ARCPED-3736; No of Pages 6
Rec¸u le : 15 mai 2014 Accepte´ le : 24 juin 2014
Disponible en ligne sur
ScienceDirect www.sciencedirect.com
Me´moire original
Infections ne´onatales a` ente´rovirus en France en 2012§ Neonatal Enterovirus infections reported in France in 2012 S. Soude´ea,*, I. Schuffeneckerb, J. Aberchiha, L. Jossetb, B. Linab, O. Bauda, V. Birana a
Service de re´animation et pe´diatrie ne´onatales, universite´ Paris 7, hoˆpital Robert-Debre´, AP–HP, 48, boulevard Se´rurier, 75019 Paris, France b Centre de biologie Est, centre national de re´fe´rence des ente´rovirus et pare´chovirus, laboratoire de virologie, 59, boulevard Pinel, 69677 Bron cedex, France
Summary
Re´sume´
Enteroviruses (EVs) are among the most common viruses infecting humans. One-third of EV infections affect children under 1 year of age. Neonatal EV infections lead to a wide range of clinical manifestations, from mild febrile illness to severe, potentially fatal sepsis-like conditions with multiorgan failure. EV detections by serotype are reported by the National Reference Centre for EV Infections Lyon on a monthly basis. Demographic, clinical, and biological data were also collected in neonates hospitalized in 2012 for EV infection. Two subgroups were identified according to the beginning of symptoms: until 8 days of life (D8) or strictly after D8. There were 120 neonatal EV infections. Before D8, children with severe infection were born more prematurely with a low birth weight. The EVs most commonly detected in neonates were CV-B4 and E-11. Risk factors for severe EV infections included liver (73% before D8) and hematological damage (thrombocytopenia, 82%; coagulopathy, 64% before D8). This study suggests that systematic serotyping of neonatal EV infections and biological monitoring of liver function could be useful for early identification of children at high risk of clinical severity and fatality. ß 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Les ente´rovirus (EV) sont parmi les virus les plus fre´quemment rencontre´s chez l’homme. Un tiers des infections a` EV touche des enfants de moins de 1 an. Les manifestations cliniques sont extreˆmement variables allant d’une fie`vre isole´e a` la de´faillance multivisce´rale pouvant associer une he´patite avec troubles de la coagulation, une myocardite ou une ence´phalite. A` partir de la base de donne´es du Centre national de re´fe´rence des infections a` EV de Lyon, nous avons e´tudie´ les donne´es de´mographiques, cliniques et biologiques des enfants de moins de 1 mois hospitalise´s en 2012 en France pour infection a` EV. Deux sous-groupes ont e´te´ constitue´s en fonction de la date de de´but des symptoˆmes : les infections pre´coces ayant de´bute´ jusqu’a` 8 jours de vie (j8) et les infections tardives ayant de´bute´ strictement apre`s j8. Cent vingt dossiers ont e´te´ analyse´s. Jusqu’a` j8, les enfants pre´sentant une infection se´ve`re e´taient ne´s plus pre´mature´ment avec un plus faible poids de naissance et les coxsackies CV-B4 et l’e´chovirus E-11 e´taient les plus repre´sente´s. Les crite`res de gravite´ clinique e´taient l’atteinte he´patique (73 % dans les formes se´ve`res jusqu’a` j8) et he´matologique (82 % de thrombope´nie et 64 % de coagulation intravasculaire disse´mine´e dans les formes se´ve`res jusqu’a` j8). Ces re´sultats sugge`rent une feneˆtre de vulne´rabilite´ des infections a` EV chez les nouveau-ne´s infecte´s jusqu’a` j8, avec un tropisme he´patique du virus dans les infections se´ve`res. Nous recommandons la re´alisation d’un se´rotypage syste´matique des infections a` EV ne´onatales ainsi que la surveillance biologique de la fonction he´patique afin de repe´rer pre´cocement les enfants a` risque de de´gradation clinique. ß 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.
§
Ce travail a fait l’objet d’une communication orale lors des JNN 2014. * Auteur correspondant. e-mail :
[email protected],
[email protected] (S. Soude´e).
http://dx.doi.org/10.1016/j.arcped.2014.06.022 Archives de Pe´diatrie 2014;xxx:1-6 0929-693X/ß 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.
