Étude prospective cas-témoin comparant les synthèses par enclouage mini-invasif et vis-plaque dans les fractures de la région trochantérienne (clou BCM™ versus vis-plaque DHS)

Étude prospective cas-témoin comparant les synthèses par enclouage mini-invasif et vis-plaque dans les fractures de la région trochantérienne (clou BCM™ versus vis-plaque DHS)

Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique (2009) 95, 725—732 MÉMOIRE ORIGINAL Étude prospective cas-témoin comparant les synthèses par encl...

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Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique (2009) 95, 725—732

MÉMOIRE ORIGINAL

Étude prospective cas-témoin comparant les synthèses par enclouage mini-invasif et vis-plaque dans les fractures de la région trochantérienne (clou BCMTM versus vis-plaque DHS)夽 Mini-invasive nail versus DHS to fix pertrochanteric fractures: A case—control study E. Foulongne , M. Gilleron , X. Roussignol , E. Lenoble , F. Dujardin ∗ Clinique universitaire de chirurgie orthopédique et traumatologique, hôpital Charles-Nicolle, CHU de Rouen, 1, rue de Germont, 76031 Rouen cedex, France Acceptation définitive le : 13 octobre 2009

MOTS CLÉS Fracture ; Ostéosynthèse ; Clou centromédullaire ; Mini-invasif ; Région trochantérienne

Résumé Fondement. — Comparer un système de vis-plaque (DHS) et un système de clou mini-invasif (clou BCMTM ) qui comporte la particularité de mise en place de vis céphalique première dans le cadre de fractures de la région trochantérienne. Hypothèse. — Le clou BCMTM permet par sa conception une ostéosynthèse stable autorisant une amélioration significative de la récupération fonctionnelle des patients en période postopératoire. Objectifs. — Tester cette hypothèse dans le cadre d’une étude prospective comparative castémoins par rapport au matériel de référence, la vis-plaque DHS. Matériel et méthode. — Nous avons inclus deux groupes de 30 patients avec une fracture de la région trochantérienne, chez des patients âgés de plus de 60 ans. Les vis-plaques étaient mises en place par la technique habituelle. Pour le système de clou, la vis céphalique était positionnée en premier, puis le clou était introduit au travers de la vis de fac ¸on mini-invasive, puis verrouillé en distal par une vis bicorticale. La comparaison entre les deux groupes reposait sur : les éléments opératoires : durée opératoire, saignement per- et postopératoire ; la période

DOI de l’article original : 10.1016/j.otsr.2009.08.007. Ne pas utiliser, pour citation, la référence franc ¸aise de cet article, mais celle de l’article original paru dans Orthopaedics & Traumatology: Surgery & Research, en utilisant le DOI ci-dessus. ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (F. Dujardin). 夽

1877-0517/$ – see front matter © 2009 Publi´ e par Elsevier Masson SAS. doi:10.1016/j.rcot.2009.10.007

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E. Foulongne et al. postopératoire immédiate : complications, durée d’hospitalisation, délai de mise au fauteuil ; la période après l’hospitalisation : remise en charge, réhospitalisation ; la récupération fonctionnelle et la mobilité ; la restitution anatomique et la consolidation. Résultats. — La durée opératoire (54 ± 8,8 minutes vs 59 ± 13,8 minutes) et le saignement (chute du taux d’hémoglobine) en peropératoire (1,37 ± 0,98 vs 1,90 ± 1,43), puis à j3 (1,25 ± 1,05 vs 1,82 ± 1,5) étaient favorables au groupe vis-plaque. Le temps de mise au fauteuil (4,76 ± 1,53 jours vs 4 ± 1,44 jours) était favorable au groupe clou. Il y avait plus de déplacements secondaires [3/26 (11,5 %) vs 0/25 (0 %)] dans le groupe vis-plaque. Le taux de consolidation à trois mois (88 % vs 100 %) était plus mauvais dans le groupe vis-plaque. La récupération fonctionnelle montrait une diminution du score de Parker (2,42 ± 2,3 vs 1,52 ± 1,44) à trois mois qui était moindre dans le groupe clou. Conclusion. — Cette étude a montré les avantages du clou BCMTM en terme de stabilité. Mais les avantages potentiels d’une technique mini-invasive de mise en place ont été occultés par des problèmes d’ancillaires qui mériteraient une correction. Ces résultats préliminaires autorisent l’élargissement du développement de ce dispositif innovant. Niveau de preuve. — III. © 2009 Publi´ e par Elsevier Masson SAS.

