G Model
ARTICLE IN PRESS
NEUADO-1324; No. of Pages 7
Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence xxx (2020) xxx–xxx
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Revue de littérature
Exposition des enfants de 0 à 3 ans aux écrans : résultats des cohortes de naissance sur les déterminants et les conséquences en termes de développement Exposure to screens of infants aged 0 to 3: Results of birth cohorts on determinants and consequences on development C. Prieur Université Paris Descartes, 12, rue de l’École de Médecine, 75006 Paris, France
i n f o
a r t i c l e
Mots clés : Écrans Cohorte Enfants Développement Interaction Cognitif Télévision ELFE GUSTO
r é s u m é But de l’étude. – L’objectif est de synthétiser les principaux résultats d’enquête de cohortes, relatifs à l’exposition aux écrans des enfants de 0 à 3 ans. Cette revue inclut les articles ayant conclu à la fois sur les déterminants de l’exposition aux écrans, et sur l’impact de l’exposition sur différentes facettes du développement de l’enfant. Méthode. – Vingt études de cohorte issues de la littérature scientifique internationale ont été révisées. Résultats. – Les déterminants principaux de l’exposition précoce aux écrans recensés sont liés aux conditions de vie familiales, à des caractéristiques parentales. Le niveau d’éducation des parents, le revenu des parents, la garde de l’enfant, la fratrie, l’usage des écrans par les parents, les symptômes de stress ou de dépression des parents sont associés à l’exposition des enfants aux écrans. L’exposition précoce aux écrans semble avoir un impact sur le développement cognitif, socio-émotionnel, physique, et sur l’engagement et les compétences à l’école. Les études révisées varient dans la mesure des expositions aux écrans et dans les variables de contrôle utilisées. Le manque d’interactions ou le manque d’attention du bébé aux jeux et à son corps, conséquences du temps passé devant les écrans, pourraient impacter le développement. Conclusion. – De futures analyses s’appuyant sur les données de cohorte, telles que la cohorte ELFE en France, permettraient de mieux individualiser l’effet des écrans sur le développement, en ajustant sur davantage de variables d’environnement. ´ ´ es. © 2020 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserv
a b s t r a c t Keywords: Screens Cohort Infants Children Development Interaction Cognitive Television ELFE GUSTO
Objective. – As parents and children have more and more leisure or educational screen activities available, there is curiosity about the impact of exposure to screen content on cognitive, socioemotional, physical and behavioural development of the child. Some recent studies suggest that early exposure may have a negative impact. Studies differ in methods and sample sizes. The aim of this study is to compute results on exposure of infants to screens from recent birth cohort studies, including determinants of exposure and the impact of this exposure on development. Methods. – Based on a selection by an algorithm of research applied to PubMed and Google Scholar, birth cohort studies with a focus on determinants or consequences of early exposure of infants were included. Twenty studies from different countries were computed to do this review. Methods and results were discussed and compared.
Adresse e-mail :
[email protected] https://doi.org/10.1016/j.neurenf.2019.12.003 ´ ´ 0222-9617/© 2020 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserv es.
Pour citer cet article : Prieur C. Exposition des enfants de 0 à 3 ans aux écrans : résultats des cohortes de naissance sur les déterminants et les conséquences en termes de développement. Neuropsychiatr Enfance Adolesc (2020), https://doi.org/10.1016/j.neurenf.2019.12.003
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Results. – Main determinants of early exposure to screens were linked to family living conditions and to the characteristics of the parents. Low level of education of parents, low household income, no day-care for the child, no siblings, high use of screens by parents, symptoms of stress or depression by parents, lack of outdoor equipment or few outings were associated to higher early exposure to screens. It seemed that early exposure could have an impact on cognitive development, psychosocial development, emotional development, physical development, behaviour, and on engagement and performance at school. Revised studies differed in terms of measurement of exposure and in terms of difference in control variables computed in multivariate analysis. Exposure to screens could result in decreased attention to parentchild interactions or decreased attention of the infant to his/her own body and to his/her environment which could in turn impact development. Conclusion. – In future studies, the way early exposure to screens is measured requires full attention. Also, controlling for socioeconomic conditions and physical and mental availability of caregivers is important to identify the impact of screens alone on the development. Future analysis of cohort analysis, such as ELFE cohort in France, could allow to individualize the effect of exposure to screens between the ages of 0 to 3, controlling for adequate environmental factors. © 2020 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
