Infections des voies urinaires : impact économique de la consommation d’eau

Infections des voies urinaires : impact économique de la consommation d’eau

Progrès en urologie (2015) 25, 590—597 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com ARTICLE ORIGINAL Infections des voies urinaires...

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Progrès en urologie (2015) 25, 590—597

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com

ARTICLE ORIGINAL

Infections des voies urinaires : impact économique de la consommation d’eau Urinary tract infections: Economical impact of water intake F. Bruyère a,∗, I. Buendia-Jiménez b, A. Cosnefroy b, I. Lenoir-Wijnkoop b, I. Tack c, L. Molinier d, M. Daudon e, M.J.C. Nuijten f a

Service d’urologie, université Franc¸ois-Rabelais PRES centre Val-de-Loire, CHRU de Tours, 2, boulevard Tonnellé, 37044 Tours, France b Danone Research, RD128, 91767 Palaiseau cedex, France c Inserm U1048, service de physiologie clinique, CHU Rangueil, 31000 Toulouse, France d Service d’information médicale, hospitaux de Toulouse, 2, rue Viguerie, 31000 Toulouse, France e Service de physiologie clinique, Tenon Hospital, 149, rue de Sèvres, 75743 Paris cedex 15, France f Ars Accessus Medica, Dorpsstraat 75, Amsterdam, Pays-Bas Rec ¸u le 16 janvier 2015 ; accepté le 26 mai 2015 Disponible sur Internet le 27 juin 2015

MOTS CLÉS Infection urinaire ; Coût ; Hydratation

Résumé But. — Cette étude vise à évaluer l’impact de la prévention des infections des voies urinaires (IU), en utilisant une stratégie d’augmentation de la consommation de l’eau, du point de vue du payeur dans le système de soins de santé franc ¸ais. Méthode. — Un modèle de Markov a permis une comparaison des coûts de soins de santé et les résultats d’une cohorte virtuelle de sujets avec différents niveaux de consommation d’eau quotidienne. L’analyse de l’impact budgétaire était basée sur une période de 5 ans. L’analyse du cas de base a été basée sur une période de suivi de 25 ans pour évaluer les effets de l’apport d’eau suffisant sur les complications à long terme. Résultats. — L’incidence annuelle des infections urinaires et le risque annuel de récidive étaient estimés à 5,3 % et 30 %, respectivement. La réduction des risques associés à une augmentation de la consommation en l’eau a atteint 45 % et 33 % pour la population générale et pour la population avec récidive, respectivement. Le coût des soins de santé total moyen d’un seul épisode IU



Auteur correspondant. Adresses e-mail : [email protected] (F. Bruyère), [email protected] (I. Buendia-Jiménez), [email protected] (I. Lenoir-Wijnkoop), [email protected] (I. Tack), [email protected] (L. Molinier), [email protected] (M. Daudon), [email protected] (M.J.C. Nuijten). http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2015.05.010 1166-7087/© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Infections des voies urinaires : impact économique de la consommation d’eau

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est de 1074 D ; pour une population de 65 millions, la gestion des IU représente un coût de 3,700 millions D pour les contribuables. Avec l’apport en eau suffisant, le modèle indique un potentiel d’économies de 2,288 millions d’euros par an, en empêchant 2 700 000 épisodes d’IU. Au niveau individuel, les économies potentielles de coût sont d’environ 2915 D . Conclusions. — La prévention des infections des voies urinaires en utilisant une stratégie d’augmentation des apports hydriques pourraient conduire à d’importantes économies de coûts pour un système de soins de santé publique. D’autres études sont nécessaires pour évaluer l’efficacité d’une telle approche. Niveau de preuve.— 5. © 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDS Urinary tract infection; Health cost; Hydration

