Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 33S (2014) A220–A225
une cytokine pro-inflammatoire majeure, et de MIP-2, une chimiokine responsable du recrutement des neutrophiles vers le tissu infecté, ont été diminuées par les 2 molécules. Seul le linézolide a été capable de réduire la production in vivo de TNF-a à 8- et 24hpi. En comparaison avec les animaux infectés, une augmentation des taux de TNF-a a été détectée à 24- et 48-hpi pour les animaux traités par vancomycine. Une diminution de l’activité MPO (témoin de l’accumulation des neutrophiles) a été mesurée dans le groupe linézolide après 8 et 48 heures d’infection. Cette observation a été confirmée par un marquage anti-Ly-6G sur des coupes de tissus pulmonaires en montrant une moindre infiltration des neutrophiles en comparaison avec les groupes témoins et vancomycine. Une augmentation temps-dépendante de la perméabilité endothéliale a été observée chez les animaux contrôles et traités par vancomycine. En revanche, une diminution de ce paramètre a été mesurée dans le groupe linézolide. Discussion Bien que montrant une activité antibactérienne comparable, le linézolide et la vancomycine ont montré des profils distincts en termes de statut inflammatoire pulmonaire. Ces données suggèrent que le linézolide, un inhibiteur de la synthèse protéique, pourrait être supérieur à la vancomycine en diminuant une réaction inflammatoire excessive et en protégeant le poumon des dommages associés au SARM. Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts.
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Discussion La prévalence de MRSA est élevée et l’antibiothérapie initiale de ce fait souvent inappropriée. Seul le sexe féminin apparaît comme facteur de risque de MRSA, ce qui a déjà été rapporté. En cas de résistance à la méthicilline, l’atteinte est plus profonde, nécessite plus souvent la chirurgie et entraîne également une tendance à une surmortalité. Tableau 1 Paramètre
% de SARM
SARM (n = 21)
SAMS (n = 83)
Femme Homme Membre inférieur Membre supérieur Atteinte profonde Atteinte superficielle Traitement chirurgical Traitement non chirurgical Décès Survie
33,3 15,6 28,9 15 41,7 14,1 43,5 13,6 66,7 19,8
9 12 11 9 10 10 10 11 2 19
18 65 27 51 14 61 13 70 1 77
p
0,048 0,0951 0,0113 0,0069 0,0708
Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.07.375
http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.07.374 R337 R336
Infections communautaires chirurgicales graves à staphylocoque : rôle pathogène des SARM
B. Allaouchiche ∗ , C. Puel , N. Doligez , D. Hayi-Slayman , E. Boselli , L. Bouvet Réanimation, Hôpital Édouard Herriot, Lyon, France ∗ Auteur correspondant. Introduction De nombreuses études américaines démontrent la grande prévalence des staphylocoques dorés résistants à la méthicilline (SARM) dans le cadre d’infections communautaires. Les études épidémiologiques en France sont plus rares et nous souhaitons rapporter notre expérience concernant des infections chirurgicales à staphylocoque et d’évaluer les facteurs de risques de résistance à la méthicilline. Matériel et méthodes Sur une période de 2 ans, tous les patients présentant une infection staphylocoque doré pouvant nécessiter un acte chirurgical ont été analysés : abcès osseux, hygroma, arthrite, cellulite, phlegmon, lymphangite, plaie surinfectée, infection sur corps étranger. Divers paramètres ont été colligés : âge, sexe, diabète, alcoolisme, toxicomanie, immunodépression, néoplasie évolutive, chimiothérapie, radiothérapie, corticothérapie, hospitalisation récente, antécédents familiaux de staphylococcie. Par ailleurs, la topographie des lésions, et la symptomatologie clinique ont été aussi recherchées. Les variables quantitatives sont exprimées en moyenne (DS) ou médiane (IQR) en fonction de la normalité de leur distribution et comparées par un test de Student ou de Mann–Whitney. Les variables qualitatives sont exprimées en % (nombre absolu) et comparées par un test de Chi2 . Une valeur de p < 0,05 est considérée comme significative. Résultats Cent quatre patients ont été inclus ; 77 hommes et 27 femmes. L’âge moyen était de 47 ans (± 2), 34 % avaient été hospitalisés récemment. On notait un diabète dans 12 cas, un alcoolisme dans 9 cas et une toxicomanie dans 3 cas. Sur le plan clinique, aucun patient ne présentait d’état de choc et 15 % présentaient une fièvre modérée. L’infection allait jusqu’au muscle dans 68 % des cas. La résistance à la méthicilline était retrouvée dans 20 % des cas et influenc¸ait la gravité de l’infection (Tableau 1). La toxine de Panton-Valentine a été retrouvée seulement 3 fois.
Caractéristiques clinico-épidémiologiques des infections à Acinetobacter baumannii en réanimation
B. Trabelsi ∗ , Z. Hajjej , B. Meddeb , I. Labben , H. Gharsallah , M. Ferjani Service anesthesie réanimation, Hôpital Militaire Principal d’Instruction, Tunis, Tunisie ∗ Auteur correspondant. Introduction Acinetobacter baumannii (AB) est un coccobacille à Gram négatif, commensal de la peau et notamment de ses régions humides et du tube digestif, qui peut être responsable d’infections nosocomiales sévères malgré sa faible virulence, en particulier dans les unités de réanimation et de soins intensifs et chez les patients immunodéprimés. L’objectif de notre étude était de caractériser et de déterminer le profil bactériologique des infections à AB dans une unité de réanimation. Matériel et méthodes Il s’agit d’une étude rétrospective effectuée dans une unité de réanimation médico-chirurgicale tunisienne de 18 lits, s’étendant sur une période d’une année du 1er janvier 2012 jusqu’au 31 décembre 2012. Les dossiers inclus étaient ceux des patients chez qui au moins un prélèvement bactériologique à AB correspondant à un épisode infectieux a été identifié. L’étude de la sensibilité aux antibiotiques a été réalisée selon les recommandations du « CA-SFM » [1]. L’analyse statistique a consisté en un calcul de paramètres simples utilisant le logiciel de statistique SPSS 20.0. Résultats Dans notre unité de réanimation, AB était le germe le plus isolé, avec 93 isolats sur un total de 431 correspondant à un taux de 21,6 % de tous les isolats bactériologiques. Soixantedix isolats étaient en rapport avec une infection sur un total de 326 correspondant à un taux de 21,5 %, recensés chez 43 patients (Tableau 1). L’âge moyen des patients était de 50,84 ± 17,83 avec une nette prédominance masculine (69,8 %). Dans 60,5 % des cas, le motif d’admission était médical. Vingt-trois patients (54,3 %) ont étés transférés soit d’un hôpital public soit d’une clinique privée. Le délai moyen de diagnostic d’une infection à AB était de 14,79 ± 20,79 jours. La mortalité était de 58,1 % (n = 25). Les souches isolées étaient résistantes dans 100 % des cas à la ceftazidime et à l’imipénème, dans 91 % à la gentamicine, dans 84 % à la tobramycine, et dans 88,1 % à l’amikacine. Les souches testées étaient sensibles