1. Introduction Les familles disposent aujourd’hui de multiples équipements numériques. Les parents s’interrogent sur l’impact que peut avoir l’exposition de leurs très jeunes enfants sur leur développement [1]. La question de l’impact des écrans sur les jeunes enfants est une question interdisciplinaire, puisqu’elle relève du cadre médical, sociologique, économique, éducative, géographique. Une question à la croisée des disciplines comme celle de l’exposition aux écrans des tout-jeunes enfants et de ses conséquences requiert la prise en compte de multiples facteurs. C’est pour prendre en compte l’ensemble des facteurs environnementaux qui impactent le développement de l’enfant que les grandes cohortes de naissance ont été développées à partir de la fin de la Seconde Guerre Mondiale, en particulier au Royaume-Uni, puis dans l’ensemble des pays du Commonwealth, et aujourd’hui dans les pays asiatiques et européens. Elles ont permis de répondre à des questions essentielles sur les expositions au cours de la grossesse et sur le développement des maladies infantiles. En France, l’étude ELFE a été conc¸ue « afin de contribuer à une meilleure connaissance du développement de l’enfant, tout particulièrement en prenant en compte son environnement physique et social. [2] ». L’étude Elfe est une cohorte de naissance généraliste lancée en 2011 dans des maternités de France métropolitaine, incluant 18 329 enfants à terme. Une enquête téléphonique en 2013 a permis de documenter les activités de 13 495 enfants de 2 ans (25 % de perdus de vue), dont les activités sur écran [3]. Les acteurs de santé publique promeuvent des recommandations concernant l’usage des écrans par les enfants telles que « Pas d’écran avant 3 ans » [4]. Ces recommandations sont publiées, mais peinent à diffuser et à être respectées au sein de la population générale, comme en témoignent les études sur les temps d’écrans chez les tout-petits [5]. Pour que les médecins et les pédiatres soient invités à s’engager dans l’information des parents, et dans le repérage des mésusages, il faut un ensemble de recommandations s’appuyant sur un niveau de preuve suffisant, et des conclusions de la littérature qui soient relativement consensuelles. L’objectif de cette revue de la littérature non systématique est de dresser un état des lieux des contributions des cohortes de naissance à la question des écrans chez les tout-petits, afin d’offrir aux cliniciens et aux acteurs de santé publique une synthèse de résultats en intégrant une discussion de leur niveau de preuve. Les résultats issus des analyses de cohortes de naissance sur le sujet de l’exposition précoce aux écrans n’ont pas, à notre connaissance, été récemment rassemblés, discutés et comparés.
La contribution de l’étude franc¸aise ELFE à la compréhension de la trajectoire des bébés de 0 à 3 ans exposés aux écrans n’a pas à notre connaissance été mise en regard des résultats de cohortes étrangères intégrant des questions sur l’usage des écrans. 2. Méthodes Au rapport à la Direction Générale de la Santé sur les premières données d’ELFE, ont été ajoutés les titres issus de la sélection à partir de deux algorithmes sur deux moteurs de recherche différents. Avec les mots-clés « screen » AND « exposure » AND « cohort study » AND « infants », le moteur de recherche Google Scholar a identifié 32 100 résultats, classés par pertinence. Les 500 premiers titres ont été triés. L’algorithme de recherche sur PubMed comprenait les mots clés « cohort study » AND « screen » AND « exposure » AND « infants », et a permis d’identifier 283 titres. En remplac¸ant « infants » par « toddlers » dans PubMed, 70 titres d’articles de plus ont été identifiés. 19 titres d’articles supplémentaires ont été identifiés à partir des bibliographies, et un article suggéré par un correcteur. En tout, 53 articles ont été sélectionnés à partir du titre, et 21 ont été retenus pour cette revue de la littérature (Fig. 1). Ont été inclues les études de cohortes pour lesquelles une mesure de l’exposition aux écrans entre l’âge de 0 à 3 ans était disponible. Ont été exclues les études sur les adolescents, les études expérimentales, les études transversales, les études pour lesquelles une mesure de l’exposition aux écrans n’était pas disponible. 3. Résultats 3.1. Déterminants de l’exposition précoce aux écrans Les prédicteurs de temps d’exposition aux écrans ont été recensés dans une étude s’appuyant sur les données de Growing Up in Singapore Towards healthy Outcomes (GUSTO), intégrant le temps passé devant la télévision et sur d’autres écrans. L’origine ethnique malaise ou indienne, par rapport à l’origine chinoise, l’âge maternel plus jeune, l’éducation maternelle moindre, le temps de télévision parental plus long, étaient associés avec un temps d’écran total chez l’enfant augmenté [6]. L’analyse des données d’enquête de la cohorte ELFE, en France, au sein de laquelle la prévalence d’exposition quotidienne à la télévision à 24 mois était de 67,7 %, a confirmé que le niveau d’étude des parents, le revenu des parents, le statut professionnel maternel et l’âge maternel étaient associés négativement à l’exposition. Le genre ne modifiait pas l’exposition aux écrans : « l’usage des écrans
Pour citer cet article : Prieur C. Exposition des enfants de 0 à 3 ans aux écrans : résultats des cohortes de naissance sur les déterminants et les conséquences en termes de développement. Neuropsychiatr Enfance Adolesc (2020), https://doi.org/10.1016/j.neurenf.2019.12.003
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Fig. 1. Flow chart.