Summary Backgrounds. — This study aims to estimate the impact of preventing urinary tract infections (UTI), using a strategy of increased water intake, from the payer’s perspective in the French health care system. Methods. — A Markov model enables a comparison of health care costs and outcomes for a virtual cohort of subjects with different levels of daily water intake. The analysis of the budgetary impact was based on a period of 5 years. The analysis was based on a 25-year follow-up period to assess the effects of adequate water supply on long-term complications. Results. — The authors estimate annual primary incidence of UTI and annual risk of recurrence at 5.3% and 30%, respectively. Risk reduction associated with greater water intake reached 45% and 33% for the general and recurrent populations, respectively. The average total health care cost of a single UTI episode is D 1074; for a population of 65 millions, UTI management represents a cost of D 3.700 millions for payers. With adequate water intake, the model indicates a potential cost savings of D 2.288 millions annually, by preventing 27 million UTI episodes. At the individual level, the potential cost savings is approximately D 2915. Conclusions. — Preventing urinary tract infections using a strategy of adequate water intake could lead to significant cost savings for a public health care system. Further studies are needed to assess the effectiveness of such an approach. Level of evidence.— 5. © 2015 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Introduction Les infections urinaires non compliquées (UI) sont parmi les maladies infectieuses les plus répandues dans le monde, en particulier chez les femmes [1]. Les données des États-Unis indiquent que 50 % des femmes souffrent d’au moins un épisode d’lU au cours de leur vie. En Europe, on dénombre environ 12 UI sur 1000 consultations médicales, conduisant à de substantiels coûts de soins de santé [1]. Bien que les antibiotiques oraux peuvent réussir à traiter les épisodes aigus dans la majorité des cas [2], leur utilisation généralisée soulève des préoccupations de résistance [3] antibiotique. En outre, le caractère récidivant de la maladie contribue également aux coûts et à la morbidité, tant dans le court et le long terme [1,4]. Des études ont montré des risques de récidive à six mois allant de 17 à 24 % chez les femmes [4,5] et de 47 % à 12 mois malgré une prophylaxie [3]. L’incidence des complications cliniques varie de 14 % chez les femmes à 48 % chez les hommes. En résumé, l’UI est un fardeau économique important pour les systèmes de soins de santé et

la prévention est une mesure importante pour réduire ces coûts [4,5]. Les UI communautaires sont presque exclusivement dues aux entérobactéries provenant du réservoir rectal [6]. Un lavage efficace de l’appareil urinaire par le passage de l’urine est essentiel pour réduire la charge uropathogène, qui dépend elle-même de la vidange vésicale régulière et complète et de l’apport hydrique approprié [7,8]. Une étude menée par Nygaard et Linder a montré que les femmes qui buvaient moins que ce qu’elles désiraient au travail avait un risque 2,2 fois (p = 0,002) plus élevé de développer des infections urinaires que les femmes qui buvaient à volonté, ce qui suggère que la restriction hydrique augmente significativement le risque d’UI [9]. Ces résultats sont en accord avec ceux de Eckfort et al., qui indiquaient que des diminutions individuelles dans l’osmolalité urinaire, comme un marqueur de l’augmentation de l’apport d’eau, sont associée à une incidence significativement réduite des épisodes d’UI récidivantes. Ce fait pousserait à surveiller régulièrement le statut d’hydratation [10].

592

F. Bruyère et al.

Malgré les preuves disponibles suggérant un lien entre l’hydrodynamique urinaire et la fréquence des épisodes d’UI, des recherches antérieures n’ont pas établi d’économies potentielles qui pourraient découler de l’apport hydrique approprié chez ces malades. Il y a néanmoins des raisons de croire que ces économies seraient substantielles ; en prenant les données de consommation hydrique pour la France par exemple, il semble que la majorité de la population ne suit pas les recommandations de l’Autorité européenne de sécurité des aliments [11,12]. L’objectif de cette étude est donc d’estimer l’impact clinique et économique de la prévention des épisodes d’UI en utilisant une stratégie d’augmentation de la consommation d’eau. L’étude a été réalisée à partir de la perspective d’un ¸ais en 2010. payeur dans le système de soins de santé franc

Méthode Nous avons développé un modèle analytique de décision pour estimer la rentabilité de la gestion des UI dans une cohorte de sujets virtuels avec apport hydrique suffisant (deux litres/jour) par rapport à faible (moins de deux litres/jour). Les sources de données ont inclus la littérature publiée, les essais cliniques, les listes officielles de prix franc ¸ais/tarifaires et statistiques démographiques nationales, et un panneau d’experts Delphi.

