L’influence des biais cognitifs sur l’anxiété chez des adultes non cliniques

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AMEPSY-2098; No. of Pages 5 Annales Me´dico-Psychologiques xxx (2015) xxx–xxx

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com

Me´moire

L’influence des biais cognitifs sur l’anxie´te´ chez des adultes non cliniques The influence of cognitive biases in non-clinical adult’s anxiety Vale´rie Pennequin *, Nicolas Combalbert EA 2114, laboratoire PAV, universite´ de Tours, 3, rue des Tanneurs, 37041 Tours cedex, France

I N F O A R T I C L E

R E´ S U M E´

Historique de l’article : Rec¸u le 14 mai 2015 Accepte´ le 16 juillet 2015

L’objectif de cette recherche e´tait d’identifier les biais cognitifs pre´dictifs d’une anxie´te´ non pathologique dans une population d’adultes non cliniques. Cinquante participants jeunes adultes non cliniques ont passe´ l’Inventaire d’Anxie´te´ de Beck (Beck et al., 1988) adapte´ en langue franc¸aise par Freeston et al. (1994) ainsi qu’un ensemble de sce´narii permettant de mesurer les biais cognitifs au cours de la vie quotidienne. Les analyses de re´gression ont montre´ que deux biais cognitifs sont pre´dictifs de l’anxie´te´ : la surge´ne´ralisation, qui est le fait de conside´rer un cas singulier comme une re`gle ge´ne´rale et l’infe´rence arbitraire qui consiste a` e´mettre une conclusion sans lien logique avec les donne´es initiales. La discussion porte sur le roˆle des biais cognitifs dans la sante´ mentale de l’adulte. ß 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.

Mots cle´s : Adulte Anxie´te´ E´motion Enqueˆte Fonction cognitive Sche´ma cognitif

A B S T R A C T

Keywords: Adult Anxiety Cognitive function Cognitive schema Emotions Investigation

Introduction. – A great number of authors have studied the links between cognition and emotion. More particularly, cognitive biases, which constitute erroneous information-processing, are implicated in the onset and maintenance of depression and other disorders. The most frequent identified were the four negative cognitive biases: catastrophizing, overgeneralizing, personalizing, and selective abstraction. The errors have been variously identified among depressed young people, anxious young people and young people experiencing both depression and anxiety. However, these cognitive biases exist in a nonclinic population too. Aims of the study. – The objective of our study was to study the cognitive biases which can predict a nonpathologic anxiety in an adult population. Method. – A French version of the Beck Anxiety Inventory was administered to a sample of 50 non-clinic adults. Participants also completed 40 scenarii of daily life for measuring the cognitive biases. Participants were aged between 30 and 46 years and 20 were girls. Results. – Results were treated with regression analyses. The cognitive bias the most correlated to anxiety was the overgeneralizing bias that is the fact to induce a conclusion from only one example. The second cognitive bias links to anxiety was the arbitrary inference that is the fact to make a conclusion without real premises. Conclusion. – We discussed the interest to know the specific links existing between certain cognitive biases and anxiety. In particular, we discussed the fact that the mental health could be characterized by the frequency and the intensity of the cognitive biases. ß 2015 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

* Auteur correspondant. Bureau 417, universite´ Franc¸ois-Rabelais, 3, rue des Tanneurs, 37041 Tours cedex, France. Adresse e-mail : [email protected] (V. Pennequin). http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2015.07.040 0003-4487/ß 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.

Pour citer cet article : Pennequin V, Combalbert N. L’influence des biais cognitifs sur l’anxie´te´ chez des adultes non cliniques. Ann Med Psychol (Paris) (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2015.07.040

