Zbl. Bakt. Hyg., I.Abt. Orig. A 247, 74-83 (1980) Laboratoire de Nutrition et d'Hygiene, Faculte des Sciences agronomiques, Universite de Gand, Belgique
L'activite ureasique de la flore du tractus digestif de la pondeuse, effet de la Bacitracine et de la Flavomycine 1 Ureolytic Activity in the Intestinal Tract of Layers, effects of Bacitracin and Flavomycin Die ureolytische Aktivitat im Darmkanal der Leghenne, Auswirkung von Bacitracin und Flavomycin RIDHA BERGAOUI 2 et ILBERT VERVAEKE3 Res;u Ie 12 novembre 1979
Resume Du contenu de differents segments du tractus digestif de la pondeuse a ete utilise pour I'enumeration des bacteries, la detection des colonies ureases positives, l'estimation de l'ureolyse microbienne et I'effet des antibiotiques Bacitracine et Flavomycine sur cette activite ureolytique. Il en ressort que: - la flore microbienne est la plus abondante au niveau du caecum. Elle est formee essentiellement de lactobacilles dans Ie jabot, gesier, duodenum, jejenum et ileum, et de lactobacilles et des anaerobies dans Ie caecum et Ie colon. - les colonies ureases positives representent pres de 17% du nombre total. - l' activite ureasique est la plus importante au niveau du caecum: 24 mg d'uree degradees /g de contenu/4 heures d'incubation. Elle est de 2 it 4 dans les autres segments. - la Bacitracine et la Flavomycine, jusqu'aux taux de 500 ppm, ne modifient pas in vitro I'activite ureolytique des fientes ou du contenu du caecum.
Abstract Counting of bacteria, detection of urease-positive bacteria and estimation of bacterial ureolysis influenced by Bacitracin and Flavomycin was done on intestinal contents from different segments of the digestive tract of laying hens. Ce travail est supporte en partie par l'IRSIA, Bruxelles. Adresse actuelle: Station de petit eIevage, Centre de recherches agronomiques de l'Etat it Gand, Burg. van Gansberghelaan, 92, 9220 Merelbeke, Belgique. 3 Laboratoire de Nutrition et d'Hygilme, Faculte des Sciences agronomiques, Universite de Gand, Proefhoevestraat, 10, 9230 Melle, Belgique. 1
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It was concluded that: - the intestinal flora was numerically most important in the caecum and was composed principally of lactobacilli in the crop, gizzard, duodenum, jejunum and ileum, and of lactobacilli and anaerobes in the caecum and colon. - 17% of the total number of intestinal bacteria were urease-positive. - the ureolytic activity was most important in the caecum: 24 mg of urea hydrolysed/g of contents during 4 hours of incubation. The range is between 2 and 4 mg in the other segments. - until the level of 500 ppm, Bacitracin and Flavomycin did not influence the in vitro ureolytic activity of fecal and cecal material.
Zusammenfassung Es wurden an dem Inhalt verschiedener Segmente des Magen-Darm-Traktes der Legehenne die Keimzahlung und der Nachweis der ureasepositiven Kolonien sowie die Untersuchung der mikrobiellen Harnstoffspaltung und der Auswirkung der Antibiotika Bacitracin und Flavomycin auf diese harnstoffspaltende Aktivitat durchgefuhrt. Daraus ergibt sich folgendes: - Die mikrobielle Flora ist im Caecum am reichlichsten. 1m Kropf, Muskelmagen, Duodenum, Jejenum und Ileum besteht sie im wesentlichen aus Lactobacillen und im Caecum und Grimmdarm aus LactobaciIlen und Anaerobiern. - Die ureasepositiven Kolonien stellen ca. 17% der Gesamtkeimzahl dar. - Die harnstoffspaltende Aktivitat ist im Caecum am intensivsten: 24 mg gespaltener Harnstoff/g Caecuminhalt nach einer 4-stundigen Inkubation. In den anderen Segmenten betragt dieser Wert 2-4 mg. - Bacitracin und Flavomycin verandern bei einer Menge bis zu 500 ppm die harnstoffspaltende Aktivitat im Kot oder im Caecuminhalt in vitro nicht.
