Hémangiome caverneux du muscle masséter

Hémangiome caverneux du muscle masséter

Annales françaises d’oto-rhino-laryngologie et de pathologie cervico-faciale 131 (2014) 43–45 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirec...

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Annales françaises d’oto-rhino-laryngologie et de pathologie cervico-faciale 131 (2014) 43–45

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com

Cas clinique

Hémangiome caverneux du muscle masséter夽 C.A. Righini a,∗,b,c , É. Berta a , I. Atallah a,b,c a

Pôle TCCR, clinique universitaire d’ORL, CHU de Grenoble, 1, avenue des Maquis-du-Grésivaudan, 38043 Grenoble cedex 09, France Faculté de médecine, université Joseph-Fourier, Grenoble-I, 363, rue de la Chimie-Domaine de la Merci, 38706 La Tronche cedex, France c Inserm-UJF U823, institut Albert-Bonniot, UJF site Santé, BP 170, La Tronche, 38042 Grenoble cedex 9, France b

i n f o

a r t i c l e

Mots clés : Hémangiome intramusculaire Muscle masséter Diagnostic Traitement

r é s u m é Introduction. – Seulement 10 % des hémangiomes intramusculaires (HAIM) sont localisées au niveau de la face et du cou. Très peu de cas de localisation massétérine sont recensés. Le but de notre travail était, à partir d’un cas d’hémangiome caverneux intramassétérin, de faire le point sur la clinique, les examens paracliniques utiles au diagnostic et de préciser les traitements possibles de cette tumeur. Cas clinique. – Un patient de 70 ans a consulté pour une tuméfaction située en avant de la glande parotide gauche, évoluant depuis deux ans. La tuméfaction était ferme, indolore, bien limitée, oblongue, mesurait 3 cm de grand axe, située dans le muscle masséter. Elle ne variait pas de volume en fonction de la position de la tête. L’IRM était en faveur d’une tumeur vasculaire. Elle a été opérée par voie de parotidectomie. Les suites ont été simples. L’anatomopathologie a confirmé le diagnostic d’hémangiome caverneux. Discussion. – Les HAIM de la face et du cou sont le plus souvent localisés dans le muscle masséter. Leur évolution est lente. Ils sont de taille variable, bien limité, avec une surface lisse. L’IRM est indispensable avant le traitement qui est chirurgical soit par voie externe, soit par voie buccale. © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

1. Introduction

2. Cas clinique

Les hémangiomes sont des tumeurs vasculaires d’origine inconnue. Les hémangiomes intramusculaires (HAIM) représentent moins de 1 % des cas [1] et sont le plus souvent localisés au niveau des muscles squelettiques du tronc et des membres [1]. Seulement 10 % sont situés au niveau de la face et du cou [2]. La localisation massétérine est la plus fréquente mais ne représente que très peu de cas [3]. Le motif de consultation le plus fréquent est l’apparition d’une masse, située à proximité ou dans la loge parotidienne. Le premier diagnostic évoqué est celui d’une tumeur parotidienne alors que celui d’hémangiome est exceptionnellement retenu [4]. Le but de notre travail était, à partir d’un cas d’hémangiome caverneux intramassétérin, de définir les caractéristiques cliniques, de faire le point sur les examens paracliniques utiles au diagnostic et de préciser les traitements possibles de cette tumeur.

Un homme de 70 ans, sans antécédent, a consulté pour l’apparition d’une masse jugale gauche depuis deux ans, avec l’apparition progressive de douleurs intermittentes de fac¸on concomitante à l’augmentation de taille de la masse, les six mois précédents la consultation. Il ne prenait aucun traitement. La tuméfaction se situait au contact du prolongement jugal de la glande parotide. La peau en regard était saine, sans signe inflammatoire ni circulation veineuse collatérale. Elle était parfaitement mobile par rapport à la masse. À la palpation, la masse était ferme, indolore, bien limitée, oblongue, mesurait 3 cm de grand axe, située dans le muscle masséter. Elle ne variait pas de volume en fonction de la position de la tête. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) montrait une masse bien circonscrite au sein du muscle masséter, prenant le contraste lors de l’injection (Fig. 1). Le diagnostic de tumeur vasculaire a été fait. Le patient a été opéré par voie externe en réalisant une parotidectomie exo-faciale avec tumorectomie en emportant quelques fibres musculaires du muscle masséter (Fig. 2). Les suites opératoires ont été simples, sans paralysie faciale. L’analyse anatomopathologique définitive a confirmé le diagnostic d’hémangiome caverneux, d’exérèse complète. Le suivi a été de 24 mois, sans signe de rechute.

