Disponible en ligne sur
ScienceDirect www.sciencedirect.com Revue française d’allergologie 3 (2015) 241–253
10e Congrès francophone d’allergologie – CFA 2015
Médicaments
Médi-1
Chocs anaphylactiques aux glucocorticoïdes : rôle de l’hémisuccinate ? J. Stuck 1 , P. Pralong 2,∗ , S. Logerot 1 , C. Villier 1 , C. Chatain 2 , J.P. Jacquier 2 , M.T. Leccia 2 1 Service de pharmacovigilance, Grenoble, France 2 Service de dermatologie, allergologie et photobiologie, Grenoble, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (P. Pralong) Introduction Si les glucocorticoïdes (GC) sont indiqués pour traiter des réactions allergiques, ils peuvent paradoxalement provoquer des réactions d’hypersensibilité (HS) allergique immédiate parfois sévères. L’épitope en cause n’est pas toujours la molécule princeps. Nous rapportons deux cas de choc anaphylactique aux sels de GC. Méthodes Deux adolescents consultaient en allergologie pour choc anaphylactique, avec tryptasémie augmentée, survenu quelques minutes après l’induction anesthésique lors d’intervention chirurgicale. Résultats Les tests cutanés aux médicaments utilisés lors du protocole d’anesthésie (anesthésiques, antibiotiques, antalgiques, latex) étaient négatifs, à l’exception du prick-test à l’hémisuccinate de méthylprednisolone (SOLUMEDROL® ) fortement positif à la concentration de 1 mg/mL. L’imputabilité de ce GC dans les deux tableaux de choc anaphylactique était retenue. La batterie de tests cutanés à huit molécules de GC retrouvait une sensibilisation croisée pour l’hémisuccinate d’hydrocortisone uniquement. L’acétate de méthylprednisolone (MEDROL® ) et la bétaméthasone (CELESTENE® ), négatifs en tests, étaient réintroduits avec une excellente tolérance. L’absence de sensibilisation croisée entre hémisuccinate et acétate de méthylprednisolone, la négativité des GC non estérifiés, permettait de poser le diagnostic d’HS immédiate allergique aux sels de GC. Discussion L’HS allergique immédiate aux GC est rare. L’allergène impliqué n’est pas toujours la molécule elle-même. Il peut s’agir aussi de l’excipient (carboxyméthylcellulose) mais aussi de l’hémissucinate. Selon certains auteurs, l’estérification modifierait la conformation stérique de la molécule, créant l’épitope en cause. Dans l’HS aux sels de GC, les GC non estérifiés sont en général bien tolérés. Conclusion Les GC peuvent être responsables d’HS allergique immédiate sévère et il importe de les tester lors de l’exploration d’une anaphylaxie peropératoire. L’HS aux sels de GC est une variante à connaître, qui autorise la réintroduction de la plupart des GC. Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts. Pour en savoir plus Bourrain, et al. Rev Fr Allergol 2002;42:57–60. Lafourcade, et al. Rev Fr Allergol 2008;48:495–7.
1877-0320/$ — see front matter
Sanfiorenzo, et al. Rev Fr Allergol 2010;68:163–70. Baeck, et al. Allergy 2011;66:1367–74. http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2015.02.092 Médi-2
IgE anti-infliximab et tests cutanés dans les hypersensibilités immédiates à l’infliximab au cours des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin E. Fréling 1,∗ , L. Peyrin-Biroulet 2 , C. Poreaux 1 , A. Morali 3 , J. Waton 1 , J.L. Schmutz 1 , J.L. Guéant 4 , A. Barbaud 1 1 Département de Dermatologie et Allergologie, CHU de Nancy, Nancy, France 2 Service d’Hépato-Gastro-entérologie, CHU de Nancy, Nancy, France 3 Service de Pédiatrie, CHU de Nancy, Nancy, France 4 Faculté de Médecine, Inserm U-954, Nutrition-Génétique et exposition aux risques environnementaux, Nancy, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (E. Fréling) Introduction Des réactions d’hypersensibilité immédiate (RHI) sont fréquentes avec l’infliximab (IFX), anticorps monoclonal chimérique dirigé contre le TNF-␣ et utilisé dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). Notre objectif principal était d’étudier le potentiel mécanisme IgE médié des RHI à l’IFX. Nos objectifs secondaires étaient d’évaluer l’intérêt du bilan allergologique et la tolérance de la reprise de l’IFX après une RHI. Méthodes Il s’agissait d’une étude prospective monocentrique