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1. Introduction Il est bien e´tabli sur le plan the´orico-clinique que les e´motions ont un lien avec l’activite´ cognitive tant chez le sujet pathologique que non pathologique [13,22,30,31]. L’hypothe`se du « contenu cognitif spe´cifique » (cognitive content-specificity hypothesis) est tire´e de la the´orie cognitive de Beck [8] postulant que l’humeur d’un individu peut eˆtre distingue´e sur la base du contenu cognitif de celui-ci : les cognitions, les pense´es automatiques et leur e´valuation subjective sont conside´re´es comme des produits du traitement cognitif de l’information [28]. Le statut e´motionnel serait e´galement en partie un produit du traitement cognitif propre de la personne. Selon cette hypothe`se du « contenu cognitif spe´cifique », les pense´es automatiques et le statut e´motionnel seraient alors positivement lie´s. A` partir des anne´es 1980, cette hypothe`se a e´te´ activement e´tudie´e, notamment dans le cadre des troubles de l’anxie´te´ et de la de´pression. Dans les mode`les cognitifs de psychopathologie [8,11,16,17], les troubles e´motionnels comme l’anxie´te´ et la de´pression seraient lie´s a` une fac¸on de penser errone´e, appele´e biais (ou erreurs ou distorsions) cognitifs. Ils correspondent a` des attitudes, pense´es et croyances, fausses ou errone´es, qui entraıˆnent le sujet a` percevoir les e´ve´nements de fac¸on inapproprie´e et a` attribuer des significations ne´gatives a` leurs expe´riences [27]. Beck [7,9] identifie plusieurs types de biais cognitifs : le catastrophisme (s’attendre aux pires conse´quences possibles d’un e´ve´nement ou d’une situation), la surge´ne´ralisation (croire qu’une conse´quence ne´gative d’une situation particulie`re se reproduira dans toutes les futures situations semblables), la personnalisation (s’autoattribuer les conse´quences ne´gatives d’un e´ve´nement) et l’abstraction se´lective (se focaliser uniquement sur les aspects ne´gatifs d’un e´ve´nement). Ce traitement cognitif particulier entraıˆne des interpre´tations ne´gatives de soi-meˆme, du monde et du futur et joue donc un roˆle important dans le fonctionnement affectif de l’individu et va ainsi entraıˆner des symptoˆmes de de´pression [11,41]. Le nombre et le type de biais cognitifs sont parfois diffe´rents selon les auteurs [15,29,32,39]. Toutefois, le mode`le de Francheschi [20] inte`gre la classification classique des biais identifie´s par Beck dans un mode`le permettant de de´finir les relations entre les biais cognitifs et en ajoute deux autres, « l’omission du neutre » (les e´ve´nements neutres sont ne´glige´s) et « la requalification dans l’autre poˆle » (par exemple, requalifier comme ne´gatif un e´ve´nement qui devrait eˆtre objectivement qualifie´ comme positif). Il de´finit des biais cognitifs dits ge´ne´raux (raisonnement dichotomique, maximalisation, minimisation, focalisation arbitraire, omission du neutre et requalification dans l’autre poˆle) et des biais dits spe´cifiques qui sont de´finis comme des instances des erreurs ge´ne´rales (disqualification du positif, abstraction se´lective, focalisation ne´gative, catastrophisme). Par exemple, dans la minimisation ou la maximalisation, qui sont des biais ge´ne´raux, l’individu attribue une valeur subjective infe´rieure ou supe´rieure a` sa valeur objective (juger comme un e´ve´nement tre`s important d’avoir renverse´ son cafe´ par terre). Le catastrophisme serait un biais cognitif spe´cifique dans lequel le degre´ subjectif attribue´ a` un e´ve´nement a une valeur tre`s infe´rieure a` sa valeur objective. De meˆme, la focalisation arbitraire serait un biais cognitif ge´ne´ral dans lequel l’individu se focalise et est obse´de´ par un e´le´ment dans la plupart des situations de sa vie. L’abstraction se´lective serait une instance particulie`re du biais cognitif ge´ne´ral de focalisation arbitraire qui consiste a` se´lectionner un de´tail a` connotation ne´gative et a` se focaliser sur ce dernier et ce, dans une classe particulie`re d’e´ve´nements (les e´ve´nements futurs par exemple). Certaines recherches ont mis en e´vidence que les biais cognitifs et le stress pouvaient pre´dire le de´veloppement de la de´pression chez les enfants [1], chez les adolescents [24] et e´galement chez les