DOI de l’article original : http://dx.doi.org/10.1016/j.anorl.2013.03.003. 夽 Ne pas utiliser, pour citation, la référence franc¸aise de cet article mais celle de l’article original paru dans European Annals of Otorhinolaryngology Head and Neck Diseases en utilisant le DOI ci-dessus. ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (C.A. Righini). 1879-7261/$ – see front matter © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.aforl.2013.05.006

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Fig. 1. IRM préopératoire. A. Coupe axiale en séquence T1 sans injection. La tumeur est bien circonscrite, localisée juste en avant de la glande parotide gauche (*) ; elle apparaît hypodense. B. Coupe axiale en séquence T2. La masse apparaît hyperintense. Un faisceau musculaire (flèche) pénètre dans la tumeur, ce qui suggère fortement que la masse est développée dans le muscle masséter. C. Coupe axiale en séquence T1 avec saturation de graisse (séquence Fat-sat) et injection de gadolinium. Il existe une prise de contraste hétérogène au sein de la tumeur, signifiant le caractère vasculaire de la tumeur.

Fig. 2. Chirurgie par voie de parotidectomie gauche. A. Abord et exposition de la tumeur : 1 : glande parotide ; 2 : rameau mentonnier du nerf facial ; 3 : hémangiome exposé après ouverture du muscle masséter. B. Exérèse de la tumeur : 1 : cavité d’exérèse ; 2 : hémangiome qui est retiré entouré de quelques fibres musculaires du muscle masséter.

3. Discussion En 1957, Scott [5], à partir d’une série de 393 HAIM, notaient que 12 % étaient localisés dans la région tête et cou, dont seulement 4,9 % situés dans le muscle masséter. Depuis, moins de dix cas ont été rapportés dans la littérature chez l’adulte. Les HAIM sont des tumeurs bénignes congénitales pour lesquelles l’hérédité ne joue aucun rôle. Dans 90 % des cas, le diagnostic est fait avant l’âge de 30 ans [3]. Il n’existe pas de facteur racial. Les contractions musculaires excessives et les traumatismes semblent être des facteurs importants dans le développement de ce type de malformation. Des facteurs hormonaux jouent également un rôle. On constate en effet une augmentation nette de volume lors de la ménarche, de la grossesse et des cycles mentruels, ce qui explique une légère prédominance féminine pour ce type de tumeur [1] bien que, pour les localisations massétérines, la majorité des cas sont diagnostiqués chez l’homme [3]. Dans près de 70 % des cas, les HAIM ne sont localisés que dans un seul muscle [6]. Il s’agit d’une masse de taille variable, unique, mobile, de consistance plutôt ferme. Dans plus de la moitié des cas, une douleur intermittente est présente. Cette douleur est due à la compression musculaire. De fac¸on exceptionnelle, la peau peut avoir une teinte bleutée, avec une chaleur locale augmentée en rapport avec l’hypervascularisation. Cependant, dans plus de 90 % des cas, la localisation profonde et la fibrose qui entoure les HAIM rendent caduque la description clinique classique de l’hémangiome

