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75e Congrès franc¸ais de médecine interne – Brest, 14, 15 et 16 juin 2017 / La Revue de médecine interne 38S (2017) A49–A109
L’idée est que l’identification de signatures moléculaires spécifiques chez les patients atteints de MAI permettra aux cliniciens d’adapter leurs traitements. Parmi la multitude de paramètres analysés pour chaque patient, nous nous sommes concentrés sur la distribution des lymphocytes B (LB), population particulièrement importante car impliquée dans la réponse humorale et la production des auto-anticorps. Nous cherchons à évaluer si une signature particulière de la distribution des LB pourrait caractériser certains groupes de malades. Patients et méthodes Au sein du projet PRECISESADS, les échantillons sanguins d’une cohorte constituée de 236 sujets dont 54 témoins, 48 patients atteints de PR, 42 présentant un syndrome de Gougerot–Sjögren (SGS), 46 un lupus érythémateux systémique (LES) et 45 une sclérodermie systémique (SSc) ont été analysés par cytométrie en flux. L’étude des LB CD19+ a permis l’identification de 6 sous-populations comprenant les LB « transitionnels » (CD24+ CD38+), les plasmablastes (CD27+ CD38+), les LB « mémoires précoces » (CD27+ IgD+), les LB « mémoires tardifs » (CD27+ IgD−), les LB « matures naïfs » (CD27− IgD+), et les LB « mémoires like » (CD27− IgD−). Résultats Des anomalies quantitatives (nombres absolus) ont été observées au sein des différentes maladies, il existe une lymphopénie B dans le LES et dans la SSc par rapport aux témoins (p = 0,0008 et p = 0,048). Les LB « transitionnels » sont diminués dans le LES (p = 0,002) et comparables à ceux des témoins dans les autres MAI. Les LB « mémoires tardifs » sont diminués, dans le SGS et la SSc (p = 0,0002, p = 0,002), augmentés dans la PR (p = 0,01) et comparables aux témoins dans le LES. Les LB « mémoires précoces » sont significativement diminués dans toutes les pathologies (PR, SGS et LES p < 0,0001 et SSc p = 0,002). Les valeurs absolues des plasmablastes et des LB « mémoires like » des malades ne sont pas significativement différents de ceux des témoins. Il existe également des anomalies de répartition des LB chez les malades. Comparativement aux témoins, la fréquence de LB « transitionnels » est augmentée uniquement chez les patients SGS (p = 0,002). Le pourcentage de LB « mémoires tardifs » est augmenté dans le LES (p = 0,006). C’est également le cas pour les LB « mémoire like » (p < 0,0001) qui sont également augmentés en proportion dans la SSc par rapport à la population témoin (p = 0,046). La proportion de LB « mémoires précoces » est à contrario diminuée dans la PR (p < 0,0001) et dans le SGS (p < 0,0001) par rapport aux témoins. Les proportions de LB totaux et de plasmablastes sont en revanche similaires chez les témoins et les patients. Conclusion La diminution des sous-populations de LB « mémoire » retrouvée chez les patients SGS et SSc ainsi que la baisse isolée des LB « mémoires précoces » retrouvée dans la PR sont en accord avec les données de la littérature. En revanche notre étude met en évidence une diminution des LB « transitionnels » dans le LES non décrite auparavant. Ce travail sera poursuivi par une analyse de l’ensemble des données du projet PRECISESADS (cytokines, auto-anticorps, métabolomique, génomique. . .) via une analyse en composante principale afin d’essayer de différencier de nouveaux sous-groupes de patients et associer une signature de distribution des LB à d’autres manifestations cliniques et biologiques. Des analyses bioinformatiques sont en cours pour identifier de nouvelles populations de LB. Une étude similaire sera ensuite réalisée chez les lymphocytes T et les monocytes. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Pour en savoir plus Hansen A, Odendahl M, Reiter K, Jacobi AM, Feist E, Scholze J, et al. Diminished peripheral blood memory B cells and accumulation of memory B cells in the salivary glands of patients with Sjögren’s syndrome: B cell subsets in Sjögren’s syndrome. Arthritis Rheum 2002;46(8):2160–71. Moura RA, Weinmann P, Pereira PA, Caetano-Lopes J, Canhao H, Sousa E, et al. Alterations on peripheral blood B cell subpopulations in very early arthritis patients. Rheumatology 2010;49(6):1082–92.
