Lymphomes osseux primitifs : étude prospective de 28 cas

Lymphomes osseux primitifs : étude prospective de 28 cas

Rev Rhum [E´d Fr] 2000 ; 67 : 627-8 Primary lymphoma of bone: a prospective study of 28 patients. Joint Bone Spine 2000 ; 67 (in press) © 2000 Édition...

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Rev Rhum [E´d Fr] 2000 ; 67 : 627-8 Primary lymphoma of bone: a prospective study of 28 patients. Joint Bone Spine 2000 ; 67 (in press) © 2000 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés S1169833000000181/REV

ARTICLE ORIGINAL

Lymphomes osseux primitifs : étude prospective de 28 cas Christine Brousse1, Elisabeth Baumelou1, Pierre Morel2, pour le Groupe d’étude des lymphomes de l’adulte 1 Service d’hématologie et d’oncologie, hôpital Foch, 40, rue Worth, 92150 Suresnes, France ; 2service d’hématologie, centre hospitalier du docteur Schaffner, 99, route de la Bassée, 52307 Lens, France

(Reçu le 10 avril 2000 ; accepté le 21 juin 2000)

Résumé – Objectifs. Étudier de façon prospective les lymphomes osseux primitifs (LOP) et les comparer aux lymphomes d’autres localisations (LNH) et aux lymphomes osseux secondaires (LOS). Méthodes. Vingt-huit LOP ont été inclus dans le protocole thérapeutique multicentrique LNH 87 du Groupe d’étude des lymphomes de l’adulte (GELA). Ils ont été comparés aux 2 932 LNH d’autres localisation et 219 LOS. Résultats. Les LOP : 17 hommes et 11 femmes, d’âge médian 48 ans (extrêmes : 18–69). L’atteinte était monostotique 17 fois (14 fois le squelette périphérique), polyostotique 9 fois. Âge < 60 ans : 86 % des LOP ; 59 % des LNH ; 55 % des LOS. Stade Ann-Arbor I-II/III-IV : 54/46 % des LOP ; 50/50 % des LNH, 20/80 % des LOS. Performance status à 0 ou 1 : 100 % des LOP ; 50 % des LNH, 20 % des LOS. Phénotype B : 89 % des LOP ; 85 % des LNH et des LOS. Histologie : LOP = 54 % de diffus grandes cellules, 11 % de diffus mixte ; LNH = 39 % de diffus grandes cellules, 13 % de diffus mixte, 8 % de diffus immunoblastiques ; LOS = 45 % de diffus grandes cellules, 10 % de diffus mixtes, 12 % de diffus immunoblastiques. Réponse complète ou partielle après traitement d’induction : 86 % des LOP ; 84 % des LNH ; 78 % des LOS. Survie globale à cinq ans : 65 % des LOP ; 50 % des LNH ; 40 % des LOS. Discussion. Les LOP s’individualisent par une meilleure survie. Cependant, l’impact de la radiothérapie en fin de traitement mériterait d’être mieux précisé et des facteurs pronostiques plus spécifiquement osseux dégagés. © 2000 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS lymphome osseux primitif / lymphome osseux secondaire

Summary – Primary lymphoma of bone: a prospective study of 28 cases. – Objective. To conduct a prospective study of primary lymphoma of bone (PLB) including comparisons to primary non-Hodgkin’s lymphoma (NHL) at other sites and to secondary lymphoma of bone (SLB). Methods. The 28 patients with PLB included in the 1987 NHL protocol developed by the GELA were studied and compared to 2932 patients with NHL at other sites and 219 patients with SLB. Results. Median age in the 28 PLB patients was 48 years (range, 18-69) ; there were 17 men and 11 women. The proportion of patients younger than 60 years was 86% in the PLB group, 59% in the other NHL group, and 55% in the SLB group. Proportions of Ann-Arbor stage patients (I-II/III-IV) were: 54%/46% in the PLB group, 50%/50% in the other NHLs group, and 20%/80% in the SLB group. Performance status was 0 or 1 in 100% of the PLB patients, 50% of the other NHLs patients, and 20% of the SLB patients. The tumor exhibited a B-cell phenotype in 89% of PLB patients

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C. Brousse et al.

