La consommation maximale d'oxygène des équipes nationales françaises de 1979 à 1988 (sportifs de plus de 20 ans)

La consommation maximale d'oxygène des équipes nationales françaises de 1979 à 1988 (sportifs de plus de 20 ans)

39 Science & Sports (1990) 5, 39-45 © Elsevier, Paris Article original La consommation maximale d'oxyg~ne des 6quipes nationales fran~aises de 1979...

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Science & Sports (1990) 5, 39-45 © Elsevier, Paris

Article original

La consommation maximale d'oxyg~ne des 6quipes nationales fran~aises de 1979 ~ 1988 (sportifs de plus de 20 ans) E Joussellin, B Desnus, F Fraisse, R Handschuh, P Legros, M Strady, M Thoma'idis Ddpartement mddical, INSEP, 11, avenue du Tremblay, 75012 Paris, France

(Re~u le 21 juin 1988; accept6 le 31 janvier 1990)

R~sum~ - L'exploration du m6tabolisme a6robie d'une quarantaine de disciplines sportives a 6t6 r6alis6e de 1979 ~t 1988 au D6partement m6dical de I'INSEP. Nous pr6sentons les r6sultats des consommations maximales d'oxyg~ne de ces diff6rent.es 6quipes frangaises (41 sp6cialit6s pour les hommes et 20 chez les femmes). Cette 6.tude montre que le sportif de haut niveau a une VO 2 max sup6rieure ~t celle du s6dentaire, quelle que soit la discipline concern6e. La VO: max est d'autant plus 6tev6e que le sport fait appel au m6tabolisme a6robie, les valeurs les plus 61ev6es ( > 80 ml.min-l.kg 1) se retrouvant chez les cyclistes et les marathoniens. Le niveau de 60 ml.min-l-kg -1 chez les hommes et de 55 ml.min l,kg 1 chez les femmes distingue les disciplines h/'aspect technique pr6dominant des sp6cialit6s ~t l'aspect 6nerg6tique dominant. ~rO 2 m a x / m 6 t a b o l i s m e a~robie / 6quipes nationales

Summary -

The.~rO 2 m a x o f the m e m b e r s o f the F r e n c h n a t i o n a l teams (athletes over 20 years old) o v e r the period 1979-1988.

We explored the VO 2 m a x o f members o f the French national teams (athletes over 20 years old) f o r 42 sport specialities in the male and 19 in the f e m a l e population (556 men and 156 women). A l l these athletes had participated at European or W o r m Championship level or in the Olympic Games. We utilized 2 triangular protocols according to the sport under study: in the "'short protocol", after a warming-upperiod o f 10 min, the intensity o f the exercise was increased each min. In the " l o n g p r o t o c o l " after the same warmingup period, each level o f exercise (4 min) was separated f r o m the next by 1 resting min. The exercise was prolonged to exhaustion. Specific ergometers were utilized according to the sport under study. The following parameters were measured at each level o f exercise: heart rate, VO e, blood lactate, energy. The average results increased f r o m 43 m l . m i n - l . k g z (canoeing) to 80 ml.min -1 kg -1 (marathon) in men. The highest individual results were 74 ml.min lkg j (women) and 91 ml.min lkg ~ (men) in marathon runners. Results o f under 55 (women) and 60 ml.min lkg 1 (men) were connected with technical and tactical sports, and over these levels concerned the more aerobic specialities. The French teams VO 2 m a x results were f o u n d to be similar to those o f foreign teams. "¢O2 m a x / aerobic m e t a b o l i s m / n a t i o n a l sports teams

Introduction

La mesure de la consommation maximale d'oxyg6ne (r~rO2 max) se fait depuis longtemps (1924 pour l'aviron) dans les sports off l'on pense plus ou moins justement qu'elle est un facteur limitant de la performance. C'est en particulier le cas des disciplines telles que la course h pied (demi-fond et fond), du ski de fond, du cyclisme et de l'aviron [1]. Mais aujourd'hui, la quantit6 d'entra~nement exig6e pour atteindre et se maintenir au plus haut niveau impose aux disciplines ~ l'aspect technique plus

ou moins pr6dominant (sports collectifs, tennis, golf, voile, tir, sports m6caniques...) une pr6paration physique g6n6rale de plus en plus importante. C'est pourquoi les entra~neurs de toutes Ies disciplines, soucieux de programmer la pr6paration de leurs athl6tes, demandent que soit mesur6e r6gulibrement la VO 2 max de leurs 6quipes. Plus de 6 000 6preuves d'effort ont 6t6 r6alis6es dans ce but au D6partement m6dical de I'INSEP depuis 1979. Nous pr6sentons, dans cette publication, les r6sultats obtenus chez les sportifs de plus de 20 ans. Une

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E Joussellin et al

publication ult6rieure d o n n e r a les r6sultats des 6quipes nationales de moins de 20 ans. L'6tude que nous pr6sentons complete celle que n o u s avons publi6e en 1982 [5].

palement par les pilotes automobiles, par les sp6cialistes du cano~-kayak et par quelques sportifs peu habitu6s aux efforts prolong6s.