Modèle de conception Nous avons construit un modèle de Markov afin de calculer et comparer les coûts et les résultats pour les sujets virtuels (Fig. 1). Dans un modèle de Markov, tous les événements sont représentés comme des transitions d’un stade à l’autre. La probabilité de transition d’un état à l’autre en une seule étape est la « probabilité de transition ». Dans cette étude, nous avons analysé les probabilités de transition pour décrire plusieurs états de santé dans lequel les gens peuvent être et se déplacer vers et à partir au fil du temps. La progression

Figure 1.

Modèle de Markov pour consommatin hydrique adequate.

à partir de n à n + 1 est appelée un cycle. Le modèle utilise un cycle de 1 an et le temps de suivi était de 5—25 ans. Les états de Markov sont les suivantes : • pas d’UI : les personnes peuvent développer une infection urinaire ou non. Une personne qui ne développe pas une UI reste dans l’état « non UI ». Les patients auront une probabilité de réponse au traitement : les patients passent à l’état « non UI après une précédente UI ». Les patients qui ne répondent pas au traitement peuvent aussi passer à l’état « non UI après une précédente UI », tandis que les non-répondeurs commencent le traitement de trois lignes. L’hypothèse est que les non-répondeurs à un traitement de trois lignes sont traités jusqu’à ce qu’ils récupèrent de l’UI (par exemple, hospitalisation) ; • pas d’UI après UI : les patients peuvent ou peuvent ne pas développer une infection urinaire récidivante. La description des transitions est similaire à celui pour la sous-modèle « pas UI », sauf que les probabilités sont différentes. Par exemple, les patients ayant des antécédents d’UI ont une plus forte probabilité d’une infection urinaire que celles sans précédente UI ; • une maladie rénale chronique (IRC) : les personnes qui développent une IRC restent dans cet état pour le reste de l’horizon temporel du modèle. Ils ont une probabilité de mourir et se déplacent à l’état « décédé ». Les patients de cet état de santé peuvent basculer entre dialyse et transplantation ; • décès.

Population à l’étude L’analyse a été effectuée pour une population virtuelle buvant moins de deux litres de liquide par jour, soit environ 80 % de la population franc ¸aise [13].

Horizon L’analyse de l’impact budgétaire était basée sur une période de 5 ans. L’analyse du cas de base a été basée sur une

Infections des voies urinaires : impact économique de la consommation d’eau période de suivi de 25 ans pour évaluer les effets de l’apport d’eau suffisant sur les complications à long terme.

Perspective et réglage La perspective de l’étude dans l’analyse du cas de base était celle du payeur franc ¸ais. Il comprend les coûts médicaux directs et les coûts indirects dus à la perte de productivité.

Évaluation des coûts L’évaluation de coût était basée sur l’utilisation de la ressource associée à chaque état de santé. Nous nous sommes concentrés sur les coûts associés à l’UI : complications liées au traitement et IRC. La différence de coût marginal était basée sur les différents coûts liés à l’UI et ses complications aiguës et à long terme. Nous avons pris en compte la disponibilité des données entrées de coûts du modèle de différentes années. Les entrées ont été corrigées des coûts 2009, car aucune donnée de l’inflation 2010 n’était disponible au moment de cette étude.

