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Société Française de Dermatologie
l’apparition d’une hypercalcémie le plus souvent tardive. La physiopathologie de celle-ci n’est pas encore totalement élucidée [1]. Souvent modérée et asymptomatique, cette hypercalcémie peut se révéler sévère et poser le problème de sa prise en charge thérapeutique. Observation. Nous rapportons le cas d’une hypercalcémie secondaire à une cytostéatonécrose chez un nouveau-né, chez qui les traitements usuels, initialement entrepris, se sont révélés inefficaces. Après une revue de la littérature, nous avons opté pour la mise en route d’un traitement par kétoconazole [2]. Cette molécule inhibe l’hydroxylation en 1α de la 25OHD3 en bloquant le cytochrome P450 [3]. La mise en route du traitement a permis une normalisation de sa calcémie en quelques jours. Commentaires. Cette molécule apparaît donc comme un moyen thérapeutique efficace, d’utilisation pratique, dans cette situation particulière qu’est l’hypercalcémie de la cytostéatonécrose.
Références 1. Mahé E, Descamps V, Belaïch S, Crickx B. La cytostéatonécrose du nouveau-né. Presse Med 2002;31:612-6. 2. Kruse K, Irle U, Uhlig R. Elevated 1,25dihydroxyvitamin D serum concentrations in infants with subcutaneous fat necrosis. J Pediatr 1993;122:460-3. 3. Adams JS, Sharma OP, Diz MM, Endres DB. Ketoconazole decreases the serum 1,25dihydroxyvitamin D and calcium concentration in sarcoidosis-associated hypercalcemia. J Clin Endocrinol Metab 1990;70:1090-5.
– Miliaires néonatales révélatrices de maladies des canaux ioniques
révéler des pertes en sel au cours de maladies métaboliques génétiques. Observations. Nous rapportons les observations de deux nouveau-nés dont la survenue d’une miliaire sudorale importante était liée à une pathologie sous-jacente sévère. Dans le premier cas, il s’agissait d’un nouveau-né dont la miliaire sudorale prédominait sur le visage et dans les plis secondaire à une mucovicidose. Cette affection récessive autosomique est caractérisée par une perte de sel excessive dans la sueur associée à des altérations pulmonaires et pancréatiques. Dans le deuxième cas, les lésions cutanées ont précédé la mise en évidence d’une hyponatrémie secondaire à un pseudo-hypoaldostéronisme (PHA) de type I. Cette affection est liée à la mutation d’une sous-unité du canal sodique épithélial conduisant à un défaut du transport sodique dans de nombreux organes (reins, poumons, colon, glandes salivaires et sudorales). Commentaires. La physiopathogénie et les connaissances métaboliques actuelles de ces deux affections liées à une anomalie du transport transépithélial du sodium seront discutées. Ces deux cas illustrent qu’une dermatose bénigne néonatale permet parfois la révélation précoce d’une affection génétique systémique grave. Il faut devant une miliaire sudorale importante survenant les premiers jours de vie penser soit à une mucovicidose soit à un PHA de type I.
Références
F. CAMBAZARD, J.L. PERROT, J.L. STEPHAN
Introduction. Les miliaires sudorales sont secondaires à un œdème des orifices sécrétoires eccrines conduisant à une rétention sudorale épidermique. Elles sont favorisées par la chaleur, l’hypersudation, et des soins d’hygiène insuffisants. Dans quelques cas exceptionnels, elles peuvent 626
1. Urbtsch A, Paller AS. Pustular miliaria rubra : a specific cutaneous finding of type I pseudohypo-aldosteronism. Pediatr Dermatol 2002;19: 317-9. 2. Wenzel FG, Hom TD. Non neoplastic disorders of the eccrine glands. J Am Acad Dermatol 1998;38:1-17.
