Les bonnes pratiques sont un moyen pour prévenir la fraude en recherche clinique

Les bonnes pratiques sont un moyen pour prévenir la fraude en recherche clinique

Re, Med lnterne 19Y6;17:846-851 0 Elsevier. Paris IdCes et dCbats Les bonnes pratiques sont un moyen pour prkvenir en recherche clinique la fraud...

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Re, Med lnterne

19Y6;17:846-851 0 Elsevier. Paris

IdCes et dCbats

Les bonnes pratiques

sont un moyen pour prkvenir en recherche clinique

la fraude

H Maisonneuve* 159, rue Nationale,

75640 Paris cede-x 13. France

(Re~u le 2 avril I996 : accepte le I2 juin 1996)

R&urn6 - Le but de cet article est d’exposer des opinions illustrees par dea cas de la litterature. La fraude scientifique existe. Parfois mise en evidence dans des pays anglo-saxons. elle semble inconnue dam d’autres parties du monde. Depuis 1974.72 cas de fraude certaine ou avec une suspicion forte ont CtC decrits : un cas en Suisse, un au Canada, quatre en Australie, 14 en Grande-Bretdgne, 52 aux ktats-Unis. En recherche clinique, des cas de fraude seraient rencontres dana 2 h 5 5% dcs etudes. Les notions de mauvaise foi, de tromperie sont tvidentes. La fraude est un acte volontaire. DCpister la fraude n’est ni le role des experts d’un comite de lecture, ni celui d’un lecteur de revue scientifique. Les experts et lecteurs ont un prejuge sur la bonne foi des expkrimentateurs et auteurs. Une commission amtricaine a propose les termes
scientifique

/ malveillance

/ recherche

clinique

/ bonnes

pratiques

Summary-Good practices can prevent fraud in clinical research. The aim of this article is to present the,findings concerning scient@cfraud that have appeared in case reports. Deliberate scientific fraud does exist. Thefact that most ofthe documented cases have occured in Anglo-Saxon countries seems to indicate, not that Anglo-Saxons are more prone to scientific fraud, but rather that they have been more successful in bringing it to light. Since 1974. 72 cases have been reported in which there was either conclusive evidence or else a strong presumption of.fraud: one case in Switzerland, one in Canada, four in Australia, 14 in Great Britain and 52 in the United States. Fraud is estimated to abject 2-5Yc of clinical research trials. Referees and readers do not set out to track ,fraud. The American Commission has proposed the terms ” misappropriation, inteflerence. misrepresentation ” to define fraud Voluntary fraud is hidden and its detection delayed. In well- known cases. more than 5 years elapsed before the information reached the scientific community. Whistle blowers must sustain a determined effort to denounce,fraud over a period of 1-3 years if they are to trigger an investigation. Some whistle blowers have themselves been accused offraud because their claims proved so embarrassing. Fraud can lead to severe accidents and generate expenditure that those responsible, or the institutions they work for, will never pay back Frauders are usuallyv motivated by the desire for material gain or the desire to become well-known. The motivating factor may be personal enrichment, or a needfor,finds for a not-for-pro@ association. People found guilty offaud always have good excuses. Some simply do not realize what theyhavedone. Aknowledge~freseurchmethodolo~andcriticalappraisalmethodrcan help topreventfraud. Goodclinical, laboratory andmanufactuting practice can help to prevent misconduct and trickery. Audits and inspections are another essential means of combatting fraud. scientific

fraud

/ misconduct/clinical

research

I good practices

La fraude scientifique existe. Parfois mise en evidence dans des pays anglo-Saxons, elle semble inconnue dans

*PrCsident

de I’European

Association

of Science Editors.

d’autres parties du monde. Les anglo-Saxons prennent en charge la fraude, tandis que le reste du monde aurait peur du scandal?. Les cas de fraude ont pour la plupart tte d&its aux Etats-Unis, en Europe du Nord, en AUStralie. Quels sont les moyens de prevention ?