est sensiblement identique chez les garc¸ons et les filles à l’âge de deux ans. » Alors que la présence et le nombre de frères et sœurs semblait associée avec plus ou moins d’usage de certains médias : « On observe dès l’âge de deux ans que les enfants uniques utilisent plus fréquemment un ordinateur/tablette et jouent plus fréquemment avec un téléphone mobile multifonction. Dans les familles de plus de deux enfants, les enfants jouent plus fréquemment aux jeux vidéo sur console. » Enfin les usages de la télévision, du téléphone mobile, de la tablette étaient variables selon les régions [3]. Certaines caractéristiques de l’enfant, comme une faible régulation émotionnelle à neuf mois, semblent associées à un usage augmenté de la télévision à deux ans. Au total, 7450 enfants au sein de Early Childhood Longitudinal Study Birth Cohort ont passé l’Infant Toddler Symptoms Checklist (ITSC) à 9 mois et 2 ans. L’analyse par régression linéaire a indiqué qu’un score bas à l’ITSC, avec une faible régulation émotionnelle à 9 mois, prédisait 15 minutes d’usage d’écran en plus par jour (IC95 % 10 à 20 min) à 2 ans. Une régulation émotionnelle faible à 9 mois et 2 ans était associée à un OR significativement augmenté (1,40 [IC95 % 1,14–1,71]) de regarder la télévision plus de 2 h par jour. Les associations étaient légèrement renforcées dans les classes socioéconomiques basses [7]. Cependant on ne sait pas si cette faible régulation émotionnelle est responsable d’« appétence » plus tard, ou si elle est déjà la conséquence d’un usage d’écran avant 9 mois, qui ne fait que se poursuivre à deux ans. Pour mieux appréhender la temporalité de l’augmentation du temps d’écran au cours de la période 0 à 3 ans, des auteurs ont déterminé les facteurs associés avec des trajectoires d’exposition. En Finlande, l’étude STEPS, avec deux ans de suivi, s’est attachée à identifier les facteurs associés à un changement de temps d’écran pendant les deux premières années de vie des enfants en Finlande. Pour les 634 enfants pour lesquels des temps d’écran ont été mesurés à 13 et 36 mois, la moyenne quotidienne se situait à 55 minutes par jour. Lorsque le père s’occupait davantage de l’enfant, l’augmentation du temps d’écran entre 13 et 36 mois était
moindre. Lorsque l’éducation maternelle était plus élevée, que la mère était plus jeune, que son temps d’écran personnel était plus bas, que l’enfant était pris en charge dans la journée, que l’indice de masse corporelle (IMC) de l’enfant était plus bas, l’augmentation de temps d’écran entre 13 et 36 mois était plus faible [8]. Les trajectoires d’activité physique et de temps d’écran parmi les enfants on été étudiées au cours d’une étude longitudinale australienne, à partir d’un agenda quotidien. Les auteurs ont observé que la moitié des enfants a maintenu de faibles niveaux d’activité physique et de temps d’écran, un quart des enfants a vu son niveau d’activité physique augmenter et son temps d’écran rester bas, un quart des enfants a vu son niveau d’activité physique rester bas et son temps d’écran augmenter. Les plus à risque d’appartenir aux premier et dernier clusters étaient les enfants de mères issues de milieux dans lesquels on ne parlait pas anglais, les enfants qui ne vivaient pas avec leur deux parents biologiques, les enfants des foyers et des voisinages les plus aisés, les enfants uniques et les enfants dont les parents avaient une mauvaise santé mentale [9]. Dans une autre étude, l’appartenance aux trajectoires d’exposition « basse » ou « augmentant » par rapport à « haute » de 18 577 bébés taiwanais jusqu’à leurs 5 ans était significativement associée avec le sexe, l’âge, l’éducation du père et de la mère, le revenu du foyer, l’exposition parentale aux écrans, les réductions de temps de télévision, le mode de garde de l’enfant la journée [10]. Dans les études de cohorte, le niveau socioéconomique semble associé avec une exposition aux écrans plus importante. Les résultats d’études longitudinales auprès de populations défavorisées permettent dans une certaine mesure d’isoler des déterminants d’exposition. Au sein de Born in Bradford, une étude prospective longitudinale incluant 1558 enfants issus d’un bassin de vie économiquement défavorisé et multi-éthnique de Grande-Bretagne, 75 % des enfants regardaient la télévision avant 36 mois. Le stress psychologique maternel quand l’enfant avait un an, tout comme le temps que passait la mère devant la télévision, prédisait de fac¸on
