ICARUS
19,
202-211
Les Anneaux metrique.
(1973)
de Saturne I. Obtention
en 1969. Etude et DBpouillement
Morphologique et des Photographies
Photo-
P. GU&RIN Institut
Received
CAstrophysique, September
98 his, 7, 1972;
Bd Arago, revised
January
75016Paris 20, 1973
D’excellentes photographies de Satnme en lumi&re jaune et violette ont 6th prise en 1969 au moyen du t6lescope de 105cm de l’observatoire du Pie du Midi. Elles ont r&616 l’existence d’un quatrieme anneau, t&s peu lumineux, int&ieur iL l’anneau C. Des enregistrements microphotom&riques suivant le grand-axe des anneaux ont fourni, apr& rgduction, les courbes photom&riques des anneaux dans les deux couleurs pr6cit6es. Ces deux courbes sont t&s voisines, elles infirment certains d&ails antbrieurement dessin&, et en r&&lent de nouveaux. Some excellent photographs of Saturn in yellow and violet light have been taken in 1969 with the 105cm reflecting telescope of the Pit du Midi Observatory. They revealed the existence, inside the C-ring, of an extremely faint, fourth Ring. The reduction of microphotometric tracings along the great-axis of the Rings, have given the photometric curves of the rings in the two colours above. These two curves are very similar. They do not agree with some of the details drawn before and show some new ones.
11 est nkessaire de connaitre exactement la courbe photomktrique des anneaux de Saturne le long d’un diamittre (le grandla position et axe), et en ,particulier l’amplitude des accidents de cette courbe (liks directement B la densite de la mat&e dans les anneaux), pour tester les theories en compkition sur le mode de formation et la figure d’kquilibre actuelle des anneaux. Jusqu’B ce jour, le principal document dont disposaient les thkoriciens Btait la courbe publike par A. Dollfus (1970), dont le canevas a BtB Btabli de faqon impersonelle, & partir de mesures du diamktre angulaire des anneaux faites par cet auteur au moyen d’un micromktre & double image, et & partir de mesures photomktriques faites sur les photographies de H. Camichel. Cependant, les petits d&ails de cette courbe (fines divisions observ&es visuellement) ont 6th rapport&s aprks coup sur le canevas, ce qui introduit n&cessairement un &ment subjectif et non chiffrk dans le trac8. 11 nous est apparu qu’une courbe Copyright 0 1973 by Academic Press, Inc. All rights of reproduction in any form reserved.
202
photom&rique obtenue exclusivement & partir de documents photographiques de t&s haute qualitk (les mesures au microphotomktre & double image cit&es plus haut fixant 1’6chelle) permettrait de mieux dkfinir I’existence, la position et l’amplitude des accidents photom&riques des anneaux de Saturne, constituant ainsi une base meilleure pour les Etudes thkoriques.
CONDITIONS
OPERATOIRES
L’obtention de photographies plan& taires & haute r&solution au moyen d’un tklescope de bonne qualitk optique exige que soient remplies deux conditions : (1”) La turbulence atmosphkique doit, &re trtk faible ; (2’) Le rapport de la longueur focale P B l’ouverture D du tklescope (rapporb d’ouverture) doit btre suffisamment grand pour que les fluctuations de densite photographique dues B la granulation ne limitent pas le pouvoir skparateur impose par l’ensemble atmosphkre-
LES
ANNEAUX
telescope, sur des taches de faible contraste comme celles des plan&es. Un raisonnement approche permet de fixer l’ordre de grandeur du rapport F/D requis. En effet, la limite de resolution dune couche photographique don&e (mesuree sur des images de densite id&ale, voisine de celle du bas de la partie rectiligne de la classique courbe de noircissement), varie a peu pres en raison inverse du contraste relatif des traits de la mire utiliske pour les mesures. Par exemple, un bon film panchromatique courant de haute sensibilite (400 ASA) peut s&parer 80 traits/mm sur une mire noir et blanc de contraste unite, ce qui correspond & une limite de resolution photographique R, de 12.5~; cette limite de resolution R, passe a 75~ si le contraste relatif des traits de la mire s’abaisse a 0.2 (qui est le contraste moyen des bandes de Jupiter et de Saturne). La condition (2”) ne peut done ktre satisfaite avec un tel film que si la limite de resolution propre R, de l’image telescopique excede nettement 75~ (par un facteur au moins Bgal & 2). Dans le cas d’images telescopiques parfaites (tache d’iliry theorique), on a, en lumiere jaune : R, = 1.22,3;
