Collège national des gynécologues et obstétriciens franc ¸ais (CNGOF) b
Service de fœtopathologie, hôpital Pellegrin, CHU de Bordeaux, Bordeaux, France c Pôle d’obstétrique-gynécologie-reproduction, hôpital Purpan, centre Paule-de-Viguier, CHU de Toulouse, Toulouse, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (L. Cherier) Introduction Le chorioangiome placentaire est une tumeur vasculaire placentaire bénigne. Ses complications maternelles et fœtales peuvent être sévères dans les cas de chorioangiomes géants symptomatiques (> 4 cm) dont la fréquence est estimée à 1/8000 à 1/50 000 grossesses. Cas clinique Nous décrivons un cas de chorioangiome géant symptomatique compliqué d’anasarque fœtal. Le diagnostic fut réalisé par échographie doppler à 27 SA devant une augmentation rapide de la hauteur utérine chez une femme de 28 ans, G3P2, sans antécédents notables. La masse retrouvée était sous choriale arrondie d’échogénicité proche du placenta, adjacente à l’insertion cordonale et mesurait 6 cm de grand axe. Le doppler a confirmé le diagnostic en révélant un flux vasculaire intralésionnel ainsi qu’un shunt au dépend des vaisseaux ombilicaux (Figure 1). Il existait également une anasarque fœtale associant hydramnios et épanchement péricardique, sans signes d’insuffisance cardiaque fœtale, mais une Vmax augmentée d’où une suspicion d’anémie fœtale associée. Le traitement curatif a été une dévascularisation laser des anastomoses par fœtoscopie à 28 SA. Un amnio-drainage de l’hydramnios a été réalisé concomitamment. Ceci a permis d’obtenir une normalisation de la Vmax et une disparition des signes d’anasarque fœtale. La surveillance a été instaurée en centre de niveau 3 et établie de manière rapprochée par la clinique et l’échographie doppler. Nous avons opté pour un déclenchement à 33 SA après amnio-drainage. L’accouchement s’est déroulé par voie basse sans complications et l’issue périnatale a été favorable. Le diagnostic définitif fut confirmé grâce à l’analyse anatomopathologique (Figure 2). Discussion Le chorioangiome placentaire est le siège d’un effet shunt, responsable d’un vol vasculaire et donc d’une hypovolémie fœtale, à l’origine des complications fréquemment associées aux lésions de plus de 4 cm, à savoir l’hydramnios et l’anasarque comme dans notre cas. Le risque de survenue des complications fœtales est lié à l’importance du shunt vasculaire intralésionnel. Le traitement de choix est la coagulation laser des anastomoses par fœtoscopie. En effet, ce traitement est le plus efficace sur la diminution de la surcharge cardiaque fœtale et de l’anasarque, sans toxicité associée. Il était donc adapté à notre cas. La principale complication de cette méthode est l’hémorragie fœto-maternelle avec anémie fœtale aiguë. Parmi les traitements symptomatiques, l’amnio-drainage a permis dans notre cas d’améliorer la tolérance maternelle et de diminuer le risque de complications obstétricales associées à l’hydramnios. La transfusion in utero est un traitement fréquemment retrouvé dans la littérature, mais il existe peu d’anémie fœtale vraie dans les chorioangiomes symptomatiques, il s’agit le plus souvent d’une hypovolémie. La transfusion pourrait alors provoquer une décompensation cardiaque fœtale. Nous pensons qu’il faut réserver la transfusion in utero aux cas d’hémorragie fœtomaternelle post-fœtoscopie. À partir de ce constat la surveillance rapprochée de la Vmax après coagulation laser que nous avons mis en place dans notre cas se justifie. Il n’existait pas de contre-indication à la voie basse chez notre patiente ; en effet il n’y pas de consensus concernant la voie d’accouchement en cas d’anasarque fœtal. Concernant le terme d’accouchement, notre objectif était de 34 SA conformément aux données de la littérature sur le terme d’accouchement après traitement laser. Conclusion Devant un chorioangiome placentaire symptomatique il est nécessaire d’adopter l’attitude la plus conservatrice possible devant les bons résultats qu’offre le traitement par dévascularisation laser. Même s’il n’existe pas d’études randomisées, les données de la littérature sont en faveur d’une bonne efficacité de ce geste sur l’apparition de complications materno-fœtales sévères, ainsi il
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permettrait une issue périnatale favorable à ces grossesses à haut risque.
