Exposition domestique aux moisissures et aux allergènes d’acariens de patients parisiens

Exposition domestique aux moisissures et aux allergènes d’acariens de patients parisiens

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ARTICLE IN PRESS

Revue des Maladies Respiratoires (2018) xxx, xxx—xxx

Disponible en ligne sur

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ARTICLE ORIGINAL

Exposition domestique aux moisissures et aux allergènes d’acariens de patients parisiens Domestic exposure to moulds and mite allergens in Parisian patients E. Dalibert ∗, M. Dusséaux , V. Bex , C. Mathieu , S. Barral , S. Dubrou Service parisien de santé environnementale, 11, rue George-Eastman, 75013 Paris, France Rec ¸u le 16 novembre 2016 ; accepté le 23 janvier 2018

MOTS CLÉS Moisissures ; Acariens ; Logements ; Air intérieur ; Exposition environnementale



Résumé Introduction. — Les moisissures et les allergènes d’acariens présents dans les environnements intérieurs sont connus pour leurs effets sur la santé respiratoire. Méthodes. — De 2011 à 2015, le service parisien de santé environnementale a investigué 293 logements sur demande médicale. Ces audits ont conduit à la réalisation d’analyses fongiques de l’air (12 % des logements) et de la poussière de sol et matelas (24 %), ainsi que de dosages d’allergènes d’acariens présents dans les matelas et tapis (18 %). Résultats. — Les niveaux de concentration de moisissures dans l’air intérieur ne diffèrent pas significativement de ceux mesurés dans l’air extérieur. Une augmentation des ratios air intérieur/air extérieur est, cependant, observée en cas d’absence ou dysfonctionnement du système de ventilation, mettant en évidence un enrichissement en moisissures dans l’air du logement. Dans la poussière, les teneurs en spores fongiques sont variables selon les supports. La contamination des matelas est plus importante dans les logements où une surface moisie de plus d’1 m2 est observée. De même, les concentrations d’allergènes d’acariens Der p1 sont plus élevées dans la poussière des matelas des logements présentant un développement fongique. Conclusions. — Cette étude permet de décrire les niveaux de contamination des logements de patients parisiens. © 2018 SPLF. Publi´ e par Elsevier Masson SAS. Tous droits r´ eserv´ es.

Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (E. Dalibert).

https://doi.org/10.1016/j.rmr.2018.01.012 0761-8425/© 2018 SPLF. Publi´ e par Elsevier Masson SAS. Tous droits r´ eserv´ es.

Pour citer cet article : Dalibert E, et al. Exposition domestique aux moisissures et aux allergènes d’acariens de patients parisiens. Revue des Maladies Respiratoires (2018), https://doi.org/10.1016/j.rmr.2018.01.012

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E. Dalibert et al.

KEYWORDS Moulds; Mites; Dwellings; Indoor air; Environmental exposure

Summary Introduction. — Moulds and mite allergens present in indoor environments are well known for their effects on respiratory health. Methods. — From 2011 to 2015, the Paris Service for Environmental Health (SPSE) conducted investigations in 293 dwellings following medical referral. These audits included fungal analysis of air (in 12% of dwellings), in mattress surface and floor dust (24%), and mite allergen quantifications in mattresses and carpets (18%). Results. — Indoor air fungal concentrations are not significantly different from those in outdoor air. When there is no ventilation or when the system is malfunctioning, an increase in indoor/outdoor air ratios is observed, indicating mould enrichment in the dwelling’s indoor air. With regard to house dust samples, fungal spore concentrations vary according to the media from which samples were collected. Mattress fungal contamination is higher in dwellings where observed surface moulds exceed 1 per square meter. In the same way Der p1 mite allergens levels are greater in mattress dust in dwellings where mould contamination is visible. Conclusions. — This study describes the levels of contamination in the dwellings of Parisian patients. © 2018 SPLF. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Introduction Le développement des moisissures dans les environnements intérieurs s’avère préoccupant pour la santé des occupants, avec des effets allergiques (rhinite, asthme), toxiques et irritatifs, mais aussi infectieux pour les patients immunodéprimés. L’humidité et les moisissures sont associées au développement et à l’exacerbation de l’asthme chez l’enfant avec des arguments forts suggérant la causalité. Chez l’adulte, les données sont peu nombreuses et il n’est pas possible de conclure en population générale. Il existe également une relation entre l’exposition aux moisissures et le risque de rhinite allergique, il n’est, cependant, pas possible actuellement de conclure à l’existence d’une relation causale [1,2]. De même, les déjections d’acariens sont parmi les principaux allergènes impliqués dans l’asthme allergique [3]. La recherche d’une contamination fongique et la détection des allergènes d’acariens dans un logement sont donc pertinentes lorsqu’un lien entre l’état de santé respiratoire et l’environnement du patient est suspecté. Le service parisien de santé environnementale (SPSE) intervient depuis plus de 20 ans dans l’habitat parisien afin de réaliser des audits environnementaux à la demande de médecins. L’objectif est d’évaluer l’exposition du patient à son domicile et de lui délivrer des conseils pour réduire celle-ci [4]. Une visite approfondie du logement est ainsi organisée, avec l’administration d’un questionnaire par un conseiller médical en environnement intérieur (CMEI). Parallèlement, des prélèvements environnementaux sont réalisés par un technicien du laboratoire « microorganismes et allergènes ». La flore fongique est recherchée à partir de prélèvements d’air, de surface et/ou poussière de réservoirs textiles (matelas, canapé, moquette/tapis) et de sols lisses, les allergènes d’acariens étant quant à eux extraits et dosés à partir de poussière de supports textiles.