= 0.67;
(en microns),
ce qui conduit a F/D > 220. Le compositage de n negatifs identiques diminue, comme l’on sait, les fluctuations dues a la granulation-et par suite la limite de resolution photographique aux faibles contrastes-par un facteur d/n, ramenant a F/D > 110 (sin = 4) ou F/D 2 80 (si n = 8) le rapport d’ouverture requis avec un film de 400 ASA. En pratique, un rapport F/D de 150 au moins, est necessaire, si l’on veut veritablement profiter de tout le pouvoir separateur du telescope. Malheureusement, la faible luminance de Saturne imposerait, dans ces conditions, que le temps de pose avec filtre color6 a large bande (filtres Wratten) soit port6 a plusieurs secondes, ce qui risquerait d’etre prejudiciable, le plus souvent, It la nettete de l’image photographique, en
DE
SATURNE
I
203
raison des inevitables defauts residuels d’entrainement du telescope, et surtout des defauts produits par des renforcements passagers de la turbulence, qui n’est jamais tout a fait nulle ni constante. L’experience nous a montre qu’au Pit du Midi, lorsque les conditions d’observation sont tres bonnes, le temps de pose optimal sur les planetes est voisin de 1 s, ce qui pour Saturne, limite & F/D = 60 environ, le rapport d’ouverture avec un film de 400ASA associe a un filtre jaune leger. Le pouvoir separateur que l’on peut alors escompter par turbulence nulle avec un telescope de lm d’ouverture optiquement parfait ne d&passe pas, apres compositage, 0.25” sur des taches planetaires de contraste 0.2. C’est celui d’un telescope de 50 cm d’ouverture. L’emploi de films a grain fin permettrait de raccourcir la longueur focale en conservant la m&me resolution, mais sans pour autant gagner sur le temps de pose, en raison de la faible sensibilite de ces films. L’auteur a prefer6 utiliser des films commerciaux panchromatiques de haute sensibilite, dont le facteur de contraste est plus faible que celui des films lents a grain fin, et dont le pied de la courbe de noircissement s’etend trits loin vers les faibles luminations : ces proprietes ieur permettent d’enregistrer correctementen une seule pose, de grands &arts de luminance comme il en existe entre les differents anneaux de Saturne. Les plaques dites a usage scientifique (plaques “spectrosouvent utilides pour la scopiques”), photographie des plan&es, ont generalement un facteur de contraste excessif qui les rend inaptes a enregistrer l’anneau C de Saturne sans surexposition des anneaux A et B, et du disque, rendant difficiles et imprecises les mesures photometriques. Nous avons port6 notre choix sur les films 35mm perfores ci-apres, dont la regularit photometrique (uniformit du voile de fond) est excellente, et la granulation non excessive, surtout pour le premier : T&X Kodak 400 ASA (fabrication francaise), utilise avec filtre jaune litger Wratten 9 (longueur d’onde efficace:
58OOif);
GUkRIN
204
Agfapan 1000 ‘professional” 1000 ASA, utilise avec filtre violet Wratten 34. (La queue de transmission de ce filtre dans le rouge extreme n’impressionne pas les films panchromatiques courants). Nos conditions suivantes :
operatoires
etaient
les
Instrument: Telescope de 105 cm du Pie du Midi, foyer Cassegrain de 17m ; Longueur focale port&e a environ 6Om (45m exceptionnellement) par adjonction d’une lentille de Barlow achromatique ; Temps de pose : 1 s ; revelateur Kodak Dlveloppement : D 19b, duree 6mn & 2O”C, avec agitation permanente destinee a reduire au maximum l’influence des produits uses (effet Eberhard).