adultes [3,4]. La majorite´ de ces e´tudes a e´te´ re´alise´e aupre`s d’enfants et d’adolescents de´pressifs [26,33] ou anxieux [43,44] ou encore souffrant d’anxie´te´ et de de´pression [6,19,34]. Peu d’e´tudes se sont inte´resse´es aux adultes [31]. De plus, le nombre et le type de biais cognitifs lie´s a` l’anxie´te´ diffe`rent e´galement selon les outils utilise´s : the Children’s Attributional Style Questionnaire Revised [40], the Children’s Dysfunctional Attitude Scale [2,5,12], le Children’s Negative Cognitive Error Questionnaire [33] e´valuent chacun des biais diffe´rents. La validite´ du CNCEQ est d’ailleurs remise en cause par plusieurs recherches [14,25,35,36,42]. Les liens entre biais cognitifs, anxie´te´ et de´pression sont rarement bien identifie´s dans les e´tudes empiriques disponibles. Par exemple, sur une population d’enfants, Weems et al. [43] ont observe´ que le catastrophisme e´tait un des biais les plus fortement lie´ a` l’anxie´te´, mais pas a` la de´pression. Cependant, Epkins [18] n’a trouve´ aucune diffe´rence concernant le catastrophisme entre les jeunes anxieux et les jeunes de´pressifs. De meˆme, Weems et al. [43] ont montre´ que la surge´ne´ralisation est pre´dictive de l’anxie´te´ comme de la de´pression, tandis qu’Epkins [18] trouve ce biais seulement lie´ a` l’anxie´te´ et que Leitenberg et al. [33] ne le trouvent lie´ qu’a` la de´pression. Les re´sultats les plus cohe´rents, toujours obtenus sur des groupes d’enfants, concernent le biais d’abstraction se´lective, qui semble davantage lie´ a` la de´pression [33,43,44] et le biais de personnalisation qui semble davantage lie´ a` l’anxie´te´ [18,43]. Les re´sultats re´cents de Maric et al. aupre`s de jeunes confirment les re´sultats ante´rieurs d’Epkins [18] au sujet du lien entre la surge´ne´ralisation et l’anxie´te´, mais aussi par rapport a` l’absence de lien entre surge´ne´ralisation et abstraction se´lective. Rehna et al. [38] observent e´galement des liens significatifs entre l’anxie´te´ et les biais cognitifs de catastrophisme, de personnalisation, d’abstraction se´lective et de surge´ne´ralisation chez les adolescents non de´pressifs et de´pressifs. Les biais cognitifs sont plus importants chez ces derniers, mais les corre´lations observe´es entre chacun de ces biais et l’anxie´te´ est comparable dans les deux e´chantillons. Les re´sultats expe´rimentaux concernant les liens entre anxie´te´ et biais cognitifs ont donc e´te´ obtenus a` partir d’outils e´labore´s pour des enfants et adolescents cliniques, en particulier souffrant de troubles de´pressifs. L’existence d’e´ventuels liens entre anxie´te´ et biais cognitifs chez les adultes ne souffrant d’aucune pathologie sont donc encore inconnus. C’est pourquoi notre recherche propose d’apporter des e´le´ments de re´ponse a` cette proble´matique. En effet, les biais cognitifs ne sont pas spe´cifiques aux aˆges du de´but de vie ni aux populations souffrant de troubles anxieux ou de´pressifs se´ve`res. Ainsi, il paraıˆt ne´cessaire d’identifier les biais cognitifs susceptibles d’eˆtre pre´dictifs d’une anxie´te´ non pathologique chez une population d’adultes non cliniques. Dans cette optique, au regard des re´sultats ante´rieurs obtenus chez des adolescents, le biais de surge´ne´ralisation est-il celui le plus corre´le´ positivement a` l’anxie´te´ chez les adultes non cliniques ?

2. Me´thode 2.1. Participants L’e´chantillon est constitue´ de 50 participants tout venant de la re´gion tourangelle, dont 20 femmes et 30 hommes, aˆge´s entre 30 et 46 ans (M = 37,9 ans, SD = 5, 24 ans). Les participants sont tous actifs et ont e´te´ recrute´s dans une grande surface, dans une socie´te´ d’ambulance et a` l’arme´e par le biais d’affiches. Le recueil des donne´es a e´te´ effectue´ par une psychologue clinicienne. Chaque participant a e´te´ vu de fac¸on individuelle au calme dans une salle. Le niveau d’e´tude moyen de l’e´chantillon est de 12,09 anne´es d’e´tudes formelles, ce qui correspond au niveau Baccalaure´at. Le niveau minimum est de 10, ce qui correspond a` un CAP/BEP. Le niveau maximum est de 16, ce qui correspond a` un niveau bac +4.

