- Email: [email protected]
La maladie de lyme : un cas autochtone confirmé sérologiquement
M~decine et Maladies Infectieuses - 1985 -- 15 - N v 1 - 44 & 45
La maladie d e Lyme : un
cas autochtone confirm6 s6rologiquement par F. BORSA-LEBAS*, F. LECOMTE*, G. HUMBERT* et E. D O U R N O N * *
RESUME
Les auteurs r a p p o r t e n t une o b s e r v a t i o n t y p i q u e , c o n f i r m ~ e s ~ r o l o g i q u e m e n t , de m a l a d i e de L y m e c o n t r a c t ~ e en France. L ' e f f i c a c i t ~ de la p ~ n i c i l l i n e ~ f o r t e s doses et I'int~r6t de la c o n f i r m a t i o n s e r o l o g i q u e du diagnostic, r e n d u e possible par I ' i s o l e m e n t r~cent a u x U S A d u s p i r o c h e t e responsable de cette a f f e c t i o n p o t e n t i e l l e m e n t grave, sont soulign~s. Mots-cl~s : Maladie de L y m e - Erythema chronicum migrans - S~rologie.
La maladie de Lyme, individualis~e des 1941 par Schaltenbrand puis reconnue comme une entit~ clinique par Steere en 1976, connart un regain d'int~r~t depuis la raise ed ~vidence de I'agent responsable : un spirochete apparent~ aux borrelia (2). Nous rapportons ici une observation typique de maladie de Lyme contract~e en France et confirm~e par la s~rologie.
plus tard. Cette 16sion cutan~e ~vocatrice d'erythema chronicum migrans (ECM) s'accompagne d'ad~nopathies axillaires gauches. Le 10 septembre, surviennent des douleurs Iombaires gauches augmentant rapidement d'intensit~, irradiant vers le rebord costal, I'~paule gauche et I'abdomen. Le 29 septembre, il ne persiste qu'une discrete papule 6ryth6mateuse au point de piq£1re alors que la douleur radiculaire s'est intensifi~e et que les masses musculaires sont douloureuses ~ la pression. II n'existe pas de syndrome m~ning~ clinique ni de d~ficit neuroIogique moteur ou sensitif. II n'y a aucune atteinte articulaire et la malade est apyr6tique.
OBSERVATION
Madame Del... F., 29 ans, sans ant6c~dents, est hospitalis6e le 29 septembre 1984 pour des douleurs Iombo-thoraciques gauches d'allure radiculaire. Le 15 ao0t, au retour d'une promenade en foret, pros d'Yvetot (Seine Maritime), la patiente note I'implantation d'une tique au niveau du flanc gauche, imm~-:~liatement extirp~e. Une semaine plus tard, apparai't une r~action ~ryth6mateuse, douloureuse, non prurigineuse autour du point de piq£~re, r6gressant en 3 jours pour r~apparai'tre une semaine
EXAMENS COMPLEMENTAl R ES NFS • GR =4,36 T / L - GB = 5,1 G/L dont 51% de polyneutro. VS = 11 mm ~ la l~re heure L'ECG est normal ainsi que les radiographies du rachis dorso-lombaire. L'~lectrophor~se des protides et le dosage pond~ral des immunoglobulines sont no rmaux (IgM = 1,5 gr/I). Les recherches d'anticorps anti-nucl~aires, d'immuns compl'exes circulants, de cryoglobuline et d'agglutinines f r o i des sont n~gatives. La ponction Iombaire, malgr~
* Service des Maladies infectieuses et tropicales, Hbpitat Charles Nicolle, F. 76031 Rouen. ** Laboratoire Central, H6pital Claude Bernard, 10 av. de la Porte d'Aubervilliers, 75019 Paris. 44
la maladie avec une recrudescence des taux, contemporaine des manifestations articulaires (2).
I'absence de signes cliniques, r6v~le I'existence d'une m~ningite lymphocytaire (350 616ments dont 98 % de lymphocytes - prot6inorachie = 1,11 gr/I). Les s6rologies d'arboviroses, de leptospirose, de Rickettsia conori resteront n6gatives. En revanche, la sdrologie sp6cifique par immunofluorescence indirecte, r6alis6e dans deux laboratoires diffdrents (CDC d'Atlanta - USA et H6pital Claude Bernard Paris) est positive : - l e 2 7 / 9 au 1/128 ° ; - l e 8 / 1 0 au 1/512 ° .
