Gyne´cologie Obste´trique & Fertilite´ 39 (2011) 625–629
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www.sciencedirect.com
Quarante-deuxie`me Journe´e the´matique de la Socie´te´ franc¸aise d’e´tude de la fertilite´ (Paris, 17 mars 2011)
L’oviducte de mammife`re : un organe revisite´ The mammalian oviduct revisited S. Halter a,b, K. Reynaud a,b, Z. Tahir a,b, S. Thoumire a,b, S. Chastant-Maillard a,b,c, M. Saint-Dizier a,b,d,* a
INRA, UMR 1198 biologie du de´veloppement et reproduction, 78350 Jouy-en-Josas, France ENVA, UMR 1198 biologie du de´veloppement et reproduction, 7, avenue du Ge´ne´ral-de-Gaulle, 94700 Maisons-Alfort, France c Reproduction, E´cole nationale ve´te´rinaire de Toulouse, 23, chemin des Capelles, 31076 Toulouse cedex, France d UFR ge´ne´tique e´levage reproduction, AgroParisTech, 16, rue Claude-Bernard, 75231 Paris cedex 05, France b
I N F O A R T I C L E
R E´ S U M E´
Historique de l’article : Rec¸u le 6 juin 2011 Accepte´ le 12 septembre 2011 Disponible sur Internet le 14 octobre 2011
Les oviductes, ou trompes ute´rines, assurent le transport et la maturation finale des game`tes, abritent la fe´condation et les premiers stades de de´veloppement embryonnaire. L’environnement tubaire est finement re´gule´ par les ste´roı¨des ovariens mais aussi par les game`tes et les embryons qui interagissent avec lui. Longtemps conside´re´ comme une simple zone de transit, l’oviducte se voit attribuer aujourd’hui des fonctions plus complexes dans ces diffe´rents processus. Le fluide tubaire, de mieux en mieux caracte´rise´, peut eˆtre conside´re´ comme la premie`re interface entre l’organisme maternel et l’embryon et pourrait jouer a` ce titre un roˆle majeur dans la qualite´ du conceptus. ß 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.
Mots cle´s : Oviducte Trompe ute´rine Fluide tubaire Ovocyte Spermatozoı¨de Embryon
A B S T R A C T
Keywords: Oviduct Uterine tube Tubal fluid Oocyte Spermatozoa Embryo
The oviducts, or uterine tubes, support the transport and final maturation of gametes, and harbour fertilization and early embryo development. The oviduct environment is finely regulated by ovarian steroids as well as by gametes and embryos that interact with it. Previously regarded as a simple transit zone, the oviduct is now regarded as a complex organ with multiple functions in these various processes. The tubal fluid, now better characterized, is to be regarded as the first interface between the mother and the embryo. It may play a major role in the quality of the conceptus. ß 2011 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
1. Introduction L’oviducte de mammife`re, nomme´ aussi trompe de Fallope, est un organe tubaire (2 cm chez la souris, 10 cm chez la femme, jusqu’a` 30 cm chez la jument et la vache, entre 0,5 et 12 mm de diame`tre) morphologiquement divise´ en quatre re´gions : l’infundibulum ou pavillon, au contact de l’ovaire, l’ampoule, partie la plus large, puis l’isthme, plus e´troite et sinueuse, et enfin la jonction ute´rotubaire (JUT). De l’ampoule a` la JUT, l’oviducte est constitue´ d’une muqueuse, l’endosalpinx, d’une couche de fibres musculaires lisses, le myosalpinx, et d’une se´reuse (Fig. 1). L’endosalpinx, tre`s plisse´, est entie`rement recouvert d’un e´pithe´lium comportant en
* Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (M. Saint-Dizier). 1297-9589/$ – see front matter ß 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. doi:10.1016/j.gyobfe.2011.09.011
proportions a` peu pre`s e´gales des cellules cilie´es et des cellules se´cre´trices non cilie´es [1] (Fig. 2). 2. L’oviducte, un lieu de transport actif des game`tes et de l’embryon L’oviducte intervient activement dans la rencontre des game`tes : les contractions du myosalpinx et les battements ciliaires de l’e´pithe´lium cre´ent en effet un flux de liquide tubaire contribuant au transport des game`tes. Ce flux est oriente´ vers la cavite´ pe´ritone´ale au moment de l’ovulation et dans les trois jours qui suivent [2]. De`s son expulsion du follicule ovulatoire, le complexe ovocyte-cumulus (COC) est pourtant capte´ par l’infundibulum, a` la fois graˆce a` des contractions du myosalpinx [3] et graˆce a` un processus d’adhe´sion entre les cils de l’oviducte et les cellules du cumulus, indispensables a` la progression du COC vers
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3. L’oviducte, un lieu de maturation game´tique et de de´veloppement embryonnaire pre´coce
Fig. 1. Coupe histologique d’un oviducte canin au niveau de l’ampoule. E : endosalpinx ; M : myosalpinx ; S : se´reuse.