Pour citer cet article : Pennequin V, Combalbert N. L’influence des biais cognitifs sur l’anxie´te´ chez des adultes non cliniques. Ann Med Psychol (Paris) (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2015.07.040

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Aucun participant ne be´ne´ficie d’un suivi me´dical ou psychologique par un professionnel de sante´.

Tableau 1 Moyennes et e´cart-types pour chaque biais cognitif et pour l’anxie´te´.

2.2. Outils 2.2.1. Inventaire d’Anxie´te´ de Beck (IAB) Pour mesurer l’anxie´te´ des participants, nous avons utilise´ l’Inventaire d’Anxie´te´ de Beck (IAB), e´labore´ par Freeston et al. [21], qui est la version franc¸aise valide´e du Beck Anxiety Inventory BAI [10]. L’IAB est un questionnaire e´valuant l’e´tat anxieux, compose´ de 21 items mesurant les principaux symptoˆmes d’anxie´te´ cognitifs et somatiques ve´cus par les personnes a` travers les diffe´rents troubles anxieux tels que re´pertorie´s par le DSM-IV-TR. Le re´pondant doit indiquer l’intensite´ des symptoˆmes au cours de la dernie`re semaine sur une e´chelle allant de 0 (Pas du tout) a` 3 (Beaucoup). Parmi les symptoˆmes rapporte´s dans l’inventaire, nous retrouvons par exemple : des sensations d’engourdissement ou de picotement, des bouffe´es de chaleur, de la nervosite´. . . La version canadienne-franc¸aise posse`de une tre`s bonne consistance interne (a de 0,85 a` 0,94) [21,23] et une bonne fide´lite´ test-retest a` un intervalle de 4 semaines (r = 0,63) [21]. 2.2.2. Les biais cognitifs Nous avons retenu les 10 biais cognitifs les plus fre´quemment retrouve´s dans la litte´rature scientifique. Pour e´valuer chaque biais, nous avons re´dige´ quatre scenarii qui pre´sentent une situation de la vie quotidienne (au total, le cahier de passation de´cline 40 sce´narii de la vie quotidienne permettant d’e´valuer les 10 biais cognitifs retenus). Pour chaque sce´nario, nous avons propose´ trois modalite´s de re´ponse possibles qui re´fe`rent a` un degre´ de biais diffe´rent (pas de biais, biais mode´re´, biais important). Aucun point n’est attribue´ lorsque la re´ponse est celle sans biais, un point est cote´ lorsque le sujet re´pond avec un biais mode´re´ et deux points sont attribue´s lorsque la re´ponse est celle du degre´ de biais le plus e´leve´. Par exemple, pour le biais de surge´ne´ralisation :  aujourd’hui en allant au travail une personne m’a bloque´ la route pendant trois minutes en voulant se garer, il n’arrivait pas a` faire son cre´neau :  cette personne ne sait pas conduire,  cette personne ne sait pas faire les cre´neaux,  elle n’a pas re´ussi son cre´neau car elle s’y est mal prise. Et un exemple pour le biais de maximalisation :  j’ai perdu le cadeau d’anniversaire pour mon ami :  il ne va pas me croire et il va penser que je n’ai pas voulu de´penser d’argent pour lui, et il ne m’adressera plus la parole,  il va penser que j’ai oublie´ son anniversaire, il va m’en vouloir pendant quelques jours,  il me connaıˆt, il saura que je dis la ve´rite´.

Variables

Moyenne

E´cart-type

Surge´ne´ralisation Abstraction se´lective Infe´rence arbitraire Maximalisation Minimisation Personnalisation Faute de style Auto-injonction Requalification dans l’autre poˆle Omission du neutre Anxie´te´