2 ) - Le taux des IgM sdriques est rest6 normal chez notre patiente qui n'a jamais eu de Iocalisations articulaires. Pour les auteurs am6ricains, 1'616vation des IgM s6riques serait le meilleur tdmoin de I'dvolutivitd de la maladie et dolt faire redouter I'apparition de complications articulaires ou cardiaques (1). 3 ) - Cette observation confirme I'efficacit6 de la P6nicilline G ~ fortes doses, pr6conis6e dans les r6centes publications am6ricaines, sur les signes cliniques de la mdingo-radiculite, puisque, sans aucun antalgique ni corticoth6rapie, les douleurs ont disparu chez notre malade au 3~me jour d'antibioth~rapie (3).
COMMENTAIRES Cette observation appelle plusieurs commentaires : 1 ) - II s'agit d'une des premieres observations fran~aises de maladie de Lyme confirm6e par la s6rologie sp6cifique. Les taux d'anticorps IgM et IgG sont d6termin6s par immunofluorescence indirecte. Les anticorps IgM apparaissent 3 & 6 semaines apr~s I'ECM puis r~gressent en deux ou trois semaines. Les anticorps IgG sont plus tardifs ; quelques mois ~ quelques ann6es apr~s le d6but de
SUMMARY
REMERCIEMENTS
N o u s remercions Madame H.W. Wilkinson (Centers f o r Disease Control - Atlanta, USA) qui nous a permis de rdaliser la Sdrologie de la maladie de L y m e en France. •
L YME DISEASE : A N A UTOCHTHON CASE WITH SEROLOGICAL CONFIRMATION A typical serologically confirmed case of Lyme disease contracted in France is reported. Successfull treatment with high dose intravenous penicillin and usefullness o f serological diagnosis of this potentially severe illness are emphasized.
Key-words
: E r y t h e m a c h r o n i c u m r n i g r a n s - Serology,
BIBLIOGRAPHIE G.P,, JOHNSON E,, MALAWISTA S,E. -- The spirochetal etiology of Lyme disease. N. Engl. J. Med,, 1983, 308, 733740.
MOFFAT C.M., SIGAL L,G., STEERE A.C., FREEMAN D.H., DWYER J.M. -- Cellular immune findings in Lyme disease. Correlation with serum IgM and disease activity. Am, J. IVied,, 1984, 77, 625-632. 3. STEERE A.C., GRODZICKI R.L,, K O R N B L A T T A,N., CRAFT J.E., BARBOUR A.G., BURGDORFER W., SCHMID
45
STEERE A,C., PACHNER A.R,, MALAWISTA S,E. -- Neurologic abnormalities of Lyme disease : successfull treatment with high-dose intravenous penicillin. Ann. Intern. Med., 1983, 99, 767-772.
La maladie d e Lyme : un
cas autochtone confirm6 s6rologiquement par F. BORSA-LEBAS*, F. LECOMTE*, G. HUMBERT* et E. D O U R N O N * *
RESUME
Les auteurs r a p p o r t e n t une o b s e r v a t i o n t y p i q u e , c o n f i r m ~ e s ~ r o l o g i q u e m e n t , de m a l a d i e de L y m e c o n t r a c t ~ e en France. L ' e f f i c a c i t ~ de la p ~ n i c i l l i n e ~ f o r t e s doses et I'int~r6t de la c o n f i r m a t i o n s e r o l o g i q u e du diagnostic, r e n d u e possible par I ' i s o l e m e n t r~cent a u x U S A d u s p i r o c h e t e responsable de cette a f f e c t i o n p o t e n t i e l l e m e n t grave, sont soulign~s. Mots-cl~s : Maladie de L y m e - Erythema chronicum migrans - S~rologie.
La maladie de Lyme, individualis~e des 1941 par Schaltenbrand puis reconnue comme une entit~ clinique par Steere en 1976, connart un regain d'int~r~t depuis la raise ed ~vidence de I'agent responsable : un spirochete apparent~ aux borrelia (2). Nous rapportons ici une observation typique de maladie de Lyme contract~e en France et confirm~e par la s~rologie.
plus tard. Cette 16sion cutan~e ~vocatrice d'erythema chronicum migrans (ECM) s'accompagne d'ad~nopathies axillaires gauches. Le 10 septembre, surviennent des douleurs Iombaires gauches augmentant rapidement d'intensit~, irradiant vers le rebord costal, I'~paule gauche et I'abdomen. Le 29 septembre, il ne persiste qu'une discrete papule 6ryth6mateuse au point de piq£1re alors que la douleur radiculaire s'est intensifi~e et que les masses musculaires sont douloureuses ~ la pression. II n'existe pas de syndrome m~ning~ clinique ni de d~ficit neuroIogique moteur ou sensitif. II n'y a aucune atteinte articulaire et la malade est apyr6tique.
