Le paléolithique supérieur au sud du Portugal : le site de Vale Boi

Le paléolithique supérieur au sud du Portugal : le site de Vale Boi

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L’anthropologie 114 (2010) 48–67 www.em-consulte.com

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Le paléolithique supérieur au sud du Portugal : le site de Vale Boi Upper Paleolithic in the south of Portugal: The site of Vale Boi Nuno Ferreira Bicho a,*, Juan Francisco Gibaja a,b, Mary Stiner c, Tiina Manne c a

Faculdade de Ciências Humanas e Sociais, Universidade do Algarve, Campus de Gambelas, 8000-117 Faro, Portugal b Museu d’Arqueologia de Catalunya, Paseo Santa Madrona, 39-41, Parc de Montjuïc, 08038 Barcelona, Espagne c Department of Anthropology, University of Arizona, Tucson, AZ,85731-0030, États-Unis Disponible sur Internet le 18 fe´vrier 2010

Résumé Jusqu’au début des années 1990, l’occupation humaine au Paléolithique dans le sud du Portugal restait très mal connue. Cependant, cette situation a radicalement changé ces dernières années grâce au programme mené par les archéologues de l’université d’Algarve. Dans cet article, nous dresserons l’état des lieux de la recherche, en focalisant sur l’un des gisements les plus importants : Vale Boi. Nous présenterons sa large séquence chronoculturelle, qui comporte différentes occupations depuis le Paléolithique inférieur jusqu’au Néolithique, ainsi que les témoignages essentiels qu’il a livrés. Les études archéozoologiques ont ainsi révélé les modes d’exploitation des mammifères terrestres et l’approvisionnement en faune marine. Nous présenterons également l’industrie osseuse et l’important outillage en pierre. Enfin, nous évoquerons les objets qui renvoient à la sphère symbolique, notamment l’abondante parure en coquillage et sur dent animale, ainsi que l’exceptionnelle plaquette gravée d’animaux. # 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Péninsule Ibérique ; Sud du Portugal ; Algarve ; Paléolithique Supérieur ; Gravettien ; Solutréen ; Industrie lithique

Abstract Before the 90s, data on Paleolithic human occupation of southern Portugal was very scarce. During the last decade, the knowledge of the Upper Paleolithic of Algarve increased substantially due to the work of a research team based at the University of Algarve. The present paper is a report on the recent results from

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (N.F. Bicho). 0003-5521/$ – see front matter # 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.anthro.2010.01.002

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Algarve, focusing specially on the site of Vale Boi. It will present the chronology and stratigraphy of different human occupations from the early Upper Paleolithic up to the early Neolithic. It will focus on aspects of zooarchaeology and the exploitation of large and medium mammals as well as on marine fauna. In addition, we will present new data on stone and bone tools. Finally, we will also refer to the social and symbolic aspects present at the site, base on shell and teeth pendants and to an engraved plaquette with animal motifs. # 2010 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Keywords: Iberian Peninsula; Southern Portugal; Algarve; Upper Paleolithic; Gravettian; Solutrean; Lithic tools

1. Introduction Les constructions chronologiques concernant le Paléolithique supérieur et le Mésolithique du Portugal ont principalement été ébauchées à partir de l’étude des gisements d’Estremadure et de l’Alentejo. Les nombreux gisements proches des formations de silex primaires et secondaires de Torres Vedras et Rio Maior (Estremadure) ainsi que ceux des rives de l’estuaire du Sado et du Tage ont été et sont encore fondamentaux pour la connaissance de ces périodes (Zilhão, 1992, 1997 ; Bicho, 1993, 1995, 1997, 2000 ; Soares et Silva, 1993 ; Araujo, 1995, 1998). En revanche, d’autres régions, comme l’Algarve, les Beiras, le Trás os Montes ou le Haut Douro, n’ont pas reçu la même attention de la part des archéologues. L’absence patente de découvertes archéologiques, conséquence d’un tel désintérêt, a pu néanmoins être expliquée comme le résultat d’un vide de population dans ces régions pendant le Pléistocène et l’Holocène ancien. Cette proposition était évidemment injustifiable et indémontrable au vu de l’indigence de la recherche et de la rareté des matériaux trouvés, qui plus est hors contexte. Aujourd’hui, la situation évolue lentement du fait des recherches et des prospections systématiques réalisées dans des zones comme la Vale de Foz Côa, le Trás os Montes ou dans le cas qui nous occupe, l’Algarve (VVAA, 1995 ; Cardoso et Varela Gomes, 1997 ; Aubry et Carvalho, 1998 ; Quelhas et Zambujo, 1998 ; Carvalho, 1999 ; Aubry, 2001 ; Bicho, 2003, 2004 ; Bicho et al., 2004a). L’Algarve se situe au sud-ouest de la Péninsule ibérique et couvre près de 5000 km2. Cette région est limitée au nord par l’Alentejo, à l’est par le fleuve Guadiana qui le sépare de l’Espagne et au Sud et à l’Ouest par l’Océan Atlantique. Il s’agit d’une région dotée d’une richesse écologique considérable, qui a sans doute favorisé le séjour des groupes humains au cours de la Préhistoire. Cependant, jusqu’il y a une dizaine d’années, l’Algarve présentait encore une carence sur le plan archéologique. À l’exception de quelques articles de H. Breuil, M. Feio, J. Formosinho, E. Jalhay, M. Vaultier, A. Viana et G. Zbyszewski, pendant les années 1940 et 1950, ou bien des travaux ponctuels de L.G. Straus dans les années 1980, dans lesquels on mentionnait la présence d’outils préhistoriques (habituellement achados) dans des gisements noncontextualisés (Breuil et al., 1943 ; Formosinho et al., 1945 ; Viana, 1947 ; Zbyszewski, 1958). Rares étaient les études qui s’y référaient. Quant au Paléolithique, ce n’est que dans les années 1990 que les travaux de L. Raposo, présentés en 1994 et publiés en 1997, et de l’un d’entre nous (N.F. Bicho), réalisé en 1996 et publié en 2003, recensaient et présentaient les données disponibles. Cependant, comme nous l’avons mentionné, depuis la fin des années 1990, les recherches menées par l’université d’Algarve ont radicalement changé ce panorama. Les prospections

