L’anthropologie 110 (2006) 175–186 http://france.elsevier.com/direct/ANTHRO/
Article original
La culture du Paléolithique dans la région de Jungwon en Corée Paleolithic Culture in the Jungwon Region of Korea Yung-jo Lee a,*, Jong-yoon Woo b a
Département d’archéologie et histoire de l’art, Université nationale de Chungbuk, 12, Gaeshin-dong, Heungduk-gu, 361–763, Cheongju, République de Corée b Muséum de l’Université Nationale de Chungbuk, République de Corée Disponible sur internet le 27 avril 2006
Résumé La région de Jungwon est située au cœur de la Corée et elle est un des emplacements importants pour comprendre les cultures du Paléolithique en Corée. Dans cette région, plusieurs sites du Paléolithique y ont été découverts, depuis le Paléolithique inférieur au Paléolithique supérieur. Il est à noter la diversité remarquable des vestiges archéologiques tels que les restes humains, les outils en pierre, les vestiges fauniques et les données paléoenvironnementales. Par conséquent, cela nous permet de reconstituer la subsistance des hommes préhistoriques. Cette région joue un rôle important dans les recherches préhistoriques coréennes. © 2006 Elsevier SAS. Tous droits réservés. Abstract The Jungwon region is located in the central part of Korea and it is one of crucial regions for understanding of the Korean Paleolithic culture. Many Paleolithic sites have been discovered in this region, from the lower Paleolithic to the upper Paleolithic. It is of interest the remarkable variety of archeological remains such as human bones, stone tools, animal bones and paleoenvironmental artifacts. As a result, it permits us to reconstruct the subsistence of prehistoric men. This region has an important role for Korean prehistoric researches. © 2006 Elsevier SAS. Tous droits réservés. * Auteur
correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (Y.-j. Lee).
0003-5521/$ - see front matter © 2006 Elsevier SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.anthro.2006.03.006
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Mots clés : Jungwon ; Corée ; Cultures du Paléolithique ; Diversité des vestiges archéologiques ; Subsistance des hommes préhistoriques Keywords: Jungwon; Korea; Paleolithic cultures; Diversity of archeological remains; Subsistence of prehistoric men
1. Introduction En 1935, les fossiles d’animaux et outils en os ont été découverts dans le site de Tonggwan-jin en Corée du Nord et ils ont été évalués comme étant des objets façonnés du Paléolithique. Le rapport de Tonggwan-jin, expliquant la stratigraphie, la paléontologie et les techniques de débitage par percussion, a été édité en 1939–1940. Il nous permet d’avoir une approche scientifique de la culture du Paléolithique dans la péninsule coréenne. Mais l’évaluation du site et de la culture du Paléolithique a été intentionnellement négligée sous l’occupation japonaise et de l’influence encore latente même après la libération de la Corée en 1945 vis-à-vis du Japon dans le domaine universitaire. Mais heureusement les sites de Kulp’o-ri et de Sokchang-ni ont été fouillés de 1963 à 1964, de 1964 à 1974 respectivement. Grâce à ces recherches nous pouvons mettre en place la vision douteuse de cette époque et démontrer le caractère erroné du point de vue historique colonial. En outre, nous pouvons affirmer le commencement de notre histoire au Paléolithique et permettre de mieux comprendre l’origine de l’histoire coréenne. Dans ce contexte, le site de Sokchang-ni à Kongju, fouillé en 1964 a été considéré comme critère de la culture coréenne du Paléolithique. Ce site est bien stratifié en cultures préhistoriques depuis le Paléolithique inférieur, en passant par la période du Paléolithique moyen, et jusqu’au Paléolithique supérieur. L’autre découverte importante a eu lieu en 1973 : c’est la grotte de Chommal. Cela marque le début des recherches sur des sites de caverne en Corée du sud. La région de Jungwon est située au centre de la péninsule coréenne et elle est un secteur crucial pour comprendre les caractéristiques et le développement de la culture du Paléolithique