Ergom~tres Population Elle est compos6e de 556 hommes ~g6s de 23,7 ans( + 1,9) et de 156 femmes ~g6es de 23,2 ans (+_ 1,4). Ces sportifs sont r6partis dans 42 disciplines sportives pour les hommes et 19 sp6cialit6s pour les femmes. Tous ces athletes appartiennent aux 6quipes nationales espoirs et seniors de leurs sp6cialit6s. La population est in6galement r6partie, de 3 ~ 30 athletes par sp6cialit6. Nous avons cependant choisi de conserver les disciplines ~ faibles effectifs, car elles sont repr6sentatives du tr~s haut niveau fran~ais ou mondial. I1 en est ainsi de la marche, du judo, du patinage h roulettes, du patinage artistique, du ski de fond, du tennis, du trampoline, du hockey, de l'halt6rophilie, de la natation chez les hommes, et de l'escrime, de la course d'orientation et du patinage ~t roulettes pour les femmes.

Protocoles Deux types de protocoles triangulaires sont utilis6s suivant les sp6cialit6s sportives. P r o t o c o l e <~long>>

Le protocole ~) discontinu est utilis6 dans la presque totalit6 des cas. Apr~s un 6chauffement h faible puissance de 10 min sont r6alis6s une succession d'efforts de puissance croissante de 4 min chacun, entrecoup6s de 1 min d'arr~t, jusqu'h l'6puisement du sujet. A chaque palier d'effort sont recueillis: la puissance de l'exercice, la fr6quence cardiaque et les gaz expir6s. La minute de repos est mise ~t profit pour pr61ever un 6chantillon de sang art6rialis6 par microponction au lobe de l'oreille. La dur6e des paliers permet d'obtenir un 6tat stable (FC, ~¢O2, lactates) &chaque puissance. Ce qui autorise, en plus du VO 2 max, ~ mesurer la capacit6 a6robie de l'athl&e. Ce type d'6preuve dure de 30 h 45 rain. Protocole ~ court ~

Ce protocole est utilis6 quand la mesure pr6cise de la capacit6 a6robie n'est pas n6cessaire. Lors de ce test, apr~s un 6chauffement de 10 rain h faible puissance, celle-ci est augment6e touttes les minutes jusqu'~ 6puisement du sujet. La fr6quence cardiaque et les gaz expir6s sont recueillis pendant toute l'6preuve. Un pr61~vement de sang est effectu6 ~ l'arr~t de l'exercice. Ce protocole est utilis6 princi-

I1 a 6t6 d6montr6 que le sportif est plus h l'aise sur l'ergom6tre le plus sp6cifique possible de son geste habituel [2-4, 6-9], raison pour laquelle nous employons diff6rents ergom6tres. Le plus utilis6 est un tapis roulant hellige dont la vitesse maximale est de 30 km.h -1. Une pente de 3% est maintenue constante pendant toute la dur6e de l'6preuve. Le premier palier (qui sert d'6chauffement) est r6alis6 ~t 8, 10 ou 12 km.h -1 suivant la sp6cialit6 du sportif. La vitesse est augment6e de 2 km.h -~ ~t chaque palier d'effort. La quasi-totalit6 des 6preuves r6alis6es sur le tapis roulant se terminent ~t 18, 20 ou 22 km.h 1, quelques marathoniens allant jusqu'~ 24 km.h-1. Les rameurs utilisent l'ergom6tre d'aviron norv6gien Gjessing ou l'am6ricain Concept I1. L'augmentation de la puissance de l'exercice se fair en augmentant la charge de freinage (de 1,5 ~ 3 kg) et la cadence (de 20 ~t 36 coups.min- 1). Les sp6cialistes de cano~-kayak effectuent un <>sur un cyclergom&re adapt6 en augmenrant la puissance de 10 W toutes les 30 s, les femmes r6alisant l'6preuve de 50 ~ 250 W et les hommes de 100 ~ 300 W. Les cyclistes sont explores sur ergocycle Jaeger ou Ergomeca. La puissance est augment6e de 50 ~t75 W par palier ainsi que la vitesse de p6dalage (de 60 ~t 90 tours.min- 1). L'6chanffement se fait h 100 W e t l'6preuve se termine 300 W pour les femmes et ~ 400 W pour les hommes. Les nageurs sont explor6s en piscine par un protocole adapt6: distance fixe de 200 m par palier, vitesse impos6e par un <~au fond de l'eau, gaz recueillis dans des sacs de Douglas. Les nageurs sont 6galement explor6s sur le tapis roulant.