l’ampoule [4,5]. De`s leur arrive´e dans la trompe, les spermatozoı¨des sont stocke´s dans une zone de l’isthme nomme´e re´servoir spermatique, par liaison de leur teˆte a` l’e´pithe´lium tubaire [6]. Cette liaison re´versible a e´te´ bien e´tudie´e chez les bovins, ou` elle met en jeu des prote´ines du plasma se´minal (prote´ines de la famille des BSP, ou Bovine Seminal Plasma) lie´es a` la membrane plasmique pe´ri-acrosomale du spermatozoı¨de, et par ailleurs, des groupements saccharidiques de prote´ines appartenant a` la famille des annexines (ANXA1, -2, -4, -5) pre´sentes a` la surface des cellules e´pithe´liales de l’oviducte [6]. Lorsque le COC entre dans l’ampoule, les spermatozoı¨des sont libe´re´s du re´servoir spermatique, passent a` l’e´tat hyperactif dans le processus de capacitation, puis entament une remonte´e de l’oviducte vers la jonction entre l’ampoule et l’isthme, ou` a lieu la fe´condation [3,4]. Cette remonte´e des spermatozoı¨des a` contre-courant s’effectue graˆce a` l’action combine´e des contractions du myosalpinx, d’un gradient de tempe´rature entre l’ampoule et l’isthme, et d’un processus de chimiotactisme [6,7]. Apre`s la fe´condation, l’embryon migre vers l’ute´rus graˆce aux battements ciliaires de l’e´pithe´lium et au flux des se´cre´tions tubaires, dirige´ vers la cavite´ ute´rine [8,9]. Chez la femme, les cils de l’e´pithe´lium tubaire ont une importance capitale dans le transport de l’ovocyte et de l’embryon et leur absence ou de´ficience induit de l’infertilite´ ou des grossesses extra-ute´rines [10,11].
Fig. 2. Cellules e´pithe´liales d’un oviducte canin, observe´es par microscopie e´lectronique a` balayage. On distingue les cellules cilie´es (CC) et les cellules se´cre´trices (CS ; cellules arrondies, pre´sentant des microvillosite´s a` leur surface).
