La sismicité du Sud de la Nouvelle-Calédonie implications structurales

La sismicité du Sud de la Nouvelle-Calédonie implications structurales

0 1999 AcadEtmie des sciences / Editions scientifiques et medicales Elsevier SAS. Tous droits r&en&s. Commentaire & la note de Marc Regnier, Sa...

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0 1999 AcadEtmie

des sciences

/ Editions

scientifiques

et medicales

Elsevier SAS. Tous droits

r&en&s.

Commentaire & la note de Marc Regnier, Sabrina Van de Beuque, Catherine Baldassari, Guillaume Tribot Laspiere La sismicite du Sud de la Nouvelle-Cakdonie implications structurales C. R. Acad. Sci. Paris, tome 329, she IIa, 19, Dominique lnstitut

:

pp. 14.3-148

Cluzel

des sciences

de la Terre

d’orlhans,

BP 6759,

45067

Introduction Dans la note cit6e en titre, Regnier et al. prbsentent une s&ie de don&es in6dites concernant la sismicit6 actuelle du Sud de la Crande Terre de NouvelleCaledonie. Ces seismes superficiels, organis& en zones etroites et rectilignes, sont interpr&&, de faGon assez convaincante, en relation avec la distorsion que subit actuellement la plaque australienne (ici, la ride de Norfolk) lors de son introduction dans la zone de subduction des Nouvelles-Hebrides (Vanuatu). La mise en evidence de cette sismicit6 est importante car, s’il est courant de ressentir de I6gers &ismes en Nouvelle-Caledonie, I’6ventualit6 d’un quelconque risque de cette nature n’a jamais et6 prise en consid&ation. Or, compte tenu de I’&olution prkvisible de la marge et de la collision commen$ante entre la ride des Loyaut6 et l’arc des Nouvelles-Hebrides, I’activitk sismique ne peut aller qu’en augmentant. Cette publication ne peut qu’encourager au renforcement et A l’extension de la surveillance sismique de la region. Cependant, partant de ces don&es indiscutables, les auteurs tentent de les int6grer 21 d’autres don&es g6ophysiques en un mod&le qui Gent plus de la sp&ulation pure que du raisonnement gbologique. En effet, se basant sur la co’incidence d’une anomalie gravimetrique positive et d’une topographie mod&Ge, grossierement limit6es par les zones sismiques en question, Regnier et al. sugg6rent qu’elles correspondent 5 la r6activation d’une suture hypothbtique prenant en 6charpe tout le Sud de I’ile, imaginent I’existence d’un soubassement oc6anique dans cette r6gion de la Grande Terre et proposent une carte de I’extension suppos6e de la nappe ophiolitique. C. R. Acad. Sci. Paris, Sciences 1999.329,929-930

de la terre

et des pIaMes

Orlkans

cedex

2, France

Ces interpr&ations ne r&istent pas A leur confrontation aux faits g6ologiques et, en definitive, une explication beaucoup plus simple peut &re propos6e.

A propos de I’extension des phidotites

de la nappe

II semble que les auteurs confondent limite d’hrosion et limite structurale. II est clair, les nombreuses klippes et les d6formations de substratum I’attestent, que la nappe actuelle n’est que le reste demantel6 d’une unit6 bien plus vaste ayant recouvert I’essentiel de I’ile (il y a 38 Ma !), et ayant, pourquoi pas, dbbord6 au sud-ouest sur le bassin de Nouvelle-Caledonie (rien ne s’y oppose theoriquement). Une bonne partie de ce d6mantGlement est d’ailleurs le fait de la reprise vigoureuse de I’&osion Iike A I’activit6 n6o-tectonique signal6e par Regnier et al. Pour ne titer qu’un exemple, dans la region sit&e au nord-ouest de la ville de Noumka, le front de la nappe correspond A un faisceau complexe d’accidents, abaissant le compartiment de la nappe de quelques centaines de m&es (figure, a). L’autochtone sur6lev6 au sud-ouest de cet accident Porte toutes les marques tectoniques de la mise en place de la nappe, et ce, assez loin au large dans les ilots des baies de la Dumb6a et de la Tontouta. La nappe a done trb largement dr?pass6 son front. actuel. L’absence de m&amorphisme r&ional le long de la c6te ouest n’indique absolument pas I’arr& du charriage de /a nappe au niveau du front actuel ; il signifie simplement que les profondeurs atteintes par le microcontinent n6o-caledonien (la ride de Norfolk) au tours de la subduction/abduction ont 6t6 insuffisantes pour qu’apparaissent les premiers min&aux metamorphiques. II n’y a pas de relation directe entre le (( charriage )) de

/ Earfh & flanefary

Sciences

929

D. Cluzel geologic de la nappe des peridotites tence d’une tectonique tangentielle d’expliquer une surepaisseur locale. nappe, caracterisee par une enorme

n’indique I’exisinterne permettant La racine de la anomalie gravime-

trique, se situe largement au nord-est de la position proposee par Regnier et al. La (( reactivation de la suture )) proposee par les auteurs est hypothetique ; en outre, on voit mal comment des bandes de seismicite rectilignes et se prolongeant dans I’autochtone pourraient etre autre chose que I’effet de la reactivation de failles tardives post-nappe.