Introduction Il est incontestable que la microflore intestinale chez les ruminants joue un role primordial dans les processus de nutrition etd'assimilation des elements nutritifs tel que la cellulose et l'azote non proteique. Ce role est beaucoup moins important chez les monogastriques et particuW:rement chez la volaille en elevage moderne intensif. Il est meme admis jusqu'ici qu'au contraire cette flore deprecie les performances par suite des nombreuses toxines produites a partir d'elements nutritifs susceptibles d'etre directement assimiles par la volaille. Ceci justifie l'usage courant des antibiotiques dans les aliments volaille (Francois et Michel, 8; Visek, 22). II est toutefois raisonnable de penser que certains produits eIabores par la microflore tels que les vitamines pourraient beneiicier a l'hote. Malheureusement la flore microbienne est plutot localisee au niveau des caeca, loin des sites d'absorption et ces produits vont se retrouver dans les f(:ces (Williams et Fuller, 23). Comme d'une part les fientes des volailles vehiculent couremment certains germes pathogenes et particulierement ceux de la coccidiose et par suite d'autre part du progres des industries chimiques susceptibles d'approvisionner Ie marche en vitamines, on essaye d'eviter tout contact de la volaille avec les fientes tout en renfors;ant les apports vitaminiques des aliments. Cependant depuis quelques annees certains auteurs se sont interesses aI'utilisation de differentes sources d'azote non protei que dans l'alimentation de la volaille sur-
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tout l'uree et ses derives et la. la microflore est d'un grand secours (Kazemi et Balloun, 13; Blair, 3; Davis et Martindale, 5; Okumura et al. 18). II est ainsi demontre, que grace l'urease microbienne, l'uree est degradee en ammoniac qui, transporte par Ie sang, est transforme au niveau du foie en acide glut ami que utilise soit directement soit pour la synthese d'autres acides amines non essentiels (Lee et aI., 13; McNab et Lee, 16; Okumura et aI., 17). Du fait de ce role primordial dans la degradation de l'uree, il est important de mieux connaitre cet aspect de l'activite microbienne de la flore intestinale de la volaille. Nous proposons ici d'en etudier les points suivants:
a
1. importance des germes ureases positifs des differents segments du tractus digestif de la pondeuse. 2. estimation de l'activite ureasique de la microflore des differents segments digestifs. 3. effet des antibiotiques Bacitracine et Flavomycine in vitro sur l'activite ureasique de la microflore des fientes et du contenu du caecum. La Bacitracine et la Flavomycine sont les seuls antibiotiques autorises dans les aliments pondeuses par suite de leur stabilite et de leur elimination dans les fientes.
1. Materiel et Methodes 1.1. Animaux et conditions d'elevage
Les animaux utilises proviennent d'un lot de pondeuses de la souche legere Hisex Blanche, agees de 26 semaines. Elles ont ete elevees jusqu' it 22 semaines en cages pour poulettes et ont subi durant cette peri ode un programme classique de vaccination. Elles ont ete nourries avec des aliments complets du commerce correspondant it leur age. A 22 semaines les poulettes ont ete logees dans un batiment pour pondeuses avec des cages de ponte (40 x 44 cm) pouvant suffire it 4 poules et nourries avec un aliment dont la composition est la suivante: mals (64%), tourteau de soja (17%), graisse (2%), farine de poisson (2%), farine de luzerne (2%) et mineraux et vitamines (13%). L'aliment comporte 15% de proteines et 11,7 MJ d'energie metabolisable. 11 ne contient aucun antibiotique. Aliment et eau sont distribues ad libitum. 1.2. Abattage des pondeuses
Onze pondeuses ont ete abattues par injection de 0,5 ml de Na-pentobarbital (Nembutal, Abott) dans la veine de l'aile et saignees par section de la veine sous-lingale. Les animaux ont ete ouverts et les tubes digestifs preleves. Ceux-ci ont ete divises en sept parties: jabot, estomac, duodenum, jejunum, ileum, caecum et colon. Le contenu de chaque segment est preleve, place dans un recipient sterile, homogeneise et dilue 10 fois avec de l'eau distillee sterilisee. Apres homogeneisation, une serie de dilutions all ant jusqu'it 10- 8 est preparee. Le milieu diluant est celui indique par Hungate (10) soit: 1 volume d'une solution A, 1 volume d'une solution B, 2 volumes d'eau distillee sterilisee contenant 0,03% de cysteine HC!. La solution A contient par litre: 6 g NaCl; 3 g KH2 P0 4 ; 3 g (NH')2S0.; 0,6 g MgSO La solution B contient: 3 g K2 HP0 4 /1. j •
1.3. Bacteriologie
La methode de comptage des bacteries est celie decrite par Van der Heyde (19) et Decuypere et Van der Heyde (6). Milieux utilises, temps et type de l'incubation, caracteristiques des colonies et nomenclature sont in diques dans Ie tableau 1. Le nombre de bacteries comptees it la fin de l'incubation est exprime en logarithme par gramme de contenu.