2,08 1,16 2,36 1,88 2,82 1,4 2,06 4,18 1,42 2,5 28,24

1,94 1,39 1,43 1,23 1,73 1,22 1,39 2,3 1,17 1,46 7,09

3. Re´sultats Dans un premier temps, nous avons ve´rifie´ que les variables aˆge, niveau d’e´tudes et genre n’ont pas d’effet significatif sur l’anxie´te´ et les erreurs cognitives. Puis, des analyses de re´gression avec le logiciel Statistica ont e´te´ effectue´es afin d’identifier les biais cognitifs les plus pre´dictifs des scores d’anxie´te´ des participants. Le Tableau 1 ci-dessous pre´sente les statistiques descriptives (moyennes et e´cart-types) pour chaque biais cognitif ainsi que pour le score d’anxie´te´ de Beck. Les biais les plus fre´quents sont ceux d’auto-injonction, de minimisation, d’omission du neutre et d’infe´rence arbitraire. L’e´tendue des scores d’anxie´te´ dans notre e´chantillon va de 21 points (score minimum a` l’e´chelle) jusqu’a` 56 points (le score maximum possible e´tant de 63 points). Il est observe´, pour chaque biais, une variation assez importante en regard des moyennes, ce qui te´moigne que chaque biais existe a` divers degre´s dans une population adulte non clinique. Nous ne trouvons aucune corre´lation significative entre les variables aˆge et chacun des biais cognitif, ni entre le niveau des e´tudes formelles et chacun des biais cognitif. La corre´lation entre l’anxie´te´ et l’aˆge est e´galement non significative (r = 0,01, NS), ainsi que celle entre l’anxie´te´ et le niveau d’e´tudes (r = 0,06, NS). Un e´ventuel effet du genre a e´te´ e´tudie´ par les calculs des t de Student entre hommes et femmes pour chacun des biais cognitifs. Seul le biais d’abstraction se´lective diffe`re selon le genre, les hommes commettant plus que les femmes ce type de biais (t = 2,1, p < 0,05). Une analyse de re´gression pas a` pas ascendante a e´te´ conduite afin d’e´tudier les biais cognitifs qui pre´disent le plus fortement les scores d’anxie´te´. La variable de´pendante a` pre´dire est donc le score total d’anxie´te´ a` l’e´chelle de Beck et les pre´dicteurs sont chacun des 10 biais cognitifs (Tableau 2). La troisie`me e´tape introduit le biais de maximalisation aux deux autres biais de surge´ne´ralisation et d’infe´rence arbitraire qui Tableau 2 E´tapes de la re´gression multiple pas a` pas ascendante pre´disant l’anxie´te´ par les erreurs cognitives. E´tapes

Le score total a donc une e´tendue de 0 a` 80 (de 0 a` 8 pour chaque biais).

E´tape 1 E´tape 2

2.3. Proce´dure Chaque participant a rempli l’inventaire d’anxie´te´ de Beck et a re´pondu aux 40 sce´narii, seul et dans un environnement calme, afin de ne pas eˆtre influence´ par la pre´sence d’autrui et de rester attentif aux questions. Il est pre´cise´ aux participants que leurs re´ponses seront rendues anonymes. La dure´e totale de passation est de 20 a` 30 minutes.

3

E´tape 3

E´tape 4

*

Pre´dicteurs Surge´ne´ralisation Surge´ne´ralisation Infe´rence arbitraire Surge´ne´ralisation Infe´rence arbitraire Maximalisation Surge´ne´ralisation Infe´rence arbitraire Maximalisation Requalification de l’autre poˆle

b *

0,3887 0,3597* 0,2564* 0,2278 NS 0,2772* 0,2760* 0,2660 NS 0,3243* 0,3170* 0,2078 NS

R2

F Change

0,1512 0,1512 0,2161 0,1512 0,2161 0,2750 0,1512 0,2161 0,2750 0,3145

8,54* 8,54* 3,89* 8,54* 3,89* 3,74* 8,54* 3,89* 3,74* 2,59 NS

p < 0,05. NS : non significative.

Pour citer cet article : Pennequin V, Combalbert N. L’influence des biais cognitifs sur l’anxie´te´ chez des adultes non cliniques. Ann Med Psychol (Paris) (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2015.07.040