en Corée. Ses frontières géologiques sont limitées aux montagnes de Charyung au nord, de Sobaek à l’est et par le fleuve Kum au sud. Cette région se compose de divers milieux naturels, en particulier de formations karstiques, et elle a permis aux hommes préhistoriques de vivre ici à plusieurs reprises. En conséquence, beaucoup de sites du Paléolithique y ont été découverts : Keum-gul, Suyanggae, Ch’ang-nae, Kungilga, Gunang-gul, Sangsi, Chommal, Durubong etc. Des sites du Paléolithique existent à travers tout le pays, plus de 50 sites ont été découverts et de nombreux autres devraient être trouvés dans le futur (Fig. 1). Cette étude porte sur des dispositifs de quatre sites importants dans la région de Jungwon : les sites de Durubong, de Suyanggae, de Gunang-gul et de Sorori. 2. Le site de grotte de Durubong Le site de caverne de Durubong est situé à Nohyun-ri, comté de Cheongwon, dans la province de Chungbuk en Corée (E 137° 32′ 25″, N 36° 30′ 31″). Des mines de calcaires ont été exploitées dans les années 1960 et de nombreuses parties de cavernes ont été déjà détruites avant les fouilles. Dix fouilles ont été effectuées de 1976 à 1983 par le Musée de l’Université Nationale de Chungbuk en Corée (Lee, 1983b, 1992 ; Lee et al., 2000).
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Fig. 1. Répartition des sites du Paléolithique en Corée. Fig. 1. Distribution of Paleolithic site in Korea.
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Au total, six grottes ont été recherchées à Durubong : les grottes nos 2, 9, 15, Sae-kul, Cheonyo-kul et Hungsu-kul (Fig. 2).
Fig. 2. Site de Durubong (1) mandibule de Dicerorhinus (2) maxillaire de Macaque (3) biface du site de Hungsu-gul (4) Enfant de Hungsu no 1 (5) habitat reconstitué (Grotte no 15). Fig. 2. Durubong site (1) mandible of Dicerorhinus (2) maxilla of Macaca (3) Handaxe of Hungsu-gul (4) Hungsu Child no 1 (5) Reconstructed shelter (Cave no 15).
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2.1. La grotte no 2 Nous avons identifié 36 niveaux géologiques dont une couche culturelle, la couche VII, qui se trouve sous un plancher de stalagmitique d’une épaisseur de 80 cm. Elle contient des vestiges archéologiques tels que des os d’animaux, des outils en os et quelques outils en pierre (Lee, 1983a, 1984). Un foyer a également été mis à jour (60 cm × 40 cm). Quarante-six espèces de faune ont été identifiées comprenant des espèces éteintes telles que Dicerorhinus kirchbergensis, Crocuta ultima, Crocuta sp. et Macaca robustus. Le diagramme de pollen montre que la période était relativement chaude, correspondant à la phase interglaciaire ou interstadiale. Il est à noter la présence de 157 pollens d’azalée au coin de l’entrée de la grotte, montrant une disposition intentionnelle. En se fondant sur des fossiles de cerfs communs, il semble que les hommes de Durubong ont occupé le site pendant l’automne et l’hiver. Les marques de découpes sur les os montrent des activités anthropoïdes sur le site. 2.2. La grotte de Sae-gul (la nouvelle grotte) Elle est située au sommet de la colline de Durubong et 20 espèces d’animaux ont été identifiées, y compris Elephas antiquitas (Lee, 2001). Beaucoup d’outils en os et un ivoire d’Elephas antiquitas ont été également découverts. Ce dernier est la première mise à jour par fouille en Corée. Il comporte quelques traces de hachage à l’extrémité qui indiqueraient des activités humaines. 2.3. La grotte de Cheonyo-gul (la grotte vierge) Cette grotte est située juste au-dessous de la grotte de Sae-gul. La faune comprend Dicerorhinus kirchbergensis et des squelettes entiers d’Oursidés. Ils ont été découverts avec Pseudaxis grayi et les bois de Cerf étaient placés au centre et ils ont été entourés d’os longs d’ours, de plus les derniers ont été disposés vers l’est. Leur disposition laisse penser à un site rituel. 