Le Protoaurignacien de la Grotte La Fabbrica (Grosseto, Italie) dans le contexte de l’arc nord méditerranéen

Le Protoaurignacien de la Grotte La Fabbrica (Grosseto, Italie) dans le contexte de l’arc nord méditerranéen

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Le Protoaurignacien de la Grotte La Fabbrica (Grosseto, Italie) dans le contexte de l’arc nord méditerranéen The Protoaurignacien from La Fabbrica Cave (Grosseto, Italie) in the context of the northern Mediterranean arc Mario Dini a,1, Henry Baills b,*,2, Jacopo Conforti a,2, Carlo Tozzi a,2 a

b

Dipartimento di Scienze Archeologiche, Università di Pisa, Via S. Maria, Pise, Italie Centre Européen de Recherches Préhistoriques de Tautavel (EPCC-CERP), avenue Léon-Jean-Grégory, 66720 Tautavel, France Disponible sur Internet le 21 novembre 2012

Résumé La Grotte La Fabbrica présente une occupation quasi continue du Moustérien à l’Épigravettien. Elle est, à ce titre, un site majeur de l’Italie au sein duquel les complexes de transition sont bien lisibles. La reprise des fouilles en 2008 a permis de compléter les anciennes séries lithiques émanant des recherches des années 1960. La Grotte La Fabbrica apporte une vision nouvelle sur la transition Uluzzien-Protoaurignacien, revisitée à la lumière des récentes données de l’Italie. Un remerciement particulier, pour son aide et son soutien durant les campagnes de fouille, au personnel du Parc Naturel de la Maremma sur le territoire duquel se trouve la grotte. # 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Protoaurignacien ; Transition ; Uluzzien ; Typologie lithique ; Toscane ; Italie

Abstract La Fabbrica Cave presents an almost continuous human occupation from the Mousterian throught to the Epi-Gravettian. In this way, the cave constitutes a major Italian site within which transitional complexes are clearly visible. New excavations undertaken in 2008 have allowed to complete existing lithic series

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (H. Baills). 1 Le 16 janvier 2012, alors même qu’il travaillait à la rédaction du présent article, Mario Dini nous a quittés brutalement. Nous avons perdu un jeune chercheur plein d’avenir et un ami. La Grotte La Fabbrica fut sa dernière fouille et cette publication lui rend hommage. 2 Cet article a été rédigé par Mario Dini, avec la collaboration de Henry Baills, Jacopo Conforti et Carlo Tozzi. 0003-5521/$ – see front matter # 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2012.10.003

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emanating from research in the 1960’s. The La Fabbrica Cave site provides a new vision of the UluzzianProto-Aurignacian transition; revisited in light of new data about this period in Italy. # 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Keywords: Proto-Aurignacian; Transition; Uluzzian; Lithic typology; Tuscany; Italy

1. Introduction (C. T.) La Grotte La Fabbrica se situe au pied du versant occidental des Monts d’Uccellina (Fig. 1) dans le parc régional de la Maremma (coordonnées UTM 669025E ; 4724447 N). Le remplissage et les matériaux qui en proviennent documentent une longue fréquentation humaine de la cavité s’étendant du Paléolithique moyen à une phase finale du Paléolithique supérieur. La Grotte La Fabbrica est, à ce jour, l’unique gisement connu en Italie centrale présentant une telle succession. La cavité s’ouvre à environ 7 mètres au-dessus de la plaine côtière dans la falaise de calcaire massique qui borde la marge nord-occidentale des Monts de l’Uccellina. Le recul du bord de la falaise a provoqué la disparition de la partie antérieure de la grotte. La cavité a été creusée par élargissement et regroupement de plusieurs fractures de la roche, phénomène qui a mis en communication le systéme karstique superficiel avec une série de cavités situées au niveau de la plaine.

Fig. 1. Localisation de la Grotte de La Fabbrica (Grosseto) et des affleurements primaires de la « Scaglia rossa ». Location of the La Fabbrica Cave site (Grosetto) and primary outcrops of the ‘‘Scaglia rossa’’.

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Fig. 2. Section du remplissage de la Grotte La Fabbrica. En couleur les couches protoaurignaciennes 3 et 4. Section of the La Fabbrica Cave’s infill. Proto-Aurignacian levels 3 and 4 are indicated in color.

Cette genèse fait que le plancher de la grotte présente un léger pendage qui suit l’inclinaison des plans de faille (Fig. 2). Cette situation morphologique a eu une importance fondamentale dans la formation des dépôts, provoquant une alternance de phases de sédimentation et d’érosion. Ces dernières ont causé la vidange partielle du remplissage. Après un temps de recherche dans les années 1964 à 1965 (Guerrini et Radmilli, 1966), les fouilles se sont poursuivies de 1969 à 1973 (Pitti et al., 1976) et ont révélé une séquence stratigraphique formée d’une occupation moustérienne à la base (couche 1), suivi d’un niveau uluzzien (couche 2) et protoaurignacien (couches 3 et 4) (Figs. 2 et 3). Le niveau 5, qui coiffait le remplissage, a été presque totalement vidangé par l’érosion. Il contenait des industries gravettiennes et épigravettiennes. En 2008, les fouilles ont été reprises avec l’objectif de recueillir un échantillonnage pour mener des analyses sédimentologiques et obtenir des datatations radiométriques. Ces dernières ont donné un résultat négatif parce que les charbons récoltés, très petits et fragiles, n’ont pas résisté au prétraitement de laboratoire. Le présent travail se propose de ré-examiner la seule industrie protoaurignacienne des couches 3 et 4 sous le double aspect technologique et typologique à la lumière des connaissances actuelles. Malgré la mauvaise qualité de la matière première et le faible nombre d’outils retouchés, l’industrie des couches 3 et 4 présente un réel intérêt qui a été relancé par les récentes données concernant l’Uluzzien et le Protoaurignacien en Italie (Douka et al., 2012 ; Benazzi et al., 2011, Higham et al., 2009). Dans ce travail, nous utiliserons le terme de ‘‘Protoaurignacien’’ comme synonyme d’‘‘Aurignacien à dos marginaux’’ de Palma di Cesnola (2001), en nous référant aux industries de même type de l’Abri Mochi couche G, de Fumane couches A2-A1 et des grottes de Castecivita et Paglicci. 2. La distribution de l’industrie lithique (M. D.) De nombreux épisodes d’érosion ont emporté les dépôts en plusieurs endroits de la grotte. Ces événements, associés à la pente du sol de la cavité, rendent difficile la compréhension de la

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Fig. 3. Plan de la Grotte La Fabbrica et distribution de l’industrie lithique. Plan of the La Fabbrica Cave and spatial distribution of the lithic industry.