– Le syndrome hyperIgE et infections récidivantes ou syndrome de Buckley : deux cas cliniques et évolution à long terme A. BERNEZ, L. MACHET, Y. LEBRANCHU, M. PIRAM, G. LORETTE
Introduction. Le syndrome hyperIgE ou syndrome de Buckley est un syndrome rare, caractérisé par un désordre complexe de l’immunorégulation. Il associe une hyperimmuglobulinémie E (> 2 000 Ul/ml), infections bactériennes cutanées, ganglionnaires et pulmonaires récidivantes dont certaines mettent en jeu le pronostic vital et des lésions cutanées chroniques. Les germes les plus fréquents sont :S. aureus, Candida albicans, Haemophilus influenzae. Les manifestions surviennent très tôt dans la vie, l’évolution au long cours est mal connue. Observations. Un garçon de deux ans a été hospitalisé en réanimation pédiatrique pour une laryngite. Il avait une dermatose papulovésiculeuse du visage. Puis il a développé des abcès cutanés à S. aureus associés à un eczéma sévère, puis des infections pulmonaires récidivantes. Les IgE étaient toujours supérieures à 2 000 Ul/ml. Le diagnostic de syndrome de Buckley est alors posé. Il a été traité par antibiotiques au long cours à visée antistaphylococcique : staphylomycine pendant deux ans puis acide fusidique et pristinamycine en alternance pendant un an, puis cefadroxil et pristinamycine pendant un an, puis cefadroxil seul jusqu’à ce jour ; ainsi qu’un traitement anti-fongique : kétoconazole pendant 7 ans puis fluconazole pendant trois ans puis arrêt. Le reste du traitement comportait des anti-dégranulants et des antihistaminiques soit cimétidine, soit cromoglycate de sodium et kétotifène. Il a eu jusqu’à ce jour sept poussées graves d’infections pleuropulmonaires et ORL, nécessitant une hospitalisation, la dernière en 2000, ainsi que de très nombreuses infections cutanées : abcès, eczéma impétiginisé, folliculite, et muguet récidivant. Il a maintenant 23 ans. Une petite fille de 29 jours a été hospitalisée pour une perforation
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Actes : 1er semestre 2004
caecale sur péritonite. Elle a eu ensuite une dermatose pustuleuse du visage, des abcès cutanés à S. aureus nécessitant des drainages chirurgicaux, des otites aiguës, un muguet récidivant et une pleurésie à H. influenzae. Le diagnostic de Syndrome de Buckley avait été suspecté mais les IgE n’étaient que modérément élevées (639 Ul/ml), six mois plus tard elles étaient augmentées à 7 000 Ul/ml. Elle avait aussi une hypoglobulinémie G. Elle a été traitée également par antibiotiques au long cours : cefadroxil et staphylomycine en alternance pendant cinq ans, puis cefadroxil seul pendant six ans, puis pristinamycine pendant deux ans puis arrêt. Son traitement associait également un anti-fongique : kétoconazole pendant neuf ans, ainsi que des anti-histaminiques (kétotifène) et du cromoglycate de sodium. En raison de son hypoglobulinémie G, des perfusions d’Ig IV ont été effectuées. Elle a eu ensuite huit poussées graves de sa maladie surtout bronchites aiguës et otites. Elle a eu de nombreux abcès cutanés et a toujours une acné sévère. Elle a maintenant 17 ans. Commentaires. Nous rapportons deux cas de syndrome de Buckley. Cette maladie est transmise de façon autosomique dominante avec pénétrance variable. Le nombre des polynucléaires neutrophiles (PNN) est normal, la capacité des PNN à tuer les bactéries n’est pas affectée. Ce syndrome est considéré comme ayant un très mauvais pronostic. Cependant les observations sont très rares si l’on prend soin de différencier le syndrome de Buckley de la dermatite atopique avec IgE très élevées, ce qui correspond à deux tableaux différents. Les critères de différenciation sont essentiellement l’aspect de la dermatose et la gravité des infections associées. Nous avons pu suivre ces deux cas sur de nombreuses années, ce qui nous permet de décrire le potentiel évolutif de cette affection chez ces deux malades.
