Compte rendu de Congre`s Maranda M-F, Gilbert M-A, St-Arnaud L, Ve´zina M. La de´tresse des me´decins : un appel au changement. Presses de l’Universite´ Laval; 2006. [14] Trompette P, et Caroly S. En aparte´ avec les morts. Peur, larmes et rire au travail : les me´tiers du fune´raire ». Terrain 2004;43:63–84. [15] Marche´-Paille´ A. Le de´gou ˆ t dans le travail d’assistance aux soins personnels, s’en de´fendre mais pas trop. Travailler 2010;2(24):35–54. [16] St-Arnaud L, Marche´-Paille´ A, Toulouse G, et Moore M. Le travail des pre´pose´s aux appels d’urgence 9-1-1 : un travail de sentinelle au cœur de la se´curite´ publique. Travailler 2010;23:9–25. 1 http://www.integration-travail.fse.ulaval.ca. [13]
http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2014.07.014
L’hygie`ne du travail : une science en pe´ril ? Occupational hygiene: a threatened science? M. Guillemin Universite´ de Lausanne, 8, Chemin de Plan-Soleil 1023 Crissier, Suisse Adresse e-mail :
[email protected] C’est dans les anne´es quarante du sie`cle passe´, qu’est ne´e la science de l’hygie`ne du travail aux E´tats-Unis, sous l’impulsion d’Alice Hamilton, me´decin et premie`re femme professeur a` l’Universite´ de Harvard, tre`s touche´e par les maladies affectant les travailleurs de son e´poque. Elle s’est rendu compte qu’il fallait mieux comprendre ce qui provoquait ces maladies, et e´tudier l’environnement professionnel sous l’angle technique et scientifique. Il fallait donc faire appel aux inge´nieurs, pour e´valuer et mesurer les facteurs critiques de l’exposition afin de de´velopper les moyens de les e´liminer ou de les diminuer dans des proportions « acceptables ». C’est de cette approche que sont ne´es les premie`res valeurs limites admissibles au poste de travail ainsi que la notion de poussie`res « respirables » (appele´es maintenant alve´olaires) si importantes alors dans la lutte contre la silicose, marquant le de´but de la collaboration me´decins-inge´nieurs de l’environnement professionnel. Cette science s’est de´veloppe´e rapidement, principalement aux E´tats Unis, mais aussi en Grande-Bretagne et dans l’Europe du Nord pour atteindre son apoge´e dans les anne´es quatre-vingt-dix. Elle est parfaitement comple´mentaire de la me´decine du travail du fait qu’elle vise les meˆmes objectifs mais utilise l’approche de l’e´tude et de la gestion de l’environnement professionnel alors que le me´decin se focalise sur la personne (travailleur[euse]). Mais, alors que les pronostics sur le devenir de l’hygie`ne du travail, e´taient extreˆmement favorables, un arreˆt, suivi d’un de´clin sont survenus d’une manie`re inattendue ! Pour quelles raisons ? Quelques hypothe`ses seront avance´es, mais le plus surprenant est que cette tendance va a` l’encontre des inte´reˆts des entreprises, des travailleurs et de la socie´te´ (assurances sociales) puisque toutes les connaissances acquises jusqu’ici graˆce a` l’hygie`ne du travail ont contribue´ a` faire baisser les couˆts lie´s a` ces maladies. Les donne´es scientifiques et e´conomiques accumule´es pour prouver la rentabilite´ de la pre´vention sont innombrables mais semblent « ignore´es » des de´cideurs ! Les tendances actuelles dans le domaine de l’hygie`ne du travail, au niveau international, se traduisent dans un confinement de plus en plus marque´ vers l’aspect technique et pratique au de´triment de l’aspect scientifique (recherche, de´veloppement de nouvelles connaissances, formation acade´mique, etc.). La formation des techniciens en hygie`ne du travail est en hausse car l’industrie (en particulier l’industrie chimique) en a fortement besoin, mais les centres de recherche se ferment les uns apre`s les autres dans les pays « leaders ». L’hygie`ne du travail est une science pluridisciplinaire qui cherche a` maıˆtriser les facteurs chimiques, physiques et biologiques de l’environnement professionnel ; en cela elle est tre`s pre´cieuse car il est important d’aborder la proble´matique de la sante´ au travail de manie`re la plus