distribution spatiale du mobilier. Cette opération reste cependant, au moins partiellement, possible. La plupart des objets lithiques se trouve dans les carrés D/E 8, qui ont livré 56 % du mobilier, alors que dans les carrés limitrophes F 6/7 on n’en a repéré que 17 %. Si l’on ajoute ces deux pourcentages (56 % + 17 %) et que l’on y associe les pièces trouvées dans les carrés adjacents E 6/7 (4 %), il est facile de supposer que cette zone fut destinée aux opérations de débitage des roches même si l’on tient compte des effets néfastes des phases érosives (Fig. 3). Une concentration de blocs taillés (9 sur 30) était présente dans et autour du carré G3. Les objets retouchés ont été repérés dans 14 carrés et leur disposition apparaît casuelle. 3. La matière première (M. D.) 3.1. Origine et qualité des lithotypes La matière première utilisée pour la production des artefacts provient essentiellement des dépôts alluviaux du fleuve Ombrone. Elle comprend des galets siliceux de différente nature tels les jaspes, silex, calcaires siliceux, quartz et quartzites, ainsi que d’autres types de roche. Une petite quantité d’outils en jaspe (39) garde des traces résiduelles de cortex qui indiquent qu’ils doivent provenir des affleurements primaires situés à 8 km à vol d’oiseau du site, à l’est des Monts de l’Uccellina. Il s’agit des localités de Poggio Marcone et Collecchio où l’on trouve des radiolarites (jaspes) rouge foncé et verdâtres, stratifiées, intercalées entre deux niveaux argillitiques minces. Dans cette étude, le quartz (16,4 % du total de l’industrie) fait l’objet d’un traitement à part. Les autres lithotypes de l’ensemble protoaurignacien sont le jaspe (63,5 %), le silex local (9 %), les autres roches siliceuses (1,8 %), le silex allochtone (5 %) et des matières premières non identifiables (4,3 %).

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De nombreuses surfaces naturelles de fracture sont repérables sur les lithotypes autochtones. Ce caractère entrave l’exploitation très spécialisée, typique de l’Aurignacien. En effet, pour les hommes de cette chronoculture, l’entretien des surfaces du nucléus, qui a pour finalité le détachement de produits lamellaires, nécessite le choix de roches siliceuses de très bonne qualité. Ce qui explique pourquoi la production d’éclats par des systèmes opportunistes est la solution la plus employée pour les lithotypes locaux. Les silex allochtones sont importants par leur fréquence (6,4 %), mais également par leur qualité. On y trouve des silex qui proviennent de la Scaglia rossa des Marches (Italie centrale adriatique). Il s’agit d’un matériau repéré dans des affleurements primaires, qui se trouvent à 160 km à vol d’oiseau de la grotte (Fig. 1). Quelques artefacts portent encore des traces de cortex à nodules, caractéristiques du silex recueilli en position primaire. Le silex, de couleur rose foncé ou blanc (plus rare), se trouve en bancs et nodules dans les calcaires marneux du Crétacé et de l’Eocène qui affleurent diffusément dans les zones de crête des anticlinaux du Monte di Montiego, Naro et Acqualagna, dans la province de Pesaro et Urbino (Italie centrale). 4. Les nucléi (M. D.) 4.1. Essais et amorces de débitage (6 pièces) Ce type d’objet, qui montre un nombre limité d’enlèvements, est mis en œuvre sans aucun schéma préalable. Il correspond à des opérations pour tester la qualité de la matière première ainsi que les supports qu’elle aurait permis de fabriquer. La grande majorité des négatifs indiquent une production d’éclats, par contre les lamelles sont très rares. Leurs surfaces montrent de grandes plages corticales ou néocorticales. Ces supports ont été abandonnés, car inadaptés à l’opération de taille. 4.2. Nucléi (12 pièces) Leur forme est polyédrique, ou sommairement prismatique dans la plupart des cas. Leur exploitation semble mettre en évidence un faible investissement technologique (Fig. 4 no 2). La réduction à plans orthogonaux est documentée par 8 nucléi. Dans ces cas, le tailleur a d’abord détaché un certain nombre de supports sur l’une des faces du bloc, puis successivement il a abordé les surfaces adjacentes, en utilisant la précédente comme plan de frappe. L’enchaînement des enlèvements montre une organisation minimale : les négatifs se superposant de façon désordonnée et leur succession n’ayant quasiment jamais un rythme consécutif. L’exploitation de ces nucléi n’est jamais complète, laissant des grandes plages corticales préservées. Sur 2 nucléi, le débitage est entièrement opportuniste, avec des détachements concentrés sur la moitié du bloc et superposés entre eux. Par contre, après un nettoyage attentif des incrustations du sédiment, les surfaces d’un autre nucléus de dimensions plus importantes (106 mm de long) ont montré une exploitation plus générale, mais encore simple et non organisée. Enfin, un autre grand nucléus (91 mm de long), en Scaglia rossa des Marches, présente une forme carénoïde. Il est le seul exemple de réduction suivant un schéma typiquement aurignacien. L’extrémité postérieure et une portion des côtés du bloc ont été aménagées par le détachement d’éclats adjacents bifaciaux, en créant une crête visant le maintien de la forme carénée. Le plan

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Fig. 4. Nucléus carénoïde en Scaglia Rossa des Marches : no 1 ; nucléus polyédrique, no 2. Hull-shaped core (nucléus carénoïde) at Scaglia rossa of Marches. no 1; polyhedral core, no 2.

de percussion a été obtenu par le détachement d’un petit éclat qui a partiellement coupé la crête ; la corniche a ensuite été régularisée. La table garde le négatif d’un détachement lamellaire, qui envahit une partie du côté avec un développement torse (la lamelle était vraisemblablement corticale) ; la même surface montre aussi le négatif d’une lame qui se superpose partiellement au premier détachement et recouvre la surface de débitage restante, effaçant ainsi les négatifs précédents (Fig. 4 no 1). 4.3. Nucléi diminutifs, résidus et fragments (12 pièces) Les nucléi diminutifs sont au nombre de 7. Ils présentent un débitage multidirectionnel, non organisé et ont été abandonnés surtout en raison de la taille très limitée des supports (6 pièces < 30 mm), ce qui aurait dissuadé le tailleur d’une exploitation devenue antiéconomique. On reconnait 5 fragments, avec des fractures, tantôt bien rectilignes, tantôt désordonnées et irrégulières. Ces dernières sont dues aux maladresses du tailleur ou aux défauts de la matière première, qui ont provoqué l’interruption du débitage.