La fraude

DES EXEMPLES

en recherche

DE FRAUDE

Stephen Lock. redacteur du British Me&d Journal de 1975 a 1991, a essay6 de lister les cas de fraude qu’il connaissait [ 11. En considerant les cas posterieurs a I’annee 1974, il a identifie 72 cas de fraude certaine ou avec une suspicion forte : un cas en Suisse, un au Canada. quatre en Australie, 14 en Grande-Bretagne, 52 aux BtatsUnis. II n’a cite aucun cas en Europe du Sud, pourquoi ? Les cas de fraude sont nombreux et tres document& dans la litterature biomedicale. Le cas de John Darsee [2], cardiologue ayant travail16 a I’universite d’tiarvard (Boston) et d’Emory (Atlanta) est l’un des plus connus. II a donne lieu a de nombreuses discussions sur les auteurs qui inconsciemment pi-&tent leur nom pour des publications. Darsee a publie plus de 100 articles dans des journaux prestigieux, avec des coauteurs distingut%. La plupart des donnees etaient inventees ou arrangees. Darsee, qui informait ces coauteurs seulement apres acceptation des articles par un journal, a toujours explique qu’ils n’avaient jamais demand6 d’avoir acds aux don&es contenues dans les articles. Trop contents d’avoir leur nom sur un article accept6 par un journal prestigieux, ces coauteurs signaient l’article. La presence de ces noms connus avait facilite l’acceptation de l-article. De tres nombreux travaux ont pris comme hypothese exp&imentale des articles de Dar-see et des resultats contradictoires ont fait reflechir, a tort, des equipes de recherche. Cet impact est ma1 connu, mais stirement tres dommageable pour la science. Le cas Robert Slutsky, residant en radiologie-cardiologie a San Diego, a donne lieu a une investigation approfondie. Entre 1978 et 1985, il a CtC I’auteur ou le coauteur de 137 articles [3]. Pendant une periode, il publiait un article tous les 10 jours. Un comite d’investigation a class& ses articles en valides (77 articles), douteux (48 articles), ou frauduleux (12 articles) et tout a CtC publie [3]. Certains de ces articles ont CtC officiellement retract& par les joumaux qui les avaient publies. Parmi les 12 articles frauduleux et les 4X douteux, 15 (trois frauduleux et 12 douteux) ont et& retract& par l’avocat de Slutsky [4]. Les 30 joumaux qui ont publie les 137 articles ont CtC inform& par la commission d’enquete. Dix-huit journaux ont inform6 leurs lecteurs, et ceci concemait 64 des 137 articles. Ces notifications ne sont pas facilement accessibles, car imprimees dans des endroits ma1 places darts ces joumaux. Pour les autres articles ou joumaux, les lecteurs n’ont eu aucune information. Les scientifiques ont magi en citant moins souvent les travaux de Slutsky [5]. Ceci a ete demontre lors d’une etude comparant les articles de Slutsky a un echantillon d’articles d’autres auteurs. Trois rapports ont modifit le comportement des autres

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clinique

scientifiques : d’abord un article dans le Los Angeles Times. ensuite le rapport de l’universite de Califomie et l’article du New England Journal qf Medicine [3]. Ces comportements n’ont semble-t-i1 pas Ctt modifies par les notifications de la fraude pour chaque article dans les joumaux ayant initialement publie ces articles. Le cas de Malcolm Pearce a Cte divulgue en GrandeBretagne en 199.5. Cet investigateur prestigieux, dont la photographie a 6tC publiCe dans le British Medical Journal 161,Ctait Cgalement l’un des redacteurs du journal qui a publie les deux articles invent&. I1 avait decrit la transplantation d’une grossesse extra-uterine dans I’m&us, suivi d’un accouchement a terme. II avait invent6 les don&es d’un essai controle et randomise dans l’utilisation des gonadotrophines chorioniques humaines dans les fausses couches recidivantes assocites a des ovaires polykystiques. Le cas de Malcolm Pearce a emu toute la communaute medicale britannique car ce medecin imminent occupait plusieurs postes de responsabilite. Suite a cette decouverte. il a CtC contraint d’arreter toutes pratiques medicales. Alsabti, un immunologiste irakien, a plagit au moins 60 articles [7]. 11a ajoute son nom et des noms factices d’auteurs a des articles prestigieux qu’il a ensuite publies dans des joumaux de seconde ligne. Les exemples de plagiats sont les plus frequents dans les cas de fraude. Les auto-plagiats sont trop frequents et conduisent ?rdes series confuses d’articles provenant des memes auteurs. AVEZ-VOUS