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Tableau 1. Milieu, caracteristiques des colonies, classification des bacteries, temps et type de I'incubation Milieu de culture
Temps et type d'incubation
Caracteristiques des colonies
Nomenclature
EMB agar (Difco)
18 h, aerobie
Rogosa SL. agar (Difco) Slanetz et Bartley (Difco)
48 h, anaerobie 48 h, aerobie
coliformes (type E.coli) lactobacilles D-streptocoques
Egg Yolk agar [Blood agar base (Oxoid) + 5% jaune d'oeuf] RCM hemin [RCM agar (Oxoid) + 0.001 % hemin]
24 h, anaerobie
colonies foncees ou colorees au centre toutes colonies colonies rouges ou brun-rouges colonies entourees d'un cercle blanc toutes colonies
nombre total
72 h, anaerobie
Clostridium perfringens
1.4. Detection des germes ureases positifs
Apres comptage, les colonies sont purifiees sur APT agar pour les lactobacilles et les streptocoques, et sur RCM hemin pour Ie nombre total (Vervaeke, 20). Apres une incubation de 24 heures, dIes ant ete inoculees dans des tubes APT agar pour les conserver en attendant Ie test urease utilisant une methode rapide et approximative. Celui-ci est fait selon Ie schema suivant: ~ reactivation des colonies dans APT bouillon (24 h), - purification sur APT agar (24 it 48 h), - culture sur APT agar (slent) et APT bouillon (inoculum), - test urease: incubation de 48 h soit en APT bouillon (temoin) soit en APT bouillon + 2 % d'uree d'une goutte d'inoculum, preJevement d'une goutte de la culture contenant l'uree et comparaison de la coloration en presence du reactif de Nessler a celle d'une goutte de la culture temoin en presence du meme reacti£' La reaction est positive si la culture prend une couleur brune foncee d'une intensite superieure a celie du temoin. 1.5. Detection de l'activite ureasique du contenu du tube digestif
Les memes dilutions (10- 1) des differentes parties du tube digestif que precedement sont utilisees. Celles-ci sont reparties dans des flacons de 20 g et incubees a 41 °C durant 4 h en presence de 0,25% d'uree. Apres incubation, les echantillons sont gardes au congeJateur en attendant l'analyse de la quantite d'uree residuelle. 1.6. Effet in vitro des antibiotiques Bacitracine et Flavomycine sur [' activite ureasique des {ientes et du contenu du caecum
Proven ant du meme lot de pondeuses, des fientes fraiches sont diluees 4 fois dans de l'eau distilJee con tenant 0,03% de cysteine HCI et sterilisee sous atmosphere d'azote. Le tout est homogeneise et reparti dans des flacons de 20 g. De l'uree (1 % de la solution finale) ainsi que differents taux de Bacitracine pure soluble dans I'eau (62 U.I. /mg) ou de la Flavomycine (97%) sont additionnes. Les incubations de 4 h a 41 °C sont £aites en double. Les flacons incubes sont prealablement remplis d'un melange de 90% d'azote et 10% de CO 2 afin d'installer I'anaerobiose et de permettre Ie developpement des bacteries exigentes en CO 2 • A la fin de l'incubation Ie produit est conserve au congeJateur en attendant la determination de la quantite d'uree residuelle. La me me methode a ete appliquee qudque temps plus tard avec toutefois du contenu
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des caeca de 40 pondeuses, toujours du m~me lot. Ces pondeuses ont ete abattues par saignee et Ie contenu des caeca est ramasse dans un recipient sterile et dilue 5 fois dans de l'eau sterilisee. Le taux d'uree utilise ici est de 0,5% de la solution finale. 0,5 ml par flacon d'un melange (1: 1) de chloroforme et de toluene ont ete ajoutes it la fin de l'incubation afin d'arr~ter toute fermentation indesirable. 1.7. Dosage de ['uree