2.4. Hungsu-kul (baptisé du nom de l’informateur, M. Kim, Hungsu) Elle est l’une des grottes les plus importantes en raison de la présence du squelette de deux humains (Hungsu enfants nos 1 et 2). Leurs caractéristiques anthropologiques sont attribuées aux Homo sapiens sapiens, anatomiquement homme moderne, ca. 40 ka (Lee et Park, 1990). D’ailleurs, c’est l’exemple unique de sépulture Paléolithique en Corée. Les deux enfants ont été intentionnellement enterrés sous et sur des pierres plates. On trouve aussi beaucoup de pollens de chrysanthème autour des deux enfants. Cela aurait été lié au rituel d’enterrement. L’enfant no 1 aurait eu cinq ou six ans à sa mort. Ce site a rapporté également beaucoup d’outils en pierre tels qu’un biface, un polyèdre, un couteau et des encoches. 3. Le site de Suyanggae Le site de Suyanggae est situé à Aegok-ri, comté de Danyang, province de Chungbuk, en Corée (E 128° 20′ 00″, N 36° 57′ 15″, MSL 132 m). Il a été découvert par le Muséum de
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l’Université Nationale de Chungbuk en 1980 lors de la construction du barrage hydraulique de Chung-ju (Lee, 1987, 1989, 1996). C’est un site de plein air près du fleuve Nam-Han, un affluent du fleuve Han, dans lequel des formations karstiques se sont développées. Au total, trois localités ont été mises à jour : la localité I (le site du Paléolithique moyen et supérieur), la localité II (l’âge de fer) et la localité III (Paléolithique moyen ou plus ancien et supérieur). La localité I a été datée au 14C entre 18 630 et 16 400 BP (Université de Californie, UCR). Dans cette localité, 49 ateliers de fabrication d’outils en pierre ont été identifiés. Plusieurs catégories d’outils en pierre y ont été trouvées toutes ensembles : des nucléus, des supports bruts, des enclumes, des percuteurs en pierre et des éclats remontés (Fig. 3). Des outils en pierre du Paléolithique moyen (couche V) sont pour la plupart faits de quartzite. Les outils sont lourds et peu retouchés en général. Les outils en pierre du Paléolithique supérieur (couche IV) sont représentés par des racloirs, des grattoirs, des pointes à pédoncule et des nucléus à lamelles. Parmi eux, des pointes à pédoncule sont très semblables à celles de Kyusyu au Japon (appelées couteau à lame) mais la production des pointes à pédoncule en Corée est bien antérieure à Kyusyu. La technique des lamelles est également une des caractéristiques de l’industrie lithique du site de Suyanggae. Les nucléus à lamelles de Suyanggae sont classés en trois types en fonction du plan de frappe des nucléus (Lee et Yun, 1992) : ● Technique I (primitive) : utilise des plans de frappe sans préparation. Divisé en deux subtypes a et b. ● Technique II (commune) : divisé en sept subtypes a, b, c, d, e, f, g. IIb comparable à la technique de « Yubetsu ». ● Technique III (avancée) : divisé en deux subtypes a, b. La technique des lamelles ou des microlithiques est apparue dans toute l’Asie du Nord-Est à partir du Paléolithique supérieur. 4. Le site de Gunang-gul La grotte de Gunang-gul est située à Yoch’on-Li, Danyang, en Corée (NL37° 2’ 12", EL 128° 21’ 42"). La caverne est située au milieu des monts Samtae (Alt. 321 m) et a été découverte au printemps 1986. Des fouilles ont été effectuées trois fois, en 1986, 1988 et 1998 (Lee et al., 1999). Au cours des première et deuxième fouilles, nous avons pu obtenir des informations globales sur le site. La troisième campagne de fouille de 1998 a eu comme objectif de mettre au point des séquences stratigraphiques et d’identifier les limites de la zone d’occupation du site. La longueur de la grotte est d’environ 140 m et l’entrée fait 4 m de hauteur sur 5 m de largeur. Après la fouille de la partie centrale de la caverne, nous avons pu identifier au moins neuf unités stratigraphiques sur 4,5 m d’épaisseur de sédiments. Parmi celles-ci, les couches II, VI, VIII, IX étaient des couches culturelles contenant des vestiges archéologiques nombreux (Fig. 4). Afin d’évaluer l’âge de ce site, nous avons daté le plancher stalagmitique de la couche II à 12 500 ± 500 par la méthode U-Tr (Institut de Paléontologie Humaine, France). Cependant, la couche III est datée par 14C et nous avons obtenu une série de datation bien fiable. Cette couche appartient au Pléistocène supérieur.