RENCONTR6

LA FRAUDE

?

Lorsque I’on interroge en prive des scientifiques francais, certains ont eu connaissance de cas de fraude, comme leurs collegues &angers [8]. La plupart de ces cas sont caches. Ces cas ne donnent pas lieu 8 des correspondances dans les joumaux scientifiques ou professionnels. Parmi les disciplines scientifiques, certains pensent qu’il y aurait plus de cas de malveillance dans les sciences mtdicales. Les enjeux industriels et financiers pourraient expliquer cette hypothese. Les cas divulgues ne seraient que la partie CmergCe d’un iceberg. En recherche clinique, des cas de fraude seraient rencontres dans 2 a 5 % des etudes [9]. <
FOI >>

La fraude est definie ainsi par le dictionnaire de la langue fra.nGaise Le Petit Robert, 1994. Les notions de mauvaise foi, de tromperie sent Cvidentes. La fraude est un acte volontaire. Les limites de ces mauvaises pratiques sont plus difficiles a cemer. Ou commence la fraude ? Ou se

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H Maisonneuve

termine la fraude ? Y a t-i1 des petits crimes et des grands crimes ? Non, il y a des crimes. Quelles sont les limites entre la malveillance, les erreurs involontaires et la fraude ? Modifier des donnees est le debut de la malveillance : tout le monde le fait ? Les donnees inventees existent, parfois elles sont en partie inventees ou totalement inventees. L’analyse malhonnete de donrites exactes est une autre forme de fraude. Frequemment, des resultats d’une m&me etude sont publies plusieurs fois, dans des supports differents. Selon le support, ces resultats, et parfois les conclusions, varient legerement. 11a Ctt montre que la qualite methodologique des essais publies dans des joumaux a comite de lecture Ctait meilleure que celle des essais publies dans des supplements [IO]. Est-ce de la fraude ? Les donnees ajustees, inventkes, corrigtes, manquantes ou cachees sont nombreuses. 11s’agit parfois de nkgligence, c’est vrai. Mais est-ce le debut de la fraude sans consequence, ou deja de la fraude ? I1 est vrai que certaines modifications des resultats ne changent pas les conclusions du travail. A-t-on pour autant le droit de les faire ? Les plagiats, autoplagiats sont nombreux. Est-ce de la fraude, de la negligence ? Des noms d’auteurs sont invent&, oublies ou changes sur la correction des Cpreuves. Est-ce de la malveillance, de la mauvaise foi ? Quelles sont les limites entre la fraude et l’incompetence ? Dans une etude, un investigateur, un statisticien, un medecin coordinateur, un assistant de recherche clinique incompktents peuvent intervenir. Quelles sont les consequences de ces interventions ? S’agit-il reellement d’incompetence ? Les consequences sont-elles differentes des cons& quences de la tromperie volontaire ? Toutes ces manifestations de la fraude ne sont pas detectees a la lecture des rapports, des articles. Depister la fraude n’est pas le role des experts d’un comite de lecture, d’un lecteur de revue scientifique. Les experts et lecteurs ont un prejuge sur la bonne foi des experimentateurs et auteurs. La commission sur I’integrite de la recherche, aux ktats-Unis, a propose des definitions de la fraude scientifique. La commission a h&it6 entre l’emploi du mot fraud et du mot misconduct. 11s ont choisi le mot misconduct pour des raisons ltgales, car ce mot a un sens plus large. Le terme anglais misconduct peut se traduire en franGais par <>(dictionnaire Robert Collins, 1987) ou encore malveillance ou mauvaise conduite. Dans cet article, j’ai prefer6 traduire research misconduct par fraude scientifique plus facilement employ6 que mauvaise conduite en langue franqaise. Dans le tableau I, j’ai traduit les definitions de la commission amtricaine [ 111. Cette commission a jug6 que les termes habituels connus sous les initiales FFP pour

