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Article original
L’effet de la prise de vitamine C sur le risque d’hyperuricémie et sur l’uricémie chez les Coréens. Cohorte multi-rurale夽 Jisuk Bae a , Dong Hoon Shin b , Byung-Yeol Chun c , Bo Youl Choi d , Mi Kyung Kim d , Min-Ho Shin e , Young-Hoon Lee f , Pil Sook Park g,∗ , Seong-Kyu Kim h,∗ a
Service de médecine préventive, école de médecine, université Catholique de Daegu, Daegu, République de Corée Service de médecine préventive, école de médecine, université de Keimyung, Daegu, République de Corée c Service de médecine préventive, école de médecine, centre de recherche et de promotion de la santé, université nationale de Kyungpool, Daegu, République de Corée d Service de médecine préventive, collège de médecine, université Hanyang, Seoul, République de Corée e Service de médecine préventive, école de médecine, université nationale de Chonnam, Gwangju, République de Corée f Service de médecine préventive, institut des sciences médicales de Wonkwang, université Médicale de Iksan, Jeonlabuk-do, République de Corée g Service d’alimentation et de nutrition, université nationale de Kyungpook, Daegu, République de Corée h Unité de rhumatologie, service de médecine interne, centre de recherche en arthrite et autoimmunité, école de médecine, université Catholique de Daegu, Daegu, République de Corée b
i n f o
a r t i c l e
Historique de l’article : Accepté le 22 mai 2014 Disponible sur Internet le xxx Mots clés : Vitamine C Acide urique Hyperuricémie
r é s u m é Objectif. – Le but de cette étude était de déterminer l’association entre la prise de vitamine C et le risque d’hyperuricémie et avec le taux d’acide urique sérique chez les hommes et les femmes appartenant à la cohorte prospective communautaire multi-rurale coréenne. Méthodes. – Cette analyse transversale a été menée chez 9400 personnes incluses dans l’étude de cohorte multi-rurale communautaire coréenne. Le risque d’hyperuricémie a été évalué par cinq quintiles (Q1 à Q5) selon le régime alimentaire et la prise totale de vitamine C, en utilisant une analyse de régression logistique multivariée. La relation entre l’uricémie et la prise de vitamine C a été évaluée en utilisant une analyse de régression linéaire après ajustement aux covariables. L’information sur les composants du régime alimentaire a été collectée en utilisant des questionnaires alimentaires validés. Résultats. – La prise alimentaire de vitamine C et non pas la prise totale a été significativement différente entre les hyperuricémiques et les non-hyperuricémiques chez les hommes (p = 0,01) et les femmes (p = 0,02). Le risque d’hyperuricémie diminuait avec l’augmentation de la prise de vitamine C chez les hommes et les femmes après ajustement multivarié (p pour la tendance = 0,002 chez les hommes et 0,02 chez les femmes). Un effet de la prise totale de vitamine C sur le risque d’hyperuricémie a été identifié chez les femmes (p pour la tendance 0,04) et non pas chez les hommes (p pour la tendance = 0,06). L’uricémie était associée de fac¸on linéaire à la prise totale de vitamine C chez les femmes ( = –0,0001, p = 0,01), mais pas à la prise de vitamine C alimentaire chez les deux sexes. Conclusion. – Cette étude a montré que la prise de vitamine C pourrait influencer en partie l’hyperuricémie ou l’augmentation de l’uricémie dans une cohorte communautaire multi-rurale coréenne. © 2014 Société Franc¸aise de Rhumatologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
1. Introduction DOI de l’article original : http://dx.doi.org/10.1016/j.jbspin.2014.05.007. 夽 Ne pas utiliser, pour citation, la référence franc¸aise de cet article, mais la référence anglaise de Joint Bone Spine avec le DOI ci-dessus. ∗ Auteur correspondants. Unité de rhumatologie, service de médecine interne, centre de recherche en arthrite et autoimmunité, école de médecine, université Catholique de Daegu, Daegu, 3056-6 Daemyung 4-Dong, Namgu, Daegu 705-718, République de Corée. Adresse e-mail :
[email protected] (S.-K. Kim).
L’acide urique est produit à travers le métabolisme hépatique des purines, qui proviennent de sources endogènes et exogènes [1,2]. Chez les humains, l’uricémie est déterminée par la balance entre la production et l’excrétion d’urates. L’hyperuricémie peut survenir par surproduction ou défaut d’excrétion d’urates par voie rénale ou intestinale. L’évidence concernant l’influence des facteurs alimentaires sur le métabolisme de l’acide urique, entraînant des
http://dx.doi.org/10.1016/j.rhum.2014.10.002 1169-8330/© 2014 Société Franc¸aise de Rhumatologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
REVRHU-4412; No. of Pages 7
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modifications de l’uricémie, provient d’études épidémiologiques et d’essais cliniques [3]. Les facteurs associés à l’augmentation de l’uricémie incluent la prise d’aliments riches en purine, en alcool ou en fructose. La prise de vitamine C diminue l’uricémie. Plusieurs études chez les humains ont démontré qu’une supplémentation en vitamine C réduisait le taux d’acide urique [4–6]. Bien que le mécanisme uricosurique ne soit pas clairement défini, l’effet hypouricémiant de la vitamine C est associé dans les études cliniques à une augmentation de l’excrétion d’acide urique [4,5]. Une explication possible serait une interaction par compétition entre la vitamine C et les transporteurs de réabsorption d’urates, tels que URAT1 et ABCG2, qui sont responsables d’un échange d’anions au niveau du tubule proximal [1]. Cependant, des observations contradictoires sur un rôle possible de l’acide ascorbique en inhibant la synthèse d’urates ont été rapportées [7]. Récemment, une étude observationnelle utilisant les données de la Health Professional Follow-up Study (HPFS) a démontré une relation inverse entre la prise de vitamine C et la concentration d’acide urique chez les hommes [8]. Une étude de cohorte a retrouvé qu’une consommation élevée de vitamine C réduisait de fac¸on indépendante le risque de goutte [9]. Une méta-analyse de 13 essais randomisés et contrôlés a trouvé que la supplémentation en vitamine C réduisait le taux d’acide urique dans des populations hétérogènes et diverses [10]. La supplémentation en vitamine C diminue le taux d’acide urique chez les sujets sains non fumeurs [11]. Cependant, chez les patients goutteux, la réduction de l’uricémie suite à l’injection de 500 mg/j de vitamine C n’est pas reproductible [12]. Des incohérences dans les rapports entre la vitamine C et l’acide urique seraient liées aux différentes caractéristiques de la population. Peu d’information est disponible sur la relation entre la prise de vitamine C et le taux d’acide urique chez les Asiatiques. Le but de cette étude était de déterminer l’effet de l’apport alimentaire en vitamine C et le risque d’hyperuricémie dans une cohorte coréenne multirurale.