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Fig. 3. Site de Suyanggae. (1) atelier de débitage (2) pointe à pédoncule (3) biface (4) grattoir (5, 6) nucléus à lamelles. Fig. 3. Suyanggae site. (1) knapping atelier (2) tanged point (3) biface (4) end-scraper (5, 6) microblade cores.
Ce gisement comporte de nombreux vestiges archéologiques. Tout d’abord, des restes humains ont été découverts : deux phalanges, deux métapodes et un calcaneum. Leurs caractéristiques anthropologiques sont celles de l’homme moderne. Par ailleurs, nous avons trouvé des outils en pierre en quartz et calcite mais en petite quantité. Un grand nombre d’os d’animaux a été découvert, composé de grands et petits mammifères, d’oiseaux et d’amphibiens. La composition faunique comporte 25 espèces parmi lesquelles les plus importantes sont les cervidés comme Cervus nippon, Cervus elaphus et
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Fig. 4. Site de Gunang-gul. (1) fouille (2) mandibule de Macaque (3) phalange humaine (4) éclats en os. Fig. 4. Gunang-gul site. (1) excavation (2) mandible of Macaca (3) human toe bone (4) bone flakes.
Moschus moschiferus. Quelques herbivores sont aussi présents comme Ibex capra et Dicerorhinos. La taille des carnivores varie de grands animaux (tigres et ours) à des animaux moyens (lynx) et petits (martres). Le paléoenvironnement de cette caverne a été reconstitué à partir des vestiges fauniques. Le biotope de chaque animal a été étudié et regroupé dans un histogramme de quatre types : taxonomie, masse, adaptation alimentaire et locomotion. Ils ont permis de dire que le climat de l’époque n’était pas très froid et qu’il y avait des forêts mixtes autour du site. Tous les éléments du squelette des cerfs étaient présents, ce qui nous autorise à penser que l’animal entier était ramené à la caverne après la chasse. Les autres animaux comme les ours ou les tigres étaient traités différemment. L’analyse des mandibules de cerfs avec les dents nous a permis de connaître la saison d’occupation du site, de l’automne au printemps. Beaucoup d’os montrent des traces de différentes origines. Les traces de découpe montrent clairement que les hommes du Paléolithique traitaient les animaux d’un point de vue taphonomique. 5. Le site de Sorori Le site de Sorori est situé à Sorori, comté de Cheongwon, en Corée. Il a été découvert par le Muséum de l’Université Nationale de Chungbuk en 1994 lors de la construction de la Zone Industriel d’Ochang (Lee, 2002 ; Lee et Woo, 1999). La région des fouilles a été divisée en
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trois zones : A, B et C. Elles ont été fouillées de 1997 à 1998 et en 2001 pour la deuxième fois (seulement la zone A). Ce site a été constitué par des dépôts alluviaux et sa stratigraphie est composée de cinq couches. En particulier, des dépôts fluviaux se sont formés sous le marais et associés à des couches de tourbe. Fondé sur le diagramme de pollen du puits II de la zone 1, ils se composent de matériaux de forêt mixte de marais chaud et humide daté entre 16 680 et 13 010 BP et de forêt à feuilles caduques et latifoliée caractéristique de la végétation chaude et inondée de la période antérieure à 9500 BP. 5.1. Zone A (Muséum de l’Université Nationale de Chungbuk) Une couche culturelle a été identifiée sous les fentes en coins. Cette couche est attribuée à la période du Paléolithique supérieur. Quartz et quartzite sont les matières premières principales et plus de 2000 pièces ont été mises à jour parmi lesquelles seulement 3,53 % de l’industrie lithique ont été retouchées. Les outils typiques sont des racloirs, des grattoirs, des encoches, des perçoirs-becs et des rabots (Fig. 5).