Une interpretation Figure 1. a) SchCma structural du b) Carte des anomalies gravimetriques equidistance des courbes 10 mgal.

I’ophiolite s’agit la

et le developpement d’une extrapolation

Sud

de la Grande Terre ; de Bouguer (d = 2,67),

d’un abusive

metamorphisme. des phenomenes

II

observes dans certains complexes ophiolitiques, oti I’obduction demarrant a la dorsale &n&e les amphibolites de la (( semelle metamorphique )). II n’y a pas de (( semelle metamorphique x en Nouvelle-Caledonie (ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de metamorphisme). Pour s’en assurer, il suffit de suivre le front d’erosion de la nappe (la, on est stir qu’elle est pas&e !) ; les premieres manifestations tectono-metamorphiques n’apparaissent que tres au nord, le long de la tote est, dans la region de Houa’ilou, sous la forme d’une schistosite plate parallele au contact de base. A partir de ce point, le metamorphisme augmente vers le nord-ouest jusqu’a atteindre le facies eclogite. Faudrait-il en deduire que la nappe nest pas pas&e par-dessus la chaine centrale ? La encore, des klippes en temoignent. A contrario, les auteurs proposent d’etendre le (( front )) de la nappe au sud-est d’une ligne mont Dore - ilot Amedee ; malencontreusement, sur les ilots Uo et Mato, situ& vement a 5 et 10 km au sud de I’ile Ouen, milieu de la zone consideree, c’est le substratum de la nappe qui apparait, et non I’ophiolite...

A propos d’une (< suture de la Grande-Terre

respectiau beau tertiaire

G continental

)) sous

)) dans le Sud

I’ophiolite.

Rien

dans

C. R. Acad.

et al. proposent I’hypothese de la suture refutee cidessus. En realite, cette anomalie gravimetrique ne s’etend pas jusqu’a la c&e est (figure, b), ce qui serait coherent avec leur hypothese, mais co’incide etroitement avec un graben post-nappe complexe, abaissant le centre de I’ile avec un leger mouvement de bascule vers le sud-est. Le compartiment abaisse est limit6 au nord par le faisceau d’accidents Yate-Borindi, au sud par le faisceau ile Ouen - mont Dore - Saint-Louis. Au sein du graben apparaissent les cumulats basiques et ultrabasiques de la zone de transition (le paleo-Moho), dont c’est en Nouvelle-Caledonie la seule zone de preservation (figure, a). II est impossible d’evaluer I’ampleur du mouvement vertical, mais, a n’en pas douter, la nappe est plus epaisse la qu’ailleurs, d’oti I’exces de densite et I’anomalie. La topographie peu elevee de la region pourrait simplement resulter lie a la formation affecte

I’autochtone

du phenomene du graben, en m@me

qui,

d’amincissement local de toute evidence, a

temps

que

la nappe.

II apparait que les conclusions de la note de Regnier et al. ne prennent en consideration que partiellement les faits de terrain. La mise en coherence des don&es geo-

Koum-Borindi (c&e est) sont marques par une contamination crustale faible, mais nette, en tout cas plus importante que celle de la granodiorite de Saint-Louis (tote ouest) : il n’y a done aucune raison de limiter (‘extension socle

L’une des conclusions de la note Porte sur I’interpretation de I’anomalie gravimetrique du Sud de la CrandeTerre. La, sans modeliser I’anomalie en question, Regnier

Conclusion

L/existence de la c( suture x proposee par les auteurs presuppose qu’il n’existe pas de crotite continentale au nord-est de celle-ci. Des granitoides oligocenes recoupent I’ophiolite et son substratum (figure, a) ; ceux de

du

alternative

la

physiques avec les don&es (c geologiques )) s/impose. La co’incidence entre les bandes de seismicite et les Iineaments tectoniques, bien visibles sur les images aeriennes et satellites, merite d’etre testee. D’autre part, il serait necessaire de mieux connaitre la sismicite de la Nouvelle-Caledonie en dehors du secteur etudie, a savoir sur les 90 % restants de la Grande iles Loyaute. Ces don&es preliminaires qu’elles suscitent montrent I’utilite d’une nique detaillee de la Nouvelle-Caledonie, entreprendre.

Sci. Paris, Sciences

de la terre

et des planetes

/ Earth

Terre et sur les et tout I’interet etude neotectoqui reste a

& Planetary Sciences 1999.329,929-930