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64e Congrès franc¸ais de médecine interne, Paris, 14, 15 et 16 décembre 2011 / La Revue de médecine interne 32S (2011) S252–S312
faites de manière protocolisée, comme dans les services de gynécologie, que les demandes complètes étaient plus élevées (77,5 %). Conclusion.– Cette étude montre que les pratiques cliniques de recherche des aPL doivent être améliorées. Les différents services prescripteurs ont été informés des résultats et les différents critères de SAPL ont été rappelés ainsi que les recommandations de Paris. Nous réévaluerons ainsi dans un an, l’efficacité de notre information afin d’établir une démarche d’amélioration des pratiques professionnelles. Référence [1] Boffa MC, Piette JC, et al. Nouv Rev Fr Hematol 1995;37: 8117–20. doi:10.1016/j.revmed.2011.10.338 CO064
Les anticorps antiphosphatidyléthanolamine sont associés à un risque élevé de récidive thrombotique !
Discussion.– La présentation clinique, les données démographiques, la fréquence et le type de récidives, ainsi que la réponse au traitement préventif dans le sous-groupe des patientes avec évènements obstétricaux étaient comparables à ceux des séries de patients avec syndrome des antiphospholipides avéré publiées dans la littérature. Notre étude met pour la première fois en évidence un risque élevé de récidive thrombotique chez les patients porteurs d’anticorps antiphosphatidyléthanolamine. Conclusion.– Notre étude met en évidence un taux de récidive important chez les patients présentant une positivité isolée pour les anticorps antiphosphatidyléthanolamine et des événements thrombotiques ou obstétricaux évocateurs de syndrome des antiphospholipides. Cette étude vient donc soutenir les données antérieures en faveur de l’inclusion des anticorps antiphosphatidyléthanolamine au sein des critères immunologiques de syndrome des antiphospholipides. doi:10.1016/j.revmed.2011.10.339
N. Le Gouellec a , M. Lambert a , C. Stavris a , G. Lefevre a , H. Maillard a , S. Vuye b , C. Hauspie b , E. Hachulla a , P.Y. Hatron a , C. Caron c , S. Dubucquoi b a Service de médecine interne, hôpital Claude-Huriez, Lille, France b Immunologie, centre de biologie, Lille, France c Hématologie biologique, hôpital cardiologique, Lille, France
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Introduction.– Le syndrome des antiphospholipides est une pathologie auto-immune responsable de thromboses récidivantes et/ou de manifestations obstétricales, en particulier de pertes fœtales. Les patients dont le tableau clinique est évocateur de cette pathologie, mais qui ne satisfont pas aux critères immunologiques de syndrome des antiphospholipides, sont regroupés sous le terme de patients avec syndrome des antiphospholipides séronégatif. Parmi eux, certains patients présentent une positivité pour les anticorps antiphosphatidyléthanolamine, un anticorps antiphospholipide qui n’est pas considéré comme un marqueur de syndrome des antiphospholipides actuellement. L’objectif de notre étude était de déterminer les caractéristiques démographiques, la nature des évènements présentés et les données évolutives d’un groupe de patients dont la présentation clinique était évocatrice de syndrome des antiphospholipides, ne présentant qu’une positivité isolée pour les anticorps antiphosphatidyléthanolamine, afin de déterminer si les anticorps antiphosphatidyléthanolamine doivent être considérés comme un marqueur immunologique de SAPL. Patients et méthodes.– À partir d’une population de 1520 patients consécutifs adressés dans notre service pour suspicion de thrombophilie, nous avons rétrospectivement étudié un sous-groupe de patients présentant une positivité isolée pour les anticorps antiphosphatidyléthanolamine (21 patients au total) dont le tableau clinique était évocateur de syndrome des antiphospholipides séronégatif. Résultats.– Notre population d’étude comprenait 4 hommes et 17 femmes, dont l’âge médian était de 38 ans. Une thrombose constituait l’évènement clinique initial pour 15 des 21 patients (thrombose veineuse pour neuf patients, thrombose artérielle pour 6 patients). Un événement obstétrical constituait l’événement clinique initial pour 6 patientes. Parmi les patients ayant présenté une thrombose initiale, 40 % présentaient une ou plusieurs récidives (55,5 % des patients avec thrombose veineuse initiale et 16,6 % des patients avec thrombose artérielle). Ces récidives survenaient dans le même territoire que l’événement initial chez 82,2 % des patients. Une perte fœtale ultérieure survenait chez 83,3 % des patientes ayant présenté un événement obstétrical initial. Chez ces patientes, le traitement préventif associant aspirine et héparine de bas poids moléculaire apportait un bénéfice statistiquement significatif sur le développement des grossesses. Sous ce traitement préventif, 80 % des grossesses étaient menées à leur terme tandis que seulement 18,8 % des grossesses l’étaient sans traitement (p = 0,025).
