Société
Le taux d’annulation dans cette étude est de 23,2 % contre 15 % dans la population générale au cours de la même période. Conclusion. — Les résultats de cette étude montrent que les kystes ovariens n’affectent ni la qualité de l’hyperstimulation ovarienne ni les résultas de la FIV en terme de taux de grossesse par cycle. En revanche, ils sont responsables d’une réduction significative du taux de fécondation et curieusement du nombre d’embryons transférés et d’une augmentation du taux d’annulation. La présence d’un kyste apparu durant la phase de blocage pituitaire n’est donc pas délétère lorsque son aspiration a été réalisée avec succès et a permis de poursuivre le cycle de fécondation in vitro.
La macrosomie fœtale : étude rétrospective à propos de 116 cas
C. FIZE, D. TOURNADRE, P. HOFFMANN, J.-C. PONS Service de Gynécologie Obstétrique, CHU de Grenoble. Objectif. — Déterminer la prévalence de la macrosomie fœtale en 2003, ses facteurs de risque et ses complications materno-fœtales. Préciser d’après une revue de la littérature, la place de l’induction de travail et de la césarienne prophylactique. Matériel et méthode. — Étude rétrospective incluant tous les macrosomes de plus de 4 000 grammes nés au-delà de 37 semaines d’aménorrhée, de grossesse unique, sans malformation, au CHU La Tronche (Grenoble), entre le 1 er janvier et le 31 décembre 2003. Le groupe témoin est constitué par l’accouchement précédent de même parité. Résultats. — 116 macrosomes et 116 témoIns ont été inclus. La prévalence de la macrosomie fœtale est de 6 %. Les facteurs de risque retrouvés sont : les antécédents de macrosomie (OR = 7,06 [2,62 ;19,04]), la présence d’un diabète gestationnel ou d’une intolérance au glucose (OR = 5,3 [2,2 ; 12,8]), l’indice de masse corporelle ≥ 27 (OR = 3,96 [1,8 ; 8,8]), la prise de poids ≥ 15 kg (OR= 2,46 [1,4 ;4,2]), le sexe masculin (OR= 2 [1,4 ;4,2] et le dépassement de terme (OR = 2,59 [1,5 ;4,4]). Il existe une augmentation du taux de césariennes pendant le travail et d’extractions instrumentales (p < 0,01). Les complications ont été 4 dystocies des épaules (dont 3 chez une mère diabétique), 1 plexus brachial, 7 fractures de clavicule et 1 fracture humérale. Aucune complication dans le groupe témoin. Pas de différence d’adaptation néonatale (Apgar, pH au cordon). D’après la littérature, le déclenchement du travail avant terme ne réduit pas le taux de macrosomie. La césarienne prophylactique n’est recommandée que chez la mère diabétique dont l’estimation de poids fœtal est supérieure à 4 000 ou 4 200 grammes. Conclusion. — Nos résultats montrent qu’il semble important de lutter contre la prise de poids excessive et d’augmenter le taux de dépistage du diabète gestationnel. Pour l’accouchement, il convient d’être très vigilant en cas de diabète et de suspicion de macrosomie.
Grossesse triple monochoriale spontanée et anomalie chromosomique
L. LAZZARON, P. PHAM TRONG, C. GIARD, C. VOIRON Cas clinique. — Une jeune primigeste de 20 ans sans antécédents particuliers consulte dans notre service pour sa première échographie obstétricale. L’examen conclut à une grossesse triple spontanée de 13 SA, monochoriale, triamniotique dont un des fœtus est porteur d’un volumineux hygroma kystique du cou, avec anasarque. Après décision pluridisciplinaire de réaliser une amniocentèse pour le triplé anormal : un syndrome de Turner en mosaïque (70 noyaux XO, 30 noyaux XX) est diagnostiqué et une interruption thérapeutique est réalisée par cautérisation du cordon, suivie d’une amniocentèse des deux autres fœtus. Le diagnostic de monochorialité, difficile, est important car conditionne le pronostic des deux fœtus phénotypiquement normaux. En effet le signe du lambda pouvant être pris en défaut, seule l’analyse anatomo-pathologique du placenta, des phosphatases alcalines au niveau du cordon et des marqueurs génétiques chez les enfants, confirmeront ce rare diagnostic (1/320 000 grossesses). La monochorialité induit un taux de complications élevé liées aux anastomoses vasculaires (syndrome transfuseur-transfusé, inversion du flux artériel, augmentation des malformations, de la prématurité et de la mort fœtale in utero). Il n’y a pas de consensus concernant la prise en charge obstétricale. Le diagnostic de syndrome de Turner par mosaïque est établi par le caryotype du fœtus anormal. Cependant, le degré de la mosaïque ne prédit pas de la sévérité de l’atteinte phénotypique, où la petite taille et la stérilité prédominent. De plus, le diagnostic caryotypique anténatal par amniocentèse peut être pris en défaut. C’est pourquoi à la naissance, malgré un caryotype sanguin normal en présence de signes évoquant un syndrome de Turner, un caryotype à partir de fibroblastes par biopsie de peau doit être réalisé. Seule la surveillance échographique à la recherche d’anomalies peut prévoir la sévérité de l’atteinte fœtale. En outre, la réalisation d’un caryotype des deux fœtus échographiquement normaux permet un meilleur diagnostic et une meilleure prise en charge des complications liées à la monochorialité de la grossesse. Les résultats des amniocentèses révèlent un caryotype 45 X0, 46 XX avec mosaïque pour l’un et un caryotype 46 XX pour l’autre fœtus, ce qui peut faire discuter certaines hypothèses comme la monochorialité de la grossesse. Devant l’atteinte échographique sévère, le fœticide du triplé anormal est justifié car elle fait courir des risques importants aux autres auxquels se rajoute le caractère triple de la grossesse. Concernant les deux autres fœtus échographiquement sains, l’interruption de grossesse pour syndrome de Turner est discutée face aux thérapeutiques actuelles. Devant la complexité de ce cas clinique, une prise en charge multidisciplinaire afin d’obtenir la meilleure conduire à tenir possible s’impose. Notamment, une surveillance échographique régulière à la recherche d’anomalies sera effectuée sachant qu’à ce jour (25 SA) aucun signe susceptible d’entraîner une ITG n’a été décelé.
J Gynecol Obstet Biol Reprod / Volume 33, n° 6, 2004
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