Communications orales
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Hémorragie grave : quels liens entre les différents scores prédictifs ?
Maladie thromboembolique veineuse sous contraceptifs oraux combinés : impact des facteurs génétiques et environnementaux
J.L. Bosson 1,2 , G. Pernod 1,2 , N. Zenati 1,2,∗ , C. Genty 1,2 , Y. Gaboreau 3 1 TIMC-Imag UMR 5525 University Grenoble Alpes, TIMC-IMAG, 38000 Grenoble, France 2 Centre d’investigation clinique, Inserm CIC 1406, 38000 Grenoble France 3 Département de médecine vasculaire, CHU, 38043 Grenoble cedex 9 ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (N. Zenati) Introduction Les anti-vitamines K (AVK) sont la première cause de mortalité et d’hospitalisation iatrogène pour hémorragie grave. Les nombreux scores de prédiction du risque hémorragique ont des performances moyennes et relativement proches. L’étude Score nous a permis d’étudier les points communs à ces différents scores chez des patients ambulatoires anticoagulés par AVK, quelle que soit l’indication. Matériel et méthode Score est une étude épidémiologique de cohorte (inclusion de mai 2009 à décembre 2010). Les variables permettant le calcul de sept scores prédictifs du risque hémorragique ont été renseignées. La survenue d’une hémorragie grave constituait le critère de jugement principal à 1 an. Les liens entre ces 7 scores ont été étudiés par une analyse en composante principale. Nous avons utilisé une analyse par induction automatique de règles afin de formaliser à partir des variables non agrégées, la règle de décision permettant de définir les patients classés à risque hémorragique par la majorité des scores (au moins 4 sur 7). Résultats Sur les 968 patients inclus et suivis pendant 1 an, 962 ont pu être analysés (âge médian 70 ans [54—81]). L’incidence d’hémorragies graves à 1 an était de 2,4 % (IC95 = 1,54—3,61). L’analyse en composante principale montre que six scores sur sept (OBRI, Shireman, kearon, Hemorrh2 ages, HAS-BLED, ATRIA) sont fortement corrélés entre eux et contribuent à la première composante. Seul le score de Kuijer qui intègre le cancer comme variable apporte une information complémentaire indépendante et contribue à la deuxième composante. Néanmoins, la concordance entre scores est faible puisque 86 patients (9 %) sont classés à risque élevé par un seul score, avec une incidence d’hémorragie grave de 1,15 %. À l’inverse, 85 patients (9 %) étaient classés à risque élevé par au moins 4 scores sur 7 avec une incidence d’hémorragie de 8,2 %. En pratique clinique, il n’est pas réaliste d’évaluer les 7 scores pour étudier ce consensus définissant une population à très haut risque. Cependant, l’analyse par induction montre que la plupart de ces patients (55/85) présentent une anémie (hémoglobine < 100 g/L à l’inclusion) ET sont sous antiagrégant plaquettaire OU présentent un AVC ischémique récent OU un ATCD d’hémorragie digestive OU un ATCD de chute avec une HTA. Conclusion Tous les scores sont fortement corrélés sauf le score de Kuijer. À partir de l’anémie sévère, un algorithme décisionnel simple correspondant à un consensus entre les différents scores peut être proposé. Il s’agit d’une méta-règle, implicitement commune à la majorité des scores, qui définit un groupe de patients à très haut risque. Mots clés Scores prédictifs d’hémorragies graves ; Anti-vitamines K Déclaration d’intérêt Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.jmv.2014.07.054
P. Suchon 1,2,∗ , M.F. Aillaud 1,2 , D. Brunet 2 , M.C. Barthet 2 , M.C. Alessi 1,2 , G. Sarlon 3 , P.E. Morange 1,2 1 INSERM UMRS-1076, « Nutrition, Obesity and Risk of Thrombosis », Université d’Aix Marseille, 13284 Marseille cedex 07 2 Laboratoire d’hématologie et Centre d’Exploration des pathologies thrombotiques, Hôpital de la Timone, AP—HM, 13385 Marseille 3 Service de chirurgie et de médecine vasculaire, Hôpital de la Timone, AP—HM, 13385 Marseille ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (P. Suchon) Introduction L’incidence de la maladie thromboembolique veineuse (MTEV) chez les femmes en âge de procréer est faible, mais certains facteurs majorent ce risque. Parmi eux, les contraceptifs oraux combinés (COC) sont largement distribués et sont responsables de 2529 MTEV par an. L’identification des femmes qui vont thromboser sous COC constitue un véritable enjeu de santé publique. Les recommandations internationales s’accordent à contre-indiquer les COC chez les femmes présentant une thrombophilie biologique. Or, le dépistage systématique n’est pas recommandé, et c’est l’existence d’un antécédent familial au 1er degré qui indique le plus souvent ce dépistage. L’objectif de notre étude cas-contrôle rétrospective était de déterminer les facteurs de risque de MTEV sous COC et d’évaluer l’efficience des antécédents familiaux pour dépister la thrombophilie biologique. Matériel et méthode Toutes les femmes qui ont consulté au Centre d’Exploration des pathologies thrombotiques de Marseille entre 2003 et 2013 ont été incluses quand elles étaient sous COC, au moment du 1er épisode de MTEV pour les cas et au moment de la consultation pour les contrôles. Les informations suivantes ont été collectées : caractéristiques de l’épisode de MTEV, type de COC et durée d’utilisation, antécédents familiaux de MTEV, tabagisme, indice de masse corporelle (IMC), bilan de thrombophilie et groupe sanguin. Résultats Mille deux cas et 1002 contrôles ont été inclus. Les COC les plus représentés étaient les 3e générations pour les cas (40,1 %) et les 2e générations pour les contrôles (37,1 %). Le tabac (32,9 vs 25,9 %, p = 0,0006) et l’IMC > 35 kg/m2 (5,2 vs 2,1 %, p = 0,0002) étaient associés à la MTEV, et ce, quelle que soit la génération de la pilule. La thrombophilie était plus fréquente chez les cas. Seuls le déficit en protéine C (2,5 vs 0,8 %, p = 0,005) et les anomalies combinées (2,7 vs 1,0 %, p = 0,007) individuellement, étaient significatifs. Par ailleurs, les cas étaient plus souvent de groupe non-O que les contrôles (76,1 vs 64,4 %, p < 0,0001). La sensibilité des antécédents familiaux de MTEV au 1er degré pour le dépistage de la thrombophilie était médiocre (35 %). Conclusion Notre étude confirme les données de la littérature en termes de facteurs de risque de MTEV et elle suggère que le groupe sanguin pourrait faire partie du bilan de thrombophilie. Enfin, elle montre les limites des antécédents familiaux pour le dépistage de la thrombophilie. Mots clés Maladie thromboembolique veineuse ; Contraceptifs oraux combinés Déclaration d’intérêt Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.jmv.2014.07.055