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systématiques réalisées dans le cadre des projets « A Ocupação Humana Paleolítica do Algarve, A importância dos recursos aquáticos no Paleolítico do Algarve (Portugal) et O processo de Neolitização no Algarve (Portugal) » ont permis de recenser un ensemble de 65 gisements archéologiques se rapportant à la Préhistoire, depuis le Paléolithique moyen jusqu’au Chalcolithique (Bicho et al., 2003 ; Carvalho et al., 2005). Une grande partie des gisements du Paléolithique sont mal conservés. Si les gisements attribués au Moustérien ne font pas réellement défaut (Lagoa Funda 1 et 3, Vale da Fonte, Vale Santo 3 o Curva do Belixe), en revanche pour le Paléolithique supérieur, il faut souligner l’importance de Vale Boi, gisement très bien préservé et dans une moindre mesure les sites de Praia da Galé et Lagoa Mosqueiro (Ferring et al., 2000 ; Bicho et al., 2003 ; Bicho, 2004, 2006). Dans ce travail, nous avons choisi de nous concentrer sur Vale Boi en raison des données essentielles qu’il a livrées et parce qu’il constitue un passage obligé pour le Paléolithique dans le sud de la péninsule en général et du Portugal en particulier. 2. Le gisement de Vale Boi Le gisement de Vale Boi se trouve dans l’ouest de l’Algarve, non loin du village de Vila do Bispo, dans une petite vallée qui lui a donné son nom (N8 378 05, 402 et W8 088 48, 541) (Fig. 1). Il se trouve au pied d’une petite formation calcaire, dans laquelle on trouve quelques abris naturels. La zone est d’une grande richesse écologique du fait de la proximité de diverses sources hydrographiques (rivières et lacs) et de l’Atlantique (2 km). La localisation est d’autant plus remarquable que le site bénéficie d’une bonne exposition et qu’il est protégé par les formations calcaires des vents forts qui parcourent la vallée (Fig. 2). Si Vale Boi a été découvert en 1998, ce n’est qu’en 2000 qu’ont débuté les premiers sondages archéologiques. Depuis, 11 sondages ont été réalisés et quatre petits locus ont été ouverts, ce qui représente environ 50 m2 de fouilles. Cependant, le travail n’en est encore qu’à ses débuts, dans la mesure où les données obtenues dans les différentes zones explorées permettent d’évaluer à 10 000 m2 environ la surface du site. Il ressort des différents sondages une stratigraphie assez simple du gisement, comprenant quatre grands niveaux archéologiques (Bicho, 2003, 2004 ; Bicho et al., 2003, 2004a,b) :  niveau d’argiles jaunâtres avec quelques rares pièces lithiques et des restes osseux. En dépit d’une chronologie encore incertaine, nous proposons – sous réserves – une attribution au Moustérien ;  niveau d’argiles rougeâtres avec d’abondants restes de faune et un outillage lithique qui nous renvoie aux débuts du Paléolithique supérieur ;  niveau d’argiles compactes de couleur marron avec une occupation exceptionnelle du Paléolithique supérieur. Ce niveau, au cœur du présent article, a pu être subdivisé en deux : un qui correspond au Gravettien et un autre à l’intervalle entre le protoSolutréen et le Magdalénien final. Plusieurs datations ont d’ores et déjà été publiées (Bicho, 2004) (Tableau 1) ;  enfin, dans la partie supérieure nous avons un niveau sableux dans lequel ont été mises au jour des structures et du mobilier appartenant au Néolithique ancien (Bicho et al., 2000b ; Carvalho et al., 2005). Les premières informations livrées par les diverses surfaces fouillées semblent montrer qu’il a pu exister des zones dévolues à certaines activités. Il est probable que les aires les plus proches de l’abri aient été celles de l’habitat. Cette hypothèse devra être confirmée dans les années à venir