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5. Les produits non retouchés (M. D.) 5.1. Avant-propos Les artefacts non retouchés (Tableau 1) sont les plus nombreux au sein des produits de taille livrés par les niveaux 3 et 4 de la grotte. Leur fréquence est de 490 objets, soit 66,3 % de l’ensemble, à l’exclusion des pièces en quartz. Un pourcentage important est représenté par les déchets de débitage, tels que les débris (32,9 %) et les fragments naturels (7,1 %) ; néanmoins, les supports génériques prévalent. Ce sont surtout les éclats (43 % environ), avec 211 pièces comprenant les éclats de plein débitage, les éclats liés à l’aménagement et à l’entretien des nucléi. Par contre, les supports allongés ne constituent qu’une quantité limitée (9 % environ), comptant à peine 45 exemplaires (dont 27 entiers et 18 fragmentaires). Ils se partagent entre ceux de plein débitage et ceux liés à la gestion de la production. Un pourcentage important est représenté par les accidents de taille (7,3 %), alors que les chutes de burin ne sont que 2 (0,4 %). 5.2. Fragments naturels et débris (196 pièces) L’ensemble inclut 161 produits fragmentaires portant des traces de débitage, mais dont la technique et le sens de fabrication ne sont pas lisibles. Les fragments naturels sont au nombre de 35 (Tableau 1). À ce propos, il faut, encore une fois, rappeler les médiocres qualités de la matière première locale, traversée par de nombreux clivages qui produisent des débris et des fragments sans aucune possibilité de contrôle, en éclatant à la taille. Puisque ces éclats ne peuvent pas être mis en relation avec une phase spécifique de la production, on se limitera à une subdivision selon Tableau 1 Composition du groupe des objets non retouchés. Types of non-retouched objects. n

%

Fragments naturels Débris

35 161

7,1 32,9

Total des déchets

196

40

61 18 94 38

12,4 3,7 19,2 7,8

211

43

Lames d’initialisation Lames de plein débitage Lames de gestion

11 19 15

2,2 3,9 3,1

Total des lames

45

9,2

Accidents de taille Chutes de burin

36 2

7,3 0,4

Total accidents et chutes

38

7,7

Éclats Éclats Éclats Éclats

d’initialisation à arête naturelle de plein débitage de gestion

Total des éclats

Total général

490

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leurs dimensions ; 157 exemplaires n’atteignent pas 50 mm de long et seulement 4 pièces dépassent ce module. Comme pour le reste de la production, la matière première la mieux représentée est le jaspe (162 pièces), alors que les autres types de roches sont moins nombreux. 5.3. Éclats (211 pièces) C’est le groupe des produits à l’effectif le plus important de l’ensemble lithique protoaurignacien. Il témoigne de toutes les phases de production (Tableau 1). Parmi les éclats d’initialisation (61 pièces), on compte 31 calottes et 30 produits à zone corticale dont la surface est supérieure à 50 %. Les 18 éclats à arête naturelle peuvent être interprétés comme produits prédéterminés ou d’ entretien du nucléus, selon le cas. Les mêmes considérations sont applicables aux éclats de gestion (38 pièces), qui comprennent 28 produits de réaménagement de la surface de débitage, 3 pièces de ravivage du plan de percussion et 7 éclats liés à des changements d’axe de débitage. Les supports liés à la pleine production (94 pièces) comprennent des éclats variables tant au niveau de la forme et que de leurs dimensions (Fig. 5). L’analyse des surfaces dorsales des pièces a mis en évidence la préférence pour le schéma unipolaire, suivi par celui orthogonal et convergent, alors que les éclats ayant des négatifs opposés ou centripètes demeurent rares. Le rythme du débitage est casuel ou alterné, plus rarement consécutif. La plupart des talons sont naturels (42 %). Ceux lisses sont bien représentés (40,3 %), moins nombreux sont les types dièdres (8,4 %), punctiformes (5,9 %) et facettés (2,5 %). 5.4. Lames (45 pièces) Les produits laminaires (Tableau 1) sont caractérisés par leur médiocre qualité technique. Parmi les lamelles d’initialisation (11 pièces), 5 sont corticales et 5 présentent du cortex sur plus que 50 % de la surface dorsale. Intéressante est une lamelle à crête à un versant préparé, l’autre restant naturel, avec talon lisse, bords irréguliers et profil torse.

Fig. 5. Mesures maximales, minimales et moyennes des éclats (en mm). Maximum, minimum and average dimensions of flakes (in mm).

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Fig. 6. Mesures maximales, minimales et moyennes des lamelles de plein débitage (en mm). Maximum, minimum and average dimensions of bladelets produced from advanced knapping stages (in mm).

Les phases de gestion du nucléus (13 pièces) ont produit 11 pièces de ravivage de la surface de débitage et 2 supports laminaires partiellement corticaux. Ces derniers ont été détachés pour maintenir efficiente la gestion de la surface d’extraction. Les phases de plein débitage nous ont laissé un faible nombre de produits (19 pièces), caractérisés par une section triangulaire ou irrégulière, des bords généralement irréguliers et plus rarement parallèles ou convergents. Leur profil est rectiligne ou, plus rarement, torse. Les talons naturels ont un pourcentage total de 15,7 %, ceux préparés 84,3 %. Parmi ces derniers, les talons lisses sont les plus nombreux, suivis par ceux punctiformes. Les dimensions des supports de pleine production sont microlithiques et concordent avec les négatifs détectés sur les surfaces des nucléi dont l’exploitation était en phase avancée de débitage (Fig. 6). 6. Les outils (H.B.) 6.1. Présentation L’industrie lithique des couches 3-4 de La Fabbrica se caractérise par ses dimensions réduites. L’observation des schémas diacritiques (Figs. 7–10) montre que cet assemblage s’organise grosso modo suivant un module de longueur situé entre 3 et 4 cm. La moyenne des longueurs se place précisément à 3,2 cm. Il existe pourtant quelques pièces, telles des lames (Fig. 10 no 8) ou des éclats (Fig. 9 no 6), dont la taille dépasse 5 cm, mais qui restent rares. A contrario, on remarque des outils, comme les lamelles à retouche marginale (Fig. 10 no 5–7) dont les dimensions relèvent du microlithisme. Il est vrai que ces pièces sont fracturées et que leur dimension originelle devait être plus importante. Pour preuve, la seule lamelle à retouche marginale quasi intacte (Fig. 10 no 12) montre une longueur évaluée à 6 cm. Les différents groupes typologiques montrent l’importante fréquence des racloirs (55,1 %) qui dominent tous les autres groupes (Tableau 2). Les grattoirs et les lamelles à retouche marginale sont moins présents (14,3 %), enfin les becs, troncatures, pièces retouchées et pointe sont rares, entre 2 % et 6,1 %.

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Fig. 7. Industrie lithique. Racloirs : no 1–21. Lithic industry. Scrapers: no 1–21.

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Fig. 8. Pointe moustérienne ou racloir convergent. Exemple de ré-emploi d’un outil moustérien par les Protoaurignaciens. Mousterian point or convergent scraper. Example of re-use of a Mousterian tool by Proto-Aurignacians.