J. Connault a , A. Masseau a , M. Audrain b , C. Durant a , C. Agard a , A. Néel a , P. Pottier a , B. Planchon a , M. Hamidou a a Médecine interne, centre hospitalier universitaire, Nantes, France b Laboratoire d’immunologie, centre hospitalier universitaire, Nantes, France
Étude monocentrique rétrospective de 59 patients porteurs du syndrome des antiphospholipides (SAPL) : dépistage et correction des facteurs de risque cardiovasculaire lors des SAPL primaires et secondaires
Introduction.– Le syndrome des antiphospholipides (SAPL) est une entité clinique qui fait l’objet de recommandations, notamment sur la prévention des événements cardiovasculaires ou obstétricaux par un traitement antithrombotique. Les données épidémiologiques incitent à dépister et corriger les facteurs de risque cardiovasculaire (FDRCV). Si le traitement est régulièrement proposé, la prise en charge des FDRCV reste peu étudiée. Patients et méthodes.– Étude monocentrique rétrospective des patients ayant un SAPL défini selon les critères de Sapporo, pour lesquels les FDRCV sont analysés. Résultats.– Cinquante-neuf cas peuvent être analysés (groupe 1 – SAPL primaire = 45 cas ; groupe 2 – SAPL secondaire = 14 cas) : 31 % des SAPL présentent une atteinte veineuse (1 et 2 = 31 %), 14 % obstétricale (1 = 9 % ; 2 = 29 %), 7 % artérielle (1 et 2 = 7 %), 5 % microcirculatoire (1 = 2 % ; 2 = 14 %) et 43 % mixte (1 = 49 % ; 2 = 29 %). Le bilan de thrombophilie a été réalisé pour 45 patients (1 = 37 ; 2 = 8) révélant 7 anomalies (1 = 5 ; 2 = 2). Les hommes ont plus de FDRCV (1,58/patient contre 0,86/patient chez les femmes). Il est important de noter qu’un traitement anti-hypertenseur est mis en place dans 100 % des cas (6 bloqueurs du système rénine-angiotensine, 6 bêtabloquants, 2 inhibiteurs calciques et 1 diurétique) avec 1,6 molécule/patient en cas de SAPL primaire contre 1 molécule/patient en cas de SAPL secondaire. Chez les 42 femmes, 6 sont ménopausées (1 = 4 ; 2 = 2), 13 ont une contraception par progestatifs (1 = 9 ; 2 = 4), 2 par œstrogène (1 = 1 ; 2 = 1), 7 mécaniques (1 = 5 ; 2 = 2), 2 par implants (1 = 2 ; 2 = 0), 8 n’en ont pas (1 = 8 ; 2 = 0) et 4 grossesses sont en cours (1 = 1 ; 2 = 3). Femme/Homme (%F) Âge moyen (ans) Tabac/sevrage obtenu HTA/TTT Surcharge pondérale Dyslipidémie/statines 0 FDRCV 1 FDRCV 2 FDRCV 3 FDRCV ou plus
SAPL Primaire 30/15 (67 %) 40,6 22/6 (49 %/27 %) 8/8 (18 %/100 %) 9 (20 %) 6/3 (13 %/50 %) 33 % 29 % 29 % 9%
SAPL Secondaire 12/2 (86 %) 37,5 4/0 (29 %/0 %) 3/3 (21 %/100 %) 3 (21 %) 3/1 (21 %/33 %) 50 % 29 % 14 % 7%
Total 42/17 (71 %) 39,9 26/6 (44 %/10 %) 11/11 (9 %/100 %) 12 (20 %) 9/4 (15 %/44 %) 37 % 29 % 25 % 8%
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Discussion.– Ces résultats confirment les différences connues entre SAPL primaire et secondaire avec plus d’hommes et des patients plus âgés en cas de présentation primaire. Ces 2 éléments influent sur les FDRCV qui sont plus nombreux au cours du SAPL primaire. On est en revanche interpellé par le faible taux de dépistage et surtout de correction des FDRCV chez les SAPL secondaires qui sont pourtant à considérer à haut risque cardiovasculaire. L’existence de FDRCV chez des femmes jeunes est prise en charge avec moins de rigueur, d’autant que les traitements du lupus sont déjà source de nombreuses contraintes. Conclusion.