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apparaissaient a` l’e´tape 2. Toutefois, le biais de surge´ne´ralisation devient non significatif dans l’e´tape 3 (ß = 0,2278, p > 0,05). L’e´tape 4 ajoute le biais de requalification du poˆle au mode`le, mais n’apporte pas une explication supple´mentaire de la variance des scores d’anxie´te´ significative. Le meilleur mode`le est donc celui de l’e´tape 2 expliquant 21,61 % de la variance des scores d’anxie´te´ avec le biais de surge´ne´ralisation (15,12 % de la variance) et le biais d’infe´rence arbitraire (6,49 %). 4. Discussion L’objectif de notre recherche e´tait d’e´tudier, parmi les biais cognitifs identifie´s par Beck, ceux qui sont pre´dictifs d’une anxie´te´ non pathologique chez une population d’adultes non cliniques. Selon nos re´sultats chez ces adultes, le biais cognitif le plus pre´dictif de l’anxie´te´ est la surge´ne´ralisation, qui est le fait de conside´rer un cas singulier comme une re`gle ge´ne´rale [37]. Ce biais concerne le raisonnement inductif qui consiste a` e´laborer une re`gle ge´ne´rale a` partir de cas particuliers. Dans son aspect le plus rigoureux, ce raisonnement est utilise´ dans la recherche scientifique afin d’induire une re`gle ge´ne´rale a` partir d’un e´chantillon d’observations. Dans ce cas, l’e´chantillon d’observations doit eˆtre suffisamment important et la conclusion e´mise doit eˆtre accompagne´e d’une probabilite´ calcule´e de se tromper en e´mettant la conclusion. Par exemple, dans notre e´tude, a` partir de l’observation des re´sultats obtenus sur 50 adultes, on peut conclure que le biais de surge´ne´ralisation est le biais le plus fortement pre´dictif de l’anxie´te´ avec 5 % de chance de se tromper. Nous utilisons e´galement ce raisonnement quotidiennement afin d’e´laborer des re`gles ge´ne´rales permettant de donner une re´gularite´ et une cohe´rence au monde environnant. Prenons un exemple dans le milieu professionnel : par deux fois, un employe´ est convoque´ dans le bureau de son supe´rieur hie´rarchique qui souhaite lui adresser des reproches sur son travail. L’employe´ va alors induire (a` tort ou a` raison) la re`gle ge´ne´rale « chaque fois que je suis convoque´ par le patron dans son bureau, c’est pour me faire des remontrances ». Cette re`gle lui permettra de pre´dire que la prochaine fois qu’il rec¸oit une convocation de son patron a` venir dans son bureau, ce sera encore pour lui faire des reproches sur son travail. Toutefois, cette re`gle ge´ne´rale induite n’est pas certaine. Il est possible que son patron ait e´galement l’habitude de convoquer ses employe´s dans son bureau pour d’autres raisons, comme pour les fe´liciter de leur travail ou pour leur donner des consignes spe´cifiques. Ainsi, l’homme au quotidien a tendance a` faire des ge´ne´ralisations rapides a` partir de quelques exemples peu nombreux, contrairement a` la de´marche des statistiques inductives. De plus, nous n’accompagnons jamais notre conclusion d’une probabilite´ de nous tromper ; implicitement, la conclusion est pre´sente´e comme certaine, alors que le raisonnement inductif est un raisonnement probabiliste. Le raisonnement inductif nous permet donc de pre´dire des re`gles ge´ne´rales de fonctionnement de notre environnement. Il est e´galement a` la base de nos ste´re´otypes. Au quotidien, une tendance a` la ge´ne´ralisation excessive existe donc chez l’individu en bonne sante´ mentale. Dans le cas du biais de surge´ne´ralisation, le sujet va induire une re`gle ge´ne´rale a` partir d’un seul cas particulier et va conside´rer sa conclusion comme certaine. Le biais de surge´ne´ralisation est donc une induction excessive a` partir d’un seul exemple (« j’ai e´choue´ a` faire mon cre´neau, donc je ne sais pas bien conduire »). Cette induction excessive s’accompagne e´galement d’un biais de confirmation, l’exemple va confirmer l’hypothe`se ge´ne´rale que le sujet porte sur ses capacite´s (« j’ai e´choue´ a` me garer du premier coup, c¸a prouve bien que je ne sais pas conduire »). Le sujet va ordinairement inhiber les contre-exemples qui prouvent que l’hypothe`se est fausse, c’est-a`-dire les fois ante´rieures ou` il a re´ussi a` se garer du

