique des femmes qui ont participé à notre étude étaient : • • • • • • • • •
infections gynécologiques (78/300 = 26,0 %) ; désir d’enfant (57/300 = 19,0 %) ; troubles du cycle (33/300 = 11 %) ; contrôle après divers traitements (28/300 = 9,3 %) ; suivi de grossesse (26/300 = 8,7 %) ; pathologie mammaire (19/300 = 6,3 %) ; fibrome ou kyste (14/300 = 4,7 %) ; avortement à répétition (11/300 = 3,7 %) ; autres motifs (34/300 = 11,3 %).
Caractéristiques socioéconomiques, sexuelles et comportementales des femmes de notre étude Nous avons recherché le profil socioéconomique, sexuel et comportemental des femmes de notre étude. Les résultats étaient les suivants : • la moyenne d’âge des femmes de notre échantillon était de 31 ± 8,2 ans (15—63) et la médiane était de 30 ans ; • l’âge moyen au moment du premier rapport sexuel était de 19 ± 2,5 ans (13—33) ;
Prévalence et caractérisation des différents types de HPV isolées L’analyse a montré que parmi les 300 femmes ayant participées à l’étude, 24,3 % soit 73/300 étaient infectées par au moins un type de HPV (Tableau 1). Parmi les 73 femmes (24,3 %) infectées par HPV, seulement 27,4 % (20/73) d’entre elles étaient infectées par un HPV à bas risque (BR) ; les 72,6 % (53/73) autres femmes
Tableau 1 Répartition des femmes selon le statut d’infection à HPV isolée ou multiples. Distribution of women according to the status HPV infection alone or in multiples. Infections isolées ou multiples à HPV
Nombre de femmes
16 16, 18, 6 16, 50’S 18 18, BR 30’S 30’S, 50’S 30’S, 50’S, 6 45 45, 50’S 50’S 50’S, 45 50’S, 6 6 HR HR, 16 BR
6 1 1 10 1 3 1 1 1 1 20 1 1 12 4 1 8
Total
73
Pourcentage 8,2 1,4 1,4 13,6 1,4 4,1 1,4 1,4 1,4 1,4 27,4 1,4 1,4 16,4 5,4 1,4 10,9 100
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C.M.R. Ouedraogo et al.
Tableau 2 Répartition des infections à HPV selon l’âge et le génotype. Distribution of HPV infections by age and genotype. Âge ≤ 30 ans n (%)
Âge > 30 ans n (%)
16 16 + 18 + 6 16 + 50 S 18 18 + LR 30 S 30 S + 50 S 30 S + 50 S + 6 45 45 + 50 S 50 S 50 S + 45 50 S + 6 6 HR HR + 16 LR
5 (6,8) 1 (1,4) 1 (1,4) 6 (8,2) 1 (1,4) 2 (2,7) 1 (1,4) 1 (1,4) — — 12 (16,4) — 1 (1,4) 7 (9,6) 3 (4,1) — 2 (2,7)
1 (1,4) — — 4 (5,4) 1 (1,4) — — 1 (1,4) 1 (1,4) 8 (10,9) 1 (1,4) — 5 (6,8) 1 (1,4) 1 (1,4) 6 (8,2)
6 1 1 10 1 3 1 1 1 1 20 1 1 12 4 1 8
Total
43 (58,9)
30 (41,1)
73 (100)
Génotype de HPV
n (%) (8,2) (1,4) (1,4) (13,6) (1,4) (4,1) (1,4) (1,4) (1,4) (1,4) (27,4) (1,4) (1,4) (16,4) (5,4) (1,4) (10,9)
Tableau 3 Répartition des infections à HPV selon le génotype et le statut matrimonial. Distribution of HPV infections by genotype and marital status. Génotype
Vie maritale (%)
Seule (%)
16 16 + 18 + 6 16 + 50 S 18 18 + LR 30 S 30 S + 50 S 30 S + 50 S + 6 45 45 + 50 S 50 S 50 S + 45 50 S + 6 6 HR HR + 16 LR
6 (8,2) — 1 (1,4) 5 (6,8) 2 (2,7) — — — — 16 (21,9) 1 (1,4) 1 (1,4) 8 (10,9) 2 (2,7) 1 (1,4) 3 (4,1)
— 1 (1,4) — 5 (6,8) 1 (1,4) 1 (1,4) 1 (1,4) 1 (1,4) 1 (1,4) 1 (1,4) 4 (5,4) — — 4 (5,4) 2 (2,8)
Total
46 (63,0)
5 (6,8) 27 (37)
n (%) 6 1 1 10 1 3 1 1 1 1 20 1 1 12 4 1 8
(8,2) (1,4) (1,4) (13,6) (1,4) (4,1) (1,4) (1,4) (1,4) (1,4) (27,4) (1,4) (1,4) (16,4) (5,4) (1,4) (10,9)
73 (100)
Discussion étaient infectées par au moins un HPV à haut risque (HR). En cumulant les génotypes de HPV retrouvés sans tenir compte du nombre de femmes infectées, nous avons retrouvé en tout 84 HPV parmi lesquels nous avons des HPV à haut risque : HPV-50 S (26/84, soit 31,0 %), HPV-18 (12/84, soit 14,3 %), HPV-16 (9/84, soit 10,7 %), HPV-30 S (5/84, soit 5,9 %), HPVHR (5/84, soit 5,9 %) et HPV-45 (3/84, soit 3,6 %) ; et des HPV à bas risque : HPV-6 (15/84, soit 17,9 %) et HPV-BR (9/84, soit 10,7 %). Nous n’avons retrouvé aucun HPV-11. Le Tableau 2 présente la distribution des différents génotypes selon l’âge des femmes. Dans notre étude nous avons isolé très peu de cas d’infections multiples : 3,0 % (9/300) des femmes avaient deux ou plusieurs types de HPV ce qui représentait 12,33 % (9/73) des femmes infectées par HPV. En revanche, 21,33 % (64/300) des femmes avaient une infection à un seul type de HPV. Les infections à un seul type les plus retrouvées dans notre étude étaient : HPV-6 (17,9 %) suivi de HPV-18 (14,3 %) et HPV-16 (10,7 %). Pour l’ensemble des génotypes, on relève que le HPV à risque oncogène représentait 71,4 % de l’ensemble des génotypes rencontrés. Nous avons ensuite analysé la prévalence de HPV en fonction des caractéristiques socioéconomiques et comportementales des femmes qui ont participé à l’étude. Parmi ces facteurs et caractéristiques comportementales, seul le statut matrimonial en analyse univariée présente une relation significative avec l’infection par le HPV. La différence entre la prévalence de l’infection à HPV parmi les femmes vivant seules (36 %) et celles vivant en couple (20 %) est statistiquement significative (p = 0,028) (Tableau 3).
