Les infections liées aux soins en hospitalisation à domicile

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Les infections liées aux soins en hospitalisation à domicile Les infections associées aux soins (IAS) en hospitalisation à domicile (HAD) ne sont pas incluses dans les statistiques nationales des infections nosocomiales. L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris a recherché en 2007 la prévalence de ces IAS dans son unité d’HAD et a comparé les données à une enquête menée en 2000. Bien que les critères et modalités de recrutement soient différents, les résultats donnent une baisse de la prévalence de 4,5 % à 2,6 %, concordant avec les bons résultats nationaux de lutte contre les infections nosocomiales.

L

e 21 janvier 2009, Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la Santé, a présenté le bilan des mesures prises contre les infections nosocomiales (IN) et annoncé le lancement d’un plan stratégique national de prévention des infections associées aux soins (IAS). Ainsi, les indicateurs des tableaux de bord étaient en nette amélioration, démontrant l’implication des établissements de santé dans la lutte contre ces infections. Toutefois, les IAS d’hospitalisation à domicile (HAD) ne sont pas comptabilisées dans les statistiques des infections nosocomiales et ne figurent pas parmi les indicateurs. Cependant, ce type de prise en charge doit répondre aux mêmes critères d’accréditation, de qualité, de sécurité des soins et de lutte contre la douleur et les IN. Pour évaluer la prévalence des IAS, l’Institut national de veille sanitaire (INVS) rapporte les résultats d’une enquête en HAD de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) en mai 2007.

adaptée aux spécificités de l’HAD (intrication entre lieux de soins et de vie, dispersion géographique des unités de soins, prise en charge par des libéraux et absence fréquente d’examens complémentaires). La recherche d’infection active était réalisée au domicile par l’infirmier(e) ou la sage-femme en charge du patient, à l’aide de fiches de détection, remplies selon la taille de l’unité (de 20 à 60 places) en 1 à 3 jours. Une personne formée à l’utilisation des fiches ENP documentait les cas confirmés d’IAS, notamment pour le caractère acquis en HAD ou importé. Tout patient, en dehors des patients pris en charge uniquement par des professionnels libéraux, présent en HAD depuis 48 heures était inclus, soit 613 personnes. Les IAS actives le jour de l’en-

Méthodologie Pour diligenter cette enquête, la méthodologie nationale (fiche patient de l’ENP 20062) due être

Définition Une infection est dite associée aux soins si elle survient au cours ou au décours d’une prise en charge (diagnostique, thérapeutique, palliative, préventive ou éducative) d’un patient, et si elle n’était ni présente, ni en

En HAD, la durée médiane de séjour est de 1 mois, l’âge des patients étant pour 40 % d’entre eux supérieur à 75 ans. Des 613 individus, 495 étaient admis en secteur adulte, 72 en ante-partum et 46 en pédiatrie. Les typologies étaient très contrastées, allant d’un séjour de 2 jours à 4 ans et demi (médiane : 41 jours), du nourrisson au patient de 102 ans (médiane : 57 ans), avec 47,3 % de patients de plus de 65 ans, les femmes sont majoritaires. 4,7 % des patients avaient subi une intervention chirurgicale dans les 30 jours précédents. Sur les 98 patients (16 %) qui recevaient un traitement anti-infectieux, 30 avaient une IAS

Micro-organisme BGN entérobactéries - Escherichia coli - Klebsiella - Proteus - Serratia - Enterobacter cloacae Cocci à Gram + - S. à coagulase négative - Enterococcus faecalis - Enterococcus faecium - Streptococcus BGN non entérobactéries - Pseudomonas aeruginosa Anaérobies stricts - Clostridium difficile Total

HAD 2007 - IAS** acquises MO* identifiés N=13 N Prévalence des IAS** associées (%) 7 1,17 4 0,65 2 0,32 0 0 1 0,16 4 0,65 0 2 0,32 1 0,16 1 0,16 2 0,32 2 0,32 0 0 13 –

*MO : micro-organismes ; **IAS : infections associées aux soins Enquête HAD-APHP, France, 2007.

incubation au début de la prise en charge.

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Caractéristiques des patients

Tableau I. Distribution et prévalence des micro-organismes isolés dans les infections associées aux soins

Des données préalables En 2000, le Comité de lutte contre les infections nosocomiales (Clin) de l’AP-HP pour ce type d’hospitalisation avait évalué la prévalence des patients infectés à 6,1 % et celle des infections nosocomiales (IN) à 6,3 %, ne comprenant pas alors les IAS1.

quête (sans traitement initié ou en cours) ont été comptabilisées.

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N 12 6 3 1 1 1 5 1 0 0 0 2 2 2 2 21

HAD 2007 - IAS** totales MO* identifies N=21 Prévalence des IAS** associées (%) 1,95 0,97 0,48 0,16 0,16 0,16 0,81 0,16

1,95 1,95 1,95 1,95 –

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hospitalière et 26 une infection communautaire ; l’anti-infectieux était prescrit à titre prophylactique chez 27 patients ou pour causes multiples chez les autres. L’état cutané à risque infectieux (escarre, plaie, ulcère...) justifiait chez 46 % des patients un pansement. Le jour de l’enquête, 26,9 % des patients étaient immunodéprimés, 43,5 % présentaient une pathologie sévère, 23,2 % des patients étaient porteurs d’un cathéter, 8,5 % d’une sonde urinaire et 2,5 % d’une trachéotomie. Les signes cliniques évocateurs d’infection étaient fièvre, toux, diarrhée, vomissements, difficultés urinaires ; 31 % des patients en présentaient au moins un.

