14e Congrès Francophone d’Allergologie – CFA 2019 / Revue française d’allergologie 59 (2019) 242–307 symptomatologie similaire suite à l’ingestion d’une glace de coloration rouge à 11 ans. Résultats À noter un eczéma du nourrisson, des signes évocateurs de rhinite allergique ; poisson consommé sans problème. Tests cutanés positifs aux acariens et œufs de cabillaud, négatifs pour les œufs de saumon, le saumon, la morue, le carmin de cochenille et aux autres pneumallergènes. IgE spécifiques légèrement positives au blanc d’œuf (0,12 ua/mL) et au rouge carmin (0,76 ua/mL). Premier test de provocation orale au rouge carmin en hôpital de jour négatif à la dose cumulée de 2 mg. Le second test de réintroduction aux œufs de cabillaud confirme l’allergie avec apparition d’un œdème palpébral, conjonctivite et de picotements pharyngés à la dose cumulée de 500 mg. Discussion Trois cas pédiatriques d’allergie aux œufs de saumon sont rapportés dans la littérature [1], avec des réactions allergiques de stade 3, tous ces enfants étaient sensibilisés aux acariens. Les allergènes en cause sont les vitellogénines, famille de protéines de réserve de 177 kDa, qu’on retrouve aussi dans l’œuf de poule, les arthropodes dont les acariens (Derp 14, Der f 14, Eur m 14) et la plupart des œufs de poissons. Le degré d’homologie de ces protéines étant faible entre ces différentes espèces, les réactions croisées sont rares. Conclusion Il s’agit d’une observation insolite d’allergie aux œufs de cabillaud survenant chez une enfant atopique, sensibilisée aux acariens ayant posé le problème d’une suspicion d’allergie au carmin de cochenille non confirmée. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis leurs éventuels liens d’intérêts. Référence [1] Pagès A-S, Leduc V, De Lacoste de Laval A, Nelson J-R, Péré B, Rondeleux E. Allergie aux œufs de saumon sans allergies croisées au poisson, trois cas pédiatriques. Rev Fr Allergo 2015;55:301–4. https://doi.org/10.1016/j.reval.2019.02.024 Ali-09
Anaphylaxie à l’arachide, à propos de 3 cas de réaction par inhalation
M. Jung ∗ , C. Brocart , S. Collin , C. Pietrement , D. Sabouraud CHU, Reims, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (M. Jung) Introduction Nous rapportons 3 cas d’anaphylaxie survenus par inhalation. Résultats Alexia, 17 ans, allergique à l’arachide, mais aussi légumineuses, graminées et acariens, a présenté 2 accidents anaphylactiques à type d’angioedème laryngé, l’un au début d’une séance de cinéma dans le cadre d’une sortie scolaire en 2016, l’autre lors d’un voyage scolaire en bus en 2017. Lors du 1er accident, prise en charge par le SAMU par aérosols d’adrénaline, corticothérapie et anti-histaminiques, pour le 2e accident, arrêt du bus sur une aire d’autoroute et injection d’adrénaline par un professeur. Pas de prise alimentaire inadéquate. Dans les 2 cas, la présence d’arachide dans l’atmosphère a été fortement suspectée. Une induction de tolérance orale (ITO) à l’arachide est débutée suite à ces 2 accidents. Antoine, 16 ans, allergique à l’arachide, mais aussi fruits à coques, acariens et pollens, présente en octobre 2017, lors d’un trajet en train, une sensation de malaise, perte de connaissance puis asthme et urticaire. Pris en charge par le SAMU, il bénéficie d’adrénaline par voie veineuse. Pas de prise alimentaire inadéquate non plus. L’inhalation de particules d’arachide dans le train est probable. Mise en place d’une ITO à l’arachide. Tiago, 10 ans, allergique à l’arachide et en cours d’ITO depuis 18 mois, présente une gêne respiratoire et un prurit généralisé environ 20 min après être arrivé chez des amis. La réaction a lieu alors que l’enfant joue dans une salle de jeux où il y a un perroquet. L’enquête montre la présence d’arachide dans la cage (nourriture). Sous anti-histaminiques et corticoïdes oraux, l’état s’améliore. Cet enfant a donc fait une réaction par voie respiratoire suite à l’inhalation de particules d’arachide situées dans l’atmosphère.
