Intoxication cannabique aiguë chez un enfant de dix mois

Intoxication cannabique aiguë chez un enfant de dix mois

Archives de Pédiatrie 9 (2002) 1112–1113 www.elsevier.com/locate/arcped Lettre à la rédaction Intoxication cannabique aiguë chez un enfant de dix mo...

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Archives de Pédiatrie 9 (2002) 1112–1113 www.elsevier.com/locate/arcped

Lettre à la rédaction

Intoxication cannabique aiguë chez un enfant de dix mois Acute cannabis poisoning in a ten-month infant Mots clés: Cannabis; Intoxication accidentelle Keywords: Cannabis; Poisoning; Infant

Une enfant de dix mois a été hospitalisée pour somnolence, constatée depuis près de 24 heures par sa grand-mère qui en avait la surveillance au domicile familial. L’examen neurologique de cette enfant, somnolente mais réveillable, montrait une fontanelle normotendue, des pupilles symétriques et réactives à la lumière, un tonus périphérique axial normal. L’examen général était normal, les réflexes ostéotendineux étaient présents, symétriques et le réflexe cutané plantaire était en flexion. L’auscultation cardio-pulmonaire et l’examen ORL ne montraient pas d’anomalie en dehors d’une rhinite. Le bilan biologique initial (hémogramme, protéine C-réactive, ionogramme) était normal. Au vu de ces résultats, l’hypothèse d’une intoxication était envisagée. Sur un échantillon d’urines, il était effectué une recherche des benzodiazépines, des barbituriques, des antidépresseurs tricycliques, ainsi que des quatre familles de « stupéfiants » (cocaïne et dérivés, amphétamines, cannabinoïdes, opiacés). La recherche qualitative réalisée par une technique immunochimique d’urgence révèlait la présence de cannabinoïdes. Le prélèvement d’urines, ainsi qu’un prélèvement sérique, étaient alors adressés au laboratoire pour une confirmation et une identification des cannabinoïdes présents. La méthode analytique utilisée était une méthode de référence utilisant la chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse [1]. Les urines de cette enfant contenaient de l’acide 11-nor ∆9-tétrahydrocannabinol-9-carboxylique, métabolite majeur du ∆9tétrahydrocannabinol (THC), principe actif de Cannabis sativa indica. Ce même métabolite était retrouvé dans le sérum à la concentration de 135,2 µg/l. THC et 11-hydroxy∆9-tétrahydrocannabinol (métabolite actif du THC) étant, pour leur part, absents des urines et du sérum. Ce résultat était en faveur d’une consommation par l’enfant de cannabis dans les 12 à 24 h précédant la réalisation des prélèvements [2]. L’interrogatoire de la mère, qui avouait spontanément être consommatrice de cannabis, permettait de retrouver la notion d’une ingestion accidentelle : une série « d’échantillons » traînant sur la table de la cuisine, l’enfant avait entrepris un « grignotage » des barrettes. La surveillance

dans le service se révélant sans particularité et l’évolution étant favorable, assistance sociale et suivi ont été proposés à la jeune maman après rappel des consignes de prévention des accidents domestiques. Chez un très jeune enfant et devant un tel tableau clinique, il est cohérent d’envisager une intoxication accidentelle par un médicament sédatif (benzodiazépines, neuroleptiques, etc…), voire par un toxique (monoxyde de carbone), avant de rechercher la consommation accidentelle d’une substance illicite ! Effectivement, les intoxications accidentelles de très jeunes enfants par le cannabis demeurent rares. Toutefois, en Europe ou en Amérique du Nord, plusieurs cas ont déjà été rapportés. Ainsi, aux Pays-Bas, un cas similaire concernant une fillette de 14 mois était déjà décrit il y a une dizaine d’années [3]. Outre-Atlantique, une demi-douzaine de cas ont été observés. Trois enfants ont présenté un coma et une intoxication s’est compliquée d’une obstruction des voies aériennes supérieures par un morceau de résine. Les éléments diagnostiques constants étaient la notion d’une somnolence brutale, une blépharoptose, une dilatation modérée des pupilles, une hypotonie et la présence régulière de petits granules dans la bouche [4]. Plus récemment, deux cas de coma ont été rapportés chez de jeunes enfants à la suite de la consommation de « space cakes » [5]. Aujourd’hui, en France, les intoxications médicamenteuses chez l’enfant demeurent majoritaires (60 % des cas) par rapport aux intoxications aux produits ménagers (environ 25 % des cas), aux végétaux (3 % des cas) et aux toxiques divers (monoxyde de carbone, éthanol,… dans moins de 3 % des cas) [6]. Néanmoins, ce cas illustre le fait qu’en toxicologie hospitalière rien n’est figé, compte tenu du fait que la diversité des cas évolue en fonction des phénomènes de mode et de société. Références [1]

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Kintz P, Cirimele V, Pépin G, Deveaux M, Mura P. Identification et dosage des cannabinoïdes dans le sang total. Toxicorama 1996;2: 29–33. Huestis MA, Henningfield JE, Cone EJ. Blood cannabinoids. II. Models for the prediction of time of marijuana exposure from plasma concentrations of delta 9-tetrahydrocannabinol (THC) and 11-nor-9-carboxy-delta 9-tetrahydrocannabinol (THCCOOH). J Anal Toxicol 1992;16:283–90. de Sonnaville-de Roy van Zuidewijn ML, Schilte PP. Cannabis poisoning in a young child ; don’t ask about drugs. Ned Tijdschr Geneeskd 1989;133:1752–3. Macnab A, Anderson E, Susak L. Ingestion of cannabis : a cause of coma in children. Pediatr Emerg Care 1989;5:238–9.