and in 85% of other NHLs and SLB patients. Histological patterns were distributed as follows : PLB, 54% of diffuse large cell tumors and 11% of diffuse mixed cell tumors ; other NHLs, 39% of diffuse large cell tumors, 13% of diffuse mixed cell tumors, and 8% of diffuse immunoblastic tumors; SLB, 45% of diffuse large cell tumors, 10% of diffuse mixed cell tumors, and 12% of diffuse immunoblastic tumors. Induction therapy was followed by a complete or partial response in 86% of the PLB patients, 84% of the other NHL patients, and 78% of the SLB patients. Overall five-year survival was 65%, 50%, and 40% in these three groups, respectively. Discussion. Survival was better in the PLB group. Further work is needed to determine the impact of radiation therapy at the end of treatment and to identify prognostic factors specific to PLB. © 2000 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS primary lymphoma of bone / secondary lymphoma of bone

Les lymphomes malins non hodgkiniens osseux sont répartis en deux groupes : – les lymphomes osseux primitifs (LOP) qui ont été décrits initialement par Oberling en 1928 [1], et dont la première série a été rapportée par Parker et Jackson en 1939 [2]. Ils sont définis par une atteinte limitée à l’os, un ou plusieurs sites. L’atteinte ganglionnaire locale est fréquente, et n’exclut pas le diagnostic ; – les lymphomes osseux secondaires (LOS) qui sont définis par une atteinte osseuse au cours d’un lymphome disséminé. Ils sont rares au diagnostic initial et surviennent souvent au cours de l’évolution de la maladie. Ils s’accompagnent d’autres atteintes viscérales, en particulier un envahissement médullaire. Cette répartition des lymphomes osseux est certes largement dépendante de la précision du bilan d’extension. Ainsi, les travaux anciens concernant les LOP pêchent peut-être par l’absence de bilan d’extension précis, mais ont permis de préciser les caractéristiques cliniques [3-8]. Les travaux les plus récents ont montré, par des études rétrospectives, les limites de la radiothérapie seule et l’intérêt d’une polychimiothérapie [9-12]. Les LOP sont peu fréquents. Ils représentent 5 % des lymphomes malins non hodgkiniens (LNH) extraganglionnaires, et 3 % des tumeurs osseuses primitives. Dix pour cent des lymphomes disséminés ont une atteinte osseuse. Nous analysons ici les LOP inclus dans le protocole LNH 87, protocole thérapeutique multicentrique du Groupe d’étude des lymphomes de l’adulte (GELA), et les comparons à l’ensemble des LNH de cette étude.

PATIENTS ET MÉTHODES Patients Entre le 1er avril 1993 et le 1er octobre 1997, 3 179 patients, atteints d’un lymphome agressif et non infectés par le VIH, ont été inclus dans le LNH 87. Les critères de sélection de nos dossiers étaient : atteinte osseuse (un ou plusieurs sites), avec ou sans atteinte ganglionnaire, mais sans autre atteinte viscérale, en particulier médullaire (biopsie ostéomédullaire normale). L’extension épidurale au contact d’une vertèbre n’était pas une cause d’exclusion. Vingt-huit patients répondant à ces critères ont été inclus. Évaluation de la maladie L’extension du lymphome était appréciée par l’examen clinique, la tomodensitométrie thoraco-abdominale, la biopsie ostéomédullaire et était définie selon la classification d’Ann-Arbor. L’indice d’activité était évalué par l’ECOG (score 0 à 4). Les enzymes lacticodeshydrogénase (LDH) et la β2-microglobuline (β2m) étaient exprimées par rapport à la norme supérieure : normale ou élevée. Le type histologique du lymphome était classé selon la working formulation. Un questionnaire complémentaire a été adressé au médecin responsable du patient, afin d’obtenir les renseignements suivants : antécédent osseux particulier (maladie de Paget, ostéite, traumatisme, autre tumeur) ; symptômes initiaux (douleur, tuméfaction, fracture, compression neurologique) ; extension tumorale aux

Lymphome osseux primitif

parties molles ; épisode d’hypercalcémie ; atteinte osseuse lytique, condensante ou mixte.

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une réduction de moins de 50 %, et la progression comme l’apparition d’une nouvelle localisation ou l’augmentation de la masse tumorale connue.