Pour citer cet article : Prieur C. Exposition des enfants de 0 à 3 ans aux écrans : résultats des cohortes de naissance sur les déterminants et les conséquences en termes de développement. Neuropsychiatr Enfance Adolesc (2020), https://doi.org/10.1016/j.neurenf.2019.12.003
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significative et indépendante un temps de télévision augmenté chez l’enfant à 3 ans [11]. En Australie, au sein de la cohorte Watch Me Grow Study, 40 % des enfants de 18 mois avaient plus de 2 h de temps d’écran quotidien. Les facteurs associés avec un temps d’écran quotidien de plus de 2 h étaient un célibat maternel, des familles de moins de 3 enfants, un père en emploi, l’absence d’équipement extérieur à la maison, moins de 5 sorties hebdomadaires [5]. 3.2. Impact sur le développement de l’exposition aux écrans entre 0 et 3 ans Pour identifier le rôle spécifique des écrans sur le développement, il faut contrôler des autres facteurs qui pourraient influencer le développement, au cours d’analyses multivariées. Pour obtenir les résultats présentés ci-dessous, les auteurs ont contrôlé de divers facteurs. Un tableau récapitulatif se trouve en annexe (Tableau 1) et synthétise les différences dans la mesure de l’exposition, les différences dans les variables de contrôle utilisées, les différences de taille d’échantillon. Au sein de la cohorte GUSTO, le temps moyen passé devant la télévision était de 2 h par jour à l’âge de 1 an. Après ajustement sur les variables maternelles et infantiles disponibles, le quotient intellectuel composite et verbal à 4 ans et demi étaient diminués, à mesure que le temps passé devant la télévision augmentait. Au contraire, la lecture au coucher était associée avec une augmentation du quotient intellectuel [12]. Une étude de 2005 a permis de montrer que même en contrôlant des stimulations cognitives parentales pendant l’enfance, de l’éducation maternelle et de son niveau culturel, une heure de télévision par jour en plus avant l’âge de 3 ans avait un effet significativement négatif sur les capacités de l’enfant en lecture, compréhension et mémoire à 6 ans [13]. Au contraire, les résultats d’une étude sur un échantillon de 872 enfants de moins de 2 ans, au sein de laquelle le temps d’exposition quotidien obtenu (1,2 h (0,9)) était plus bas que le temps obtenu dans les autres études, ont suggéré qu’aucune association significative avec des compétences langagières ou visuelles motrices n’avait été mise en évidence [14]. D’autres auteurs ont montré une association négative entre temps d’écran soutenu et compétences socioémotionnelles ou entre temps d’écran et performances académiques [15–17]. Les résultats de l’analyse des données de la cohorte Japan Childrens’ Study ont indiqué une association positive entre exposition à la télévision à 18 et 30 mois et la survenue de problèmes d’hyperactivité, en ajustant sur des variables maternelles et familiales pertinentes [18]. 4. Discussion Cette revue de la littérature propose une synthèse sur les principaux résultats des études de cohortes sur la question de l’exposition des tout-petits aux écrans. Les déterminants d’un temps d’exposition important étaient, entre autres, des conditions socioéconomiques basses, des conditions familiales (familles monoparentales, enfants uniques), des symptômes de stress ou de dépression maternels, une exposition importante des parents à la télévision. Cette revue de la littérature n’était malheureusement pas systématique, aussi ne répond-elle pas aux critères PRISMA [19]. Une limite importante des études de cohorte présentées était la mesure de l’exposition aux écrans : la mesure la plus pertinente aurait été le temps pendant lequel la télévision était allumée dans la même pièce que le bébé. La mesure renseignée par les parents la plus fiable
se serait appuyée sur la complétude d’un agenda quotidien sur un temps court, par exemple hebdomadaire. La mesure de l’exposition aux écrans est une question centrale. Que l’exposition soit involontaire ou volontaire (l’enfant est dans la même pièce que la télévision ou l’enfant est installé devant la télévision, la tablette ou le téléphone), les conséquences sont néfastes : l’attention du bébé n’est plus portée sur son jeu, son corps ou ses interactions avec l’environnement. Au cours d’une étude, certains chercheurs, trouvant les réponses parentales « plus de 16 h par jour d’exposition à la télévision » peu crédibles, les avaient retirées de leur analyse [13]. Pourtant, il était tout à fait possible que les télévisions aient été allumées en permanence dans certains foyers. Par