Sur la période d’étude retenue (avril 2011 à juillet 2015), 293 logements ont été investigués par le SPSE suite à une demande médicale. À partir des informations recueillies auprès du médecin et du patient, mais aussi des éléments relevés lors de la visite, une stratégie d’échantillonnage, adaptée au cas par cas en fonction de la pathologie et des sources de polluants repérées, a été établie. Elle a notamment conduit à la réalisation d’analyses fongiques de l’air (dans 12 % des logements), de la poussière (24 %) et des surfaces (72 %), mais également de dosages d’allergènes d’acariens dans la poussière (18 %). Dans la majorité des logements audités, des prélèvements de surface ont été effectués directement sur des supports moisis (résultats qualitatifs non présentés). Les prélèvements d’air n’ont pas été réalisés systématiquement. Comme recommandé dans la norme internationale ISO 16000-19 « Air intérieur — Stratégie d’échantillonnage des moisissures », ils ont été privilégiés dans les logements qui présentaient peu ou pas de moisissures visibles, mais dans lesquels un problème d’humidité était constaté ou suspecté (traces d’humidité, odeur de moisi. . .) afin de rechercher une source cachée de contamination (sous un revêtement, dans un conduit de ventilation, etc.). Les prélèvements de poussière, quant à eux, ont été réalisés dans les logements humides pour la recherche de moisissures et dans les logements de patients allergiques aux acariens. L’objectif de cette étude est de dresser un état des lieux des niveaux de concentration fongique dans l’air de logements parisiens dans lesquels un problème d’humidité est suspecté, mais sans développement important de moisissures sur les surfaces. Il est également proposé d’étudier les niveaux de contamination fongique et d’allergènes d’acariens dans la poussière des logements audités.

Pour citer cet article : Dalibert E, et al. Exposition domestique aux moisissures et aux allergènes d’acariens de patients parisiens. Revue des Maladies Respiratoires (2018), https://doi.org/10.1016/j.rmr.2018.01.012

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Moisissures et allergènes d’acariens

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Matériel et méthodes

d’allergènes, a été dosée par spectrophotométrie à 405 nm, après addition d’un substrat spécifique de l’enzyme.

Le SPSE est intervenu dans 105 logements parisiens entre avril 2011 et juillet 2015 afin de réaliser des prélèvements microbiologiques d’air et/ou de poussière, ce qui représente 36 % des logements audités sur la période.

Calculs et expression des résultats

Recueil des données environnementales Des données relatives au logement ont été recueillies sur place au moyen d’un questionnaire : surface, nombre d’occupants, nombre de pièces, type de ventilation, localisation et taille de surface contaminée par des moisissures (petite < 1 m2 , moyenne 1 à 10 m2 , grande > 10 m2 ), âge du matelas.

Prélèvements et analyses L’air a été prélevé à l’aide d’un impacteur à crible autonome SAMPL’AIRTM (bioMérieux, France) à un débit de 100 L/min à une hauteur de 0,75 à 1,5 m du sol. Deux milieux de culture ont été utilisés : gélose à l’extrait de malt + chloramphénicol et gélose dichloran-glycérol 18 % (DG18) à deux volumes différents (50 et 100 L) et doublés, selon les principes de la norme NF ISO 16000-18 « Détection et dénombrement des moisissures — Échantillonnage par impaction ». Les milieux de culture ont ensuite été incubés 7 jours à 25 ◦ C ± 3 ◦ C et les colonies fongiques dénombrées puis isolées, si nécessaire, en vue de leur identification. Afin de limiter l’influence de la flore fongique extérieure, les prélèvements ont été réalisés de préférence en dehors de la période estivale. Il était demandé aux occupants de maintenir les fenêtres fermées dès la veille de l’intervention (au minimum 12 heures avant). Un à trois échantillons d’air ont été prélevés dans chaque logement, dans les pièces présentant des signes d’humidité et/ou les plus fréquentées par le patient. Lorsque plusieurs prélèvements ont été réalisés, la concentration fongique de l’air du logement est calculée en moyennant les concentrations obtenues dans les différentes pièces. Un prélèvement d’air extérieur a également été fait à proximité de chaque habitat et pris comme référence. Les particules de poussière ont été extraites d’un support textile (matelas, tapis. . .) par aspiration lente (1200 Watt, environ 2 minutes par m2 ) et collectées dans un tube collecteur Mitest (INDOOR biotechnologies, Cardiff, Royaume Uni). La surface aspirée correspondait à 1 ou 2 m2 afin d’obtenir une quantité suffisante pour réaliser le dosage. Pour la recherche des moisissures, les particules ont été pesées, homogénéisées dans une solution saline au Tween 80 et des dilutions successives ensemencées sur milieux gélosés maltchloramphénicol et DG18 puis incubées à 25 ◦ C ± 3 ◦ C. Pour la recherche des allergènes d’acariens, après tamisage, pesée et extraction, les allergènes ont été dosés par la technique immuno-enzymatique Enzyme-linked immunosorbent assay (Elisa) dite « sandwich », mentionnée dans la norme expérimentale X43-404 « Air de l’habitat domestique et des locaux collectifs — Prélèvement aérien et analyse des allergènes de l’environnement intérieur », avec les anticorps antiDer p1 et anti-Der f1 (INDOOR biotechnologies). Seuls les échantillons de poussière de plus de 15 mg ont été traités. L’activité enzymatique, proportionnelle à la concentration

Selon la norme NF ISO 16000-17 « Détection et dénombrement des moisissures — Méthode par culture », les colonies fongiques dans l’air et la poussière ont été dénombrées puis isolées, si nécessaire, en vue de leur identification. Pour des résultats quantitatifs, avec une boîte de culture standard d’environ 90 mm de diamètre, il convenait qu’au moins 10 colonies du genre ou de l’espèce soient présentes sur la boîte de gélose et que le nombre total de colonies soit au maximum de 100. Les résultats de la gélose DG18 et de la gélose à l’extrait de malt n’ont pas été compilés, mais le calcul a reposé sur le nombre de colonies sur la gélose ayant connu la plus forte croissance de l’espèce ou du genre en question. Les concentrations ont été calculées pour chaque espèce ou genre identifié. Les espèces de moisissures non identifiées ou non quantifiables (nombre de colonies inférieur à 10) ont été regroupées sous la dénomination « autres espèces ». Les mycéliums stériles ont été dénombrés séparément. La concentration totale en moisissures a été calculée en effectuant la somme des concentrations des espèces et des genres, y compris les colonies non identifiées, non quantifiables et les colonies stériles. La méthode d’expression des résultats permet de mettre en évidence les espèces les plus présentes, les moins représentées étant regroupées sous le terme « autres espèces ». Les résultats sont exprimés en nombre d’unités formant colonie (UFC) par mètre cube d’air ou par gramme de poussière, ainsi qu’en ratio concentration dans l’air intérieur/concentration dans l’air extérieur pris comme référence. Les concentrations en allergènes d’acariens Der p1 et Der f1 sont exprimées en microgrammes d’allergènes par gramme de poussière (␮g/g).