Au tours de quatre nuits, les 16, 26, 27 et 28 octobre 1969, l’auteur a pris ainsi environ 200 photographies de Saturne a l’opposition. Sur ces images negatives, le grand-axe de I’anneau exterieur mesure environ 14mm. La region la plus brillante de l’anneau B a une densite qui, sur les images prises en lumiere jaune, n’excede pas 1.1, tandis que l’anneau C est tout entier enregistre nettement au-dessus du seuil de sensibilite, entre les densite 0.05 et 0.60. Les negatifs pris en lumiere violette sont de densite comparable pour l’anneau C, et de densite plus faible qu’en lumiere jaune pour les anneaux A et B, en raison du faible facteur de contraste de Z’Agfapan 1000. Ces densites se pretent toutes & une photometric correcte. C’est pendant la nuit du 27 au 28 octobre, et surtout pendant celle du 28 au 29, que les images furent les plus belles, atteignant par instant & une t&s grande stabilite. Au tours de cette derniere nuit, l’auteur a pris Bgalement une courte serie d’images en jaune sur film & grain fin Pan-F Ilford 50 ASA, avec le meme foyer de 6Om. Les negatifs obtenus ont une granulation plus faible que celle des negatifs pris sur Tri-X avec une pose de Is, mais ils ne sont pas plus nets, dans l’ensemble, en raison de la longueur du temps de pose qui atteignait 4s, et ils ne
montrent pratiquement pas trace de l’anneau C, par suite d’une legere sous-exposition. ASPECT
DES ANNEAUX PHOTOGRAPHIES
SUR LES
Les meilleurs negatifs de chaque film (l/5 a l/S du nombre total d’images) ont et& composites par agrandissement sur plan-film Kodelio. Ce compositage a fourni des positifs sur lesquels la granulation apparente est fortement attenuee, et la limite de resolution aux faibles contrastes amelioree, sans pour autant perdre en nettete sur les details de fort contraste (division de Cassini) comme ce serait le cas si la superposition Btait legerement imparfaite. Les meilleurs composites sont ceux de la nuit du 28 au 29 octobre: leur pouvoir separateur moyen, estime a l’oeil par examen devant une visionneuse, est de l’ordre de 0.3”, ce qui correspond a la resolution theorique d’un telescope de 4Ocm d’ouverture. Une telle estimation est necessairement subjective, en ce qu’elle fait appel & l’experience de l’observateur en matiere d’images planetaires, et ne resulte pas de mesures. Elle traduit bien, cependant, l’impression de grande finesse que l’on Bprouve en examinant ces positifs composites, et s’accorde tout a fait avec l’extreme stabilite des images telescopiques observees par instants au tours de cette mGme nuit : la resolution photographique &ant alors limitee plutot par les performances propres de l’ensemble telescopeemulsion, que par la turbulence. Les details essentiels des anneaux, rev&s par ces images composites, sont les suivants : Anneau A. La zone exterieure assombrie de cet anneau laisse suspecter deux minima relatifs d’intensite, assimilables a des divisions peu profondes. Division de Cassini. Le fond n’en est pas noir et excede de tres loin le niveau du fond du Gel, m&me aux extremites du grand-axe ou la largeur apparente de la division n’est pas reduite par l’inclinaison.