Fig. 5. Site de Sorori. (1) fouille (2) rabot (3) stratigraphie des couches de tourbe (4) riz de Sorori. Fig. 5. Sorori site. (1) excavation (2) plane (3) stratigraphy of peat layers (4) Sorori rice.
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Dans cette zone, trois couches de tourbe ont été identifiées dans le puits II. Deux séries de datations absolues au 14C ont été obtenues à partir de deux laboratoires et leurs résultats s’accordent bien (Laboratoires de Geochoron, GX, aux États-Unis et laboratoires d’AMS de l’Université Nationale de Séoul, SNU, Corée) : ● couche supérieure de tourbe (20 cm d’épaisseur) : 9450–9580 BP (deux échantillons de GX) ; ● couche moyenne de tourbe (1 m d’épaisseur) : 12 500–14 820 BP (huit échantillons GX, six échantillons SNU) ; ● couche inférieure de tourbe (1 m d’épaisseur) : 16 280–17 310 BP (trois échantillons GX, deux échantillons SNU). Selon ces dates, les dépôts du site de Sorori sont bien stratifiés et très stables. 5.2. Zone B (Muséum de l’Université de Danguk) Dans cette zone, deux couches culturelles ont été identifiées : la couche inférieure (couche II) est attribuée au Paléolithique moyen et la couche supérieure (couche I) au Paléolithique supérieur. Quartz et quartzite sont les matières premières principales comme dans la zone B. D’autres matières premières apparaissent mais aucune n’a été transformée en outil fini. Les outils caractéristiques de la couche II sont des éclats, des chopper et chopping tools. Pour la couche I, des grattoirs, des racloirs, des encoches, des chopper et chopping tools et des polyèdres sont représentatifs. 5.3. Zone C (Muséum de l’Université Municipale de Séoul) Trois couches culturelles sont classifiées dans la localité C. La première couche culturelle est attribuée au Paléolithique moyen (couche III) et les couches II et I sont attribuées au Paléolithique supérieur. Les matières premières principales sont quartz et quartzite. Un atelier de fabrication des outils en pierre a été identifié dans la couche I. Les types d’outil caractéristiques pour la couche III sont des racloirs, des grattoirs, des denticulées et percuteurs en pierre. La couche II rapporte des denticulées, des rabots, des racloirs, des éclats et des nucléus. La couche I livre des chopper–chopping tools, des grattoirs et des couteaux. 5.4. Le riz de Sorori (puits II de la localité A) Les célèbres graines de riz de Sorori ont été découvertes dans le puits II de la localité A. Au total, 59 graines de riz ont été recueillies, 18 d’entre elles sont attribuées au riz ancien (deux types : le type japonica et le type indica Sorori I-1, 2) et 41 au riz quasi (deux types : types 1 et 2, Sorori II-1, 2). Les analyses d’ADN montrent que ces riz ont peu de similarité génétique (35,4 %) avec le riz moderne (Suh et al., 1999). Le riz le plus ancien connu jusqu’ici est des graines de riz trouvées en Chine (11 000–10 500 BP) mais le riz de Sorori fait réviser les recherches précédentes.