Analyse Analyse de cas de base Une analyse coût-efficacité comparait les coûts et les résultats des stratégies de rechange de la perspective d’un individu dans la société. Un ratio coût-efficacité différentiel (RCED) représente l’efficacité et les coûts supplémentaires liés à un apport d’eau suffisant et comparé au groupe à faible consommation d’eau.

Tableau 1 modèle.

593 Résumé des données cliniques appliquées au

Probabilités

Valeur

Source

Incidence des IU 0,07 (population normale)

Elkharrat, 2007

Incidence primaire

0,053

Calcul

Récidive d’IU 1re année Années suivantes

0,30 0,05

Ikaheimo, 1996

0,62

Delphi

0,45

Delphi

Risque de pyélonéphrite

0,06

Skerk, 2009

IRC liée à pyélonéphrite

0,04

REIN report, 2008

Risque d’IRC post-IU

0,00345 Calcul

Réponse Traitement de 1re ligne Traitement de 2e ligne

Réduction du risque par apport hydrique adapté Prévention primaire Prévention secondaire Mortalité Population générale Dialyse Transplantation

0,455 0,330

Nygaard, 1997 Eckford, 1995

0,0124 0,185 0,040

www.indexmundi.com/ Nuijten Nuijten

Analyse d’impact budgétaire L’analyse de l’impact budgétaire évaluait l’effet économique d’un nouvel événement et son intervention.

Probabilités d’événements cliniques Le Tableau 1 présente toutes les variables d’entrée cliniques. Cinq millions d’épisodes UI sont signalés chaque année en France, ce qui correspond à une incidence de 7,7 % (y compris les récidives) [14]. En supposant un taux de récidive de 30 % dans la première année, nous avons estimé le nombre de personnes avec une infection initiale chaque année à 3,5 millions, ce qui correspond à une incidence primaire de 5,3 %. Selon la littérature disponible, la probabilité annuelle de récidive UI à travers les années est estimé à 5 % [15]. Pour identifier les schémas de traitement représentatifs et homogènes, nous avons utilisé la méthode Delphi pour déterminer les réponses à un traitement antibiotique. Les experts consultés inclus sept médecins généralistes, deux urologues et deux gynécologues de différentes régions de France. La réponse au traitement antibiotique a été fondée sur des estimations à partir du panneau Delphi : la réponse d’une ligne de 62 %, la réponse de deux lignes de 45 % et la réponse de trois lignes de 42 %.

La probabilité de pyélonéphrite secondaire à l’UI a été fixé à 6 % [13]. Appliqué à la population générale, la probabilité de pyélonéphrite secondaire était donc 6 % des 5,3 %, soit 0,3 % (n = 206 700 sur la base de 65 millions). Selon le réseau Renal Epidemiology and Information Network, 4 % des cas d’IRC résulteraient de pyélonéphrite [16]. La prévalence des IRC en phase terminale est d’environ 37 000 et l’incidence annuelle est d’environ 15 % pour les patients atteints d’insuffisance rénale terminale (10 500) [17]. Ainsi, le risque annuel d’insuffisance rénale consécutive à une infection urinaire est de 420 ÷ 206 700 (c’est-à-dire, 0,2 %).

Réduction des risques d’infection urinaire basée sur un apport hydrique adapté Nygaard et Linder’s [9] ont montré que les femmes buvant moins que ce qu’elles désiraient au travail ont un risque augmenté d’infection de 2,2 fois. Dans le modèle, nous avons appliqué la réduction du risque de 2,2 à l’incidence des infections urinaires de 5,3 % (1/2,2 est 0,455 fois 5,3 %).