Traitement Les patients du protocole LNH 87 ont été stratifiés en quatre groupes de traitement selon l’âge et la présence de quatre facteurs pronostics : performance status > 2 ; au moins deux sites extranodaux ; masse tumorale > 10 cm ; atteinte de la moelle osseuse ou du système nerveux central. Le groupe I comprenait les patients de moins de 69 ans, sans facteur de mauvais pronostic. Les groupes II et III comprenaient les patients âgés respectivement de moins de 55 ans et de 55 à 69 ans, avec au moins un facteur de mauvais pronostic. Le groupe IV comprenait les patients de plus de 69 ans, quels que soient leurs facteurs pronostics. Tous les patients recevaient une polychimiothérapie randomisée. Les patients du Groupe I recevaient de l’ACBVP 1 ou du mBACOD 2. Les patients du groupe II recevaient de l’ACBVP (doxorubicine : 75 mg/m2) ou MCVBP (mitoxantrone : 12 mg/m2). Après rémission complète, ils étaient randomisés pour recevoir une consolidation par chimiothérapie seule ou autogreffe de moelle. Les patients du groupe III recevaient ACBV et méthotrexate haute dose ou VIM3 3. Les patients du groupe IV recevaient du CVP 4 ou du CTVP 5. La radiothérapie de clôture n’était pas protocolaire ; chaque clinicien décidait de son intérêt et de ses modalités. La réponse au traitement a été évaluée à la fin du traitement d’induction. La réponse complète (RC) était définie par la disparition ou la régression de plus de 75 % de la masse tumorale initiale ; la réponse partielle (RP) par la persistance de lésions tumorales d’un volume inférieur de 50 % au volume initial. La stabilité comme 1

Adriblastine : 75 mg/m2 j1 ; cyclophosphamide : 1 200 mg/m2 j1, edelsine 2 mg/m2 j1 et j5, bleomycine 10 mg/m2 j1 et j5, méthylprednisolone 60 mg/m2 j1-5, méthotrexate IT 15 mg j2. 2 Méthotrexate 200 mg/m2 j8 et j15, adriblastine 45 mg/m2 j1, cyclophosphamide 600 mg/m2 j1, oncovin 1 mg/m2 j1, bléomycine 10 mg/m2 j1. 3 Novantrone 10 mg/m2 j1, holoxan 1 000 mg/m2 j1, 2, 3, méthyl GAG 300 mg/m2 j1 et j5, vehem 100 mg/m2 j1 et j5, méthotrexate 1 500 mg/m2 j14, méthylprednisolone 60 mg/m2 j1-5, méthotrexate IT j3. 4 Cyclophosphamide 750 mg/m2 j1 vehem 75 mg/m2 J1, prednisolone 40 mg/m2 j1, 2, 3. 5 Ciclophosphamide 750 mg/m2 j1, PTPadriblastine 50 mg/m2 j1, vehem 75 mg/m2 j1.

Analyse statistique Les caractéristiques initiales et la réponse au traitement sont comparées par le χ2 ou le test de Fisher et le test de Student. La survie est calculée selon la méthode de Kaplan-Meier et comparée par le test de Log-rank. Ces calculs ont été réalisés sur logiciel d’analyse software (SAS Institute Inc, Lary, MC). RÉSULTATS Caractéristiques cliniques et paracliniques (tableaux I et II, figure 1) Il s’agissait de 28 patients, 17 hommes et 11 femmes d’âge médian 48 ans (extrêmes : 18–69). Pour deux dossiers, nous n’avions pas le questionnaire complémentaire. Dix-sept fois l’atteinte osseuse ne concernait qu’un seul site : 14 fois le squelette périphérique, trois fois le squelette axial. Neuf fois l’atteinte était polyostotique, le rachis était alors toujours atteint. Aucun antécédent particulier n’a été relevé. La douleur était toujours présente au diagnostic, s’accompagnant six fois d’une fracture ou d’un tassement vertébral, huit fois d’une tuméfaction. Une compression radiculaire ou médullaire, en rapport avec une épidurite, révélait l’atteinte rachidienne huit fois sur neuf. Le stade Ann-Arbor était 15 fois I-II, 13 fois III-IV ; tous les patients avaient un index de performance à 0 ou 1. Les LDH étaient normales 17 fois, élevées 11 fois ; la calcémie toujours normale. Il n’y avait pas de pic à l’électrophorèse des protéines du sang. La sérologie du virus Epstein-Barr (EBV) était six fois positive, 20 fois négative et deux fois non précisée. Le phénotype était B 25 fois, T trois fois. L’histologie la plus fréquente était diffus grandes cellules (15/28) avec quelques formes immunoblastiques (2/28) et diffus mixte (3/28). L’aspect radiographique était lytique pur 21 fois sur 26 ; il existait une extension aux parties molles une fois sur deux, surtout quand l’atteinte était rachidienne, pelvienne ou costale.

