Le sport après prothèse de hanche ou de genou

Le sport après prothèse de hanche ou de genou

Annales de réadaptation et de médecine physique 50 (2007) 716–717 http://france.elsevier.com/direct/ANNRMP/ Point de vue Le sport après prothèse de h...

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Annales de réadaptation et de médecine physique 50 (2007) 716–717 http://france.elsevier.com/direct/ANNRMP/

Point de vue Le sport après prothèse de hanche ou de genou L’article de Dauty et Letenneur dans cette édition des annales [3] a pour objectif d’établir des recommandations pour la pratique sportive après arthroplastie de hanche et de genou. Ces recommandations sont réalisées à la lumière des données de la littérature et d’une enquête auprès de chirurgiens bretons censés avoir une pratique chirurgicale relativement homogène. Cet article s’inscrit dans la lignée des nombreuses publications actuelles cherchant à répondre aux demandes et interrogations constantes des nombreux patients, sportifs ou non, ayant bénéficié d’une arthroplastie de hanche ou de genou ; les résultats de la chirurgie ne s’analysent plus uniquement en termes de survie, de risque fracturaire, d’usure de prothèse…, mais aussi, et surtout, en termes de qualité de vie, de résultats fonctionnels, de reprise, voire de début d’une activité sportive… L’arthroplastie, de hanche et de genou, est indiscutablement un des grands succès de la chirurgie orthopédique moderne. Deux cents mille prothèses totales de hanche (PTH) et 100 000 prothèses de genou (PTG) sont posées en France, par an. Si l’objectif initial est la diminution des douleurs mécaniques, le plus souvent arthrosique, l’amélioration de la fonction, de la vie socioprofessionnelle, de la qualité de vie, du bien-être est telle que la reprise d’une pratique sportive, ou même le début d’une nouvelle activité sportive, après arthroplastie, est une question récurrente du patient. Le bon sens doit guider la réponse du praticien ; celle-ci ne repose toujours pas sur des données « scientifiques ». En effet, les données prospectives randomisées sont absentes de la littérature pour la PTH, encore plus pour la PTG. Ainsi, s’il existe des arguments scientifiques pour affirmer que le réentraînement à l’effort, d’une façon très générale, est utile après pose de PTH [2], les recommandations dans le domaine du sport sont encore fondées sur les préférences personnelles des chirurgiens. Ainsi, Healy et al. [4], en 1999, ont établi une dizaine d’activités recommandables, à faible impact, et sept autres à impact intermédiaire ; il en déconseille 15 autres. Clifford et Mallon [1], en 2005, confirment le précédent travail à travers leur expérience personnelle. Mais, depuis, les techniques chirurgicales se sont améliorées considérablement au point qu’une prothèse totale de hanche « s’oublie », ce qui n’est pas encore tout à fait le cas pour la prothèse de genou qui, une fois sur deux, fait encore « parler d’elle ». Ainsi, les « guidelines » qui préconisent les activités d’endurance et de loisir (marche, natation, cyclisme, golf…) se sont précisés et ont permis à Klein et al. [5] d’établir récem-

ment, à travers l’expérience de 600 membres de deux sociétés nord-américaines de chirurgie, un guide pour le retour au sport après prothèse de hanche. Ils affinent les précédentes recommandations, permettant la reprise d’une activité sportive après le premier mois pour un tiers des chirurgiens et entre trois et six mois pour les deux autres tiers. Mais ces recommandations restent le fruit d’un travail rétrospectif. Les désirs du patient restent au premier plan : ils sont analysés au mieux par un médecin de rééducation, peut-être le plus apte à « dominer » l’ensemble de la pathologie, de la chirurgie, de la fonction et de la reprise du sport. Ainsi, nous avons pu encadrer, en Suisse, un patient porteur d’une prothèse totale de hanche, de deux prothèses de genou et d’une arthrodèse lombo-sacrée dans la reprise de son activité sportive, le judo… à 75 ans ! Mais il était professeur de judo, ceinture noire, 6e dan. La littérature abonde d’études montrant que les patients les plus âgés sont souvent les plus assidus dans la reprise de leurs activités sportives. En Suisse, après prothèse de resurfaçage, la moitié des opérés de hanche pratiquent à nouveau le ski alpin, un quart les sports de combat, et le tennis dans 12 % des cas [7] ! Cela ne relève peut-être plus de l’orthopédie, ni de la qualité de vie, mais d’une véritable « dépendance »… Cela reflète la grande difficulté d’établir des recommandations dans certains domaines « sensibles » dont le sport fait partie. Certains l’utilisent comme une véritable drogue, une nécessité indispensable à une survie confortable : la détresse des sportifs vétérans blessés, qui ne peuvent plus courir leurs 100 km par semaine et leurs quatre marathons par an, en témoigne très régulièrement dans nos consultations. Cette problématique se retrouve chez les sportifs plus anciens, vétérans, ayant bénéficié d’une arthroplastie au membre inférieur. La médecine physique et de réadaptation est sûrement la plus apte à apprécier cette problématique dans sa globalité [6] et à estimer le niveau d’expertise dans la pratique d’un sport de haut niveau, niveau qui doit impérativement être pris en compte pour permettre la pratique de certains sports « à risque » après l’arthroplastie. Références [1] Clifford PE, Mallon WJ. Sports after total joint replacement. Clin Sports Med 2005;24:175. [2] Dauty M, Genty M, Ribinik P. Intérêt de reconditionnement à l’effort dans les programmes de rééducation avant et après arthroplasties de hanche et de genou. Ann Readapt Med Phys 2007;50:455–61.

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Point de vue / Annales de réadaptation et de médecine physique 50 (2007) 716–717 [3] Dauty M, Letenneur J. Recommandations du sport et prothèses articulaires : l’avis des chirurgiens orthopédistes, le désir des patients récemment opérés et la revue de la littérature. Annales de Réadaptation et Médecine Physique 2007. [4] Healy WL, Iorio R, Lemos MJ. Athletic activity after joint replacement. Am J Sports Med 2001;29:377. [5] Klein GR, Levine BR, Hozack WJ, Strauss EJ, D’Antonio JA, Macaulay W, et al. Return to athletic activity after total hip arthroplasty. Conserns Guidelines based on a survey of the hip society and American Association of Hip and Knee Surgeons. J Arthroplasty 2007;22:171–5. [6] Lefèvre-Colan MM, Coudeyre E, Griffon A, Camilleri A, Ribinik P, Revel M, et al. Existe-t-il des critères d’orientation vers un centre de rééducation après la pose d’une prothèse totale de hanche et de genou ? Élaboration de recommandations françaises pour la pratique clinique. Ann Readapt Med Phys 2007;50:317–46. [7] Naal FD, Maffiuletti NA, Munziger U, Hersche O. Sports after hip resurfacing arthroplasty. Am J Sports Med 2007;35(5):705–11.

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P. Vautravers* Service de médecine physique et de réadaptation, hôpitaux universitaires de Strasbourg, 67098 Strasbourg cedex, France Adresse e-mail : [email protected] (P. Vautravers). K. Kerkour Hôpital du Jura, 30, faubourg des Capucins, 2800 Delémont, Suisse Adresse e-mail : [email protected] (K. Kerkour). Reçu le 23 août 2007 ; accepté le 24 août 2007 *Auteur

correspondant.