Param~tres recueillis La puissance de l'exercice est exprim6e en watts pour le cyclisme, l'aviron, le cano6-kayak. Pour des raisons d'utilisation pratique sur le terrain, la puissance de l'exercice est exprim6e en km.h-1 pour le tapis roulant et en rn.s-i pour la natation. Un trac6 61ectrocardiographique est enregistr6 pendant toute la dur6e de l'6preuve, ~t partir de 3 61ectrodes pr6cordiales. La fr6quence cardiaque est mesur6e sur la derni6re minute de chaque palier d'effort. Les gaz expir6s sont recueillis par cycles de 30 set analys6s par des appareils Beckman (OM 11, LB2) ou Minjhardt (Oxycon 4). La lactat6mie est mesur6e ~tpartir d'6chantillons de sang art6ralis6s pr61ev6s au lobe de l'oreille et analys6s en spectrom6trie (m6thode Boehringer) ou bien avec l'analyseur Roche Kontron 640.

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~'O 2 m a x des ~quipes nationales frangaises de 1979 ~t 1988 CANOE AUTOMOBILE VOLLEY HALTEROPHILIE HOCKEY GAZON HOCKEY GLACE RUGBY HAND BALL ESCRIME VOILE GOLF BASKET KARATE WATER POLO SPRINT 100 200 TENNIS TABLE DECATHLON KAYAK SKI ALPIN MARCHE FOND FOOT BALL JUDO NATATION TRAMPOLINE SPRINT 400 PATIN ROULETTE PATINAGE VITESSE BOXE PATINAGE ARTISTIQUE PENTATHLON MODERNE AVIRON COURSE ORIENTION SKI FOND CYCLISME PISTE DEMI FOND 800 MARCHE 20-50 KM CYCLISME ROUTE DEMI FOND 1500 3000 ST. 5000 10000 MARATHON

I

1 l

52,i2

5,,9 1

~6,5 55,4 55,4 55,5 56,3

~

55,8 57 57,1 57,3 67,5 57,6 57,7 57,9 57,9 58,1 58,1 68,6 56,1

I

59,1 59,3 60,5

i

=

60,8 61,4 53

!

64,2

I ! !

64,6 65,4 67,9

I

68,6 68,8

I

69,1 69,9

I

71 71,3 75,3

iI

75,5 77 ,;3 80 I

45

50

55

INSEP EJ 88

I

I

60 65 70 ML MIN-1 KG-1

I

I

75

80

85

Fig 1. ~'O 2 m a x des 6quipes nationales h o m m e s , INSEP 1979-1988.

R6sultats

Les r6sultats de ~rO 2 max sont pr6sent6s dans les figures 1 et 2. Ils sont class6s par ordre croissant de VO 2 max exprim6e en m l . m i n - 1 . k g - 1 Afin de rendre les figures lisibles, l'6cart type n ' y a pas 6t6 repr6sent6. I1 est compris entre 1 et 5 ml.min-X.kg-1 dans la majorit6 des disciplines, l'exception des sports de combat, du water-polo et de la voile, o~ il est compris entre 5 et 7 ml.min-

1.kg-

1.

Discussion

r6sultats que nous publions concernent des ~preuves pour lesquelles nous sommes certains Les

de l'obtention de la g o 2 max. Les crit6res retenus cet effet sont les suivants: - le sportif est 6puis6, il doit ~tre encourag6 pour poursuivre l'6preuve, le mouvement perd de son harmonie; - la VO 2 max ne progresse plus ou peu sur les 2 derniers paliers d ' e f f o r t ; - la fr6quence cardiaque se stabilise 6galement; elle repr6sente d'ailleurs la fr6quence cardiaque maximale du sportif; - le quotient respiratoire (~rCO2/go2) est proche de 1,10 (de 1,07 ~, 1,15 en moyenne); - la lactat6mie est > 8 m o l d - 1 et peut atteindre 15 mol.1-1 Nous n'avons retenu pour chaque sportif que le meilleur r6sultat obtenu pendant sa carri6re sportive. En effet, le suivi de l'entra~nement que nous