Analyses statistiques Pour le traitement statistique des données dans l’air, lorsque le nombre total de colonies était inférieur à la limite de quantification (LQinf ), soit 10 colonies par boite, la valeur correspondant à la moitié de la LQinf a été utilisée, soit une concentration de 50 UFC/m3 . Lorsque la limite supérieure de quantification (LQsup ) était dépassée, soit 100 colonies par boite, la concentration de 3000 UFC/m3 a été utilisée ce qui correspond à 1,5 fois la concentration maximale. De la même fac ¸on, pour le traitement statistique des données d’allergènes d’acariens dans la poussière, les résultats inférieurs ou supérieurs aux limites de quantification de l’analyse ont été remplacés respectivement par les valeurs de 50 % et 150 % des LQinf et LQsup . Ces valeurs variant pour chaque échantillon, car elles sont liées à la masse de poussière recueillie lors du prélèvement, la LQinf la plus élevée et la LQsup la plus faible ont été retenues pour le traitement des données. Concernant les données fongiques dans la poussière, les résultats inférieurs ou supérieurs aux limites de quantification de l’analyse ne sont pas considérés dans le traitement statistique du fait d’une trop forte hétérogénéité. Pour tous les prélèvements, lorsque des colonies envahissantes sont présentes sur les milieux de culture, les

Pour citer cet article : Dalibert E, et al. Exposition domestique aux moisissures et aux allergènes d’acariens de patients parisiens. Revue des Maladies Respiratoires (2018), https://doi.org/10.1016/j.rmr.2018.01.012

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E. Dalibert et al.

échantillons ne sont pas pris en compte dans l’analyse statistique. Afin d’étudier les résultats obtenus, les valeurs minimales, maximales, moyennes et médianes ont été calculées. Les tests statistiques ont été effectués à l’aide du logiciel STATGRAPHICS (Francestat, France). La distribution des valeurs ne suivant pas une loi normale, les comparaisons des médianes ont été réalisées à l’aide des tests statistiques non paramétriques : le test W de Mann-Whitney (Wilcoxon) pour deux échantillons et le test de Kruskal-Wallis, pour la comparaison de plusieurs échantillons. Le test de corrélation des rangs de Spearman a été employé afin d’évaluer l’association entre deux variables. Le seuil de significativité utilisé correspond à 0,05.

Résultats Concentrations fongiques dans l’air Durant la période étudiée, 47 prélèvements d’air ont été réalisés dans 32 logements, principalement dans la chambre et le séjour. Dans 4 logements, les prélèvements ont été réalisés en période estivale. Un prélèvement d’air extérieur a été fait pour chaque logement et pris comme référence.

Description des logements La superficie médiane des 32 logements de notre échantillon est de 60 m2 , le plus petit ayant une surface de 15 m2 et le plus grand de 220 m2 . Le nombre médian d’occupants est de 2 pour un nombre médian de 3 pièces par logement. La superficie médiane disponible par occupant correspond à 23 m2 . Un système de ventilation est présent dans 29 logements étudiés (91 %). La ventilation est naturelle avec présence de grilles d’aération en pièces humides dans 18 logements (56 %) et mécanique pour 11 logements (34 %). Parmi ces logements disposant d’un système de ventilation, 4 présentent un ou plusieurs défauts : 2 en ventilation naturelle avec des grilles d’aération en pièces humides obstruées et 2 en ventilation mécanique, mais non fonctionnelle. Enfin, 3 logements, soit un peu moins de 10 %, ne sont pas ventilés et seule une aération par ouverture des fenêtres est possible pour renouveler l’air intérieur. Une ventilation fonctionnelle est donc présente dans 25 logements (soit 78 % de notre échantillon).

Concentrations dans l’habitat Le Tableau 1 indique que la concentration médiane de spores fongiques dans l’air des 32 logements étudiés correspond à 461 UFC/m3 . Dans l’air extérieur, la concentration médiane est de 700 UFC/m3 . Cependant, les concentrations fongiques médianes dans l’air intérieur ne sont pas significativement différentes des concentrations extérieures (test du rang signé sur échantillons appariés ; p = 0,61). Afin de prendre en considération l’influence du niveau extérieur de contamination fongique qui est variable selon le lieu, au sein d’une même journée et au cours des saisons, un ratio entre la concentration fongique intérieure et la concentration fongique extérieure est calculé pour chaque logement. La

médiane des ratios obtenue pour l’ensemble des logements est égale à 0,75 (n = 30 ; pour deux logements la concentration extérieure était ininterprétable en raison de la présence de colonies envahissantes). Le ratio maximal montre qu’au moment des prélèvements, la concentration à l’intérieur d’un logement étudié était plus de 15 fois supérieure à celle de l’air extérieur.

Concentrations par type de pièce L’analyse a ensuite été réalisée en groupant les pièces du logement selon leur typologie : « pièces sèches » (pièce de vie, salon, séjour, bureau), « chambres » et « pièces humides » (salle de bain, WC) (Tableau 1). La concentration fongique médiane est comprise entre 390 UFC/m3 (chambres) et 1494 UFC/m3 (pièces humides) et la médiane des ratios évolue entre 0,62 (pièces sèches hors chambres) et 1,64 (pièces humides). Il n’y a pas de différence significative entre les médianes des concentrations fongiques intérieures des trois types de pièces (p = 0,08), ni entre les médianes des ratios (p = 0,22). Cependant, l’effectif du groupe « pièces humides » est faible.

Concentrations par type de ventilation Le Tableau 2 indique que, selon le type de ventilation, la médiane des concentrations fongiques est comprise entre 426 UFC/m3 (ventilation naturelle) et 746 UFC/m3 (aération ou ventilation défectueuse) et la médiane des ratios évolue entre 0,6 (ventilation naturelle, mécanique) et 2,4 (aération ou ventilation défectueuse). La comparaison statistique des ratios des logements non ventilés (absence ou défaut du système) à ceux des logements ventilés (ventilation naturelle ou mécanique en état de fonctionnement) montre que la médiane est significativement plus élevée lorsque la ventilation est défectueuse (p = 0,04). Cette différence n’est pas significative pour les concentrations fongiques dans l’air intérieur (p = 0,49).