Sato S, Fujimoto M, Hasegawa M, Takehara K. Altered blood B lymphocyte homeostasis in systemic sclerosis: expanded naive B cells and diminished but activated memory B cells. Arthritis Rheum 2004;50(6):1918–27. 夽 Ce
travail a rec¸u le support de l’Union européenne/EFPIA, Innovative Medicines Initiative, projet PRECISESADS no 115565.
http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2017.03.060 CO043
Impact du stress oxydant médié par les MPO-ANCA sur la vascularite rénale dans la micro-polyangéite A. Maria 1,∗ , M. Hilhorst 2 , N. Kavian 3 , F. Batteux 3 , D. Borderie 4 , A. Le Quellec 1 , P. Van Passen 2 , P. Guilpain 1 1 Médecine interne et maladies multi-organiques, université de Montpellier, CHRU de Montpellier, 34295 Montpellier, France 2 Clinical and experimental immunology, Maastricht university, Maastricht, Pays-Bas 3 Inserm U1016, laboratoire d’immunologie, hôpital Cochin, université Paris Descartes, Paris, France 4 Laboratoire de biochimie, hôpital Cochin, Paris, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (A. Maria) Introduction La glomerulonéphrite extra-capillaire (GNEC) est une complication sévère de la micro-polyangéite (MPA), vascularite des petits vaisseaux associée aux ANCA anti-myélopéroxidase (MPO). Il a précédemment été montré un rôle pathogène de ces auto-anticorps, capable d’activer la MPO, déclenchant un burst oxydatif, principalement caractérisé par la production d’acide hypochloreux (HOCl), contribuant aux dommages de l’endothélium et à la fibrose pulmonaire. Le but de cette étude était d’étudier les relations entre le stress oxydant induit par la MPO, les défenses anti-oxydantes et les lésions rénales chez les patients atteints de MPA. Patients et méthodes Nous avons analysé les données histologiques d’une cohorte prospective de GNEC associées aux MPO-ANCA, issue du Limburg Renal Registry, entre janvier 2000 et décembre 2009. Les biopsies renfermant moins de 5 glomérules étaient exclues. L’analyse histologique était faite en aveugle par deux observateurs indépendants. Les biopsies étaient classées selon l’AGN en 4 groupes : « focal » (> 50 % de glomérules normaux), « crescentic » (> 50 % de glomérules avec croissants cellulaires), « sclerotic » (> 50 % de glomérulosclérose) et « mixed ». Les lésions de hyalinose artériolaire et de fibrose interstitielle étaient décrites. Nous avons dosé la production d’HOCl par la MPO sous l’effet du sérum de patients par luminométrie, ainsi que le niveau de protéines oxydées (AOPP) et les concentrations de thiols dans le sérum par spectrophotométrie. Résultats Sur les 38 patients inclus, 50 % présentaient une GNEC focale selon la classification AGN, 15,8 % étaient classés « crescentic » et 34,2 % « mixed ». Comparés aux sujets sains, les sera de patients atteints de MPA déclenchaient une production d’HOCl par la MPO supérieure (p < 0,001), et des taux plus élevés d’AOPP (p < 0,001) et de thiols (p < 0,01). Au diagnostic, la présence de croissants cellulaires était associée à de plus forts niveaux de production d’HOCl (p = 0,049) et des concentrations plus faibles en thiols (p = 0,022). Des hautes concentrations de thiols étaient associées à une GNEC focale selon l’AGN (p = 0,042), moins de fibrose interstitielle (p = 0,039) et moins de hyalinose (p = 0,066). En rémission, la production d’HOCl était diminuée (p < 0,01), les niveaux de thiols restaient élevés (p = 0,39). Conclusion Ces données suggèrent que la production d’HOCl par la MPO pourrait contribuer à la formation de croissants cellulaires dans les premières étapes de la GNEC, alors que les thiols auraient un rôle protecteur sur le développement de la vascularite rénale et de la sclérose glomérulaire. Ce travail souligne l’importance des