Une prévalence de 2,6 % d’IAS acquises Le jour de l’enquête, 32 patients présentaient une IAS (93 % d’adultes), soit une prévalence totale de 5,2 %. La moitié des infections étaient importées, concernant principalement le site opératoire (37,5 %) et urinaire (18,8 %), soit une prévalence de 2,6 % des IAS acquises en HAD, majoritairement urinaires ou infections urinaires IU (56,3 %), dont un tiers asso-

Ř/őH[SRVLWLRQDX[JHVWHVLQYDVLIVQőHVWYUDLVHPblablement pas moindre en HAD qu’en hospitalisation complète, mais le domicile, du fait de l’isolement du patient, diminuerait le risque de transmission croisée. En dépit de ces différences de recrutement, les rapporteurs soulignent que le risque infectieux en HAD de l’AP-HP semble plus faible qu’en établissement de santé conventionnel et paraît même avoir diminué (de 4,5 % en 2000 à 2,6 % à 2007). Ces résultats pourraient être en Une amélioration de la prévalence Ř/őHQTX¬WHGHSU«YDOHQFHHQOő+$'GHOő$3+3 lien avec des actions mises en place par le Clin et menée en 2000, avait un mode de recrutement des l’équipe opérationnelle en hygiène hospitalière. | données et des critères différents ; n’étaient inclus que des patients à risque (dispositif ou pratique à VALÉRIE LEQUIEN risque), les infections urinaires asymptomatiques étaient prises en compte au contraire des infections importées, non comptabilisées. L’âge moyen des Sources Ittah-Desmeulles H, Migueres B, Silvera B et al. Prévalence des infecpatients était plus élevé (59 ans, +2 ans) pour une tions associées aux soins en hospitalisation à domicile (HAD) de durée médiane de séjour très inférieure (33 jours l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, France, 2007. BEH 2009 ; 5 : 44-8. pour 41). La prévalence des infections acquises www.sante-sports.gouv.fr/IMG//pdf était de 6,3 % (4,8 % en excluant les IU asympto- Dossier_de_presse_infections_nosocomiales_2009.pdf matiques). Ont été retrouvés majoritairement des Notes IU (50 %) puis des infections cutanées (37,9 %) ; 1. Patte R, Drouvot V, Quenon JL et al. Prevalence of hospitalinfections in a home care setting. J Hosp Infect. 2005 ; les micro-organismes identifiés étaient Escherichia acquired 59 (2) :148-51. coli (29,4 %), Staphylococcus aureus (29,4 %) et 2. Enquête nationale de prévalence 2006 des infections nosocomiales ; mai-juin 2006 – Protocole national et Guide de l’enquêteur. Enterococcus spp. (17,6 %). www.invs.sante.fr/raisin ciées à un sondage. Aucune infection n’était associée à un autre dispositif médical (cathéter, chambre implantée). Les autres IAS acquises étaient respiratoires (31,2 %) et cutanées (12,5 %). Vingt et un germes (tableau I) ont été retrouvés dont 13 micro-organismes pour les IAS acquises en HAD ; plus de la moitié étaient des entérobactéries. Aucun ne présentait de multirésistance aux antibiotiques.

projet européen

Un système de criblage rapide pour le diagnostic de la grippe

P

ortfastflu (Portable and automatic test for fast detection and surveillance of Influenza) est un projet européen FP7 (www.portfastflu. com) ayant pour objectif le développement et la validation d’un système de diagnostic rapide de la grippe et de typage « en temps réel » de la souche. Ce petit appareil mis au point par des chercheurs européens pourrait être utilisé au chevet du patient et permettre la détection et l’identification précoce des cas infectés.

Gand (Belgique), Ikerlan (Mondragon, Espagne), Gaiker (Zamudio, Espagne), la Fondation Basque pour la Recherche et Innovation dans la Santé (San Sebastian, Espagne) et Whatman (Maidstone, Grande-Bretagne). Le système se présente sous la forme d’un appareil compact entièrement automatisé, intégrant l’extraction, l’amplification (RT-PCR) et la détection en temps réel sur biopuces

Contrôler la propagation des épidémies Cette technologie promet de réduire à une heure environ le temps nécessaire au diagnostic de toutes les

                   

Un système entièrement automatisé

   

Les partenaires impliqués dans le projet Portfastflu sont Genewave (Palaiseau, Genopole d’Evry, France www.genewave.com), coordinateur du projet, l’université de Nottingham Trent (Grande-Bretagne), Biosensia (Dublin, Irlande), le CIRAD (Montpellier), le laboratoire VIB de l’université de

de l’ARN viral. Il permettra la détection sur site du virus de la grippe à partir d’un échantillon clinique ou vétérinaire en identifiant la nature H ou N des souches virales.



formes connues de grippe incluant l’aviaire (H5N1) et la porcine (H1N1). « En cas d’émergence de pandémie, la capacité à diagnostiquer et typer rapidement le virus sur le terrain aura un impact très important sur le contrôle de la propagation de l’épidémie et son traitement précoce », a précisé Gordana Cerovic, directrice scientifique biologie de Genewave. L’aptitude à identifier les différentes souches (type A, H1N1, H2N3, H3N2, H5N1, H5N2, H7N1, H7N7, H9N2, H9N9 et type B) a été démontrée à mi-parcours du projet Portfastflu (avril 2009). Les tests cliniques en milieu hospitalier et sur le terrain débuteront en décembre 2009. |



ESTHER SACCOUN



Journaliste scientifique, Paris (75)

       

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Source Communiqué de presse Genewave et Genopole, avril 2009.

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