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Discussion À noter des symptômes d’abord respiratoires en lien avec le contact direct de l’arachide ; le risque des transports en commun ; la nécessité d’un traitement. Conclusion Ces accidents sévères, survenus chez des adolescents très allergiques à l’arachide, ont fait proposer une ITO dans le but de les protéger de l’anaphylaxie sévère. Cependant, notre 3e observation montre que même sous ITO, la protection n’est pas parfaite. Déclaration de liens d’intérêts liens d’intérêts.
Les auteurs n’ont pas transmis leurs éventuels
https://doi.org/10.1016/j.reval.2019.02.025 Ali-10
Le gingembre : effet aphrodisiaque ou anaphylactique ? J. Beatini 1,∗ , M. Benhayoun 1 , S. Leroy 1 , J. Pradelli 1 , M.H. Vivinus 2 , A. Degoutte 1 1 Pneumologie, Nice, France 2 Immunologie, Nice, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (J. Beatini) Introduction L’allergie alimentaire (AA) aux épices est rare (2 % des AA). Les patients à risque sont de jeunes adultes, à prédominance féminine, avec sensibilisation croisée fréquente à l’armoise ou au bouleau. Le diagnostic d’une allergie aux épices est posé sur l’anamnèse, les tests cutanés (souvent pris en défaut dans les AA au gingembre, noix de muscade, clou de girofle), les IgE spécifiques, plus rarement les IgE moléculaires et le test de provocation orale (TPO). Le gingembre appartient à la famille des Zingiberaceae (avec cardamome et curcuma). L’AA au gingembre est rare. Méthodes Nous rapportons le cas d’une patiente de 27 ans, traitée pour asthme intermittent léger avec allergie au chat, acariens, armoise. Elle décrit un gonflement pharyngé et une crise d’asthme immédiatement après la prise de gingembre cru et cuit. Résultats Les pricks gingembre poudre et curcuma natifs sont négatifs et le prick racine de gingembre est douteux. Les IgEs gingembre étaient à 0,16 kU/L. Le TPO est positif (crise d’asthme à la dose cumulée de gingembre poudre 10 mg). Le diagnostic d’une allergie IgE-médiée au gingembre est posé dans un syndrome gingembre–armoise. Le bilan pour les autres Zingiberaceae ne retrouve pas d’allergie croisée. Discussion L’AA IgE-médiée aux épices est rare et la sensibilisation peut se faire par ingestion ou inhalation. Les allergènes majeurs décrits sont des protéines de stockage, de défense et de structure. Concernant le gingembre, une analyse par immunoblot d’une série de 4 patients a mis en évidence comme potentiel allergène la cystéine protéinase GP1 qui appartient à une famille de protéines connue dans diverses sources allergéniques. Aucune réactivité croisée n’est décrite au sein de la famille des Zingiberaceae. Conclusion L’AA aux épices, dont le gingembre est rare mais doit être évoqué car sévère. Elle ne semble pas croiser avec les autres Zingiberaceae mais avec certains pollens comme l’armoise ou le bouleau et doit être recherchée lors du diagnostic. La cystéine protéinase GP-1 a été identifiée comme potentiel allergène d’intérêt dans l’allergie au gingembre. Déclaration de liens d’intérêts liens d’intérêts.