6.2. Racloirs (27 pièces) Les racloirs sont le groupe des outils le mieux représenté dans le stock de l’outillage (55,1 %). Leurs supports sont, de façon assez systématique, des éclats de petites dimensions dont la moyenne des longueurs se situe à 3,5 cm. On a le sentiment qu’une certaine préférence semble avoir été accordée aux supports façonnés sur des éclats plutôt longs (9 pièces) ou assez longs (6 pièces). Le module large existe cependant avec 9 pièces. On remarque également un support de type éclat laminaire petit, ainsi qu’un fragment indéterminable (Tableau 3). Les faces supérieures de ces outils conservent, dans plus de la moitié des cas, des zones corticales résiduelles d’étendue variable. Certains racloirs ont pour support des éclats de décorticage provenant de l’opération d’épannelage (Fig. 7 no 19 et Fig. 9 no 3). La localisation, ainsi que l’extension des plages corticales au niveau du talon permettent d’individualiser de nombreux racloirs à dos réservé (Fig. 7, no 1, 4, 9, 18 et Fig. 9 no 3), ou à réserve enveloppante (Fig. 9 no 6). Morphologiquement, les talons occupent de façon assez fréquente une position semi-latérale par rapport à l’axe de la pièce (Fig. 7 no 1, 9, 13, 14, 18 et Fig. 9 no 1, 6). Le groupe des racloirs des couches 3-4 de La Fabbrica apparaît typologiquement comme plutôt hétérogène. On note ainsi une fréquence importante des racloirs latéraux (19 pièces) dont le délinéament, le plus souvent droit, peut quelquefois suivre un profil convexe ou concave. Les formes transverses sont présentes (5 pièces), dans un cas seulement un racloir transverse est associé à un bord retouché. Enfin, il existe des types moins fréquents, comme le racloir convergent (2 pièces) et celui à retouche alterne (1 pièce). Le racloir latéral ou pointe moustérienne (Fig. 8) a été obtenu par débitage centripète. Son talon est facetté et sa surface entière porte une belle patine couleur miel, qui devient plus terne au niveau de la retouche du bord droit. Même si le bord gauche est brut, cette pièce peut être assimilée à une pointe moustérienne car son profil indique un angle véritable dans les deux plans. Sa position stratigraphique dans la couche 3-4 s’explique soit par un remaniement, soit plus probablement par un ré-emploi par les Protoaurignaciens d’une pièce plus ancienne, comme le démontre la patine plus fraîche de la retouche sur le bord droit. Pour étudier la latéralité de ces outils, les types convergents ont été écartés de la série. Dans cette approche, ce sont les bords droits qui portent le plus souvent une retouche (12 cas), le façonnage du bord gauche (5 cas) ou la retouche bilatérale étant plus rares (5 cas).

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Fig. 9. Industrie lithique. Racloirs : no 1–5, 9 ; denticulés : no 6, 7 ; grattoirs no 10–15. Lithic industry. Scrapers: no 1–5, 9; denticulates: no 6, 7; end scrapers no 10–15.

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Fig. 10. Industrie lithique. Becs : no 1, 2 ; troncatures : no 3, 4 ; pointe : n811 ; lames retouchées : no 8, 13, 14 ; lamelles à retouche marginale : no 5–7, 9–10, 12, 15. Lithic industry. Becked tools: no 1, 2; troncations: no 3, 4; points; no 11; retouched blades: no 8, 13, 14, marginally retouched blades: no 5–7, 9–10, 12, 15.

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Tableau 2 Fréquences des différents outils. Frequencies of different tool types. Types d’outils

n

Racloirs Grattoirs Becs Troncatures Pointe Lames retouchées Lamelles à retouche marginale

27 7 2 2 1 3 7

Total

49

% 55,1 14,3 4,1 4,1 2,0 6,1 14,3 100

Tableau 3 Types morphologiques des supports de racloirs. Morphologies of scraper supports. Types de supports Éclats larges très petits Éclats larges petits Éclats larges assez petits Éclats assez longs petits Éclats longs petits Éclats longs assez petits Éclats laminaires petits Fragments Indéterminables Total

n 1 7 1 9 5 1 1 1 1 27

La retouche employée pour l’élaboration des bords des racloirs est majoritairement ordinaire (93 %), mais on peut remarquer quelques formes abruptes (3 %), ou couvrantes (3 %). Ces retouches sont souvent de type écailleux (71 %), mais il existe également, de façon minoritaire, une retouche marginale (21 %) ou plus rarement scalariforme (7 %). 6.3. Grattoirs (7 pièces) Le groupe des grattoirs (14,3 %) des couches 3-4 est constitué de pièces de dimensions peu importantes, comme l’indique la longueur moyenne de 3,3 cm. Une certaine isométrie, observable directement à l’œil, caractérise ce groupe. Elle se vérifie par un écart-type réduit (0,3 cm) qui peut donner le sentiment d’une certaine standardisation de ce type d’outils. Pourtant les supports sont des éclats initiaux de deux morphologies différentes dont l’épaisseur semble avoir conditionné le type du grattoir recherché. Ainsi, des éclats épais ou très épais portent des grattoirs carénés, d’autres plus minces servent de support à des grattoirs plats aux bords plus ou moins aménagés par des retouches. Il existe également des types intermédiaires qui ont pu être réalisés sur des éclats se rapprochant de la lame épaisse (Fig. 9 no 13). Lorsque le support présente un outrepassage, c’est dans cette surépaisseur que le front de grattoir a été aménagé (Fig. 9 no 10). Les grattoirs carénés frontaux sont représentés dans 3 cas. L’un d’eux

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(Fig. 9 no 11) montre un aménagement grossier du front avec une large plage corticale latérale réservée. Le front peut occasionnellement présenter des denticulations (Fig. 9 no 14) renvoyant au grattoir atypique. Enfin, un exemplaire (Fig. 9 no 15) correspond bien au grattoir caréné aurignacien. Il est réalisé sur un galet dont la surface corticale reste encore visible en zone proximale. Ces grattoirs carénés coexistent, à parité, avec des types plus plats à bords partiellement ou totalement retouchés (3 cas). Parmi les deux exemplaires à un seul bord retouché, l’un d’eux (Fig. 9 no 8) en arc faiblement brisé se rapproche du type ogival, l’autre (Fig. 9 no 10), très éolisé, présente une plage corticale médiane. Le seul grattoir plat avec deux bords retouchés (Fig. 9 no 12) est d’excellente facture. Un unique exemplaire est double (Fig. 9 no 13). Il existe enfin une pièce (Fig. 10 no 16) dont la dénomination reste incertaine : nucléus ou grattoir nucléiforme, ou peut-être les deux ? Cette pièce que nous préférons regarder comme un nucléus unipolaire pyramidal à lamelles présente un débitage semi tournant, dont le plan de frappe est aménagé par un facettage sommaire. Elle montre les stigmates de plusieurs opérations destinées à maîtriser le processus de mise en forme. Il s’agit d’abord de gestes visant à l’obtention d’une arête directrice pour orienter les enlèvements lamellaires. Cela semble être le but, sur le flanc gauche, d’une longue lamelle associée à une néo-crête partielle en partie distale de la table dont la gestion du ceintrage est maintenue par deux éclats transversaux sur le flanc droit. Le débitage semble avoir été interrompu par un phénomène de réflexion systématique des lamelles obtenues en zone centrale de la table. La corniche peut avoir été abattue par des enlèvements légers qui donnent à la table l’aspect d’un front de grattoir laissant ainsi planer le doute sur la dénomination formelle de cette pièce. 6.4. Becs (2 pièces) Les becs représentent 4,1 % des outils. L’un d’eux, sur petit éclat fracturé, est déjeté (Fig. 10 no 1). Le second est un bec double sur petit éclat large (Fig. 10 no 2). Dans les deux cas, les becs sont dégagés à l’aide d’une retouche marginale très fine. 6.5. Troncatures (2 pièces) Les deux troncatures sont droites (4,1 %). Réalisée sur éclat de petite taille, la première (Fig. 10 no 3) présente des traces d’utilisation sur les deux bords. La seconde (Fig. 10 no 4) a pour support une lamelle. Sa troncature est façonnée par une retouche marginale. 6.6. Pointe (1 pièce) Cette unique pointe (2 %) de l’assemblage lithique est faite sur lame épaisse courbe, avec sur la surface dorsale des négatifs bipolaires (Fig. 10 no 11). Les bords portent une belle retouche de type aurignacien. L’épaisseur de la zone proximale a été réduite par une série de coups portés suivant l’axe longitudinal de la pièce et prenant le talon comme plan de frappe. 6.7. Lames retouchées (3 pièces) Les trois lames retouchées représentent 6,1 %. La première (Fig. 10 no 8) a été débitée en utilisant l’arête naturelle d’une plaquette de matière première. Le bord droit porte une retouche ordinaire écailleuse en zone médiane devenant marginale vers les deux extrémités. La seconde

