La périnatalité : un enjeu de santé publique mal compris !

La périnatalité : un enjeu de santé publique mal compris !

Gynécologie Obstétrique & Fertilité 32 (2004) 107 www.elsevier.com/locate/gyobfe Éditorial La périnatalité : un enjeu de santé publique mal compris ...

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Gynécologie Obstétrique & Fertilité 32 (2004) 107 www.elsevier.com/locate/gyobfe

Éditorial

La périnatalité : un enjeu de santé publique mal compris ! Perinatal issues: badly understood questions of public health! Depuis la parution des décrets de périnatalité il y a quatre ans, personne ne peut contester l’apparition aujourd’hui de graves difficultés à prendre en charge les femmes enceintes et leurs nouveau-nés dans nos structures actuellement appelées « Maternité ». Le recul actuel des différents indicateurs périnatals (mortalité maternelle plus élevée en France par rapport à d’autres pays européens, taux de prématurité en hausse), les difficultés et la démographie des milieux professionnels, la pénibilité du travail dans ces structures à effectifs et moyens constants et l’inquiétude grandissante des usagers font qu’il y a urgence à mener une réflexion sur la périnatalité en France. C’est la raison pour laquelle le Collège national des gynécologues-obstétriciens a organisé récemment sous l’égide du ministre de la Santé, des « États Généraux de la Naissance » (6 juin 2003). Le mérite de cette journée a été d’aborder une réflexion positive sur une éventuelle possibilité d’accoucher simplement sans contraintes techniques. Les professionnels médicaux qui entourent la naissance ont bien évidemment plaidé pour la sécurité maternelle et néonatale. En effet, ils considèrent depuis plusieurs années que la prise en charge du risque obstétrical et ses complications doivent représenter le minimum pour une grossesse normale, ne laissant plus aucune place à l’accouchement physiologique, voire à domicile. Les usagers quant à eux ont revendiqué une dimension plus humaine, plus sociale et plus culturelle de la naissance aujourd’hui en France. Les parents se sentent abandonnés dans nos structures et veulent être confortés, valorisés, écoutés et respectés vis-à-vis de cet acte unique et universel. Et, il est vrai que l’émotion dégagée par cet acte n’est pas modulable en fonction des structures, de la technicité qui s’y rencontre, ou de la façon d’accoucher ! Dans une naissance, nous ne sommes pas deux : le couple et l’équipe des professionnels de santé, mais ils sont trois : la mère, le père et le nouveau-né. Notre devoir est donc de nous considérer uniquement pour ce que nous représentons : une aide à ce trio, permettant l’accouchement en toute sécurité. Même si, lors de cette journée du 6 juin 2003, tous les professionnels de santé, que ce soient les obstétriciens, les pédiatres, les sages-femmes, les anesthésistes, ont également mis l’accent réel sur la pénibilité actuelle de leurs conditions © 2003 Publié par Elsevier SAS. doi:10.1016/j.gyobfe.2003.12.003

de travail, en partie liée au problème de la démographie médicale, on ne peut plus aujourd’hui faire l’économie de ne pas entendre les usagers face à cet événement filial que la naissance représente, alors que d’autres pays européens ont déjà fait le pas. Mais comment concilier revendications des professionnels, intimité de l’accouchement et sécurité maternelle et néonatale ! L’augmentation et le regroupement des maternités pourraient être une solution. Toutefois, je ne suis pas certain que si l’on ne laisse aucune place à l’accouchement dit « normal » dans ces centres périnatals, ils ne deviennent rapidement des usines ! Par ailleurs, la formation de nos jeunes collègues gynécologues–obstétriciens passe à mon avis par l’apprentissage obligatoire de la chirurgie gynécologique et pelvienne. Ainsi, l’idéal pourrait être représenté par l’association d’entités de naissance de niveaux pédiatriques différents (type 1 et type 3) à une structure chirurgicale. Le futur projet périnatal de l’Est parisien de l’hôpital ArmandTrousseau qui verra le jour vraisemblablement en 2007 en est un exemple parfait. Il associera une maternité de type 1 amenant une maison de naissance et un centre d’assistance médicale à la procréation à un service de gynécologie–obstétrique de type 3 amenant quant à lui un centre de diagnostic anténatal et un centre spécifique de chirurgie de moindre contrainte endoscopique et vaginale. Ainsi, le regroupement de structures associant des maisons de naissance autour de plateaux techniques performants pourrait représenter un bon compromis prenant en compte le souhait actuel des usagers et la sécurité sur un même lieu. Finalement, ce futur projet périnatal de l’hôpital ArmandTrousseau représenterait un premier pas vers le changement souhaité par l’ensemble des différents participants à cette journée des « États Généraux de la Naissance ». Espérons seulement que les autres projets périnatals actuels ne soient pas que des « Maternités ultra-techniques » sans chirurgie et que ces projets intègrent bien la réponse au malaise actuel perceptible des partenaires qui agissent autour de la naissance ! J.-L. Bénifla Service de gynécologie–obstétrique, hôpital Rothschild, 33, boulevard de Picpus, 75012 Paris, France Adresse e-mail : [email protected] (J.-L. Bénifla).