Lettres à la rédaction / Archives de Pédiatrie 9 (2002) 1112–1113 [5]

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Boros CA, Parsons DW, Zoanetti GD, Ketteridge D, Kennedy D. Cannabis cookies : a cause of coma. J Paediatr Child Health 1996;32:194–5. Lavaud J, Chouakri OA. Intoxication aiguë chez l’enfant. Rev Prat 2001;51:1909–13.

J.-M. Gaulier*, V. Tonnay, P. Benkemoun Service de pharmacologie et toxicologie, CHU Dupuytren, 87042 Limoges cedex, France E-mail : [email protected] G. Lachâtre Laboratoire de toxicologie, faculté de pharmacie, Limoges, France P. Comet-Didierjean, D. Gury Service de pédiatrie, hôpital Doumergue, Nîmes, France * Auteur correspondant Reçu le 25 juin 2002; accepté le 26 juin 2002

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Les déterminants de l’allaitement maternel dans une zone suburbaine de la Tunisie Determinants of breastfeeding in a suburban area of Tunisia Mots clés : Allaitement maternel ; Facteurs socioéconomiques ; Sevrage Keywords: Breastfeeding; Socioeconomic factors; Weaning

En Tunisie, l’allaitement maternel a toujours été une pratique naturelle, mais les durées de l’allaitement exclusif et total ont connu une nette régression ces dernières années. Ainsi les proportions des femmes qui allaitent exclusivement moins de six mois et celles qui allaitent moins de deux ans sont assez élevées. Dans ce travail, nous nous sommes proposés d’explorer les facteurs influençant les durées de l’allaitement maternel exclusif et total et d’étudier la corrélation entre ces derniers et le poids et la taille des enfants. Nous avons mené une étude rétrospective transversale auprès de 271 mères d’enfants âgés de deux à cinq ans, amenant leurs enfants dans un centre de Protection Maternelle et Infantile de la capitale (PMI Ezzouhour IV), pour un rappel vaccinal ou une pathologie bénigne. Le recueil des données a été fait par un médecin interne qui dressait un questionnaire destiné à la mère et relatif à l’identification de l’enfant, de la mère, du ménage et de la conduite de l’allaitement, en même temps qu’il examinait l’enfant et notait les mesures anthropométriques. La saisie des données

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a été faite sur le logiciel Epi-Info version 5 et l’analyse statistique sur le logiciel SPSS version 10.0. La prévalence de l’allaitement maternel était de 94,4 %. La durée moyenne de l’allaitement exclusif au sein était de 3,2 ± 1,6 mois, celle de l’allaitement total de 12,4 ± 8,4 mois. Presque 46 % des femmes ont allaité leurs enfants moins d’un an. Une grande majorité des femmes (76 %) ont eu une durée exclusive d’allaitement au sein inférieure à quatre mois. Il ressort de cette étude que les déterminants de l’allaitement exclusif au sein étaient le niveau d’instruction de la mère (p < 0,01), le nombre de tétées par jour (p < 0,05) et les complications maternelles durant la période d’allaitement (p < 0,05). Le risque d’allaiter exclusivement pendant moins de quatre mois était cinq fois plus important chez les femmes de niveau secondaire ou supérieur par rapport aux analphabètes (OR ajusté = 5,34, IC [1,85–15,44]). Ce risque était multiplié par trois en présence d’une complication maternelle (OR ajusté = 2,87, IC [1,12–7,36]). Le nombre de tétées par jour semblait avoir un rôle protecteur (OR ajusté = 0,77, IC [0,62–0,97]). La durée d’allaitement total au sein était déterminée essentiellement par l’âge d’introduction du lait artificiel (OR ajusté = 0,92, IC [0,86– 0,98], plus l’introduction en était tardive, plus grande était la durée d’allaitement total. L’absence des complications maternelles durant l’allaitement favorisait la prolongation de la durée de l’allaitement maternel (OR ajusté = 3,10, IC [1,07–8,99]. Nous n’avons pas mis en évidence de corrélation statistiquement significative entre le poids et la taille des enfants et les durées de l’allaitement maternel. Afin d’améliorer les durées d’allaitement maternel, nous proposons une meilleure surveillance de la santé de la femme après l’accouchement afin de prévenir certaines complications post gravidiques. Nous recommandons aussi une meilleure information des femmes sur les vertus de l’allaitement exclusif au sein jusqu’à l’âge de six mois et de l’allaitement total jusqu’à deux ans. Des campagnes médiatiques touchant le grand public ainsi qu’un renforcement de la promotion de l’allaitement au sein lors des consultations prénatales seront d’un grand apport. L.M. Bouguerra*, S. Trabelsi Centre de protection maternelle et infantile Ezzouhour IV, Tunis, Tunisie N.B. Alaya, B. Zouari Faculté de médecine de Tunis, rue Zouhair-Essafi, Tunis, Tunisie * Auteur correspondant. Reçu le 25 juin 2002 ; accepté le 28 juin 2002

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