r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 7 2 S ( 2 0 1 6 ) A54–A100
Introduction L’illusion de la pièce inclinée (IPI, room tilt illusion) est un trouble transitoire de la perception visuo-spatiale : une inclinaison paroxystique de la scène visuelle. Observation Une patiente de 68 ans fut admise au service des urgences pour des vertiges rotatoires avec nausées et vomissements. En plus, elle décrivait une sensation d’inclinaison de 90◦ de la pièce, régressive après 30 minutes. L’examen neurologique objectivait un nystagmus horizontal vers la droite et une dysmétrie bilatérale. L’IRM cérébrale montra une ischémie vermienne inférieure constituée : hypersignal en diffusion, chute de l’ADC, hypersignal FLAIR. Le bilan vasculaire mit en évidence une athéromatose non sténosante des troncs supra-aortiques. Un traitement antiplaquettaire fut instauré. L’évolution clinique fut marquée par une amélioration progressive de la symptomatologie vertigineuse et une récupération complète 4 jours après le début des symptômes. Tandis que des lésions vasculaires sont la cause la plus fréquente d’une illusion de la pièce inclinée, des origines inflammatoires, néoplasiques, des intoxications et des pathologies vestibulaires périphériques ont été décrites. Discussion L’IPI est une vision transitoirement inclinée de 90◦ ou inversée, durant de quelques secondes à plusieurs heures, liée à un mismatch entre l’orientation visuelle et vestibulaire. L’inclinaison marquée et la courte durée font la différence entre une déviation de la verticale visuelle subjective, liée à un déséquilibre du tonus vestibulaire compensé par les informations visuelles. Conclusion En raison des pathologies sous-jacentes hétérogènes et potentiellement délétères le syndrome de l’illusion de la pièce inclinée nécessite un bilan rapide basé sur une anamnèse et un examen clinique bien dirigé. Mots clés AVC ; Vestibulaire ; Perception Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts. Remerciements Remerciements : L. Lita, G. Carelli, C. Renglewicz-Destuynder, F. Vuillemet, N. Seroux, C. Klethi, S. Montaut. http://dx.doi.org/10.1016/j.neurol.2016.01.142 R10
Association entre diabète, incidence et mortalité des hémorragies cérébrales spontanées : étude de cohorte populationnelle
Marion Boulanger 1,∗ , Al-Shahi Salman Rustam 2 , Sarah Wild 3 1 Neurologie, CHU, Caen 2 Centre for clinical brain sciences, The University of Edinburgh, Édimbourg, Royaume-Uni 3 Usher institute for population health sciences and informatics, The University of Edinburgh, Édimbourg, Royaume-Uni ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (M. Boulanger) Introduction L’influence du diabète sur le risque de développer une hémorragie cérébrale spontanée (HCS) et de décès après HCS reste incertaine, possiblement du fait d’études de faible effectif combinant tous types de diabète. Objectifs Nos objectifs étaient d’étudier l’association entre le diabète de types 1 et 2 et l’incidence et la mortalité à 30 jours après admission à l’hôpital des HSC. Patients et méthodes Nous avons réalisé une étude de cohorte rétrospective de la population écossaise âgée de 40 à 89 ans entre 2004 et 2013 via les données nationales du registre du diabète, des certificats hospitaliers et de décès. Pour chaque type de diabète comparé à l’absence de diabète, les risques relatifs (RR) ajustés sur l’âge, le sexe et le statut
A61
socioéconomique (SES) d’HCS étaient calculés par régression de quasi-Poisson et les RR de décès à 30 jours étaient estimés par régression logistique. Résultats Soixante-dix-sept, 1275 et 9778 HSC se produisirent et la mortalité à 30 jours était de 44 %, 38 % et 36 % parmi les diabétiques de type 1, type 2 et non-diabétiques, respectivement. Les RR ajustés d’HSC étaient 1,74 (IC95 % : 1,36–2,19) pour le diabète de type 1 et 1,06 (IC95 % : 0,99–1,12) pour le type 2. Les RR ajustés de décès à 30 jours étaient 1,35 (IC95 % : 1,01–1,70) pour le diabète de type 1 et 1,04 (IC95 % : 0,96–1,13) pour le type 2. Discussion Le diabète de type 1 est associé à une augmentation du risque d’HSC et de décès à 30 jours après HSC. Il n’y a pas d’argument pour une association entre diabète de type 2 et HSC. Il s’agit de la plus grande étude sur l’association entre diabète et HCS ayant une puissance suffisante pour stratifier par type de diabète. Conclusion D’autres études sont nécessaires pour étudier si les caractéristiques du diabète (durée), la localisation des HCS et d’autres facteurs de confusion (hypertension, traitement antithrombotique) expliquent en partie ces résultats. Informations complémentaires Bourse SFNV 2014. Mots clés Diabète ; Hémorragie cérébrale spontanée ; Étude de cohorte Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.neurol.2016.01.143 R11
Infarctus cérébral et cannabis : étude prospective d’une cohorte de 114 AVC du sujet jeune
