Annales de réadaptation et de médecine physique 46 (2003) 432 www.elsevier.com/locate/annrmp
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Résultats de la rééducation périnéale chez 22 enfants présentant des troubles de la continence anale
C. Deleua, A. Dufoura, S. Frenoya, A. Leleua, V. Samyna, E. Dannab, C. Bouteillerc, M.D. Lamblind, A. Thévenone a
Kinésithérapeutes, b Cadre de santé en rééducation, c Chef de clinique, Unité de Médecine Physique et de Réadaptation, Hôpital Jeanne de Flandre, CHRU Lille ; d PH Service de Neuro-physiologie clinique, Hôpital R Salengro, CHRU Lille ; e Chef de Service de Médecine Physique et de Réadaptation, CHRU Lille, 59037 Lille, France Mots clés : constipation, incontinence, pédiatrie, rééducation Introduction : La prise en charge des enfants présentant des troubles de la continence ano-rectale est complexe. Le traitement médicamenteux seul peut être insuffisant car il a peu d’action sur la qualité de la retenue et sur la poussée défécatoire. Objectifs : Nous avons cherché à démontrer l’intérêt de la rééducation comme complément de la prise en charge pluridisciplinaire des enfants souffrant de constipation ou d’incontinence ano-rectale. Méthodes : Vingt deux enfants (5 incontinents, 17 constipés) ont bénéficié de rééducation au CHRU de Lille entre 1999 et 2003. Dix séances en moyenne (3–16) d’une heure hebdomadaire ont été réalisées sans interruption comportant un aspect éducation et un travail fonctionnel par biofeedback et électro-stimulation par électrodes de surface (apprentissage du relâchement périnéal et de la poussée chez le constipé et renforcement périnéal chez l’incontinent). Nous avons comparé avant et en fin de rééducation la qualité et le rythme des selles et la fréquence des souillures, le besoin en traitement médicamenteux. Résultats : Parmi les 5 incontinents 3 ont diminué la fréquence de leur fuites. Pour les 17 constipés, 76 % ont amélioré la quantité et la qualité des selles hebdomadaires et sur les 13 encoprétiques 77 % ont diminué la fréquence de leurs souillures. Le traitement médicamenteux a été allégé chez tous les patients en bénéficiant : lavements (47 %), laxatifs osmotiques oraux (41 %) et DHE (6 %). Discussion-Conclusion : 60 % des incontinents et 76 % des constipés traités dans notre équipe ont été améliorés sur le plan clinique en fin de prise en charge. La rééducation ano-rectale semble donc être un complément utile à la prise en charge des enfants avec des troubles de la continence anorectale. Cependant il est apparu nécessaire pour certain patients d’effectuer des séances de consolidation à distance. L’étude reste à poursuivre afin d’évaluer la pérennité des acquis à long terme. 1 Valencogne G, Dumont P, Louis D. Anatomie et physiologie du complexe ano-rectal, kinésithérapie scientifique, décembre 1996. 2 Emery, Descos, Meunier, Louis, Valancogne, Weil. Constipation terminale par asynchronisme abdomino-pelvien : analyse des données étiologiques, cliniques, manométriques et des résultats thérapeutiques après rééducation par biofeedback, gastro-entérologie clinique et biologique, janvier 1998.
doi:10.1016/S0168-6054(03)00158-2
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Quantification du réflexe anal à la toux. Etude des pentes de recrutement du réflexe en fonction du degré de remplissage
G. Amarenco, J. Kerdraon, S. Sheik-Ismael, P. Raibaut, I. Thiry-Escudé, D. Lagauche, O. Simon, B. Bayle Service de Rééducation Neurologique et d’Explorations Périnéales, Hôpital Rothschild, AP-HP, 33 bd de Picpus, 75571 Paris Cedex 12 Mots clés : réflexe anal à la toux, continence urinaire Introduction : La toux, la manœuvre de Vasalva, et plus généralement tout effort générant une hyperpression intra-abdominale s’accompagnent d’une contraction réflexe du sphincter anal (réflexe anal à la toux) et de l’ensemble des muscles périnéaux (réflexe périnéal à la toux), réflexes dont le niveau d’intégration supposé est dorso-lombaire. Plusieurs études électromyographiques ont démontré l’existence de réflexe, mais d’une part aucune quantification de celui-ci n’a jusqu’alors été décrite, et d’autre part, sa modulation en fonction de l’importance du stimulus n’est pas connue. Objectifs : Nous avons donc voulu quantifier le réflexe anal à la toux et le corréler à l’intensité de celle-ci pour vérifier l’existence d’une relation proportionnelle. Matériel et méthodes : 5 patientes indemnes de toute pathologie neurologique, adressée pour bilan urodynamique dans le cadre d’une symptomatologie « irritative » ont bénéficié d’une cystomanométrie en décubitus dorsal à 50 ml/mn avec enregistrement simultané des pressions intravésicale et intra-abdominale et de l’Emg de surface du sphincter anal. A 0 ml, 100 ml, 200 ml, 300 ml et 400 ml de remplissage était demandés 4 efforts de toux successifs gradés en intensité (toux faible, toux plus puissante, toux vigoureuse, toux maximale). Les données étaient enregistrées sur un automate Medtronic Duet, les courbes exportées sur Microsoft Excel pour traitement. La valeur de l’EMG intégré était à chaque toux comparée à l’intensité de celle-ci. Une pente de recrutement du réflexe anal à la toux (% aire de la réponse réflexe à la toux vs valeur de la pression de toux) était effectuée pour chaque niveau de remplissage vésical. Résultats : Pour chaque patiente, et pour chaque niveau de remplissage vésical, nous avons retrouvé une stricte corrélation entre l’intensité de la toux et l’importance de la réponse Emg du sphincter anal. Le degré de réplétion vésicale ne modifie pas la pente de recrutement du réflexe. Discussion : Le réflexe anal à la toux est un réflexe spinal comme en témoigne son absence chez les paraplégiques par lésion au dessous des métamères lombaires. Notre étude démontre que l’effort (de toux) n’entraîne pas une réponse contractile « binaire » du sphincter anal (et probablement des muscles périnéaux), mais une réponse différenciée, proportionnelle, graduée en fonction de l’intensité de l’effort demandé. Le réflexe anal à la toux semble ainsi bien être un réflexe de continence, tout particulièrement chez la femme, le réflexe bulbo-caverneux semblant plus correspondre à un réflexe sexuel.