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Fig. 1. Localisation de Vale Boi à l’extrême sud-ouest de la Péninsule Ibérique. Site location of Vale Boi in the Iberian Southwest.

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Fig. 2. Vue de Vale Boi au pied de la formation calcaire. View of Vale Boi near the limestone outcrop. Tableau 1 Datations absolues de Vale Boi. Absolute datings of Vale Boi.

Solutréen supérieur ProtoSolutréen Gravettien Gravettien

Référence laboratoire

Échantillon

Âge datation BP

Wk-12 Wk-12 Wk-13 Wk-12

Os Os Os Charbon

17 18 22 24

131 130 686 132

634  108 406  164 469  233 300  205

avec les données provenant des nouvelles campagnes de fouilles et d’analyses spatiales pertinentes. 3. Stratégies de subsistance L’analyse de la faune révèle que les espèces les plus chassées sont le cerf (Cervus elaphus) et le cheval (Equus caballus), suivies par le bouquetin (Capra sp.), l’auroch (Bos primigenius) et le sanglier (Sus scrofa). On a également trouvé, de manière épisodique, des restes d’autres mammifères (renard, Vulpes sp. ; âne, Equus Lydruntinus ; et peut-être le lynx ibérique, Felis pardina) et de certains oiseaux de taille moyenne dont les espèces restent encore à déterminer (Stiner, 2003 ; Manne et al., 2006). D’autre part, au cours du Gravettien, la chasse au lapin connaît une certaine intensification (Oryctolagus cunuculus) comme l’exploitation des diverses espèces de mollusques et de gastéropodes provenant de la côte atlantique voisine et de l’estuaire du Vale Boi, dans un but alimentaire (Mytilus edulus, Patella vulgata, Patella ulyssiponensis) (Fig. 3).

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Fig. 3. Restes de mollusques découverts à Vale Boi. Marine shells from Vale Boi.

La présence des ressources marines à fins alimentaires n’est inconnue ni au Portugal, ni au Sud de la péninsule pour le Paléolithique supérieur. En ce qui concerne le Portugal, le cas le plus emblématique est celui de Lapa do Picareiro où on trouve d’abondants restes de poissons et de mollusques dans les niveaux gravettien et magdalénien (Bicho et al., 2000a). De plus, alors que de la Gruta do Caldeirão provient un fragment de coryphène et plusieurs coquillages marins utilisés comme parures (Zilhão, 1997), dans le Paléolithique moyen de la Gruta de Figueira Brava ont été mis au jour des quantités importantes de berniques et des restes de pingouins et de phoques (Antunes, 1991). Quant à l’Andalousie et à Gibraltar, nombreux sont les gisements du Paléolithique moyen au Mésolithique dans lesquels ont été trouvés des restes de mollusques et de poissons : Bajondillo, Nerja, Cueva Ambrosio, Cueva de los Ojos, Gorham’s Cave, etc. (Cortés et al., 1996 ; Simón, 2003 ; Vera et al., 2003 ; Cortés, 2005). Nous sommes donc, en définitive, en présence d’un groupe de chasseurs-cueilleurs ayant une économie à large spectre qui devait permettre un régime varié et éviter les problèmes d’approvisionnement lorsque certaines ressources faisaient défaut. Éthnographiquement, les communautés qui vivent près de la mer exploitent, d’une part, les poissons, les mollusques et les crustacés qui sont une source exceptionnelle de calcium, iode et autres minéraux et, d’autre part, les ressources végétales et animales terrestres qui apportent des protéines, des graisses et des sucres. À Vale Boi, l’exploitation des ressources marines et du lapin semble être liée aux importantes transformations du milieu qui se sont produites durant le Gravettien. À partir du Solutréen, le climat devient beaucoup plus froid et la mer se retire jusqu’à peut-être 20 km. Le couvert végétal de la vallée s’amoindrit et la consommation des mollusques comme des espèces lacustres cesse ; il s’agit d’espèces peu adaptées aux nouvelles conditions d’aridité. Dans ce contexte, les troupeaux d’équidés augmentent. Ils s’établissent sur tout le territoire et seront chassés à profusion par les communautés qui habitent le site durant cette période.