fabrication, falsijkation, plugiurism etaient des concepts obsolktes. La commission a propose les termes misappropriation, interference, misrepresentution traduits dans le tableau par qcdetoumement, ingerence, presentation deformee B. FRAUDE ET RECHERCHE CLINIQUE La fraude peut exister lors de toutes les phases de l’essai medicamenteux. Lors de la preparation des Cchantillons, la substance active ou les excipients peuvent ne pas &tre conformes ; les codes peuvent etre falsifies. I1 existe des essais cliniques faits avec des lots pilotes differents des lots commercialises. S’agit-il reellement du mCme medicament ? Lors de l’inclusion des malades, les modifications de dates sont nombreuses (avouees dans le cas Poisson, au Canada) [ 121. Les malades peuvent eux-memes &tre a l’origine de la fraude : dans des essais sur le sida, des communautes de malades ont &hang& et/au mtlangt les medicaments. Pendant les essais cliniques, medicamenteux ou non, les multiples interventions peuvent toutes etre a l’origine de fraudes : + nettoyage des donnees )), valeurs manquantes (oubliees ? inventees ? non rapportees ?), negligences intentionnelles, wash out non faits, prises des mtdicaments non respectees. Lors du monitoring et des analyses : les cahiers joumaliers de malades, les cahiers d’observations, les analyses statistiques modifrees sont des sources d’erreurs et/au de fraude. Les resultats non rapport& integralement sent des erreurs ou deja le debut de la fraude. Lors de la redaction du rapport, des hypotheses sont oubliees, des citations sont oubliees. L’tcriture peut facilement biaiser les interpretations. Des omissions sont des cas de malveillance ou tromperie. Lors de la soumission du dossier a une autorite, lors de la publication des rcsultats dans une revue, de nombreux biais existent. Quelle est la limite entre biais et fraude ? Toute recherche clinique, mkdicamenteuse ou non, peut donner lieu a des comportements dits ), dont certains sont de la fraude. Les responsables de ces distorsions peuvent &tre le medecin, l’investigateur, le pharmacien, les interventions paramedicales, le sponsor (mtdecin de recherche clinique, assistant de recherthe clinique, statisticien, encadrement non scientifique) ou parfois le malade qui n’a pas declare ses symptomes (pour de multiples raisons, parfois bonnes). DhTECTER

LA FRAUDE

EST DIFFICILE

La fraude volontaire est cachee. De ce fait sa detection est retardee. Dans les cas bien connus (Dr J Darsee par

La fraude en recherche Tableau

I. Proposition

Lu d&j5nition d’Ctre sinc&re 1. Fraude

de fraude et low1

.scientijiyue

de definitions

de la fraudc scientifique

scirntifiqur est hr~Ce duns h conduite d’une (research

misconduct)

SW le fuit recherche

par une commission

yore r,ette,fiuude et la diffusion ...