La se´lection des spermatozoı¨des orchestre´e par les oviductes est un phe´nome`ne drastique, puisque sur les milliers de spermatozoı¨des pre´sents dans l’isthme, seuls quelques dizaines atteindront l’ampoule [3,9,12]. Une premie`re se´lection s’effectue lors du passage de la JUT, gouverne´ a` la fois par la mobilite´ des spermatozoı¨des et par des interactions mole´culaires entre la membrane des spermatozoı¨des et la JUT [7]. Chez la souris, le passage de la JUT met en jeu des prote´ines de la famille ADAM (A Desintegrin And Metallopeptidase Domain), mole´cules e´galement implique´es dans la reconnaissance et la fusion des game`tes lors de la fe´condation [7]. Une seconde se´lection s’effectue dans le re´servoir de l’isthme, dont les capacite´s de liaison aux spermatozoı¨des sont re´gule´es par des facteurs de qualite´ spermatique identifie´s chez plusieurs mammife`res, comme la pre´sence d’un acrosome intact, l’absence de capacitation, l’inte´grite´ de la chromatine ou l’absence d’anomalies morphologiques [6,7,13]. A` l’inverse, l’influence de l’environnement tubaire sur la qualite´ de l’ovocyte apre`s l’ovulation a e´te´ peu e´tudie´e. Cette question se pose ne´anmoins pour les canide´s, chez lesquels la reprise de la me´iose et la maturation finale des ovocytes se de´roulent entie`rement dans le milieu tubaire apre`s l’ovulation [14]. Enfin, le roˆle de l’oviducte dans le de´veloppement embryonnaire pre´-implantatoire varie selon les espe`ces. Chez les mammife`res non primates, le transfert dans l’ute´rus d’embryons a` des stades tre`s pre´coces ne donne pas lieu a` une gestation [15]. A` l’inverse, chez les primates et la femme, il est possible d’obtenir une gestation en injectant spermatozoı¨des et ovocytes dans l’ute´rus, ou en transfe´rant un embryon de`s le stade zygote ou quatre cellules [16]. Cependant, l’impact de l’environnement tubaire sur la qualite´ du blastocyste, longtemps ignore´ a` cause des succe`s de la FIV, redevient un objet de recherche pour ame´liorer les taux de gestation obtenus apre`s transfert d’embryons produits in vitro [17]. En effet, des e´ve´nements majeurs du de´veloppement s’initient dans l’embryon au cours de son se´jour dans l’oviducte : l’e´pigene`se, l’activation du ge´nome zygotique, la compaction, la cavitation et l’e´tablissement des deux ligne´es cellulaires a` l’origine du fœtus et du placenta.
4. Le fluide tubaire, un micro-environnement complexe Le fluide tubaire est forme´ a` la fois par passage a` travers l’e´pithe´lium tubaire de solute´s en provenance de la circulation sanguine et par des se´cre´tions de novo de cet e´pithe´lium [18]. Le fluide tubaire se compose de substrats e´nerge´tiques (essentiellement glucose, pyruvate et lactate), d’ions, d’acides amine´s et d’une large palette de prote´ines (Tableaux 1–3 ; pour revues, [19,20]). Les concentrations en lactate et pyruvate du liquide tubaire sont nettement supe´rieures a` celle du se´rum et du liquide ute´rin chez la plupart des mammife`res : cet environnement est favorable au me´tabolisme glucidique des spermatozoı¨des et de l’embryon jusqu’au stade blastocyste [21,22]. Parmi les ions, le potassium est deux a` cinq fois plus concentre´ dans le fluide tubaire que dans le se´rum [2,23,24]. Certains ions, notamment les ions chlorure, en cre´ant un gradient osmotique a` l’origine de l’entre´e d’eau dans la lumie`re de l’oviducte, jouent un roˆle important dans la formation de ce fluide [23]. Les acides amine´s pre´sents dans le fluide tubaire y sont pour la plupart en concentration supe´rieure par rapport au se´rum [19,25]. La glycine et l’alanine sont les acides amine´s pre´dominants [19,25] : ils sont notamment implique´s dans la re´gulation du pH intra-oviductal et dans la protection de l’embryon vis-a`-vis du stress osmotique [23]. De meˆme, la taurine et l’hypotaurine, aux proprie´te´s anti-oxydantes, sont produites en grande quantite´ par l’e´pithe´lium de l’oviducte [2]. En revanche, les
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Tableau 1 Concentration des principaux substrats e´nerge´tiques dans le fluide tubaire chez quelques mammife`res (en mM).