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défenses anti-oxydantes pour contrecarrer le processus de glomérulonéphrite induit par la MPO. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Pour en savoir plus Guilpain P, Servettaz A, Goulvestre C, Barrieu S, Borderie D, Chereau C, et al. Pathogenic effects of antimyeloperoxidase antibodies in patients with microscopic polyangiitis. Arthritis Rheum 2007;56:2455–63. Guilpain P, Chéreau C, Goulvestre C, Servettaz A, Montani D, Tamas N, et al. The oxidation induced by anti-MPO antibodies triggers fibrosis in microscopic polyangiitis. Eur Resp J 2009. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2017.03.061 CO044
Corrélation des taux sériques d’interféron-alpha avec le phénotype du lupus systémique sur une cohorte de 248 patients S. Mouries-Martin 1,∗ , A. Mathian 1 , H. Devilliers 2 , F. Cohen Aubart 1 , J. Haroche 1 , M. Hie 1 , M. Pha 1 , P. Chérin 1 , M. Miyara 3 , K. Dorgham 3 , G. Gorochov 3 , F. Rozenberg 4 , Z. Amoura 1 1 Service de médecine interne 2, hôpital Pitié-Salpêtrière, centre de référence national pour le lupus, institut E3M, AP–HP, Paris, France 2 Inserm CIC 1432, service de médecine interne 2, centre d’investigation clinique, CHU de Dijon, Dijon, France 3 Inserm UMR-S U1135, département d’immunologie, hôpital Pitié-Salpêtrière, AP–HP, Paris, France 4 Service de virologie, hôpital Cochin, AP–HP, Paris, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (S. Mouries-Martin) Introduction L’interféron-alpha (IFN␣) est une cytokine clé de la physiopathologie du lupus systémique (LS). Nous avons étudié les relations entre les paramètres cliniques et biologiques de patients lupiques et les taux sériques d’IFN␣ mesurés en routine par un test d’activité biologique. Patients et méthodes Le LS était défini selon les critères de l’ACR 1997. L’activité et les poussées de la maladie étaient évaluées par le score SELENA-SLEDAI. La concentration d’IFN␣ dans le sérum était mesurée par un test d’activité biologique. Cette cytokine n’est pas détectable dans les sérums des sujets sains (< 2 UI/mL). Un modèle mixte prenant en compte les mesures répétées a été utilisé pour l’analyse bivariée puis multivariée des variables associées au dosage d’IFN␣. Résultats Au total, 333 dosages d’IFN␣ ont été réalisés chez 248 patients lupiques. Cent quatre-vingt-un patients ont eu un seul dosage et 67 patients ont eu plusieurs dosages à des temps différents. Cent quatre-vingt-un échantillons (54,4 %) avaient un taux d’IFN␣ au-dessus du seuil de détection (≥ 2 UI/mL ; médiane 9 et extrêmes 2 – > 300 UI/mL). En analyse univariée, les patients lupiques ayant un dosage d’IFN␣ sérique au-dessus du seuil de détection avaient : – un score SLEDAI moyen plus élevé que ceux n’ayant pas d’IFN␣ sérique détectable (10,1 vs 4,0 ; p < 0,0001) ; – un test de Farr moyen plus élevé (30,8 vs 20,3 UI/mL ; p = 0,0002) ; – un C3 moyen plus bas (0,81 vs 0,96 g/L, p < 0,0001). En analyse multivariée, le taux d’IFN␣ était indépendamment associé à la fièvre liée au LS (augmentation moyenne de taux d’IFN␣ en cas de fièvre : +39,6 UI/mL, p < 0,0001), à l’atteinte neurologique (+36,0 UI/mL, p = 0,004), à l’atteinte cutanée (+14,6 UI/mL, p = 0,003) et à l’atteinte rénale (+13,6 UI/mL, p = 0,02). Conclusion Cette étude confirme l’augmentation des taux d’IFN␣ circulant dans les formes actives de LS quel que soit le type d’atteinte clinique. Les taux d’IFN␣ les plus importants sont rencontrés lors des atteintes neurologiques et chez les patients fébriles.
Déclaration de liens d’intérêts de liens d’intérêts.
