La maladie de Lyme

La maladie de Lyme

pratique suivi officinal La maladie de Lyme La maladie de Lyme est transmise à l’homme via une morsure de tique du genre Ixodes infectée par Borrelia ...

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La maladie de Lyme La maladie de Lyme est transmise à l’homme via une morsure de tique du genre Ixodes infectée par Borrelia burgdorferi, souvent lors d’une promenade en forêt. Des mesures de prévention doivent être rappelées au comptoir. L’instauration d’un traitement dans la phase précoce de la maladie est le moyen le plus efficace pour réduire la durée des symptômes et éviter la survenue de complications invalidantes. © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

Mots clés - borréliose de Lyme ; érythème migrant ; maladie de Lyme ; répulsif ; tique

Stéphane BERTHÉLÉMY Pharmacien Pharmacie de Cordouan, 24 avenue de la République, 17420 Saint-Palais-sur-Mer, France

Lyme disease. Lyme disease is transmitted to humans by the bite from a tick belonging to the genus Ixodes infected by Borrelia burgdorferi, often when walking in a forest. Pharmacies must remind the public of preventive measures. Starting treatment in the very early stages of the disease is the most effective way of reducing the duration of the symptoms and avoiding the occurrence of disabling complications. © 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved

L

es beaux jours sont revennus et les promenades, en forêt particulièrement, peuvent être propices à toutes sortes de piqûres, en particulier celles de tiques qu’il ne faut en aucun cas banaliser car susceptibles de transmettre une maladie infectieuse potentiellement grave, la maladie de Lyme.

Expliquer brièvement la pathologie La maladie de Lyme, encore appelée borréliose de Lyme, est transmise lors d’une morsure de tique, ellemême infectée par une bactérie pathogène, Borrelia burgdorferi. En France, 27 000 cas de borrélioses de Lyme seraient en moyenne dénombrés annuellement, soit un taux d’incidence annuel moyen estimé à 43 cas pour 100 000 habitants. L’infection est souvent asymptomatique mais peut cependant provoquer la maladie de Lyme qui se manifeste généralement après une période d’incubation de deux à trente jours.

Évolution F Le stade I correspond à un stade précoce localisé. Trois jours à trois mois après la morsure, une éruption

Actualités pharmaceutiques • n° 537 • juin 2014 •

inflammatoire cutanée apparaît, prenant la forme d’une tache circulaire rougeâtre siégeant à l’endroit de la morsure. Celle-ci s’étend peu à peu de façon centrifuge en formant un anneau ; il est alors question d’érythème migrant (figure 1). Typique, ce dernier est présent sous cette forme chez moins de 10 % des malades. Surviennent également des symptômes grippaux tels que des maux de tête, des douleurs musculaires, une fatigue et une fièvre modérée. F Le stade II ou stade disséminé précoce, qui survient quelques semaines ou mois après la morsure et en l’absence de traitement, est caractérisé par des manifestations neurologiques (neuroborréliose) et rhumatologiques (arthrite de Lyme). Méningoradiculites douloureuses, encéphalites et encéphalomyélites constituent un tableau clinique relativement fréquent. La méningite lymphocytaire se traduit par des céphalées sans raideur méningée. La paralysie faciale par atteinte des nerfs crâniens se rencontre surtout chez l’enfant. Il est possible d’observer également des atteintes des articulations (arthrite du genou) et, plus rarement, de la

© BSIP/Larry Mulvehill

Keywords - erythema migrans; Lyme borreliosis; Lyme disease; repellent; tick

Figure 1. Érythème migrant. peau, des troubles de la vision ainsi que du rythme cardiaque (arythmie, péricardite…). Enfin, des signes dépressifs et une fatigue chronique peuvent apparaître. F Le stade III correspond au stade tardif ou chronique et concerne, des mois, voire des années après la morsure, les patients non traités ou insuffisamment soignés. Les symptômes précédemment cités sont alors susceptibles de s’aggraver. Le patient peut se plaindre de troubles neurologiques, ainsi que d’une acrodermatite atrophiante (lésions cutanées inflammatoires asymétriques) ou encore d’arthrites

© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés http://dx.doi.org/10.1016/j.actpha.2014.03.017

Adresse e-mail : [email protected] (S. Berthélémy).

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aiguës, récidivantes ou chroniques, surtout au niveau du genou.

Le diagnostic de la maladie repose sur les symptômes cliniques, en particulier la survenue d’un érythème migrant (figure 1). Aux stades II et III, l’examen sérologique (immunoglobulines M et G), peu spécifique, permet de confirmer le diagnostic en cas de suspicion importante.

les chasseurs ou les ramasseurs de champignons. F Les morsures s’observent tout au long de l’année, mais particulièrement de juin à octobre. F Tout contact direct de la peau (port de vêtements courts) avec la végétation basse augmente le risque de morsure. F Plus la tique reste accrochée longtemps (> 24 heures), plus le risque de contamination est important.