Les auteurs n’ont pas transmis leurs éventuels
https://doi.org/10.1016/j.reval.2019.02.026 Ali-11
Évaluation du risque allergénique des protéines de graines de tournesol
J. Achour ∗ , B. Guillon , M. Guinot , K. Adel-Patient , H. Bernard , S. Hazebrouck ∗ Laboratoire d’immuno-allergie alimentaire, UMR CEA/Inra, université Paris-Saclay, Gif-Sur-Yvette, France ∗ Auteur correspondant. Adresses e-mail :
[email protected] (J. Achour),
[email protected] (S. Hazebrouck)
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14e Congrès Francophone d’Allergologie – CFA 2019 / Revue française d’allergologie 59 (2019) 242–307
Introduction La gestion des ressources alimentaires représente un des défis du 21e siècle. Une alternative à l’alimentation actuelle s’appuie sur la consommation de nouvelles sources protéiques d’origine végétale, qui ont un faible impact environnemental. L’apport protéique des graines de tournesol (GT) dans l’alimentation reste encore faible à l’exception de quelques pays. Cependant, quelques cas de réactions d’allergie aux protéines de GT ont été décrits et attribués à 2 allergènes : SFA-8 (albumine 2 S) et Hel a 3 (LTP). L’objectif de ce travail est d’évaluer le potentiel allergénique des principales protéines de GT à l’aide de modèles murins de sensibilisation aux protéines de GT. Méthodes Un extrait protéique brut, obtenu à partir de graines de tournesol, a été fractionné par une combinaison de précipitation sélective au sulfate d’ammonium et de modes chromatographiques. Les fractions protéiques ainsi isolées ont été caractérisées par gel d’électrophorèse (1 D et 2 D) et spectrométrie de masse. Le potentiel de sensibilisation des protéines de GT a ensuite été évalué à l’aide d’un modèle souris (BALB/c) d’injection d’un extrait protéique brut par voie intrapéritonéale en présence d’adjuvants. Les réponses IgE et IgG1 spécifiques des protéines de GT ont été mesurées dans les sérums et les réponses cellulaires ont été évaluées après réactivation ex vivo des splénocytes. Résultats Le protocole de purification développé a permis d’isoler de nombreuses entités, isoformes et sous unités, appartenant aux familles des globulines 11S, des albumines 2 S et des LTPs. Dans le modèle murin, le niveau de sensibilisation est dépendant de la dose injectée de protéines de GT. Comme l’allergène SFA-8, d’autres albumines 2 S de la GT sont capables d’induire une réponse IgE spécifique. Conclusion Le développement d’un modèle murin de sensibilisation aux protéines de GT par voie orale est en cours. L’immunoréactivité des différentes fractions protéiques de GT sera évaluée chez des patients allergiques aux protéines de GT. Déclaration de liens d’intérêts liens d’intérêts.
Les auteurs n’ont pas transmis leurs éventuels
https://doi.org/10.1016/j.reval.2019.02.027 Ali-12
L’induction de tolérance orale (ITO) au lait cuit : une stratégie prometteuse !
L. Sekfali ∗ , K.N. Benhalla Service de pédiatie « A », CHU de Béni-Messous, Alger, Algérie ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (L. Sekfali) Introduction L’ITO « lait cuit » (le lait incorporé dans une matrice de blé et exposé aux hautes températures) est souvent bien tolérée et semble accélérer le développement de la tolérance pour le lait cru. Les objectifs de notre travail étaient d’étudier nos pratiques d’ITO « lait cuit » et de décrire les résultats de cette stratégie thérapeutique dans l’APLV. Méthodes Étude rétrospective incluant les enfants avec APLV IgE-médiée ayant bénéficié d’une ITO initiale « lait cuit » au décours d’un TPO « madeleine » au sein du service de pédiatrie « A » CHU de Béni-Messous, Alger entre septembre 2016 et juillet 2018. Nous avons élaboré notre propre recette de madeleine (1 madeleine = 5 mL de LV). Le TPO « madeleine » consistait à introduire 4 doses progressivement croissantes toutes les 20 minutes pour atteindre une dose cumulée totale d’1 madeleine. À l’issue du TPO « madeleine », une ITO « lait cuit » était entreprise et maintenue quotidiennement sur 6–9mois. Des cycles TPO/ITO d’augmentation des doses/de passage au lait non cuit (bouilli puis cru) sont réalisés et les enfants sont réévalués tous les 6 mois. Résultats Au total, 41 patients ont été inclus. L’âge moyen était de 3 ans 9 mois. La taille moyenne des prick-tests était de 8 mm. Les valeurs moyennes des IgEs LV et caséine étaient respectivement de 34,38 KUI/L et 29,74 KUI/L. L’ITO « lait cuit » a été dans l’ensemble bien tolérée. Seul, un enfant (avec IgEs caséine > 100 KUI/L) a développé une réaction anaphylactique lors du TPO « madeleine ». Quatorze patients (35 %) ont présenté une réaction pendant les