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Fig. 4. Pièces esquillées de Vale Boi. Scaled pieces from Vale Boi.

Au début du Magdalénien, la situation s’inverse avec l’augmentation des températures et de l’humidité. Le niveau de la mer remonte, la côte atlantique est plus proche et les populations humaines chassent à nouveau le lapin et récoltent les produits qu’offre la mer. Dans un autre ordre d’idées, l’étude archéozoologique a montré que de nombreux restes de faune présentaient des traces de décarnisation, ainsi qu’un indice élevé de fragmentation et d’altération thermique. M. Stiner considère que ce degré de fragmentation et d’altération thermique comme la présence de traces d’impacts sont le résultat de processus destinés à obtenir la moelle et la graisse (Bicho et al., 2003 ; Stiner, 2003). Cette activité explique également les nombreux percuteurs, enclumes et pièces esquillées retrouvés dans le site (Fig. 4). Une de ces pièces esquillées élaborée en quartz a précisément été retrouvée incrustée dans une phalange de cervidé, preuve irréfutable de l’utilisation de ce type d’instruments pour l’extraction de la moelle ou pour obtenir des supports destinés à l’industrie osseuse. Le chauffage des os dans l’eau permettait de récupérer plus facilement la moelle et la graisse accumulées dans les pores, puisque, grâce à un refroidissement lent et progressif, elle se solidifie sous la forme d’une gélatine. Cette graisse pouvait par la suite être transportée, emmagasinée et consommée le moment venu. Même si ce procédé technique demande du temps et des efforts, il a permis d’obtenir une grande quantité de graisses et de protéines. 4. Les outils : l’industrie osseuse et l’industrie lithique Vale Boi constitue aujourd’hui le gisement le plus riche du Portugal pour l’industrie osseuse. Trois pointes entières gravettiennes et 11 fragments ont été découverts à ce jour, correspondant à autant de pointes des niveaux gravettien (neuf) et solutréen (deux) élaborées en bois de cervidé. Ces différences quantitatives entre les niveaux semblent indiquer qu’au cours du Gravettien, les

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Fig. 5. Industrie osseuse de Vale Boi. Bone tools from Vale Boi.

pointes de projectiles sur matière dure animale jouent un rôle important, qui décroît avec le Solutréen et le Magdalénien, quand apparaissent les pointes – lithiques – solutréennes et les lamelles à dos. Quoi qu’il en soit, il convient de souligner au sujet des pointes entières que, si l’une d’entre elles présente une longueur de 140 mm et un diamètre de 8,5 mm (elle devrait en fait être plus grande puisque la zone apicale est fracturée), les deux autres sont de moindres dimensions, avec 85 mm et 60 mm de longueur et 10 mm et 8 mm de diamètre (Bicho et al., 2004a) (Fig. 5). La présence de pointes entières à Vale Boi est un fait notable, car dans les rares gisements portugais livrant de l’industrie osseuse, on ne trouve habituellement que des fragments apicaux et mésiaux. C’est particulièrement le cas de Casa de Moura et de Salenas durant le Gravettien, de la Cueva de Caldeirão, d’Escoural et de Lapa Rainha au Solutréen et de Bocas, Buraca Grande, Picareiro ou bien encore de Cueva de Caldeirão pendant le Magdalénien. La rareté de l’outillage en matière dure animale dans les terres portugaises ne peut pas être imputée aux conditions de conservation puisque les restes osseux issus de la consommation

