Luxation obturatrice de la hanche : survenue rare en milieu sportif

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ARTICLE IN PRESS

JTS-525; No. of Pages 4

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com Journal de Traumatologie du Sport xxx (2017) xxx–xxx

Cas clinique

Luxation obturatrice de la hanche : survenue rare en milieu sportif Obturator dislocation of the hip: A rare sports injury A. Bouya ∗ , I. Elantri , M.R. Bensaleh , M. Tanane , A. Zine , A. Jaafar Service de traumatologie et orthopédie I, l’hôpital militaire d’instruction Mohamed-V, Rabat, Maroc

Résumé La luxation de la hanche, dans sa variété obturatrice, est une entité rare surtout en milieu sportif. Elle nécessite une réduction dans un délai inférieur à 6 heures, réalisée par un chirurgien qualifié et prévenu du risque de complications. Nous rapportons le cas d’une luxation obturatrice (antéro-inférieure) chez un patient âgé de 56 ans pratiquant le cyclisme. © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits r´eserv´es. Mots clés : Luxation ; Hanche ; Obturatrice ; Cyclisme

Abstract Obturator dislocation of the hip joint is a rare entity, especially in the sport setting. Treatment require reduction in less than six hours performed by a qualified surgeon. There is an important risk of complications. We report a case of antero-inferior obturator dislocation in a 56-year-old man who had a cycling injury. © 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Keywords: Dislocation; Hip; Obturator; Cycling

1. Introduction

2. Patient et observation

La luxation traumatique de l’articulation coxofémorale se définit par le déplacement permanent de la tête fémorale hors de la cavité acétabulaire. Elle est en général la conséquence d’un traumatisme violent, le plus souvent un accident de la voie publique et plus rarement lors d’une pratique sportive [1]. Les variétés antérieures sont rares et (25 %). Elles peuvent être pubiennes (antérosupérieures) ou obturatrices (antéroinférieures) [2]. Nous rapportons le cas d’une luxation obturatrice survenue lors d’une course de cyclisme.

Un patient âgé de 56 ans, sans antécédent particulier, pratiquant le cyclisme depuis 24 ans, a heurté un tronc d’arbre à la suite du dérapage de son vélo. Il a immédiatement eu une impotence fonctionnelle de son membre inférieur droit, fixé en flexion/abduction/rotation externe de hanche et en flexion du genou. Admis à H3 à l’hôpital, l’examen clinique a objectivé l’attitude vicieuse de son membre, sans lésions vasculonerveuses associées (Fig. 1). Une radiographie conventionnelle du bassin a été réalisée et a révélé la présence d’une luxation antéro-inférieure de la hanche droite (Fig. 2 et 3). Une réduction en urgence sous sédation a été pratiquée en utilisant les manœuvres suivantes : traction initiale dans l’axe du membre suivie d’une flexion/rotation interne/abduction tout en maintenant la traction.



Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A. Bouya).

https://doi.org/10.1016/j.jts.2017.12.001 0762-915X/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits r´eserv´es.

Pour citer cet article : Bouya A, et al. Luxation obturatrice de la hanche : survenue rare en milieu sportif. J Traumatol Sport (2017), https://doi.org/10.1016/j.jts.2017.12.001

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Fig. 1. Attitude vicieuse du membre inférieur droit en flexion abduction, rotation externe.

Fig. 3. Image scannographique de reconstruction 3D montrant la luxation obturatrice droite.

Fig. 2. Radiographie conventionnelle du bassin montrant la luxation obturatrice droite.

Une radiographie de contrôle a confirmé la réduction de la luxation (Fig. 4) et une tomodensitométrie complémentaire (Fig. 5) a éliminé l’existence de lésions associées et/ou de fragments intra-articulaires. Une décharge de quatre semaines a été prescrite sous couvert d’une anti-coagulation préventive. La reprise de la marche a été autorisée à huit semaines et celle du cyclisme à 12 semaines. Au recul de 15 mois, le patient marche sans raideur, ni douleur et sans signes radiologiques d’ostéonécrose. Le retour au niveau sportif initial a été obtenu à six mois. 3. Discussion La luxation traumatique de la hanche est rarement isolée. Dans la majorité des cas, elle s’accompagne d’une fracture du cotyle ou de la tête fémorale. Le plus souvent, cette lésion est secondaire à un traumatisme à haute énergie, en règle dans le cadre d’un polytraumatisme des accidents de la voie publique comme l’ont rapportée plusieurs auteurs [3–6]. Beaucoup plus rarement, elle est la conséquence d’un accident sportif, souvent violent (compétition automobile, moto, parachutisme, ski).