autres cycles TPO/ITO classiques (lait non cuit). L’urticaire était la réaction adverse la plus fréquente. Pour tous les enfants, les prick-tests LV et les dosages d’IgEs lait et caséine ont considérablement diminué. Douze patients (29,3 %) ont acquis une tolérance totale, tous les autres ont augmenté leur dose réactogène les mettant ainsi à l’abri de réactions sévères lors d’absorption accidentelle de lait de vache. Conclusion L’ITO « lait cuit » s’avère prometteuse améliorant considérablement la qualité de vie des enfants allergiques. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis leurs éventuels liens d’intérêts. Pour en savoir plus Nowak-Wegrzyn A et al. J Allergy Clin Immunol. 2008;122:342–347. Kim JS et al. J Allergy Clin Immunol. 2011;128:125–131. Robinson ML et al.Immunol Allergy Clin N Am. 2018;38:65–76. https://doi.org/10.1016/j.reval.2019.02.028 Ali-13
Allergie à ␣-Gal : étude descriptive au CHU de Limoges E. Bellet-Fraysse 1,∗ , F. Touraine 1 , A. Boumedienne 2 , H. Géniaux 3 , C. Coumes-Salomon 1 , B. Melloni 1 1 Service de pathologie respiratoire et d’allergologie, CHU de Dupuytren, Limoges, France 2 Service d’immunologie, CHU de Dupuytren, Limoges, France 3 Service de pharmacovigilance, CHU de Dupuytren, Limoges, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (E. Bellet-Fraysse) Introduction Depuis 4 ans, les allergies à ␣-Gal ont augmenté dans notre service. Méthodes Il s’agit d’une étude descriptive de 2015 à 2018 à partir de 23 cas : patients âgés de 19 à 83 ans ; 13 hommes et 10 femmes. Un interrogatoire minutieux, des tests cutanés (pricks porc, boeuf, lait de vache, autres aliments pouvant être en cause, pricks chat) ont été réalisés, associés à un dosage d’IgEs de ces allergènes ainsi qu’un dosage d’IgEs ␣-Gal. Résultats Tous les patients avaient consommé de la viande de porc (charcuterie-abats). Trois patients avaient consommé des produits laitiers associés. Les manifestations cliniques étaient une urticaire généralisée chez 16 patients, un choc anaphylactique chez 7 patients (grade II 3 patients, grade III 4 patients). Le délai de survenue de la réaction clinique était variable : 4 heures après le repas chez 12 patients, 1 à 2 heures après le repas chez 8 patients, moins d’une heure chez 3 patients. Les réactions survenant très rapidement après le repas étaient plus graves (choc grade III) si co-facteurs associés (effort/AINS/fièvre/alcool). Au total, 21 patients avaient été piqués par des tiques. Ces piqûres étaient récentes chez 19 patients (< 2 ans) et anciennes chez 2 patients (> 10 ans). Le département le plus touché était l’Indre où la chasse est importante (cervidés). Onze patients avaient bénéficié d’un bilan à la gélofusine et aux héparines avec IDR et TAB : 8 patients/11 présentaient des tests positifs à la gélofusine (IDR), et 5 tests positifs aux héparines (IDR) ; TAB peu contributifs. Ces positivités étaient corrélées à des taux d’␣-gal > 1 KUA/l, voire > 8 KUA/l le plus souvent. Les patients n’avaient jamais pris ces médicaments. Conclusion L’allergie à ␣-gal est en augmentation dans notre région avec un rôle prépondérant des piqûres de tiques. Les réactions anaphylactiques apparaissent toujours après consommation de porc, peuvent être graves avec un délai de survenue très court notamment si co-facteurs associés (trousse d’urgence nécessaire avec adrénaline). Le bilan médicamenteux prédictif (produits de remplissage, héparines) semble nécessaire, surtout si le taux d’␣-Gal est supérieur à 1 KUA/l. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis leurs éventuels liens d’intérêts. Pour en savoir plus Steinke JW et al. The ␣-gal story. J Allergy Clin Immunol 2015. https://doi.org/10.1016/j.reval.2019.02.029