ailleurs, une étude récente a étudié l’impact d’avoir la télévision dans la chambre en âge préscolaire [20]. Cette question pertinente aurait été intégrée dans davantage de cohortes si le temps « en présence de la télévision allumée » avait été considéré plutôt que le temps « à regarder la télévision ». Les facteurs pris en compte pour ajustement étaient variables dans les études inclues, et ne saisissaient parfois qu’imparfaitement le niveau socio-éco-culturel des parents. Par ailleurs, l’effet sur le développement des enfants des conditions d’habitation (expositions environnementales) n’a à notre connaissance jamais été contrôlé au cours de ces études sur le lien écrans-développement. Pourtant il est possible que dans certaines conditions (famille monoparentale, revenu bas, vie urbaine), précarité du logement et exposition précoce aux écrans soient contemporaines. La taille d’effet des écrans sur le quotient intellectuel (entre 1 et 2 points de QI) et sur la survenue de symptômes externalisés (2 points sur l’échelle CBCL) [12,21] semble être du même ordre que celle de l’intoxication à certains polluants environnementaux (2 points de QI) [22]. Les articles étudiés ont rapporté en grande majorité un impact de l’exposition précoce aux écrans sur le développement. L’effet isolé des écrans sur le développement semblait diminuer à mesure qu’on prenait en compte par ailleurs tout ce qui pouvait entraver les interactions du bébé avec l’environnement, et traduisait un manque de disponibilité physique et psychique de l’entourage. Le temps d’exposition à moins de trois ans semblerait être du temps en moins pour le développement de compétences psychosociales telles que l’autorégulation, la confiance en soi, la compréhension, ce qui se traduirait plus tard par moins d’engagement à l’école et plus de difficultés académiques. Ce serait également du temps en moins pour bouger, et cela se traduirait par des habitudes d’activité, des habitudes diététiques, et un IMC différents des enfants qui n’étaient pas surexposés aux écrans dans leur prime enfance. Ainsi, l’exposition aux écrans serait-elle simplement le complémentaire d’un manque d’attention au jeu, au corps et aux interactions ? Les données de la cohorte All Our Babies/Families ont ainsi suggéré que parmi les facteurs de risque de retard de développement socio-émotionnel à 2 ans mesuré grâce au Brief-Infant-Toddler Social and Emotional Assessment, on retrouvait l’absence d’interactions quotidiennes basées sur le jeu à 1 an[23]. Le suivi en panel des sujets au sein de cette même cohorte a permis de mettre en évidence que chez les enfants dont le temps d’écran était élevé à 24 et 36 mois, on observait de moindres performances aux tests de développement (Ages and Stages Questionnaire, 3rd Edition) à 36 et 60 mois [24], avec une taille d’effet de 6 à 8 %. Observer si des alternatives aux écrans sont disponibles semble essentiel : le manque d’accès aux jouets, aux loisirs, aux équipements extérieurs, ou le manque de personnes disponibles pour les interactions, pouvant être associées à des conditions socioéconomiques défavorisées, favoriseraient l’exposition précoce aux écrans des tout-petits, et risqueraient d’aggraver les inégalités de santé dès le plus jeune âge.
Pour citer cet article : Prieur C. Exposition des enfants de 0 à 3 ans aux écrans : résultats des cohortes de naissance sur les déterminants et les conséquences en termes de développement. Neuropsychiatr Enfance Adolesc (2020), https://doi.org/10.1016/j.neurenf.2019.12.003
Effet de l’exposition sur la variable d’intérêt (positif/négatif)
Taille de l’effet
Aishworiya and al, 2019, Growing Up in Singapore Towards healthy Outcomes (GUSTO), 2009–2010, n = 387
Tests neurocognitifs : Kaufman Brief Intelligence Test, Second Edition (KBIT-2) à 4 ans et demi
Questionnaire aux parents à un an : quantité de Télevision vue les jours de semaine et de week-end au cours du dernier mois (Moyenne = 2 h, SD = 1,9 h)
L’exposition à la télévision a un effet négatif sur le développement cognitif, après ajustement sur les variables de contrôle citées
Zimmerman and al, 2005, NLSY, 1994, n = 1797
Peabody Individual Achievement Test (PIAT) à 6 ans : performance en mathématiques, lecture, compréhension. Et Digit Span (mémoire à court-terme), ajustés sur l’âge
Nombre d’heures de télévision regardées par jour avant trois ans, entre 3 et 5 ans, à 6 ans (plus ou moins de 3 h) les jours de semaine et de week ends (moyenne à 3 ans : 2,2 h) Les « plus de 16 h par jour » ont été retirés par les auteurs.