-l&S--
___-- -‘-_ DE SATURNE I
ANNJCAUX
Cet itclairement relativement intense du fond de la division de Cassini semble, & premiere vue, irreductible au seul Btalement des images telescopiques et a l’irradiation photographique, en raison de la largeur de la division sur les negatifs originaux (plus de 2/1O de mm), et de la nettete de ses bords. Anneau B. Un premier minimum relatif d’intensite, assimilable a un changement de pente du profil photometrique, debute & I/3 environ de la largeur de I’anneau en partant de la division de Cassini, suivi par une seconde chute plus brutale de l’intensite, qui debute vers le tiers suivant. Aucune division sombre, mGme peu profonde, separant l’anneau B de l’anneau C (division de Lyot), n’est visible, en d&pit de l’exposition suffisante des cliches dans cette region de l’image. Anneau C. La luminance de cet anneau decroit regulierement jusqu’a son bord interne, oh elle est encore perceptible. Le meilleur composite en lumiere jaune revele, pour la premiere fois, l’existence d’une fine division brillante, au tiers environ de la largeur de l’anneau C & partir de sa ligne de separation d’avec l’anneau B. DI~COUVERTE
DU Ce ANNEAU
On observe, sur tous les negatifs originaux correctement exposes, pris tant en lumiere jaune qu’en lumiere violette, deux petites zones faiblement noircies, en forme de croissant, au voisinage immediat des bords equatoriaux oriental et occidental du globe, ces zones &ant &par&es du bord interieur de l’anneau C par une division obscure (transparente sur les negatifs). L’interpretation de ces details apparait clairement lorsqu’on examine les agrandissements composites, 11 existe effectivement une division obscure en bordure de la limite interieure de I’anneau C, qui mesure moins de 1 Hde la,rge et obeit, comme la division de Cassini, aux lois de la perspective. Au-dela de cette division commence un QuatriBme anneau, qui semble s’etendre jusqu’au globe h&m&me, en diminuant progressivement d’eclat. La luminance en tous les points de ce quatrieme anneau, que nous avons appele
205
l’anneau D’, apparait inferieure & celle de la region la moins brillante de l’anneau C. Ce fait explique l’absence de l’anneau D sur les photographies anterieures, qui montrent en general l’anneau C plus ou moins sous-expos6.2 D’excellentes photographies de Saturne ont 6th obtenues aux Etats-Unis a la mGme Bpoque que les notres, au moyen du telescope de 60cm d’ouverture du New Mexico State Observatory (Las Cruces). Sur les negatifs les plus exposes, on voit, comme sur nos propres cliches, l’anneau D et la division obscure qui le &pare de l’anneau C. Toutefois, ces details ne furent reconnus et identifies sur les plaques prises a Las Cruces, par le Dr Bradford Smith, que plusieurs mois apres l’annonce de notre decouverte. 11 apparait que l’anneau D ne peut &re mis en evidence photographiquement que par tri?s belles images telescopiques, dans un instrument puissant. La moindre turbulence suffit a rendre invisible la division separant l’anneau C de l’anneau D (par Btalement de la lumiere en provenance de ces anneaux), et il devient alors impossible de discerner l’anneau D en tant que tel, bien que sa faible lumiere Btalee puisse encore impressionner la couche sensible et fournir une densite excedant legerement celle des regions non impressionnees, comme s’il s’agissait d’une prolongation de l’anneau C au-de18 de sa limite l Cettc denomination est logique, car elle respecte l’ordre de succession des anneaux a mesure que la distance au centre de Saturne decroit. 2 11 a 6% signal6 (Sky & Telescope, janv. 1971, p. 17) que l’anneau .D Btait visible sur uric photographie en couleurs prise il y a plusieurs annees au telescope de 1.52m du Mont Wilson. Cette photographie est commercialisde en diapositives 24 x 36 (reference S-42). Apres examen de l’une de ces diapositives, nous avons pu conclure A l’invisibilite de l’anneau D et & la totale sous-exposition du dernier tiers (interieur) de l’anneau C. A l’emplacement de ce dernier tiers, on croit voir, par effet de contrasto, une division sombre illusoire dont la distance & Saturne excede celle do la veritable division separant les anneaux C et D. L’examen du document original serait toutefois necessaire pour conclure.
206
GUhRIN
classique. Une telle prolongation avait et& soupqonnee en 1962 par Wlerick et al, d’apres l’etude d’une photographie prise au refracto-reflecteur de 60cm d’ouverture du Pit du Midi au moyen dune camera electronique. Lors des oppositions de 1970 et 1971, l’auteur n’a pu beneficier, au Pie du Midi, d’images assez parfaites pour photographier A nouveau l’anneau D, mais cet anneau apparait distinctement sur de r¢s cliches (en noir et blanc, et en couleurs) obtenus par t&s belles images en ce mGme observatoire le 11 decembre 1972, au moyen du telescope de 105cm. ETUDE
DES N~GATIFS
PHOTOMI$TRIQUE
Chacun des films T&X ou Agfapan 1000 (en bandes de 36 poses) comporte, & l’une de ses extr&mitks, une serie de plages d’etalonnage, obtenues en photographiant un echelon photometrique avec le msme temps de pose (Is), et dans le
2.0 LOG E
-
TRI-X
(JAUNEI
*---
AGFAPAN IOOC (VIOLET)
FIG. 1. Courbes d’htalonnage photographique des flms 35mm T&-X Kodak et Agfapan 1000 Agfa utilis& pour les photographies de Saturne dans le jaune et dans le violet. La reprksentation adopthe, en log (A -- l), permet une extrapolation lineaire pr&ise jusqu’aux t&s faibles noircissements.