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pièce (Fig. 10 no 13) est une lame aurignacienne, débitée suivant un schéma bipolaire. Fracturée, seule ne subsiste que sa partie proximo-mésiale. La retouche des bords est écailleuse scalariforme. Enfin la troisième pièce (Fig. 10 no 14) correspond à la partie mésio-distale d’une lame à profil courbe de technique unipolaire. Une retouche discontinue, ordinaire, écailleuse aménage le bord droit. 6.8. Lamelles à retouche marginale (7 pièces) Nous avons regroupé les lamelles qui portent une retouche marginale, elles représentent 14,3 %. Elles sont réalisées dans une matière première de bonne qualité. Au sein de cet échantillon on remarque des lamelles Dufour présentant une retouche marginale inverse souvent associée à une retouche alterne directe de l’autre bord (Fig. 10 no 5–7). Elles sont fracturées mais on peut extrapoler leur longueur initiale et avancer qu’elles étaient de petite dimension. Cependant mention spéciale doit être faite pour la grande lamelle (Fig. 10 no 12). Cette pièce, issue d’un débitage bipolaire, s’apparente aux lamelles Font-Yves à cause de la présence d’une retouche continue marginale directe des deux bords. La face ventrale porte en zone proximale un aménagement des bords par retouche marginale inverse qui autorise son intégration dans le groupe des lamelles Dufour. Les autres lamelles à retouche marginale n’appartiennent pas à la classe des Dufour. Elles s’en rapprochent pourtant par l’utilisation de la retouche marginale directe d’un des bords. Une lamelle entière de faible longueur (32,5 mm) présente une retouche marginale continue du bord gauche associée à des stigmates d’utilisation de la zone apicale (Fig. 10 no 9) est clair cependant que la retouche marginale a été utilisée sur des pièces de plus grandes dimensions. En effet, à côté des petites pièces précédentes, existent des lamelles à dos marginal qui, malgré leur fracturation, nous engagent à penser qu’elles possédaient des longueurs plus importantes. C’est le cas de la partie médiane d’une lamelle (Fig. 10 no 10) montrant une très fine retouche marginale directe du bord gauche associée à des ébréchures d’utilisation du bord opposé. Plus grande encore devait être la lame dont seule la partie proximo-mésiale est conservée. Elle a été obtenue par une taille bipolaire (Fig. 10 no 15). Dans ce cas encore, la retouche marginale du bord droit est associée à des ébréchures sur le bord gauche. 7. Les pièces esquillées (J. C.) Les pièces esquillées, également nommées ‘‘écaillées’’, (Crémilleux et Livache, 1976) sont des objets souvent négligés dans les études des industries lithiques en raison de leur nature indéfinie entre nucléi, outils, déchets. Toutefois, à partir de leur identification au début du XXe siècle, les pièces esquillées ont été l’objet de nombreuses études typologiques, technologiques et fonctionnelles (Le Brun-Ricalens, 2006). Dans la Grotte La Fabbrica, les pièces esquillées sont absentes de la couche 1-moustérienne, mais ont une fréquence importante dans les industries des couches 2, 3 et 4. Dans la couche protoaurignacienne, elles ont un effectif de 42. On compte cependant dans cette série des produits de morphologies variées constituant une composante non secondaire de l’ensemble lithique (Fig. 11). La plupart de ces pièces sont en jaspe, mais on remarque également des artefacts en silex toscan de bonne qualité et de la Scaglia rossa des Marches. Le groupe des pièces esquillées se scinde en deux catégories bien identifiables : celle des pièces esquillées tranchantes (Fig. 11 no 1–3) et celle des nucléi esquillés bipolaires (Fig. 11 no 4). La première catégorie compte 24 pièces, caractérisées par la présence d’un tranchant complet

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Fig. 11. Pièces esquillées. Pièces esquillées.

ou partiel. Parmi ces outils, 10 sont esquillés par percussion directe posée, 3 par percussion directe lancée et 11 fragments d’esquillés tranchants. Les 10 instruments utilisés par percussion directe posée, identifiables en tant que coins ou gouges, présentent des esquillements aux deux extrémités, définissant un tranchant actif d’un côté, irrégulier et créé par les coups du percuteur de l’autre. Ces pièces ont un module