Le dosage de l'uree est fait par la methode de Conway (4): incubation d'une heure a 37°C avec de l'urease, deplacement de l'ammoniac proven ant de l'uree au carbonate de potassium, absorption par l'acide borique et titration al'acide chlorhydrique. 1.8. Mesure de pH: pH metre (pH M 62 Radiometer)
2. Resultats Dans Ie tableau 2 nous avons indique Ie nombre de colonies identifiees ainsi que Ie pH du contenu des differents segments du tractus digestif de la pondeuse. C'est au niveau du caecum que la population bacterienne est la plus abondante, elle est composee surtout de bacteries non isolees sur les milieux selectifs ici utilises. Le colon heberge une flore bacterienne semblable celle du caecum. Le teste du tractus digestif comporte essentiellement des lactobacilles. Au niveau du gesier on trouve Ie nombre de bacteries Ie plus faible par suite probablement du pH assez bas et du transit relativement rapide des aliments dans cette partie du tube digestif de la pondeuse dont l'action est surtout mecanique (broyage des aliments). Le tableau 3 nous donne Ie nombre de colonies des differents segments ayant positivement reagi au test urease compare au nombre de colonies dominantes issues du comptage et utilisees dans Ie test urease. Le taux des colonies ureases positives est de 16,7% pour Ie nombre total dont la plupart semblent etre des lactobacilles. Il est de 11,3 % pour ce dernier groupe. Ces colonies ne paraissent pas etre localisees dans un segment plut6t que dans un autre. L'activite ureasique du contenu des differents segments du tractus digestif ainsi que la variation du pH en presence
a
Tableau 2. Nombre de colonies identifiees dans les difterents segments (moyenne de 11 poules) Segment
pH
Jabot Gesier Duodenum Jejunum Ileum Caecum Colon
3,23 3,23 5,82 5,68 7,30 5,33 7,62
<. logjg de contenu.
Nombre total" 9,4 7,6 8,2 7,6 8,1 10,7 9,3
,'* limite de la technique de comptage.
Coliformes 6,1 4,5 3,9 <3,3<'" 3,5 7,0 5,7
Streptocoques 4,5 3,5 3,3 3,5 4,3 4,3 4,8
Lactobacilles 9,1 7,7 7,9 7,6 7,9 10,1 8,0
Cl. perfringens 6,8 7,0 5,1 5,7 6,0 7,0 7,3
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Tableau 3. Nombre de colonies ureases positives compare au nombre de colonies testees Segment
Nombre total
Coliformes
Streptocoques
Lactobacilles
Cl. perfringens
0- 4 0- 4 0- 4
0-10 3-13 3-12 1- 6 0- 8 0- 9 0- 4
0000000-
7-62
0-11
Jabot Gesier Duodenum Jejunum Ileum Caecum Colon
2':'-11':·* 1- 7 1- 7 0- 7 2-10 2-11 2- 7
0- 4 0-10 0-10
0- 8 0- 3 0- 2 0- 2 1- 8 0-11 0- 6
Total
10-60
0-36
1-43
% de colonies ureases +
16,7
0
2,3
11,3
2 1 1 3 2 1 1
0
<. germes urease positifs. ,,,:. nombre de germes testes.
Tableau 4. Activite ureasique des differents segments du tube digestif de la pondeuse (incubation de 4 hit 41°C en presence de 0,25% d'uree) Segment
pH avant incubation
pH apres incubation (4 h)
Uree residuelle Activite ureasique apres incuba- (mg d'uree degradees/g tion" (%) de contenu frais)
Jabot Gesier Duodenum Jejenum Ileum Caecum Colon
3,23 3,23 5,82 5,68 7,30 6,33 7,62
5,28 3,46 4,91 5,26 4,97 8,22 7,33
0,2206 0,2296 0,2345 0,2227 0,2234 0,0119 0,2115
<.
2,95 2,68 1,74 2,91 2,66 23,65 3,97
dilution 10-1 de contenu frais.
d'uree (0,25%) apres incubation (4 h, 41°C) sont indiquees dans Ie tableau 4. C'est au niveau du jabot et du caecum que les solutions sont devenues plus basiques dli probablement it une production importante d'ammoniac venant alcaliniser Ie milieu contrairement aux autres segments. En tenant compte des dilutions effectuees du contenu frais des differents segments, au niveau du caecum l'activite ureasique parait la plus eIevee (23,65 mg d'uree degrades par g de contenu durant une incubation de 4 heures). Elle est beaucoup plus faible pour to us Ies autres segments.