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E Joussellin et al ESCRIME KAYAK JUDO WATER POLO TENNIS TABLE HAND BALL BASKET VOLLEY COURSE ORIENTATION SPRINT I00 200 HEPTATHLON NATAT IO N S Y N C H R O SPRINT 400 PENTATHLON MODERNE AVIRON PATIN R O U L E T T E D E M I F O N D 800 1500 CYCLISME 3000 M A R A T H O N

521,6

~8,9

35

40

45

50 55 60 ML MIN-1 KG-1

65

70

75

EJ 1989

Fig 2. VO 2 max des ~quipes nationales femmes, IN S EP 1979-1988.

effectuons comprend de 1 ~ 3 ou 4 bilans 6nerg6tiques pendant la saison sportive et ce pendant plusieurs ann6es. Cela nous a permis de constater que la VO 2 max des sportifs 6tudi6s 6volue peu pendant la saison sportive: elle est en gdn6ral < 5o70, ce qui est proche de l'erreur de mesure (environ 3°7o) des appareils utilis6s. Cette faible augmentation pendant la saison est due en partie ~ la population 6tudi6e: il s'agit de sportifs de haut niveau, entra~n6s 1 ~t 2 fois par jour depuis plusieurs ann6es et dont la quantit6 ou la qualit6 de l'entra~nement varient peu d'une ann6e ~t l'autre. Les seules variations plus importantes constat6es (voisines de 10°70 pendant la saison) concernent des athletes revus apr~s arr~t sportif prolong6 ( > 6 semaines) ou bien ayant augment6 de fa~on importante la quantit6 et la qualit6 de l'entra~nement (passage de 3 h 7 s6ances par semaine par exemple, ou bien travail sp6cifique du d6velopp.ement de la V O 2 max). Si la VO 2 max 6volue peu dans notre population, l'augmentation de la puissance ~ laquelle il est atteint est plus importante et > 10°70 de la puissance ant6rieure ( + 50 W sur la bicyclette ou + 2 k m / h - 1 sur le tapis roulant). La sp6cificit~ de l'ergom~tre est un 61~ment important pour obtenir un r6sultat correct. Le sportif effectue pendant l'6preuve un geste habituel et l'effort n'est pas interrompu pr6matur6ment par une fatigue musculaire locale due ~ la r6alisation d'un geste non habituel : c'est la raison principale de l'arr~t de l'effort sur une bicyclette ergom&ri-

que, alors que la course ~ pied est un geste naturel dans la plupart des activit6s sportives. Un autre int6r~t ~ l'emploi d'ergom~tres sp6cifiques tient ~ la motivation de l'athl~te qui dispose de ses rep~res et sensations habituels. Nous avons cependant constat6 (r6sultats non publi6s) que la VO 2 max est identique quel que soit l'ergom&re utilis6, dans une population donn6e. Il en est ainsi chez des rameurs ayant pass6 dans la m~me semaine l'6preuve sur ergom~tre d'aviron, sur tapis roulant et sur bicyclette. Le m~me constat est fait, ce qui est surprenant chez les kayakistes hommes, entre un <>de bras et une course ~t pied sur tapis roulant. II est vrai que cette population pr6sente une r6partition musculaire diff6rente des autres populations (hypertrophie du tronc et des membres sup6rieurs, souvent accompagn6e de masses musculaires peu importantes des memb.res inf6rieurs). Pour les nageurs, le r6sultat de la VO 2 max est identique entre l'6preuve en piscine et la course sur tapis roulant. En revanche, pour les patineurs sur glace, <~qui n'est qu'une planche sur laquelle glisse le sportif et qui reproduit le geste habituel, la VO z max est inf6rieure ~t celle obtenue sur tapis roulant. Quant aux r6sultats de la VO a max, il est remarquable de noter que, en dehors de l'escrime f6minin, la VO a max des sportifs de haut niveau est largement sup6rieure ~t celui des s6dentaires du m~me age [1] (habituellement <45-50 ml. m i n - 1.kg- 1.

