La collaboration dermatologue–rhumatologue dans les maladies inflammatoires et systémiques

La collaboration dermatologue–rhumatologue dans les maladies inflammatoires et systémiques

Revue du rhumatisme monographies 78 (2011) 129–130 Éditorial La collaboration dermatologue–rhumatologue dans les maladies inflammatoires et systémiqu...

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Revue du rhumatisme monographies 78 (2011) 129–130

Éditorial

La collaboration dermatologue–rhumatologue dans les maladies inflammatoires et systémiques Collaboration dermatologist–rheumatologist in inflammatory diseases and systemic Béatrice Crickx ∗ , Jean Sibilia Service de dermatologie, université Paris-7 Diderot, hôpitaux universitaires Paris-Nord-Val-de-Seine (site Bichat), AP–HP, 46, rue Henri-Huchard, 75877 Paris cedex 18, France

i n f o

a r t i c l e

Historique de l’article : Accepté le 9 juin 2011

De longue date, rhumatologues et dermatologues ont noué une approche collaborative pour la prise en charge de maladies inflammatoires ou systémiques chroniques. En témoignent des travaux collaboratifs internationaux [1] et la collaboration quotidienne des services hospitaliers ou des médecins libéraux franc¸ais, pour aboutir à un diagnostic précoce et précis chez des patients avec manifestations cutanéo-articulaires. Ce lien s’est renforcé avec le développement de nouveaux critères de classification combinant souvent critères dermatologiques et/ou rhumatologiques ainsi que le développement de nouvelles thérapeutiques, notamment les agents biologiques. Ainsi est née l’idée d’une monographie de la Revue du Rhumatisme sur la thématique « Peau et rhumatisme ». Sous la houlette de Frédéric Lioté et du Comité éditorial de la Revue du Rhumatisme, ont été identifiées trois thématiques principales : l’approche collaborative dans la prise en charge du psoriasis et d’autres maladies cutanéo-articulaires chroniques ; les signes dermatologiques des maladies systémiques, enfin la surveillance dermatologique ou les effets secondaires cutanés des thérapeutiques nouvelles. À chaque fois qu’il a été possible, chaque article a été rédigé par un binôme rhumatologue–dermatologue, chacun apportant la contribution de sa discipline. Le dialogue rhumatologue–dermatologue est utile dans la prise en charge du psoriasis en raison de sa fréquence dans la population générale et du risque, pour 20 % des patients, d’évoluer vers une arthrite destructrice invalidante. À l’inverse, la consultation pour le motif d’un rhumatisme inflammatoire chronique justifie, pour le rhumatologue, de pouvoir le rattacher au psoriasis devant des signes cutanés plus atypiques que les classiques plaques érythématosquameuses des zones bastion. Ainsi G. Lorette souligne l’intérêt

∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (B. Crickx).

de bien examiner certaines topographies telles que les plis, le cuir chevelu, les ongles. L’examen attentif de l’appareil unguéal, parfois unique manifestation d’un psoriasis cutané, est souligné par l’article collaboratif de Sophie Goettmann et Frédéric Lioté, tant l’os sous-jacent de la phalangette, auquel anatomiquement l’ongle est relié par un appareil fibreux sous-unguéal, est la structure squelettique qui va être touchée par le processus inflammatoire du psoriasis et du rhumatisme psoriasique. Les patients atteints de pustulose palmoplantaire sont susceptibles de développer des atteintes ostéo-articulaires très proches du rhumatisme psoriasique, dans le cadre du syndrome SAPHO dont Gilles Hayem nous rappelle la nosologie et la sémiologie radioclinique, les nouveaux critères étant en préparation. Le rhumatologue adapte le traitement à la forme clinique axiale ou périphérique du rhumatisme psoriasique. Il est souvent confronté au traitement des lésions cutanées qui doivent être traitées en tant que telles ou faire l’objet d’une décision mutuelle avec le dermatologue. Carle Paul et Hervé Bachelez rappellent la stratégie thérapeutique des traitements locaux ou systémiques utilisés dans le psoriasis cutané et les schémas des traitements par agents biologiques des psoriasis cutanés sévères en échec des lignes précédentes. La collaboration Jean Revuz et Daniel Wendling permet une actualisation sur l’hidrosadénite suppurée ou maladie de Verneuil, de diagnostic souvent retardé, dont le cours évolutif peut être émaillé d’un rhumatisme inflammatoire. Le traitement médicochirurgical doit être adapté à l’étendue des lésions. Dermatologues et rhumatologues prennent en charge, chacun selon leur biais de recrutement, les maladies systémiques classées dans les connectivites. La peau en est un point d’appel et Cédric Lenormand et Dan Lipsker soulignent l’importance de l’analyse sémiologique fine des lésions des mains et du visage. Dans la sclérodermie systémique, les nécroses cutanées ischémiques aggravent le pronostic fonctionnel cutanéo-articulaire. Catherine Lok en rap-