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S. Soude´e et al.
1. Introduction Les ente´rovirus (EV) appartiennent a` la famille des picornaviridae, genre Enterovirus. Il existe 4 espe`ces d’EV humains classe´s en 106 se´rotypes (poliovirus, e´chovirus, coxsackies et EV nume´rote´s) [1]. Ces virus sont parmi les plus fre´quemment rencontre´s chez l’homme. On estime a` 10 a` 15 millions le nombre d’infections symptomatiques par an dues a` l’EV aux E´tats-Unis [2]. Dans les pays tempe´re´s, il semble exister un caracte`re saisonnier avec une pre´dominance des infections a` EV en e´te´ [3,4]. En Europe, les se´rotypes les plus fre´quemment rencontre´s sont les e´chovirus E-6, E-9, E-11, E-13, E-30 et les coxsackies CV-A9, CV-A16, CV-B2 a` CV-B5 [5]. Un tiers des infections a` EV touche de enfants de moins de 1 an [2,5]. Aux E´tats-Unis, les infections ne´onatales repre´sentent 10 % des infections a` EV [3]. La transmission de l’infection peut eˆtre ante-, per- ou post-natale. Les manifestations cliniques des infections a` EV sont extreˆmement variables allant d’une fie`vre isole´e a` la de´faillance multivisce´rale pouvant associer une he´patite avec troubles de la coagulation, une myocardite ou une ence´phalite. Aucune the´rapeutique spe´cifique n’est actuellement disponible [6,7]. Un essai clinique de phase II est en cours pour e´valuer l’efficacite´ du ple´conaril sur les sepsis associe´s aux EV chez les nouveau-ne´s de moins de 15 jours. L’objectif de notre travail e´tait de de´crire les caracte´ristiques cliniques et virologiques des infections a` EV chez les nouveau-ne´s de moins de 1 mois en France en 2012 et d’e´tudier les crite`res de gravite´ dans cette tranche d’aˆge.
2. Mate´riel et me´thodes La surveillance des infections humaines a` EV en France me´tropolitaine s’appuie sur le re´seau de surveillance des ente´rovirus (RSE), re´seau de 35 laboratoires de centres hospitaliers ge´ne´raux et hospitalo-universitaires, sous la coordination de l’Institut de veille sanitaire (InVS) et des 2 laboratoires du centre national de re´fe´rence (CNR) des ente´rovirus base´s a` Lyon et Clermont-Ferrand. La de´claration des cas se fait sur un mode mensuel et les pre´le`vements des patients de´tecte´s positifs sont adresse´s pour ge´notypage aux laboratoires du CNR. A` partir de la base de donne´es du CNR, ont e´te´ se´lectionne´s tous les patients aˆge´s de 0 a` 28 jours inclus hospitalise´s en 2012 pour une infection a` EV et pour lesquels le se´rotype de l’EV avait pu eˆtre de´termine´ par se´quenc¸age partiel ou complet du ge`ne codant pour la prote´ine de capside VP1. Les e´quipes me´dicales des services d’hospitalisation ont e´te´ contacte´es par te´le´phone, courrier ou courriel afin d’obtenir les comptes rendus d’hospitalisation. Les donne´es de´mographiques, cliniques et biologiques ont e´te´ collige´es de manie`re re´trospective, de`s re´ception des comptes rendus d’hospitalisation. Ces donne´es ont e´te´ confronte´es aux re´sultats microbiologiques. Deux sous-groupes de patients ont e´te´
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distingue´s : les nouveau-ne´s ayant pre´sente´ une infection a` EV pre´coce c’est-a`-dire ayant de´bute´ jusqu’a` 8 jours de vie (j8) inclus et ceux ayant pre´sente´ une infection tardive c’est-a`-dire ayant de´bute´ strictement apre`s j8. Le premier jour de vie e´tait comptabilise´ j0, a` partir de l’heure de naissance jusqu’a` minuit puis j1 a` partir de minuit et ainsi de suite. Compte tenu du nombre d’enfants inclus, le test du Chi2 ou le test exact de Fisher ont permis de faire l’analyse statistique des donne´es.
