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87e réunion annuelle de la Société franc ¸aise de chirurgie orthopédique et traumatologique
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Quantification de la fixation primaire d’un implant acétabulaire en titane Patrice Guiffault ∗ , Julien Beldame , Fabien Billuart , Stéphane Van Driessche , Benjamin Lefebvre , Jean Matsoukis 29, avenue Pierre-Mendes, 76290 Montivilliers, France ∗ Auteur correspondant.
La fixation primaire d’un implant acétabulaire sans ciment est une préoccupation chirurgicale importante, garante de son ostéo-intégration. Cependant, l’évaluation de cette fixation est subjective, tant sur l’essai que sur l’implant définitif, qui n’est testé cliniquement qu’en dessous d’une force entraînant sa mobilisation. Pourtant, la quantification de la tenue d’un implant acétabulaire paraît essentielle pour le suivi évolutif de l’arthroplastie. Dans ce contexte, l’objectif de l’étude est d’évaluer l’effort nécessaire afin de mobiliser l’essai et l‘implant définitif implanté sur spécimen anatomique. Patients et méthode.— L’étude a été réalisée sur 16 hanches en provenance de spécimens cadavériques. Une procédure d’implantation complète d’un composant acétabulaire en titane (Cerafit® , Ceraver® , Roissy, France) a été réalisée. La densité osseuse des pièces anatomiques était connue grâce à une ostéodensitométrie réalisée sur l’extrémité supérieure de chaque fémur. Après un fraisage à la taille n, l’essai était réalisé avec le composant de taille n—1 mm, puis l’implant définitif de taille n + 1 mm (au niveau équatorial) était impacté. Après impaction de l’essai puis de l’implant définitif, un test de mobilisation a été réalisé dans les trois plans de l’espace (Instron). Pour chaque essai, l’effort maximum nécessaire à la mobilisation de la pièce acétabulaire était enregistré. Résultats.— La valeur des essais d’arrachements varie entre 215 et 597N pour le composant d’essais et 244 et 563N pour l’implant définitif. La valeur pour les essais de mobilisation en flexion est comprise entre 1,7 et 32,9 Nm pour le composant d’essais et 7,3 et 63,7 Nm pour l’implant définitif. Il existe une forte corrélation entre la tenue le composant d’essais et l’implant définitif (r2 = 0,884). Il existe aussi une forte corrélation entre la densité osseuse et la tenue des implants acétabulaires lors des essais de mobilisation de l’implant en flexion (r2 = 0,831). Discussion.— Cette étude a permis de confirmer la nécessité d’une bonne tenue du cotyle d’essai de taille inférieure pour garantir une bonne tenue du cotyle définitif et de s’interroger sur la nécessité d’ une évaluation préopératoire de la densité osseuse avant implantation d’un cotyle sans ciment. Dans le cadre d’une nouvelle étude, l’évaluation peropératoire de la tenue primaire du composant d’essais est réalisée à l’aide d’un dynamomètre manuel. Ce critère devrait nous permettre une standardisation des conditions de pose des implants acétabulaires. Seul les séries cliniques à long terme confirmeront la bonne fixation secondaire et permettront d’établir des critères de tenue des composants d’essais. http://dx.doi.org/10.1016/j.rcot.2012.08.230 313
Membranes nanofibreuses avec nanoréservoirs pour la régénération ostéoarticulaire et osseuse
Sybille Facca ∗ , Alice Ferrand , Carlos Palomares-Mendoza , Nadia Benkirane-Jessel , Philippe Liverneaux , Florence Fioretti CCOM, 10, avenue Baumann, 67400 Illkirch, France ∗ Auteur correspondant. Introduction.— L’évolution des nanobiotechnologies, a permis de voir l’émergence de biomatériaux qualifiés de « bioactifs » et de « vivants ». L’objectif de ce travail a été de créer un biomatériau, qui permette la régénération d’un défect cartilagineux et/ou osseux avec plusieurs caractéristiques : le biomatériau doit être résorbable et de petite taille pour une implantation « mini-invasive », il doit être fonctionnalisé par des facteurs de croissance pour favoriser la