msme domaine spectral, que ceux des photographies de Saturne prises sur la mbme bande. L’echelon a &it calibre au laboratoire a 2 ou 3% p&s. Notons que chaque film ne fut developpe que 12 heures environ apres la derniere exposition, de fagon que toutes les images latentes qu’il contenait soient Bgalement renforcees par murissement. (Ce renforcement est surtout rapide dans les premieres heures qui suivent les prises de vues.) (1) Les Enregistrements Microphotomttriques Les meilleurs negatifs de Saturne, choisis parmi ceux de la nuit du 28 a 29u octobre, furent passes au microphotometre, les balayages s’effectuant selon le grand-axe des anneaux (coupes Est-Ouest). Nous avons utilise pour ces balayages une fente de hauteur 120~ et de largeur 20~ (soit 0.36” et 0.06” sur le ciel). (La m&me fente a Bvidemment servi pour les enregistrements des plages d’etalonnage, en vue du trace des courbes de noircissement photographique.) Les dimensions choisies pour la fente constituent un compromis: la hauteur, qui excitde de peu la limite de resolution moyenne des negatifs, est aussi grande que possible eu Bgard & la courbure de l’image dans le sens perpendiculaire au balayage (arrondi de l’anneau) ; la largeur, &gale a la moitie de la limite de resolution theorique du telescope (0.13”), est suffisamment Btroite pour ne pas faire perdre d’informations. 11 convient de remarquer que, dans les regions t&s peu contrast&es de l’image, les irregularit& de la granulation introduisent une forte indetermination sur le trace moyen obtenu par “lissage” a travers les identations dues au grain, ce phenomene ne faisant que traduire de faqon concrete la perte de resolution photographique aux faibles contrastes d&j& signal&e au debut de cet article. Pour reduire cette indeterminationet uniformiser, autant que faire se peut, la resolution en tous les points de nos enregistrements, nous avons “composite” ceux-ci par superposition photographique de plusieurs enregistrements d’une m&me serie, selection&s parmi les meilleurs,
LES
ANNEAUX
DE
SATURNE
207
I
L
21 DISTANCE A” CENTRE D” DISQUE EN SECONDES D’ARC A 3533
2. Courbe photom6trique brute des d’aprhs quake coupes microphotomktriques
FIG.
axe,
anneaux
pour lesquels les deviations par rapport au voile de fond sont les m&mes (noircissements identiques des negatifs). Des coupes Est et Ouest des anneaux ont et6 utilisees en nombre egal, de fapon & Bliminer une Bventuelle dissymetrie due a une turbulence localisee sur une partie de l’image. A l’inverse de ce qui se passe dans le cas d’un compositage de photographies, l’amplitude des fluctuations n’est pas diminuee par la superposition de plusieurs enregistrements, mais ces fluctuations sont uniformisees par resserrement du ‘rpas” moyen des identations dues au grain, ce qui permet un lissage plus precis du
de Saturne composit6es.