3. Re´sultats En 2012, des pre´le`vements pour typage mole´culaire ont e´te´ adresse´s au CNR pour 208 des 260 infections ne´onatales de´clare´es a` l’InVS par le RSE. Le se´rotype de l’EV a pu eˆtre identifie´ pour 194 dossiers. Par ailleurs, le se´rotype de l’EV a e´te´ de´termine´ pour 6 nouveau-ne´s hospitalise´s a` Polyne´sie franc¸aise. Au total, 120 dossiers comple`tement exploitables ont e´te´ inclus pour analyse. Les donne´es anamnestiques et cliniques des infections a` EV de moins de 1 mois sont de´taille´es dans le tableau I. Trentequatre cas (28 %) se sont manifeste´s dans les huit premiers jours de vie avec une me´diane a` 5,5 jours. Onze (32 %) e´taient se´ve`res, c’est-a`-dire avec he´patite, myocardique, ence´phalite ou de´faillance multivisce´rale, conduisant au de´ce`s pour 3 d’entre eux (9 %). Parmi les infections tardives ayant de´bute´ apre`s 8 jours, la me´diane de survenue de l’infection e´tait de 20 jours et seulement 4 (5 %) e´taient se´ve`res. Lorsque l’infection avait e´te´ pre´coce, les manifestations cliniques maternelles en pre´-, per- ou post-partum imme´diat (fie`vre, syndrome grippal, diarrhe´e ou e´ruption cutane´e) e´taient significativement plus fre´quentes. Lorsque l’infection e´tait tardive, un contage viral dans l’entourage familial proche (pe`re ou fratrie) e´tait plus fre´quent. Les signes cliniques de l’infection a` EV e´taient tre`s variables. Le plus fre´quent e´tait e´te´ la fie`vre (78 % des infections pre´coces et 95 % des infections tardives). Une irritabilite´ e´tait e´te´ observe´e chez 34 a` 40 % des enfants, selon la classe d’aˆge. Les manifestations respiratoires e´taient plus fre´quentes dans les infections pre´coces. Les manifestations cutane´es e´taient aussi fre´quentes dans les deux groupes mais il y avait eu plus d’icte`res dans les infections pre´coces et plus d’e´rythe`mes dans les infections tardives. Les manifestations he´modynamiques (signes de choc ou mauvaise tole´rance de la fie`vre) e´taient aussi fre´quentes quel que soit l’aˆge. Les manifestations digestives (diarrhe´e et vomissements, typiques de gastroente´rite) e´taient plus fre´quentes dans les infections tardives. Les manifestions cliniques d’he´patite : he´patome´galie, sple´nome´galie, ascite, avaient e´te´ plus fre´quentes dans les infections pre´coces. La pre´dominance des infections l’e´te´ e´tait franche, plus marque´e pour les infections tardives. Les donne´es biologiques des infections a` EV ne´onatales sont pre´sente´es dans le tableau II. Les perturbations du bilan
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Infections ne´onatales a` ente´rovirus
Tableau I Donne´es anamnestiques et cliniques. n Formes se´ve`res De´ce`s Manifestations cliniques maternelles Contage familial Date de de´but (me´diane et quartiles, jour de vie) Signes ge´ne´raux Fie`vre Hypothermie Malaise Irritabilite´ Manifestations cutane´es Manifestations respiratoires Troubles he´modynamiques Manifestations digestives Manifestations neurologiques
Infections pre´coces
Infections tardives
p
34 11/34 (32 %) 3/32 (9 %) 11/31 (35 %) 7/29 (24 %) 5,5 [4–7] 31/32 (97 %) 25/32 (78 %) 1/32 (3 %) 2/32 (6 %) 11/32 (34 %) 2/33 (6 %) 13/33 (39 %) 17/33 (51 %) 10/33 (30 %) 18/33 (54 %)
86 4/86 (5 %) 1/86 (1 %) 1/72 (1 %) 37/77 (48 %) 20 [13–24] 85/86 (99 %) 83/86 (97 %) 1/86 (1 %) 1/86 (1 %) 35/86 (41 %) 8/86 (9 %) 15/86 (17 %) 37/86 (43 %) 19/86 (22 %) 40/86 (47 %)
< 0,001 0,06 < 0,001 0,03 < 0,0001 NS NS NS NS NS NS 0,02 NS NS NS
Infections pre´coces : jusqu’au 8e jour de vie (j8) ; infections tardives : apre`s j8.