1878-6227/$ – see front matter © 2011 Publié par Elsevier Masson SAS. pour la Société française de rhumatologie. doi:10.1016/j.monrhu.2011.06.001

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B. Crickx, J. Sibilia / Revue du rhumatisme monographies 78 (2011) 129–130

pelle les mécanismes et la prise en charge spécifique, lesquels ont fait l’objet de recommandations d’un groupe pluridisciplinaire d’experts [2]. Des plaques urticariennes chroniques peuvent révéler un lupus érythémateux ou une vascularite urticarienne. Pour autant, Frédéric Augey et Jean-Franc¸ois Nicolas nous rappellent que l’urticaire chronique n’est qu’exceptionnellement une maladie systémique et qu’une corticothérapie au long cours dans cette indication peut conduire à un échappement ou à une corticodépendance. Maxime Battistella et Bernard Cribier font le point sur les calcinoses cutanées qu’il convient de bien différencier des ossifications cutanées et en rappellent, avec une iconographie riche, la classification. La monographie laisse une place à la connaissance d’une maladie rare, le syndrome de Blau, de début infantile, et dont Michel Rybojad et Corinne Micelli-Richard nous cernent les critères, notamment les frontières avec la sarcoïdose et font part des avancées sur la génétique. Le développement de thérapeutiques nouvelles conduit ces dernières décennies à la description de nouveaux effets iatrogènes. La surveillance dermatologique des patients traités sous biothérapie doit être attentive en raison des infections notamment par mycobactérie. Alexis Guyot fait le point sur les mycobactéries atypiques dont les points d’appel sont dermatologiques mais également rhumatologiques et pour lesquelles des mesures préventives pourraient être données aux patients sous biothérapie, notamment lorsqu’ils possèdent un aquarium. Mais des manifestations d’hypersensibilité locale ou générale peuvent survenir, notamment des dermatoses dites « paradoxales » dont Manuelle Viguier et al.

nous rappellent les manifestations et la prise en charge pratique. Le syndrome d’hypersensibilité médicamenteux est important à connaître pour le rhumatologue, car il peut mettre en jeu le pronostic vital, lié aux atteintes viscérales. Reconnaître le médicament responsable et l’arrêter précocement (en rhumatologie peuvent être évoqués l’allopurinol, la salazopyrine ou les sulfones, les antiinflammatoires non stéroïdiens, plus récemment le ranelate de strontium) conditionnent l’évolution plus ou moins favorable. Les critères diagnostiques sont précis, la physiopathologie originale impliquant une réactivation virale notamment au virus herpès virus 6. La prise en charge fait l’objet de recommandations par le groupe toxidermie de la Société franc¸aise de dermatologie [3]. Toutes ces thématiques illustrent la pluridisciplinarité de la prise en charge de ces affections. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Coates LC, McGonagle MD, Hodgson R. Imagery in psoriasis and psoriatic arthristis. GRAPPA 2008. J Rheumatol 2010;37:448–52. [2] Frances C, Allanore Y, Cabane J, et al. Recommandations d’un groupe pluridisciplinaire d’experts. Presse Med 2008;37:271–85. [3] Descamps V, Ben Saïd B, Sassolas B, et al. Prise en charge du Drug Reaction with Eosinophilia and Systemic Symptoms. Ann Dermatol Venereol 2010;137: 703–8.