Occurrence des genres et espèces fongiques Les moisissures les plus fréquemment isolées dans l’air intérieur des logements étudiés sont Penicillium et Cladosporium (Fig. 1). Ces deux genres fongiques sont également très présents dans l’air extérieur, en particulier Cladosporium qui est retrouvé plus souvent à l’extérieur qu’à l’intérieur.

Concentrations des genres et espèces fongiques Dans notre échantillon de logements, les espèces fongiques retrouvées aux concentrations les plus fortes dans l’air intérieur sont Penicillium chrysogenum, Aspergillus versicolor et Penicillium glabrum, malgré une faible occurrence (Tableaux 3). De fac ¸on générale, le genre Penicillium est fortement représenté à des concentrations importantes dans l’air intérieur. En revanche, dans l’air extérieur, ce sont les Cladosporium (C. cladosporioides, C. sphaerospermum, C. herbarum) et Penicillium qui dominent avec l’espèce Aspergillus fumigatus (Tableau 4).

Pour citer cet article : Dalibert E, et al. Exposition domestique aux moisissures et aux allergènes d’acariens de patients parisiens. Revue des Maladies Respiratoires (2018), https://doi.org/10.1016/j.rmr.2018.01.012

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Moisissures et allergènes d’acariens Tableau 1

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Statistiques descriptives des concentrations fongiques dans l’air et ratios air intérieur/air extérieur. Moyenne

Médiane

Minimum

Maximum

829 866 907 664 1614

461 700 570 390 1494

50 50 50 50 577

3000 3000 3000 3000 2890

1,8 2,1 1,7 3,3

0,8 0,6 0,7 1,6

0,1 0,1 0,1 0,9

15 15 14 9

Effectif

3

Concentration fongique, UFC/m Logement Extérieur Bureau, pièce de vie, salon, séjour Chambre Salle de bain, WC Ratioa Logement Bureau, pièce de vie, salon, séjour Chambre Salle de bain, WC a b c

32 30 15b 28c 4 30 14 27 4

Concentration fongique dans l’air intérieur/concentration fongique dans l’air extérieur. Sur 15 échantillons, 1 était < LQinf (remplacé par 50 UFC/m3) et 2 > LQsup (remplacés par 3000 UFC/m3 ). Sur 28 échantillons, 1 était < LQinf (remplacé par 50 UFC/m3) et 1 > LQsup (remplacé par 3000 UFC/m3 ).

Tableau 2

Concentrations fongiques dans l’air et ratios air intérieur/air extérieur selon le système de ventilation.

Concentration fongique, UFC/m3 Ventilation en état de fonctionnement Ventilation mécanique Ventilation naturelle Aérationa ou ventilation défectueuse Ratiob Ventilation en état de fonctionnement Ventilation mécanique Ventilation naturelle Aération ou ventilation défectueuse

Moyenne

Médiane

Minimum

Maximum

Effectif

753 984 622 1100

458 481 426 746

50 234 50 140

3000 3000 3000 3000

25 9 16 7

0,99c 1,1 0,9 4,5c

0,61c 0,6 0,6 2,4d

0,1 0,1 0,1 0,3

3,2 3,2 2,5 15

23 8 15 7

a

Aucun système de ventilation, le renouvellement d’air se fait par ouverture des fenêtres (aération). Concentration fongique dans l’air intérieur/concentration fongique dans l’air extérieur. c Différence significative entre les logements équipés d’une ventilation en état de fonctionnement et les logements ayant une ventilation défectueuse, p < 0,05 au niveau de confiance de 95 % test W de Mann-Whitney (Wilcoxon). d Différence significative entre les logements équipés d’une ventilation en état de fonctionnement et les logements ayant une ventilation défectueuse, p < 0,05 au niveau de confiance de 95 % test W de Mann-Whitney (Wilcoxon). b

Concentrations fongiques dans la poussière Durant la période étudiée, 89 prélèvements de poussière ont été réalisés dans 62 logements, principalement sur les matelas des patients, et dans une moindre proportion sur les canapés, moquettes, tapis et parquets.

ventilation sont défectueux dans 9 logements soit 15 % (10 % de ceux en ventilation naturelle avec des grilles d’aération en pièces humides obstruées et 25 % de ceux disposant d’une ventilation mécanique). Quelques logements ne sont pas du tout ventilés et sont aérés uniquement par ouverture des fenêtres (9 logements soit 15 %).

Description des logements

Concentrations dans les différents supports

Les logements dans lesquels une analyse fongique de la poussière a été effectuée ont une surface médiane de 45 m2 , les superficies évoluant de 15 à 220 m2 . Le nombre médian d’occupants est de 3 pour un nombre médian de 2 pièces par logement, la surface médiane disponible par occupant étant de 16 m2 par personne. La plupart des logements de notre échantillon sont équipés d’un système de ventilation (53 logements soit 85 %) dont plus de 45 % en ventilation naturelle et un peu plus d’un tiers équipés d’une ventilation mécanique. Les systèmes de

La concentration médiane de spores fongiques dans la poussière domestique, tous supports confondus, correspond à 33 000 UFC/g (n = 62) (Tableau 5). Le groupe matelas/literie qui représente 73 % des effectifs présente une concentration médiane de 16 000 UFC/g (n = 45), statistiquement différente (p = 0,001) et plus de huit fois supérieure à celle des autres supports (canapé/fauteuil, moquette/tapis et parquet). Sur les valeurs maximales des différents supports, le parquet présente les teneurs les plus basses tandis que des concentrations très élevées ont été mises en évidence

Pour citer cet article : Dalibert E, et al. Exposition domestique aux moisissures et aux allergènes d’acariens de patients parisiens. Revue des Maladies Respiratoires (2018), https://doi.org/10.1016/j.rmr.2018.01.012

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E. Dalibert et al. Tableau 3

Concentrations fongiques des principales moisissures identifiées dans l’air intérieur des 32 logements.