prolifération cellulaire, enfin il doit être capable de régénérer le tissu cartilagineux mais aussi l’os sous-chondral. Matériel.— Nous avons synthétisé une membrane par electrospinning, technique approuvée par la FDA. Ces membranes résorbables sont constituées de nanofibres (< 150 nm) d’un polymère (Poly ε ; -CaproLactone). Puis elles ont été nanofonctionnalisées par des facteurs de croissance sous forme de nanoréservoirs enfouis dans le film de multicouches par simple immersion alternant BMP2 et un polycation (Dendigraft poly(L-lysine)). Enfin, ces membranes nanostructurées ont été rendues « vivantes » par adjonction de cellules (ostéoblastes et/ou chondrocytes primaires). Méthodes.— Ces membranes ont testé in vitro avec des ostéoblastes, afin de vérifier leur capacité d’ostéo-induction. Puis elles ont été implantées in vivo (dans des défects osseux ou cartilagineux). Les explants ont été analysés à 1 et 2 mois en immunofluorescence, en microcopie, en histologie et en nanoindentation, pour confirmer leurs propriétés d’induction d’os ou d’une unité os sous-chondral-cartilage en fonction du contingent cellulaire ajouté. Résultats.— À 21 jours, les membranes avec nanoréservoirs ont induit une biominéralisation de la matrice extracellulaire in vitro et in vivo. L’analyse ex vivo confirme l’ostéo-induction, lorsque que les membranes ont été implantées avec des ostéoblastes ou l’induction d’un complexe cartilage—os sous-chondral, quand elles ont été implantées avec en plus un contingent chondrocytaire. Discussion.— L’architecture de nos membranes nanofibreuses est une architecture fibrillaire 3D, qui mime et reproduit celle d’une matrice 3D. Nous avons démontré que ces membranes nanofibreuses, ainsi fonctionnalisées par des nanoréservoirs de BMP-2, se sont avérées biocompatibles et surtout capables in vitro comme in vivo d’induire de l’os et de régénérer un complexe cartilage—os. Conclusions.— Ces implants s’avèrent intéressants par leur petite taille permettant une implantation « mini-invasive », par leur propriété de biorésorption, par leur activité biologique (relargage progressif de facteurs de croissance, la BMP-2 étant protégée dans ses nanoréservoirs) et par leur capacité à régénérer la zone ostéoarticulaire. Il en découle un intérêt dans la prise en charge des défects cartilagineux et une application prometteuse en chirurgie orthopédique. http://dx.doi.org/10.1016/j.rcot.2012.08.231 314
Implication des récepteurs aux estrogènes dans l’ostéolyse aux particules d’usure
Christophe Nich ∗ , Roberto Valladeres , Allison Rao , Stefan Zwigenberger , Chenguang Li , Zhenyu Yao , Hervé Petite , Moussa Hamadouche , Stuart Goodman Orthopaedic Research Laboratories, Stanford Hospital and Clinics, Edwards Building, 300 Pasteur Drive, R105 94305 Stanford, California, États-Unis ∗ Auteur correspondant. Introduction.— Nous avons montré récemment que l’ostéolyse aux particules d’usure était diminuée dans un modèle expérimental de ménopause par ovariectomie chirurgicale et restaurée par la supplémentation en estrogènes, chez la souris C57BL/6J. Ce phénomène était contrôlé en amont par les cytokines pro-inflammatoires IL6, TNF-α ; et Rankl. L’objectif de cette étude était de tester l’hypothèse que le blocage des récepteurs aux estrogènes (ER), ubiquitaires, permettait de moduler la réponse ostéolytique. Matériel et méthodes.— Les particules de polyéthylène (PE) ont été implantées sur les calvariae de cinq souris femelles C57BL/6J traitées par une injection SC quotidienne de Fulvestrant (ERA) (1000 g/j, 5 j/semaine) (un antagoniste pur des récepteurs aux estrogènes (ER)), et 5 souris surdosées en 17Betat-œstradiol (E2) (8 g/j), toutes âgées de dix semaines. Pour chaque groupe, cinq souris ne recevant pas de particules et cinq souris recevant des