Claire Sechet 1 , Alina Lintia-Gaultier 2 , Benjamin Daumas-Duport 3 , Mathieu Sévin 1,∗ 1 Neurologie, CHU de Nantes, Nantes 2 Neuroradiologie, CHU de Nantes, Nantes 3 Neuroradiologie interventionnelle, CHU de Nantes, place Alexis-Ricordeau, Nantes, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (M. Sévin) Introduction L’étiologie des infarctus cérébraux du sujet jeune reste indéterminée dans près de 50 % des cas. La consommation de cannabis a été associée à des cas d’infarctus cérébraux, mais la fréquence et la nature de cette association restent mal connus. Objectifs Évaluer la fréquence de la consommation du cannabis dans une population d’infarctus cérébraux du sujet jeune, et déterminer les caractéristiques cliniques et paracliniques, le pronostic et les mécanismes associés à cette consommation. Patients et méthodes Cent quatorze patients consécutifs âgés de 15 à 55 ans, hospitalisés pour infarctus cérébral, ont bénéficié d’un dépistage urinaire et par interrogatoire de la consommation de cannabis. Les données cliniques, étiologiques et le pronostic ont été comparés entre les consommateurs de cannabis et les non-consommateurs. Le mode de consommation, la présence d’un vasospasme intracrânien, et l’imputabilité de l’AVC à la consommation de cannabis ont été étudiés. Résultats L’âge médian était de 44 ans. Le dépistage du cannabis était positif dans 16 % des cas. Les consommateurs étaient plus jeunes, et avaient un taux de récidive d’AVC plus élevé que les non-consommateurs. Plus de la moitié n’avait pas interrompu le cannabis à 3 mois de l’AVC. L’imputabilité de l’AVC à la consommation de cannabis était probable ou
A62
r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 7 2 S ( 2 0 1 6 ) A54–A100
certaine chez 50 % des consommateurs. Un vasospasme intracrânien était prouvé dans 11 % des cas. Discussion Le taux de consommation de cannabis dans notre cohorte est plus élevé que dans la population générale. La majorité sont des consommateurs chroniques. Les effets vasoactifs et arythmogènes du cannabis font partie des mécanismes potentiels. Les taux élevés de récidive et de poursuite du cannabis en post-AVC soulignent l’importance du dépistage du cannabis dans l’AVC du sujet jeune, et d’une prise en charge addictologique. Conclusion La consommation de cannabis est fréquente et associée à un pronostic défavorable chez les sujets jeunes victimes d’infarctus cérébral. Les mécanismes physiopathologiques sont multiples. Une prise en charge addictologique spécifique est nécessaire chez ces patients. Mots clés Infarctus cérébral ; Cannabis ; Sujet jeune Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.neurol.2016.01.144 R12
Réversion lésionnelle majeure après thrombectomie d’un infarctus cérébral sylvien étendu
Guillaume Fargeot 1,∗ , Ghaida Nasser 2 , Leon Maurice Ikka 3 , Olivier Chassin 1 , Laurent Spelle 2 , David Adams 1 , Christian Denier 1 1 Neurologie, hôpital Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre 2 Radiologie, hôpital Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre 3 Neuroradiologie interventionnelle, hôpital Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (G. Fargeot) Introduction Les hypersignaux en diffusion à la phase aiguë d’un infarctus cérébral sont partiellement réversibles. Nous rapportons le cas d’une patiente avec infarctus cérébral étendu et régression majeure des lésions en diffusion (RLD) après thrombectomie seule. Observation Une femme de 40 ans, a été hospitalisée dans notre service pour hémiplégie gauche brutale et mutisme, à 3 h 30 du début des symptômes. À l’examen, NIHSS = 20 avec hémiplégie et anesthésie gauche aux 3 étages, anarthrie, négligence, HLH gauche. L’IRM cérébrale a retrouvé un infarctus sylvien droit total (volume = 228 cm3 ) en rapport avec une occlusion carotido-sylvienne droite, un score ASPECTS = 0 et une absence de collatéralité d’avale (absence de flux lents). Une thrombectomie seule fut réalisée (contre-indication de la thrombolyse au vu de l’étendue de l’infarctus) avec reperméabilisation complète TICI 3 à 4 h 30 du début. L’évolution a été favorable avec un NIHSS à 8 à j7 et 1 à j15. L’évaluation à j7 de la taille de l’infarctus (séquence FLAIR) a montré une régression majeure des hypersignaux en diffusion (volume infarctus constitué = 88 cm3 soit 62 % de régression). L’évolution clinique et radiologique à 3 mois seront présentées au congrès. Discussion La RLD concerne environ 10–20 % des lésions et jusqu’à 50 % des patients. Les facteurs associés sont : taille initiale limitée de l’infarctus, recanalisation précoce, absence d’occlusion proximale, bonne collatéralité. Il existe une hétérogénéité au sein des hypersignaux en diffusion (zone d’hypoperfusion sévère réversible ou nécrose définitive) et dans la RLD, la substance blanche semblant plus résistante à l’ischémie. Conclusion Hypersignal en diffusion n’est pas synonyme de nécrose définitive mais peut être le marqueur d’une hypoperfusion sévère partiellement réversible. Les habitudes utilisées en thrombolyse IV ne sont peut-être pas transposables à la thrombectomie mécanique.