Concentration fongique, UFC/m3 P. chrysogenum A. versicolor P. glabrum Paecilomyces variotii P. aurantiogriseum Beauvaria sp Eurotium repens Cladosporium spp NI Penicillium spp Penicillium sp Autres espèces C. sphaerospermum Eurotium sp Cladosporium sp C. cladosporioides A. sydowii A. fumigatus A. spp Mycélium stérile

Médiane 770 450 367 289 235 225 210 208 190 189 187 182 170 162 140 140 125 120 100 24

Minimum 385 280 367 289 200 225 210 100 110 130 110 66 100 162 120 100 125 120 100 4

Maximum 1155 455 367 289 270 225 210 287 320 1300 560 324 240 162 200 170 125 120 100 152

Occurrence 2 3 1 1 2 1 1 8 5 12 6 28 2 1 3 3 1 1 1 22

NI : spores non identifiées.

Tableau 4

Concentrations fongiques des principales moisissures identifiées dans l’air extérieur des 32 logements.

Concentration fongique, UFC/m3 Cladosporium spp Cladosporium sp C. sphaerospermum C. herbarum A. fumigatus Penicillium spp Autres espèces NI C. cladosporioides Penicillium sp A. versicolor P. aurantiogriseum Mycélium stérile

Médiane 407 290 276 276 227 220 219 200 180 115 110 100 49

Minimum 105 135 100 195 227 120 39 100 100 100 110 100 13

Maximum

Occurrence

740 930 533 357 227 680 488 360 870 130 110 100 240

14 3 4 2 1 9 27 11 6 2 1 1 16

NI : spores non identifiées.

dans le groupe matelas/literie avec un maximum atteignant 21.106 UFC/g.

Concentrations selon la surface contaminée du logement Les concentrations fongiques dans les poussières prélevées dans les matelas des logements présentant une surface moisie de taille moyenne ou grande —– plus d’1 m2 —– sont significativement plus élevées que dans les logements ne présentant pas de développement de moisissures (p = 0,004) (Tableau 6). Cette différence n’est pas significative pour les concentrations mesurées dans tous les supports confondus.

Recherche d’une relation avec l’âge du matelas Dans notre étude, sur 21 échantillons de poussière de matelas dont l’âge est connu, les concentrations fongiques varient de 2000 à 1 100 000 UFC/g (médiane = 16 000 UFC/g). Une corrélation négative est mise en évidence entre l’âge du matelas et la concentration de spores fongiques (r = −0,46, p = 0,03).

Concentrations par type de ventilation Il n’y a pas de différence significative entre les concentrations fongiques dans la poussière domestique (tous supports

Pour citer cet article : Dalibert E, et al. Exposition domestique aux moisissures et aux allergènes d’acariens de patients parisiens. Revue des Maladies Respiratoires (2018), https://doi.org/10.1016/j.rmr.2018.01.012

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Statistiques descriptives des concentrations fongiques dans la poussière.

Support

Moyenne

Médiane

Minimum

Maximum

Effectif

Concentration fongique, UFC/g Tous supports Matelas/literie Autre support (hors matelas/literie) Canapé/fauteuil Moquette/tapis Parquet

600 000 580 000 640 000 310 000 990 000 110 000

33 000 16 000a 133 000b 149 000 113 000 133 000

1500 1500 5000 16 900 5 000 13 500

21 000 000 21 000 000 5 700 000 670 000 5 700 000 190 000

62b 45 17 5 9 3

a

Différence significative entre la médiane des concentrations fongiques dans la poussière du groupe « matelas/literie » et du groupe « autre support », p < 0,05 au niveau de confiance de 95 % test W de Mann-Whitney (Wilcoxon). b Sur les 88 échantillons analysés, seuls 62 ont pu être quantifiés (22 étaient inférieurs à la Lq inf et 4 supérieurs à la LQsup ).

Tableau 6 Concentrations fongiques dans la poussière selon l’étendue de la surface contaminée, tous supports et matelas/literie. Taille de surface moisiea Concentration fongique, tous supports, UFC/g Absence Petite Moyenne/grande Concentration fongique matelas/literie, UFC/g Absence Petite Moyenne/grande

Moyenne

Médiane

Minimum

Maximum

Effectif

180 000 89 000 2 400 000

17 000 36 000 100 000

2000 2200 1500

2 500 000 620 000 21 000 000

24 25 13

25 000 50 000 2 100 000

7000b 20 000 99 000b

2000 2200 1500

140 000 260 000 21 000 000

13 20 12

a

Surface contaminée : petite : <1 m2 ; moyenne : 1 à 10 m2 ; grande : >10 m2 . Différence significative entre les logements avec absence de moisissures visibles et les logements ayant une surface moisie de moyenne ou grande taille, p < 0,05 au niveau de confiance de 95 % test W de Mann-Whitney (Wilcoxon).

b

confondus ou matelas/literie) selon le type de ventilation du logement (respectivement p = 0,46 et p = 0,20).

Occurrences et concentrations des genres/espèces Dans notre échantillon de 62 logements, la moisissure la plus fréquemment isolée dans la poussière domestique (tous supports confondus) est Penicillium suivie par A. versicolor et en moindre proportion Cladosporium spp, Phoma sp et Eurotium repens (Fig. 2). Cette dernière, lorsqu’elle est isolée dans la poussière, se retrouve à des niveaux de concentration très élevés avec une médiane à 1,1.106 UFC/g (Tableau 7).

Concentrations d’allergènes d’acariens dans la poussière La recherche d’allergènes d’acariens a été effectuée dans la poussière de 50 logements pour un total de 66 échantillons prélevés essentiellement sur les matelas. À noter que 5 échantillons prélevés dans deux logements n’ont pas pu être analysés en raison d’une masse insuffisante de poussière recueillie. Le nombre moyen de prélèvements par logement est de 1,27.

Description des logements La superficie des 50 logements varie entre 16 m2 et 145 m2 avec une médiane de 43 m2 . Le nombre médian d’occupants correspond à 3,5 pour un nombre médian de 2 pièces. La superficie médiane disponible par occupant est de 13,3 m2 par personne. Un système de ventilation est présent dans 94 % des logements étudiés dont 26 sont en ventilation naturelle (52 %). La ventilation mécanique est présente dans 21 logements (dont 4 sont défectueuses). Dans 3 logements (6 %), l’ouverture de fenêtres est la seule possibilité pour renouveler l’air intérieur.