Introduction Les fractures de la région trochantérienne sont les fractures les plus fréquentes du sujet âgé et elles conservent un taux de mortalité très élevé [1]. La fragilité de ces patients âgés impose de diminuer le plus possible l’agression de l’organisme par l’acte chirurgical. Les systèmes de vis-plaque et de clou sont les deux méthodes de synthèse utilisées dans le traitement des fractures de la région trochantérienne. De nombreuses études ont comparé les systèmes de clou cervicodiaphysaire, en particulier le clou GammaTM (HowmedicaTM , Rutherford, NJ, États-Unis) et différents systèmes de vis-plaque. La plupart de ces études montrent peu de différence significative entre les deux systèmes [2—5]. Les problèmes posés par les systèmes d’enclouage cervicodiaphysaire, en particulier le clou GammaTM , sont la difficulté de visée idéale de la vis céphalique avec un trajet imposé par le clou, les fractures trochantériennes peropératoires, les lésions tendineuses des muscles fessiers du fait du diamètre important du clou en métaphysaire et les fractures sous l’extrémité inférieure du clou en postopératoire [6]. Ses avantages sont une possibilité de mise en place mini-invasive et une bonne stabilité, en particulier dans les fractures instables [2,4,6—13]. Les principales limites du système de vis-plaque sont la stabilité dans les fractures instables [8,15] et la nécessité d’une voie d’abord plus importante pour permettre le passage de la plaque. Le principal avantage est la possibilité de mise en place première de la vis céphalique en position idéale dans la partie la plus dense de la tête fémorale en l’occurrence la partie postéro-inférieure. De ce fait, la plupart des auteurs préfèrent réserver l’enclouage aux fractures instables, ce système apportant une meilleure stabilité dans cette indication [8,15,16]. Le clou BCMTM (Bocchi, Bertone, Caniggia, Maniscalco) (LimaTM , Villanova, Italie) a été créé dans le but d’associer les avantages de la vis-plaque et des systèmes d’enclouage avec une mise en place première de la vis céphalique par voie mini-invasive et un montage statique. Une série de 56 patients de Siène (Italie) avait bénéficié en 1999 de

la mise en place de ce nouveau système d’ostéosynthèse [17]. Le but de cette étude était de vérifier les avantages présumés de ce dispositif innovant et original en le comparant au système de vis-plaque type DHS (HowedicaTM , Rutherford, NJ, États-Unis) dans les fractures de la région trochantérienne chez le sujet âgé.

Matériel et méthodes Patients Deux groupes de 30 patients avec une fracture pertrochantérienne ont été inclus avec comme critères d’inclusion un âge supérieur à 60 ans et une fracture de la pertrochantérienne stable ou instable (Tableau 1). Les critères d’exclusion étaient un âge inférieur à 60 ans, les fractures pathologiques et les fractures sous-trochantériennes. Les patients du groupe clou BCMTM ont été opérés par des chirurgiens seniors du service (EL, FD) au cours de l’année 2006 qui lors de leur permanence au bloc opératoire d’urgence opéraient systématiquement les fractures de la région trochantérienne par ce système. Les patients du groupe DHS ont été extraits de la cohorte de patients

Tableau 1

Caractéristiques des patients. DHS

BCMTM

Nombre Âge (année) Sexe M/F Score ASA

30 84,6 ± 7,6 3/30 2,37 ± 0,85

30 85,5 ± 7,9 3/30 2,58 ± 0,74

Type de fracture (Jensen) Stable (%) Instable (%)

73 27

73 27

Parker préopératoire

5,2 ± 2,9

4,9 ± 2,47

ASA : American Society of Anesthesiologists.

Clou BCMTM versus vis-plaque DHSTM

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opérés par des chirurgiens seniors du service pris en charge durant la même période. L’appariement a été mis en place entre les deux groupes en fonction du sexe, de l’âge par tranche de cinq ans, du type de fracture stable ou instable et du statut fonctionnel préopératoire évalué par le score de Parker et Palmer [18] en divisant les patients en trois groupes : bon, moyen, mauvais. Les caractéristiques des patients sont énumérées dans le Tableau 1. Les patients étaient en majorité des femmes d’âge moyen 85 ans avec un statut fonctionnel moyen.