:

La fraude scientifique est un comportement d&ant qui consiste a s’approprier a tort la propriete intellectuelle ou les contributions des autres. B empecher intentionnellement les progres de la recherche ; In fraude risque de corrompre les donnces scientifiques ou de compromettre I’integrite des pratiques scientifiques. Les exemples IimitCs a :

de fraude scientifique

incluent,

mais ne sont pas

a) dCtournement : un investigateur ou un lecteur ne doit pas intentionnellement au imprudemment : - plagier, compris comme la presentation de mots ou id&:, des autres collcgues comme s’il s’agissair des siens, saris une attribution clairement appropriee au support de prtsentation, - milker une information par violation de la confidentialhe associke a la lecture de tous manuscrits, ou protocoles de demande de fond, b) ingerence : un investigateur ou un lecteur ne doit pas intentionnellement et saris autorisation prendre, ou sequestrer, ou endommager materiellement une quelconque propriete d‘un autre. Ceci inclus saris limitation les materiels. reactifs, produita biologiques, ecrits, resultats, materiels informatiques, logiciels. ou autres substances au resultats utilisk ou produits lors d’une recherche ; c) presentation

dCformCe

: un investigateur

clinique

ou un lecteur ne doit pas

exemple) [2] plus de 5 ans ant ttC necessaires pour informer la communaute scientifique. Dans le cas du Dr Poisson [13], sur un essai multicentrique dans le cancer du sein, les dates principales ont CtC : 1975, debut de l’essai ; 1985, publication dans le Nebts England Journal of Medicine ; 1990, premiere suspicion de fraude ; fevrier 199 1, notification aux organismes publics (National Cancer Institute, Food and Drug Administration, Office of Research Integrity) ; avril 1993, declaration de la culpabilite ; 9 mars 1994, notification dans le New England Journal of Medicine. La decouverte est souvent accidentelle, lors de reecritures, de comparaisons de dossiers, par le hasard de quelqu’un qui veut recontroler des donnees. Dans la plupart des cas, denoncer est difficile. Celui qui denonce doit etre stir de lui, ce qui est parfois difficile. Les delateurs doivent etre suffisamment tenaces pendant 1 a 3 ans pour denoncer et obtenir une investigation. Certains ont Ctt soupconnes d’etre fraudeurs car ils &Gent trop g&rants. Ceux qui sont inform& ne veulent pas entendre. Ceux qui doivent notifier des institutions, des autorites ne veulent pas le faire. De nombreux supkieurs hi&archiques se sentent accuses et preErent cacher. Des recommandations ont CtC proposees par

scient#ique des rkdmts.

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de I’Office PSI unr

of Research

violation

skrieusr

Integrity

I I 11.

du prl,?ripe.~onrlu/~rrrltol

intentionnellement tromper, au imprudemment negliger une v&it& oublier un fait, cc qui represente un awe trpe dc menaonge important.

a) Obstruction des investigations de la fraude scienritique Le gouvernement federal a un inter&t pour proteger I’intCgrite des investigations des incidents rapport& sur la fraude scicntifique. De ce fait, I’obstruction des investigations sur la fraude scientifique en relation avec des financements federaux constitue une forme de fraude professionnelle. -de cacher ou de detruirc intentionnellement des preuves. ce qui est en violation du devoir de les communiquer ou de les preserver : -de falsifier les preuves ; - d‘encourager, de solliciter ou de donner dcs faux temoignages : - d’essayer d’intimider ou de se venger envcrs des temoins, des temoins potentiels, ou des appels a ttmoignages, ou des debuts de preuve durant ou apres une investigation formelle ou non. b) Non-observance des regles de recherche Une conduite responsable d’une recherche suppose I’observance des rcgles de recherche admisea. Ces rt-gles incluent (mais ne sent pas limitkes a) celles qui rCglementent l’utilisation de hinmatCriaux dangereux. des animaux et des hommes. La non-observance de ces regles aprks la notification de leutexistence nuit aux intCr@ts du public, de la communautP scientifique. du gouvernement federal, et constitue une autre forme de fraude professionnelle. ___.