– Lors du SAPL, les FDRCV doivent être recherchés, analysés et corrigés. La population de SAPL primaire est plus masculine et âgée que les patients avec SAPL secondaire. Les SAPL primaires ont plus de FDRCV et ceux-ci sont correctement pris en charge, mais les secondaires sont moins souvent dépistés et encore moins traités. Ces 2 groupes doivent, cependant, être dépistées et faire l’objet d’une éducation thérapeutique avec une même attention et, peutêtre, des moyens communs. Le dépistage et la correction de ces FDRCV est encore trop rare et nécessite des études de suivi et des recommandations explicites. doi:10.1016/j.revmed.2011.10.340 CO066
Prévention primaire par aspirine de la thrombose chez les patients porteurs d’anticorps anti-phospholipides : une méta-analyse des données de la littérature L. Arnaud a , A. Mathian a , M. Miyara a , H. Devilliers b , M. Lambert c , R. Forastiero d , D. Wahl e , Z. Amoura a a Service de médecine interne, hôpital de la Pitié, Paris, France b Service de médecine interne et des maladies systémiques, hôpital Général, Dijon, France c Service de médecine interne, hôpital Claude-Huriez, Lille, France d Division of hematology, thrombosis and hemostasis, Favaloro University of Buenos Aires, Buenos Aires, Argentine e Unité de médecine vasculaire, centre hospitalier universitaire, Nancy, France Introduction.– Les modalités de prévention primaire de la thrombose chez les porteurs d’anticorps antiphospholipides (aPL + ) sont controversées. L’objectif de cette méta-analyse était de déterminer si l’aspirine à dose antiagrégante permet de réduire le risque de première thrombose chez les patients aPL+, sur la base des données de la littérature. Patients et méthodes.– Toutes les études publiées jusqu’en septembre 2011, évaluant l’efficacité de l’aspirine pour la prévention primaire de la thrombose chez les patients aPL+ (hors grossesse, post-partum, transplantation d’organe et période péri-opératoire) ont été systématiquement recherchées dans les bases de données Medline, Cochrane, et Embase, ainsi que dans les résumés des communications des congrès EULAR et ACR. Les études pertinentes étaient incluses dans la méta-analyse (modèle d’effet aléatoire) si un tableau de contingence 2 × 2 pouvait être construit à partir des données relatives au traitement par aspirine et à la survenue de thromboses. Résultats.– La recherche bibliographique a permis d’identifier 342 publications. Parmi celles-ci, 312 ont été exclues après analyse du titre ou du résumé et 30 ont fait l’objet d’une relecture approfondie. Huit études ont été incluses dans l’analyse finale, pour un total de 1147 patients (594 patients étaient traités par aspirine et 553 ne l’était pas). La méta-analyse a montré que l’aspirine était efficace pour réduire significativement le risque global de thrombose (OR = 0,40 [0,28–0,59]) avec une forte hétérogénéité entre les études (T2 = 0,53, p = 0,01 ; I2 = 0,60). Conclusion.– Cette méta-analyse suggère que l’aspirine à dose antiagrégante réduit le risque de première thrombose chez les patients aPL+. Compte-tenu de l’hétérogénéité importante entre les études,
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le bénéfice de ce traitement doit cependant être évalué dans les différents sous-groupes cliniques (aPL+ asymptomatiques, lupus systémique, SAPL obstétrical) et en fonction des différents profils d’aPL, à l’aide d’une méta-analyse sur données individuelles qui est actuellement en cours. Pour en savoir plus Ruiz-Irastorza G, et al. Lupus. 2011;20(2):206–18. doi:10.1016/j.revmed.2011.10.341 CO067
