Arch PEdiatr 2001 ; 8 Suppl 2 : 375-6 © 2001 l~ditions scientifiques et mddicales Elsevier SAS. Tous droits rEservEs
Session : Pathologie du sommeil
Explorations du s o m m e i l du nourrisson et de i'enfant M.D. Lamblin Sen,ice de neurophysiologie clinique, h@ital Roger-Salengro, 59037 Lille cedex, France
L'organisation du sommeil s'Etablit progressivement de la vie intra-utErine ~t l'~ge adulte. Toute modification intrins~que ou environnementale de celle-ci peut retentir sur le bien-~tre de l'enfant. Par ailleurs, le sommeil provoque des changements dans la fonction respiratoire et dans son contr61e qui depend des diffErents stades de sommeil. Ceux-ci peuvent avoir un retentissement sur le fonctionnement des voies aEriennes supErieures et les Echanges gazeux chez des enfants normaux ou prEsentant des problames respiratoires ou neurologiques sous-jacents. I1 est donc important de pouvoir apprEcier et quantifier l'organisation du sommeil ainsi que les diffErents param~tres de la fonction respiratoire de l'enfant dans chaque stade de sommeil. L'Etude du sommeil peut se faire isolEment ou associEe 5 celle de parambtres respiratoires. I1 s'agit d'dtudes polysomnographiques. CONDITIONS D'EXAMEN I1 faut enregistrer un sommeil spontanE sans prEmddication ni privation de sommeil prEalable [1]. La piece doit ~tre accueillante, sombre et silencieuse. L'idEal est d'obtenir un sommeil de nuit mais une sieste de debut d'apr~smidi peut le remplacer ~acondition d'enregistrer au moins une pEriode de sommeil paradoxal. I1 est donc en gEnEral recommandE une sieste avec deux cycles complets de sommeil [1, 2]. T E C H N I Q U E S D'ENREGISTREMENT LES P L U S UTILISI~ES EN P R A T I Q U E C O U R A N T E
]~tude du flux aErien L'Etude du flux aErien permet la detection des apnEes obstructives. Elle se fait principalement par des thermistances ou thermocouples : il s'agit de capteurs de diffErence de temperature entre l'air inspire et l'air expire (l'air inspire dtant plus froid que l'air expirE). On enregistre
simultandment le flux aErien au niveau des narines et de la bouche. Elle peut se faire aussi par la capnographie : mesure de la pression partielle en gaz carbonique (PCO2) darts les gaz expires [1]. Dans les laboratoires Etroitement spdcialisEs, des techniques un peu plus lourdes sont utilisEes, comme l'enregistrement par pneumotachographe ou par canule nasale [3].
l~tude des mouvements respiratoires du thorax et de l'abdomen Elle donne des informations sur les apnEes centrales. Les capteurs sont des jauges de contrainte placdes et positionndes, l'une au niveau thoracique (juste au-dessus des mamelons) et l'autre au niveau abdominal (2 cm au-dessus de l'ombilic) [2]. La pldthysmographie d'inductance mesure les variations de volume du thorax et de l'abdomen lors des mouvements respiratoires.
Activit6 des muscles respiratoires Elle donne des informations sur la rdalisation des mouvements respiratoires (le diaphragme et parfois les intercostaux) ainsi que sur le recrutement des muscles respiratoires accessoires (gEnioglosse et abdominaux) dans |e cas de subobstruction ou d'obstruction des voles aEriennes supErieures. Le recueil de l'activitd Electromyographique (EMG) des muscles respiratoires est rEalisE par des Electrodes de surface ou des cupules en argent fixEes par une pfite conductrice et adhesive : - pour le diaphragme : au 8e-9 e espace intercostal droit (deux Electrodes EloignEes de 2 cm) ou sous les rebords costaux (droit et gauche) au niveau de la ligne mamelonnaire [21 ; - pour les intercostaux :dans le 2e-3 e espace intercostal droit latdralement au bord du sternum ; - pour les muscles respiratoires accessoires : le muscle gEnioglosse, par une Electrode fixde sur Fun des muscles
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MD. Lamblin
mentonniers et l'autre darts la region sous-mentonni~re ou les muscles abdominaux, par deux Electrodes placEes sur la ligne tendue entre l'ombilic et l'Epine iliaque antErosupErieure [1]. En pratique courante, chez l'enfant, l'analyse de I'EMG du diaphragme et du gdnioglosse est le plus souvent effectuEe. L'EMG est prEamplifiE puis amplifiE et filtrE (bande passante 30-1 000 Hz) [ 1].
