154
Notes de lecture
l’auteur situe la naissance dans les annees 1970. Son examen conduit J. Hassoun, qui cite E. Morin et S. Ndir, a interroger la notion d’ttbique, dans son (( double aspect, celui de la raison cynique et celui de la raison stokienne )) (p. 63). Selon la contradiction qui en decoule, l’auteur affhme & la fois que l’analyste ne peut, es qualite, juger de la validite de telle position politique - au sens noble du terme -, ce qui le conduit a r&Xchir aussi bien sur ses propres prises de positions politiques publiques que sur celles des quelques analystes contemporains a s’&re manifest& politiquement. Et la meditation se developpe sur les themes de la xenophobie et de l’alterite, ainsi que de 1’8tranger au cceur de la subjectivite pour conclure sur (( la langue infectee H. La pensee de J. Hassoun tourne autour des themes qui ne sont pas nouveaux, les notions mQmes d’humanite et de civilisation. 11 faut l’accueillir, et ce, d’autant plus si on pretend ceuvrer a l’apaisement des soulknces morales, parce que ce qu’elle dit sur le refus du conflit au profit de la destruction prend part a toutes les pratiques de soins, toutes les prestations sociales, toutes les postures (alpolitiques. C. Navelet
1
Madioni F. Le temps et la Psychose. Paris : L’Harmattan, ~011.(( ktudes psychanalytiques H ;
Avec la cure d’Irene, nous voila plonges en plein dans la problematique du temps, de la duree chez le psychotique. Totalement investie dans la dialectique phenomenologique, F. Madioni nous rappelle l’afftrmation selon laquelle la perturbation fondamentale du psychotique serait d’&tre bloque dans un temps tige, immobile. Ou encore, il serait pris dans un monde atemporel, dans une non-existence, un monde Cgo’ique, fragment& narcissiquement ~10s. Apres l’tnond biographique et clinique de sa cliente, l’auteur nous montre comment, tout au long des seances, a la faveur du va-et-vient entre elle-m&me et Irene, par le biais d’une mise en commun, d’un (( transvasement )) se tree un monde intersubjectif, un espace concretisant une cadence du temps, comme une succession d’evenements. Irene a retrouve la capacite de percevoir, de contenir, d’enregistrer, d’evoquer le V&X, les souvenirs. Le processus d’unification de l’avant et de l’apres est reapparu. La notion d’etemel, d’etemite, there aux phenomenologues, representation existentielle de la d&e, reprend sens chez elle. Elle peut a nouveau explorer son &re, reconsideer son corps, sa feminite, les relations avec autrui. Elle peut projeter, devenir. 11y a chez elle reprise de coherence, de fluidite, de mouvement. La therapeute aura ete le support intentionnel de la conscience du Moi de sa patiente. S’inscrivant en faux contre les assertions de ses maitres et preddcesseurs, F. Madioni veut nous prouver que le psychotique ne vit pas son existence hors du temps, mais autrement dans le temps. Appreciation exagerement restrictive des cliniciens que nous sommes ? Sa demonstration au til des pages est peut-&tre trop surchargte de references thtoriques, d’annonces du plan de son travail, de commentaires sur la phenomenologie, versant philosophique. Pout-tam, l’emprunt exclusif au vocabulaire <(philosophico-phenomenologico-scolastique >)(kpochcf, retentio, praesentatio, pmtentio) et l’absence quasi totale de concepts analytiques ont un effet roboratif de depaysement ! Cependant, pour revenir aux reoccupations de F. Madioni, nous prenons acte que, au gre de son travail, la dimension temporelle lui apparait assez differente de celle d&rite par les grands penseurs qui l’ont precedee. Toutes formes d’existence auraient des structures dansantes, mobiles, instable. D’ou, pour sa part, le projet de susciter une (( philosophie de la subjectivite 1)).Une
Notes de lecture
155
p&face de G Lanteri-Laura est, a notre go&, trop en amont, trop krudite et loin de ce qui est le sujet central de ce livre : illustration autour d’une cure. Cependant, un Blargissement de nos panoramas n’est pas inutile.. . P. Brousolle
I
Nachin C A hide, il y a un secret dans le placard ! Paris : Fleurus ; 1999. 122 p.
Cela fait maintenant une bonne dkcennie que les secrets de famille ont la tote chez les psychanalystes. Alors, on est de prime abord tent6 de se demander si ce livre ne sacrifie pas, B son tour, k une certaine mode. . . Et bien non. Certes, le titre peut paraftre accrocheur. En rdalitk, il illustre de manikre stimulante le riche parcours auquel l’auteur - praticien chevronnk lest6 de quatre d&ekes d’expkrience clinique, en qualitt de psychiatre puis de psychanalyste - nous convie. C. Nachin considtre le secret dans une large acceptation. La premitre partie - (( les secrets du psychisme )) - insiste d’ailleurs sur la pluralitt de cette notion. Un constat lucide annonce la couleur : Mchacun de nous demeure (. . .) au ‘secret’ pour lui-mCme, y compris aprks une psychanalyse 1) (p. 17) ! Trois (>(p. 18). Un peu plus loin, Nachin prkcise utilement la diffkrence entre mensonge et secret : (( le mensonge s’oppose avant tout 21la v&it6 et l’on peut mentir pour d’autres raisons que pour protkger un secret. Le secret, lui, est 1%au discernement : quelle est la part de vCriti dont nous nous jugeons porteurs qu’il convient ou non de r6vtler &des personnes prkises, en un temps et un lieu don& ? D (p. 27). A cet kgard, les parents qui harcklent leurs enfank pour qu’ils racontent tout ce qu’ils pensent et font entrave g leur maturation psychique : a les enfknts qui ont la force de rkagir ZIcet abus de pouvoir vont devenir des menteurS ; ils Cprouveront des diffkultts 1 se 1ibCrer de cette attitude dans l’avenir. Les plus fiagiles vent, eux, se dkfendre en devenant renfermts, ‘secrets’. Parfois, ils iront jusqu’g inhiber leur pen&e pour qu’elle ne soit pas dkcouverte 1) (p. 28). Ce qui est important, c’est de percevoir que les secrets peuvent &tre positifs ou douloureux. C’est alors, on l’a compris, que la psychanalyse doit s’en mCler. La deuxitme partie - (>- est placte sous le signe de la thkorie du fanGme, esquisske en 1975 par Nicolas Abraham et dont la m&apsychologie a Ctk d6veloppCe par Claude Nachin dans L.esfanthes de l’cime (1993). L’inkvitable Tintin y voisine avec des rkfkrences culturelles moins connues ; ainsi le film de Martine Dugowson, Mina Tannenbaum. Une jeune fille y recourt B la crkation picturale pour s’accommoder de l’influence nCfaste que le secret douloureux de sa mtre exerce depuis toujours sur son esprit. Surtout, Nachin tire de sa longue pratique quelques vignettes cliniques qui soulignent, entre autres, ce