Score agrégé de mesure de l’humeur de la mère au cours de la grossesse (Spielberger State-Trait Anxiety Inventory, Edinburgh Postnatal Depression Scale, Beck Depression Invetory, Second Edition) ; éducation maternelle (Université et au-delà, ou moins) ; ethnie (chinoise, indienne, malaise) ; âge gestationnel, poids de naissance, réanimation néonatale, allaitement, score de développement mesurée par Bayley Scales of Infant and Toddler development Mesure de la stimulation cognitive par les parents par le Home Observation for Measurement of the Environment-Short Form, à moins de 3 ans, entre 3 et 5 ans, à 6 ans (sorties, lecture, jeu, rôles parentaux), items renseignés par la mère et l’enquêteur ; nombre de revues et journaux auxquels les parents de la mère sont abonnés lors de son premier interview, niveau d’éducation maternel, score maternel au Armed Forces Qualifying Test, ethnicité de l’enfant, langue parlée
Cheng and al, 2010, Japan Children’s Study, 2004–2006, n = 302
Développement socio-émotionnel : Ajustement comportemental et émotionnel, mesuré grâce à la version japonaise de Strengths and Difficulties Questionnaire à 30 mois
Temps d’exposition à la télévision à l’âge de 18 mois et 30 mois par jour, rapporté par la mère. (un tiers des enfants de 18 mois regardent plus de 4 h de télévision par jour. Un quart des enfants de 30 mois regardent plus de 4 h de télévision par jour)
Poids à la naissance, âge gestationnel, genre, nombre d’enfants dans la fratrie, niveau d’éducation maternel (université ou non), revenu familial annuel, niveau de stimulation cognitive maternel (Home Observation for Measurement of the Environment) à 18 mois
Les problèmes d’hyperactivité-inattention sont significativement associés avec le temps d’exposition à la télévision à 18 mois après ajustement
Pagani and al 2010, Quebec Longitudinal Study of Child Development, 1997–1998 n = 1314
Performance en mathématiques et en lecture, relativement au reste de la classe. Comportement psychosocial à l’école, (Social Behavior Questionnaire : émotion, aggression, victimisation, engagement en classe. Sédentarité de l’enfant mesuré à partir de questions aux parents. Diététique et mesure de l’IMC
Temps quotidien passé par l’enfant à regarder la télévision à l’âge de 29 mois et 53 mois « How much time per day does your child spend watching TV ? » (moyenne à 29 mois de 8,82 h par semaine (6,17))
Genre de l’enfant, problèmes de tempérament (score donné par les parents au comportement difficile ou imprédictible de leur enfant), heures de sommeil, éducation maternelle (high scool terminée ou non), statut familial (parents ensemble ou non), fonctionnement familial rapporté par les parents, Social Behavior Questionnaire (impulsivité, émotion, agression) par les parents, compétences cognitives de l’enfant à 29 mois mesuré par l’Imitation Sorting Task réalisé par un enquêteur, exposition hebdomadaire à la télévision à l’âge de 10 ans rapportée par les parents, IMC à 17 mois
Effet négatif de l’exposition précoce à la télévision sur les performances en mathématique, sur l’engagement scolaire, sur la victimisation à l’école, sur l’activité physique, la prise de snacks et de boissons sucrées, la consommation de fruits et légumes, et l’IMC à l’âge de 10 ans
Régression linéaire : une heure de télévision en plus par jour est associée à une diminution de 1,55 (IC95 % : −2,81 à −0,28) points sur le score de QI composite ; Régression logistique : Voir la télévision plus d’une heure par jour, comparativement à moins d’une heure par jour, est associé avec un OR de 6,2 (IC95 % : 1,4 à 27,7) d’avoir un score de QI inférieur à 70 Stratification par niveau socioéconomique. Pondérations pour prendre en compte le nombre d’enfants par foyer. Régression linéaire : la quantité de télévision n’est associée à aucun âge avec la performance de l’enfant en mathématiques à l’âge de 6 ans. Une heure de télévision avant l’âge de trois ans en plus est associée avec une diminution de 0,31 point du score de lecture (IC95 % −0,61 à −0,01) et de 0,58 points du score de compréhension (IC95 % −0,94 à −0,21) à l’âge de six ans Moins d’une heure par jour de télévision à 18 mois est associé à un score d’hyperactivité-inattention à 30 mois de 3,41 (IC95 % 2,7–4,1). Plus de 4 h de télévision par jour à 18 mois est associé avec un score d’hyperactivité-inattention à 30 mois de 4,59 (IC95 % 4,1–5,0), après ajustement sur genre, poids de naissance, âge gestationnel, ordre de naissance, éducation maternelle, revenu familial et stimulation maternelle Après imputation pour corriger de l’attrition différentielle, une heure de télévision supplémentaire par semaine dans la prime-enfance est associée avec une diminution de 7 % (0,003) de l’engagement en classe, de 6 % (0,01) de la performance en maths, avec une augmentation de la victimisation selon les enseignants de 10 % (0,01). Une heure de télévision supplémentaire par semaine à 29 mois augmente de 5 % (0,02) la probabilité d’être catégorisé en surpoids à l’âge de 10 ans
L’exposition à la télévision avant trois and a un effet négatif sur les scores de performance en lecture et compréhension, pas d’effet sur le score de performance en mathématiques à 6 ans, après ajustement
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Variables de contrôle
G Model
Mesure d’exposition
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Variable d’intérêt
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Auteurs, Année, cohorte, Année de recueil, nombre de sujets
C. Prieur / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence xxx (2020) xxx–xxx
Pour citer cet article : Prieur C. Exposition des enfants de 0 à 3 ans aux écrans : résultats des cohortes de naissance sur les déterminants et les conséquences en termes de développement. Neuropsychiatr Enfance Adolesc (2020), https://doi.org/10.1016/j.neurenf.2019.12.003
Tableau 1 Impact de l’exposition précoce sur le développement : comparaison d’études de cohorte.
