La C.I.M.P. lutte pour une meilleure efficacité stratigraphique en palynologie

La C.I.M.P. lutte pour une meilleure efficacité stratigraphique en palynologie

Review of Palaeobotany and Palynology Elsevier Publishing Company, Amsterdam - Printed in The Netherlands LA C.I.M.P. L U T T E P O U R U N E M E I L...

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Review of Palaeobotany and Palynology Elsevier Publishing Company, Amsterdam - Printed in The Netherlands

LA C.I.M.P. L U T T E P O U R U N E M E I L L E U R E E F F I C A C I T ~ STRATIGRAPHIQUE EN PALYNOLOGIE B. ALPERN Secr~taire C.LM.P.; Centre d'Etudes et Recherches des Charbonnages de France, Verneuil-enHalatte, Oise (France)

(Re~u le 29 aotat, 1966)

SUMMARY The International Commission for the Microflora o f the Palaeozoic struggles for a better stratigraphical efficacy in palynology

Conditions which make palynology a useful stratigraphical tool are summarized and some practical recommandations are given. The I.C.M.P. is an international organization whose purpose is the promotion of a greater stratigraphieal usefulness of palynology.

R~SUM~ l~nonc6 de quelques principes devant permettre une meilleure efficacit6 stratigraphique de la palynologie. La Commission Internationale de Microflore du Pal6ozoique (C.I.M.P.) est organis6e dans cette perspective.

INTRODUCTION Le probl~me de la cr6ation d'une association internationale de palynologie est ~ l'ordre du jour de la Deuxi6me Conf6rence Internationale de Palynologie. Tout le monde est d'accord sur la n6cessit6 de fonder une telle organisation, mais le cadre une fois cr66, que mettra-t-on A l'int6rieur?, ou, plus simplement, une organisation internationale soit, mais pour quoi faire? En tant que secr6taire g6n6ral et membre fondateur de la C.I.M.P.,je voudrais tenter de d6gager, ~ la lumi6re d'une exp6rience de huit ann~es, quels services nous devrions attendre d'une organisation ~ l'6chelle internationale. Mon point de vue sera celui du g6ologue, je ne pr6tends donc pas aborder t o u s l e s aspects de la palynologie moderne. Cependant, et quelle que soit la branche consid6r6e, la palynologie ne se justifie que si elle est utile. Rev. Palaeobotan. PalynoL, 1 (1967) 69-74

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Pour le g~ologue, utilit6 signifie avant tout possibilit6 de faire de la stratigraphie.

CONDITIONS QUI PERMETTRAIENT )k LA PALYNOLOGIE D'ETRE STRATIGRAPH1QUEMENT UTILE

Examinons quelques unes des conditions qui permettraient h la palynologie d'fitre stratigraphiquement utile. (1) I1 faut que les palynologistes se comprennent mutuellement, donc qu'ils patient le m~me langage. Ce langage passe actuellement par la nomenclature binomiale et les r6gles du Code International de Botanique (C.I.B.). (2) L'application correcte des r6gles du C.I.B. ne suffit cependant pas. Nous constatons qu'une conception trop 6troite de la notion d'esp~ce a conduit h cr6er de nombreux noms inutiles, bas6s sur des d6tails morphographiques non significatifs. La palynologie se trouve de ce fait tellement surcharg6e d'esp6ces sans valeur stratigraphique, que m~me le sp6cialiste ne s'y retrouve plus (je pense aux quelque 150 esp~ces de Densosporites). A plus forte raison, le g6ologue, l'universitaire, non sp6cialistes mais cependant int6ress6s, ont l'impression de se trouver devant une discipline herm6tique. On comprend l'embarras des uns et des autres devant les meubles entiers que remplissent maintenant les catalogues de type compilatoire comme le Catalogue of Fossil Spores and Pollen (compil6 et redig6 par G. O. W. Kremp, W. Spackman et H. T. Ames; Pennsylvania State University, University Park, Pa., U.S.A.). La solution r6side-t-elle dans la m6canisation et l'usage de machines 61ectroniques? non, elle passe d'abord par la r6vision et la r6duction du nombre des esp6ces en donnant h la notion d'esp6ce sa signification correcte, sa v6ritable ampleur. (3) Rappelons quelques uns des principes relatifs h la notion d'esp+ce en micropal6ontologie: (a) l'esp~ce est en partie conventionnelle, ses limites ne pr6existent pas dans la nature, elles sont choisies par l'homme avec plus ou moins de discernement; (b) l'esp6ce correspond ~ une population en pleine 6volution qu'il faut d6finir le plus compl6tement possible; (e) l'holotype n'est qu'un variant individuel dont l'importance a 6t6 surestim6e par rapport h celle de la population qu'il est cens6 representer (s'il est bien centr6 et bien choisi); (d) la dur~e d'une esp~ce et l'allure de son d6veloppement permettent de tracer sa biozone et son 6pibole; (e) l'ensemble des biozones r6gionales donne une id6e de l'extension stratigraphique mondiale et de la valeur d'une esp6ce.