premier coup. Le biais de surge´ne´ralisation est en ge´ne´ral plutoˆt adaptatif. Chez l’individu non clinique, il peut concerner tant les e´ve´nements positifs que ne´gatifs. Toutefois, nos re´sultats montrent que ce biais cognitif est celui qui pre´dit le mieux l’anxie´te´ d’adultes non cliniques. Ce biais peut donc e´galement se re´ve´ler inadaptatif s’il est utilise´ trop fre´quemment ou de fac¸on syste´matique concernant les e´ve´nements ne´gatifs. Ce re´sultat concernant l’existence d’un lien entre biais de surge´ne´ralisation et anxie´te´ avait e´galement e´te´ observe´ dans les e´tudes ante´rieures aupre`s d’adolescents de´pressifs [18,35,43] et d’adolescents non de´pressifs [38]. Ces re´sultats expe´rimentaux confirment que le biais de surge´ne´ralisation n’est pas spe´cifique d’une population anxieuse pathologique, mais qu’il est lie´ a` l’anxie´te´ de fac¸on ge´ne´rale, meˆme a` un degre´ mode´re´ et ce, aux diffe´rents aˆges de la vie. On peut donc supposer qu’il est important, au niveau e´ducatif (parents, enseignants, e´ducateurs, professionnels de sante´), de mettre l’accent sur les contre-exemples d’un e´chec ou d’un e´ve´nement ne´gatif. En effet, cela permettrait d’e´viter qu’une ge´ne´ralisation excessive pour les e´ve´nements ne´gatifs ne devienne syste´matique chez l’enfant, puis perdure pendant l’adolescence et l’aˆge adulte, et ainsi participe a` l’apparition de troubles anxieux. Le second biais pre´dictif de l’anxie´te´ est l’infe´rence arbitraire qui consiste a` e´mettre une conclusion sans lien logique avec les pre´misses. Le raisonnement n’est alors base´ sur aucune donne´e initiale existant dans la re´alite´. Par exemple, le sujet conclut qu’il est gravement malade alors qu’aucune donne´e objective ne lui permet de penser cela (examen me´dical et analyses sanguines). Le biais se situe principalement au niveau de l’interpre´tation des donne´es initiales, des pre´misses. Si on demande au sujet de justifier sa conclusion, il pourra invoquer des arguments subjectifs qui ont en re´alite´ peu d’incidence sur les conditions re´elles (« je suis certain que je suis gravement malade, j’en ai l’intuition et mon horoscope pre´dit des proble`mes de sante´ »). Objectivement, les donne´es auxquelles se re´fe`re le sujet n’existent pas ou ne sont pas fiables, mais elles lui permettent de justifier ses cognitions ne´gatives. Le point commun de ces deux biais les plus pre´dictifs de l’anxie´te´ est qu’ils se situent au niveau des donne´es initiales (ou pre´misses) sur lesquelles porte le raisonnement. Soit le biais se base sur trop peu de donne´es (surge´ne´ralisation), soit sur des donne´es non fiables, voire inexistantes (abstraction se´lective). On peut donc penser que, dans une population d’adultes non cliniques, l’anxie´te´ est lie´e a` des biais existant au niveau de la premie`re e´tape du raisonnement, c’est-a`-dire celle de la se´lection des donne´es initiales. Au niveau des processus cognitifs, il serait alors inte´ressant de repe´rer un lien e´ventuel entre ce type de biais et les capacite´s de filtrage attentionnel (activation/inhibition). Une autre piste d’approfondissement serait d’e´tudier si les biais observe´s comme pre´dictifs d’une anxie´te´ pathologique chez l’adulte concernent davantage les e´tapes qui suivent la se´lection des pre´misses, c’est-a`-dire les e´tapes d’interpre´tation des donne´es, ou du processus d’infe´rence en lui-meˆme. 5. Conclusion Nos re´sultats montrent que les biais cognitifs ne sont pas spe´cifiques d’une population clinique. En effet, chaque individu est susceptible de commettre des biais de raisonnement qui sont, la plupart du temps, adaptatifs. Ainsi, les biais cognitifs doivent eˆtre appre´hende´s plutoˆt en termes de fre´quence et d’intensite´ sur un continuum permettant de distinguer la population clinique d’une population non clinique au niveau de l’anxie´te´. La sante´ mentale ne peut donc pas eˆtre caracte´rise´e par l’absence de biais cognitifs et par l’utilisation parfaite des diffe´rentes formes de raisonnement telles que la logique formelle le pre´conise. Au contraire, la bonne sante´ mentale et l’adaptation a` notre environnement ne´cessitent la pre´sence de certains biais de raisonnement. Enfin, des liens