Résumés des communications placebos ont servi de témoin (n = 40). Les souris ont été sacrifiées au 14ème jour, et les crânes prélevés. Ils ont été étudiés à l’aide d’un microscanner haute résolution et par histomorphométrie sur os décalcifié après coloration hématoxyline-éosine, et coloration TRAP. L’efficacité des différents traitements (ERA, E2) a été évaluée sur le poids des utérus (—30 % et +43 %, respectivement), et la Densité Minérale Osseuse (DMO) (—23 % et +13 %, respectivement). Résultats.— L’évaluation par microscanner a montré une diminution significative de la fraction osseuse au sein de la région d’intérêt 3D (rapport BV/TV) dans les groupes placebo-ERA, placebo-E2 et E2 par rapport aux contrôles (—43 %, —41 % et —51 %, respectivement, p < 0,05). Dans le groupe ERA, aucune diminution significative du rapport BV/TV n’était observée (—7 %, p = 0,21). L’histomorphométrie a confirmé l’absence de diminution des épaisseurs osseuses moyennes dans le groupe ERA. Le nombre d’ostéoclastes était significativement augmenté dans les groupes placebo-ERA et placebo-E2 et E2 (p < 0,0001), alors qu’il était stable dans le groupe ERA (p = 0,9). Discussion et conclusion.— Ces données suggèrent que l’ostéolyse aux particules d’usure peut être modulée par une action directe sur les récepteurs aux estrogènes. Le blocage de ces derniers au moyen d’un antagoniste sélectif a reproduit la situation observée après ovariectomie. Les ER sont présents dans de nombreuses cellules, notamment les macrophages, les ostéoclastes et les lymphocytes, toutes impliquées dans l’ostéolyse. L’implication des macrophages dans la modulation observée est en cours d’exploration in vitro. Ce travail permet d’ouvrir de nouvelles voies de recherche thérapeutique. http://dx.doi.org/10.1016/j.rcot.2012.08.232
Main/Poignet 316
Cals vicieux du radius distal : restauration de la longueur du radius par autogreffe ou allogreffe ?
Jean-Luc Roux ∗ , Gero Meyer Zu Reckendorf , Yves Allieu Institut Montpelliérain de la main, 25, rue Clémentville, 34070 Montpellier, France ∗ Auteur correspondant. La correction des cals vicieux de l’extrémité distale du radius nécessite le plus souvent une réorientation de l’épiphyse radiale mais aussi un allongement pour restaurer la longueur et l’index radioulnaire distal (RUD). L’objectif de ce travail était d’évaluer la possibilité d’utiliser une allogreffe spongieuse à la place d’une autogreffe cortico-spongieuse pour combler le défect osseux résultant de l’allongement. De juin 2004 à juin 2010, nous avons traité 30 cals vicieux de l’extrémité distale du radius nécessitant une greffe osseuse. Il s’agissait de 30 patients (22 femmes et huit hommes). L’âge moyen au moment de l’intervention était de 54 ans. Dans tous les cas, l’allongement du radius a été associé à l’interposition d’un greffon osseux pour restaurer l’index RUD. La voie d’abord était palmaire et l’ostéosynthèse réalisée par plaque palmaire à vis verrouillées. Dans 15 cas, nous avons utilisé une autogreffe cortico-spongieuse et dans 15 cas une allogreffe spongieuse. Les patients ont bénéficié d’un bilan radioclinique aux : 1er , 2e , 3e , 6e et 12e mois postopératoire. Tous les patients ont été suivis au moins jusqu’à la fin de la première année postopératoire. L’allongement moyen du radius a été de 8 mm, cet allongement a été identique dans les deux groupes. Un seul patient a nécessité une reprise chirurgicale pour nonconsolidation au 9e mois. Ce patient appartenait au groupe des allogreffes. En dehors de ce patient, les résultats obtenus ont été strictement superposables dans les deux groupes, aussi bien