Tableau II Donne´es biologiques (n = 121). Cytolyse IHC Cholestase Hypo-albumine´mie Hyper-ammonie´mie Thrombope´nie CIVD Hyperleucocytose Ane´mie SAM Syndrome inflammatoire LCR avec ple´iocytose
Infections pre´coces
Infections tardives
p
9/32 7/32 4/32 3/32 1/32 12/32 7/32 5/32 3/32 1/32 9/32 7/32
3/85 0 1/85 0 0 2/85 0 12/85 3/85 0 29/85 31/85
0,0004 < 0,0001 0,02 0,02 NS < 0,0001 < 0,0001 NS NS NS NS NS
(28 %) (22 %) (12 %) (9 %) (3 %) (37 %) (22 %) (16 %) (9 %) (3 %) (28 %) (22 %)
(3 %) (0 %) (1 %) (0 %) (0 %) (2 %) (0 %) (14 %) (3 %) (0 %) (34 %) (36 %)
IHC : insuffisance he´patocellulaire ; CIVD : coagulation intravasculaire disse´mine´e ; SAM : syndrome d’activation macrophagique ; LCR : liquide ce´phalo-rachidien ; infections pre´coces : jusqu’au 8e jour de vie (j8) ; infections tardives : apre`s j8.
Tableau III Pre´sentation clinique des infections ne´onatales a` ente´rovirus. Me´ningite isole´e ( GEA simple) Fie`vre isole´e ou rhinite sans me´ningite Gastro-ente´rite aigue ¨ He´patite Myocardite Syndrome he´morragique Me´ningo-ence´phalite De´faillance multivisce´rale
Infections pre´coces
Infections tardives
p
18/34 (53 %) 5/34 (15 %) 0 8/34 (23 %) 4/34 (12 %) 4/34 (12 %) 5/34 (15 %) 11/34 (32 %)
70/86 (81 %) 6/86 (8 %) 6/86 (7 %) 1/86 (1 %) 3/86 (3 %) 0 1/86 (1 %) 4/86 (5 %)
0,003 NS NS < 0,001 NS 0,005 0,007 < 0,001
GEA : gastro-ente´rite aigue¨ ; infections pre´coces : jusqu’au 8e jour de vie (j8) ; infections tardives : apre`s j8.
he´patique, la thrombope´nie et la coagulation intravasculaire disse´mine´e (CIVD) e´taient significativement plus fre´quentes dans les cas d’infection pre´coce. Le tableau III pre´sente les diagnostics cliniques lie´s a` l’atteinte spe´cifique de l’EV : he´patite, myocardite, syndrome he´morragique
avec CIVD, ence´phalite ou de´faillance multiple. En cas d’infection pre´coce, le tableau clinique e´tait plus souvent celui d’une he´patite (23 %) avec syndrome he´morragique (12 %) ou d’une me´ningo-ence´phalite (15 %) qu’en cas d’infection tardive. A` l’inverse dans ce dernier cas, l’infection a` EV s’e´tait exprime´e
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S. Soude´e et al.
Tableau IV Infections pre´coces a` ente´rovirus : donne´es cliniques en fonction de la gravite´. PN (me´diane et quartiles, g) Terme (me´diane et quartiles, SA) Pre´maturite´ De´ce`s Manifestations maternelles Contage familial Date de de´but (me´diane et quartiles, j de vie) De´but ante´natal Signes ge´ne´raux Fie`vre Irritabilite´ Manifestations respiratoires Troubles he´modynamiques Manifestations digestives Manifestations neurologiques Me´ningite isole´e GEA simple Fie`vre isole´e ou rhinite sans me´ningite Gastro-ente´rite aigue ¨ (GEA) He´patite Myocardite Me´ningo-ence´phalite Syndrome he´morragique
Formes se´ve`res (n = 11)
Formes be´nignes (n = 23)
p
2870 [2435–3178] 36 [35–38] 6/11 (55 %) 3/11 (27 %) 10/11 (91 %) 1/11 (9 %) 5 [3–8] 1/11 (9 %) 9/10 (90 %) 6/10 (60 %) 3/10 (30 %) 6/11 (55 %) 9/11 (82 %) 8/11 (73 %) 8/11 (73 %) 0 0 0 8/11 (73 %) 4/11 (36 %) 5/11 (45 %) 4/11 (36 %)
3520 [2990–3700] 39 [38–40] 1/23 (4 %) 0 1/20 (5 %) 6/18 (33 %) 6 [4–7] 0 22/22 (100 %) 19/22 (86 %) 8/22 (36 %) 7/22 (32 %) 8/22 (36 %) 2/22 (9 %) 10/22 (45 %) 18/23 (78 %) 5/23 (22 %) 0 0 0 0 0
< 0,004 < 0,0001 0,002 0,03 < 0,0001 NS 0,04 NS NS NS NS NS 0,03 0,0004 NS < 0,0001 NS NS < 0,0001 0,007 0,002 0,007
PN : poids de naissance ; SA : semaines d’ame´norrhe´e.