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RECOMMANDATIONSPRATIQUES I1 r6sulte des conditions ci-dessus un certain nombre de recommandations pratiques: (1) Un seul 6chantillon, pris par exemple dans un sondage, ne sufl~ra pas pour d6finir correctement une population et sa variabilit6, ni pour tracer une biozone. Dans le cas d'un 6chantillonnage incomplet, il faudra donc s'abstenir de cr6er des esp6ces. Ceci n'a pas 6t6 fait dans le pass6 et on peut citer de nombreuses esp6ces cr66es/~ partir d'un seul 6chantillon. On pourra cependant, si n6cessaire, prendre une position d'attente en publiant l'esp6ce sous un num6ro provisoire, sans utiliser d'embl6e la nomenclature linn6enne. L'esp6ce sera valid6e lorsque toutes les informations relatives seront rassembl6es. On peut appeler cette premi6rerecommandation:Principe d'dchantillonnage extensif. (2) Des 6chantillons, dont la position g6ographique et stratigraphique sont douteuses ou impr6cises ne sont pas utilisables. Pourtant, nous connaissons un exemple r6cent off de nombreuses esp6ces br6siliennes ont 6t6 d6crites par des palynologistes, sur un 6chantillon "whose exact occurrence is not known". Un tel cas n'est pas isol6. On peut appeler cette deuxi6me recommandation: Principe de l'efficacit~ stratigraphique. (3) La palynologie telle que nous la voulons dolt correspondre ~t un travail en profondeur, done de longue haleine. Rien n'est plus d6primant pour une 6quipe de chercheurs travaillant avec soin et d&ail sur un grand bassin, que de voir un palynologiste 6tranger de passage ramassant, au cours d'une excursion g6ologique 1, un quelconque 6chantillon sur lequel une publication sans signification g~n6rale, puisque sans contexte, est aussit6t faite. De tels cas sont encore malheureusement trop fr6quents. I1 en r6sulte que sont p6nalis6s les palynologistes soucieux de ne publier que des travaux d'ensemble, portant par exemple sur la totalit6 d'un bassin charbonnier. Ainsi, l'6quipe palynologique du Centre d'Etudes et Recherches des Charbonnages de France (Cerchar) travaille depuis 15 ans sur le bassin lorrain, 8 si6ges, 29 sondages, plus de 1500 6chantillons ont 6t~ analys~s, plusieurs theses universitaires y ont 6t6 en outre consacr6es. Pourtant une publication est parue voici deux ans sur l'un des si6ges que nous 6tudions, 49 esp6ces nouvelles ont 6t6 cr66es (bas6es sur des d&ails morphographiques de peu d'importance) dont nous pouvons dire qu'eUes sont /t peu pr6s toutes sans int6rSt stratigraphique, done pratiquement inutiles. Cette troisi6me recommandation peut s'intituler: Principe de la priorit~ aux ~quipes nationales (ou locales) engag~es dans des travaux ~ la longue ~ch~ance. Entendons-nous bien, il ne s'agit pas d'&ablir des chasses ind6finiment gard6es, 1 0 u se faisant envoyer par un tiers plus ou moins bien inform&

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mais il s'agit de s'informer de l'existence des 6quipes locales et de leur laisser le temps de faire leur travail soigneusement, sans courir le risque d'6tre court-circuit~es par des tiers; 5- charge pour elles de publier leurs travaux lorsque ceux-ci sont arriv6s 5- maturit6. Une organisation internationale peut faire beaucoup dans ce domaine. (4) L'application ~ la lettre des r6gles du C.I.B. conduit parfois 5- rejeter un nora ancien et bien connu pour des raisons de simple proc6dure. Lorsque cette proc6dure est engag6e pour clarifier une situation confuse, on peut l'accepter. Si elle conduit 5- cr6er un nom nouveau alors que la situation ne l'exigeait pas vraiment et si la nouvelle situation ainsi cr66e risque d'6tre plus confuse que la pr6cedente, alors le nom nouveau doit ~tre consid6r6 comme inutile, m~me si quelques articles du C.I.B. permettent de le cr6er. Nous appellerons cette quatri6me recommandation: P r i n c i p e d'Oconomie des noms nouveaux.