Critères de jugement La comparaison entre les deux groupes reposait sur : • les caractéristiques des patients incluant l’âge, le statut fonctionnel évalué par les scores de Parker et Katz et le score American Society of Anesthesiologists (ASA) ; • la classification de Jensen [19] permettant l’évaluation de la fracture et sa classification en fracture stable ou instable ; • la durée d’intervention en minute ; • la période postopératoire précoce : les complications, le saignement évalué par la chute du taux d’hémoglobine à j0 et j3, le nombre de culots sanguins transfusés, le nombre de jours avant la mise au fauteuil ; • la période après l’hospitalisation : le temps avant la remise en charge effective, la récupération fonctionnelle à trois mois évalué par le score de Parker, le taux de réhospitalisation, la consolidation à trois mois, la mortalité. La consolidation radiologique était définie par une disparition de la solution de continuité ; • la restitution anatomique évaluée par des radiographies successives de hanche de face et de profil en mesurant l’impaction et les déplacements secondaires (balayage et télescopage supérieur à 1 cm). L’impaction était calculée en mesurant la distance entre le centre de la tête fémorale et la droite passant par l’axe diaphysaire fémoral. La mesure après ostéosynthèse était déduite d’une mesure préopératoire réalisée sur la hanche non fracturée. Un balayage correspondait à un déplacement de la vis céphalique au sein de la tête fémorale par rapport aux radiographies de contrôle postopératoire. Les analyses statistiques ont été réalisé par un logiciel SPSS (SSPS Inc., Chicago, IL, États-Unis) et les tests utilisés étaient le t-test de Student.

Méthodes opératoires Le patient était placé en traction sur table orthopédique avec réduction de la fracture sous contrôle d’un amplificateur de brillance. Le choix de l’anesthésie était laissé aux médecins anesthésistes. La technique de mise en place de la DHS suivait la procédure habituelle et recommandée par le constructeur. Les implants comportaient des vis canulées céphaliques de 13 mm de diamètre, associés à des plaques de 130◦ d’angulation cervicodiaphysaire et trois trous diaphysaires recevant des vis de diamètre 5 mm.

Figure 1 Clou BCMTM comportant une vis céphalique de diamètre 13 mm et d’index de pénétration de 10 mm (C) à travers laquelle est introduit un clou de 21 cm de longueur, de diamètre 11 mm et d’angulation métaphysaire de 5◦ avec une ou deux vis de verrouillage distal de 4,5 mm (A). Une plaque peut être adaptée sur la vis céphalique avec une fixation à la diaphyse par vis de 4,5 mm (B). 1. Vis céphalique. 2. Clou. 3. Vis de verrouillage distal. 4. Plaque. 5. Vis de fixation diaphysaire.

Le système BCMTM (Fig. 1) était constitué d’un clou de longueur 21 cm, d’une angulation métaphysodiaphysaire en valgus de 5◦ et de diamètre métaphysaire de 11 mm. Les vis céphaliques avaient un diamètre de 13 mm et étaient de différentes longueurs allant de 8 cm à 12 cm avec des différences de taille de 0,5 cm. La dynamisation de la vis était déterminée avec un index de pénétration de 10 mm permettant une mise en compression de la fracture en peropératoire uniquement. Ensuite, le montage devenait statique avec la mise en place d’une vis de blocage. La vis céphalique était canulée afin de laisser passer le clou. L’angulation de la vis céphalique pour permettre l’introduction du clou variait de 115 à 130◦ . La vis de verrouillage distal avait un diamètre de 4,5 mm et une longueur variant de 32 à 52 mm. Une plaque pouvait être adaptée à la vis céphalique en cas de difficulté de mise en place du clou avec quatre, six ou dix ou 12 trous et une angulation cervicodiaphysaire de 125 à 145◦ en allant de 5 en 5◦ . La mise en place d’une plaque a été réalisée une fois dans notre série du fait d’une impossibilité d’introduction du clou au travers de la vis céphalique. La technique du clou BCMTM débutait par la mise en place première d’une broche guide filetée à l’aide d’un rapporteur dans la partie voulue de la tête fémorale. Une mesure directe de la vis céphalique à mettre en place était réalisée. Une tarière était ensuite passée sur la broche guide afin de préparer le passage de la vis céphalique. Un ancillaire était adapté sur la vis céphalique pour permettre de guider le point d’entrée du clou au sommet du grand trochanter et permettre l’introduction d’un guide-clou (Fig. 2). Le clou était introduit sur le guide et descendu le long de

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E. Foulongne et al.