1’Office of Research Integrity pour proteger les delateurs [ 111. Les audits, les inspections peuvent detecter des cas de fraude. 11sne sont pas nombreux par rapport aux tres nombreuses experimentations. Les moyens sont faibles pour ces audits. Les experts des revues scientifiques, les experts des commissions d’enregistrement sont consult& pour donner des avis techniques. Ces experts examinent une logique lors de leur lecture. 11s ne sont pas consult& pour traquer la mauvaise foi, et ils n’en ont pas les moyens. 11s n’ont pas acces aux donnees originales pour une nouvelle analyse. Les tares institutions chargees d’enqueter sur la fraude ont parfois Cte mises en cause, et accusees d’avoir des pratiques non ethiques. Des rapports sur la fraude scientifique ont et6 exposes aupres du Congres americain [ 141. Ces rapports contiennent les noms des chercheurs avec les preuves des fraudes. Ces commissions ont et6 violemment accusees de presenter des informations tendancieuses et de deformer la verite [ 151. Ces nombreux scandales ont conduit a une meilleure organisation de 1’Office of Research Integrity, et la publication d’un document exhaustif sur les bonnes pratiques, I’integrite

pour prevenir tome mauvaise conduite scientifique II11. DES CONStiQUENCES

document& sur son cas. Est-ce qu’une fraude intentionnelle a exist6 dans ce cas ? Cyril Burt ttait probablement paranoi’aque. Les avis sont u-es divergents sur ce cas.

IRRBPARABLES POURQUOI

La fraude peut causer des accidents s&&es, et est a I’origine de depenses que ni les institutions ni les responsables ne peuvent rembourser. Pour le responsable, les consequences sont d’abord la notori&, et souvent le gain. Cet enrichissement peut etre personnel, mais c’est parfois un enrichissement destine a faire fonctionner un systeme ; par exemple une association a but non lucratif. Combien d’investigateurs sont des chefs d’entreprises. 11sont embauche des collaborateurs. La fraude va permettre de publier plus et plus vite, et d’obtenir les ressources necessaires au fonctionnement de leur organisation. Selon les pays, les consequences peuvent Ctre la perte du droit d’exercer, la perte du diplome, les remboursements des sommes engagees, des condamnations judiciaires. Pour I’tquipe, les consequences sent la notori&, les citations, mais aussi le temps de travail indument passe sur des recherches inutiles, ou sur la detection de la fraude. Pour d’autres colkgues, les consequences existent : experts qui ont passe du temps a lire les travaux, auditeurs de conferences. autres travaux genCrCs a partir des hypotheses formulles lors d’experiences fraudees. Pour la pratique clinique, les implications sont nombreuses, du type mauvaises recommandations. Pour la sante publique, des risques peuvent exister. Pour le grand public, des consequences ont Ctt d&rites. Aux Etats-Unis, les theories de Burt ont CtC utilisees pour dire que les programmes de rattrapage dans les ecoles primaires ttaient inutiles, compte tenu du lien entre intelligence et heredite. En Angleterre, ces theories ont pousse a la mise en place de tests psychologiques a 11 ans pour orienter les enfants. Ces politiques de discrimination dans des Ccoles ont CtC bakes sur des travaux invent&. Le Dr Cyril Burt, psychologue anglais, avait Ctabli une retation entre le quotient intellectuel et I’htrCditC [16]. A partir de 15 jumeaux sCparCs pendant leur vie et ayant probablement exist& il avait demontre une relation entre heredite et intelligence. En fait il avait Ctabli des hypotheses a partir de donnees inventees pour obtenir 53 paires de jumeaux. Lors des investigations, il aett montrC que ses deux collegues qui avaient collecte des donnees dans des pays differents et lointains n’avaient jamais existe. Les noms ttaient connus car elles co-signaient les articles : Miss Conway et Miss Howard. De nombreux livres et investigations ont Cte

LA FRAUDE

?