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alimentaire ont bien été conservés. Il faut considérer la présence de cet outillage à Vale Boi sur la base d’une idiosyncrasie propre, fruit des contacts avec les populations du Sud-Est et du Levant péninsulaire où les instruments osseux sont abondants, par exemple dans les gisements de Nerja, de Parpalló ou de la Cueva Ambrosio (Cacho et Ripoll, 1988 ; Cardoso et Gomes, 1994 ; Ripoll et al., 1997 ; Villaverde, 1997 ; Aura et Pérez, 1998 ; Bicho et al., 2004a). Quant à l’industrie lithique, l’abondance du matériel enregistré jusqu’à présent (plus de 10 000 pièces) dans l’espace fouillé assez réduit permet à elle seule de se faire une idée de la richesse de ce gisement, comme de son potentiel. Cet outillage est majoritairement élaboré dans des roches locales (95 %) recueillies dans un rayon maximum de 15 à 20 km (quartz, silex et dans une moindre mesure, grauwacke, quartzite, schiste et calcaire) (Veríssimo, 2004, 2005 ; Santos, 2005). Alors que la plus grande partie des différentes variétés de silex provient de la zone de Sagres, le reste provient des terrasses fluviales proches et de la côte atlantique. Ces différents types de silex apparaissent habituellement sous la forme de rognons de petite taille (20 cm environ) ou de plaquettes de 3 cm d’épaisseur. Nous n’avons répertorié que quelques éclats, lames et lamelles confectionnés dans un silex exogène de couleur verte ou rougeâtre, dont l’origine doit sans doute être cherchée dans l’Estrémadure portugaise (Rio Maior) ou dans la zone de Campo de Gibraltar à 370 km au nord ou à 400 km à l’est du gisement de Vale Boi. De surcroît, l’absence de pièces corticales nous laisse penser que son exploitation n’a pas été réalisée dans le site, mais que les supports sont arrivés préparés ou mis en forme. Inversement, pour les roches locales, la présence de toute la chaîne opératoire, ainsi que l’abondance des éléments corticaux, indiquent que l’exploitation a été intégralement réalisée dans le site. Les chaînes opératoires mises en œuvre sur le silex visaient l’obtention, par percussion directe, avant tout d’éclats, et dans une moindre mesure de lames ou de lamelles. Tant pour l’obtention des éclats que pour celle des lamelles, nous avons enregistré des nucléus débités selon des chaînes opératoires variées (Fig. 6 et 7). Dans le cas des nucléus à éclats, si nous avons trouvé quelques pièces taillées de manière centripète, de nombreuses autres pièces ne semblent pas suivre des procédures standard, car les meilleurs plans de percussion sont débités indifféremment : surface corticale, fissures internes et négatifs d’enlèvements antérieurs. Ainsi, nous avons pu observer sur quelques blocs la mise en œuvre d’un débitage bidirectionnelle au percuteur dur. En définitive, il n’existe pas une systématique technique unimodale et unidirectionnelle. Quant aux nucléus laminaires de silex, nous avons observé sur certains d’entre eux une légère préparation du plan de frappe et de la base du bloc. Pour ce faire, de petits enlèvements générant une régularisation volumétrique du nucléus et des plans de frappe sont pratiqués. Cependant, dans certains cas, il semble que la morphologie tabulaire du bloc n’ait pas rendu utile l’emploi de techniques complexes de préparation. En nous appuyant sur les quelques négatifs d’enlèvements observés, tant sur les nucléus à éclats que sur les nucléus à lamelles, nous pensons que les blocs n’étaient pas exploités de manière exhaustive. Cela résulte probablement de divers facteurs : la quantité de matière première disponible, la proximité des sources d’approvisionnement, la taille réduite des blocs ou bien encore la présence courante d’impuretés et de plans à faiblesse interne. Nous sommes donc en présence de stratégies techniques expéditives, dans lesquelles les coûts de production sont très bas. Au sein des morphotypes ressortent tout particulièrement les racloirs, les encoches, les pièces esquillées, les denticulés et les burins (ces derniers surtout au Gravettien) élaborés au moyen d’une technique simple (Fig. 8). Dans les niveaux protosolutréens et solutréens en revanche, nous enregistrons un ensemble de pointes à Vale Comprido, Laurel et Parpalló beaucoup plus

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Fig. 6. Nucléus de silex pour l’obtention d’éclats (1 : Gravettien ; 2–4 : Solutréen) et de lames (5–7 : Gravettien ; 8, 9 : Solutréen). Chert cores for flakes (1: Gravettian; 2–4: Solutrean) and for bladelets (5–7: Gravettian; 8, 9: Solutrean).

complexes du point de vue technique (Fig. 9). Comme pour l’industrie osseuse, les caractères morphologiques de ces pointes nous renvoient tout particulièrement à des manifestations contemporaines du Sud et de l’Est de la péninsule (Muñoz et Ripoll, 2001). En Extrémadure portugaise, on rencontre également des pointes solutréennes, bien qu’en moindre quantité et de plus grande taille, dans des contextes comme la Cueva de Caldeirão, la Casa da Moura, la Cueva de Salemas, parmi d’autres (Zilhão, 1997 ; Bicho et al., 2003). Nombre des restes lithiques présentent des signes d’une chauffe extrême qui a provoqué la destruction et l’altération de leur surface (cupules thermiques, craquements, patines, lustrés thermiques). En revanche, d’autres supports présentent conjointement des facettes lustrées et des facettes non lustrées. Ce constat, qui révèle habituellement un usage du traitement thermique pour tailler ou retoucher, nous laisse penser qu’à Vale Boi, comme dans d’autres gisements portugais tels que Vale Almoinda, Lapa do Anecrial ou Gruta do Caldeirão (Zilhão, 1997), ce procédé technique a peut être été utilisé pour élaborer les pointes solutréennes. L’analyse tracéologique a porté jusqu’à présent sur un ensemble de 736 pièces appartenant au Gravettien (131 pièces) et au Solutréen (605 pièces). En général, l’outillage présente diverses altérations qui ont influé dans la détermination des traces d’usage : lustré du sol, lustré thermique et parfois patine. Il convient de souligner d’abord que les outils des niveaux gravettien et solutréen de Vale Boi ont été utilisés sur un large éventail de matériaux (Fig. 10). Cela nous semble important puisqu’une telle diversité d’activités est habituellement liée à des camps de base dans lesquels les individus destinent leurs instruments à l’obtention de différents biens de subsistance, ainsi qu’à la