Figure 2 Ancillaire adapté sur la vis céphalique qui a été mise en place en position idéale afin de mécher le point d’entrée trochantérien et d’introduire le guide clou. 1. Guide-clou. 2. Ancillaire. 3. Vis céphalique.

celui-ci en passant par une fenêtre au sein de la vis cervicale. L’ancillaire permettait ensuite le verrouillage distal par une ou deux vis bicorticales (Fig. 3). Le montage étant statique, une vis de blocage introduite par l’extrémité de la vis céphalique permettait le blocage de la vis sur le clou. À la place du clou, une plaque pouvait être adaptée sur la vis céphalique et fixée sur la diaphyse fémorale par des vis bicorticales ce qui a été nécessaire une fois dans notre étude du fait de l’impossibilité technique de mise en place du clou (Fig. 4). Un système de drainage était laissé en place trois jours dans le groupe vis-plaque contrairement au groupe clou qui n’a pas nécessité de drainage du fait d’un abord mini-invasif. Les patients bénéficiaient d’une prévention des accidents thromboemboliques par héparine de bas poids moléculaire (énoxaparine) ou héparine non fractionnée (héparine calcique). La mise au fauteuil dépendait d’une prescription médicale et dépendait de la récupération des patients. Elle pouvait se faire même le week-end du fait d’une présence continue des kinésithérapeutes. Les patients, après

Figure 3 Introduction du clou sur le guide-clou au travers de la vis céphalique, puis verrouillage distal à l’aide de l’ancillaire. 1. Ancillaire. 2. Vis céphalique. 3. Clou. 4. Vis de verrouillage distal.

Figure 4 Clou BCMTM mis en place dans le cadre d’une fracture de la région trochantérienne. 1. Vis céphalique. 2. Clou. 3. Vis de verrouillage distal.

leur hospitalisation aiguë, étaient le plus souvent adressés dans des établissements de soins de suite et de réadaptation. Selon les habitudes du service, la remise en charge complète n’était autorisée qu’à partir de la consultation à six semaines en fonction de l’évolution radiologique.

Résultats L’appariement réalisé lors de la sélection des patients nous a permis avec un minimum de biais la comparaison entre un système d’ostéosynthèse par plaque vis type DHS et un système par clou BCMTM . Les éléments, concernant la technique chirurgicale et la morbidité, sont présentés dans le Tableau 2. Dans le groupe DHS, la durée d’intervention était inférieure de cinq minutes et assortie de saignements moindres. Aucune différence significative n’a été mise en évidence quant au nombre de culots transfusés et aux complications postopératoires. Aucune réadmission n’était à noter dans les deux groupes. Les éléments concernant la stabilité et la consolidation sont présentés dans le Tableau 3. Les résultats montraient une meilleure stabilité du montage du clou BCMTM avec un taux de déplacement secondaire (balayage et télescopage supérieur à 1 cm) retrouvé 18 fois sur 26 (69 %) dans le groupe DHS contre 12 fois sur 25 (48 %) dans le groupe BCMTM (p < 0,01). Dans les cas d’un télescopage supérieur à 1 cm, aucune saillie de la vis céphalique dans l’articulation coxofémorale n’a été mise en évidence. Le taux de consolidation à trois mois était de 100 % dans le groupe BCMTM contre 88 % dans le groupe DHS. Le délai de mise au fauteuil était significativement plus court dans le groupe BCMTM (p < 0,03). Les résultats des scores fonctionnels sont énumérés dans le Tableau 4. L’évolution du score de Parker entre la période

Clou BCMTM versus vis-plaque DHSTM Tableau 2

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Technique chirurgicale et morbidité. DHS

BCMTM

Durée d’intervention (minutes)

54 ± 8,8

59 ± 13,8

p < 0,05

Chute Hb (g/dl) j0 j3

1,37 ± 0,98 1,25 ± 1,05

1,90 ± 1,43 1,82 ± 1,5

p < 0,05 p < 0,05

Culots transfusés Décès à trois mois

1,77 ± 1,33 4

1,6 ± 1,4 5

NS NS

Complications Pneumopathie Infection urinaire Thromboembolique

2

NS

1 1

4 1 2

Réadmission

0

0

NS

NS : non significatif.

Tableau 3

Stabilité et consolidation. DHS

BCMTM

Mise au fauteuil (jours) Remise en charge (semaines)

4,76 ± 1,53 6,42 ± 0,99

4 ± 1,44 6,2 ± 0,57

p < 0,03 NS

Déplacement secondaire Balayage Télescopage > 1 cm

3/26 (11,5 %) 18/26 (69 %)

0/25 (0 %) 12/25 (48 %)

p < 0,05 p < 0,01

Consolidation à trois mois

88 %

100 %

p < 0,05

NS : non significatif.