Décrire les facteurs de risque

Rappeler les mesures de prévention

Plusieurs facteurs de risque prédisposent un individu à se faire mordre par des tiques (encadré 1). F Certaines zones en France s’avèrent plus à risque que d’autres. La maladie de Lyme a été décrite sur l’ensemble du territoire, à l’exclusion du pourtour méditerranéen et des régions montagneuses (> 1 500 mètres d’altitude). F Il est possible d’être mordu par une tique en se promenant dans les forêts à litière épaisse, à sous-bois dense, mais aussi dans les prairies et les espaces verts urbains. F Certaines personnes sont plus exposées que d’autres : les bûcherons, les sylviculteurs, les gardes forestiers, les gardes-chasse, les gardes-pêche ou les jardiniers, mais également les promeneurs et randonneurs en forêt, les campeurs,

Quelques recommandations sont nécessaires, surtout pendant la période estivale, pour éviter les morsures de tique : • adopter, autant que faire se peut, une conduite d’évitement pendant le pic d’activité des tiques ; • rester sur les sentiers en forêt et éviter de se frotter contre les broussailles, les herbes et les branches basses ; • porter des vêtements longs et fermés, couvrant la plus grande partie du corps (manches longues, gants, pantalons, chaussettes, chaussures fermées, bottes) et rassembler les cheveux longs sous un chapeau ; • préférer des vêtements clairs permettant de repérer plus facilement les parasites ; • pulvériser les vêtements et/ou

Diagnostic

Encadré 1. Tout sur la tique La tique est un petit acarien de couleur brun-noir, de la taille d’une tête d’épingle (3 à 6 mm en moyenne). Elle se place à l’affût dans les bois, dans les végétations basses de manière à guetter le passage de l’homme ou d’un animal à sang chaud (souris, cheval, biche, chien…). Il existe de nombreuses espèces mais la tique la plus communément rencontrée en France est Ixodes ricinus. Elle peut mordre son hôte à chacun de ses stades de développement :

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larve, nymphe, adulte femelle. La piqûre est indolore. En fonction de son stade de développement, la tique reste accrochée plus ou moins longtemps. Une fois son repas sanguin terminé, elle se décroche. Elle peut piquer sur l’ensemble du corps mais préfère les endroits chauds et humides. Une piqûre de tique expose à la transmission d’agents pathogènes bactériens, viraux et parasitaires.

Morsure de tique, les questions à poser au comptoir F Depuis combien de temps cette tique est-elle accrochée sur votre peau ? F À quand remonte votre dernière promenade dans les bois, dans une prairie ou dans un parc ? F Avez-vous déjà essayé de retirer le parasite en utilisant des produits comme l’alcool, l’éther ou autre solvant ? F Ressentez-vous de la fièvre ou des symptômes grippaux ? F Êtes-vous vacciné contre le tétanos ?

la peau d’un produit répulsif, les produits de synthèse étant les plus efficaces (N,N-diéthylmétatoluamide ou DEET, 35/35), et régulièrement, tout en respectant les contre-indications (ne pas appliquer sur les muqueuses, précautions chez l’enfant et la femme enceinte) ; • effectuer un examen soigneux de la peau et du cuir chevelu après une promenade en zone à risque afin de vérifier qu’aucune tique ne s’est fixée si tel est le cas, se rendre chez un professionnel de santé pour l’ôter ; • laver les vêtements à 60 °C en machine pour détruire le parasite  ; • ne pas oublier de protéger les animaux de compagnie avec des antiparasitaires avant les promenades.

Expliquer les traitements prescrits Le traitement de la borréliose de Lyme doit intervenir le plus tôt possible. Il repose sur l’antibiothérapie et le traitement symptomatique. Le mode d’administration de l’antibiotique (oral ou intraveineux) et la durée du traitement sont fonction du stade de la maladie.

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Antibioprophylaxie

chez l’enfant de moins de 8 ans et chez la femme enceinte ou allaitante. En cas d’intolérance aux bêta-lactamines, la doxycycline ou l’azithromycine per os doivent être privilégiées. Les signes cutanés ne pourront disparaître qu’un mois après le début du traitement sans que cela ne signe un échec thérapeutique.

Une antibioprophylaxie n’est pas systématique car toutes les tiques ne sont pas infectées par la bactérie et une personne piquée par une tique infectée ne développe pas systématiquement la maladie. Elle peut être tout de même envisagée : • si la durée d’attachement de la tique est supérieure à 48-72 heures ; • si la durée d’implantation de la tique est inconnue mais le parasite est gorgé de sang au moment du retrait ; • chez la femme enceinte et l’enfant de moins de 8 ans, surtout si les piqûres sont multiples et la durée de l’attachement supérieure à 48 heures (à discuter) ; • chez les patients immunodéprimés. F L’antibioprophylaxie doit être prescrite au maximum dans les trois jours suivant le retrait de la tique et peut faire appel aux schémas suivants : • chez l’adulte et l’enfant de plus de 8 ans, doxycycline per os à raison de 200 mg en prise unique ; • chez la femme enceinte, amoxicilline per os à raison de 500 mg, trois fois par jour pendant dix jours ; • chez l’enfant de moins de 8 ans, amoxicilline per os à raison de 50 mg/kg/24 heures, sans dépasser 2 g/jour, pendant dix jours ; • chez le patient immunodéprimé, doxycycline per os à raison de 200 mg en une prise unique ou amoxicilline 1 g, trois fois par jour, pendant 10 à 21 jours.