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C. Brousse et al. Tableau I. Caractéristiques des lymphomes osseux primitifs. Âge Sexe masculin Mode de présentation : – douleur – fracture – tuméfaction – compression neurologique Calcémie

48 (18–69) ans 17 26 6 8 8 normale

Atteinte osseuse : – mono-ostotique – polyostotique

17 9

Aspect radiologique : – lytique pur – condensant pur – mixte – atteinte des parties molles

21 2 3 13

Traitement complémentaire : – chirurgie – radiothérapie

1 7

n = 26 ; deux questionnaires complémentaires n’étaient pas disponibles.

Figure 1. Sites osseux des lymphomes osseux primitifs : 26 patients, 38 localisations.

prothèse totale de hanche après chimiothérapie et radiothérapie pour une lésion de l’extrémité supérieure du fémur. On a observé 24 réponses majeures (RC ou RP) soit 86 % (figure 2). La survie globale à cinq ans a été de 65 % (18 patients) ; la survie sans récidive à 61 % (17 patients). Dix patients sont décédés : un en progression lors du traitement initial ; trois du fait d’un événement intercurrent alors qu’ils étaient en rémission complète (un état de mal épileptique, un adénocarcinome colique et une cirrhose virale B) ; trois en première rechute et trois en deuxième rechute. Sept rechutes sont survenues : deux simultanément au site initial et sur un autre os, quatre en ganglionnaire, un site est inconnu. Un seul patient ayant rechuté est en rémission complète.

Traitement et évolution

DISCUSSION

Vingt patients étaient inclus dans le groupe I, cinq dans le groupe III, deux dans le groupe II et un dans le groupe IV. Sept patients ont bénéficié d’une radiothérapie en fin de traitement délivrant 36 à 55 Gy : il s’agissait d’une atteinte polyostotique, de trois atteintes rachidiennes et de trois atteintes monostotiques périphériques. Un patient a bénéficié d’une chirurgie : mise en place d’une

Le protocole LNH 87 nous a permis d’étudier de façon homogène et prospective nos patients, et de les comparer aux lymphomes d’autres sites. Caractéristiques des LOP Les caractéristiques cliniques, paracliniques et évolutives des lymphomes osseux de notre étude rejoignent

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Lymphome osseux primitif

Tableau II. Comparaison des lymhpomes osseux primitifs (LOP), des lymphomes d’autres localisations (LNH) et des lymphomes osseux secondaires (LOS). LOP n = 28

Autre LNH n = 2 932

LOS n = 219

85,7 % (24) 61 % (17)

58,9 % 56,9 %

54,6 % 55 %

Stade Ann-Arbor – I-II – III-IV

54 % (15) 46 % (13)

50 % 50 %

20 % 80 %

Performance status (Ecog) – 0-1 –>2

100 % (28) –

50 % 50 %

20 % 80 %

Tumeur > 10 cm B symptômes

3 % (1) 11 % (3)

35,6 % 41 %

53,3 % 55 %

Phénotype : B T

89 % (25) 11 % (3)

85 % 15 %

85 % 15 %

Histologie : – folliculaire grande cellule – diffus petite cellule – diffus mixte – diffus grande cellule – diffus immunoblastique – lymphoblastique – histiocytaire – non classable

– – 11 % (3) 54 % (15) (2) (1) (1) 11 % (3)

3,7 % 3,8 % 13,5 % 39 % 8,2 % 2,2 % 2,5 % 16 %

2,7 % 4,1 % 10,2 % 45 % 12 % 1,8 % 0,4 % 10 %

LDH > normale β2 M > normale

34 % (11) 14 % (4)