Tableau V Infections pre´coces a` ente´rovirus : donne´es biologiques en fonction de la gravite´. Cytolyse Insuffisance he´patocellulaire Cholestase Hypo-albumine´mie Hyper-ammonie´mie Thrombope´nie CIVD Hyperleucocytose Ane´mie SAM Syndrome inflammatoire LCR ple´iocytose
Formes se´ve`res (n = 11)
Formes be´nignes (n = 23)
p
9/11 7/11 4/11 3/11 1/11 9/11 7/11 2/11 3/11 1/11 2/11 2/11
0 0 0 0 0 3/22 0 3/22 0 0 7/22 5/22
< 0,0001 < 0,0001 0,007 0,03 NS 0,0002 < 0,0001 NS 0,03 NS NS NS
(82 %) (64 %) (36 %) (27 %) (9 %) (82 %) (64 %) (18 %) (27 %) (9 %) (18 %) (18 %)
(13 %) (13 %)
(32 %) (23 %)
CIVD : coagulation intravasculaire disse´mine´e ; SAM : syndrome d’activation macrophagique ; LCR : liquide ce´phalo-rachidien.
pre´fe´rentiellement par une me´ningite simple (80 %). Aucune diffe´rence significative entre les deux groupes n’a pu eˆtre mise en e´vidence pour la myocardite. Les facteurs de gravite´ dans le sous-groupe des infections pre´coces sont pre´sente´s dans les tableau IV et V. Les nouveaune´s infecte´s pre´cocement et dont l’e´volution clinique e´tait de´favorable avaient un poids et un terme de naissance significativement plus petits que ceux dont l’e´volution clinique avait e´te´ favorable. Les manifestations cliniques maternelles en faveur d’une virose e´taient e´galement plus souvent pre´sentes a` l’anamne`se. Pour un nouveau-ne´, les signes cliniques
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avaient de´bute´ in utero et avaient favorise´ la naissance pre´mature´e. Les manifestations cliniques d’atteinte he´patique (he´patome´galie, sple´nome´galie, ascite) e´taient plus fre´quentes en cas de forme pre´coce se´ve`re. Ce re´sultat est cohe´rent avec une pre´dominance d’atteinte he´patique dans les formes se´ve`res a` cet aˆge. Pour toutes les autres manifestations cliniques, aucune diffe´rence significative n’a pu eˆtre mise en e´vidence. Concernant les donne´es biologiques (tableau V), elles concordent avec les donne´es cliniques : la gravite´ de l’infection pre´coce a` EV e´tait lie´e a` l’atteinte he´patique (82 % de cytolyse, 64 % d’insuffisance
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Infections ne´onatales a` ente´rovirus
Tableau VI Re´partition des se´rotypes en fonction de l’aˆge et de la se´ve´rite´ clinique. Infections pre´coces (n = 34) CV-A16 CV-B1 CV-B2 CV-B3 CV-B4 CV-B5 E-11 E-16 E-17 E-18 E-25 E-3 E-30 E-6v E-7 E-9 EV-71
Mode´re´es, n = 23
Se´ve`res, n = 11
1
2
1 4 3 5 1
5 1 3
Infections tardives (n = 87) De´ce`s, n = 3
Mode´re´es, n = 83 1 4 1
2 1
2 1 1
2 2
13 10 14
Se´ve`res, n = 4
De´ce`s, n = 1
1 1
1
1
1 9 10 2 1 2 2 10 2
Infections pre´coces : jusqu’au 8e jour de vie (j8) ; infections tardives : apre`s j8.
