Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique (2011) 97, 557—560
LETTRES À LA RÉDACTION
La revue de chirurgie orthopédique au xxie siècle. À quoi sert une revue médicale scientifique ? Our orthopaedic surgery review at the twentyfirst century: What use for a medical sciences journal? Il est inhabituel qu’une lettre à la rédaction soit écrite par un rédacteur dudit journal. Les lignes qui suivent ont pourtant été écrites par un rédacteur de RCOT-OTSR qui plus est, un rédacteur émérite. Jean-Michel Thomine, ancien rédacteur en chef de notre revue, continue de nous apporter toute son expertise. Il porte ici son regard sur les évolutions profondes qui ont marqué la revue depuis quelques années : évolutions qui ont des implications fortes sur le rôle « sociétal » d’un journal scientifique. Il nous a paru important de vous faire partager cette vision, qui nous permet de prendre un peu de hauteur. P. Beaufils. Rédacteur en chef. Avec son numéro de février 2009, la Revue de Chirurgie Orthopédique (RCO) a changé simultanément de siècle, de titre et de langue, tout en continuant d’assumer ses fonctions d’organe officiel de la Sofcot dans les conditions et avec des objectifs qui ont évolué. En effet, une version anglaise a pu être développée à partir de février 2009 ; sa substance est exclusivement constituée par la traduction en anglais de travaux soumis au comité de rédaction et retenus par celui-ci pour publication. Cette version anglaise a rec ¸u le titre original de « Orthopaedics & Traumatologic Surgery & Research » (OTSR) et c’est elle qui porte référencement des travaux publiés dans les grandes banques de données. La version franc ¸aise assure la publication des textes procédant de son rôle d’organe officiel de la Sofcot sous le nom de Revue de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique (RCOT). Les deux versions sont proposées sous forme électronique, la version franc ¸aise conserve l’édition imprimée classique qui est servie aux abonnés. Se conformant aux
objectifs institutionnels de l’Apcort, le journal recherche la publication, la diffusion et la promotion des travaux qu’il véhicule. Organe officiel de la Sofcot, il a parmi ses multiples rôles celui de prendre en charge la publication des travaux entrepris à l’initiative de cette Société et ayant son aval. Ils correspondent essentiellement aux textes élaborés à l’occasion du congrès annuel ; cette source a assuré l’alimentation du journal pendant de nombreuses années. Par extension, en accompagnant la démarche unitaire de la Société, la revue prend également en charge la publication de travaux sélectionnés, choisis dans leur « répertoire » par les sociétés partenaires. Le contrôle éditorial de ces textes correspondant vérifie leur conformité aux règles internationales en usage. Ces publications occupent la plus grande partie des suppléments qui sont associés aux huit numéros courants. Les numéros courants hébergent le produit des travaux originaux menés au sein de la collectivité orthopédique essentiellement francophone ; la version anglaise est constituée de leur traduction à partir des articles originaux. Ils constituent la matière des huit numéros ordinaires. Pour la publication il en est attendu la sélection, la publication et la diffusion de connaissances nouvelles. Il peut se faire que la validation d’une information nouvelle ne soit acquise que du seul fait de la publication dans une revue scientifique de haut niveau qui est souvent le seul moyen d’accéder à « cet effet validation ». Le degré d’exigence d’une revue à l’égard des articles soumis peut ainsi donner à la parution dans un tel périodique la valeur d’une garantie. Cette validation est recherchée par les auteurs pour des travaux soumis spontanément pour publication par leurs auteurs sans restriction d’origine. Ils sont en règle présentés sous la forme d’un mémoire original qui apporte un compte rendu de recherche clinique ou expérimental. Cette évaluation repose sur le système de la peer-review où des lecteurs experts examinent le contenu et la structure à l’occasion d’une lecture critique. Mis en présence de nouvelles informations, ils sont finalement chargés de « dire le vrai ». L’acceptation pour publication suppose une grande rigueur dans la forme (langage et structure conformes aux règles internationales) et dans le fond (qualité du protocole de recherche et pertinence du choix des outils statistiques
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558 qui contrôlent les résultats). Ces règles et leur surveillance constituent une part majeure des tâches de la rédaction. En principe la qualité scientifique des articles retenus par ce système est attestée par la fréquence avec laquelle ils sont cités par les travaux ultérieurs d’autres auteurs ayant les mêmes objectifs. Elle les classe implicitement parmi les sources fiables. Le facteur d’impact est pour partie le reflet de ce point. Naturellement ce rôle ne peut être rempli que par un journal indexé dans les grandes banques de données. L’augmention de l’impact factor est une revendication qui s’associe évidemment au vœu d’une publication en anglais des travaux majoritairement d’origine « francophone ». Les huit numéros ordinaires statutaires hébergent les textes produits par la traduction à l’exclusion de toutes autres sources. Mais la soumission d’articles non francophones et rédigés en anglais est acceptée lorsque la qualité du travail y engage et bien entendu en soumettant celui-ci aux règles de contrôle signalées ci-dessus. Ce souhait donne une priorité absolue aux formes d’articles les plus propices à une évaluation de qualité et donc à susciter des citations. • Les auteurs sont engagés à présenter des travaux originaux, respectant les recommandations « aux auteurs » du journal. • En revanche, les articles dits « fait clinique » ne se prêtent que rarement à la rédaction scientifique et souhaitée. • Aux responsables de symposiums est demandé non un texte in extenso, mais la production de plusieurs mémoires originaux destinés à être inclus dans des numéros courants de la revue. • Les textes constituant une mise au point sont appréciés par le lectorat et peuvent être utilisés pour donner naissance à un tel exposé. Cinq publications de ce type ont été initiées dans l’année passée.