OBSERVATION
Madame Del... F., 29 ans, sans ant6c~dents, est hospitalis6e le 29 septembre 1984 pour des douleurs Iombo-thoraciques gauches d'allure radiculaire. Le 15 ao0t, au retour d'une promenade en foret, pros d'Yvetot (Seine Maritime), la patiente note I'implantation d'une tique au niveau du flanc gauche, imm~-:~liatement extirp~e. Une semaine plus tard, apparai't une r~action ~ryth6mateuse, douloureuse, non prurigineuse autour du point de piq£~re, r6gressant en 3 jours pour r~apparai'tre une semaine
EXAMENS COMPLEMENTAl R ES NFS • GR =4,36 T / L - GB = 5,1 G/L dont 51% de polyneutro. VS = 11 mm ~ la l~re heure L'ECG est normal ainsi que les radiographies du rachis dorso-lombaire. L'~lectrophor~se des protides et le dosage pond~ral des immunoglobulines sont no rmaux (IgM = 1,5 gr/I). Les recherches d'anticorps anti-nucl~aires, d'immuns compl'exes circulants, de cryoglobuline et d'agglutinines f r o i des sont n~gatives. La ponction Iombaire, malgr~
* Service des Maladies infectieuses et tropicales, Hbpitat Charles Nicolle, F. 76031 Rouen. ** Laboratoire Central, H6pital Claude Bernard, 10 av. de la Porte d'Aubervilliers, 75019 Paris. 44
la maladie avec une recrudescence des taux, contemporaine des manifestations articulaires (2).
I'absence de signes cliniques, r6v~le I'existence d'une m~ningite lymphocytaire (350 616ments dont 98 % de lymphocytes - prot6inorachie = 1,11 gr/I). Les s6rologies d'arboviroses, de leptospirose, de Rickettsia conori resteront n6gatives. En revanche, la sdrologie sp6cifique par immunofluorescence indirecte, r6alis6e dans deux laboratoires diffdrents (CDC d'Atlanta - USA et H6pital Claude Bernard Paris) est positive : - l e 2 7 / 9 au 1/128 ° ; - l e 8 / 1 0 au 1/512 ° .
2 ) - Le taux des IgM sdriques est rest6 normal chez notre patiente qui n'a jamais eu de Iocalisations articulaires. Pour les auteurs am6ricains, 1'616vation des IgM s6riques serait le meilleur tdmoin de I'dvolutivitd de la maladie et dolt faire redouter I'apparition de complications articulaires ou cardiaques (1). 3 ) - Cette observation confirme I'efficacit6 de la P6nicilline G ~ fortes doses, pr6conis6e dans les r6centes publications am6ricaines, sur les signes cliniques de la mdingo-radiculite, puisque, sans aucun antalgique ni corticoth6rapie, les douleurs ont disparu chez notre malade au 3~me jour d'antibioth~rapie (3).
COMMENTAIRES Cette observation appelle plusieurs commentaires : 1 ) - II s'agit d'une des premieres observations fran~aises de maladie de Lyme confirm6e par la s6rologie sp6cifique. Les taux d'anticorps IgM et IgG sont d6termin6s par immunofluorescence indirecte. Les anticorps IgM apparaissent 3 & 6 semaines apr~s I'ECM puis r~gressent en deux ou trois semaines. Les anticorps IgG sont plus tardifs ; quelques mois ~ quelques ann6es apr~s le d6but de
SUMMARY
REMERCIEMENTS
N o u s remercions Madame H.W. Wilkinson (Centers f o r Disease Control - Atlanta, USA) qui nous a permis de rdaliser la Sdrologie de la maladie de L y m e en France. •
L YME DISEASE : A N A UTOCHTHON CASE WITH SEROLOGICAL CONFIRMATION A typical serologically confirmed case of Lyme disease contracted in France is reported. Successfull treatment with high dose intravenous penicillin and usefullness o f serological diagnosis of this potentially severe illness are emphasized.
Key-words
: E r y t h e m a c h r o n i c u m r n i g r a n s - Serology,
BIBLIOGRAPHIE G.P,, JOHNSON E,, MALAWISTA S,E. -- The spirochetal etiology of Lyme disease. N. Engl. J. Med,, 1983, 308, 733740.
MOFFAT C.M., SIGAL L,G., STEERE A.C., FREEMAN D.H., DWYER J.M. -- Cellular immune findings in Lyme disease. Correlation with serum IgM and disease activity. Am, J. IVied,, 1984, 77, 625-632. 3. STEERE A.C., GRODZICKI R.L,, K O R N B L A T T A,N., CRAFT J.E., BARBOUR A.G., BURGDORFER W., SCHMID
45
STEERE A,C., PACHNER A.R,, MALAWISTA S,E. -- Neurologic abnormalities of Lyme disease : successfull treatment with high-dose intravenous penicillin. Ann. Intern. Med., 1983, 99, 767-772.