Fig. 4. Radiographie conventionnelle du bassin montrant la réduction de la luxation.

Les luxations antérieures de la hanche sont divisées en deux types selon la position de la tête fémorale : pubienne ou supérieure (type 1) et obturatrice ou inférieure (type 2) [2]. La variété obturatrice s’observe dans 6 à 10 % des cas [7]. La luxation pure de la hanche dans sa forme obturatrice n’a jamais été décrite dans la littérature dans le cadre du cyclisme. Le mécanisme rapporté pour la survenue de ce type de luxation implique une hanche fléchie en abduction et rotation externe [3], position retrouvée chez notre patient en association à une impaction en vitesse sur le genou fléchi. Un cas similaire faisant suite à un accident de la voie publique (motocycliste heurté par un véhicule) a été publié par Dellanh et al. en 2015 [8]. Les lésions associées ne sont pas rares. Les atteintes cartilagineuses de la tête fémorale sont fréquentes et représentent 63 % des cas selon une étude tomodensitométrique menée par Tehranzadeh [9] ; il s’agit d’encoches postérieures dans

Pour citer cet article : Bouya A, et al. Luxation obturatrice de la hanche : survenue rare en milieu sportif. J Traumatol Sport (2017), https://doi.org/10.1016/j.jts.2017.12.001

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L’évolution d’une luxation isolée de hanche est souvent favorable dans 85 à 100 % des cas selon les auteurs [12]. Deux complications essentielles existent : la nécrose de la tête fémorale et la coxarthrose. La fréquence de survenue des nécroses est de 30 % chez l’adulte [13], mais ce chiffre concerne en majorité des luxations associées à une fracture du cotyle ou de la tête fémorale ; le taux de nécrose au cours des luxations isolées est probablement inférieur [1]. Ce risque augmente avec le retard de réduction ; Hougaard [14] rapporte 52,9 % de nécrose lorsque le délai de réduction dépasse les 6 heures. Dans notre cas, la réduction s’est faite dans un délai de 4 heures, ceci du fait d’un diagnostic précoce et d’une réduction atraumatique. La coxarthrose post-traumatique est une complication fréquente à long terme des luxations et peut survenir même en l’absence de nécrose; avec un recul de 15 mois cette complication ne s’est pas produite chez notre patient. Fig. 5. Coupe scannographique tranversale après réduction n’objectivant aucune lésion associée ou corps étranger.

les luxations antérieures. Les lésions capsulaires (déchirure ou désinsertion) peuvent entraîner l’irréductibilité de la luxation par phénomène d’incarcération [10]. Les lésions musculaires peuvent s’accompagner d’hématomes avec le risque de formation secondaire d’ostéomes qui ne retentissent que rarement sur l’amplitude articulaire [2]. Aussi, mais exceptionnellement, la luxation antérieure peut être responsable d’atteintes nerveuses obturatrice et fémorale [2]. Le traitement des luxations obturatrices est orthopédique. La réduction doit être réalisée en urgence après un bilan radiologique. Celle-ci peut être difficile chez un sujet musclé et nécessite une anesthésie générale, voire une curarisation chez un patient hémodynamiquement stable. Il n’y a pas de consensus sur les modalités de réduction ; Esptein [6] et Brav [11] proposent une traction dans l’axe du fémur suivie d’une flexion progressive de la hanche en rotation interne et abduction, tout en maintenant la traction. Tom [3] a critiqué ces manœuvres : il ne voit pas l’intérêt de l’abduction dans la réduction car la hanche est déjà en abduction forcée. Il a aussi condamné la rotation interne forcée et l’incrimine dans les fractures du col fémoral iatrogènes décrites par certains auteurs ; il recommande, par contre, l’utilisation d’une table orthopédique avec traction axiale couplée à une traction latérale puis un lâchage progressif de la traction tout en imprimant à la hanche un mouvement d’adduction et rotation interne. Ceci évoque la difficulté de réduction de ce type de luxation avec un risque important de complications pouvant inciter l’orthopédiste à réaliser une réduction à ciel ouvert. Par ailleurs, certains auteurs [2] rapportent la nécessité d’une traction post-réductionnelle de trois semaines suivie d’une décharge de 6 à 8 semaines, attitude ayant pour objectif de diminuer le risque de nécrose céphalique. Cependant, il n’y a aucun argument défendant cette pratique. Catonné et al. [1] recommandent un appui précoce soulagé puis total à j15 avec éviction de la rotation externe pendant trois semaines dans le cadre des luxations antérieures.