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Fig. 7. Nucléus de grauwacke et quartzite du Solutréen. Greywacke and quartzite Solutrean cores.

préparation d’artefacts et d’objets. Sur la base de ces paramètres, des propositions similaires ont été émises pour des contextes gravettiens du centre et de l’Est de l’Europe comme Temnata, Orpheus I (tous deux en Bulgarie) ou Willendorf II (Autriche) (Gurova et Schtchelinski, 1994 ; Gurova, 1995, 1998). Si les activités les plus représentées sont le travail du bois et de certaines matières tendres indéterminées (au nombre desquelles sans doute la viande ou la peau fraîche), nous avons également enregistré des projectiles, des pièces employées dans le traitement de la peau, des éclats et des lames utilisées pour couper des plantes non ligneuses et ponctuellement, des outils destinés à la transformation de matières animales et minérales dures (Fig. 11).

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Fig. 8. Grattoirs : 1 : Gravettien ; 2–6 : Solutréen. Endscrapers: 1: Gravettian; 2–6: Solutrean.

Pour racler le bois, des éclats avec ou sans retouches ont été employés (raclettes et denticulés) et pour le couper ou le sectionner des pièces cassées ont été utilisées comme coins. Pour fendre des matières animales dures dans le but de récupérer la moelle ou confectionner des instruments osseux, on a eu recours également aux pièces esquillées ; fait déjà noté dans de nombreux gisements paléolithiques et mésolithiques comme Hoxne (Angleterre), Cassegros (France), Champréveyres (Suisse) et le Roc del Migdia (Espagne) (Keeley, 1980 ; Vaughan, 1985 ; Rodriguez, 1993 ; Plisson et Vaughan, 2003). Pour couper les matières tendres, tant animales que végétales (viande, peau fraîche ou plantes non-ligneuses), les éclats et lames sans retouches à tranchant très aigu ont été spécialement sélectionnés. Quant au raclage de la peau, des racloirs et quelques éclats bruts avec bords épais ont été utilisés. Cela est habituel dans d’autres contextes du Paléolithique supérieur et du Mésolithique comme : Andernach (Allemagne), Cova del Parco (Espagne), Cova del Parpalló (Espagne), Grotte Gazel (France), Le Flageolet I (France), Pincevent (France), Verberie (France), Pont d’Ambon (France), Santa Catalina (Espagne), Bauma Margineda (Andorre), Roc del Migdia (Espagne). . . (Moss, 1983 ; Plisson, 1985 ; Symens, 1986 ; Philibert, 1993 ; Rodriguez, 1993 ; Ibáñez et González, 1996 ; Calvo, 1997 ; Jardón, 2000). La présence d’outils employés tant sur la peau fraîche que sèche suppose probablement que le traitement de cette matière ait été totalement réalisé sur les zones d’habitat. Ainsi, alors que les pièces employées sur la peau fraîche sont habituellement liées aux processus initiaux de nettoyage et de préparation de la peau en vue de

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Fig. 9. Pointes Solutréennes de morphologie variée. Solutrean points.

l’enlèvement de la graisse et des résidus de chair, les pièces utilisées sur les peaux sèches sont liées aux activités d’amincissement, d’assouplissement et de finition des objets. Au registre de la chasse, les occupations solutréennes et protosolutréennes ont livré non seulement un nombre important de pointes de morphologies variées, mais aussi quelques pièces qui correspondent à des pointes non terminées. Sur les 37 pointes inventoriées, 16 portent des stigmates qui montrent qu’elles furent utilisées comme projectiles, le reste correspond à des préformes ou à des pointes que nous avons cataloguées comme non analysables en raison du mauvais état de conservation de leur surface. Parmi les stigmates d’utilisation on distingue : les fractures d’impact dans les zones apicales, la fracture des pédoncules et les ailerons, et les stries microscopiques d’impact (Fig. 12). Parmi les fractures d’impact que nous avons enregistrées par leur valeur diagnostique sont les enlèvements burinants (spin off) et les fractures en languettes avec des bords abrupts ou réfléchis (step and hinge fractures). Dans certains cas les fractures importantes subies par certaines de ces pointes ont conduit à leur rejet alors que celles qui n’avaient souffert que de dommages minimes ont pu faire l’objet de « réparations ». Il existe beaucoup d’autres pointes que nous avons malheureusement écartées de l’étude en raison du mauvais état de leur surface : le lustré de sol et le lustré thermique nous empêchent de reconnaître les micropolis et les stries d’impact, tandis que les caractéristiques des fractures macroscopiques des zones distale et proximale ne nous permettent pas de définir leur origine. En général, les instruments de silex utilisés présentent un seul et unique bord actif. En de rares occasions, deux bords ont été utilisés, et en d’autres cas exceptionnels, ces bords ont été