46,7 % 32,3 %

60 % 40,4 %

Groupe thérapeutique I II III IV

73 % (20) 7 % (2) 17 % (5) 3 % (1)

24,1 % 33,7 % 25,9 % 16,1 %

0 40 % 51 % 9%

Réponse au traitement d’induction : – Reprise complète ou partielle – stabilité-progression

86 % (24) 14 % (4)

84,1 % 15,5 %

78,7 % 21,3 %

Évolution à 5 ans – survie globale – survie sans récidive

65 % (18) 61 % (17)

50 % 40 %

40 % 31 %

Âge < 60 Sexe masculin

celles des séries publiées antérieurement (tableau III). Les localisations osseuses strictes des LNH sont peu fréquentes : 28 patients sur 3 179 inclus dans le protocole du GELA. Elles concernent plus particulièrement l’homme au cours de la cinquième décennie. Le squelette périphérique est plus souvent atteint que le squelette axial. Les lymphomes osseux sont toujours révélés par une douleur, pouvant se compliquer d’une fracture lors de l’atteinte d’un os long porteur, d’une tuméfaction lors de l’atteinte d’un os superficiel, d’une compression neurologique lors de l’atteinte du rachis. Parmi nos patients, la recherche systématique d’une maladie osseuse préexistante a été négative.

L’aspect radiographique, non spécifique, montre une lésion le plus souvent lytique. L’imagerie par résonance magnétique oriente le diagnostic vers un processus tumoral et permet surtout d’évaluer l’extension locorégionale. L’effraction du périoste avec envahissement des tissus mous adjacents n’est pas rare, et probablement associée à un pronostic plus péjoratif [13]. L’hypercalcémie est très rare, alors qu’elle peut être présente au cours des lymphomes osseux secondaires. Le phénotype est presque exclusivement B. On ne relève que trois LNH T parmi nos patients. D’autres auteurs se sont intéressés au phénotype ; le phénotype T est relevé 0 fois/45 par Dubey et al. [14], 4 fois/34 par

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C. Brousse et al.

radiothérapie de clôture, délivrant 35 à 40 Gy, selon un étalement classique, est préconisée. Ce traitement doit permettre d’obtenir des survies à cinq ans, de l’ordre de 60 %. Comparaison aux autres LNH

Figure 2. Survie à cinq ans des lymphomes osseux primitifs, des lymphomes d’autres localisations et des lymphomes osseux secondaires.

Ueda et al. [15] (série japonaise), 0 fois/15 par Mendenhall et al. [16], 2 fois/48 par Fairbanks et al. [17], 0 fois/12 par Pettit et al. [18] et 0 fois/14 par Vassalo et al. [19]. L’histologie est le plus souvent agressive. Seuls environ 10 % sont des lymphomes de bas grade (23/228) si on collige cinq séries de la littérature : Otrowski et al. [4], Rathmell et al. [11], Reimer et al. [8], Ueda et al. [15], Mendenhall et al. [16]). Il s’agit plus d’une fois sur deux d’un type diffus grandes cellules ; les formes diffus mixtes et diffus immunoblastiques sont également représentées. Des études cliniques précédentes découlent les recommandations actuelles quant au traitement. La radiothérapie exclusive s’est montrée insuffisante pour prévenir les rechutes à distance, même au cours des stades I. En pratique, il est recommandé de réaliser une polychimiothérapie première, comprenant une anthracycline. Une Tableau III. Survie à cinq ans des lymphomes osseux primitifs après traitement par chimiothérapie et radiothérapie. Principales séries de la littérature. Stade I-II Stade III-IV Survie à 5 ans n (patients) n (patients) Parvinen et al. [21] 1983 Clayton et al. [5] 1987 Mendenhall et al. [16] 1987 Ueda et al. [15] 1989 Rathmell et al. [11] 1992 Dubey et al. [14] 1997