Tableau 4

Évaluation fonctionnelle.

Parker préopératoire Trois mois Delta moyen

DHS

BCMTM

5,2 ± 2,9 3,23 ± 2,44 2,42 ± 2,30

4,9 ± 2,47 3,96 ± 2,05 1,52 ± 1,44

p < 0,05

Delta moyen : moyenne de la différentielle du score de Parker entre la période préopératoire et trois mois postopératoire.

préopératoire et à trois mois postopératoires était favorable au groupe BCMTM de fac ¸on significative (p < 0,05).

Discussion Le but de cette étude pilote était d’évaluer les avantages présumés lors de sa conception du clou BCMTM en terme de mise en place mini-invasive, de stabilité et de statut fonctionnel postopératoire en comparaison à un système de vis-plaque. Les avantages de la technique mini-invasive en termes de durée opératoire et de saignement ont été occultés par les difficultés liées à l’ancillaire. En revanche, le gain de stabilité a été confirmé du fait probablement de la mise en place première de la vis céphalique et surtout grâce au montage statique. Le résultat fonctionnel était également amélioré par le système BCMTM . De nombreux dispositifs ont été décrits dans le cadre des fractures pertrochantériennes [20,21]. Beaucoup d’études ont comparé le clou GammaTM , système d’enclouage le plus

fréquent pour les fractures de la région trochantérienne, à des systèmes de vis-plaque. Dans un premier temps, le clou GammaTM semblait apporter de meilleurs résultats comparé aux systèmes précédemment utilisés [22]. De nombreuses études montraient un temps opératoire plus court et un saignement moindre pour le clou GammaTM par rapport au système de vis-plaque [5]. Néanmoins, des études de niveau I ont rapporté des conclusions différentes. Ahrengart et al. [23] sur 426 patients montraient un temps opératoire et un saignement plus important pour le clou GammaTM . Les complications classiques du clou GammaTM évoquées dans de nombreuses publications étaient les fractures peropératoires du grand trochanter causées par le diamètre métaphysaire important de celui-ci ainsi que les fractures sous le clou [2,5,7—13]. Svenson et al. [14] ont montré un taux de déplacement secondaire plus important dans les groupes GammaTM . Enfin, Adams et al. [5] concluaient que, malgré la stabilité plus importante du clou GammaTM par rapport à la vis-plaque, les difficultés de positionnement optimal de la vis céphalique

730 avec augmentation du risque de déplacement secondaire à type de balayage et ses complications propres (fractures diaphysaires, refends trochantériens) faisait que sa supériorité par rapport à la vis-plaque n’était pas admise. Le clou GammaTM avait été également comparé à d’autres systèmes d’enclouage notamment l’Intramedullary Hip ScrewTM (Smith and Nephew Richards, Memphis, Tennessee) [16,24] et le Proximal Femoral NailTM (Synthes-Stratec, Oberdorf, Suisse) [25]. L’ensemble de ces études montrait de moins bons résultats pour le clou GammaTM surtout pour les déplacements secondaires et les fractures peropératoires. Ces systèmes d’enclouage (clou Targon TFTM , Intramedullary Hip ScrewTM , Proximal Femoral NailTM ) ont été également comparés à des systèmes de vis-plaque. Les publications montraient des résultats favorables en faveur des systèmes d’enclouage sauf pour le clou Targon PFTM pour lequel Giraud et al. [26] concluaient à une absence de différence entre les deux systèmes. Mais ces différents clous étaient restés assez peu diffusés par rapport au clou GammaTM , ce dernier constituant dans beaucoup de centres un traitement de référence, en particulier dans les fractures instables. Aucune étude comparative avec un autre système d’ostéosynthèse n’avait été réalisée sur ce nouveau système de clou BCMTM , tout à fait innovant avec la mise en place première de la vis céphalique. En théorie, le clou BCMTM permettait d’associer les avantages du clou avec la stabilité intrinsèque et ceux de la vis-plaque (positionnement de la vis céphalique, possibilité d’impaction peropératoire de 10 mm) sans avoir les inconvénients du clou gamma (diamètre du clou plus faible, possibilité de mise d’une plaque) et de la vis-plaque (impaction au sein de la fracture dans la période postopératoire). Notre étude montrait une durée d’intervention plus importante pour le clou BCMTM en rapport avec une courbe d’apprentissage de la technique opératoire et à des difficultés de verrouillage distal dues à l’ancillaire. Un saignement plus important semblait également être en relation avec un temps d’intervention plus long, mais il n’était pas assez conséquent pour augmenter le nombre de culots transfusés. La technique mini-invasive semblait dans la littérature entraîner un saignement moindre [27,28—33]. En ce qui concerne ce système d’enclouage, ce paramètre devra être réévalué avec une série plus grande après avoir réglé le problème du verrouillage distal. Les patients du groupe BCMTM étaient plus rapidement mis au fauteuil probablement grâce à l’absence de drainage et à une douleur postopératoire moins importante du fait de la mise en place du clou par une méthode mini-invasive et au montage statique. Ces résultats se retrouvaient dans beaucoup de systèmes d’enclouage mini-invasif [34,35]. Le taux de décès était identique dans les deux groupes correspondant aux taux généralement observés dans la littérature. Les complications présentées dans les deux groupes étaient identiques, habituelles pour des patients âgés hospitalisés. Les patients du groupe BCMTM ne présentaient aucune fracture peropératoire (trochantérienne ou sous le clou) qui était une complication rapportée avec le clou GammaTM . Ce résultat doit être cependant nuancé du fait du faible nombre de patients inclus dans l’étude. Le taux de réadmission dans notre étude était nul dans les