– Le syndrome d’Omenn : 2 cas E. PUZENAT (1), F. AUBIN (1), D. MONNIER (1), P. GIRARDIN (1), M. TAGHIAN (2), P. THIERRY (2), F. NOBILI (3), P. ROHRLICH (3), P. HUMBERT (1) (1) Service de Dermatologie, CHU Besançon. (2) Service de Pédiatrie, CHG Vesoul. (3) Service de Pédiatrie, Besançon.
Introduction. Le syndrome d’Omenn est un déficit immunitaire congénital lié à l’absence de lymphocytes B circulants associés à une infiltration de la peau et du tube digestif par des lymphocytes T activés. Observation. Cas no 1 : un nouveau-né de sexe masculin, âgé de 3 semaines, né de parents consanguins, était hospitalisé pour bilan de troubles digestifs néonataux associés à une éruption cutanée. L’examen clinique retrouvait une érythrodermie évoluant depuis 1 semaine, une hypotrophie harmonieuse sévère, une diarrhée aqueuse profuse chronique et une hépatomégalie. Les différents examens biologiques, y compris la numération formule sanguine, étaient strictement normaux. La biopsie cutanée était non contributive. L’enfant est décédé à l’âge de deux mois d’un tableau septique sévère. Cas no 2 : un nouveau-né masculin âgé de 3 jours était vu en consultation pour une érythrodermie congénitale. L’examen clinique était strictement normal hormis cette érythrodermie. Les examens biologiques et paracliniques retrouvaient une leuconeutropénie profonde persistante avec éosinophilie et une hypoplasie du thymus. L’enfant était porteur de 2 mutations des gènes RAG1/RAG2 décrites dans le syndrome d’Omenn. Il a été traité par greffe de moelle HLA identique à partir de son frère sain. Discussion. Le syndrome d’Omenn est un déficit immunitaire congénital sévère de transmission autosomique récessive d’expression clinique variée. Ces observations sont originales par la présentation clinique atypique des 2 enfants : en effet, le cas no 1 ne présentait aucune anomalie des lignées hématologiques et le cas no 2 n’avait pas de retard staturopondéral, ni d’organomégalie, ni de
problème infectieux chronique. Le syndrome d’Omenn est une entité importante à reconnaître et est une des étiologies à suspecter devant une érythrodermie néonatale associée à un retard staturo-pondéral ou à des infections chroniques. – Naevus épidermique verruqueux inflammatoire linéaire (NEVIL) : 2 cas familiaux J. MAZEREEUW-HAUTIER, C. MARTY, CH. DURIEU, J.-L. BONAFÉ Service de Dermatologie, CHU Rangueil, Hôpital des enfants, Toulouse.
Introduction. Le NEVIL est une affection rare qui se présente cliniquement sous la forme de lésions linéaires unilatérales hyperkératosiques. Ces lésions apparaissent dans l’enfance et subissent des poussées inflammatoires avec présence de prurit. Le NEVIL apparaît de manière sporadique et les formes familiales sont exceptionnelles. Nous décrivons ici un père et sa fille, tous deux atteints de cette affection. Observations. Pauline, âgée de 3 ans, sans antécédent, née de parents sains non consanguins, présentait depuis la naissance une lésion linéaire, érythémateuse verruqueuse et kératosique de l’hémilèvre inférieure droite. Elle présentait également une lésion d’aspect similaire, localisée au niveau de l’aisselle droite, apparue plus tardivement à l’âge de 6 mois. Son père, âgé de 27 ans, présentait une lésion identique localisée au niveau de la bourse droite et apparue dans l’enfance. Les lésions cutanées chez Pauline et son père subissaient des poussées inflammatoires avec exacerbation des lésions, prurit et suintement. Les dermocorticoïdes étaient inefficaces et le calcipotriol entraînait une amélioration modeste. Le diagnostic de NEVIL était évoqué et confirmé par l’examen histologique des lésions cutanées. Discussion. Les lésions cutanées présentes dans le NEVIL sont disposées le long des lignes de Blaschko et résultent d’un phénomène de mosaïcisme. Les mécanismes incriminés sont hypothétiques et n’ont pas été 627