Glucose Lactate Pyruvate
Femme
Souris
Brebis
Truie
Vache
Jument
0,5 8,6–10,5 0,17–0,32
3,4 4,7 0,37
1,57–1,76 1,67–2,51 0,15
0,17–1,65 3,86–6,83 0,17–0,22
1,87–3,17 5,35–6,66 0,09–0,12
2,84–5,92 ND ND
D’apre`s [19,22,23]. ND : non de´termine´.
Tableau 2 Concentrations des principaux acides amine´s dans le fluide tubaire (en mM) chez quelques mammife`res. Ces acides amine´s sont pre´sents en plus forte concentration que dans le plasma circulant.
Alanine Ac. aspartique Glycine Leucine Lysine Me´thionine Phe´nylalanine Taurine Tyrosine
Souris
Lapine
Brebis
Truie
Vache
Jument
506 215 586 43 93 29 33 2000 32
469–475 24–25 2889 99–129 60–165 22–32 51–65 74–123 66–79
241 21 2300 83–250 90–210 14–50 30–180 40–47 32–150
171 4 875 33 66 7 13 236 14
532–655 127–171 1320–1595 156–220 192–260 31–48 52–87 41–55 44–62
140 22 263 53 53 14 26 ND 41
D’apre`s [19,25]. ND : non de´termine´.
Tableau 3 Concentrations en ions dans le fluide tubaire (en mM) chez quelques mammife`res.
Na Cl K Ca Mg P Bicarbonate
Femme
Lapine
Brebis
Vache
Jument
130–145 113 6,7–21,1 1,1–2,1 0,6–1,4 8,7 ND
128–190 115–332 5,6–16,8 2,7–8 0,1–0,5 0,2 16,5
135–141 ND 6,9–8,1 6–7,6 1,1–1,2 ND ND
140–160 90–100 6–7 3–4 0,5–1 3 ND
130 ND 7,9 2,3 4,6 0,4 ND
D’apre`s [19,24]. ND : non de´termine´.
prote´ines sont en ge´ne´ral moins concentre´es dans le fluide tubaire que dans le plasma circulant [20]. Chez de nombreux mammife`res, le fluide tubaire contient une glycoprote´ine spe´cifique (Oviductspecific Glycoprotein, ou OVGP) se´cre´te´e par les cellules non cilie´es de l’e´pithe´lium, dont la se´quence prote´ique est fortement conserve´e entre espe`ces [20]. Plusieurs fonctions ont e´te´ attribue´es a` l’OVGP chez les mammife`res ou` elle est pre´sente, incluant la femme : elle pourrait moduler la mobilite´, la capacitation et la re´action acrosomique des spermatozoı¨des, mais aussi augmenter le taux de fe´condation des ovocytes et re´guler le de´veloppement des embryons jusqu’au stade blastocyste [26]. 5. Les ste´roı¨des re´gulent les fonctions de l’oviducte Les ste´roı¨des jouent un roˆle majeur dans la re´gulation des fonctions de l’oviducte chez tous les mammife`res e´tudie´s, bien que d’autres mole´cules, a` actions endocrines et/ou paracrines, soient implique´es dans cette modulation (parmi lesquelles les prostaglandines, les cate´cholamines et autres me´diateurs de l’inflammation ; pour revue, [18]). Les oviductes sont anatomiquement proches des ovaires et leur vascularisation est en partie commune : un transfert vasculaire a` contre-courant de ste´roı¨des s’effectue depuis la veine ovarienne vers le rameau tubaire de l’arte`re ovarienne [3,12]. Par conse´quent, la concentration en ste´roı¨des dans les oviductes est beaucoup plus e´leve´e que la concentration plasmatique et peut varier localement de fac¸on beaucoup plus aigue¨ que dans le plasma circulant [3,12]. Les ste´roı¨des ovariens re´gulent la structure histologique de l’oviducte :