Variables de contrôle
Effet de l’exposition sur la variable d’intérêt (positif/négatif)
Taille de l’effet
Mistry and al., 2007, Healthy Steps for Young Children national evaluation, USA 1996–1998, n = 2666
Child Behavior Checklist (CBCL) (reaction émotionnelle, anxiété ou depression, problèmes de sommeil, problèmes d’attention, comportement agressif) Social Skills Rating System (cooperation, affirmation, responsabilité, contrôle de soi)
Mesure par les parents du temps quotidien de télévision de leur enfant à 30–33 mois, et 5 ans et demi, 36 % des enfants de 30 à 33 mois regardent plus de 2 h de télévision par jour, 41 % des enfants de 5 ans et demi ont une télévision dans leur chambre
Âge maternel, ethnie, nombre de naissances, genre de l’enfant, statut marital de la mère, statut professionnel de la mère, éducation maternelle, revenu du foyer, santé de l’enfant, engagement parental dans les activités de l’enfant (échelle à 9 items de la Early Childhood Longitudinal Study), symptômes dépressifs maternels (mesuré grâce à la Center for Epidemiologic Studies Depression Scale)
L’exposition précoce à la télévision est associée à une diminution de la coopération, de la confiance en soi, de la réactivité émotionnelle
Schmidt and al., 2009, Project Viva, Massachussets, 1999–2002, n = 872
Variables cognitives de l’enfant à trois ans : PPVT-III (vocabulaire) et WRAVMA (compétences visuo-motrices) administrés par les enquêteurs à domicile ou dans le bureau de recherche à 6 mois et 3 ans
Temps devant la télévision entre 6 mois et 2 ans par jour (1,2h(0,9) par jour en moyenne), calculé à partir des données de trois questionnaires à 6 mois et 1 an (« By “watching” we mean the amount of time that your child is in a place where he/she can see a television that is on ») et 2 ans
À partir de questionnaire et d’interview : Age maternel, éducation maternelle, revenu du foyer, fratrie, exposition à la télévision de la mère, PPVT-III maternel, ethnie de l’enfant, durée de l’allaitement, poids de naissance et âge gestationnel. Symptômes maternels de dépression mesurés à l’aide de l’Edinburgh Postpartum Depression Scale, lorsque l’enfant a 6 mois. Temps de sommeil quotidien de l’enfant à 6 mois, un an et deux ans en semaine et en week end au cours du dernier mois
Après ajustement sur toutes les variables de contrôle, pas d’association entre exposition précoce à la télévision et scores PPVT-III et WRAVMA à 3 ans
Tamana and al., 2019, Canadian Healthy Infant Longitudinal Development (CHILD), 2009–2012, n = 2322
Comportement, symptômes externalisés mesurés par la Child Behavior CheckList (CBCL) à 5 ans
Temps d’écran incluant les jeux électroniques et le temps passé sur le portable à 3 et 5 ans (moyenne de 1h25 par jour à 3 ans)
Durée de sommeil, genre, niveau socioéconomique, statut marital, stress parental, dépression maternelle
L’exposition à la plus de deux heures de temps d’écran par jour est associé à une augmentation des symptômes externalisés après contrôle
Madigan and al., 2019, All Our Babies/Families Cohort (AOB/F), 2008–2016, n = 2441
Variables développementales (Ages and Stages Questionnaire, 3rd Ed.) (ASQ-3) à 24,36,60 mois ;
Temps d’écran incluant tous les types de supports (moyenne de 17 h/semaine à 2 ans, 25 h/semaine à 3 ans, 11 h/semaine à 5 ans)
Genre de l’enfant, âge de la mère, âge de l’enfant, usage de livres avec l’enfant à l’âge d’un an, temps d’activité physique quotidien moyen de l’enfant à 2 ans, dépression maternelle (Center for Epidemiologic Depression Scale), éducation de la mère, revenu du foyer, interactions mère-enfant (National Longitudinal Survey of Children and Youth Parenting Scales), sommeil de l’enfant quotidien, mode de garde à 5 ans
Pour un enfant, un temps d’écran plus élevé que sa moyenne est associée significativement à une moindre performance que sa moyenne à la vague suivante.