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Les auteurs déclarent ne pas avoir
http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2017.03.062 CO045
L’augmentation des taux sériques d’interféron-alpha dans le lupus systémique est prédictive du risque de poussée à 1 an A. Mathian 1 , S. Mouries-Martin 1,∗ , H. Devilliers 2 , F. Cohen Aubart 1 , J. Haroche 1 , M. Hie 1 , M. Pha 1 , P. Chérin 1 , M. Miyara 3 , K. Dorgham 3 , G. Gorochov 3 , F. Rozenberg 4 , Z. Amoura 1 1 Service de médecine interne 2, centre de référence national pour le lupus, institut E3M, hôpital Pitié-Salpêtrière, AP–HP, Paris, France 2 Inserm CIC 1432, service de médecine interne 2, centre d’investigation clinique, CHU de Dijon, Dijon, France 3 Inserm UMR-S U1135, département d’immunologie, hôpital Pitié-Salpêtrière, AP–HP, Paris, France 4 Service de virologie, hôpital Cochin, AP–HP, Paris, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (S. Mouries-Martin) Introduction L’interféron-alpha (IFN␣) est une cytokine clé de la physiopathologie du lupus systémique (LS). Les taux d’IFN␣ circulant sont augmentés dans les formes actives de LS quel que soit le type d’atteinte clinique. Certains patients ont également un taux d’IFN␣ circulant augmenté alors qu’ils n’ont pas de poussée de la maladie. Nous avons étudié le caractère prédictif du taux sérique d’IFN␣ sur la survenue d’une poussée de la maladie à 1 an. Patients et méthodes Le LS était défini selon les critères de l’ACR. L’activité et les poussées de la maladie étaient évaluées par le score SELENA-SLEDAI. Les patients étaient inclus s’ils n’avaient pas de poussées de LS lors de la première visite. La concentration d’IFN␣ dans le sérum (mesurée par un test d’activité biologique), le test de Farr et la mesure du C3 étaient déterminés lors de la première visite. La survenue d’une poussée de la maladie était surveillée pendant un an. La survie sans poussée était étudiée par la méthode de Kaplan–Meier et le test du log-Rank. Les hazard ratios (HR) étaient estimés à l’aide d’un modèle de Cox. Résultats Quatre-vingt-seize patients (86 femmes et 10 hommes) n’ayant pas de poussée de LS ont été étudiés. Leur âge moyen (± écart-type) était de 36,5 ans (± 12,0). L’ancienneté moyenne du LS était de 9,0 ans (± 7,3). Au début de l’étude, 34 patients (35 %) avaient un taux d’IFN␣ au-dessus du seuil de détection (≥ 2 UI/mL), cette cytokine n’étant pas détectable dans les sérums des sujets sains (< 2 UI/mL). Quarante-huit patients (51 %) avaient un test de Farr positif et 15 patients (16 %) un C3 consommé. Dix-huit patients ont eu une poussée dans l’année qui a suivi la mesure de ces paramètres biologiques : 7 atteintes articulaires, 4 poussées cutanéo-muqueuses, 2 atteintes rénales, 2 sérites, 1 atteinte neurologique, 1 pneumopathie interstitielle et 1 hépatite. La présence d’IFN␣ circulant au début de l’étude était significativement associée à la survenue d’une poussée de LS (p = 0,0008 par le log-rank test ; hazard ratios : 4,6 [IC95 % : 1,7–12,2]). En absence d’IFN␣ circulant, 9,7 % des patients avaient une poussée de LS. En présence d’IFN␣ circulant, 38,4 % des patients avaient une poussée de la maladie dans l’année. La positivité du test de Farr ou la consommation du C3 au début de l’étude n’étaient pas associée à la survenue d’une poussée de LS (respectivement, p = 0,11 par le log-rank test ; hazard ratios : 2,2 [IC95 % : 0,8–5,8] et p = 0,28 par le log-rank test ; hazard ratios : 1,8 [IC95 % : 0,6–5,6]). Conclusion Cette étude montre qu’une détection d’IFN␣ circulant chez les patients lupiques inactifs peut prédire la survenue d’une poussée de la maladie dans les mois qui suivent de fac¸on plus fiable qu’un test de Farr positif ou qu’une consommation du C3. Ce travail suggère que le dosage de l’IFN␣ par test d’activité biologique permettrait d’améliorer la prise en charge des patients lupiques.