2. Méthodes 2.1. Population d’étude La cohorte coréenne communautaire multi-rurale a été créée depuis 2004, faisant partie de l’étude épidémiologique du génome coréen. Cette cohorte multicentrique prospective a pour but d’élucider les facteurs de risque de pathologie cardiovasculaire dans la population coréenne. Les sujets éligibles à cette étude étaient les hommes et les femmes ≥ 40 ans au moment de l’inclusion dans trois zones rurales bien définies géographiquement, éparpillées à travers le pays. Les zones d’étude avaient inclus Yangpyeong (située à l’est de Seoul, la capitale de la Corée du Sud), Namwon (située au sud ouest de la Corée du Sud) et Goryeong (située au sud est de la Corée du Sud). En août 2009, un nombre total de 9697 participants a été recruté. Parmi les patients éligibles, nous avons exclu les sujets avec des données manquantes sur les variables dépendantes (uricémie) ou indépendantes (exceptionnellement, les données manquantes sur les supplémentations en vitamine C étaient incluses dans les données finales, et exclues de l’analyse de la vitamine C comme variable indépendante), et les sujets avec des données non plausibles sur leurs apports alimentaires (total d’apport énergétique < 500 ou > 4000 kcal/jour). Par conséquent, le nombre de sujets éligibles était de 9400 pour les analyses finales. Cette étude a été menée en concordance avec les directives de la déclaration d’Helsinki et approuvée par le comité de relecture institutionnel des universités de Hanyang, Chonnam et Keimyung.
2.2. Collecte des données Un questionnaire et une procédure d’examen clinique standardisés ont été utilisés afin de colliger les données au niveau de chaque centre. Tous les examinateurs étaient formés et instruits au niveau du centre de coordination. Un questionnaire structuré, fournissant des informations sur les caractéristiques démographiques (telles que l’âge, le sexe, l’éducation et le statut marital), la prise de médicaments (tels que les antihypertenseurs), les habitudes de vie, telles que la consommation tabagique et d’alcool, l’activité physique, a été distribué par des interviewers expérimentés. Les variables anthropométriques, telles que la taille, le poids, la circonférence du poignet, la pression artérielle systolique et diastolique ont été mesurées directement pendant le protocole. L’indice de masse corporelle (IMC) a été calculé en kilogramme sur le carré de la taille en mètre. Les données biologiques à l’inclusion ont été recueillies. Chaque sujet avait fourni un échantillon sanguin de 20 mL, à jeun (au moins 8 h de jeun de nuit) et 40 mL d’urines de milieu de miction. Les paramètres biochimiques, tels que l’acide urique sérique, la créatinine, les triglycérides, l’HDL cholestérol et la glycémie ont été évaluées le jour même du prélèvement en utilisant un autoanalyseur ADVIA1800 (Simens Medical Solutions États-Unis, Inc., Malvern, PA, États-Unis). Le débit de filtration glomérulaire (DFG) a été calculé en utilisant l’équation simplifiée du Modification of Diet in Renal Disease Study [13] : DFG (mL/minute par 1,73 m2 ) = 186 × (créatininémie −1,154 −0,203 [mg/dL]) × (âge) × [0,742, si femme]. 2.3. Évaluation du régime alimentaire Les données sur le régime alimentaire ont été collectées par des interviewers expérimentés en utilisant un questionnaire alimentaire semi-quantitatif, dont la validité a été évaluée et les résultats rapportés en détail dans un autre article [14]. Nous avons estimé la consommation quotidienne de chaque aliment (exemple, consommation de viande, de fruits de mer, de produits laitiers, de thé et de sodas) en utilisant la pondération de la fréquence par jour et de la taille de la portion par unité d’aliment. La 17e édition du tableau de composition des aliments [15], une base de données nutritionnelle produite par la Société coréenne de nutrition, a été utilisée afin de transformer les apports alimentaires en chiffres (ex. ration en vitamine C, apport énergétique total). La supplémentation en vitamine C a été déterminée en précisant la quantité, le type, la fréquence et la durée de consommation du supplément durant la dernière année. L’apport total en vitamine C a été calculé en additionnant la vitamine C alimentaire et la supplémentation non alimentaire. 2.4. Analyse statistique Toutes les données sont présentées en moyennes ± déviation standard (DS) pour les variables continues et en fréquences et pourcentages pour les variables catégorielles. Afin de comparer les différences en moyennes et en proportions entre les deux groupes, un test t de Student ou un test du chi2 ont été appliqués. Nous avons mené des analyses séparées selon le sexe. L’hyperuricémie a été définie par une uricémie > 7,0 mg/dL chez les hommes et > 6,0 mg/dL chez les femmes [16]. L’apport alimentaire en vitamine C sans supplémentation (< 42,5 ; 42,5–61,8 ; 61,9–84,7 ; 84,8–119,2 et ≥ 119,3 mg/jour chez les hommes ; < 39,4 ; 39,4– 60,2 ; 60,3–85,2 ; 85,3–123,5 et ≥ 123,6 mg/jour chez les femmes) et l’apport total en vitamine C (< 43,8 ; 43,9–65,7 ; 65,8–94,3 ; 94,4–152,7 et ≥ 152,8 mg/jour chez les hommes ; < 41,2 ; 41,3– 65,0 ; 65,1–95,5 ; 95,6–170,5 et ≥ 170,6 mg/jour chez les femmes)