- les informations sur l'activitE tonique du menton peuvent 6tre obtenues par l'enregistrement du muscle gdnioglosse ; - l'enregistrement des mouvements corporels peut 6tre fait par actimEtrie ou par enregistrement EMG d'un membre infErieur ; - l'enregistrement video est indispensable en cas de suspicion de phEnombnes paroxystiques, en particulier moteur nocturne.
Variations de la pression ~esophagienne PRINCIPALES I N D I C A T I O N S DES EXPLORATIONS DU SOMMEIL
Elles sont enregistrEes par l'intermEdiaire d'un ballonnet eesophagien et permettent aussi avec une grande prEcision de quantifier les efforts respiratoires. Mais cette technique invasive n'est pas nEcessaire pour la majoritE des indications cliniques de polysomnographie [3].
En pratique courante, il s'agit de mettre en Evidence des EvEnements respiratoires pathologiques et des troubles du sommeil.
Mesure de i'oxyg~nation (PtcO2)
l~v~nements respiratoires pathologiques
La pression partielle en oxygdne (PaO2) peut ~tre mesurEe par voie transcutanEe [1]. L'oxymEtrie pulsEe est une mEthode permettant l'estimation rapide de la saturation artErielle en oxygdne (SaO2). La correlation entre la SaO 2 et l'oxygEnation artdrielle est bonne pour des valeurs de S a O 2 supErieures h 70 % h condition que l'onde de pouls artEriel soit bonne et qu'il n'y ait pas d'artefact de mouvement [3]. La mesure de la pression partielle artErielle en gaz carbonique (PaCO2) est possible par Electrode transcutanEe (PtcCO2) mais les valeurs sont surestimEes par rapport h la valeur de la pression partielle artErielle [3]. Enfin, la valeur de la P C O 2 mesurEe en fin d'expiration (PETCO 2) refldte la P C O 2 alvEolaire moyenne tout en permettant d'enregistrer le flux nasal [ 1].
La recherche d'apnEes centrales sera effectuEe en cas de suspicion de dysfonctionnement du tronc cErEbral, en particulier si l'enfant prEsente des troubles de dEglutition ou des malaises graves inexpliquEs par un probl~me digestif. La recherche d'apnEes obstructives sera effectuEe si l'on suspecte un syndrome d'apnEes du sommeil ou de resistance anormale des voies adriennes supErieures (pathologie ORL, malformations craniofaciales, obeses, certaines affections neuromusculaires).
Estimation des stades de sommeil L'ElectroencEphalogramme est indispensable pour coder les stades de sommeil lent et paradoxal. I1 est rdalisE h l'aide d'Electrodes cupules en argent chlorurE de 5 h 7 mm de diambtre, fixEes par une p~te adhesive; au moins deux derivations ElectroencEphalographiques (EEG) bilatErales C3-O1 et C4-O2 sont nEcessaires pour coder les stades de sommeil [2]. Parallblement h I'EEG, il faut enregistrer : - les mouvements oculaires : soit par Electrodes cupules placEes sur le c6tE des canthus de chaque oeil ; soit par un quartz piEzo-Electrique place sur la paupi~re (cette dernibre technique est plus sensible pour detecter les mouvements oculaires chez le petit enfant) [2] ;
Troubles du sommeil Ils sont isolEs ou parfois secondaires ~ des probldmes respiratoires, en cas d'hypersomnolence, de fatigue ou de troubles du comportement lids "h une dyssomnie avec ou sans hypersomnie pathologique, ou en presence de manifestations paroxystiques nocturnes pouvant ~tre rattachEes ?aune parasomnie ou parfois h une crise d'Epilepsie.
REFERENCES 1 PraudJP, Curzi L, Gaultier C. Techniques d'explorationde la ventilation au cours du sommeil chez les nourrissons et les enfants. In : Gaultier C, Ed. Pathologierespiratoire du sommeil du nourrisson et de l'enfant. Paris : Vigot ; 1989. p. 9-22. 2 Curzi-DascalovaL, Mirmiran M. Techniques d'enregistrement.In : Manuel des techniques d'enregistrementet d'analyse des stades de sommeil et de veille chez le prEmatur~ et le nouveau-n~ "aterme. Paris : Inserm ; 1996. p. 7-37. 3 Standardsand indicationsfor cardiopulmonarysleep studies in children. AmericanThoracic Society - Medical section of the American Lung Association.Am J Resp Crit Care Med 1996 ; 153 : 886-78.