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globalement rectangulaire. Les supports utilisés sont assez variés et comprennent des galets, des produits de débitage et même des nucléi épuisés. L’interprétation des pièces esquillées par percussion directe lancée demeure hypothétique. Ces outils sont moins standardisés, tant du point de vue de la morphologie que de la localisation des esquillements. De plus, les zones non esquillées montrent assez fréquemment des traces d’utilisation évidentes. Les fragments d’esquillés tranchants ne peuvent pas se relier aux groupes décrits ci-dessus, l’absence de remontages ne permettant pas de définir leur typologie d’appartenance. La deuxième catégorie comprend 3 nucléi esquillés bipolaires et 10 résidus. Ces pièces ont été réalisées par débitage bipolaire, qui a permis l’exploitation de blocs difficiles à façonner avec d’autres techniques. Les esquillements ne décrivent pas un tranchant puisqu’ils sont provoqués par le détachement des supports. Les dimensions des pièces nucléiformes sont limitées : un seul exemplaire dépasse les 50 mm de long. Certaines pièces gardent plusieurs négatifs superposés et une exploitation intensive, alors que d’autres n’ont que quelques détachements réguliers et allongés. Enfin, trois exemplaires montrent des esquillements assez nets et une forme en croissant provoquée par un détachement de type chute de burin. Pour finir, il y a 5 produits indéterminables qui sont esquillés, mais qui n’appartiennent manifestement à aucune des catégories décrites ci-dessus. L’ensemble protoaurignacien de la Grotte La Fabbrica confirme donc la lecture des pièces esquillées comme coins ou gouges ou comme nucléi exploités par un débitage bipolaire, interprétations qui ont été avancées par nombre de chercheurs (Chauchat et al., 1985 ; Le BrunRicalens, 2006 ; Hays et Lucas, 2007). 8. L’industrie en quartz (J. C.) À partir des années 1970, l’étude des industries en quartz a connu un grand développement (Tavoso, 1972, 1978), elle fut ensuite affinée par Mourre (1996) ; Bracco et Morel (1998) ; Bracco (1999). Ces recherches, basées en grande partie sur la pratique de la taille expérimentale, ont contribué à l’émergence de constantes liées à la réaction de cette roche lors de l’opération de taille. Elles sont devenues même un instrument incontournable pour l’étude de l’industrie en quartz de la Grotte La Fabbrica. L’ensemble des produits en quartz des niveaux protoaurignaciens de la Grotte La Fabbrica est constitué de 121 pièces. Cet effectif correspond à un pourcentage important par rapport à la production lithique totale, soit 16,4 %. Le quartz utilisé est essentiellement filonien, mais une fraction plus faible provient de galets (Dini et Conforti, 2011). Les supports taillés comprennent 2 nucléi, 3 fragments de nucléi fracturés et diaclasés et 6 résidus. Les 2 nucléi sont de forme polyédrique et de dimensions réduites, comprises entre 30 et 35 mm. Ils ont été obtenus à partir d’un quartz filonien faiblement fissuré de qualité moyenne. L’un des deux nucléi a été taillé par percussion sur enclume et n’a fourni que deux éclats (Fig. 12 no 1) ; l’autre, par contre, présente des détachements multidirectionnels croisés (Fig. 12 no 2). Les fragments de nucléi (3) et les résidus (6) sont le résultat d’un débitage très intensif, qui a épuisé les seuls plans de frappe utilisables. Ils ont une forme polyédrique, présentent des détachements sur toutes les surfaces et des dimensions globalement inférieures à 25 mm. Les enlèvements sont généralement de petits éclats ; toutefois, on a reconnu un exemplaire en quartz laiteux non diaclasé qui présente plusieurs négatifs lamellaires et des esquillements nets sur une extrémité. Ces stigmates semblent indiquer une exploitation bipolaire.

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Fig. 12. Nucléi en quartz. Quartz cores.

Les supports à face plane intacts ne sont que 6 % de l’ensemble en quartz, phénomène lié à la nature des micro-fractures de la matière première. Les talons peuvent être préparés, lisses ou corticaux. Les supports ont des dimensions variées. Il s’agit principalement d’éclats, mais il existe aussi 3 lamelles, dont une de bonne facture. Les fragments d’éclats représentent une portion plus consistante de l’ensemble (60 % environ) et comptent de nombreux accidents de Siret de type différent (20 au moins). Les talons sont le plus souvent cassés ou enlevés ; les résidus de cortex sur la face supérieure sont plutôt limités et souvent absents. Les déchets de taille, dont les dimensions sont comprises entre 9 et 32 mm, sont au nombre de 29. 3 fragments sans trace de débitage s’ajoutent à ce groupe. Les pièces retouchées ont un effectif de 8, représentant 7 % de l’industrie en quartz. Cet ensemble comprend 6 pièces sur fragment d’éclat et 2 sur déchet. Ces deux dernières ont été classées dans cette catégorie en raison de leur dimension inférieure à 10 mm et de leur caractère fragmentaire empêchant une distinction nette entre face dorsale et ventrale. Les 6 fragments d’éclats montrent des mesures et des morphologies variées. Du point de vue typologique, ils relèvent de la famille des racloirs, des abrupts différenciés. On y repère également un possible coin bipolaire esquillé et un fragment de grattoir obtenu sur éclat irrégulier triangulaire dont la forme est due à une importante fracture qui a brisé le support longitudinalement. En conclusion, le quartz, bien qu’exploité de façon simple et opportuniste, a joué un rôle non secondaire dans l’économie du débitage. Ce constat s’appuie sur la variété et la quantité d’artefacts livrés. Nous pouvons avancer que la production en quartz complète donc significativement l’ensemble lithique protoaurignacien.

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9. Comparaisons et discussion (auteurs communs) Comme on l’a souligné, la mauvaise qualité de la matière première locale a profondément conditionné et limité la fabrication de supports laminaires sensu lato, en obligeant ainsi les artisans à produire des supports irréguliers et peu spécialisés. L’ensemble des caractères de ces produits est en cohérence avec l’analyse des nucléi et des chaînes opératoires, dont le caractère simple et opportuniste a été montré. Une importance particulière a été accordée au seul nucléus de type carénoïde, obtenu à partir d’un silex de très bonne qualité, importé sur le site depuis une longue distance. Associé à d’autres produits, comme les lamelles torses et les grattoirs carénés, ce nucléus prouve que ce type de réduction faisait partie des compétences techniques des groupes protoaurignaciens de la Grotte La Fabbrica. On peut cependant avancer que le choix de son exploitation par les hommes est directement lié à la reconnaissance des bons caractères physico-mécaniques de la matière première. Les jaspes, quartz et autres roches locales ont, quant à eux, été utilisés avec des exigences plus simples. Malgré son faible effectif, l’industrie des niveaux 3-4 est typologiquement caractérisée par un nombre élevé de racloirs, un indice de laminarité bas et des lamelles à dos marginal, dont des Dufour, plus nombreuses que les lames. Les burins sont absents. Les grattoirs, parmi lesquels on trouve quelques carénés à enlèvements lamellaires, sont bien représentés. Les pièces esquillées ont un effectif quasiment égal à celui des artéfacts retouchés. Si, d’une part, l’arrivée d’un silex exogène (Scaglia marchigiana), la présence du nucléus carénoïde et de lamelles à dos marginal signent une nette discontinuité avec l’Uluzzien sousjacent, d’un autre côté, il nous semble que certains éléments plaident pour une réelle continuité. Il s’agit principalement de l’utilisation du quartz, de l’abondance des pièces esquillées, du débitage de type opportuniste et de la basse laminarité. La discontinuité avec le Moustérien typique riche en racloirs et denticulés de notre niveau 1 qui est également celui de la côte toscane, est nette. Elle se marque par l’utilisation de la méthode Levallois récurrente, par la faible utilisation du quartz et l’absence de pièces esquillées. La faune, dominée par le cheval, montre une sensible augmentation du cerf par rapport à la couche 2 sous-jacente. L’ambiance climatique évoluerait ainsi vers un épisode tempéré. Une situation identique existe à Castelcivita et à la grotte de La Cala ce qui suggère l’attribution des niveaux 3 et 4 de La Fabbrica à l’interstade d’Arcy (Palma di Cesnola, 2001). En Toscane, le Protoaurignacien est présent sur le site de plein air de La Vallombrosina, près de Florence. Il se démarque pourtant de celui de La Fabbrica par une plus grande quantité de lamelles à dos marginal et par l’absence de pièces esquillées. Ces dernières rapprochent, par contre, le technocomplexe de La Fabbrica du Protoaurignacien de l’Italie méridionale. Dans ce cas, il faut considérer que la fréquence variable des lamelles à dos marginal dans les gisements italiens ne semble révélatrice ni d’un point de vue géographique, ni chronologique. Dans plusieurs sites de l’Arc euro-méditerranéen, des assemblages lithiques identiques à celui de la couche 3-4 de La Fabbrica ont été remarqués. Ils se développent, en règle générale, durant l’OIS3 (early cold phase 37-27 âge Ka BP) mais semblent perdurer au-delà. Ils sont dénommés Protoaurignacien, Aurignacien 0, Aurignacien archaïque ou Aurignacien à lamelles à dos marginal, et présentent en commun un certain nombre de traits spécifiques. On y repère ainsi de façon récurrente l’association de pièces de substrat, comme les racloirs et denticulés, avec d’autres de type Paléolithique supérieur comme les grattoirs carénés plus ou moins typiques. La présence, en nombre variable, de lamelles à retouche marginale de type Dufour/Krems apporte une touche originale à ces horizons. Enfin, la composante lamellaire y est importante alors que