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ont été catégorisés en quintiles spécifiques au sexe. Les différences entre les moyennes selon les quintiles spécifiques au sexe ont été évaluées par une analyse de variance. Nous avons utilisé des modèles de régression logistique multivariée afin d’étudier l’association entre l’hyperuricémie et la prise de vitamine C. Les odds ratios (OR) et les intervalles de confiance à 95 % (IC) ont été calculés après ajustement à l’énergie totale (quintiles), à l’âge (< 50, 50–59, 60–69, 70–79 et ≥ 80 ans), au tabagisme (nonfumeur, fumeur ancien, fumeur actuel), à la consommation d’alcool (non-buveur, ancien buveur, et buveur actuel), à l’exercice physique (oui ou non), à l’IMC (< 25,0 et ≥ 25,0 kg/m2 ), aux triglycérides (< 150 et ≥ 150 mg/dL), à la glycémie à jeun (< 100 et ≥ 100 mg/dL), à la prise d’antihypertenseurs dans les deux dernières semaines (oui ou non), au DFG (< 60,0 et ≥ 60,0 mL/minute par 1,73 m2 ), ainsi qu’à la consommation de viande, de produits laitiers, de café et de thé (en quintiles). La tendance linéaire, selon les catégories de prise de vitamine C, a été testée en incorporant la prise de vitamine C comme variable continue dans les modèles multivariés. Afin l’étudier l’association entre le taux d’acide urique et la prise de vitamine C, nous avons construit un modèle de régression linéaire multiple, afin d’ajuster pour les mêmes covariables. L’analyse de covariance, avec ajustement pour certaines covariables, a été utilisées afin d’évaluer les différences dans l’uricémie selon la consommation de vitamine C. Un seuil de significativité bilatéral à 0,05 a été utilisé pour établir la significativité statistique. Toutes les analyses statistiques ont été réalisées en utilisant un logiciel IBM SPSS 19.0 (IBM Corp., Armonk, NY, États-Unis).
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3. Résultats 3.1. Caractéristiques à l’inclusion Parmi les 9697 participants recrutés dans la cohorte coréenne multi-rurale entre janvier 2005 et août 2009, nous avons inclus 9400 (3664 hommes et 5836 femmes) dans cette analyse. Les données à l’inclusion de la cohorte sont montrées dans le Tableau 1, selon le sexe. La plupart des caractéristiques étaient significativement différentes entre les hommes et les femmes, excepté pour la prise de thé, de vitamine C alimentaire et de vitamine C totale. La prévalence de l’hyperuricémie au total, chez les hommes et chez les femmes était respectivement de 10,9 % (n = 1041), 17,2 % (614) et 7,0 % (n = 407). De plus, la comparaison des caractéristiques de base entre l’hyperuricémie et la non-hyperuricémie est illustrée (Matériel complémentaire, Tableau S1). En comparant les caractéristiques de base des participants selon leur apport alimentaire en vitamine C, la prise des composants alimentaires, tels que l’énergie totale, la viande, les poissons, les produits laitiers, le café, le thé et les sodas augmentent graduellement avec l’augmentation de l’apport en vitamine C, que ce soit chez les hommes ou chez les femmes (Tableau 2). 3.2. Comparaison de la prise de vitamine C et la présence d’hyperuricémie Chez les hommes, l’absence d’hyperuricémie était associée à des taux plus élevés de prise de vitamine C, comparativement aux sujets
Tableau 1 Paramètres de base des participants : l’étude de cohorte communautaire multi-rurale coréenne (n = 9400). Paramètres
Total (n = 9400)
Hommes (n = 3564)
Femmes (n = 5836)
pa
Âge (ans) IMC (kg/m2 ) Tour de poignet (cm) PAS (mmHg) PAD (mmHg) Uricémie (mg/dL) Triglycérides (mg/dL) HDL cholestérol (mg/dL) Glycémie à jeun (mg/dL) Tabagisme Non-fumeur Ancien fumeur Fumeur actuel Alcoolisme Non-buveur Ancien buveur Buveur actuel Exercice régulier Non Oui Traitement de l’hypertension Non Oui DFG (mL/minute par 1,73 m2 ) ≥ 60 < 60 Apports alimentaires Énergie (kcal/jour) Consommation de viande (g/jour) Consommation de fruits de mer (g/jour) Consommation de produits laitiers (g/jour) Consommation de café (g/jour) Consommation de thé (mL/jour) Consommation de sodas (mL/jour) Apport alimentaire en vitamine C (mg/jour) Apport total en vitamine C (mg/jour)b