Concentrations dans les différents supports Les concentrations médianes d’allergènes d’acariens dans la poussière, tous supports confondus, sont respectivement de 1,21 ␮g/g et 0,11 ␮g/g pour Der p1 et Der f1 (Tableau 8). Tous supports confondus, 36 échantillons (59 %) présentent des valeurs en Der p1 + Der f1, proches ou supérieures à 2 ␮g/g correspondant au seuil de sensibilisation. Le groupe matelas/literie présente la valeur médiane la plus élevée avec 2,70 ␮g/g en Der p1 qui est près de 25 fois supérieure à la concentration en Der f1. Pour les autres supports (moquette, tapis, canapé, fauteuil, peluche), en plus faible effectif, cette différence est moins marquée. Il existe

Pour citer cet article : Dalibert E, et al. Exposition domestique aux moisissures et aux allergènes d’acariens de patients parisiens. Revue des Maladies Respiratoires (2018), https://doi.org/10.1016/j.rmr.2018.01.012

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E. Dalibert et al. Tableau 7

Concentrations fongiques des principales moisissures dans les poussières des 62 logements.

Concentration fongique, UFC/g

Médiane

Minimum

Maximum

Occurrence

Eurotium repens A. niger C. cladosporioides Penicillium sp Paecilomyces lilacinus Beauvaria sp P. aurantiogriseum A. fumigatus Paecilomyces variotii A. sp A. sydowii U. atrum Cladosporium spp NI Wallemia sebi A. spp Penicillium spp Wallemia sp P. nalgiovense C. sphaerospermum A. versicolor P. chrysogenum Phoma sp Ulocladium sp Autres espèces Cladosporium sp Eurotium spp M. racemosus Phoma herbarum Trichoderma viride Mycélium stérile M. plumbeus Eurotium sp Rhizomucor sp

1 095 700 254 000 192 100 118 300 91 500 85 700 81 300 78 800 44 100 35 700 32 900 32 800 31 500 28 700 23 500 18 400 17 300 16 300 15 500 13 400 13 100 10 600 10 400 10 400 9300 3900 2900 2600 1900 1700 1500 1400 1300 50

55 800 254 000 192 100 300 91 500 85 700 3000 78 800 44 100 35 700 1100 1700 16 300 600 23 500 1200 200 16 300 9800 2400 600 3100 1300 10 400 40 2900 2400 2600 1900 1700 100 1400 700 50

10 961 500 254 000 192 100 277 800 91 500 85 700 87 100 78 800 44 100 35 700 64 600 63 900 3 800 000 640 400 23 500 22 900 1 772 700 16 300 47 400 24 400 2 884 600 110 700 19 100 10 400 995 300 1 923 100 3400 2600 1900 1700 4 615 400 1400 11 300 50

4 1 1 4 1 1 3 1 1 1 2 2 4 11 1 4 19 1 3 2 8 3 4 1 60 3 2 1 1 1 37 1 4 1

NI : spores non identifiées.

Tableau 8

Statistiques descriptives des concentrations d’allergènes d’acariens dans la poussière.

Concentration Der p1, g/g Tous supports Matelas et/ou literie Autres supportsa Concentration Der f1, g/g Tous supports Matelas et/ou literie Autres supportsa

Moyenne

Médiane

Minimum

Maximum

8,50 9,58 0,19

1,21 2,7 b 0,18b

0,10 0,15 0,10

125,00 125,00 0,30

61c 54 7

1,32 1,45 0,25

0,11 0,11 0,11

0,04 0,04 0,11

17,04 17,04 0,92

61d 54 7

Effectif

a

Autres supports : moquette, tapis, canapé, housse, fauteuil, peluche. Différence significative entre les matelas et les autres supports, p < 0,05 au niveau de confiance de 95 % test W de Mann-Whitney (Wilcoxon). c Sur 61 résultats, 17 étaient < LQ inf (remplacés par 50 % LQinf ) et 2 > LQsup (remplacés par 150 % LQsup ). d Sur 61 résultats, 29 étaient < LQ inf (remplacés par 50 % LQinf ) et 1 > LQsup (remplacés par 150 % LQsup ). b

Pour citer cet article : Dalibert E, et al. Exposition domestique aux moisissures et aux allergènes d’acariens de patients parisiens. Revue des Maladies Respiratoires (2018), https://doi.org/10.1016/j.rmr.2018.01.012

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Moisissures et allergènes d’acariens

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Figure 1. Occurrences et ratios des genres et espèces fongiques dans l’air intérieur et extérieur (A. Aspergillus, C. Cladosporium, P. Penicillium).

une différence significative entre les concentrations en Der p1 du groupe matelas/literie et celle des autres supports (p = 0,006), ce qui n’est pas le cas, pour le Der f1 (p = 0,37).

Concentrations selon la surface contaminée du logement Tout comme les moisissures dans la poussière, les concentrations médianes en Der p1 sont significativement plus élevées dans les logements présentant une surface moisie de taille moyenne ou grande —– plus d’1 m2 —– que dans les logements non contaminés (respectivement p = 0,003 pour les matelas et p = 0,0003 pour les autres supports) (Tableau 9). Cette différence est également observée entre les concentrations des logements ne présentant pas de développement fongique et celles présentant une petite surface moisie (respectivement p = 0,002 pour les matelas et p = 0,008 pour les autres supports). Pour Der f1, les concentrations ne sont pas différentes, quelle que soit la surface contaminée par des moisissures et le type de support.

Recherche d’une relation avec l’âge du matelas Sur 30 échantillons de poussière de matelas dont l’âge est connu, la concentration d’allergènes d’acariens Der p1 et Der f1 n’est pas corrélée à l’âge du matelas (respectivement r = −0,18, p = 0,33 et r = 0,19, p = 0,29).

Figure 2. Occurrences des genres et espèces fongiques dans la poussière tous supports confondus (A. Aspergillus, C. Cladosporium, P. Penicillium).

Concentrations selon le type de ventilation L’analyse statistique ne montre pas de différence significative entre les concentrations en Der p1 et Der f1 dans la poussière domestique selon le type de ventilation du logement (que ce soit pour tous supports confondus ou pour les matelas/literie).

Pour citer cet article : Dalibert E, et al. Exposition domestique aux moisissures et aux allergènes d’acariens de patients parisiens. Revue des Maladies Respiratoires (2018), https://doi.org/10.1016/j.rmr.2018.01.012

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E. Dalibert et al.