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Tableau 5: Activite ureasique des fientes en presence de la Bacitracine et de la Flavomycine apres incubation (4 hit 41°C avec 1 % d'uree) Traitement
Uree apres incubation des solutions (%)
Activite ureasique (mg uree/g de contenu frais)
1. fientes" + 1% uree 2. 1 + 50 ppm Baci. 3. 1 + 500 ppm Baci. 4. 1 + 2,5 ppm Flavo. 5. 1 + 50 ppm Flavo. 6. 1 + 500 ppm Flavo.
0,8802 0,8401 0,8614 0,8692 0,8392 0,8560
4,79 6,40 5,54 5,23 5,43 5,76
,. diluees 4 fois (poids/poids). Tableau 6. Activite ureasique du contenu du caecum en presence de la Bacitracine et de la Flavomycine apres incubations (4 hit 41°C avec 0,5% d'uree) Traitement
1. 2. 3. 4. 4.
Caecum* + 0,5% uree 1 + 100 ppm Baci. 1 + 500 ppm Baci. 1 + 50 ppm Flavo. 1 + 100 ppm Flavo.
6. 1
+ 500 ppm Flava.
Uree apres incubation des solutions (%)
Activite ureasique (mg uree/g de contenu frais)
0,0755 0,0981 0,0753 0,0749 0,0453 0,0431
21,23 20,10 21,24 21,26 22,74 22,85
" diluees 5 fois (poids/poids).
Cette activite ureasique in vitro ne parait pas varier en presence de la Bacitracine ou de la Flavomycine aux differents taux indiques dans les tableaux 5 et 6. Ces deux tableaux confirment les resultats indiques dans Ie tableau precedent savoir une activite ureasique faible des fientes (4-5 mg d'uree/g/4 heures) pouvant etre assimilees au contenu du colon et beaucoup plus importante au niveau des caeca (21-24 mg). Aussi bien dans Ie cas des fientes que du contenu des caeca l'action in vitro des differentes doses de Bacitracine et de Flavomycine sur l'activite ureasique n'est pas evidente.
a
3. Discussion Le comptage des colonies des bacteries nous a montre que les bacteries etaient presentes en un nombre assez eleve dans to us les segments du tractus digestif de la pondeuse. Il faut remarquer it ce propos que ceci represente Ie minimum de colonies viables. En effet Ie nombre reel doit etre plus eleve du fait de la presence d'une
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flore assez importante de germes strictement anaerobies dont Ie developpement necessite des conditions speciales et une attention tres particuliere. Mead et Adams (15) montrent que certaines souches anaerobies ne peuvent pas se developper avec l'usage des methodes courantes. Barnes et Impey (1) montrent qu'il est possible d'isoler plus de 25% de 1a flore tot ale par l'emploi de conditions optimales alors que la methode traditionelle ne permet d'isoler que 9,5% du nombre compte au mIcroscope. C'est au niveau du caecum que la population bacterienne est la plus abondante. II faut a ce propos rappeler tres rapidement Ie fonctionnement du caecum notamment son mecanisme de remplissage et de vidange. Le remplissage du caecum se fait grace a des contractions inverses qui ramenent Ie contenu du colon et de l'urine au niveau de la jonction ileo-caecale. Seules l'eau et les particules tres fines sont capables de penetrer I'interieur du caecum. Le vidange se fait regulierement, to us Ies 6-8 heures, sous I' effet de plusieurs facteurs tels que: aliment, degre de distention du caecum, ion hydrique et concentration electrolytique dans Ie contenu du caecum. C'est au niveau du caecum que s'effectue la degradation de la cellulose et la synthese des vitamines. Certains germes utilisent I'acide urique pour d'autres syntheses (Barnes et Impey, 2; Mead et Adams, 15). Cependant Ie taux de cellulose de la ration de volaille est faible et les aliments sont suffisamment enrichis en vitamines, de ce fait Ie caecum joue un role tres secondaire chez la volaille moderne et la caecectomie a un effet negligeable sur les performances. Le caecum offre les conditions ideales au developpement des bacteries: pH 6,5 a 7,5, milieu liquide, anaerobie parfaite et elimination du contenu tous les 6-8 heures (Williams et Fuller, 22). Ceci explique Ie nombre tres important de germes presents. Le jabot comporte egalement une population bacterienne assez importante. Fuller (9) montre Ie role important des lactobacilles dans Ie maintien