Clinica Chimica Acta, 46 (1973) 257-26o 0 Elsevier Scientific Publishing Company, CCA
Amsterdam
- Printed in The Netherlands
5678
HYPERHAPTOGLOBINEMIE
DES ALCOOLIQUES
J. LAMY,
ET
Laboratoire (Req~
257
E. ARON,
J. C. MARTIN
de Biochimie,
le 25 janvier
CHRONIQUES
J. WEILL
Faculte’ de Me’decine, 37032 Tows-C&x
(Frame)
1973)
SUMMARY
Hyper-Haptoglobinaemia
in Chronic Alcoholics
Chronic alcoholics exhibit a high serum haptoglobin level at an average of g/l. In almost 50% of them serum haptoglobin values are higher than the upper limit (2.3 g/l) of the 99% confidence interval of controls. This hyper-haptoglobinaemia persists after a 3-months temperance cure and is not lowered by corticotherapy. These results can be compared to the lasting, corticoid-resistant hyper-haptoglobinaemia described by Jayle as a sign of a precoronary condition. Z.ZI
Dans un travail prkckdentl, nous avons montrC que les alcooliques chroniques possCdaient des modifications du prot&nogramme s&ique qui sont gkkalement considkrkes comme associhes & un &at cirrhotique, et que ces modifications pouvaient &tre utiliskes comme un test de triage des cirrhoses en phase prkclinique. Le prksent travail a pour but de prkciser si les alcooliques chroniques qui prCsentent souvent des infiltrations inflammatoires du foie prksentent kgalement les modifications skriques qui tCmoignent ordinairement des 6tats inflammatoires. Dans ce travail prkliminaire, l’haptoglobine skrique a Ctk choisie car c’est un tCmoin t&s sensible de toutes les r&actions inflammatoires. MATtiRIEL
ET MkTHODES
Dt?j%zitiolz des ichantillons de population &z&i& TtGnoins : sujets acceptant de se prbter B un bilan de sant.6gratuit effect& dans
diverses entreprises du centre de la France. Alcooliques : malades acceptant librement de frkquenter le Centre de dksintoxication antialcoolique de La Membrolle-sur-Choizille (Directeur, Docteur Perrant). Aucun des malades du Centre n’est cliniquement cirrhotique. Cirvhotiques : malades hospitali& au Service de Clinique MCdicale du C.H.U. de Tours (Professeur Aron) pour cirrhose alcoolique ascitique.
LAMY et al.
258
Mithode de dosage Les dosages de l’haptoglobine serique ont et6 effectues par la methode dite “d’activation de Jayle”2. Les typages ont et6 determines par electrophorese en gel de polyacrylamide, par la reaction peroxydasique a la benzidines. Traitement antii%jiammatoire Pour l’etude de la sensibilite aux antiinflammatoires, les malades ont re$u 30 mg/jour de Prednisone et 200 mg/jour de Doxycycline pendant 8 jours. Les dosages ont Cte realist% aux jours I, IO et 90. RkSULTATS
Ha$toglobin&mie des tLmoiti!s, alcooliq%es et ciwhotiques On remarque dans le Tableau I que les valeurs obtenues pour les taux moyen et les &carts types des temoins des trois phenotypes sont conformes aux don&es de la litterature et en particulier aux resultats de Nyman4. Des comparaisovu de moyennes ont iti rt!alisies entre les taux moyens d’haptoglobine des trois types et ont don& les resultats suivants, egalement en bon accord avec la litterature : L’haptoglobine serique est significativement plus faible dans le type 2-2 que dans les deux autres types. D’autre part, la difference entre les types 2-1 et I-I n’est pas significative pour p = 0.05. Pow chaque pht%oty$e, duns le cas des alcooliques, le taux moyen d’haptoglobine serique est significativement plus 61eve que son homologue du groupe temoin, 21,un seuil < p = 0.01. Dans le cas des cirrhotiques, ou l’effectif etait de trop petite taille pour realiser TABLEAU
I
HAPTOGLOBINhMIi
DES
T$MOINS,
ALCOOLIQUES
Type Te’moins n Z en g/like
Distribution 0 en g/litre Valeur ayant une probabilit6 d’&tre d6passCe < 0.01 Alcooliques n
en g/like Distribution (T en g/like 0/Od’individus 2.30 g/Ike
2-1
Type
2-2
Ensemble
9 1.31
43 1.23
31 0.94
83 I.13
LG 0.44
LG 0.46
LG 0.47
2.31
2.25
2.31
2.30
2.22*
ddpassant
CIRRHOTIQUES
LG 0.43
30
R
I--I
ET
Type
LG 0.72 53.3
116
2.40* LG 0.89
53.5
77 1.gt5*
LG 0.94
33.7
Cirrhotiques n ~;;S?;$;~n
* La diffkence avec la moyenne du groupe t6moin correspondant LG = Laplace-Gauss.
des 3 ty-pes
222 2.21s
LG 0.94
47 29
o&4* non LG est significative
pour p <
0.01.