Pour citer cet article : Pennequin V, Combalbert N. L’influence des biais cognitifs sur l’anxie´te´ chez des adultes non cliniques. Ann Med Psychol (Paris) (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2015.07.040

G Model

AMEPSY-2098; No. of Pages 5 V. Pennequin, N. Combalbert / Annales Me´dico-Psychologiques xxx (2015) xxx–xxx

spe´cifiques semblent exister entre certains biais cognitifs et les troubles e´motionnels tels que l’anxie´te´ et la de´pression. Ces liens sont e´galement susceptibles d’e´voluer en fonction des diffe´rents aˆges de la vie. Pour cette raison, une approche diffe´rentielle et de´veloppementale des liens entre erreurs cognitives et troubles e´motionnels paraıˆt particulie`rement inte´ressante a` de´velopper. De´claration de liens d’inte´reˆts Les auteurs de´clarent ne pas avoir de liens d’inte´reˆts. Re´fe´rences [1] Abela JRZ, Sarin S. Cognitive vulnerability to hopelessness depression: a chain is only as strong as its weakest link. Cogn Ther Res 2002;26:811–29. [2] Abela JRZ, Sullivan C. A test of Beck’s cognitive diathesis theory of depression in early adolescents. J Early Adolesc 2003;23:384–404. [3] Alloy LB, Abramson LY. Depressive realism: four theoretical perspectives. In: Alloy LB, editor. Cognitive processes in depression. New York: Guilford Press; 1988. p. 223–65. [4] Alloy LB, Clements CM. Hopelessness theory of depression: tests of the symptom component. Cogn Ther Res 1998;22:303–35. [5] Barrett PM, Rapee RM, Dadds MM, Ryan SM. Family enhancement of cognitive style in anxious and aggressive children. J Abnorm Child Psychol 1996;24: 187–203. [6] Barriga AQ, Landau JR, Stinson BL, Liau AK, Gibbs JC. Cognitive distortion and problem behaviours in adolescents. Crim Justice Behav 2000;27:36–56. [7] Beck AT. Depression: clinical, experimental, and theoretical aspects. New York: Harper & Row Publishers; 1967. [8] Beck AT. Cognitive therapy and the emotional disorders. New York: New American Library; 1976. [9] Beck AT. Thinking and depression 2: theory and therapy. Arch Gen Psychiatry 1964;10:561–71. [10] Beck AT, Epstein N, Brown G, Steer RA. An inventory for measuring clinical anxiety: psychometric properties. J Consult Clin Psychol 1988;56:893–7. [11] Beck JS. Cognitive therapy: basics and beyond. New York: Guilford; 1995. [12] Bo¨gels SM, Zigterman D. Dysfunctional cognitions in children with social phobia, separation anxiety disorder, and generalized anxiety disorder. J Abnorm Child Psychol 2000;28:205–11. [13] Brosan L, Hoppitt L, Shelfer L, et al. Cognitive bias modification for attention and interpretation reduces trait and state anxiety in anxious patients referred to an out-patient service: results from a pilot study. J Behav Ther Exp Psychiatry 2011;42:258–64. [14] Cole DA, Turner JE. Models of cognitive mediation and moderation in child depression. J Abnorm Psychol 1993;102:271–81. [15] Drapeau M, Perry JC, Dunkley D. The cognitive errors rating system. McGill University; 2005. [16] Ellis A. Rational psychotherapy. J Gen Psychol 1958;13:344–50. [17] Ellis A. Reason and emotion in psychotherapy. New York: Lyle Stuart; 1962. [18] Epkins CC. Cognitive specificity and affective confounding in social anxiety and dysphoria in children. J Psychopathol Behav Assess 1996;18:83–101. [19] Epkins CC. Cognitive specificity in internalizing and externalizing problems in community and clinical-referred children. J Clin Child Psychol 2000;29: 199–208. [20] Francheschi P. Comple´ment pour une the´orie des distorsions cognitives. J Ther Comp Cogn 2007;17:84–8. [21] Freeston MH, Ladouceur R, Thibodeau N, Gagnon F, Rhe´aume J. L’inventaire d’anxie´te´ de Beck : proprie´te´s psychome´triques d’une traduction franc¸aise. Encephale 1994;20:47–55. [22] Fu X, Du Y, Au S, Lau JYF. Reducing negative interpretation in adolescents with anxiety disorders: a preliminary study investigating the effects of a single

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