594

Les coûts de traitement Le Tableau 2 présente un résumé de toutes les dépenses effectuées pour le modèle, basé sur l’utilisation des ressources à partir du panneau Delphi et listes officielles de prix en France. Les coûts directs comprenaient les soins hospitaliers et ambulatoires, mais pas les frais de transport. Nous avons évalué les coûts d’hospitalisation (par exemple, les soins infirmiers, les soins, pharmacie, diagnostiques, tests de laboratoire, le personnel, l’équipement général, l’administration, la sécurité, l’approvisionnement central, diététique, services sociaux). Nous avons évalué les soins ambulatoires et les procédures médicales effectuées en dehors de l’hôpital selon les tarifs d’assurance-maladie sociale. Nous avons estimé les coûts unitaires pour 2010 et les exprimons en euros (D ). Nous avons calculé les coûts indirects en utilisant un nombre moyen de jours de travail perdus en raison de la maladie [18]. Le groupe Delphi a défini le nombre de journées de travail perdues. Le coût par jour de travail perdu était de 300 euros.

F. Bruyère et al. Tableau 2

Résumé des couts appliqués au modèle.

Item Consultation Urologie Gynécologie MG Spécialiste (téléphone) Diagnostic ECBU Microscopie urinaire Hématologie Bandelette urinaire Cystoscopie Échographie Uro-scanner

Résultats Évaluation des coûts L’analyse du cas de base indique que le coût total de la santé d’un seul épisode d’UI est, en moyenne, de 1074 D . Les parties du coût total moyen directement attribuables au traitement UI et à des complications/hospitalisations sont 319 D et 233 D , respectivement. Les coûts indirects représentent, en moyenne, 522 D . Le modèle suppose que 97 % des patients étaient initialement diagnostiqués et traités par leurs médecins généralistes (MG). Les 3 % restants des patients sont directement diagnostiqués et traités par des spécialistes.

Incidence du budget sur la population récidivante

23,00 23,00 23,00 22,00

www.ameli.fr

18,90

www.stats.atih. sante.fr

4,05 19,98 0,54 38,40 56,70 151,05 Coûts annuels (D )

Coût par session

54 463

349,12 D

IRC—hémodialyse 4357 IRC—transplantation (1re année) 1435 IRC—transplantation (après 1re année) Coût/événement (D ) Complications Pyelonéphrite

Insuffisance rénale

Urosepsis

L’impact budgétaire annuel, de la population récidivante est d’environ 854 000 000 euros. Un apport hydrique adapté dans 100 % de cette population conduirait à des économies annuelles de 598 000 000 euros et 720 000 épisodes évités.

30 % de 4357 D

Durée de séjour

1587,20 3596,14 4681,13 6062,49 1828,53

3,03 8,38 11,50 13,92 3,94

3711,96 5289,99 6580,12 2979,37 5406,31 8270,42 11 901,66

8,15 11,68 16,12 7,05 11,68 16,23 23,84 Coût/jour (D )

Rentabilité Notre analyse du cas de base pour la population générale montre que la consommation hydrique adaptée pourrait faire économiser 2057 D en moyenne par personne du point de vue du payeur. Pour la population récidivante, l’apport hydrique pourrait faire économiser 587 D en moyenne par personne du point de vue du payeur. Les Tableaux 4 et 5

Source

IRC

Incidence du budget sur la population générale Nous avons estimé l’impact annuel de budget (Tableau 3) pour l’UI basé sur 65 millions d’habitants, soit 3,770 millions D pour le système de soins de santé franc ¸ais en 2010. Un apport hydrique adapté dans 100 % de la population conduirait à des économies potentielles annuelle de 2,288 millions D et 2 770 000 d’UI évités.

Coûts (D )

Coûts indirects

32,800

89,86

Infections des voies urinaires : impact économique de la consommation d’eau Tableau 3

Budget annuel.