Les fraudeurs ont toujours de bonnes raisons. Souvent les besoins financiers sont 2 I’origine de leur comportement. Ces besoins peuvent &tre personnels ou pour le profit d’un organisme. Les conflits d’inttrets sont tres frequents. Les sponsors veulent accelerer la diffusion des resultats, et de leurs techniques. IIs prefcrent diffuser des techniques qui marchent. La notoriete, I’avancement dans la carriere, la reputation, la reconnaissance sociale, l’augmentation du nombre de malades sont des facteurs qui peuvent favoriser la fraude. La pression de 1’Cquipe peut modifier les comportements et &tre facteur de malveillance. Le chercheur n’ose plus dire qu’il s’est trompe. II est alors entrain6 dans un engrenage qui peut durer, ne jamais etre detect& Lapersonnalite, parfois inventive. parfois psychiatrique du fraudeur existe. La fatigue, due au stress par exemple, peut favoriser des cas de fraude. Certains fraudeurs n’ont pas tortjours conscience de ce qu’ils font. Certains scientifiques sont responsables d’associations, done de salaires, finances par leur recherche : ils doivent realiser un certain chiffre d’affaires annuel pour assurer la perennite de ces structures. Ces chefs d’entreprises ne sont pas prepares a des diminutions de credits. 11sne savent pas toujours licencier : la solution est alors d’augmenter les recettes par tous les moyens. Certains peuvent avoir un comportement d’agressivite vis-a-vis de collegues, d’institutions, d’autorites, voire de la societe. La fraude est une man&e de se venger contre la societe, et ou de se faire justice. Dans un remarquable ouvrage didactique [ 171, les cinq sens de <) sont decrits : le sens du rapprochement fulgurant (deux enigmes saris rapports peuvent etre ainsi resolues) ; le sens de causes cachees (le magnetisme, les infrasons, la supernature en sont des exemples) ; le sens des indices subtils (ils permettent de repondre ace que la science est incapable de prouver) ; le sens de l’imprecision : le sens de I’immodestie. Pouvons-nous detecter certains de ces sens chez des scientifiques ? LA PtiVENTION

GRACE PRATIQUES

AUX BONNES

La connaissance de la methodologie en recherche est une forme de prevention qui permet d’etre critique devant certaines attitudes. La mise en place de bonnes pratiques cliniques, de laboratoire, de fabrication

La fraude en recherche

permet de prkvenir des cas de malveillance, de tromperie. I1 serait plus difficile de frauder yuand toutes ces prkcautions sont prises. Est-ce vrai ? Connaitre les mCthodes, protCger les personnes, respecter les bonnes pratiques ont pour objectif d’obtenir des donnkes de qualit optimale. L’objectif n’est pas d’kviter la fraude. Les audits, les inspections sont ntcessaires pour pr6 venir la fraude. Ces inspections confrontent la pratique d’une Cquipe avec un rkfkentiel pr6dCterminC (guides de bonnes pratiques). Ces actions sont trop rares pour avoir un impact important sur d’kventuels fraudeurs. La pratique d’inspection d’essais mkdicamenteux se d&eloppe en France depuis 1995. Elle est limit6e aux essais des mkdicaments soumis pour enregistrement. En France, il n’existe pas de rCels mkcanismes pour pkvenir la fraude. Des institutions r6flCchissent sur la fraude et les moyens de la prkvenir 1181. D’autres institutions proposent des recommandations d’kthique, dont l’impact est difficile 2 apprkier [ 111. I1 n’existe pas de codes de pratiques accept& 2 l’khelon international, de cornit& chargks de depister et de condamner les pratiques malveillantes. Les modes d’information utilisks par les revues scientifiques ont peu d’impact. Certaines revues publient des r&tractions, en g&&al sigdes par les co-auteurs, ou retirent a posteriori l’kgide de leur journal, ou encore publient les d&accords d’auteurs qui ont refuse de signer un article. Le systkme de la multiplication des publications peut favoriser la fraude. Des universitds ou des associations, (comme 1’European Association of Science Editors) ont proposk de limiter le nombre de publications, notamment sur le curriculum vitae. Seules les bonnes publications ont un int&&t, et elles sont rares. Dans les universitks amkricaines prestigieuses, le candidat 2 une fonction d’enseignement ne doit donner que cinq. sept ou dix publications pour le jury. Le candidat doit selectionner ces articles g partir de tous ceux qu’il a publiks.

851

clinique

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