61,9 ± 9,7 24,3 ± 3,2 84,4 ± 8,9 125,2 ± 17,8 78,7 ± 10,3 4,9 ± 1,4 152,4 ± 99,2 44,4 ± 10,7 101,3 ± 24,9
62,5 ± 9,6 23,9 ± 3,0 85,6 ± 8,5 126,3 ± 16,8 79,9 ± 10,3 5,8 ± 1,5 161,5 ± 116,0 43,5 ± 11,5 104,5 ± 28,3
61,6 ± 9,8 24,5 ± 3,2 83,6 ± 9,1 124,6 ± 18,3 78,0 ± 10,3 4,4 ± 1,1 146,8 ± 86,9 45,0 ± 10,2 99,3 ± 22,3
< 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001
6421 1573 1415
(68,2) (16,7) (15,1)
891 1456 1217
(25,0) (40,9) (34,2)
5521 117 198
(94,6) (2,0) (3,4)
4684 683 4033
(49,8) (7,3) (42,9)
767 476 2321
(21,5) (13,4) (65,1)
3917 207 1712
(67,1) (3,6) (29,3)
6643 2757
(70,7) (29,3)
2473 1091
(69,4) (30,6)
4170 1666
(71,5) (28,6)
7023 2377
(74,7) (25,3)
2777 787
(77,9) (22,1)
4246 1590
(72,8) (27,2)
8426 974
(89,6) (10,4)
3316 248
(93,0) (7,0)
5110 726
(87,6) (12,4)
< 0,0001
0,03
< 0,0001
< 0,0001
1563,5 ± 471,4 24,6 ± 34,0 26,6 ± 31,1 81,7 ± 113,4 3,3 ± 3,5 39,2 ± 98,6 11,6 ± 49,9 85,3 ± 57,6 162,8 ± 264,8
1698,5 ± 494,1 36,4 ± 42,2 29,4 ± 33,8 75,3 ± 111,2 4,1 ± 4,1 41,1 ± 96,7 16,2 ± 56,7 84,9 ± 55,7 156,2 ± 250,4
1481,0 ± 437,0 17,4 ± 25,4 24,8 ± 29,3 85,6 ± 114,6 2,8 ± 3,0 38,1 ± 99,8 8,7 ± 45,0 85,5 ± 58,7 166,8 ± 273,2
< 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 0,15 < 0,0001 0,62 0,06
IMC : indice de masse corporelle ; PAS : pression artérielle systolique ; PAD : pression artérielle diastolique ; HDL : high-density lipoprotein ; DFG : débit de filtration glomérulaire. Les données sont exprimées en moyennes ± DS pour les variables continues et en n (%) pour les données catégorielles entre hommes et femmes. a Calculé en utilisant un test t de Student pour les variables continues et un test du chi2 pour les données catégorielles. b Les données manquantes ont été exclues des analyses (n = 125).
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Tableau 2 Paramètres de base de participants selon leur apport en vitamine C. Composants alimentaires
Tous les participants (n = 9400) Énergie (kcal/jour) Consommation de viande (g/jour) Consommation de fruits de mer (g/jour) Consommation de produits laitiers (g/jour) Consommation de café (g/jour) Consommation de thé (mL/jour) Consommation de sodas (mL/jour) Hommes (n = 3564) Énergie (kcal/jour) Consommation de viande (g/jour) Consommation de fruits de mer (g/jour) Consommation de produits laitiers (g/jour) Consommation de café (g/jour) Consommation de thé (mL/jour) Consommation de sodas (mL/jour) Femmes (n = 5836) Énergie (kcal/jour) Consommation de viande (g/jour) Consommation de fruits de mer (g/jour) Consommation de produits laitiers (g/jour) Consommation de café (g/jour) Consommation de thé (mL/jour) Consommation de sodas (mL/jour)
pa
Apport alimentaire en vitamine C (mg/jour) Q1
Q2
Q3
Q4
Q5
1265,0 ± 352,7 11,9 ± 19,3 11,6 ± 15,3 43,0 ± 74,5 2,7 ± 3,3 6,4 ± 21,0 6,7 ± 28,6 Q1 (< 42,5) 1368,4 ± 349,6 19,1 ± 24,9 12,7 ± 13,3 35,5 ± 65,0 3,6 ± 3,9 7,8 ± 23,3 8,5 ± 33,7 Q1 (< 39,4) 1201,9 ± 339,6 7,5 ± 12,9 10,9 ± 16,3 47,6 ± 79,4 2,2 ± 2,8 5,6 ± 19,4 5,6 ± 25,0
1406,9 ± 356,1 18,2 ± 25,7 17,7 ± 16,6 63,4 ± 97,4 3,0 ± 3,4 13,7 ± 35,4 10,4 ± 45,8 Q2 (42,5–61,8) 1540,1 ± 362,1 29,0 ± 33,7 20,1 ± 16,3 57,1 ± 93,2 3,6 ± 3,9 16,7 ± 39,6 15,0 ± 50,8 Q2 (39,4–60,2) 1325,6 ± 326,9 11,7 ± 16,0 16,3 ± 16,6 67,2 ± 99,7 2,6 ± 3,0 11,8 ± 32,4 7,5 ± 42,2
1528,5 ± 380,3 23,6 ± 32,5 23,2 ± 20,7 75,0 ± 99,3 3,2 ± 3,3 26,9 ± 57,7 11,2 ± 41,3 Q3 (61,9–84,7) 1648,5 ± 402,9 35,4 ± 43,1 25,2 ± 20,8 71,3 ± 94,3 3,9 ± 3,7 27,1 ± 56,9 15,2 ± 44,2 Q3 (60,3–85,2) 1455,2 ± 346,1 16,4 ± 20,7 22,0 ± 20,5 77,3 ± 102,2 2,7 ± 2,9 26,7 ± 58,2 8,7 ± 39,2
1670,8 ± 418,2 29,2 ± 32,9 31,3 ± 27,2 99,1 ± 120,2 3,6 ± 3,5 48,2 ± 90,1 11,3 ± 40,6 Q4 (84,8–119,2) 1811,5 ± 432,5 42,5 ± 40,4 34,7 ± 28,0 94,1 ± 121,4 4,4 ± 4,1 52,0 ± 86,9 14,1 ± 41,4 Q4 (85,3–123,5) 1584,8 ± 384,9 21,1 ± 24,0 29,3 ± 26,5 102,1 ± 119,4 3,0 ± 3,0 45,8 ± 91,9 9,6 ± 40,0
1946,1 ± 517,8 40,0 ± 46,5 49,0 ± 48,3 127,9 ± 143,7 3,9 ± 3,9 101,0 ± 172,4 18,2 ± 78,3 Q5 (≥ 119,3) 2123,3 ± 537,6 55,9 ± 53,6 54,5 ± 54,8 118,3 ± 145,5 4,7 ± 4,6 101,8 ± 167,8 28,3 ± 92,1 Q5 (≥ 123,6) 1837,7 ± 474,0 30,3 ± 38,5 45,6 ± 43,5 133,7 ± 142,4 3,3 ± 3,3 100,5 ± 175,3 12,1 ± 67,7
< 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 < 0,0001 0,009
IMC : indice de masse corporelle ; PAS : pression artérielle systolique ; PAD : pression artérielle diastolique ; HDL : high-density lipoprotein ; DFG : débit de filtration glomérulaire. Les données ont été exprimées en moyennes ± DS. a Calculé par une analyse de variance.
