Hyperlymphocytose T associée à un thymome et une myasthénie

Hyperlymphocytose T associée à un thymome et une myasthénie

Lettres à la rédaction / La revue de médecine interne 23 (2002) 950–952 951 D. Hauteville toxicité « attendue » avec le CPT11 (neutropénie et diarr...

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Lettres à la rédaction / La revue de médecine interne 23 (2002) 950–952

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D. Hauteville

toxicité « attendue » avec le CPT11 (neutropénie et diarrhée) liée aux estérases et contrôlée par l’atropine. Cette observation est, à notre connaissance, le deuxième cas rapporté de dysarthrie induite par l’Irinotécan. La survenue d’une telle manifestation lors de l’administration d’irinotécan doit inciter à réaliser une imagerie cérébrale (si possible par IRM) pour éliminer une localisation secondaire ou un accident ischémique cérébral, mais ne doit pas faire interrompre la chimiothérapie en cas de normalité de l’imagerie, puisqu’elle régressera sans séquelle.

* Auteur correspondant.

Références

Hyperlymphocytose T associée à un thymome et une myasthénie

Service de médecine interne–oncologie, hôpital Bégin, 69, avenue de Paris, 94160 Saint-Mandé, France

Reçu le 8 mars 2002; accepté le 12 juillet 2002

PII: S 0 2 4 8 - 8 6 6 3 ( 0 2 ) 0 0 7 0 7 - 5

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Keywords: Thymoma; T-cell lymphocytosis; Myasthenia

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B. Ceccaldi* Service de radiothérapie-oncologie médicale, hôpital du Val-de-Grâce, 74, boulevard de Port-Royal, 75230 Paris, cedex 05, France [email protected] F. Kara, H. Mommeja-Marin, M. Bègue Service de médecine interne–oncologie, hôpital Bégin, 69, avenue de Paris, 94160 Saint-Mandé, France P. Saint Blancard Laboratoire d’anatomopathologie, hôpital Percy, 101, avenue Henri-Barbusse, 92142 Clamart, cedex, France E. Le Marec Service de radiologie, hôpital Bégin, 69, avenue de Paris, 94160 Saint-Mandé, France

Les lymphopathies chroniques (en particulier la leucémie lymphoïde chronique) et certaines infections virales représentent les causes les plus communes d’hyperlymphocytose chez l’adulte. Nous présentons ici une observation d’hyperlymphocytose reliée à une autre étiologie beaucoup plus rare : le thymome. Une patiente de 50 ans se présente à la consultation d’hématologie pour un problème d’hyperlymphocytose. On relève dans ses antécédents, un terrain dépressif, un cystocèle et une hypothyroïdie substituée par Levothyroxt. Elle suit depuis quelques mois une cure d’amaigrissement l’ayant amenée à perdre 29 kg. À l’examen clinique, on ne note aucune anomalie évidente, en particulier pas de fièvre, d’adénopathies ou d’hépatosplénomégalie. Sur l’hémogramme, il est retrouvé 7700 leucocytes/mm3 dont 74 % de lymphocytes (soit 5700/mm3), 21 % de neutrophiles, 14,6 g/dl d’hémoglobine et 302 000 plaquettes/mm3. Cette anomalie de la formule semble présente depuis au moins 3 ans au vu du dossier biologique qui est présenté par la patiente. L’immunophénotypage de ces lymphocytes circulants révèle une prédominance à 80 % de cellules T exprimant le CD2, le CD3, le CD5, le CD7 et soit le CD4 soit le CD8. La radiographie pulmonaire de face objective un élargissement du hile droit qui se traduit au scanner par une masse médiastinale antérieure droite sus-hilaire à bords bien limités. Il n’y a pas d’atteinte du parenchyme pulmonaire ni de la plèvre. La malade subit une exérèse complète d’une tumeur facilement clivable pesant 80 g et mesurant 5 cm. L’étude histologique conclut à un thymome mixte à prédominance corticale bordé par une capsule épaisse non dépassée par la prolifération cellulaire. L’analyse immunohisto-