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celle laminaire caractérisera les phases plus récentes de l’Aurignacien I (Djindjian et al., 1999). En Provence orientale, les recherches menées dans la grotte La Rainaude (Le Muy) ont permis de caractériser le Protoaurignacien de cette zone comme une culture spécifique des premiers temps de l’Aurignacien. La couche C10 présente, en effet, un assemblage lithique qui, bien que relevant de l’Aurignacien, s’en individualise par une série de caractères propres que G. Onoratini pointe comme des marqueurs pertinents des phases initiales de l’Aurignacien. Le Protoaurignacien, tel que défini, serait alors un ‘‘bon candidat’’ pour les phases émergentes du Paléolithique supérieur dans cette région (Onoratini, 1986). Plus récemment, la révision des séries lithiques de la grotte de l’Observatoire (Monaco) a conduit à l’identification d’une occupation protoaurignacienne dans cette cavité, fouillée en 1916. Elle concerne les foyers G et F et se caractérise par un débitage lamino-lamellaire important produisant des supports pour des lamelles Dufour, sous-type Dufour (Onoratini et al., 1999). En Languedoc, deux sites ont livré des occupations d’un Aurignacien 0 ou initial, il s’agit des grottes de La Laouza (couche 2b) (Bazile et al., 1981) et de l’Esquicho-Grapaou (couche SLC1a datée 31850  500 BP) (Bazile, 1999 ; Bazile et Sicard, 1999). On retrouve dans leurs assemblages des caractères communs avec le Protoaurignacien provençal. Il s’agit d’abord d’un Aurignacien ‘‘sans retouche aurignacienne’’ (o. c. p. 58) au sein duquel les grattoirs épais, généralement non carénés ou à museau, sont plus abondants que les burins. Le substrat, largement dominé par les pièces esquillées, reste très présent. Enfin les lamelles Dufour, aux morphotypes variés, occupent une place importante, de 22 % à La Laouza jusqu’à 60 % à l’Esquicho-Grapaou. Hors de l’Arc euro-méditerranéen, la stratigraphie de la grotte de La Ferrassie (Dordogne) montre une couche K7 (E’p de Peyrony) pauvre en matériel au sein de laquelle on remarque la présence de lamelles Dufour. Cette couche est surmontée par un niveau Aurignacien ancien K6, daté de 33220  570 BP (Delporte, 1984). En Catalogne espagnole, le niveau H de la grotte de l’Arbreda (Serinya) a été attribué à un Aurignacien archaïque dont la moyenne des datations C14 est 38300  500 BP. Les lamelles Dufour dominent largement un outillage pauvre en lames aurignaciennes au sein duquel les racloirs et les denticulés sont bien représentés (Ortega-Cobos et al., 2005). En Italie, les sites attribués au complexe protoaurignacien ne sont pas nombreux, mais la plupart montre des successions stratigraphiques très importantes pour l’étude de la transition Paléolithique moyen - Paléolithique supérieur (Fig. 13). Du sud au nord de la Péninsule, la grotte de Castelcivita en Campanie, montre une séquence stratigraphique assez semblable à celle de La Fabbrica. Sur ce site, un horizon protoaurignacien à lamelles Dufour (c.‘‘rsa’’) coiffe des strates moustériennes et uluzziennes (Gambassini, 1997). Il est surmonté par deux couches protoaurignaciennes à micropointes à dos marginal originales (c. ‘‘gic’’ et ‘‘ars’’). Toujours en Campanie, une phase plus avancée du Protoaurignacien, attribuée à l’interstade d’Arcy, selon Palma di Cesnola (2001), est présente sur le site de plein air de Serino et dans la Grotte de La Cala (Salerno). Dans ce dernier site une occupation protoaurignacienne avec micropointes type Castelcivita, est intercalée entre le Moustérien et le Gravettien. Un segment de type uluzzien est toutefois présent dans la couche protoaurignacienne (Gambassini, 1982, 1995). Dans les sites de Castelcivita et Serino les couches protoaurignaciennes sont scellées par des niveaux pyroclastiques attribuées à l’Ignimbrite Campana (IC). Cette super-éruption issue des Campi Flegrei (Napoli), datée à 39,3 Ka BP par Ar40/Ar39, a une importance paléoclimatique et chronostratigraphique exceptionnelle. Ses téphras marquent en effet un fort refroidissement du climat au début de l’Heinrich Event 4 et se superposent aux strates du Paléolithique supérieur ancien dans l’est européen, telle la Grotte de Temnata et plusieurs sites de la région KostenkiBorshchevo (Giaccio et al., 2006, 2008). On retrouve encore une évolution semblable du

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Fig. 13. Principaux sites italiens ayant livré des occupations protoaurignaciennes et uluzziennes, cités dans le texte : no 1 – Grotte de Fumane ; no 2 – Abri Mochi et Grotte de l’Observatoire ; no 3 – Grotte Paglicci ; no 4 – Serino ; no 5 – Grotte de Castelcivita ; no 6 – Grotte de la Cala ; no 7 – Grotta del Cavallo. Principal Italian sites that have yielded Proto-Aurignacian occupations cited in the text: no 1 – Fumane cave; no 2 – Riparo Mochi and Observatoire cave; no 3 – Paglicci cave; no 4 – Serino; no 5 – Castelcivita cave; no 6 – Cala cave; no 7 – Cavallo cave.