sans hyperuricémie (86,0 ± 56,0 mg/jour vs 79,7 ± 54,1 mg/jour, p = 0,01) (Fig. 1A). La prise de vitamine C était différente entre les femmes avec ou sans hyperuricémie (86,0 ± 58,5 mg/jour vs 79,2 ± 60,9 mg/jour, p = 0,02). Chez l’ensemble des participants, la différence de prise alimentaire de vitamine C entre les deux groupes était statistiquement significative (p = 0,0007). Cependant, la prise totale de vitamine C était similaire chez les hommes et les femmes, sans rapport avec la présence d’hyperuricémie (p = 0,38 pour les hommes ; p = 0,25 chez les femmes) (Fig. 1B). La différence dans la prise totale de vitamine C entre les deux groupes était similaire chez les participants (p = 0,08).
tendance < 0,001 et p = 0,003). Chez les sujets de sexe masculin, le risque d’hyperuricémie était réduit avec l’augmentation de la prise de vitamine C alimentaire (p pour la tendance = 0,002). Cependant, la tendance vers la baisse du risque d’hyperuricémie chez les hommes était observée sans significativité statistique pour la prise totale de vitamine C (p pour la tendance = 0,06). Chez les femmes, la prise alimentaire de vitamine C avait montré une tendance vers la diminution du risque d’hyperuricémie (p pour la tendance = 0,02). De fac¸on similaire, le risque d’hyperuricémie chez les femmes était réduit avec l’augmentation des apports totaux en vitamine C (p pour la tendance = 0,04).
3.3. Risque d’hyperuricémie et prise de vitamine C
3.4. Corrélation entre l’uricémie et la prise de vitamine C
Du fait des différences constatées sur les paramètres à l’inclusion (Tableau 1), l’analyse des effets de la prise de vitamine C sur le risque d’hyperuricémie a été réalisée séparément chez les hommes et les femmes. L’analyse a été réalisée après ajustement aux différents paramètres (Tableau 3). Le risque d’hyperuricémie chez les participants était réduit avec l’augmentation de la prise totale et alimentaire de vitamine C (respectivement p pour la
Nous avons mené une analyse de régression afin d’identifier la relation entre l’uricémie et la prise de vitamine C (Tableau 4). Chez l’ensemble des participants, la prise globale de vitamine C était négativement associée à l’uricémie ( = –0,0001 ; p = 0,01), mais pas à la prise alimentaire de vitamine C ( = –0,0004 ; p = 0,10). L’uricémie n’était pas linéairement corrélée à la prise alimentaire ou totale de vitamine C chez les sujets de sexe masculin. La prise totale de vitamine C chez les femmes était négativement associée à l’uricémie ( = –0,0001 ; p = 0,01), mais pas à la prise alimentaire de vitamine C ( = –0,0001 ; p = 0,81). De plus, le taux d’uricémie n’était pas significativement différent entre les 5 catégories de prise de vitamine C totale et alimentaire chez les 2 sexes (Fig. 2). 4. Discussion
Fig. 1. Comparaison des apports alimentaires et totaux en vitamine C entre les sujets hyperuricémiques et non hyperuricémiques. A. Prise alimentaire de vitamine C. B. Prise totale de vitamine C. Les données sont exprimées en moyenne ± DS pour les variables continues. Les valeurs p sont calculées par un test t de Student pour les variables continues. Les données manquantes pour la prise totale de vitamine C sont exclues de l’analyse (n = 125). Abréviation : HU : hyperuricémie.