he´patocellulaire, 36 % de cholestase et 27 % d’hypo-albumine´mie) et a` l’atteinte he´matologique (82 % de thrombope´nie). Les principaux EV identifie´s chez les patients de l’e´tude e´taient les coxsackievirus B4 et B5 (CV-B4, CV-B5) et les e´chovirus 9, 11 et 25 (E-9, E-11, E-25). Les se´rotypes associe´s aux formes se´ve`res pre´coces e´taient le CV-B4 (5 cas), l’E-11 (3 cas), le CV-B1 (2 cas) et le CV-B5 (1 cas) (tableau VI).
4. Discussion Nous avons analyse´s 120 infections ne´onatales a` EV survenues en France en 2012 et se´rotype´es au CNR de Lyon. La gravite´ de l’infection e´tait lie´e a` la pre´cocite´ de survenue de l’infection et e´tait donc le plus souvent associe´e a` une transmission materno-fœtale. Jusqu’a` j8, les enfants pre´sentant une infection se´ve`re e´taient ne´s plus pre´mature´ment et avec un plus faible poids de naissance les rendant peut eˆtre plus vulne´rables a` certains se´rotypes d’EV. Le CV-B4 et l’E-11 e´taient les se´rotypes les plus fre´quemment identifie´s dans les formes se´ve`res pre´coces. L’atteinte he´patique et he´matologique e´tait un crite`re majeur de gravite´ a` cet aˆge. La distribution des se´rotypes d’EV chez les nouveau-ne´s de notre e´tude refle`te les donne´es e´pide´miologiques globales nationales. En effet, en 2012, les 3 se´rotypes les plus fre´quemment identifie´s chez 1107 patients, tout aˆge confondu, e´taient le CV-B4 (16 %), l’E-11 (12 %) et le CV-B5 (11,4 %). L’identification des se´rotypes CV-B1, CV-B4, CV-B5, E-9 et E-11 dans les cas se´ve`res confirment les donne´es publie´es pre´ce´demment dans la litte´rature [8–11]. Il est de´ja` connu que les formes a` de´but pre´coce, infe´rieur a` 7 jours [12,13] sont plus se´ve`res. Biologiquement, elles sont
caracte´rise´es par des modifications du bilan he´patique et he´matologique. La mortalite´ en cas d’atteinte he´patique est de 25 a` 30 % [12,13]. Les facteurs de risque des formes se´ve`res he´patiques sont l’aˆge de de´but infe´rieur a` 7 jours, la pre´sence de manifestations maternelles et la pre´maturite´. L’association d’une atteinte he´patique a` une hyperbilirubine´mie ou a` une myocardite sont des facteurs de risque inde´pendants de mortalite´ [13]. Dans cette e´tude re´trospective, nous avons choisi d’inclure dans le groupe des infections pre´coces les infections ayant de´bute´ jusqu’a` j8 car pour 2 enfants de la cohorte les manifestations cliniques de l’infection a` ente´rovirus avaient de´bute´ a` j8 et l’anamne`se e´tait tre`s e´vocatrice d’une contamination per-natale du fait de la symptomatologie maternelle (fie`vre, e´ruption cutane´e et diarrhe´e). Nos re´sultats sugge`rent une vulne´rabilite´ de certains tissus immatures comme le foie en pe´riode ne´onatale vis-a`-vis de certains se´rotypes d’ente´rovirus. Les nouveau-ne´s sont d’autant plus vulne´rables qu’ils sont ne´s pre´mature´ment et que leur aˆge post-natal est faible, la re´ponse anti-inflammatoire e´tant encore immature. La re´action inflammatoire induite par l’infection virale et l’immunite´ inne´e pourraient e´galement jouer un roˆle dans cette vulne´rabilite´ de´veloppementale. Ainsi, l’expression de certains re´cepteurs (Toll-like receptors) pourrait favoriser le tropisme de certains virus envers leurs tissus cibles. D’autre part, d’e´ventuelles substitutions ge´ne´tiques pourraient jouer un roˆle dans la virulence, le tropisme ou les capacite´s re´plicatives de certaines populations virales et expliquer la diffe´rence de se´ve´rite´ pour un meˆme se´rotype. A` ce titre, le se´quenc¸age comparatif de virus identifie´s chez des patients atteints de formes se´ve`res et de formes be´nignes pourrait apporter des e´le´ments inte´ressants.
