Disponible en ligne sur
ScienceDirect www.sciencedirect.com Chirurgie de la main 33S (2014) S1
Éditorial
La chirurgie des tendons fléchisseurs des doigts en 2015 Flexor tendon surgery in 2015
La chirurgie des tendons fléchisseurs a connu une évolution substantielle au cours des 25 dernières années, perdant petit à petit sa réputation infondée de bénignité. Le temps où les plaies des tendons fléchisseurs en zone 2 étaient traitées avec désinvolture par des chirurgiens non avertis est – presque – révolu, et nos services spécialisés de chirurgie de la main ne sont plus submergés par les indications de chirurgie secondaire. Il serait faux pourtant d’imaginer que tous les problèmes techniques sont résolus, ou que toutes les subtilités en matière d’indication font l’objet de protocoles consensuels. En urgence, nous avons attendu, vainement jusqu’à ce jour, le dispositif de « couplage » ou « d’anastomose », alternative aux sutures par fils, qui permettrait une réparation immédiatement solide, restituant parfaitement la morphologie tendineuse dans le canal digital et qui soit compatible avec une mobilisation immédiate sans protection. Des essais expérimentaux et cliniques ont eu lieu, impliquant des dispositifs variés, souvent coûteux et complexes. Aucun n’a pu s’imposer et détrôner le simple usage de fils de suture, qui reste encore le gold standard de cette chirurgie. De leur côté, les sutures de tendons fléchisseurs ont progressé, l’usage de sutures multibrins s’est répandu, améliorant la solidité primaire de ces réparations et rendant possible le recours à une mobilisation active postopératoire immédiate. Cette mobilisation active tend à devenir la solution de première intention pour la prise en charge postopératoire immédiate de ces sutures tendineuses, à condition d’en respecter les indications, lesquelles sont détaillées dans les pages de cette monographie. La prévention des adhérences est l’autre quête, également inassouvie, du chirurgien de la main, qui cherche sans relâche le produit ou l’artifice technique miracle qui mettra à l’abri ses sutures tendineuses de ces adhérences, sans en réduire pour
http://dx.doi.org/10.1016/j.main.2014.11.002 1297-3203/# 2014 Publié par Elsevier Masson SAS.
autant la solidité intrinsèque. Là encore, les essais thérapeutiques ont été très nombreux, testant l’efficacité de telle ou telle substance injectée dans la gaine fibreuse au contact de la zone de suture. Aucun de ces produits n’a vu son efficacité scientifiquement démontrée, de sorte que la qualité technique de la suture, le respect de la morphologie tendineuse et de l’environnement tissulaire, l’attention prêtée aux poulies, restent encore les recettes les plus éprouvées (et les plus difficiles à mettre en œuvre) pour tenter de contenir l’importance des adhérences postopératoires. Dans ces conditions, les chapitres consacrés aux techniques de réparation avaient ici toute leur place. Enfin la chirurgie secondaire, faisant appel au vaste registre des greffes, ténolyses et autres arthrolyses, est également un chapitre exigeant. Dans ce domaine, la formation des plus jeunes générations de chirurgiens de la main sera plus longue aujourd’hui, car ils sont moins souvent que leurs aînés confrontés à ces situations. Finalement, constater que ce domaine de la chirurgie des tendons fléchisseurs reste tellement lié à l’expertise technique des praticiens n’est pas pour nous déplaire, et nous souhaitons que la lecture de cette monographie se révèle d’une aide utile dans cette recherche de l’excellence. . .
G. Dautel Centre chirurgical Émile-Galé, rue Hermite, 54000 Nancy, France Adresse e-mail :
[email protected] Disponible sur Internet le 18 novembre 2014