Tableau 9 Concentrations d’allergènes Der p1 dans la poussière selon l’étendue de la surface contaminée, tous supports et matelas/literie. Taille surface moisiea Concentration Der p1 tous supports, g/g Absence Petite Moyenne/grande Concentration Der p1 matelas/literie, g/g Petite Moyenne/grande

Moyenne

Médiane

Minimum

Maximum

Effectif

7,01 8,06 10,02 9,45

0,18b,c 4,02b 5,74c 0,18b,c

0,10 0,18 0,18 0,15

125,00 40,60 39,44 125,00

19 18 24 14

9,04 10,02

4,81b 5,74c

0,18 0,18

40,60 39,44

16 24

a

Surface contaminée : petite : <1 m2 ; moyenne : 1 à 10 m2 ; grande : >10 m2 . Différence significative entre les logements ayant une surface moisie de petite taille et les logements non moisis, p < 0,05 au niveau de confiance de 95 % test W de Mann-Whitney (Wilcoxon). c Différence significative entre les logements ayant une surface moisie d’étendue moyenne ou grande et les logements non moisis, p < 0,05 au niveau de confiance de 95 % test W de Mann-Whitney (Wilcoxon). b

Discussion Dans les logements audités par le SPSE entre juillet 2011 et avril 2015, pour des patients ayant bénéficié d’une visite d’un CMEI suite à une demande médicale, l’étude des données recueillies a permis de connaître les concentrations fongiques et d’allergènes d’acariens mesurées dans l’air et la poussière. Dans les logements parisiens étudiés, la concentration médiane de spores de moisissures dans l’air intérieur est de 461 UFC/m3 . Ce niveau de contamination est plus élevé que ceux mesurés en Île-de-France dans l’étude cohorte des nouveaux-nés (240 UFC/m3 ) et en région parisienne (proche de 200 UFC/m3 ) [4,5]. Les concentrations fongiques médianes relevées dans l’air extérieur lors de notre étude (700 UFC/m3 ) sont également plus élevées que dans les études citées (respectivement 492 UFC/m3 et proche de 100 UFC/m3 ). Cependant, la méthodologie employée est différente, les normes ISO de prélèvement d’air et de dénombrement ayant été appliquées depuis 2011. Les concentrations dans l’air intérieur et dans l’air extérieur prises comme références ne sont pas significativement différentes, reflétant la stratégie d’échantillonnage choisie : les prélèvements d’air ne sont réalisés qu’en l’absence de surface moisie visible, les niveaux de concentration attendus sont donc a priori faibles. Selon l’Anses, les concentrations de flore fongique supérieures à 1000 UFC/m3 sont considérées comme anormalement élevées et nécessitent une recherche des causes [2]. Dans notre étude, 6 logements (19 %) présentent un dépassement de cette valeur. Il est toutefois important de pondérer les concentrations de l’air intérieur par celles de l’air extérieur prélevé au même moment. En effet, dans l’un des logements, la teneur intérieure était proche de la valeur seuil de l’Anses, cependant, la concentration de l’air extérieur de référence était deux fois plus importante avec un profil fongique similaire indiquant une absence de source dans le logement. À l’inverse dans un autre logement, les concentrations de spores fongiques étaient inférieures à la valeur seuil de 1000 UFC/m3 , cependant, l’analyse de l’air extérieur a permis de montrer un fort enrichissement dans

la chambre et le salon, avec des ratios intérieur/extérieur proches de 15, indiquant la présence d’une source de contamination fongique cachée. Le calcul du ratio apporte donc des informations complémentaires utiles à l’interprétation des résultats, la valeur de la concentration intérieure ne pouvant, à elle seule, mettre en évidence la présence d’une source de contamination. Une relation entre la concentration fongique dans l’air du logement et différents facteurs a été recherchée, notamment le type de pièce, qui montre des niveaux plus élevés dans les pièces humides sans toutefois être significativement différents, probablement du fait du faible effectif. De même, les concentrations ne diffèrent pas selon le type de ventilation (mécanique ou naturelle). En revanche, des niveaux de concentration plus importants sont relevés en cas d’absence ou de dysfonctionnement du système de ventilation, avec une différence significative pour les ratios intérieur/extérieur. Pour confirmer cette relation, une analyse multivariée est envisagée. Comme dans les précédentes études en Île-de-France [4,5], les moisissures les plus couramment isolées dans l’air des logements parisiens sont Penicillium et Cladosporium. Lorsqu’elle est présente, l’espèce fongique A. versicolor se retrouve à des niveaux de concentration élevés. Le récent rapport de l’Anses sur les moisissures indique que l’exposition à Penicillium est associée à un mauvais contrôle de l’asthme chez l’enfant asthmatique [2]. Des prélèvements fongiques de poussière ont été effectués dans les logements humides, avec ou sans présence d’une contamination visible. Le profil des logements est différent de celui où des prélèvements d’air ont été menés. En effet, les surfaces des appartements sont plus petites avec une occupation plus dense. Les concentrations médianes en spores fongiques dans la poussière des matelas sont huit fois inférieures à celles des moquettes. La contamination fongique du matelas est liée à la présence d’une surface moisie visible importante dans le logement (> 1 m2 ). L’âge du matelas est également lié statistiquement aux concentrations mesurées dans notre échantillon. La corrélation est, cependant, inverse à ce

Pour citer cet article : Dalibert E, et al. Exposition domestique aux moisissures et aux allergènes d’acariens de patients parisiens. Revue des Maladies Respiratoires (2018), https://doi.org/10.1016/j.rmr.2018.01.012