E. Foulongne et al. deux groupes, probablement du fait de l’hospitalisation en convalescence de type moyen séjour où la plupart des complications étaient gérées sans nécessité de réhospitalisation en situation aiguë. Le taux de déplacement secondaire à trois mois était plus faible avec le clou BCMTM . Ce dernier constituait donc un montage plus stable que la DHS. Cette stabilité était inhérente aux avantages déjà connus de l’enclouage centromédullaire, avantages qui sont un bras de levier plus court et une bonne tenue dans un os ostéoporotique [36—39]. Cependant, comme nous l’avions vu précédemment, de nombreuses publications comparant les systèmes de vis-plaque et le clou GammaTM montraient des taux de déplacement secondaires plus importants dans les groupes clous. Cela était très certainement attribuable à un mauvais positionnement de la vis céphalique ayant un trajet imposé. Afin de pallier ce problème, la mise en place première de la vis céphalique dans la position voulue par l’opérateur apportait un avantage certains. Le fait que le clou BCMTM était un montage statique intervenait également dans la stabilité sans pour autant compromettre la consolidation. L’étude montrait de meilleurs résultats fonctionnels dans le groupe BCMTM par rapport au groupe DHS. Ce fait était sans doute dû non seulement à l’abord mini-invasif permettant une diminution des douleurs, avec une mise au fauteuil rapide permettant d’éviter une dégradation du statut fonctionnel secondaire au décubitus prolongé. La douleur n’a pas été étudiée dans notre étude du fait de la difficulté d’évaluation de celle-ci dans cette population. L’amélioration des résultats fonctionnels pouvait également être rapportée à la stabilité du montage avec un taux de déplacement secondaire moindre et donc une possibilité de rééducation et de remise en charge plus rapide.

Conclusion Cette étude montrait donc peu de différences entre la DHS et le clou BCMTM . L’un des objectifs de ce clou était sa mise en place par technique mini-invasive afin de diminuer le saignement. Mais les difficultés liées à l’ancillaire ainsi que la courbe d’apprentissage ont annihilé cet avantage potentiel. En revanche, le taux de déplacement secondaire était moindre pour ce clou avec comme principal avantage la mise en place première de la vis céphalique. Cette étude confirmait également une meilleure récupération fonctionnelle dans le groupe BCMTM en postopératoire liée à la meilleure stabilité de ce clou. Cette première série de clous BCMTM avec mise en place première de la vis céphalique a montré les limites de son ancillaire. Néanmoins, ces premiers résultats encourageants laissaient penser que la correction des imperfections de l’ancillaire permettrait l’utilisation de ce clou en routine. En effet, le clou BCMTM semble être une bonne indication dans les fractures de la région trochantérienne du fait d’une stabilité correcte, de bons résultats fonctionnels en postopératoire et du faible taux de complications per- et postopératoires. Une série multicentrique serait maintenant nécessaire pour confirmer les résultats de cette étude pilote.

Clou BCMTM versus vis-plaque DHSTM

Conflit d’intérêt Aucun.

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