U.A
en lumiitre
jaune,
suivant
le grand-
trace obtenu, et par suite un gain en r&solution dans les regions peu contrast&es de l’image. Quatre images en lumiere jaune et quatre images en lumiere violette ont ainsi fourni deux enregistrements composites & partir desquels le depouillement photometrique a et& opere, dans ces deux couleurs. Comme il fallait s’y attendre, nous avons constate, en realisant ces compositages, de legeres differences entre les enregistrements que l’on superpose. Dans les regions de forte pente du trace (contraste eleve des details enregistres), oh les fluctuations dues aux irregularit& de la granulation
28 10 1969 VIOLET
DISTANCE AU CENTRE DU DlSOdF t”: SECONDES D’ARC A 9.533
3. Courbe photom6trique brute des anneaux de Saturne d’ap&s quatre coupes microphotomktriques composit6es.
FIG.
axe,
en lumi&re
U.A.
violette,
suivant
le grand-
208
Frc. seconde,
GUI5 RIN
1.
Saturne thlescope
le 28 octobre de 105cm du
1969, filtre jaune, Pit du Midi). Le
composite 8 images (Tri-X, tirage le plus clair montre
foyer 60m, poses 1 les anneaux C et II).
LES
ANNEAUX
sont petites par rapport aux variations de luminance de l’objet photograph& les differences constatees doivent etre attribuees surtout a des deformations produites par une turbulence localisee sur ces parties de l’image. Dans les regions de faible pente, en revanche (faible contraste), elles sont dues aux irregularites de la granulation. Le eompositage des enregistrements a done pour effet d’uniformiser la &solution: il augmente le pouvoir separateur dans les regions peu contrastees (en diminuant l’indetermination sur le trace moyen, due au grain), et il le reduit dans les regions t&s contrast&es (en prenant la moyenne des profils non deform& par la turbulence, avec ces m&mes profils plus ou moins &ales sur d’autres enregistrements). Ce resultat est important: il laisse prevoir, en effet, que l’on pourra definir un profil d’etalement qui soit sensiblement Ie m&me en chaque point de la courbe photometrique tiree d’un enregistrement composite, ce qui permettra d’operer une d&convolution sur cette courbe en vue de la restitution des fins details (sauf toutefois aux t&s faibles densites photographiques, oix le seuil de sensibilite intervient pour fausser les resultats, et oh le bruit reste de toute faqon considerable).
5. Agrandissement nt (qui apparait
&g&if ici en clair).
montrant
les
DE
SATURNE
209
I
(2) Le Tract? des Courbes de Noircissement Photographique De nombreux details importants parmi ceux que contiennent nos photographies de Saturne, se situent dans la zone des faibles densites (regions internes de l’anneau C, anneau D). 11 etait done essentiel de tracer avec le maximum de precision les courbes de noircissement dans cette zone, &ant bien entendu que l’amplitude du bruit de fond pres du seuil laissera toujours subsister une certaine indetermination. Nous n’avons pas utilise la representation classique : D = 1ogA =f(logI), dans laquelle D est la densite photographique, A l’opacite (mesurees par rapport au voile de fond), et I l’intensite ayant impressionne la couche sensible. En effet, cette representation n’est pas lineaire (sauf, en premiere approximation, dans la region dite d’exposition normale). Elle prbente une courbure p&s du seuil, et cette courbure est ma1 definie en raison de la dispersion des mesures dans la zone des t&s faibles densites. Le trace des courbes de noircissement, et les mesures faites ulterieurement sur ces
anneaux
C et
D, ainsi
que
la division
obscure
les
210
CdRIN
courbes, sont comme l’on sait grandement facilites si l’on adopte la representation: log@ -
1)
=f(logl),
qui est toujours lindaaire depuis le seuil jusqu’a une densite au moins &gale a 0.6. Cette linearit permet d’extrapoler sans ambiguitk la droite obtenue dans les
FIG.
poses
6. Saturne 1 seconde,
regions de densite moyenne, oix les mesures sont precises, jusqu’aux densites les plus faibles, oh les points sont disperses. 11 convient de remarquer que les films panchromatiques “rapides” du commerce possedent generalement deux emulsions superposees, et par suite fournissent une courbe de noircissement D =f(logl) sur
le 28 octobre 1969, filtre violet, composite 8 images thlescope de 10&m du Pit du Midi). Le tirage clair
(Agfapan montre les
1000, foyer 60m, anneaux C et D.