ROLE D'UNE ORGANISATION INTERNATIONALE

Ces quelques principes 6tant 6nonces, examinons maintenant quel peut 6tre le r61e d'une organisation internationale comme la C.I.M.P. (qui s'est fix6 des objectifs 5- la fois pr6cis et limit6s) pour la promotion d'une palynotogie stratigraphique valable (Tableau l). (1) La C.I.M.P. a cr66 et cr6e continuellement de petites 6quipes de travail (3-10 membres) qui entreprennent la r6vision des genres qui paraissent les plus int6ressants pour la stratigraphie. Ceci implique: (a) de faire une 6tude bibliographique complete du genre; (b) de rassembler si possible le mat6riel original des auteurs ayant cr66 des esp6ces; (c) de concentrer le maximum d'informations internationales concernant la morphographie des esp6ces et l'extension des biozones locales; (d) d'appliquer ensuite lors de la r6vision syst6matique du genre les principes d'6conomie et de conception ~largie des esp6ces, kes synonymies ~tablies et les regroupements faits doivent g6n6ralement aboutir 5, une r6duction importante du nombre des esp6ces. (2) Les informations stratigraphiques relatives aux esp6ces r~vis6es sont envoy6es au secr~taire de la Sous-Commission de Stratigraphie qui a pour t~che de regrouper les informations par 6tage, en liaison avec te responsable de cet 6tage (voir Tableau I). (3) La C.I.M.P. publie dans un ouvrage d'ensemble, 6dit6 par le Centre National de la Recherche Scientifique (C.N.R.S., France) les monographies compl6tes, illustr~es, des genres ainsi r~vis6s. Ces monographies trouvent en effet mal leur place dans les comptes rendus de congr6s ou dans les revues. Ceci permet une 72

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TABLEAU I ORGANIGRAMME DE LA C.I.M.P.

Pr6sident R. POTONI~ Secretaire g6n6ral: B. ALPERN" 6dition de diapositives d'holotypes et cotypes Comit6 d'6dition : Publication d'un ouvrage collectif "Microfossiles organiques du Pal6ozoique" (C.N.R.S., France) sous-commission SPORES R. POTONI~ A.H.V. SMITH Mdgaspores P. PII~RART

(A) (B) (C)

sous-commission CHIT1NOZOAIRES

A. EISENACK

A, COMBAZ

sous-commission A CRITAR CHES S. JARDINI~

Cuticules J. DOUBINGER

Terminologie morphographique (trilingue). Bibliographie. M6thodes, etc . . . . Petits groupes de travail pour la r6vision des genres et esp6ces Stratigraphie Stratigraphie Stratigraphie spores chitinozoaires acritarches

sous-commission STRATIGRAPHIE R. NEVES Cambrien-Silurien : MME J. TAUGOURDEAU D6vonien-Carbonif6re inf6rieur: J. B. RICHARDSON Carbonif6re moyen : MELLE M. A. BUTTERWORTH Carbonif6re sup6rieur : B. ALPERN Permien : D. C. BHARADWAJ sous-commission STRATIGRAPHIE CARBONIF~RE

T. N. GEORGE l~quipes polyvalentes pour l'6tude des stratotypes

information internationale valable de tousles palynologistes. (4) Ceux qui d6sirent alors publier une esp~ce appartenant au genre r6vis6 (ou en cours de r6vision) ont int6r~t/l soumettre cette esp6ce/l l'6quipe C.I.M.P. charg6e du travail. Cette recommandation n'est pas une ali6nation de la libert6 du palynologiste, mais au contraire une s6curit6 pr6cieuse pour celui-ci. (5) Les palynologistes ne sont pas les seuls /l faire de la stratigraphie; ils ne doivent pas rester isol6s mais au contraire collaborer avec les autres pal6ontologistes, les,, g~logues, les g6ophysiciens et g~ochimistes, les s6dimentologistes et pdtrographes, e t c . . . Une mani6re valable d'op6rer ces regroupements consiste/l rassembler les divers sp6cialistes au sein des Sous-Commissions Internationales de Stratigraphie des divers 6tages consid6rds. Ainsi ~ Sheffield, avons-nous Rev. Palaeobotan. Palynol., 1 (1967) 69-74

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organis6 en 1965, en commun avec la Sous-Commission de Stratigraphie de Carbonif6re, un colloque sur le th~me: 'Confrontation des m&hodes bio-et chronostratigraphiques de subdivision du Carbonif6re'. (6) Donner un nom d'&age stratigraphique ~t une s6rie s6dimentaire revient ~t faire r6f6rence b, une coupe consid6r6e comme 6talon international. Cet 6talon est en principe le stratotype de l'&age considerS. Ce stratotype doit faire l'objet d'un inventaire complet par l'ensemble des disciplines utilisables en stratigraphie. 11 peut se r6v~ler inad6quat (incomplet, tectonis6, non fossilif6re, non repr6sentatif, etc...). Pour &udier les stratotypes et choisir 6ventuellement des n6ostratotypes plus valables, la C.I.M.P. a propos6 la cr6ation d'6quipes mixtes polyvalentes comprenant: g6ologue de terrain (pal6ontologiste), sfdimentologiste (p&rographe, g6ochimiste), micropal6ontologiste, palynologiste, e t c . . . De cette faqon, le travail du palynologiste s'int6gre dans un vaste ensemble o0 il trouve sa vraie signification, sa v6ritable place et sa plus grande utilit6.

CONCLUSION

En conclusion, nous souhaitons que se modifie la conception implicite actuelle selon laquelle ia c616brit6 du palynologiste se mesure au nombre des esp6ces qu'il a cr66es, m~me si lui ni personne n'en font jamais rien.

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