la proportion de cellules se´cre´trices, la hauteur des cellules se´cre´trices et leur contenu en granules de se´cre´tion augmentent sous impre´gnation œstroge´nique et diminuent pendant la phase lute´ale du cycle œstral [18]. Le taux de se´cre´tion de l’e´pithe´lium tubaire est e´galement stimule´ par les œstroge`nes et inhibe´ par la progeste´rone chez la plupart des mammife`res [19]. La se´cre´tion de l’OVGP est en particulier fortement stimule´e par les œstroge`nes [26]. Dans l’oviducte bovin, l’expression de pre`s de 80 ge`nes est re´gule´e diffe´rentiellement selon le stade du cycle œstral dans les cellules e´pithe´liales [27]. Chez la vache, la progeste´rone module la composition du liquide tubaire, notamment en acides amine´s [28]. La fonction de transport de l’oviducte est aussi module´e par les ste´roı¨des : les contractions du myosalpinx sont inhibe´es et la vitesse de transport des embryons re´duite par la progeste´rone et inversement, stimule´es par les œstroge`nes chez la ratte [9]. Cependant, de nombreux facteurs agissent localement pour moduler cette action et la re´gulation ste´roı¨dienne du transport des embryons varie selon les espe`ces [9]. Quant a` la motilite´ ciliaire, peu de modulateurs sont actuellement connus, a` part la progeste´rone qui re´duit la fre´quence des battements ciliaires [29] et les œstroge`nes, qui l’augmentent [11]. 6. Les game`tes et l’embryon modulent l’environnement tubaire S’il est ge´ne´ralement admis que l’oviducte et le liquide tubaire peuvent modifier la qualite´ des embryons [23,30], la re´gulation du milieu tubaire par les game`tes et l’embryon eux-meˆmes est un concept re´cent. Outre le cas particulier du transport actif du
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blastocyste e´quin depuis l’oviducte vers l’ute´rus par l’action de la prostaglandine E2 embryonnaire, connu depuis 20 ans [31], les dialogues game`tes-oviducte et embryon-oviducte sont encore largement me´connus chez les mammife`res. L’e´tude de ces interactions in vivo s’est re´cemment de´veloppe´e graˆce a` de nouveaux outils, comme les « omiques » ou l’imagerie miniature. Ainsi, il a e´te´ de´montre´ que le transcriptome des cellules e´pithe´liales de l’oviducte pouvait eˆtre modifie´ en pre´sence d’un COC chez la vache [32] ou d’embryons au stade zygote chez la souris [33]. Une approche couplant la chirurgie et la prote´omique chez la truie a permis de montrer que les ovocytes et les spermatozoı¨des modulent diffe´remment la composition prote´ique du fluide tubaire, sugge´rant diffe´rentes voies de signalisation [34]. La vide´o-microscopie ex vivo a mis en e´vidence des interactions cellulaires entre l’e´pithe´lium tubaire et le COC de`s l’ovulation, puis entre ce meˆme e´pithe´lium et l’embryon en de´veloppement dans l’oviducte bovin [4]. Cependant, l’e´tude de ces dialogues cellulaires locaux se heurte a` de nombreux obstacles biologiques et techniques, notamment la ne´cessite´ de recourir a` la chirurgie ou l’abattage des animaux pour avoir acce`s aux oviductes, et la mobilite´ des game`tes et des embryons au sein de cet organe. Le recours a` des cultures primaires de cellules d’oviducte in vitro a permis d’e´lucider en partie la re´gulation de l’oviducte par le COC chez la vache [35]. Cependant, la plupart des auteurs s’accorde sur la difficulte´ de maintenir en culture les proprie´te´s morphologiques et fonctionnelles des cellules e´pithe´liales de l’oviducte au-dela` de 24 heures in vitro et les travaux actuels visent a` e´tablir des ligne´es mode`les pour l’e´tude des interactions me`re-embryon chez les bovins [17,36]. 