Matière éditoriale et équilibres L’équilibre éditorial Les modifications dans l’organisation en particulier du sommaire, la différence faite entre les divers types de texte, la culture de la concision ont apporté le souffle nécessaire à l’édition des formes adaptées aux mémoires et plus adaptée à l’édition scientifique. Les contraintes maintenues sur le journal restent dans les limites du contrat d’édition pour l’édition franc ¸aise. La traduction en anglais d’articles sélectionnés a fait l’objet de négociations avec l’éditeur. Durant les deux premières années de son fonctionnement, le journal s’est donc attaché à recueillir la plus grande proportion de mémoires originaux au sein des soumissions en réduisant autant que possible le nombre des faits cliniques. Dans les travaux soumis, la mise en forme de mémoires scientifiques est systématiquement évoquée pour les travaux des sociétés partenaires sur le modèle des symposiums de la Sofcot. D’après les premiers chiffres seuls disponibles pour juger de l’efficacité des réformes, l’intérêt pour le journal a abouti à une majoration considérable du nombre
Lettres à la rédaction de soumissions. Mais l’impact factor ne peut encore être évalué.
Equilibre linguistique et culturel Une revue de ce type est à même de jouer pour le groupe de professionnels qu’elle concerne un rôle « sociétal ». En effet : • sans distinction de statut elle offre une tribune à tous ceux qui « cherchent pour mieux faire » sans autre motivation que leur métier et en considérant que la parution de leur travail dans OTSR-RCOT est un motif de fierté. L’effet de brassage obtenu par la collecte de soumissions de toutes origines est un facteur d’homogénéisation des connaissances et des pratiques pour le groupe et qui se fait au bénéfice des patients ; • elle donne au lecteur la possibilité de situer les auteurs géographiquement et en matière de compétences. Dans le cadre national, elle est ainsi une base de notoriété ; • dans une certaine mesure, il est possible de dire qu’elle contribue à l’existence d’une collectivité professionnelle de spécialistes, à la fois nationale, linguistique et géographique. De ce point de vue, il faut prendre en compte la valeur symbolique de l’unique revue de haut niveau qui soit publiée en franc ¸ais dans notre spécialité. Nonobstant le lectorat francophone bénéficie d’une publication en franc ¸ais qui n’exclut aucun texte évalué et accepté par le comité de rédaction ; elle peut comporter les mémoires originaux retenus comme intéressant la spécialité mais ne correspondant pas aux règles rédactionnelles de la publication scientifique. Ainsi cette organisation maintient-elle une large ouverture destinée à accueillir la production, promotion des textes francophones. La langue d’origine et la qualité des textes sont préservées par l’offre francophone présentée à côté de la version anglaise qui vise la diffusion maximum. Cette richesse préservée s’ajoute à l’ouverture au monde dont dispose maintenant notre journal après sa mutation.
J.-M. Thomine Adresse e-mail :
[email protected] doi:10.1016/j.rcot.2011.05.004
À propos de l’article : « Les prothèses totales de hanche à couple alumine-alumine chez les patients de moins de 50 ans sont-elles la meilleure option ? Un suivi de sept à 15 ans » de P. Boyer, D. Huten, P. Loriaut, V. Lestrat, C. Jeanrot, P. Massin, publié dans Rev Chir Orthop 2010;96:687—93夽
夽 Ne pas utiliser, pour citation, la référence franc ¸aise de cet article, mais celle de l’article original paru dans Orthopaedics & Traumatology: Surgery & Research, en utilisant le DOI ci-dessus.