Mots clés Infarctus cérébral ; Thrombectomie ; Réversibilité hypersignaux diffusion Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.neurol.2016.01.145 R13
Réduction des délais de prise en charge des AVC aigus : méthode, premiers résultats et perspectives
Diane Demailly 1 , Denis Sablot 1,∗ , Clement Colas 2 , Christophe Gely 2 , Elisa De La Cruz 1 , Nicolas Gaillard 1 1 Neurologie, centre hospitalier de Perpignan, Perpignan 2 Sau, centre hospitalier de Perpignan, Perpignan ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (D. Sablot) Introduction Pour chaque UNV la réduction des délais est un challenge dont l’impact est majeur, évalué en moyenne à 1,8 journée d’autonomie supplémentaire pour chaque minute gagnée sur le délai door-to-needle (DTN) médian (Meretoja et al. Neurology 2014). Objectifs Nous rapportons un plan d’action visant à réduire la DTN sur le CH de Perpignan et les résultats intermédiaires à 8 mois. Patients et méthodes Après un cycle de formation et ajustement des procédures, monitorage prospectif des délais globaux (DTN) et intermédiaires pour les patients consécutifs traités de mars 2015 à novembre 2015. Les résultats rapportés mensuellement aux acteurs de la filière via une newsletter où toute perte de temps constatée lors d’une phase intermédiaire y est signalée. Cela donne lieu à des plans d’action trimestriels axés sur les points bloquants. L’impact est évalué par le DTN médian comparé au DTN2012–2014. Résultats Sur les 6 premiers mois, 106 dossiers ont été analysés dont 95 cas traités par tPA-IV, 11 cas transférés sur le CHU de Montpellier pour thrombectomie (Tm) sans thrombolyse IV. Une IRM initiale était réalisée dans 82 cas (96,5 %). Le DTN médian est de 63 minutes (min 26, max 171) soit une réduction de 24 minutes (DTN2012–2014 = 87 min.). L’analyse mois par mois fait apparaître une réduction des délais intermédiaires et du DTN (DTN médian 8e mois = 50 min vs DTN médian 5 premiers mois = 64 min. ; p < 0,05). Discussion Notre action a permis de réduire le DTN médian de 24 minutes ce qui suggère une réduction de la perte d’autonomie évaluée à 4104 jours pour les 95 patients traités sur l’UNV en 8 mois (hors Tm). Les perspectives sont de consolider la réduction des délais (et atteindre l’objectif d’un DTN médian à 45 minutes). Ce plan d’action piloté par un animateur filière ARS pourrait être reproduit sur d’autres UNV s’inscrivant dans cette démarche. Conclusion Notre action a permis de réduire la DTN de 24 minutes ce qui suggère une réduction de la perte d’autonomie évaluée à 4104 jours pour les 95 patients traités sur l’UNV (hors Tm). Mots clés Infarctus cérébral ; UNV ; tPA Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.neurol.2016.01.146 R14
Syndrome de Williams-Beuren : cause d’AVC ischémique chez le sujet jeune
Mohamed Chbicheb ∗ , Geneviève Fourcade , Diana Ratiu , Hafida Touzani , Maria-Cristina Simian , Jany Rey Neurologie, centre hospitalier de Narbonne, Narbonne