Protoaurignacien en Pouilles, sur le site de la Grotte Paglicci (Foggia), où des horizons à lamelles à dos marginal type Dufour (c. 24 BII-I et 24 A4-2 sont surmontées par des strates 24 A1-0 à lamelles déjetées à dos marginal (type PA-24-A1), assez différentes des pointes de type Castelcivita (Palma di Cesnola, 2001, 2004, 2006). Cette évolution signerait un phénomène de spécialisation. Sur ce site encore, entre les couche 24 et 23, gravettiennes, s’interpose un niveau pyroclastique attribué aux tephras de La Codola de quelques millénaires plus récents de l’IC, datée autour de 33 Ka BP (Giaccio et al., 2008). Plus au nord en Vénétie, dans la Grotte Fumane, contrairement à ce que l’ on pensait, des études récentes ont montré la présence d’une industrie uluzzienne dans les couches A4-A3 sousjacentes aux couches protoaurignaciennes A2-A1. Avec plus de 80 % de pièces retouchées, l’outillage lamellaire y est très abondant, même si on note une diminution dans les niveaux supérieurs. Les lamelles Dufour sont très nombreuses. Les autres types d’outils tels grattoirs carénés, burins polyédriques, lames aurignaciennes sont présents, sans jamais être franchement abondants. Rares sont les pièces esquillées (Bartolomei et al., 1994 ; Broglio et al., 2005 ; Peresani, 2008 ; De Stefani et al., 2012). En Ligurie, les abris Bombrini et Mochi (Imperia) constituent une référence pour la structuration des débuts de l’Aurignacien (Laplace, 1966, 1977 ; Bietti et Negrino, 2008 ;

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Negrino et Tozzi, 2008 ; Douka et al., 2012). Sur le dernier site en effet, un complexe H-G à lamelles à dos marginal est directement surmonté par une couche F traditionnellement rapportée à l’Aurignacien I, sans montrer toutefois de différence nette avec la couche G (Douka et al., 2012). En G, les lamelles à dos marginal, parmi lesquelles les Dufour typiques sont très nombreuses, mais leur effectif diminue dans la partie supérieure de la couche (Kuhn et Stiner, 1998 ; Palma di Cesnola, 2001). Au cours des derniers trois/quatre ans, on a assisté à une vraie révolution de la chronologie de la transition Moustérien–Aurignacien après l’introduction de méthodes plus rigoureuses dans le prétraitement du carbone, comme la méthode ABOx-SC réalisée par l’Oxford Radiocarbon Accelerator Unit (ORAU) (Hedges et al., 1994) et la modélisation bayesienne des datations. Il faut souligner que les nouvelles dates sont en général de quelques millénaires plus anciennes que les précédentes et sont toujours en accord avec la succession stratigraphique. À l’Abri Mochi le modèle bayesien indiquerait qu’entre 42,7 et 41,6 Ka apparaîtrait le Protoaurignacien dans la couche G, la couche H intermédiaire étant remaniée. La transition G–F est estimée entre 37,3 et 36,4 Ka BP (Douka et al., 2012). À Fumane, les deux couches uluzziennes (c. A4–A3) sont datées entre 43 et 41 Ka, les couches A2–A1 protoaurignaciennes (Peresani, 2008) sont datées entre 41 et 39 Ka cal BP et l’Aurignacien des couches D entre 39 et 35 Ka (Higham et al., 2009). Ces datations très anciennes ne sont pas des cas isolés en Europe. Ainsi dans les sites de Geissenklösterle AH III, Isturits C4d et à l’Abri Pataud on trouve une chronologie comparable (Higham et al., 2011 ; Douka et al., 2012). Dans le sud de l’Italie et dans l’est européen, comme nous l’avons vu, cette chronologie se trouve confirmée par la position stratigraphique et la datation à 39,3 Ka de l’Ignimbrite Campana. L’ignimbrite de la Codola, datée à 33 Ka environ, qui renferme la couche 24 de Grotte Paglicci, donne l’indication de la fourchette chronologique entre laquelle s’est développé le Protoaurignacien. Un fait nouveau est la toute récente attribution à l’Homme anatomiquement moderne des dents de lait provenant des couches E III et E II-I de la Grotte del Cavallo dans les Pouilles, précédemment attribuées aux Néandertaliens (Benazzi et al., 2011). Cela implique que, sans généraliser à l’échelle européenne, le Protoaurignacien ne soit pas la première industrie du Paléolithique supérieur, mais qu’au moins en Italie, il ait été précédé par l’Uluzzien. Tout cela confirme l’apparition graduelle des éléments de l’Aurignacien et l’origine non unitaire de cette culture (Teyssandier et Liolios, 2008). Les nombreux travaux locaux indiquent également que le Protoaurignacien se présente comme un technocomplexe polymorphe, caractère qui tranche avec l’apparente homogénéité de l’Aurignacien. 10. Conclusions La série lithique réduite de la Grotte La Fabbrica constitue un jalon intéressant entre les sites des zones Ligurie-Provence-Languedoc et Campanie-Pouilles. Pour autant, elle n’apporte pas de réponse définitive aux nombreux questionnements suscités par le Protoaurignacien. Le Protoaurignacien semble occuper en Italie une fourchette chronologique assez étendue d’une durée de 8 à 9000 ans entre les 42 Ka de l’Abri Mochi et les 33 Ka des tephras de la Codola qui scellent la couche 24 de la Grotte Paglicci. Cette longue durée laisse supposer que les phases récentes du Protoaurignacien sont en partie contemporaines de l’Aurignacien classique. L’évolution du climat dans le sens tempéré des couches 3 et 4 de La Fabbrica, comme à Castelcivita, laisse supposer qu’il faille attribuer les industries des deux sites au même interstade. Nous croyons que l’industrie lithique des couches 3 et 4 de la Fabbrica appartient à une phase ancienne du Protoaurignacien, mais on ne peut pas exclure l’hypothèse d’ une position

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chronologique un peu plus récente, si nous pensons à la longue persistance des dos marginaux dans l’Aurignacien. La rupture techno-typologique reconnue entre le Moustérien de la couche 1 et l’Uluzzien de la couche 2 et, a contrario, les éléments de continuité que nous avons notés entre l’Uluzzien et le Protoaurignacien des couches 3 et 4 trouvent maintenant une meilleure explication, en supposant toutefois qu’ils soient la production du seul Homme moderne. Références Bartolomei, G., Broglio, A., Cassoli, P.F., Casteletti, L., Cattani, L., Cremaschi, M., Giacobini, G., Malerba, G., Maspero, A., Peresani, M., Sartorelli, A., Tagliacozzo, A., 1994. La grotte de Fumane. Un site aurignacien au pied des Alpes. In: Broglio, A., Guerreschi, A. (Eds.), Adaptations au milieu montagnard au Paléolithique supérieur et au Mésolithique, Trento, 1992, 28. Preistoria Alpina, pp. 131–179. Bazile F. 1999. Le Paléolithique supérieur en Languedoc Oriental. 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