de l'equilibre de la flore au niveau du jabot eninhibant Ie developpement surtout d'Escherichia coli par une diminution du pH du milieu,Ies Iactobacilles ont aussi la propriete d'adherer aux parois du jabot ce qui explique leur abondance au niveau de cette partie du tube digestif. Dans les autres parties c'est soit Ie pH soit la vitesse de transit du bol alimentaire qui limite Ie developpement de la microflore. Ducluzeau et al. (7) montrent que I'ureolyse est un caractere de souche et non de type et que certaines souches sont cap abies d'hydrolyser l'uree in vitro et non in vivo et d'autres l'inverse. C'est ainsi que les germes Lactobacillus, Actinobacillus et Staphylococcus hydrolysent l'uree in vivo. Les souches du genre Lactobacillus, L. salivarius et L. fermenti, ne sont pas toutes ureolytiques in vivo ou in vitro. Dans Ie tableau 3 nous voyons que les lactobacilles ureolytiques ne sont pas presents au niveau du caecum alors qu' eils sont plus frequents dans Ies autres segments. II faut observer que Ie nombre de colonies utilisees est assez reduit, que ce sont essentiellement les bacteries les plus dominantes que no us avons testees et qu'il doit y avoir d'autres types de bacteries non isolees sur les milieux selectifs qui sont ureases positives et que nous retrouvons dans Ie nombre total (presence de 2/ 11 colonies ureolytiques qui sont absentes dans les autres groupes). II est aussi probable que Ie nombre de germes alui seul ne reflete pas l'importance de l'activite de cette flore du fait qu'il est indispensable d'avoir les conditions necessaires au developpement et l'action de cette flore. Ces conditions sont les plus favorables au niveau ducaecum ce qui explique l'importante activite ureolytique trouvee au niveau de ce segment malgre un nombre reduit de colonies ureases positives.
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Suzuki et aI. (18) montrent que Ie pH optimum pour Ie developpement des lactobacilles urease positives est de 4, alors qu'il est de 8 pour les Bacteroides multiacidus. Ceci concorde avec nos resultats du fait qu'aucune colonie des lactobacilles du caecum testees n'etait urease positive alors qu'elles sont plus nombreuses dans Ie jabot et Ie gesier ou Ie pH est plus acide. Dans les autres segments l'activite ureasique varie de 2 a 4 mg. Lee (14) trouve une activite de 10 mg dans Ie caecum, 0,5 mg dans Ie jabot et une activite tres faible ou nulle dans les autres segments. Les valeurs plus elevees que nous avons observees sont certainement dues a une duree plus import ante de l'incubation (4 h au lieu de 1 h pour Lee). Lee affirme par ailleurs que l'urease du jabot n'est pas d'origine bacterienne mais due la presence des aliments particulierement Ie tourteau de soja assez riche en urease. Il nous semble toutefois qu'une partie de l'urease du jabot doit provenir de cette flare assez abondante du jabot du fait de la presence des colonies ureases positives. Le pH du caecum devient, en presence de l'uree et apres incubation, franchement basique par suite certainement de la presence de l' ammonia que provenant de l'hydrolyse de l'uree. Dans les autres segments la variation du pH traduit Ie bilan de l' activite de la flore qui ne se limite pas a l'ureolyse mais aussi a d'autres phenomenes de metabolisme. Les antibiotiques ajoutes dans les aliments permettent une amelioration des performances. Les mecanismes mis en jeu ne sont pas tous elucides. Toutefois il est admis que les antibiotiques diminuent l'ureolyse et donc la production d' ammoniaque qui inhibe les performances (Visek, 21; Francois et Michel, 8; Visek et aI., 20). Les resultats mentionnes aux tableaux 5 et 6 no us montrent pourtant que l'effet des antibiotiques sur l' activite ureasique des fientes et du contenu des caeca est negligeable. Il est cependant possible comme l'ont indique Ducluzeau et al. (7), que tout se passe autrement in vivo.
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L'activite ureasique
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