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Fig. 10. Résultats de l’analyse tracéologique (valoration des zones utilisées). Results of use wear analysis.

utilisés pour le travail de deux matières différentes. En outre, partant du degré de développement des traces, il nous semble qu’il s’agit d’outils habituellement peu utilisés qui n’ont pas été réavivés pour prolonger leur usage. Ces facteurs nous conduisent à penser que l’on ne mettait pas à profit de manière optimale la matière travaillée, mais aussi tous les tranchants potentiels des pièces ; un tel constat est cohérent avec l’abondante matière première disponible aux environs du site.

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Fig. 11. Outillage lithique Solutréen : 1, 2 : couper viande ; 3 : rainurer bois cervidé ; 4 : racler peau sèche ; 5 : racler bois ; 6 : pièce esquillée utilisée sur matière dure indéterminée. Solutrean lithic tools: 1, 2: flesh cutting; 3: antler scraping; 4: dry skin scraping; 5: wood scraping; 6: scaled piece used on undetermined hard matter.

5. Objets de la sphère symbolique Dans le domaine symbolique, il faut insister sur l’abondante parure en coquillage et dans une moindre mesure sur les dents de cerf perforées. Celles-ci sont fréquentes au Gravettien et plus rares dans les périodes postérieures. Les nombreux coquillages retrouvés, pas tous perforés, appartiennent surtout aux espèces Littorina obtusata, Littorina mariae et rarement Trivia monacha. Les dents de cerfs perforées, quant à elles, – correspondant en majorité à des individus adultes – sont des incisives, percées au niveau de la racine. L’une d’entre elles a de surcroît été polie, fait encore inédit dans le Paléolithique portugais. Les ornements élaborés tant sur coquillages que sur dents sont abondants dans les contextes paléolithiques au Portugal et au Sud de l’Espagne. Au Portugal, on a inventorié une grande variété de coquillages marins provenant de l’Atlantique (Littorina obtusata, Aporrhais pespelicani, Hinia reticulata, Anadara diluvii et Acanthocardia tuberculata), dans des contextes gravettiens (Lagar Velho), protosolutréens (Cueva de Caldeirão), solutréens (Cueva de Caldeirão et Anecrial) et magdaléniens (Lapa do Picareiro, Cueva de Caldeirão).

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Fig. 12. Pointes solutréennes avec fractures d’impact. Solutrean points with impact fractures.

De même, on a retrouvé ponctuellement des dents perforées dans des gisements comme Lagar Velho (Gravettien), Buraca Escura (protoSolutréen), la Cueva de Caldeirão et Buraca Grande (Solutréen) (Bicho et al., 2004a). Dans le sud de la Péninsule, depuis le Gravettien jusqu’au Magdalénien, de nombreux gastéropodes marins et continentaux ont été mis au jour dans des gisements comme Nerja, Bajondillo, El Tajo de Jorox, la Cueva de los Ojos, la Cueva Ambrosio, etc. (Cyclope neritea, Dentalium sp., Pecten maximus, Littorina obtusata, Littorina saxatilis, Lunatia sp., Antalis tarentium et Trivia europaea). Dans le cas des dents perforées, seuls les niveaux solutréens de

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Fig. 13. Plaquette décorée avec aurochs gravés. Decorated plaquette with aurochs.

Nerja et de la Cueva Ambrosio ont fourni respectivement une canine de cervidé et une autre de lynx (Ripoll, 1988 ; Cortés et al., 1996). Cependant, outre les éléments ornementaux, la découverte la plus intéressante touchant au monde symbolique et artistique est la magnifique plaquette décorée trouvée lors de la campagne de fouilles de 2005. Il s’agit d’une plaquette de pierre ocre jaune portant un cheval et un aurochs gravés, appartenant à l’horizon du Solutréen ancien (Fig. 13). L’analyse de cette plaque décorée est encore en cours par María Dolores Simón (Fundación de la Cueva de Nerja) et Miguel Cortés (Universidad de Málaga). L’information qu’ils apporteront prochainement sera sans aucun doute d’une valeur inestimable. L’art mobilier est sans conteste l’autre élément qui nous conduit à relier Vale Boi au Levant espagnol. Nous ne connaissons que très peu d’autres représentations artistiques de ce type dans les contextes archéologiques du Sud et de l’Ouest de la Péninsule Ibérique (Zilhão, 1988). 6. Conclusion et perspectives Les prospections systématiques menées par l’Universidade do Algarve depuis 1998 ont mis au jour de nombreux gisements, parmi lesquels Vale Boi est l’un des plus importants, non seulement en raison de ses nombreuses occupations, mais également en raison de son mobilier exceptionnel. À Vale Boi, les données révèlent des groupes humains dotés d’une économie à large spectre, exploitant les ressources marines et terrestres, afin de garantir un régime alimentaire complet et d’éviter les déséquilibres d’approvisionnement provoqués par des changements climatiques, démographiques, etc. Si la mer, les rivières et les lacs nourrissaient les populations avec les