Population générale Budget annuel économisé Si 100 % de la population boit 2 L de liquide/jour Si 75 % de la population augmente son apport hydrique Si 50 % de la population augmente son apport hydrique Si 25 % de la population augmente son apport hydrique

Coût médical (million), D

Coûts indirects (million), D

Coût total (million), D

Nombre d’IU évités (million)

1175

1113

2288

2,77

881

835

1716

2,08

588

557

1144

1,38

294

278

572

0,69

307

291

598

0,72

230

218

448

0,54

153

145

299

0,36

77

73

149

0,18

Population récidivante Budget annuel économisé Si 100 % de la population boit 2 L de liquide/jour Si 75 % de la population augmente son apport hydrique Si 50 % de la population augmente son apport hydrique Si 25 % de la population augmente son apport hydrique

Tableau 4

595

Résultat de l’analyse cout/efficacité. Coûts (D )

QALYs

Événements

25 ans si 100 % d’observants Si apport hydrique adapté Si apport hydrique faible Différence

2078 4135 −2057

15,32 15,30 0,02

1,85 2,24 −0,39

ICER si 75 % d’observants Si apport hydrique adapté Si apport hydrique faible Différence

2592 4135 −1543

15,32 15,30 0,02

1,95 2,24 −0,29

ICER si 50 % d’observants Si apport hydrique adapté Si apport hydrique faible Différence

3106 4135 −1029

15,31 15,30 0,01

2,05 2,24 −0,20

ICER si 25 % d’observants Si apport hydrique adapté Si apport hydrique faible Différence

3621 4135 −514

15,31 15,30 0,01

2,15 2,24 −0,10

présentent les résultats de l’analyse coût-efficacité en des deux populations générales et récidivantes.

Analyses de sensibilité Pour les 2 populations, l’analyse de sensibilité a révélé que, parmi les paramètres utilisés dans le modèle, à la fois sur le taux d’incidence et le taux de récidive, le bénéfice de l’apport hydrique adapté d’eau a le plus grand effet sur les résultats économiques.

Discussion Le rapport 2010 de Union européenne indique que les dépenses de soins de santé ont augmenté depuis que les gouvernements ont permis des soins de santé universels. En outre, les dépenses devraient continuer à augmenter à l’avenir en raison du vieillissement de la population et l’augmentation des attentes du public liée à l’accessibilité et la qualité des soins [19]. Bien que l’UI est une pathologie fréquente, son coût réel pour l’Europe est encore inconnu. Aux États-Unis, Foxman

596 Tableau 5

F. Bruyère et al. Résultat de l’analyse coût/efficacité pour la population récidivante.

25 ans

Coûts (D )

QALYs

Événements

Si 100 % d’observants Si apport hydrique adapté Si apport hydrique faible Différence

10 318 10 921 −603

15,17 15,17 0,00

2,06 3,38 −1,32

Si 80 % d’observants Si apport hydrique adapté Si apport hydrique faible Différence

10 439 10 921 −483

15,17 15,17 0,00

2,32 3,38 −1,06

Si 75 % d’observants Si apport hydrique adapté Si apport hydrique faible Différence

10 469 10 921 −452

15,17 15,17 0,00

2,39 3,38 −0,99

Si 50 % d’observants Si apport hydrique adapté Si apport hydrique faible Différence

10 620 10 921 −302

15,17 15,17 0,00

2,72 3,38 −0,66

Si 25 % d’observants Si apport hydrique adapté Si apport hydrique faible Différence