7. L’oviducte, premie`re interface entre l’organisme maternel et l’embryon Des e´tudes e´pide´miologiques chez l’Homme ont mis en e´vidence une augmentation de l’incidence de maladies me´taboliques chez l’adulte (diabe`te, hypertension, obe´site´) lorsque la nutrition maternelle est perturbe´e pendant la pe´riode fœtale : il s’agit de l’hypothe`se DOHD pour « Developmental Origins of Health and Disease », aujourd’hui largement admise [37]. Il a e´te´ plus re´cemment montre´ que la nutrition et le me´tabolisme maternels pendant la pe´riode pe´ri-conceptionnelle pouvaient e´galement jouer un roˆle majeur dans l’e´mergence de maladies me´taboliques a` l’aˆge adulte [38]. Des embryons de souris, issus de me`re soumises a` un re´gime pauvre en prote´ines entre la conception et j3,5 (fin du se´jour dans l’oviducte a` j3) puis transfe´re´s dans l’ute´rus de souris soumises a` un re´gime prote´ique normal, ont donne´ naissance a` des souriceaux de poids normal mais dont les femelles ont de´veloppe´ un surpoids, de l’hypertension arte´rielle et des re´ponses comportementales anormales a` l’aˆge adulte [39]. Des re´sultats similaires ont e´te´ obtenus chez le rat [40,41]. Ces re´sultats soulignent, d’une part, la sensibilite´ de l’embryon pre´-implantatoire a` son environnement et, d’autre part, l’importance des re´ponses adaptatives de l’embryon face a` cet environnement. Le milieu tubaire pourrait ainsi eˆtre une des feneˆtres de susceptibilite´ de cette « chaıˆne d’approvisionnement » de´finie dans le syndrome DOHD entre la nutrition maternelle et la descendance [42]. Or l’environnement tubaire est re´gule´ par le me´tabolisme maternel [23]. Une modification de la ration alimentaire chez la vache modifie la composition du liquide tubaire [43]. Un de´ficit e´nerge´tique lie´ a` une forte production laitie`re chez la vache entraıˆne des modifications de l’expression des ge`nes du syste`me IGF dans les cellules e´pithe´liales de l’oviducte [44]. Le milieu tubaire pourrait donc eˆtre conside´re´ comme le premie`re interface entre la me`re et l’embryon, et jouer a` ce titre un roˆle important dans la programmation des maladies me´taboliques [23].
8. Conclusion Depuis seulement quelques anne´es, l’oviducte n’apparaıˆt donc plus comme un simple tube charge´ d’he´berger la rencontre des game`tes, mais comme un organe a` part entie`re. Il n’est pas statique, sa structure et ses fonctions e´voluant de fac¸on marque´e au cours du cycle. Non seulement il modifie a` long terme la physiologie des embryons, mais il est lui-meˆme modifie´ par les embryons qu’il he´berge. Tout comme le follicule qui e´tablit un dialogue avec l’ovocyte qu’il contient, il existe un dialogue entre l’oviducte et les embryons dont il reste actuellement a` de´finir l’importance a` court terme sur le de´roulement de la gestation et a` long terme sur le devenir postnatal de l’individu. ˆ ts De´claration d’inte´re Les auteurs de´clarent ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article. Re´fe´rences [1] Barone R. Anatomie compare´e des mammife`res domestiques. Tome 4. Splanchnologie II. E´ditions Vigot. Troisie`me e´dition. Paris; 2001. [2] Menezo Y, Guerin P. The mammalian oviduct: biochemistry and physiology. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol 1997;73:99–104. [3] Hunter RH. Components of oviduct physiology in eutherian mammals. Biol Rev Camb Philos Soc 2011. doi:10.1111/j.1469-185X.2011.00196.x. [Epub ahead of print]. [4] Kolle S, Dubielzig S, Reese S, Wehrend A, Konig P, Kummer W. Ciliary transport, gamete interaction, and effects of the early embryo in the oviduct: ex vivo analyses using a new digital videomicroscopic system in the cow. Biol Reprod 2009;81:267–74. [5] Lam X, Gieseke C, Knoll M, Talbot P. Assay and importance of adhesive interaction between hamster (Mesocricetus auratus) oocyte-cumulus complexes and the oviductal epithelium. Biol Reprod 2000;62:579–88. [6] Suarez SS. Regulation of sperm storage and movement in the mammalian oviduct. Int J Dev Biol 2008;52:455–62. [7] Holt WV, Fazeli A. The oviduct as a complex mediator of mammalian sperm function and selection. Mol Reprod Dev 2010;77:934–43. [8] Brussow KP, Ratky J, Rodriguez-Martinez H. Fertilization and early embryonic development in the porcine fallopian tube. Reprod Domest Anim 2008; 43(Suppl. 2):245–51. [9] Croxatto HB. Physiology of gamete and embryo transport through the fallopian tube. Reprod Biomed Online 2002;4:160–9. [10] Hagiwara H, Ohwada N, Aoki T, Suzuki T, Takata K. The primary cilia of secretory cells in the human oviduct mucosa. Med Mol Morphol 2008;41:193–8. [11] Lyons RA, Saridogan E, Djahanbakhch O. The reproductive significance of human Fallopian tube cilia. Hum Reprod Update 2006;12:363–72. [12] Hunter RH. The Fallopian tubes in domestic mammals: how vital is their physiological activity? Reprod Nutr Dev 2005;45:281–90. [13] Hourcade JD, Perez-Crespo M, Fernandez-Gonzalez R, Pintado B, GutierrezAdan A. Selection against spermatozoa with fragmented DNA after postovulatory mating depends on the type of damage. Reprod Biol Endocrinol 2010;8:9. [14] Chastant-Maillard S, Viaris de Lesegno C, Chebrout M, Thoumire S, Meylheuc T, Fontbonne A, et al. The canine oocyte: uncommon features of in vivo and in vitro maturation. Reprod Fertil Dev 2011;23:391–402. [15] Baudrillard E. L’oviducte des mammife`res et son roˆle dans la reproduction. Maisons-Alfort: E´cole nationale ve´te´rinaire d’Alfort; 1992. [The`se de doctorat ve´te´rinaire]. [16] Hunter RH. Have the Fallopian tubes a vital role in promoting fertility? Acta Obstet Gynecol Scand 1998;77:475–86. [17] Ulbrich SE, Zitta K, Hiendleder S, Wolf E. In vitro systems for intercepting early embryo-maternal cross-talk in the bovine oviduct. Theriogenology 2009;73: 802–16. [18] Leese HJ, Tay JI, Reischl J, Downing SJ. Formation of Fallopian tubal fluid: role of a neglected epithelium. Reproduction 2001;121:339–46. [19] Aguilar J, Reyley M. The uterine tubal fluids: secretion, composition and biological effects. Anim Reprod 2005;2:91–105. [20] Aviles M, Gutierrez-Adan A, Coy P. Oviductal secretions: will they be key factors for the future ARTs? Mol Hum Reprod 2010;16:896–906. [21] Bavister BD. Interactions between embryos and the culture milieu. Theriogenology 2000;53:619–26. [22] Hugentobler SA, Humpherson PG, Leese HJ, Sreenan JM, Morris DG. Energy substrates in bovine oviduct and uterine fluid and blood plasma during the oestrous cycle. Mol Reprod Dev 2008;75:496–503. [23] Leese HJ, Hugentobler SA, Gray SM, Morris DG, Sturmey RG, Whitear SL, et al. Female reproductive tract fluids: composition, mechanism of formation and potential role in the developmental origins of health and disease. Reprod Fertil Dev 2008;20:1–8.
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