Fig. 1
Aspect échographique d’un chorioangiome placentaire.
Fig. 2 taire.
Aspect anatomopathologique d’un chorioangiome placen-
Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.jgyn.2015.02.008 3
Influence du surpoids et de l’obésité sur l’induction du travail : étude cas-témoins 2009—2011 C. Ganille a , M.-A. Coustel a,∗ , E. Quiboeuf a , B. Juillac b , F. Dabysing c , B. Quentin a , J. Horovitz a , D. Dallay a a Pôle d’obstétrique-gynécologie-reproduction, hôpital Pellegrin, centre Aliénor-d’Aquitaine, CHU de Bordeaux, Bordeaux, France b Service d’anesthésie-réanimation, hôpital Pellegrin, CHU de Bordeaux, Bordeaux, France c Service de gynécologie-obstétrique, hôpital Robert-Boulin, CHG de Libourne, Libourne, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (M.-A. Coustel)
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Introduction Le surpoids et l’obésité, en prévalence croissante dans le monde, sont responsables d’un nombre accru d’inductions du travail. La décision de réaliser une césarienne avant travail ou d’induire celui-ci est prise sur un faisceau d’arguments dont le risque de césarienne en cours de travail. Notre objectif est d’évaluer l’influence du critère « IMC ≥ 25 kg/m2 » sur le mode d’accouchement après induction du travail par PGE2 et/ou ocytocine. Patientes et méthodes Nous avons réalisé une étude cas-témoins monocentrique au CHU de Bordeaux entre 2009 et 2011. Les patientes ayant une grossesse singleton ont été incluses quelles que soient les pathologies préexistantes, le terme ou l’indication du déclenchement, et divisées en 2 groupes : les cas (IMC ≥ 25 kg/m2 ) et les témoins (IMC < 25 kg/m2 ). Elles ont bénéficié d’une maturation cervicale par PgE2 (Propess® ou Prostines® ) et/ou d’un déclenchement par ocytociques selon le score de Bishop. Le critère de jugement principal était le taux de césarienne et leurs indications dans chaque groupe. Nous avons relevé également les complications de ces césariennes, la durée du déclenchement, les doses utilisées, et les issues néonatales (score d’Apgar à 5 minutes, pH au cordon). Résultats Cent dix-huit patientes d’IMC ≥ 25 kg/m2 ont été appariées selon le mois de l’accouchement avec 233 patientes d’IMC < 25 kg/m2 . Le taux de césarienne après déclenchement était de 28,8 % pour les cas contre 16,7 % pour les témoins (p = 0,009). Après ajustement en analyse multivariée sur la parité, le score de Bishop, le poids fœtal et la prise de poids excessive en cours de grossesse, le risque relatif de césarienne pour un IMC ≥ 25 kg/m2 était de 2,03 [1,03-4,00] (p = 0,04). Le taux de césarienne pour échec de déclenchement était respectivement de 7,6 % et 2,1 % chez les cas et les témoins (p = 0,02). Les autres critères (stagnation de la dilatation, mauvaise tolérance fœtale, non-engagement à dilatation complète et échec d’extraction instrumentale) n’étaient pas différents entre les 2 groupes. Les complications des césariennes étaient de 26,5 % chez les cas et 7,7 % chez les témoins (p = 0,055). L’induction de travail était plus longue chez les cas (25 h 56) par rapport aux témoins (19 h 53) (p = 0,001). Les patientes d’IMC ≥ 25 kg/m2 ont nécessité des doses de PgE2 supérieures (10,05 mg versus 8,32 mg) (p = 0,004). Les doses d’ocytociques utilisées au cours du déclenchement par ocytociques seuls étaient similaires entre les 2 groupes. Nous n’avons pas retrouvé de différence significative entre les 2 groupes concernant les issues néonatales. Conclusion Après induction du travail, le risque de césarienne est majoré par le critère IMC ≥ 25 kg/m2 principalement du fait des échecs de déclenchement. Ce facteur de risque doit être associé lors de la décision d’induction du travail à ceux déjà connus dans la littérature que sont l’âge maternel > 35 ans, le score de Bishop < 3, la nulliparité et la prise de poids excessive en cours de grossesse. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.jgyn.2015.02.009 4
Prise en charge des patientes schizophréniques en salle d’accouchement : à propos de 47 cas A. Chirol a , E. Quiboeuf b , C. Ferdynus c , L. Denizot d , M. Boukerrou a,∗ a Service de gynécologie-obstétrique, CHU de Saint-Pierre, Saint-Pierre, Réunion b Pôle d’obstétrique-gynécologie-reproduction, hôpital Pellegrin, centre Aliénor-d’Aquitaine, CHU de Bordeaux, Bordeaux, France c Direction de la recherche clinique, CHU de Saint-Denis, Saint-Denis, Réunion