S367 sur le plan clinique (douleur, mobilité et force) que sur le plan radiographique (restauration de l’index RUD et de l’orientation de l’épiphyse). Nous n’avons pas mis en évidence de différence de délai de consolidation entre les deux groupes. L’allongement du radius nécessaire à la restauration de l’index RUD dans le traitement des cals vicieux est à l’origine d’un défect osseux. Pour combler ce défect l’autogreffe cortico-spongieuse iliaque nous a donné d’excellents résultats. L’allogreffe spongieuse simplifie l’intervention, évite au patient les désagréments du prélèvement : anesthésie générale, douleurs postopératoires, voire séquellaires. Avec une ostéosynthèse par plaque à vis verrouillées, les résultats que nous avons obtenus sont identiques lorsque le défect osseux est comblé par une autogreffe cortico-spongieuse ou par une allogreffe spongieuse. Pour le traitement des cals vicieux de l’extrémité distale du radius, une allogreffe spongieuse peut remplacer une autogreffe cortico-spongieuse pour combler le défect osseux secondaire à l’allongement. http://dx.doi.org/10.1016/j.rcot.2012.08.233 317
L’ostéotomie cunéiforme de retournement (OCR) du radius distal dans la déformation de Madelung : à propos de dix cas
Florence Mallard ∗ , Jérôme Jeudy , Fabrice Rabarin , Guy Raimbeau , Pierre-Alain Fouque , Bruno Césari , Pascal Bizot , Yann Saint-Cast Service de chirurgie osseuse, CHU d’Angers, 4, rue Larrey, 49933 Angers, France ∗ Auteur correspondant. Introduction.— Les propositions chirurgicales, pour améliorer l’esthétique et la fonction de la déformation de Madelung, sont nombreuses et difficiles à évaluer. En effet, ce trouble de croissance du radius distal ne représente que 1,7 % des différences congénitales selon Flatt. Le but de cette étude est d’évaluer une technique d’ostéotomie de réorientation de la glène radiale, basée sur le retournement d’un coin osseux prélevé au niveau du radius distal (OCR) et de la modéliser. Patients et méthodes.— Onze poignets ont été opérés de 1992 à 2010. Une patiente a été perdue de vue. Cinq patientes (âge moyen : 26,7 ± 2,2 ans), opérées des deux côtés, ont été revues pour cette étude par un observateur neutre (recul moyen : 7,9 ± 2,3 ans [sept mois à 18,9 ans]). L’ostéotomie a isolé, entre deux plans de coupe sur le radius distal, un coin osseux circonférentiel dont la base est prélevée sur les corticales excédentaires (radiales et dorsales). Il a été ensuite retourné et incorporé dans le foyer d’ostéotomie pour obtenir une fermeture sur les corticales excédentaires et une ouverture sur les corticales déficitaires. L’ostéosynthèse a été assurée par une plaque verrouillée remodelée. Trois poignets sur dix ont nécessité une ostéotomie de l’ulna pour supprimer un conflit ulno-carpien persistant. Les paramètres cliniques objectifs (morphologie du poignet, mobilités et force de préhension) et subjectifs (Quick-DASH et PRWE) ont été analysés, ainsi que les paramètres radiologiques spécifiques évaluant la déformation, décrits par McCarroll en 2005. Une modélisation vectorielle de l’intervention a été établie afin de calculer l’angle du coin osseux à partir de deux des cinq paramètres de McCarroll. Le test non paramétrique de Wilcoxon a été utilisé. Résultats.— La consolidation a été obtenue dans tous les cas à trois mois. Il n’y a pas eu de complication en dehors d’une hypoesthésie partielle de l’éminence thénar après l’ablation du matériel. L’amélioration de l’esthétique et des mobilités (flexion, pronation et supination) a été significative (p > 0,05), de même que les paramètres radiologiques. Toutes les patientes étaient satisfaites