Dans les formes neurologiques, le traitement oral n’est recommandé qu’en cas de paralysie faciale isolée. Les céphalosporines de 3e génération (ceftriaxone, céfotaxime) peuvent être utilisées par voie intraveineuse (IV), en milieu hospitalier, et sont indiquées en cas d’atteinte du système nerveux central ou de troubles du rythme cardiaque (bloc auriculoventriculaire). Cependant, de nombreux patients présentent, malgré un traitement adapté, une persistance des symptômes, la guérison progressive et complète ne survenant qu’après quelques semaines, voire plusieurs mois.

Traitement curatif d’un érythème migrant

Prodiguer des conseils à l’officine

Le traitement d’un érythème migrant repose sur l’administration d’antibiotiques de la classe des bêta-lactamines (principalement l’amoxicilline) ou des cyclines (doxycycline) pendant 14 à 21 jours. La doxycycline est contre-indiquée

Il est nécessaire d’inspecter minutieusement l’ensemble du corps du patient et de retirer la tique le plus rapidement possible car, plus elle reste fixée longtemps sur la peau, plus le risque de transmission de la bactérie augmente.

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Prise en charge des troubles articulaires Le traitement de l’arthrite, manifestation fréquente de la maladie, repose sur la prescription de doxycycline ou d’amoxicilline par voie orale sur une durée de 30 jours en moyenne. Des corticoïdes sont parfois utilisés par voie intra-articulaire. Ces médicaments sont également requis dans les atteintes oculaires par voie locale ou générale.

Phases tardives de la maladie

Retrait de la tique L’éther, l’alcool, le pétrole ou tout autre produit chimique ne sont absolument pas recommandés pour extraire la tique car ces produits amèneraient le parasite à régurgiter, ce qui augmenterait, via la libération de la bactérie, le risque infectieux. Il est également absolument déconseillé de brûler la tique à l’aide d’une cigarette. Le retrait doit être non traumatique pour éviter l’arrachement du corps de la tique ; le rostre, par lequel elle s’accroche à la peau, pourrait rester inséré dans l’épiderme. L’idéal est d’utiliser une pince à tique (tire-tique) ou une pince fine aux extrémités pointues en agrippant l’acarien le plus près possible de la peau et en tirant doucement mais fermement. Il faut éviter d’écraser ou de perforer le parasite, ce qui augmenterait, là aussi, le risque de contamination. Il est ensuite indispensable de procéder à une désinfection minutieuse de la plaie avec une solution antiseptique (Biseptinespraid ®, Mercryl®, Diaseptyl®, compresses Pharmadoses®…). Il est conseillé d’inscrire sur un agenda la date de la morsure pour pouvoir la mentionner, si nécessaire, au médecin. Enfin, il est également important de vérifier, à cette occasion, la vaccination antitétanique du patient.

Pour en savoir plus • Association France Lyme. www.francelyme.fr • Haut Conseil de la santé publique. Commission spécialisée “maladies transmissibles”. Mieux connaître la borréliose de Lyme pour mieux la prévenir. 29 janvier 2010. www.hcsp.fr/ explore.cgi/hcspr20100129_ lyme.pdf • Institut de veille sanitaire. Borréliose de Lyme. Dernière mise à jour 19 novembre 2013. www.invs.sante.fr/Dossiersthematiques/Maladiesinfectieuses/Maladies-atransmission-vectorielle/ Borreliose-de-lyme • Leroy J. Conduite à tenir devant une piqûre de tique en Franche-Comté. Réseau franc-comtois de lutte contre les infections nosocomiales et pour le bon usage des antibiotiques (RFCLIN) et CHRU de Besançon, Service des maladies infectieuses et tropicales. 5 juillet 2005. www.chu-besancon.fr/ infectiologie/lyme.pdf • Lyme Info. www.lymeinfo.net • Ministère des Affaires sociales et de la Santé. Maladie de Lyme. Comment se protéger ? www.sante.gouv.fr/ IMG/pdf/Borreliose_Lyme.pdf • Réseau borréliose. www.reseauborreliose.fr

Orientation vers le médecin Le site de la piqûre doit être surveillé durant les sept à vingt jours qui suivent la morsure. Le patient devra consulter un médecin dans les cas suivants : • apparition d’une rougeur cutanée qui s’étend (érythème migrant) ; • survenue de lésions multiples sur la peau ; • apparition de douleurs musculaires ou articulaires inhabituelles ; • engourdissements, faiblesses ou paralysie ; • fatigue, céphalées et fièvre. w

Déclaration d’intérêts  L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

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