globale possible. Chacun des professionnels de la sante´ au travail est un ge´ne´raliste dans son domaine (me´decin, hygie´niste, ergonome, psychologue, etc.) et c’est la collaboration de chacun de ces ge´ne´ralistes qui peut aboutir a` une ame´lioration des conditions de travail et de la sante´ des travailleurs. La fragmentation qui se dessine et qui aboutit a` se´parer l’« expologie » de l’hygie`ne du travail par exemple va donc a` l’encontre du bon sens. Il convient de se pencher sur les enjeux de la situation actuelle et sur les responsabilite´s de chacun dans le devenir de la Sante´ au Travail. Va-t-on laisser mourir dans l’indiffe´rence ge´ne´rale, l’hygie`ne du travail ? Va-t-on laisser les de´cideurs politiques continuer a` nier les e´vidences scientifiques et e´conomiques ? Allons-nous, chacun, nous replier dans nos petites chapelles, mono culturelles, si confortables ? Non ! Il y a des pistes de progre`s qui se dessinent. Malgre´ un environnement e´conomique et politique morose, apparaissent de nouvelles approches qui me´ritent d’eˆtre soutenues et de´veloppe´es : – l’institut national pour la sante´ et la se´curite´ au travail (NIOSH), aux E´tatsUnis, a introduit, depuis quelques anne´es, le concept de la « Sante´ Totale du Travailleur » (Total Worker Healthß) qui combine l’approche de la Sante´ et Se´curite´ au Travail avec celle de la Promotion de la Sante´ au poste de travail ; – l’Organisation mondiale de la sante´ (OMS) de´fend depuis plusieurs anne´es le mode`le du « poste de travail sain » (Healthy Workplace) qui inte`gre tous les facteurs qui participent a` la « bonne sante´ » des personnes qui travaillent ; – des entreprises montrent l’exemple en introduisant dans leur concept de management l’e´thique et d’autres valeurs telles la responsabilite´ sociale ou le de´veloppement durable qui sont des re´ponses aux me´faits provoque´s par des techniques de management uniquement base´es sur les facteurs de rendement e´conomiques ; – les neurosciences et les de´couvertes sur la plasticite´ neuronale apportent des solutions pour ge´rer le stress et revenir a` des comportements favorisant la sante´ et correspondant aux aspirations de chacun. Il existe donc un espoir de retrouver une certaine dignite´ dans la pratique de la Sante´ au Travail, ou` chacun des acteurs essentiels trouve sa place et œuvre pour une meilleure sante´ des individus et de la socie´te´, dans le respect des valeurs humaines fondamentales. Mots cle´s Hygie`ne du travail ; E´volution ; Sante´ globale De´claration d’inte´reˆts L’auteur de´clare ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2014.07.015
La qualite´ de vie au travail, une nouvelle donne pour la sante´ au travail ? Quality of life at work, a new challenge for occupation health? Pierre-Yves Verkindt (Professeur) E´cole de droit de la Sorbonne, Universite´ Paris 1 Panthe´on Sorbonne Adresse e-mail :
[email protected] L’accord national interprofessionnel du 19 juin 2013 vers une politique d’ame´lioration de la qualite´ de vie au travail appartient a` cette cate´gorie d’accords nationaux interprofessionnels qui, bien que de faible porte´e normative puisqu’ils ne cre´ent pas de droits nouveaux, apparaissent cependant comme potentiellement porteurs d’inflexions significatives dans une politique du travail. C’est ainsi que de`s les premie`res phrases du pre´ambule, le texte pre´cise que « la qualite´ de vie au travail vise d’abord le travail, les conditions de travail et la possibilite´ qu’elles ouvrent ou non de ‘faire du bon travail’ dans une bonne ambiance, dans le cadre de son organisation » ainsi que les attentes des salarie´s d’eˆtre reconnus et de pouvoir mieux e´quilibrer leur vie personnelle et leur vie professionnelle. En d’autres termes, c’est bien le travail qui est ici replace´ au cœur des de´cisions et des actions attendues des acteurs. En tant que tel, cet accord, malgre´ ses limites, peut s’appre´hender comme le re´sultat d’une e´volution profonde des concepts et des pratiques en matie`re de sante´ au travail et au-dela` d’une rede´couverte (plus que d’une de´couverte au sens strict) de la richesse de la notion de conditions de travail. Que la sante´ ne soit pas exclusivement l’absence de pathologie, on le savait depuis longtemps,
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