4. Conclusion La luxation obturatrice demeure rare, surtout en milieu sportif. Le diagnostic précoce et la réduction dans un délai inférieur à 6 heures sont primordiaux à la bonne évolution. Néanmoins, il faut garder en tête la difficulté de réduction de ce type de luxation. Contributions des auteurs Tous les auteurs ont contribué à la conduite de ce travail. Tous les auteurs déclarent également avoir lu et approuvé la version finale du manuscrit. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Références [1] Catonné Y, Meyer A, Sariali E, Biette G. Luxation de hanche sans fracture au cours d’activités sportives. In: Pathologie du complexe pelvi-fémoral du sportif; 2009. p. 88–99. [2] Burdin G, Hulet C, Slimani S, Coudane H, Vielpeau C. Luxation traumatiques de la hanche : luxations pures et fractures de la tête fémorale. EMC Rhumatol Orthop 2004:508–20. [3] Toms AD, Williams S, White SH. Obturator dislocation of the hip. J Bone Joint Surg Br 2001;83:113–5. [4] Elouakili I, Ouchrif Y, Ouakrim R, Lamrani O, Kharmaz M, Ismael F, et al. Luxation obturatrice de la hanche : un traumatisme rare en pratique sportive. Pan African Med J 2014;18:138. [5] Boyer P, Bassaine M, Huten D. La luxation obturatrice traumatique chez l’adulte : à propos d’un cas et revue de la littérature. Rev Chir Orthop 2004;90:673–7. [6] Epstein HC, Wiss DA. Traumatic anterior dislocation of the hip. Orthopedics 1985;8:130–2. [7] Phillips AM, Konchwalla A. The pathologic features and mechanism of traumatic dislocation of the hip. Clin Orthop 2000;377:7. [8] Dellanh YY, et al. Luxation obturatrice de la hanche : à propos d’un cas. Pan African Med J 2015;22:195.

Pour citer cet article : Bouya A, et al. Luxation obturatrice de la hanche : survenue rare en milieu sportif. J Traumatol Sport (2017), https://doi.org/10.1016/j.jts.2017.12.001

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[9] Tehranzadeh J, Vanarthos W, Pais MJ. Osteochondral impaction of the femoral head associated with hip dislocation: CT study in 35 patients. AJR Am J Roentgenol 1990;155:1049–52. [10] Canale ST, Manugian AH. Irreductible traumatic dislocation of the hip. J Bone Joint Surg Am 1979;61:7–14. [11] Brav EA. Traumatic anterior dislocation of the hip. J Bone Joint Surg Am 1962;44A:1115–21.

[12] Yang RS, Tsuang YH, Hang YS. Traumatic dislocation of the hip. Clin Orthop 1991;265:218. [13] Glass A, Powell HDW. Traumatic dislocation of the hip in children: an analysis of forty-seven patients. J Bone Joint Surg 1961;43B:29. [14] Hougaard K, Thomsen PB. Traumatic posterior dislocation of the hip: pronostic factors influencing the incidence of avascular necrosis of the femoral head. Arch Orthop Trauma Surg 1986;106:32–5.

Pour citer cet article : Bouya A, et al. Luxation obturatrice de la hanche : survenue rare en milieu sportif. J Traumatol Sport (2017), https://doi.org/10.1016/j.jts.2017.12.001