24 13 18

9 11 3

48 % 50 % 56 %

15 27 45

13 0 0

67 % 56 % 68 %

Nous avons comparé nos patients aux autres LNH du protocole (tableau II). Il apparaît que les LOP surviennent chez des sujets plus jeunes, et la prédominance masculine est plus nette. Le stade clinique Ann-Arbor est moins élevé, eu égard aux critères de sélection de notre étude qui excluaient les lymphomes osseux secondaires. À noter que le stade IV de cette classification rassemble à la fois les lymphomes osseux polyostotiques et secondaires dont l’évolution est différente. Les critères cliniques de gravité (performance status, tumeur > 10 cm, symptômes B) sont moindres, ainsi que les critères biologiques reflétant la masse tumorale (LDH, β2m). Compte tenu de ces critères pronostiques plus favorables, la groupe thérapeutique I rassemble les trois quarts de nos patients alors qu’il ne rassemble que le quart des autres LNH. Le type histologique diffus grandes cellules est le plus fréquent de tous les LNH, et encore plus parmi les LOP (54 %). La survie des LOP est meilleure que celle des autres lymphomes, elle-même meilleure que la survie des lymphomes osseux secondaires. Cependant à stade AnnArbor identique, la survie des LOP est superposable à la survie des autres LNH. Notre étude ne permet pas d’apprécier l’indication de la radiothérapie de clôture. Celle-ci pourrait peut-être permettre de diminuer la durée de la chimiothérapie, limitant ainsi les effets secondaires tardifs des drogues. En effet ceci à été démontré pour les autres lymphomes localisés par Miller et al. [20]. Tous ces éléments confirment l’intérêt d’inclure les LOP dans les protocoles thérapeutiques des LNH, car à l’heure actuelle, aucune caractéristique ne permet de les individualiser et donc d’envisager un traitement particulier. Cependant, l’opportunité et les modalités de la radiothérapie doivent être précisées, grâce à des études prospectives randomisées, comparant chimiothérapie seule et chimiothérapie–radiothérapie. Le protocole LNH 93 du GELA devrait apporter des éléments de réponse. Il semble également important de clarifier la statification car nous avons noté que la présence de

Lymphome osseux primitif

deux localisations osseuses pouvait, selon les cliniciens, être classée stade II ou stade IV. En ce qui nous concerne, si l’on souhaite respecter au mieux les définitions de la classification d’Ann-Arbor, deux atteintes osseuses distinctes représentent deux atteintes viscérales et doivent être classées IV et non pas II. Cette distinction, entre les formes monostotiques classées I ou II selon l’atteinte ganglionnaire et les formes polyostotiques classées IV, reflète d’ailleurs assez bien le moins bon pronostic des formes polyostotiques. Enfin, il serait nécessaire de mieux comprendre cette maladie à tropisme osseux. Quels mécanismes soustendent l’ostéophilie des formes polyostotiques ? Faut-il y voir la responsabilité de certaines molécules d’adhésion, ou de cytokines telles celles retrouvées au cours des métastases osseuses des tumeurs solides (IL-6, PTH-rP, BSP) ? RE´FE´RENCES 1 Oberling C. Les réticulosarcomes de la moelle osseuse. Bull Assoc Fr Cancer 1928 ; 1 : 259-96. 2 Parker F, Jackson H. Primary reticulum cell sarcoma of bone. Surg Gynecol Obstet 1939 ; 68 : 45-53. 3 Dosoretz D, Murphy G, Raymond K, Doppke K, Schiller A, Wang C, et al. Radiation therapy for primary lymphoma of bone. Cancer 1983 ; 51 : 44-6. 4 Otrowski ML, Unni K, Banks P, Shives T, Evans R, O’Connell J, et al. Malignant lymphoma of bone. Cancer 1986 ; 58 : 2646-55. 5 Clayton F, Bulter J, Ayala A, Ro J, Zorzona J. Non-Hodgkin’s lymphoma in bone. Cancer 1987 ; 60 : 2494-501. 6 Desay S, Janbhekar N, Soman C, Advani S. Primary lymphoma of bone : a clinic and pathologic study of 25 cases reported over 10 years. J Surg Oncol 1991 ; 46 : 265-9. 7 Bacci R, Jaffe N, Emiliani E, Van Horn J, Manfrini M, Bertoni F, et al. Therapy for primary non-Hodgkin’s lymphoma of bone and a comparaison of results with Ewing’s sarcoma. Cancer 1986 ; 57 : 1468-72.

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