Bien que cette étude soit pertinente en raison de l’importance de l’infection à HPV et de ses conséquences sur la santé de la femme, la taille de l’échantillon et le type d’échantillonnage ne permettent pas de généraliser les conclusions à l’ensemble de la population féminine du Burkina Faso. Du reste, et en dépit de l’absence de puissance pour mieux affiner l’étude des facteurs de risque de l’infection à HPV, cette étude fournit des informations sur les différents types de HPV circulant dans un échantillon de la population générale. La prévalence de l’infection à HPV était de 24,3 %. Cette prévalence élevée est comparable à la moyenne rencontrée en Afrique qui est de 26 % [8] contre 8 % en Asie. Comme le souligne certains auteurs, cette prévalence est inversement proportionnelle à l’âge de la patiente [9—13]. Cette distribution a été retrouvée dans notre série avec une prévalence de 59 % avant 30 ans à une prévalence de 5,5 % au-delà de 50 ans. Si classiquement certains facteurs de risques de présence du HPV ont été identifiés [13], seul le statut matrimonial de la femme vivant seule et/ou célibataire a été identifié avec un risque-ratio de 0,78 (p = 0,028) ; ce qui rejoint l’étude de Bardin en 2008 [11]. Ce risque était de 1,69 dans la série de Manhart et al. [14]. Nous admettons que le statut de célibataire ou vivant seule est plus exposé à un partenariat sexuel multiple pouvant occasionner la contamination par le HPV. Les autres facteurs de risque n’ont certainement pas été mis en évidence dans notre échantillon en raison évidente d’un manque de puissance. Cela n’enlève en rien les précautions usuelles à prendre pour éviter les facteurs de risque de contamination par le HPV identifiés par plusieurs études [14—17]. À la remise des résultats aux
Épidémiologie et caractérisation des génotypes de papillomavirus humain (Burkina Faso) patientes, plusieurs d’entre elles portant le HPV ont posé la question suivante : « Dr comment l’ai-je attrapé et à quel moment ? ». Cette question très embarrassante est revenue plusieurs fois et nous avons rassuré nos patientes que cela n’était pas pertinent en raison de l’existence d’autres voies non sexuelles et la difficulté de faire la part entre les deux. Il en est de même du moment de la contamination. Aussi, nous leur avions expliqué qu’on pouvait même considérer cette infection comme une « grippe sexuelle ». Cela est important quand il s’agit d’un couple pour éviter de semer la discorde dans le foyer inutilement. Parmi les génotypes rencontrés dans notre série, le HPV18 (14,3 %) était le plus fréquent suivi du HPV-16 (10,7 %). Cela est contraire à la littérature qui retrouve classiquement et respectivement le HPV-16 (50 %) suivi des HPV 18 (14 %), HPV-45 (5 %), HPV-31 (5 %) [11,18—21]. Dans l’étude de Castellsague au Mozambique, en 2008 [22], on retrouvait plus de HPV-18 que du HPV-16. Cependant, cette distribution classique est globalement retrouvée dans la population des femmes séropositives au HIV [23]. Cette différence classique de distribution des génotypes dans notre série de la population générale devrait susciter une étude de grande envergure avec un échantillon représentatif afin de mieux clarifier cette question pertinente pour les besoins de l’élaboration éventuel d’un vaccin adapté. En effet, les deux vaccins qui ont été élaborés ne prennent pas en compte certains génotypes retrouvés dans notre série (50 S, 30 S, 45). Du reste, nous relevons dans notre série que l’infection à HPV à haut risque oncogène représentait 71,4 % des sérotypes contre 83 % au niveau mondial [24]. Dans l’étude de Hutchinson en 1999 [25], ce groupe de femmes présenterait 9,3 fois plus de risque de faire une dysplasie cervicale comparativement au groupe de femme infecté par le HPV à bas risque. C’est dire donc toute l’importance qu’il faut accorder à la lutte contre l’infection à HPV et au dépistage des lésions précancéreuses du col de l’utérus. Les circonstances de découverte de l’infection à HPV ont été diverses mais aucune n’est significativement liée au portage du HPV dans notre série.
Conclusion Si les génotypes 16 et 18 sont les plus fréquents pour lesquels un vaccin est disponible, il reste d’autres génotypes à haut risque oncogène qui ne sont pas concernés par le vaccin et qui ont été rencontrés dans notre série. Cette perturbation de la prévalence des différents génotypes dans notre série appelle à une étude de plus grande envergure sur une population féminine en âge de procréer afin de mieux préciser la place des génotypes oncogènes à haut risque autres que le 16 et 18 et l’incidence de leur persistance dans le vagin.
Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.
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