L’objectif principal de cette étude était d’identifier les effets de la vitamine C sur le risque d’hyperuricémie chez les hommes et les femmes appartenant à la cohorte communautaire coréenne multi-rurale. Le fait que la vitamine C réduise l’uricémie a été prouvée sur deux précédentes populations, la cohorte prospective HPFS [8] et une étude transversale [17]. Cependant, cet effet a été inconnu si l’on considérait les deux sexes à part. En utilisant la cohorte coréenne multi-rurale, qui est une étude de
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Tableau 3 OR (IC 95 %)a ajustés de l’hyperuricémie (uricémie > 7,0 mg/dL pour les hommes et > 6,0 mg/dL pour les femmes) selon les catégories de prise de vitamine C. Variables
Hommes (n = 3564)
Total des participants (n = 9400)
Apport alimentaire en vitamine C (mg/jour) 1,00 Q1 Q2 0,98 0,86 Q3 0,69 Q4 0,58 Q5 c < 0,001 p pour la tendance b Apport total en vitamine C (mg/jour) Q1 1,00 0,92 Q2 Q3 0,81 0,69 Q4 0,72 Q5 c p pour la tendance 0,003
Femmes (n = 5836)
(Référence) (0,79–1,22) (0,68–1,08) (0,53–0,89) (0,44–0,78)
1,00 0,94 0,92 0,77 0,54 0,002
(Référence) (0,70–1,27) (0,67–1,25) (0,55–1,08) (0,37–0,80)
1,00 1,01 0,80 0,61 0,68 0,02
(Référence) (0,72–1,41) (0,56–1,16) (0,40–0,92) (0,43–1,07)
(Référence) (0,74–1,15) (0,64–1,03) (0,53–0,89) (0,55–0,93)
1,00 0,86 0,83 0,74 0,73 0,06
(Référence) (0,64–1,16) (0,60–1,13) (0,53–1,04) (0,52–1,03)
1,00 0,98 0,82 0,64 0,73 0,04
(Référence) (0,70–1,38) (0,56–1,18) (0,43–0,97) (0,48–1,09)
OR : odds ratio ; IC : intervalle de confiance. a Modèle de régression logistique utilisé pour calculer les OR et les IC à 95 %, après ajustement à l’apport énergétique total, à l’âge, le tabagisme, l’alcoolisme, l’exercice physique, l’indice de masse corporelle, le taux de triglycérides, la glycémie, le traitement antihypertenseur, le débit de filtration glomérulaire, la consommation de fruits de mer, de produits laitiers, de café, de thé, de sodas, et/ou au sexe, et/ou à la supplémentation en vitamine C. b Les données manquantes ont été exclues des analyses (n = 125). c Test des rapports de vraisemblance pour les tendances.
Fig. 2. Comparaison des taux d’acide urique sérique selon les quintiles, selon la prise totale et alimentaire de vitamine C. A. Hommes, B. Femmes. Les données sont exprimées en moyennes des moindres-carrés (MC) ± intervalles de confiance à 95 % pour les variables continues. Les valeurs p sont calculées par une analyse de la covariance après ajustement à l’énergie totale, l’âge, le tabagisme, la consommation d’alcool, l’exercice régulier, l’indice de masse corporelle, les triglycérides, la glycémie à jeun, le traitement antihypertenseur, le taux de filtration glomérulaire, la consommation de viande, la consommation de fruits de mer, la consommation de produits laitiers, la consommation de café et de thé, la consommation de sodas et/ou le sexe, et/ou la supplémentation en vitamine C. Les données manquantes concernant l’apport en vitamine C ont été exclues de l’analyse (n = 125). Abréviation : US, acide urique sérique.
population, nous avons retrouvé que la prise alimentaire et totale de vitamine C avait entraîné une tendance significative à diminuer l’hyperuricémie chez les sujets de sexe féminin. Ces sujets de sexe masculin, il a été montré une association entre la réduction du risque d’hyperuricémie et la prise de vitamine C, mais pas sur la prise totale de vitamine C. De plus, une association inverse entre le taux d’acide urique et la prise de vitamine C a été observée chez les femmes après une analyse multivariée. Les données, provenant de la cohorte HPFS, avaient montré une association entre la prise de vitamine C et l’uricémie chez les sujets
de sexe masculin, et que les hommes avec les taux les plus élevés de vitamine C avaient les uricémies les plus basses [8]. De plus, certaines études cliniques et méta-analyses avaient montré que la vitamine C avait un effet réducteur de l’uricémie chez les sujets consommant entre < 90 mg/jour et ≥ 500 mg/jour de vitamine C [8], ce qui est en accord avec l’idée générale des autres essais cliniques utilisant une supplémentation en vitamine C de 500 mg/jour [11]. Dans notre étude, l’uricémie chez les participants avec une prise totale de vitamine C élevée (Q5 ≥ 152,8 mg/jour chez les hommes et ≥ 170,6 mg/jour pour les femmes) étaient 0,09 mg/dL plus basse chez les hommes et 0,11 mg/dL plus basse chez les femmes comparativement à ceux consommant le moins de vitamine C (Q1 < 43,8 mg/jour chez les hommes et < 41,2 mg/jour chez les femmes). Nous avons retrouvé une petite différence de 0,1 mg/dL dans les taux d’acide urique sériques correspondant à une différence d’environ 100 mg/jour de prise de vitamine C entre les groupes d’étude Q5 et Q1. Pour les participants consommant 500 mg/j de vitamine C quotidiennement, les taux d’acide urique pourraient diminuer d’au moins 0,5 mg. Cette estimation est en accord avec les données d’une précédente étude utilisant une supplémentation de 500 mg/jour de vitamine C [11]. Il est intéressant à noter que la prise totale de vitamine C dans notre population était significativement plus basse que celle des populations occidentales [8,18] du fait de la faible utilisation de suppléments en vitamine C dans notre cohorte. La prise moyenne de vitamine C chez les sujets de sexe masculin dans l’étude HPFS dépasse la prise totale de vitamine C dans notre étude car 50 % des hommes dans l’étude américaine prenaient plus de 250 mg/jour de supplémentation en vitamine C et avaient des apports alimentaires plus élevés [8]. Dans l’étude Nurses’ Health Study [18], la quantité totale calculée de prise de vitamine C chez les femmes
Tableau 4 Coefficients de régression linéairea entre l’uricémie et la prise de vitamine C. Hommes (n = 3564)
Femmes (n = 5836)
Variables
Total des participants (n = 9400) 
p

p

p
Apport alimentaire en vitamine C (mg/jour) Apport total en vitamine C (mg/jour)b
–0,0004 –0,0001
0,10 0,01
–0,0008 –0,0001
0,14 0,22
–0,0001 –0,0001
0,81 0,01
a Ajusté à l’apport énergétique total, l’âge, le tabagisme, l’alcoolisme, l’exercice régulier, l’indice de masse corporelle, le taux des triglycérides, la glycémie à jeun, le traitement antihypertenseur, le débit de filtration glomérulaire, la consommation de viandes, de fruits de mer, de produits laitiers, de café, de thé et de sodas, et/ou au sexe, et/ou à la supplémentation en vitamine C. b Les données manquantes ont été exclues des analyses (n = 125).