comme une tumeur bleue, molle et compressible [7]. Le caractère battant et le thrill auscultatoire sont exceptionnels, car souvent masqués par l’épaisseur de la couche musculaire superficielle. De même, il est très rare de constater une augmentation de taille de la tuméfaction, tête penchée en avant, ou « signe de Wattle » qui oriente fortement vers le diagnostic [6]. Ces signes sémiologiques ne sont présents dans les localisations massétérines qu’en cas de tumeur superficielle et volumineuse. La radiologie conventionnelle des tissus mous peut révéler l’existence de phlébolithes qu’il faut distinguer des calculs salivaires intraparotidiens [2,7]. L’écho-Doppler est un examen qui permet de confirmer la nature vasculaire de la masse, mais n’est pas suffisamment performant pour définir de fac¸on précise ses limites et ses rapports avec les tissus voisins, ce que la tomodensitométrie avec injection (TDMi) et surtout l’IRM avec injection permettent de faire. Ces deux examens sont devenus référents et indispensables avant de traiter ces tumeurs [8]. La ponction et encore moins la biopsie sont déconseillées, car dangereuses et sources d’hémorragies sévères. L’artériographie n’est indiquée que dans les volumineuses tumeurs. Elle permet d’identifier les pédicules artériels qui alimentent la tumeur et l’embolisation préopératoire, diminuant ainsi le risque de saignement peropératoire [9]. Plusieurs traitements non chirurgicaux ont été proposés : cryothérapie, injection de corticoïdes ou de produits sclérosants,

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embolisation seule, ligature artérielle ou radiothérapie avec des résultats controversés [10]. Ces méthodes ne sont actuellement proposées qu’en cas de contre-indication opératoire, ou de refus de la chirurgie [9]. La résection chirurgicale complète est le traitement qui permet la guérison. L’indication est un volume tumoral important, des douleurs, une gêne esthétique et/ou fonctionnelle [1]. L’embolisation préopératoire est recommandée en cas de grosse tumeur. Plusieurs voies d’abord ont été décrites. La voie la plus utilisée est la voie de parotidectomie. Elle permet une bonne exposition mais impose une dissection du nerf facial et une parotidectomie partielle [9]. L’exérèse par voie intra-orale est possible. L’incision muqueuse se fait en avant du canal de sténon. Elle permet un abord direct avec une bonne visualisation de la lésion, un contrôle local du saignement et une exérèse directe de l’hémangiome. Elle évite une cicatrice visible et la dissection du nerf facial [1]. 4. Conclusion Les hémangiomes intramassétérins sont des tumeurs rares souvent considérées à tort comme des tumeurs parotidiennes. Les examens radiologiques indispensables avant traitement sont la TDMi ou l’IRM. La chirurgie est le traitement de référence avec différentes voies d’abord possibles.

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Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Mandel L, Surattanont F. Clinical and imaging diagnoses of intramuscular hemangiomas: the Wattle sign and case reports. J Oral Maxillofac Surg 2004;62:754–8. [2] Kanaya H, Saito Y, Gama N, et al. Intramuscular hemangioma of masseter muscle with prominent formation of phleboliths: a case report. Auris Nasus Larynx 2008;35:587–91. [3] Hart B, Schwartz H. Cavernous hemangioma of the masseter muscle: report of a case. J Oral Maxillofac Surg 1995;53:467–9. [4] Rogalski R, Hensinger R, Loder R. Vascular abnormalities of the extremities: clinical findings and management. J Pediatr Orthop 1993;13:9–14. [5] Scott JES. Hemangiomas in skeletal muscle. Br J Surg 1957;44:496–501. [6] Meziane M, Boulaadas A, Eabdenbitsen A, et al. Hémangiome du masséter opéré par voie intra-orale. Rev Stomatol Chir Maxillofac 2010;111:168–71. [7] Michiels T, Reychler H, Piette E. Les hémangiomes intramassétérins. Rev Stomatol Chir Maxillofac 1986;87:353–63. [8] Lee SK, Kwon SY. Intramuscular cavernous hemangioma arising from masseter muscle: a diagnostic dilemma. Eur Radiol 2007;17:854–7. [9] Capote A, Acero J, Garcia-Recuero I, et al. Infratemporal-preauricular-cervical approach for resection of a cavernous intramasseteric hemangioma: a case report. J Oral Maxillofac Surg 2008;66:2393–7. [10] Collin AC, Viremouneix L, Guibaud L, et al. Malformations artérioveineuses intra-osseuses. Rev Stomatol Chir Maxillofac 2010;111:11–8.