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6. Conclusion Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, la région de Jungwon est une région cruciale pour la compréhension du développement de la culture du Paléolithique en Corée. Leurs significations peuvent se résumer ainsi. Tout d’abord, la région de Jungwon est l’un des endroits où ont vécu les premiers hommes préhistoriques en Corée. Ils sont venus dans cette région pour les avantages qu’ils pouvaient tirer de son environnement naturel et cela s’est reproduit sur une longue période. Par ailleurs, suite à ces occupations répétées, ils ont laissé de nombreux vestiges du Paléolithique inférieur, moyen et supérieur et même du Mésolithique. Cela constitue une référence sur le développement de la culture Paléolithique en Corée. Le troisième point important est la variété des données archéologiques : sites de cavernes, sites de plein air, outils en pierre, restes humains et os d’animaux ont été mis à jour dans cette région. Cela représente des informations d’une très grande richesse sur la culture Paléolithique non seulement en Corée mais aussi en Asie de l’Est par des études comparatives. Il convient enfin de souligner le rôle de cette région pour la recherche scientifique internationale. Depuis 1996, une conférence annuelle internationale se tient sur le thème de « Suyanggae et ses voisins ». De plus, le Musée de Suyanggae est en cours de construction et ouvrira ses portes en 2005. Nous sommes certains qu’il jouera un rôle très important comme centre d’étude du Paléolithique en Asie. Les recherches sur le Paléolithique de la région de Jungwon sont entrées dans une nouvelle ère. Les recherches pluridisciplinaires sont en cours et elles vont nous donner de nouveaux résultats : analyses de sédiments, de pollens, de charbons de bois, nouvelles datation absolue. Tout cela sera utilisé pour une interprétation globale et la reconstitution du mode de vie des hommes préhistoriques qui vécurent dans la région de Jungwon. Remerciements Ce travail a été soutenu par la Korea Research Foundation (KRF-2002-072-AM1013). Références Lee, Y.J., 1983a. Progress report on the Paleolithic Culture of Durubong No 2 cave at Cheongwon, Korea. Korea Journal (UNESCO-KOREA) 23, 22–29. Lee, Y.J., 1983b. Archaeological report on Durubong Paleolithic cave site. Chungbuk National University Museum, Cheongju. Lee, Y.J., 1984. Paleolithic Culture in Korea (II). Tamgudang Publishing Co, Seoul. Lee Y.J., 1987. Suyanggae Upper Paleolithic culture in Danyang. The 5th International Symposium on the Korea Studies in the World. The Academy of Korean Studies, Seongnam. Lee Y.J., 1989. Report on the Upper Paleolithic Culture of Suyanggae site, Korea. World Summit Conference on the Peopling of the First Americans. University of Maine, USA. Lee Y.J., 1992. Paleontological and archaeological Remains from Durubong cave complex in Korea. International Symposium of Cultural Properties on Paleolithic Culture of East Asia. National Institute of Cultural Properties, Seoul. Lee Y.J. (Ed.), 1996. International Symposium for the Memory of Durubong Excavation 20th Anniversary: The Paleolithic cave site and culture in North-eastern Asia. Chungbuk National University Museum, Cheongju. Lee, Y.J., 2001. Bone remains from Sae-kul and Cheonyo-kul of the Durubong Cave Complex in Korea. Asia and the Middle Pleistocene in Global Perspective, Honolulu, Hawaii. Lee, Y.J., Cho, T.S., Kim, J.Y., Kang, S.J., 1999. Progress report of Kunang cave site, Tanyang, 1998 year excavation. Chungbuk National University Museum, Cheongju.
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