Après ajustement, regarder plus de deux heures de télévision par jour seulement à l’âge de 30 mois est associée avec une diminution de 0,33 (0,13) du score de réactivité émotionnelle de la CBCL, et à une diminution du contrôle de soi à la Social Skills de −0 .46 (−0,82 à −0,10). Regarder plus de deux heures de télévision par jour à 30 mois et à 5 ans et demi est associé avec une augmentation de 0,38 points (0,12) des problèmes de sommeil, de 0,35 (0,09) des problèmes d’attention, de 1,41 (0 .31) des comportements agressifs, de 1,74 (0,37) des symptômes externalisés L’ajustement seulement sur l’âge et le genre de l’enfant montre une association significative négative entre exposition à la télévision et scores mesurés. Après ajustement sur les covariables maternelles citées, la relation observée devient nulle, suggérant que les covariables maternelles sont des facteurs confondants. Dans le modèle avec toutes les variables de contrôle, chaque heure de télévision quotidienne entre la naissance et l’âge de deux ans n’est pas significativement associé avec le score PPVT-III (0,58 (IC95 % −0,45, 1,61) ou le score WRAVMA total (−0,24(IC95 % −1,15 à 0,66)) à l’âge de 3 ans Régression logistique : être devant la télévision plus de deux heures par jour entre 3 et 5 ans est associé avec une augmentation de 2,2 points sur l’échelle CBCL des symptômes externalisés (IC95 % 0,9 à 3,5) Lagged cross panel : chez un enfant donné, une variation d’une heure en plus de son temps d’écran à 24 mois est associée à une baisse de 6 % de sa performance au test ASQ-3 [IC 1 à 10 %] à 36 mois ; une variation d’une heure en plus de son temps d’écran à 36 mois est associée à une baisse de 8 % de sa performance au test ASQ-3 [IC 2 à 13 %]
ARTICLE IN PRESS
Mesure d’exposition
G Model
Variable d’intérêt
C. Prieur / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence xxx (2020) xxx–xxx
Auteurs, Année, cohorte, Année de recueil, nombre de sujets
NEUADO-1324; No. of Pages 7
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Pour citer cet article : Prieur C. Exposition des enfants de 0 à 3 ans aux écrans : résultats des cohortes de naissance sur les déterminants et les conséquences en termes de développement. Neuropsychiatr Enfance Adolesc (2020), https://doi.org/10.1016/j.neurenf.2019.12.003
Tableau 1 (Continued)
G Model NEUADO-1324; No. of Pages 7
ARTICLE IN PRESS C. Prieur / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence xxx (2020) xxx–xxx
5. Conclusion Les futures analyses des données issues de la cohorte ELFE offriront probablement des réponses aux questions laissées en suspens, et en particulier si l’impact de l’exposition précoce aux écrans sur le développement cognitif et les performances scolaires est toujours significatif lorsqu’on contrôle des conditions de vie familiales, socioéconomiques, environnementales. « À l’âge de deux ans, on procédera à une première évaluation du vocabulaire acquis, et à trois ans on utilisera un outil mesurant le développement cognitif de l’enfant, la British Ability Scale (BAS). Plus tard à 6–7 ans, un objectif prioritaire sera de recueillir des informations sur les performances scolaires ainsi que le rapport à l’école et aux apprentissages scolaires »[2]. Déclaration de liens d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts. Références [1] Gravier L. Témoignages de participants aux cohortes Elfe et Gazel. Tribunes, Actualité et Dossier en Santé Publique no 78; 2012. [2] Pirus C, Bois C, Dufourg M, Lanoë J, Vandentorren S, Leridon H, et al. La construction d’une cohorte : l’expérience du projet franc¸ais Elfe 2010;65(4):637–70. [3] Gassama M, Bernard J, Dargent-Molina P, Charles MA. Activités physiques et usage des écrans à l’âge de 2 ans chez les enfants de la cohorte Elfe. Analyse statistique et rapport préparés à la demande de la Direction Générale de la Santé; 2018. [4] Bach JF, Houde O, Lena P, Tisseron S. L’enfant et les écrans, un avis de l’Académie des Sciences. Paris: Le Pommier; 2013. [5] Chandra M, Jalaludin B, Woolfenden S, Descallar J, Nicholls L, Dissanayake C, et al. Screen time of infants in Sydney, Australia: a birth cohort study. BMJ Open 2016;6(10). [6] Bernard JY, Padmapriya N, Chen B, Cai S, Tan KH, Yap F, et al. Predictors of screen viewing time in young Singaporean children: the GUSTO cohort. Int J Behav Nutr Phys Act 2017;14:112. [7] Radesky JS, Silverstein M, Zuckerman B, Christakis DA. Infant self-regulation and early childhood media exposure. Pediatrics 2014;133(5):1172–8. [8] Matarma T, Koski P, Löyttyniemi E, Lagström H. The factors associated with toddlers’ screen time change in the STEPS Study: a two-year follow-up. Prev Med 2016;84:27–33.
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Pour citer cet article : Prieur C. Exposition des enfants de 0 à 3 ans aux écrans : résultats des cohortes de naissance sur les déterminants et les conséquences en termes de développement. Neuropsychiatr Enfance Adolesc (2020), https://doi.org/10.1016/j.neurenf.2019.12.003