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américaines était plus élevée que celle de notre cohorte. Cependant, l’analyse alimentaire des 4073 participants dans l’étude National Health and Nutrition Examination Survey 2001–2002 avait montré des taux similaires d’apports en vitamine C [19]. Bien que les petites différences avec les autres études [8,18,19] soient impossible à évaluer, ces différences pourraient être en rapport avec des changements dans les paramètres alimentaires et le moment de réalisation de l’étude. Dans notre étude, la faible prise de vitamine C pourrait être en rapport avec la nature rurale de la population, car les habitants des zones rurales en Corée consomment moins de compléments alimentaires, tels que les vitamines et les minéraux. De plus, les caractéristiques de la supplémentation nutritionnelle dans la population générale pourrait être influencées par des différences entre les populations coréenne et américaine [8,18]. Les Coréens préfèrent utiliser des compléments micronutritionnels tels que les polyvitamines plutôt que les compléments mono-composés tels que la vitamine C et la vitamine D. L’hyperuricémie est généralement associée aux dépôts d’urates tels que dans la goutte ou dans la néphropathie urique [2] mais aussi à des affections sans dépôts d’urates telles que l’hypertension artérielle, la maladie rénale chronique, l’athérosclérose et le syndrome métabolique [20,21], bien qu’il existe toujours des débats concernant l’association avec ces affections. Récemment, l’importance clinique de l’association entre l’hyperuricémie et la goutte a été soulignée. Une relation entre les comorbidités et les taux sériques d’acide urique suggère que la diminution du taux d’acide urique pourrait constituer une stratégie pour réduire le risque de goutte. Une étude prospective avait rapporté que la consommation de vitamine C pouvait réduire le développement d’une goutte après analyse multivariée (risque relatif [RR] = 0,83 pour une prise totale de vitamine C entre 500 et 999 mg/jour ; RR = 0,66 pour une prise entre 1000 et 1499 mg/jour et RR = 0,55 pour une prise égale ou supérieure à 1500 mg/jour, comparativement à la prise < 250 mg/jour) [9]. Cependant, une étude contrôlée randomisée chez des patients goutteux recevant une dose modérée de vitamine C (500 mg par jour) n’avait pas montré d’effet hypouricémiant [12]. Dans notre étude, nous avons observé des tendances vers une réduction du risque d’hyperuricémie chez des sujets de sexe féminin (p pour la tendance = 0,02 pour la vitamine C alimentaire et p pour la tendance = 0,04 pour la vitamine C totale). Même si nous n’avons pas identifié de risque de développer une goutte, nos données indiquent un probable effet préventif de la vitamine C contre le développement d’une goutte. Contrairement aux précédentes études [8], notre étude a permis de montrer une tendance vers la diminution du risque de développer une hyperuricémie avec l’augmentation de la prise totale de vitamine C chez les sujets de sexe masculin, malgré l’absence de significativité statistique de nos résultats. La discordance dans l’association entre la prise de vitamine C et le risque d’hyperuricémie constaté entre les hommes et les femmes dans cette étude pourrait être en partie expliquée par une supplémentation en vitamine C plus faible chez les femmes. Cependant, ces résultats doivent être confirmés par d’autres études incluant des échantillons plus larges de la population. Le mécanisme hypouricémiant possible de la vitamine C n’a pas été clairement identifié. Certaines études cliniques chez les humains avaient observé une augmentation de l’excrétion d’acide urique dans les urines [4,5]. Un autre mécanisme possible serait la suppression de la synthèse d’acide urique par l’acide ascorbique [7]. Récemment, des études moléculaires et expérimentales avaient identifié des molécules de transport d’acide urique, telles que URAT1 et ABCG2 au niveau des cellules rénales épithéliales siégeant au tubule rénal proximal [1,22,23]. L’effet uricosurique de la vitamine C est probablement en rapport avec des interactions avec un transporteur d’urates, tel que URAT1. Une étude randomisée contrôlée versus placebo en simple insu chez des receveurs
de reins avait montré que la supplémentation antioxydante par de la vitamine C, la vitamine E et la -carotène pouvait améliorer la filtration glomérulaire ainsi que les chiffres de la créatinine sérique [24]. Huang et al. ont rapporté que la vitamine C augmentait le débit de filtration glomérulaire chez les personnes traitées par la vitamine C (500 mg/jour) comparativement au placebo [11]. Ils suggèrent que les effets antioxydants et osmotiques de la vitamine C augmentent le débit de filtration glomérulaire. Une étude utilisant des rats hyperuricémiques avait montré des effets délétères de l’acide urique sur les reins, incluant une hypertrophie rénale, une glomérulosclérose et une fibrose interstitielle [25]. De la même fac¸on, une supplémentation élevée en vitamine C a réduit le risque de maladie artérielle coronaire majeure [26]. Ces dommages rénaux ou vasculaires sont en partie en rapport avec le stress oxydatif et les modifications ischémiques [25,27]. Cette évidence supporte la