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Moisissures et allergènes d’acariens qu’on pourrait attendre : plus les matelas sont récents, plus ils sont contaminés. Cela peut notamment être lié à d’autres facteurs comme la taille de la surface contaminée observée dans le logement. En effet, les occupants des logements présentant de grandes surfaces moisies déclarent changer régulièrement leur matelas, qui se contamine très rapidement. Comme dans les prélèvements d’air, Penicillium est le genre le plus fréquemment isolé dans la poussière. En revanche, lorsqu’il est isolé, E. repens présente les concentrations les plus élevées dans tous supports confondus. Ce genre fongique est habituellement isolé de la poussière de supports textiles du fait de sa nature xérophile. De plus, E. repens est résistant aux acaricides, contrairement à la plupart des autres moisissures, ce qui pourrait expliquer sa présence en forte concentration. Dans notre étude, les prélèvements de poussière ont été réalisés par aspiration. Plusieurs études ont utilisé des lingettes électrostatiques pour le recueil des poussières afin d’obtenir une évaluation de l’exposition sur une plus grande période (10 semaines d’exposition). Il pourrait être intéressant à l’avenir d’utiliser cette méthode standardisée afin de comparer les résultats obtenus. Toutefois l’étude de la contamination fongique de la poussière des matelas reste nécessaire, car elle représente un réservoir domestique auquel nous sommes exposés tous les jours pendant plusieurs heures durant la nuit. Notre étude montre que des concentrations très élevées de moisissures peuvent être trouvées dans les matelas de logements humides. Nos résultats de concentrations fongiques dans la poussière domestique ne sont pas discutés par rapport à ceux de Rocchi et al. [6], car les méthodes de prélèvement et d’analyse sont différentes. En effet, Rocchi et al. prélèvent les moisissures à l’aide des lingettes et l’analyse est ensuite réalisée par PCR quantitative. De même, Méheust et al. [7] réalisent des prélèvements d’air en milieu liquide avec un cyclone Coriolis et des prélèvements de poussière domestique par aspiration (2 m2 pendant 5 min). Là encore, la comparaison des résultats n’est pas possible, car l’analyse est faite par PCR quantitative et le calcul avec une méthode d’auteurs américains [8] proposant d’associer l’amplification de 36 espèces différentes et de rendre, non pas les résultats pour chaque espèce, mais de les intégrer dans un indice (ERMI pour Environmental Relative Moldiness Index). L’utilisation systématique des normes internationales (ISO 16000-16 à 21) permettrait une harmonisation des méthodes, et faciliterait l’agrégation et la comparaison des données produites par l’ensemble de la communauté scientifique. Comme les moisissures, les déjections d’acariens sont parmi les principaux allergènes impliqués dans les maladies allergiques respiratoires. Dans notre étude, les concentrations d’allergènes Der p1 sont plus élevées que celles en Der f1. Si l’on compare les teneurs obtenues dans les matelas de notre échantillon à celles mesurées par exemple dans l’étude de l’EHESP sur 134 matelas d’enfants de la cohorte PELAGIE [9], on observe des valeurs en Der f1 largement plus faibles (0,11 ␮g/g contre 2,3 ␮g/g), tandis que les concentrations de Der p1 sont plus importantes (2,70 ␮g/g contre 1,5 ␮g/g). De la même fac ¸on, la campagne nationale sur les

11 logements menée par l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur a montré que 50 % des logements ont des teneurs en allergènes d’acariens dans la poussière supérieures à 1,6 et 2,2 ␮g/g respectivement pour Der p1 et Der f1. Les niveaux observés dans les logements parisiens audités par le SPSE sont donc différents de ceux observés au niveau national. Les concentrations en Der p1 retrouvées dans la poussière sont plus élevées dans les logements parisiens audités dans lesquels un développement fongique est observé. Acariens et moisissures cohabitent dans les environnements intérieurs humides. Les acariens se nourrissent de spores fongiques et peuvent les transporter sur leur corps. Ils contribueraient ainsi à la propagation des moisissures [3]. Enfin, les concentrations d’allergènes d’acariens Der p1 et Der f1 ne sont pas corrélées à l’âge du matelas. La contamination des matelas par des moisissures et/ou des acariens semble plutôt liée à un environnement humide qu’à l’âge du matelas.

Remerciements Les auteurs remercient l’ensemble des équipes du laboratoire des microorganismes et allergènes et de la cellule santé habitat pour leur contribution à cette étude, en particulier les techniciens ayant participé aux campagnes de prélèvements et d’analyses, Guillaume Bonin, Laurence Cheutin, Anne Daniel, Vincent Doucet, Sandra Kamoun, Catherine Lachenal, Corinne Le Brun, Lydia Le Garsmeur, Christina Vernant, ainsi que la conseillère médicale en environnement intérieur Béatrice Caullet.

Déclaration de liens d’intérêts S. Dubrou a perc ¸u des honoraires de l’Anses pour sa participation à son CES « eaux » au titre de membre expert. Si l’Anses est concernée d’une fac ¸on générale par la thématique « exposition aux allergènes et moisissures dans l’air », le CES « eaux », quant à lui ne traite pas de ce milieu. Les autres auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

Références [1] World Health Organization Europe. WHO guidelines for indoor air quality: dampness and mould; 2009. [2] Avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail relatif aux moisissures dans le bâti; 2016 [370 pages]. [3] Reboux G, Naegele A, Roussel S, et al. Transport des allergènes par les acariens. Rev Fr Allergologie 2016;56:393—4. [4] Bex V, Barral S, Dusséaux M, et al. Audits environnementaux dans l’habitat : l’expérience du laboratoire d’hygiène de la ville de Paris. J Mycologie Med 2006;16:197—203. [5] Dassonville C, Demattei C, Detaint B, et al. Assesment and predictors determination of indoor airborne fungal concentrations in Paris newborn babies’ homes. Environ Res 2008;108:80—5. [6] Rocchi S, Reboux G, Frossard V, et al. Microbiological characterization of 3193 french dwellings of eflfe cohort children. Sci Total Environ 2015;505:1026—35.

Pour citer cet article : Dalibert E, et al. Exposition domestique aux moisissures et aux allergènes d’acariens de patients parisiens. Revue des Maladies Respiratoires (2018), https://doi.org/10.1016/j.rmr.2018.01.012

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12 [7] Méheust D, Le Cann P, Reponen T, et al. Possible application of the Environmental Relative Moldiness Index in France: a pilot study in Britany. Int J Hyg Environ Health 2013;216:333—40. [8] Vesper S, Wakefield J, Ashley P, et al. Geographic distribution of Environmental Relative Moldiness Index molds in USA homes. J Environ Public Health 2011;2011:202457.

E. Dalibert et al. [9] Dallongeville A, Le Cann P, Zmirou-Navier D, et al. Concentration and determinants of molds and allergens in indoor air and house dust of French dwellings. Sci Total Environ 2015;536:964—72.

Pour citer cet article : Dalibert E, et al. Exposition domestique aux moisissures et aux allergènes d’acariens de patients parisiens. Revue des Maladies Respiratoires (2018), https://doi.org/10.1016/j.rmr.2018.01.012