10 770 10 921 −151

15,17 15,17 0,00

3,05 3,38 −0,33

et al. ont évalué un coût total moyen de 62,2 $ (48,4 euros) par épisode et un coût total de 1,6 milliard de dollars (1,2 milliards d’euros) en 1995 [4]. Ce chiffre est probablement sous-estimé parce que les auteurs n’avaient pas considéré les coûts indirects et les complications. Notre étude, y compris ces paramètres dans le modèle, estime un coût moyen de 1105 D (860 D ) par épisode d’UI en France et un coût de l’impact budgétaire total de 3,7 milliards D (2,8 milliards D ) en 2010. Dans la limite de nos connaissances, notre étude est la première estimation des coûts des UI en France. Un moyen efficace de réduire les coûts de soins de santé est de prévenir les maladies courantes, telles que l’UI. Cette étude évalue l’impact économique et clinique de l’apport hydrique suffisant comme une approche importante de prévention primaire pour réduire les coûts de soins de santé. Nous avons estimé les économies de coûts potentiels en utilisant un modèle de Markov qui prend en compte la réduction des risques d’infection par un apport hydrique suffisant [9,10]. Les résultats de notre étude sont dans la perspective du payeur, représentant soit des compagnies d’assurance ou le gouvernement, et les résultats sont présentés comme des économies annuelles. Les payeurs pourraient atteindre des économies considérables grâce à la prévention d’un nombre important d’épisodes UI et les complications associées, même si seulement 25 % de la population respectait les recommandations d’apport hydrique. Nous nous sommes appuyés sur 2 grandes hypothèses de ce modèle. Tout d’abord, nous avons calculé l’économie dans le système de soins de santé publique. Par conséquent, nous n’avons pas inclus le fardeau des coûts pour la population, tels que le coût de l’eau. Deuxièmement, l’incidence de 5,3 % d’UI concerne la population totale ; toutefois, les

UI affectent les femmes plus souvent que les hommes, donc les efforts de prévention devraient être concentrée sur les femmes comme une population à risque élevé. Notre étude a ses points forts et ses limites. La principale force de ce modèle est l’utilisation d’un processus de Markov. Ce type de modèle est approprié pour les situations où les événements se répètent souvent [18]. Parce que les patients avec infection urinaire sont soumis à des épisodes récurrents et des complications, et parce que le nombre d’états de santé possibles est fini, nous avons préféré un processus de Markov aux techniques analytiques standard de décisions. En outre, notre étude fournit des données pour évaluer les économies potentielles pour les programmes de mise en œuvre. Les résultats peuvent aider les campagnes de sensibilisation de la population à l’intérêt d’augmenter leurs habitudes de consommation hydrique. Nos résultats sont basés sur les données de la France uniquement ; ils ne sont pas généralisables aux autres pays, parce que les dépenses effectuées pour le modèle sont spécifiques à l’établissement de soins de santé franc ¸ais. En outre, l’incidence des UI pourrait être influencée par différentes caractéristiques de la population, tels que la géographie, style de vie, la disponibilité de l’eau et d’autres facteurs. Néanmoins, le même modèle peut être facilement appliqué dans d’autres pays en adaptant les coûts des soins de santé et la prévalence de l’infection urinaire. Nous avons calculé les valeurs la réduction des risques pour la population franc ¸aise totale en utilisant les mêmes critères pour les adultes et les enfants. Cependant, les jeunes affichent une plus faible prévalence des infections urinaires, et l’hydratation joue un rôle différent dans cette sous-population. D’autres recherches devraient appliquer notre modèle séparément pour les populations d’adultes

Infections des voies urinaires : impact économique de la consommation d’eau et d’enfants. Enfin, les preuves scientifiques étayant la réduction du risque d’infection urinaire par des quantités suffisantes d’eau doivent être renforcées. Des essais cliniques randomisés bien conc ¸us sont nécessaires pour confirmer cette hypothèse.

Conclusion L’impact budgétaire et l’analyse coût-efficacité montrent que la prévention des infections urinaires par un apport hydrique adapté peut entraîner des économies de coûts significatives pour les systèmes de soins de santé et réduire le nombre de récidive d’infection. D’autres recherches sont nécessaires pour confirmer l’efficacité de ce modèle dans des conditions réelles.

Déclaration d’intérêts F. Bruyère, I. Tack, L. Molinier, M. Daudon, M.J.C. Nuijten ont rec ¸u des honoraires comme consultants pour Danone. I. Buendia-Jiménez, A. Cosnefroy, I. Lenoir-Wijnkoop étaient employés par Danone lors de la mise en place de l’étude.

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