Epidermodysplasie verruciforme au cours de I'infection par le VIH: une nouvelle infection opportuniste par un papilloma virus oncog ne ? P. SAIAG*, M. DENIS**, J. ROLAND***, C. MAYAUD**, G. ORTH .... , G. DELZANT*
L'6pidermodysplasie verruciforme (EV) est une g6nodermatose rare d6finie par une facilitation de I'infection cutan6e par certains types d e , human papilloma virus ~ (HPV) ~ fort pouvoir oncog~ne (% de transformation n6oplasique : 30-60 %) associ6e & un d6ficit de I'immunit6 cellulaire. Nous rapportons le premier cas, en apparence sporadique, de cette affection chez un patient HIV+. Chez un Haitien h6t6rosexuel exclusif de 26 ans, dont la s6rologie HIV 1+ a 6t6 diagnostiqu6e en 1987 I'occasion d'une tuberculose pulmonaire, sont apparues progressivement & partir de 1985 d'innombrables macules non prurigineuses d6pigment6es, confluant parfois en placard, sur le tronc, les extr~mit6s, le visage et le cuir chevelu. II s'y associe des v6g6tations v6n6riennes (VV) de la verge. II n'y a pas jusqu'en f6vrier 1990 de transformation n6oplasique cutan6e. Les biopsies multiples montrent des 16sions ~pidermiques peu acanthosiques, avec pr6sence de koilocytes au cytoplasme faiblement color6, au noyau vacuolaire, avec granulations de k6ratohyaline, caract6ristiques d'EV. Le typage des HPV par Southern Blot montre au niveau de toutes les 16sions cutan6es pr61ev6es de I'HPV 5, tandis que de I'HPV 6 est trouv6 au niveau des VV. L'HPV 5, ~ potentiel oncog~ne, est I'HPV le plus fr6quemment retrouv6 dans les 16sions d'EV, le type 6 est trouv6 en r6gle dans les papillomes g6nitaux et laryng6s. Devant ce tableau caract6ristique d'EV, plusieurs arguments plaident contre une forme familiale : absence de consanguinit6 des parents et de 16sions dans sa nombreuse fratrie et chez ses collat6raux, apparition tardive des premieres 16sions, importance de celles-ci dans les zones non photo-expos6es. Des formes sporadiques d'infections & HPV 5 avec transformation n6oplasique ont 6t6 rapport6es chez des greff6s r6naux sous immunosuppresseurs. Si des transformations n6oplasiques de v6g6tations v6n6riennes dues ~ des HPV ~ potentiel oncog~ne ont 6t6 rapport6es au cours du SIDA, aucun cas d'EV n'a ~t6 publi~ ~ notre connaissance au cours de I'infection par le VIH. L'infection par le VIH du syst~me immunitaire de notre patient expliquerait I'infection par un type d'HPV non pathog~ne chez les sujets immunocomp6tents. Cependant, il est peu immunod6prim6 car les lymphocytes circulants CD4 ont toujours 6t6 sup6rieurs & 250/ram 3 et il n'a jusqu'~ present fait aucune infection opportuniste. Le typage des HPV a une importance pratique, la d6couverte de type(s) oncog~ne(s) dans des 16sions pr6n6oplasiques ou b6nignes imposant une surveillance 6troite des patients. Chez notre patient HIV+, 1"6volution des 16sions cutan6es permettra peut-£~tre de pr~ciser le r61e oncog~ne de I'HPV 5.
* Service de M~decine Interne A, ** Service de Pneumologie, *~ Service d'Anatomopathologie A, Hdpital Tenon, Universit6 de Paris VI, 4, rue de la Chine, 75020 Paris. .... Laboratoire des Papillomavirus, Institut Pasteur, Paris.
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La Revue de M6decine Interne Supplement au Num~ro 3