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logique confirme la présence de cellules de type épithélial (cytokératine et CD1a positives) coexistant avec une population lymphocytaire de type T (CD3 positive). Le scanner abdominal est normal. En ce qui concerne la recherche de stigmates biologiques d’auto-immunité, on note une forte positivité des taux d’anticorps antirécepteur de l’acétylcholine (2,4 nmol/l, seuil de significativité : 0,2 nmol/l) et antinoyaux (1/320, fluorescence homogène). Le bilan neurologique complémentaire effectué à distance de l’acte chirurgical conclut à la présence d’une myasthénie sur des données cliniques (fatigabilité musculaire, épisodes de diplopie) et électromyographiques (bloc post-synaptique). Cela motive la mise en place d’un traitement par Mestinont. Ce thymome étant considéré comme de stade I selon la classification de Masaoka (tumeur unique encapsulée sans effraction capsulaire enlevée dans sa totalité), il n’est pas pratiqué de radiothérapie post-opératoire. À la dernière consultation, effectuée 13 mois après la thymectomie, la patiente ne présente aucun signe clinique ou radiologique en faveur de la récidive de ce thymome. La formule leucocytaire s’est normalisée avec 52 % de polynucléaires neutrophiles et 37 % de lymphocytes pour 5900 globules blancs/mm3. La myasthénie se révèle quant à elle plus difficile à maîtriser, la persistance de la symptomatologie motrice amenant au remplacement du Mestinont par l’Imurelt et à la mise en place de perfusions d’immunoglobulines intraveineuses puis à la pratique d’échanges plasmatiques. Les thymomes sont des tumeurs rares souvent associées à des manifestations d’auto-immunité, en premier lieu une myasthénie [1]. Par contre, une hyperlymphocytose, classiquement de type T, a été constatée en de très rares occasions avec moins de 10 cas répertoriés dans la littérature internationale jusqu’en 1997 [2]. Plusieurs auteurs ont démontré que cette population lymphocytaire n’est pas monoclonale et qu’elle reflète probablement les perturbations de l’immunorégulation qui accompagnent ces tumeurs [2,3] avec plus particulièrement des anomalies de recirculation [4]. Comme dans notre observation, les cellules expriment un phénotype T mature (CD3+, CD5+, CD7+, CD4 ou CD8+) [3,4]. Ce phénomène peut être assimilé à un syndrome paranéoplasique [5]. Sur le plan histologique, il s’agit bien sûr le plus souvent de thymomes à prédominance lymphocytaire [2,4,5]. Le taux de lymphocytes se normalise habituellement après traitement de la tumeur [5]. Selon certaines équipes, le pronostic des thymomes à fort contingent lymphocytaire semble plus favorable et, de plus, la présence d’une myasthénie, comme constatée ici, n’apparaît pas augmenter le risque de rechute tumorale [6]. Bien qu’il s’agisse d’une entité très peu fréquente en pratique clinique, le thymome est à intégrer parmi les causes possibles d’hyperlymphocytose (à cellules T matures non monoclonales) et on se doit de distinguer cette situation

d’une hémopathie lymphoïde maligne avec atteinte médiastinale.

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F. Bauduer* Service d’hématologie clinique, centre hospitalier de la Côte Basque, 13, avenue de l’Interne-J.-Loeb, 64100 Bayonne, France [email protected] F. Archambaud Laboratoire d’anatomie-pathologique, 24, avenue du Général-Ducasse, 64100 Bayonne, France F. Mazères Service de chirurgie vasculaire et thoracique, centre hospitalier de la Côte Basque, 13, avenue de l’Interne-J.-Loeb, 64100 Bayonne, France E. Ellie Service de neurologie, centre hospitalier de la Côte Basque, 13, avenue de l’Interne-J.-Loeb, 64100 Bayonne, France L. Ducout Laboratoire d’hématologie, centre hospitalier de la Côte Basque, 13, avenue de l’Interne-J.-Loeb, 64100 Bayonne, France * Auteur correspondant. Reçu le 8 mars 2002; accepté le 12 juillet 2002

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