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5. Conclusion Actuellement compte tenu de la potentielle pathoge´nie des infections ne´onatales a` EV et le manque de connaissance e´vident de leur physiopathologie, il est ne´cessaire que toutes les infections ne´onatales a` EV soient se´rotype´es dans un des deux centres de re´fe´rence comme le recommande le RSE sous l’e´gide de l’InVS. Ce se´rotypage permet e´galement de rendre plus syste´matique le suivi des infections a` EV afin d’e´viter leur propagation dans les unite´s de ne´onatologie [14] et de diminuer la pression antibiotique exerce´e dans les cas de me´ningites a` EV de moins de 1 mois [4]. Finalement, e´tant donne´e la potentielle gravite´ d’une infection ne´onatale pre´coce nous proposons de re´aliser syste´matiquement devant une infection a` EV survenant jusqu’a` j8 un bilan he´patique, une nume´ration plaquettaire et un bilan d’he´mostase. La prise en charge spe´cifique n’e´tant pas encore disponible, le traitement symptomatique doit de´buter au plus vite.
Dr Mansuy), Toulon (Dr Janvier, Dr Poggi), Tours (Dr Bouvet, Dr Gaudy), Trousseau (Dr Schnuriger, Dr Kieffer), Versailles (Dr Marque-Juillet, Dr Achard). Nous remercions e´galement le Dr Denise Antona, coordinatrice de la surveillance des EV a` l’InVS.
Re´fe´rences [1]
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De´claration d’inte´reˆts
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Les auteurs de´clarent ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article.
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Remerciements Nous remercions les virologues du re´seau de surveillance des ente´rovirus implique´s dans la de´claration et le ge´notypage des infections a` EV en 2012 ainsi que les me´decins de tous les centres
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hospitaliers franc¸ais de me´tropole et de Tahiti qui ont accepte´ de participer a` ce travail a` Abbeville (Dr Guilbert), Amiens (Dr Barcat, Dr Hecquet), Angers (Dr Ducancelle, Dr Gascoin), Besanc¸on
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(Dr Bassignot), Bordeaux (Dr Kossab, Dr Nolent), Brest (Dr Legrand-
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Quillien, Dr Duigou), Caen (Dr Petitjean, Dr Leport), Clamart (Pr Labrune), Clermont-Ferrand (Dr Mirand, Dr Henquell), Cochin (Dr Molet), Dijon (Dr Balay, Dr Savajols), Evreux (Dr Kanaan),
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Flers (Dr Gillon), Grenoble (Dr Morel-Baccard, Dr Cneude), La Rochesur-Yon (Dr Hedinger, Dr Blanchard), Laval (Dr Aboa), Lille (Dr Dewilde, Dr Flamein), Limoges (Dr Rogez), Lyon (Dr Gillet, Pr Javouhey, Dr Hajjo), Marseille (Dr Ninove), Montpellier (Dr Foulongne, Dr Jeziorski), Nantes (Dr Coste-Burel, Dr Frondas), Necker (Dr Mascard, Dr Nicloux), Nice (Dr Caramella, Dr Haas), Orle´ans (Dr Guigon, Dr Zaarour), Papeete (Dr Lastere, Dr Becquet, Dr Besnard), Pitie´-Salpe´trie`re (Dr Boutolleau), Poitiers (Dr Bourgoin), Reims (Dr Le´veˆque, Dr Tisserand), Rennes (Dr Lagathu, Dr Lallemant), Rouen (Dr Gueudin, Dr Le´me´e), Saint-Brieuc (Dr Boutaric), Saint-E´tienne (Dr Pillet, Dr Shabir, Pr Patural), Saint-Louis (Dr Scieux), Saint-Nazaire (Dr Beloncle), Strasbourg (Dr Lepiller, Dr Bache), Toulouse (Dr Mengelle,
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