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402 max des 6quipes nationales fran~aises de 1979/l 1988

de r6cup6rations longs (quelques dizaines de secondes) n'est pas suffisante pour d6velopper la puissance a6robie. E.n revanche, darts les disciplines off le niveau de la VO 2 max est un facteur limitant de la performance (demi-fond, cyclisme, aviron, marche, ski de fond), l'entra~nement comprend un travail sp6cifique de la puissance a6robie. Par exemple, un coureur de demi-fond dont la "v'O2 max est atteinte fl 20 km h-1 dolt, s'il veut entretenir ou am61iorer ce r6sultat, r6p6ter de 1 /t 3 fois par semaine, une dizaine de fois, des distances de 300 /l 1 000 m ~ la vitesse de 20 km h -1, s6par6es par des temps de r6cup6ration proches des temps de courses. Ce qui peut aboutir & des s6ances de 5/t 10 × 1 000 m e n 3 min avec 3/t 5 min de r6cup6ration. I1 est 6vident que ce type de s6ance, difficile effectuer et &supporter, n'est jamais pratiqu6 dans les sports collectifs. Cette sp6cificit6 de l'entraTnement des disciplines a6robies, ainsi qu'une meilleure compr6hension des m6canismes destin6s/t am61iorer la puissance a6robie, expliquent l'augmentation nette de la VO 2 max de ces sp6cialit6s sportives depuis 10 arts environ [5], ce qui n'est pas le cas des disciplines techniques off la VO 2 max a peu 6volu6 ces derni6res ann6es. Quelques remarques concernant sp6cifiquement quelques sports doivent 8tre faites. Le cano~-kayak est une discipline /t forte demande 6nerg6tique, mais le travail est effectu6 avec les bras seuls ; ce qui peut expliquer les r6sultats relativement modestes. Le (~p6dalage)) de bras

La pratique d'une activit6 sportive, quelle que soit sa sp6cificit6, permet donc d'am61iorer la fourniture d'6nergie par la voie a6robie. Les valeurs moyennes obtenues s'6chelonnent de 52 ~t 80 ml. min-~.kg -1 pour les hommes et de 42,8/t 68,7 ml. r a i n - 1.kg- 1 chez les femmes. Les valeurs individuelles les plus 61ev6es se situent 90,5 pour un cycliste sur route et ~t 91,2 ml. rain-1.kg-1 pour un marathonien. Chez les femmes, les valeurs les plus importantes sont de 74,4 ml. m i n - l . k g -~ pour une marathonienne et pour la seule triathlbte que nous suivons (qui n'est pas repr6sent6e dans le tableau). De l'ensemble des r6sultats se d6gage une constatation: en deg~ d'une valeur de 55 ml. m i n - l - k g -1 p o u r les f e m m e s et de 60 ml. rain-1.kg-1 pour les hommes se situent la majorit6 des sports/l dominante technique e t / o u tactique, en particulier les sports collectifs. Au-del/t de ces limites, la VO 2 max augmente en fonction de la d6pense 6nerg6tique a6robie exig6e pour la discipline concern6e. Cela est particuli6rement net pour les disciplines de l'athl6tisme, off la VO z max cro~t r6guli&ement du 100 m au marathon (fig 3). L'explication de cette ~(limite)) tient au fair que, dans les disciplines ~t composantes techniques et/ou tactique dominante, l'entra~nement ne comporte pas de travail sp6cifique du d6veloppement de la ~ro 2 max. La r6p6tition d'efforts intenses r6p6t6s mais brefs (quelques secondes), et suivis de temps

FEMMES

j

100-200

~

i ~3,4

4OO 800-1500 3000-MARATHON

8,9

HOMMES 100-200 400 800 1500 3000 ST.-5000

3

IO000-MARATHON

80 45

50

55

INSEP EJ 88 Fig 3. 402 max athl6tisme courses, 6quipes nationales 1979-1988.