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poissons, crustacés et mollusques (patelles, coquilles St Jacques, moules, clovisses. . .), les vallées et les zones montagneuses constituaient d’importantes aires de cueillette et de chasse aux mammifères comme le lapin, le cerf, le cheval, la chèvre, l’aurochs ou encore le sanglier. La présence de restes osseux appartenant à des chevaux et à des cerfs très jeunes (fœtus et nouveaunés) a permis de penser qu’à certaines périodes, le site a été occupé durant le printemps (Bicho et al., 2003 ; Stiner, 2003). D’autre part, les données indiquent des contacts réguliers le long de la côte méditerranéenne et atlantique, tant avec des groupes d’Andalousie et du Levant espagnol, qu’avec des communautés d’Estrémadure portugaise. La morphologie des pointes solutréennes, l’abondance de l’industrie osseuse, les caractéristiques des parures en coquillage, les dents de cerfs ainsi que les particularités de l’art mobilier sont en étroite connexion avec les manifestations archéologiques contemporaines du sud et de l’est péninsulaire. En revanche, la présence de silex exogène provenant vraisemblablement du centre du Portugal, nous indique que des relations ont pu également être tissées avec des communautés installées dans la zone de Rio Maior (Bicho et al., 2003). Quant au matériel lithique, les niveaux gravettiens et solutréens livrent une industrie caractérisée par la présence majoritaire de diverses variétés de silex, quartz et grauwacke recueillies dans les alentours du site ou dans les zones toutes proches (zone de Sagres). Il s’agit d’un outillage expéditif où l’exploitation des nucléus a pour but essentiel l’obtention d’éclats et, dans une moindre mesure, de lames et de lamelles. Les produits retouchés sont surtout des racloirs, encoches, des denticulés, des pointes et des burins. Les premiers résultats tracéologiques semblent indiquer que nous sommes en présence d’un camp de base dans lequel de multiples activités furent réalisées. Remerciements Les travaux archéologiques, ainsi que le présent article ont été réalisés grâce au projet de recherche POCTI/HAR/37543/2001 et au project REEQ/951/HIS/2005 financés par la Fundação para a Ciência e a Tecnologia (FCT). Nous voudrions également remercier Miguel Cortés et María Dolores Simón pour toute l’information qu’ils nous ont apportée sur le Paléolithique supérieur en Andalousie et particulièrement sur la Cueva Bajondillo et la Cueva de Nerja. Nous remercions aussi notre collègue et professeur Martial Benzelin et le Dr Philippe Chambon du CNRS pour la traduction en français de ce texte. Références Antunes, M., 1991. O homem da gruta da Figueire Brava (ca. 30.000 BP). Memórias da Academia das Ciências de Lisvo. Classe Ciências 31, 487–536. Araujo, A.C., 1995. A indústria lítica do concheiro de Poças de S. Bento (vale do Sado) no seu contexto regional. O Arqueólogo Português, Serie IV 13/15, 87–159. Araujo, A.C., 1998. O concheiro de Toledo (Lourinhã) no quadro das adaptacões humanas do Pós-Glaciar no litoral da Estremadura. Revista Portuguesa de Arqueologia 1/2, 19–38. Aubry, T., 2001. L’occupation de la basse vallée du Côa pendant le Paléolithique supérieur. In: Zilhão, J., Aubry, T., Carvalho, A.F. (Eds.), Les premiers hommes modernes de la Péninsule Ibérique. Actes du Colloque de la Commission VIII de l’UISPP. Trabalhos de Arqueologia 17, Porto, p. 253–273. Aubry, T., Carvalho, A.F., 1998. O povoamento pré-histórico no Vale do Côa. Síntesis dos trabalhos do P. A. V. C. Côavisão 0, 23–24. Aura, J.E., Pérez, C.I., 1998. Micropuntas dobles o anzuelos? Una propuesta de estudio a partir de los materiales de la Cueva de Nerja. In: Sanchidrián, J.L., Simón, M.D. (Eds.), Las culturas del Pleistoceno Superior en Andalucía. Patronato de la Cueva de Nerja, Málaga, pp. 339–348.

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