Les manifestations neuropsychiatriques au cours du lupus systémique. Étude monocentrique de 95 cas H. Bachir , W. Ammouri , H. Harmouche , M. Maamar , M. Adnaoui , M. Aouni , Z. Tazi Mezalek Service de médecine interne, hôpital Ibn-Sina, Rabat, Maroc Introduction.– L’atteinte neuropsychiatrique constitue une des manifestations grave du lupus systémique (LS). Elle peut être centrale ou périphérique, d’origine vasculaire ou inflammatoire. L’objectif de cette étude est d’analyser les caractéristiques clinicobiologiques, le profil évolutif et les facteurs associés à ces complications neuropsychiatriques. Patients et méthodes.– Il s’agit d’une étude rétrospective, monocentrique portant sur 348 cas de LS colligés entre janvier 1990 et janvier 2010 dans un service de médecine interne. Tous les patients présentaient au moins 4 critères de l’ACR. Le groupe des patients avec atteinte neurologique a été comparé au groupe sans atteinte neurologique. Les tests de Chi2 , Student et de Ficher ont été utilisés pour analyser les résultats. Résultats.– L’atteinte neuropsychiatrique du LS était retrouvée dans 95 cas (27,3 %). L’âge moyen des patients était de 30 ± 11 ans avec une prédominance féminine (95 %). L’atteinte neurologique faisait partie du tableau inaugural de la maladie chez 85 % avec un délai d’admission de 3 ± 1,2 mois. Chez les 15 % restants, l’atteinte neurologique s’est révélée après un délai d’évolution de la maladie lupique de 5,3 ± 3,4 mois (1–68 mois). Les principales manifestations neuropsychiatriques constatées sont centrales chez 79 patients (83 %) et périphériques dans 21 cas (17 %). Les manifestations neurologiques centrales étaient essentiellement à type de : convulsions chez 24 patients (25,2 %), troubles psychotiques chez 23 patients (24,2 %). Les céphalées sont retrouvées chez 40 patients (42,1 %). Une méningite aseptique est rapportée chez 7 malades (7,3 %), un accident vasculaire cérébral ischémique dans 6 cas (6,4 %), une myélite dans 5 cas (5,2 %) et une thrombophlébite cérébrale dans 2 cas (2,1 %). Les manifestations neurologiques périphériques étaient à type de neuropathie périphérique chez 12 malades (12,6 %), d’atteinte des paires crâniennes dans 5 cas (5,2 %) et de polyradiculonévrite dans 4 cas (4,1 %). Les facteurs significativement associés à l’atteinte neurologique dans notre série étaient la présence d’une thrombopénie (p = 0,002), d’une leucopénie (p = 0,05) et d’anticorps anticardiolipines (p = 0,028). Les différents traitements utilisés étaient : les antipaludéens de synthèse chez 98 % des patients, la corticothérapie chez tous les patients, les immunosuppresseurs dans 66 % des cas et les anticoagulants dans 11,6 % des cas. L’évolution était favorable chez 51 (53,7 %) patients. On rapporte significativement plus de décès (10,5 %) et de rechutes (35,8 %) dans le groupe des patients avec atteinte neurologique. Discussion.– L’atteinte neurologique est dominée par l’atteinte centrale dans notre série. Elle est étroitement corrélée à la présence d’Ac antiphospholipides. Elle est de mauvais pronostic s’accompagnant d’une fréquence élevée de rechutes et un nombre plus important de décès. Conclusion.– La fréquence des manifestations neurologiques est très variable dans les séries de la littérature (24–75 %). L’atteinte