portant sur les patients atteints de MICI ayant présenté une RHI à l’IFX. Les tests cutanés à l’IFX, comprenant prick-tests et intradermoréactions (IDR), et le dosage des IgE anti-IFX étaient réalisés au moins 4 semaines après la RH. En cas de négativité, la ré-administration d’IFX était proposée avec une réduction de moitié de la vitesse de perfusion. En cas de positivité ou de récurrence d’une RH lors de la ré-administration de l’IFX, un protocole d’induction de tolérance en douze étapes était proposé. Résultats Vingt-quatre patients ont été inclus. Les prick-tests à l’IFX étaient tous négatifs. L’IDR était positive chez un seul patient. Les IgE anti-IFX étaient négatives chez 21 patients, positives chez un patient et de réactivité intermédiaire pour deux patients. Il n’existait pas de relation entre les tests cutanés positifs et la présence d’IgE anti-IFX. Le relais par adalimumab était bien toléré pour 10/11 patients. La ré-administration d’IFX à un débit réduit était bien tolérée pour 4/11 patients. Néanmoins, 7/11 patients présentaient une récidive de RHI non sévère, malgré la négativité du bilan allergologique. Des inductions de tolérance étaient réalisées avec succès pour 3/4 patients. Discussion La vaste majorité des RHI à l’IFX n’est pas IgE médiée. Ces réactions seraient plutôt liées à la présence d’IgG anti-IFX. Le bilan allergologique,
242
10e Congrès francophone d’allergologie – CFA 2015 / Revue française d’allergologie 3 (2015) 241–253
incluant des tests cutanés et le dosage des IgE anti-IFX, a un intérêt clinique limité. En effet, sa négativité ne permet pas de prédire l’absence de récidive de réaction lors de la reprise de l’IFX, même à débit réduit sous couvert d’une prémédication. Les inductions de tolérance offrent une opportunité de poursuivre l’IFX, en l’absence d’autre alternative. Déclaration d’intérêts conflits d’intérêts.
Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de
http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2015.02.093 Médi-3
Influence des modifications de concentration des médicaments au cours des intradermoréactions sur la sensibilité des tests retardés
C. Le Treut ∗ , C. Poreaux , J. Waton , J.L. Schmutz , A. Barbaud Service de dermatologie, Nancy, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (C. Le Treut) Introduction Les intradermoréactions (IDR) médicamenteuses sont utiles pour les bilans de toxidermie non grave par hypersensibilité (HS) immédiate ou retardée (R). Selon certains anciens critères européens l’IDR était positive si le diamètre de la papule à 20 minutes (P20) était ≥ deux fois celui de la papule d’injection (Pi) mais maintenant si P20 ≥ Pi + 3 mms. Les nouveaux critères de lecture ont conduit à diminuer de 1/10 les concentrations maximales de nombreux médicaments. Objectif Analyser les concentrations avec lesquelles les IDR étaient positives retardées et déterminer le nombre d’IDR manquées en utilisant les nouvelles concentrations maximales. Méthodes Étude rétrospective de 2007 à 2012 à partir d’une database incluant toutes les IDR positives retardées, leurs concentrations, analysant celles qui auraient été manquées avec les nouvelles recommandations. Résultats Trois cent quatre-vingt-douze IDR positives retardées ont été inclues ; 262 étaient des IDR positives retardées avec des concentrations élevées qui n’auraient pas été atteintes avec les nouveaux critères. Discussion Beaucoup d’IDR étaient positives retardées seulement aux concentrations élevées chez des patients qui avaient un exanthème maculopapuleux probablement avec responsabilité plausible d’un produit de la classe avec laquelle l’IDR était positive. Sans test de provocation (TP) la spécificité des ces IDR ne pouvait pas être déterminée. Avec certains médicaments la suppression des concentrations d’usage entraînerait une méconnaissance d’HSR. Conclusion Sans pouvoir préciser la spécificité des ces réactions retardées il serait peut-être nécessaire de tester aux concentrations d’usage certains médicaments pour mettre en évidence des réactions retardées afin d’éviter des TP. Déclaration d’intérêts conflits d’intérêts.
Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de
http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2015.02.094 Médi-4
Les IgE spécifiques contre graine de pavot et morphine ne sont pas fiables dans le diagnostic d’une allergie aux opiacés A.L. Van Gasse 1,∗ , M.M. Hagendorens 2 , V. Sabato 1 , C.H. Bridts 1 , L.S. De Clerck 1 , D.G. Ebo 1 1 Département d’Immunologie-Allergologie-Rhumatologie, Faculté de Médecine, Université d’Anvers et Service de Immunologie-Allergologie-Rhumatologie, Hôpital Universitaire d’Anvers, Anvers, Belgique 2 Département d’Immunologie-Allergologie-Rhumatologie, Faculté de Médecine, Université d’Anvers et Service de Immunologie-Allergologie-Rhumatologie, Hôpital Universitaire d’Anvers et Pédiatrie, Hôpital Universitaire d’Anvers, Anvers, Belgique ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (A.L. Van Gasse) Introduction Le diagnostic correct d’une vraie allergie aux opiacés n’est pas toujours facile à cause d’incertitudes associées aux tests cutanés et à l’absence
d’un test de dosage d’IgE spécifique bien validé. Récemment, un groupe espagnol a proposé que les dosages des IgE spécifiques contre la graine de pavot (Papaver somniferum) et la morphine seraient fiables pour établir un diagnostic correct d’une allergie aux opiacés. Toutefois, étant donné la prévalence élevée de ces anticorps IgE dans une population allergique, la valeur prédictive de ces tests reste douteuse. Le but de notre travail était d’étudier la valeur prédictive du dosage des anticorps IgE spécifiques anti-morphine et anti-graine de pavot par technique FEIA ImmnoCAP. Méthodes Vingt-deux patients avec un résultat d’IgE positif pour graine de pavot ou morphine ont été sélectionés. Tous ont été soumis à un test de provocation orale (TPO) avec morphine (dosage cumulatif 11 mg) et/ou codéine (dosage cumulatif 31 mg). Dix-huit patients ont aussi bénéficié d’un test d’activation de basophiles (TAB) avec morphine et codéine. Résultats Aucun des 22 patients n’a présenté de symptômes subjectifs ni objectifs durant ou après le TPO. Concernant le TAB morphine et codéine, l’expression du marqueur CD63 sur les cellules basophiles de 14 individus ayant toléré un opiacé en TPO, restait tout à fait comparable à l’expression spontanée par les cellules non-stimulées. Les 4 autres patients étaient non-répondeurs pour le TAB. Conclusion Un résultat d’IgE spécifique positif pour graine de pavot et morphine n’est pas prédictif d’une vraie allergie aux opiacés. Ces IgE spécifiques ne devraient pas être utilisés isolément pour établir un diagnostic d’une allergie aux opiacés. Pour éviter un surdiagnostic, à présent, nous recommandons que le diagnostic sérologique soit complété par un TPO. La valeur du TAB devra être confirmée par des études ultérieures. Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts. Pour en savoir plus Van Gasse AL, Hagendorens MM, Sabato V, et al. IgE to poppy seed and morphine are not useful tools to diagnose opiate allergy. J Allergy Clin Immunol [in press]. http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2015.02.095 Médi-5
Hypersensibilités immédiates au cours des chimiothérapies : intérêt des inductions de tolérance
F. Brault ∗ , E. Fréling , C. Poreaux , L. Charbit , J. Waton , J.L. Schmutz , A. Barbaud Département de Dermatologie et Allergologie, Nancy, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : b fanny
[email protected] (F. Brault) Introduction Les réactions d’hypersensibilité sont fréquentes lors de chimiothérapies par sels de platine ou taxanes, pouvant conduire à des arrêts prématurés de traitement. L’objectif était de montrer le caractère IgE médié ou non de ces réactions, et d’évaluer l’utilité et la tolérance des protocoles d’induction de tolérance (IDT) aux chimiothérapies. Méthodes Pour chaque patient adressé dans notre service suite à une réaction d’hypersensibilité survenue lors d’une chimiothérapie entre janvier 2007 et décembre 2014, le type et grade de réaction, les résultats des tests cutanés (pricktests et intradermoréactions [IDR]), ainsi que le recours à une IDT et sa tolérance, étaient recueillis. Résultats Cinquante-six patients ayant présenté une hypersensibilité aux sels de platine ont été inclus : 51 avec une réaction immédiate (grade 1 : n = 24, grade 2 : n = 15, grade 3 : n = 11, grade 4 : n = 1) et 5 avec une réaction retardée. Six patients avaient des tests positifs pour l’oxaliplatine (prick-tests positifs : n = 3 ; IDR positives : n = 3). Six patients présentaient des tests positifs pour le carboplatine (prick-tests positifs : n = 1 ; IDR positives : n = 5). Aucun test n’était positif pour le cisplatine. Une IDT était proposée chez 19/56 patients, réalisée chez 10 d’entre eux dont 3 avaient des tests positifs. Outre les prémédications requises pour la chimiothérapie, un antihistaminique et une corticothérapie étaient systématiquement associés. L’IDT était bien tolérée chez 8/10 patients, dont 2 avec nécessité d’adaptation du protocole. Dix-huit patients ayant présenté une hypersensibilité aux taxanes ont été inclus : tous ont présenté une réaction immédiate (grade 1 : n = 4, grade 2 : n = 8, grade 3 :