possibilité d’une augmentation du débit de filtration glomérulaire par la supplémentation en vitamine C. Il est actuellement admis que l’hyperuricémie augmente le risque d’affections cardiovasculaires et rénales, en plus de la goutte [2,20,21]. Comme cela avait été précédemment démontré, l’impact de régimes alimentaires bénéfiques ou risqués sur l’uricémie est directement lié aux affections systémiques en rapport avec l’augmentation d’acide urique [3]. Des ajustements du régime alimentaire et du mode de vie sont requis afin de réduire le risque de maladies métaboliques et cardiovasculaires et de limiter la mortalité en rapport avec ces affections. Afin de réduire l’uricémie, des mesures, telles que l’exercice physique régulier, la consommation de produits avec une teneur faible en matière grasse, et la diminution de la consommation en alcool et en sodas sont nécessaires [3,28]. De plus, l’augmentation de la consommation de vitamine C pourrait constituer une stratégie bénéfique dans la réduction du risque d’hyperuricémie dans certaines situations cliniques, telles que les arthropathies métaboliques. Les forces de notre étude incluent : l’échantillon large, la considération de plusieurs variables diététiques confondantes incluant la viande, les fruits de mer et la caféine dans l’évaluation de l’effet de la prise de vitamine C sur l’uricémie. La cohorte coréenne communautaire multi-rurale est une cohorte prospective couvrant trois zones géographiques éparpillées dans le territoire coréen. Cependant, tous les participants résident dans des zones rurales. De ce fait, nous ne pouvons pas considérer cette cohorte comme étant représentative de l’ensemble de la population coréenne, car n’ayant pas inclus la population urbaine. Une autre limite de l’étude est que l’objectif était d’évaluer l’effet de la prise de vitamine C sur le taux d’acide urique, mais pas sur le risque de développer une goutte. La valeur de la signification clinique de la prise de vitamine C repose sur l’évaluation du risque de développer une goutte. Une étude prospective avec des données de suivi doit être menée afin d’identifier l’effet de la vitamine C sur le taux d’acide urique. Notre étude analyse l’association entre la prise de vitamine C et le taux d’acide urique et le risque d’hyperuricémie chez des hommes et des femmes provenant d’une cohorte asiatique. Nous avons retrouvé que la vitamine C pourrait contribuer, en partie, à la réduction du risque d’hyperuricémie dans cette population. Nos données fournissent des informations sur l’effet bénéfique de la vitamine C sur certains problèmes de santé. L’association entre la prise de vitamine C et le métabolisme de l’acide urique mérite d’être analysée dans des cohortes prospectives.
Contribution des auteurs Tous les auteurs étaient impliqués dans la rédaction de l’article ou dans sa révision critique pour son contenu intellectuel, et tous les auteurs avaient approuvé la version finale de la publication. Les Dr P S Park et S-K Kim avaient un accès complet aux données de
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l’étude et prennent la responsabilité pour l’intégrité et l’exactitude de l’analyse des données. Conception et design de l’étude : J Bae, P S Park, S-K Kim. Acquisition des données : J Bae, D H Shin, B-Y Chun, B Y Choi, M K Kim, M-H Shin, Y-H Lee, P S Park, S-K Kim. Analyse et interprétation des données : J Bae, D H Shin, B-Y Chun, B Y Choi, M K Kim, M-H Shin, Y-H Lee, P S Park, S-K Kim. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Remerciements Cette recherche a été subventionnée par un fond (2004E71004-00, 2005-E71011-00, 2006-E71009-00, 2007-E71002-00, 2008-E71004-00, et 2009-E71006-00) par les centres coréens de recherche pour le contrôle et la prévention des maladies. Annexe A. Matériel complémentaire Un matériel complémentaire (Tableau S1) accompagnant la version en ligne de cet article est disponible sur http://www. sciencedirect.com et http://dx.doi.org/10.1016/j.rhum.2014.10.002. Références [1] Riches PL, Wright AF, Ralston SH. Recent insights into the pathogenesis of hyperuricaemia and gout. Hum Mol Genet 2009;18:R177–84. [2] Choi HK, Mount DB, Reginato AM. Pathogenesis of gout. Ann Intern Med 2005;143:499–516. [3] Choi HK. A prescription for lifestyle change in patients with hyperuricemia and gout. Curr Opin Rheumatol 2010;22:165–72. [4] Stein HB, Hasan A, Fox IH. Ascorbic acid-induced uricosuria. A consequency of megavitamin therapy. Ann Intern Med 1976;84:385–8. [5] Berger L, Gerson CD, Yu TF. The effect of ascorbic acid on uric acid excretion with a commentary on the renal handling of ascorbic acid. Am J Med 1977;62:71–6. [6] Sutton JL, Basu TK, Dickerson JW. Effect of large doses of ascorbic acid in man on some nitrogenous components of urine. Hum Nutr Appl Nutr 1983;37:136–40. [7] Feigelson P. The inhibition of xanthine oxidase in vitro by trace amounts of l-ascorbic acid. J Biol Chem 1952;197:843–50. [8] Gao X, Curhan G, Forman JP, et al. Vitamin C intake and serum uric acid concentration in men. J Rheumatol 2008;35:1853–8. [9] Choi HK, Gao X, Curhan G. Vitamin C intake and the risk of gout in men: a prospective study. Arch Intern Med 2009;169:502–7.
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