60 65 70 ML MIN-1 KG-1

75

80

85

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E Joussellin et al

semble plus adapt6 au kayak qu'au canoE, ce qui explique la valeur anormalement faible de ce dernier. I1 n'existe, en revanche, aucune diff&ence significative entre les sp6cialit6s en <> (rivi&es) ou en <~ligne >> (bassin). Les pilotes automobiles (rallyes, formules de promotion et F1) s'astreignent r6guli&ement ~ quelques activit6s de sport loisir, ce qui peqt expliquer une valeur relativement 61ev6e de la VO 2 max (52,9) dans un sport stressant mais peu 6nerg&ique pour l'homme. Les haltdrophiles de notre population subissent une pr6paration physique g6n&aie importante, d'ofl un chiffre surprenant de 55,4 ml.min-1.kg-1. Les sports collectifs se situent autour d'une valeur moyenne de 56,3+ 1,7 m l . m i n - l . k g -1, quels que soient le milieu d'6volution (eau, glace, pelouse, parquet...), les dimensions du terrain et la pr6paration physique des diff6rentes sp6cialit6s. I1 est difficile de distinguer dans un m~me sport les diff6rents postes occup6s sur le terrain (avants, milieux, arri&es, ailiers, pivots...). Le constat est identique dans les sports collectifs f6minins, off la moyenne est cependant plus basse (51,8 +_0,6 ml. m i n - 1.kg- 1). Au rugby, les r6sultats entre avants (55,6 + 4) et arri&es (57 +_3 1.min- 1) sont identiques en valeurs relatives mais diff&ents en valeurs absolues: 5,29 +_0,35 1.min-1 pour des avants (95,8 +_8,2 kg) contre 4,54___0,4 1.min -1 chez les arri&es, plus 16gers d'environ 15 kg (79,5 + 6,8 kg). La m~me observation est r6alis6e h l'aviron. Les valeurs relatives se situent dans la m~me zone: 67,1 +- 3,4 m l . m i n - i . k g - 1 pour les poids lourds et 70,1 + 3,8 ml.min-1.kg-1 pour les poids 16gers. La diff&ence en valeur absolue est bien entendu li6e au poids : 5,75 +_0,23 1.min- 1 pour les poids lourds (85,9 + 4,9 kg) contre 4,98 ___0,21 1.min- 1 pour les poids 16gers (70,1 + 3,8 kg). Les escrimeurs frangais sont, en dehors de leur sp6cialit6, d'excellents joueurs de football, activit6 qu'ils pratiquent tr6s r6guli&ement comme forme de pr6paration physique. Les m~mes remarques s'appliquent pour les sp6cialistes de voile et de golf. Les marcheurs de fond (Paris-Colmar) ne travaillent pas la puissance a&obie au cours de leur entra~nement long et peu intense, d'ofi une valeur faible de la VO 2 max (59 ml.min-1.kg-1) par rapport aux marcheurs de 20 et 50 km. Les skieurs de fond de notre population sont de jeunes espoirs, d'ofi une vaieur encore modeste pour eux de la VO 2 max (69,1 m l . m i n - l . k g - 1). Enfin, il serait fastidieux d'6tablir une comparaison sport par sport avec les r6sultats des 6quipes

nationales 6trang&es. D'autant plus qu'ils sont, dans la majorit6 des cas, du m~me ordre de grandeur (5,9). Aux deux extr6mit6s de notre 6chelle de r6sultats, il est d'ailleurs anecdotique de constater que les sprinters et les marathoniens frangais ont les m~mes valeurs de la VO 2 max que les meilleurs sp6cialistes mondiaux de ces 2 disciplines (5,9), et les r6sultats internationaux de l'athl+te frangais sont, dans ces disciplines, 16g&ement inf&ieurs ~t ceux de leurs homologues 6trangers.

Conclusion La mesure de la ~"O2 max du sportif fran¢ais de haut niveau met en 6vidence que les r6sultats croissent en fonction de la demande 6nerg6tique a6robie de la sp6cialit6 sportive. Notre 6tude nous a montr6 que la ~'O 2 max 6volue peu pendant la saison sportive, cette variation 6tant, de plus, proche de l'erreur de mesure li6e au mat6riel utilis6. La seule mesure de la VO 2 max pr6sente donc peu d'int&& dans le suivi de l'entraTnement et en pr6sente encore moins lorsque ce suivi est fait ~ partir d'6preuves indirectes de laboratoires ou de terrain. En revanche, les param~tres recueillis ~t chaque palier d'effort (FC, VO 2, lactat6mie, puissance), dans les protocoles que nous utilisons, permettent de quantifier le niveau m6tabolique des efforts sousmaximaux, et en particulier de d6terminer avec pr6cision la capacit6 a&obie [10]. Or, la capacit6 a&obie 6volue dans des proportions plus importantes que la puissance a&obie pendant la saison sportive, elle se travaille aussi plus facilement (travail continu sous forme de footing) et pr6sente un int6r~t majeur dans l'ensemble des disciplines sportives. C'est en effet l'am61ioration de cette capacit6 a&obie qui va permettre aux sportifs de mieux accepter la quantit6 d'entra~nement et de r6cup6rer plus facilement. L'ensemble de ces remarques justifie le protocole d'exploration du m&abolisme a&obie que nous utilisons.

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402 max des 6quipes nationales frangaises de 1979 ~t 1988

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