211
LESANNEAUXDESATURNEI
laquelle on observe deux “parties rectiligde pente vers la net?‘, avec changement densitk 0.7. La partie rectiligne infkrieure est courte et sa pente est relativement Ale&e. Au-dessus de la densite 0.7, la pente devient plus faible. Cette incurvation de la courbe s’observe Bgalement avec la repr&entation en log(A - l), puisqu’aux fortes densites, les deux rep&sentations sont Bquivalentes. Sur le film Tri-X dkveloppk au D 19b, la reprksentation en log(A - 1) est lineaire depuis le seuil (log(A - 1) = -m) jusqu’& log@ 1) = 0.6 environ. (Les films & une seule Bmulsion fournissent une reprksentation IinQaire beaucoup plus &endue vers les fortes densit&). La Fig. 1 montre les courbes de noircissement du film T&X et du film Agfupun 1000, que nous avons trackes & partir des enregistrements microphotom&riques des plages d’ktalonnage. Comme on le voit, la dispersion des points expkrimentaux est t&s faible et ces courbes sont dkfinies sans ambiguite jusqu’aux densitks mesurables les plus basses. (3) Les Courbes Photome’triques Brutes des Anneaux en Jaune et en Violet Chacun des deux enregistrements composites obtenus comme il a BtB dit plus haut en jaune (T&X) et en violet (Agjupan 1000) a, tout d’abord, BtB lissk & la main, & travers les identations du grain, pour obtenir un trace “moyen”. Les mesures ont ensuite port&, de point en point, & intervalles t&s rapprochks, sur ces tracks moyens. Elles ont fourni les courbes photomktriques brutes des anneaux par rkfkrence aux courbes de noircissement correspondantes rep&sent&es Fig. 1. Ces courbes photomktriques brutes ont BtB lisskes enfin, par traitement sur ordinateur en utilisant la m&hode de la moyenne glissante, afin de diminuer les fluctuations rksiduelles inhkrentes au track manuel. Les Figs. 2 et 3 montrent les rksultats obtenus. En ordonnke a &8 port&e la luminance, dans une Bchelle arbitraire. En les distances abscisses, sont indiqukes angulaires au centre du disque de Saturne,
mesurees en secondes d’art, la distance de Saturne 8. la Terre ayant BtB ramenke & la valeur standard de 9.539U.A. (cette distance Btait de 8.2385U.A. au moment des observations). Le milieu de la division de Cassini (situ6 & 17.25” du centre de Saturne selon les mesures de Dollfus (1970) au micromBtre & double image) a servi B. fixer 1’6chelle. Deux remarques peuvent i%re faites : (1") On constate une grande similitude entre les courbes en lumiere jaune et en lumiere violette, qui sont pratiquement superposables & I’exception de I’anneau D (apparemment plus intense en violet qu’en jaune). Les intensitks relatives des anneaux A, B et C sont les memes dans l’intervalle spectral 4200-58008, autrement dit le facteur de diffusion de ces trois anneaux varie selon la m&me loi en fonction de la longueur d’onde dans cet intervalle. Ce fait plaide en faveur d’une identitk de la nature des particules qui constituent ces anneaux. On observe toutefois de l&g&es diff&ences entre les profils: outre I’intensit& plus grande de l’anneau D en lumiere violette, on notera que le profil de chacun des bords de la division de Cassini pr&ente dans le violet, un brusque changement de pente vers la mi-hauteur, qui n’est pas visible sur le profil en lumiere jaine; (2’) Tous les d&tail r&&s dans les anneaux par les photographies composites se retrouvent sur les courbes photomktriques.
Ajoutons enfin que la luminance de l’anneau D en lumi&re jaune atteint au plus l/20 de celle de la partie la plus brillante de l’anneau B.
BIBLIOGRAPHIE DOLLFUS, A. (1970). New optical measurements of the diameters of Jupiter, Saturn, Uranns and Neptune. Icarus 12, 101-117, Fig. 3. BELLIEE, M., DUPRJ?, M.-P., WLI?RICK, G., R&cH, J., ET ARSAC, J. (1962). Photom&rie de Jupiter et de Saturne & partir de cliches obtenus avec la, camera dlectronique. Coil. Libge 24, 522-534, Fig, 7.