HPPERHAPTOGLOBINEMIE
DES ALCOOLIQUES CHRONIQUES
259
des comparaisons a l’interieur de chaque type, la difference entre les taux moyens d’haptoglobine de l’ensemble des trois types des cirrhotiques et des temoins est significative pour $J < 10-6. 11en va de m6me pour la comparaison cirrhotiques alcooliques. lhde de la sevwibilitk de 1’~~yperha;btoglobin~~ie des alcooliques d um traitement antiinzJlamvnatoire. Les malades ont et6 divises en fonction de leur taux d’haptoglobine
en deux groupes : Groupe I et 3 HP < 2.5 g/l Groupe 2 et 4 HP > 2.5 g/l Les groupes I et 2 n’ont recu aucun traitement antiinflammatoire tandis que les groupes 3 et 4 ont Cte soumis au traitement & la Prednisone decrit au paragraphe Materiel et Methodes. Le Tableau II indique les resultats de cette experience. On y remarque : TABLEAU ACTION
II
D’UN
CORTICOIDE
HP IW
jour
ANTI-INFLAMMATOIRE
HP IO6
Groupe No. 1 % = 31 x en g/l g en g/l
1.55 0.55
-
Groupe No. 2 )z = 24 f en g/l a en g/l
2.93 0.49
-
Groupe No. 3 n = 27 z? en g/l cr en
g/l
Groupe No. 4 n = 30 S en g/l 5 en g/l
-
-
jour
SUR
2.52
0.97
0.74
1.84 0.79
a.99 0.61
2.81 0.68
2.45 0.50
2.12
jour
1.82 0.82
0.58
1.61
#*
HP pa
La ” # IO-I" est &ale au taux d’haptoglobine * * La “ # 90-1” est &gale au taux d’haptoglobine
*
L’HAPTOGLOBINE
DES
#**
90-I
IO-I
0.26 0.80
-
-0.41 0.84
ALCOOLIQUES
-.
0.20
0.50
0.65
0.45
-0.53 0.76
co.20 0.58
du roe jour, diminue du taux du premier jour. du goe jour, diminuk du taux du premier jour.
-qu’au depart de l’experience, les taux moyens d’haptoglobine des groupes homologues trait6 et non trait6 (I et 3 dune part, 2 et 4 d’autre part) ne sont pas significativement differents. -qu’a la fin du traitement antiinflammatoire (roeme jour), l’haptoglobine ne varie pas significativement dans le groupe 4 et augmente legerement mais significativement dans le groupe 3. -qu’a la fin de la cure (go&me jour), les malades trait& et non trait& ont des taux moyens d’haptoglobine identiques. -que la cure (peut-&tre le sevrage) se traduit par une augmentation leg&e mais significative des taux d’haptoglobine faibles (groupes I et 3) et par une diminution leg&e et significative egalement des taux d’haptoglobine eleves. Quoiqu’il en soit, les resultats de cette experience ne sont pas ambigtis, l’hyperhaptoglobinemie des alcooliques n’est pas diminuee par un traitement antiinflammatoire-et ne peut done pas traduire un processus inflammatoire classique.
260
LAMP et al.
CONCLUSION-RkSUMl?
Les alcooliques chroniques, a leur arrivee au Centre de d&intoxication antialcoolique, presentent une hyperhaptoglobinemie dont le taux moyen est 2.21 g/litre. Presque 50% de ces malades ont un taux d’haptoglobine superieur a la limite superieure de l’intervalle de confiance des temoins pour p = 0.01 (2.30 g/litre). Cette hyperhaptoglobinemie n’est pas transitoire puisqu’a la fin d’une cure de trois mois, elle persiste encore. Elle n’est pas sensible a un traitement antiinflammatoire classique. 11 est interessant de rapprocher l’hyperhaptoglobinemie des alcooliques de l’hyperhaptoglobinemie persistante a un taux voisin de 3 g/litre, insensible aux corticoides antiinflammatoires qui selon Jayle signe un &at de “prCcoronarite”3. REMERCIEMENTS
Nous remercions le Professeur Jayle pour ses conseils, et Madame Schmitt pour son aide technique. Ce travail a pu &tre reali& grace a l’aide de la Fondation pour la Recherche Medicale FranGaise. BIBLIOGRAPHIE I E. zz M. 3 M. 4 M. 5 J,
AROX, J. LAMY ET J. D. WEILL, Presse Me’d., 7g (1971) 357. F. JAYLE, Cov@t-Rend., 211 (1940) 574. F. JAYLE, P. CHOUBRAC, M. A. DROSDOWSKY ET P. JACOT, Presse Me’d., 76 (1968) NYMAN, Scnnd. J. C&H. Lab. Invest., II (1959) Suppl. 39. LAMY, M. FARGES, R. VARGUES ET J. D. WEILL, C.R. Sot. Biol., 162 (1968) 2003.
1805.