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Service de psychiatrie adulte, CHU de Saint-Pierre, Saint-Pierre, Réunion ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (M. Boukerrou) Introduction De nos jours, plus de la moitié des femmes schizophrènes deviennent mères. La période périnatale, qui nécessite une adaptation à des changements physiques, psychiques et sociaux, est une période de haute vulnérabilité psychologique. L’objectif de cette étude est de proposer aux professionnels de santé les fondements de la prise en charge des patientes schizophréniques en salle d’accouchement. Patientes et méthodes Il s’agit d’une étude descriptive et analytique rétrospective unicentrique. La population étudiée correspond aux patientes diagnostiquées schizophréniques prises en charge en salle d’accouchement de l’hôpital de Saint-Pierre (île de la Réunion) entre janvier 2004 et avril 2012. Résultats Dans cette population (n = 47), 87 % sont sans profession, 38 % célibataires, 44,7 % peu entourées. Pour 30,4 % d’entre elles, cette grossesse est non désirée. Le diagnostic de 47 % des patientes schizophréniques n’est pas connu en salle d’accouchement. Trente patientes sont suivies en centre médicopsychologique, mais un tiers d’entre elles n’ont pas eu de contact avec une équipe de psychiatrie durant leur grossesse. À leur entrée en salle d’accouchement, 14,3 % des patientes sont jugées instables ; 8,6 % sont directement transférées du secteur psychiatrique. À leur entrée, 47,4 % des patientes se présentent avec un travail avancé (< 2 h avant l’accouchement) ; 2 d’entre elles (4,2 %) ont accouché au domicile (taux national : 1 %). Durant le travail, 4 patientes (8,5 %) sont agitées, 9 (19,1 %) non coopérantes, et 2 (4,3 %) agressives envers le personnel. Vingt-trois patientes (48,9 %) ont rec ¸u un traitement durant leur grossesse : anxiolytiques, hypnotiques, neuroleptiques (40,4 %) et/ou antidépresseurs. Six patientes ont nécessité l’instauration d’un traitement supplémentaire en salle d’accouchement. Six patientes (12,8 %) ayant bénéficié ou non d’une technique analgésique, se plaignent d’être algiques au cours du travail. À l’issu du travail, 14 patientes (29,8 %) ont accouché par césarienne, dont 6 (12,8 %) par césarienne programmée. Discussion De nombreuses études confirment les décompensations fréquentes de pathologies psychiatriques durant la grossesse. Lin et al. ont montré que les femmes atteintes de maladie psychiatrique avaient peur de recourir aux soins et aux services sociaux durant la grossesse. Dès leur admission en salle d’accouchement, une prise en charge multidisciplinaire est à établir, avec un interlocuteur référent ou l’équipe mobile de psychiatrie, afin de juger de la stabilité de la patiente et de l’encadrement médical et/ou médicamenteux à mettre en place. Au cours du travail, l’analgésie des patientes n’est pas toujours satisfaisante. Bennedsen et al. soulignent cependant que la douleur est un facteur de risque de décompensation. De même, Huand-Li Lin et al. rapportent que l’anxiété de l’accouchement est souvent négligée, alors que ce stress peut aggraver une pathologie psychiatrique préexistante. Ces composantes douloureuses et anxieuses doivent être dépistées, puis traitées, en adaptant l’environnement, et en ajustant ou instaurant un traitement. Rigatelli et al. encouragent également l’utilisation d’un traitement (anxiolytiques) durant le travail. Enfin, selon Waldenström et al., la prise en charge de la peur de l’accouchement réduit le taux de césarienne en urgence en augmentant le taux de césarienne élective (p < 0,001). Ce paramètre invite à s’interroger sur la programmation d’une césarienne chez les patientes schizophréniques. Conclusion La prise en charge des patientes schizophréniques en salle d’accouchement peut être améliorée en différents points : l’anticipation de l’admission en salle d’accouchement avec un encadrement pluridisciplinaire, le dépistage des troubles psychiatriques et des décompensations, la recherche du maintien de la stabilité (environnement, traitement médicamenteux), la discussion sur le mode d’accouchement.