71e Congrès de la Société nationale franc¸aise de médecine interne, Besanc¸on, 10–12 juin 2015 / La Revue de médecine interne 36S (2015) A76–A185
respectivement 95,1, 3,3 et 1,6 % cas. Il s’agissait dans 70,5 % des cas de formes aiguës, 11,5 % de l’EN était associé à une fièvre dans 45,9 % des cas, des signes articulaires dans 45 %, des signes oculaires dans 18 %, une adénopathie dans 6,6 % et des signes digestifs dans 3,2 %. D’autres signes cliniques étaient associés : une toux (13,1 %), une altération de l’état général (1,6 %), des signes ORL (21,2 %) et d’autres signes cutanés (27 %). Les étiologies retenues étaient : une infection streptococcique (21,3 %), une sarcoïdose (13,1 %), une grossesse (9,8 %), une tuberculose active (6,6 %), une maladie de Behc¸et (4,9 %), une origine médicamenteuse (4,8 %), une artérite de Takayasu (3,27 %) et, dans un cas, un lupus érythémateux systémique. L’EN était idiopathique dans 34,4 % des cas. Le bilan étiologique de 1re intention a comporté : une NFS (100 %), une vitesse de sédimentation (100 %), une radiographie du thorax (94 %), un examen ophtalmologique (68 %), une IDR à la tuberculine (63 %), un dosage des ASLO (59 %), une recherche de bacille de Koch (57 %) et une coproculture (3 %). Ce bilan initial a contribué au diagnostic étiologique dans 20 % cas. En l’absence de signes d’appel clinique, l’enquête étiologique systématique était négative dans 100 % des cas sauf pour la radiographie du thorax. Celle-ci a permis le dépistage d’anomalies chez des patients asymptomatiques dans la moitié des cas. La recherche de bacille de Koch était positive chez des patients qui présentaient une forte suspicion clinique. De même, les ASLO n’étaient positives que chez des patients symptomatiques. Conclusion Notre étude illustre la diversité des étiologies dont peut rendre compte l’EN. L’enquête étiologique systématique a une faible rentabilité en dehors de la radiographie du thorax. La clinique demeure souveraine. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2015.03.034 CA015
Une étiologie rare d’érythème noueux : la mastite granulomateuse idiopathique
M. Mejri ∗ , A. Heriz , I. Boukhris , S. Azzabi , C. Kooli , Z. Kaouach , I. Kechaou , E. Cherif , L. Ben Hassine , N. Khalfallah Médecine interne B, CHU Charles-Nicolle, Tunis, Tunisie ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : mej
[email protected] (M. Mejri) Introduction La mastite granulomateuse idiopathique (MGI) est une pathologie rare du sein, décrite pour la première fois par Wolloch et Kessler en 1972. Elle se caractérise par un état d’inflammation subaiguë ou chronique non spécifique du sein. L’érythème noueux (EN) est une éruption dermo-hypodermique nodulaire d’étiologies multiples. La MGI est une cause rare d’EN : nous allons présentons un cas de cette association. Observation Il s’agissait d’une femme âgée de 39 ans, hospitalisée pour tuméfaction mammaire gauche douloureuse évoluant depuis 02 mois. Elle n’avait pas d’antécédents particuliers, en particulier pas de diabète, pas de tuberculose, pas de prises d’œstroprogestatifs. Elle n’avait pas d’antécédents familiaux de cancer du sein. L’examen trouvait une tuméfaction inflammatoire siégeant au niveau du quadrant supéro-externe du sein gauche de 7 cm de grand axe, douloureuse. La radiographie du thorax et la biologie étaient sans anomalies. Une biopsie avec drainage était pratiquée. Les recherches bactériologiques et parasitaires étaient négatives à l’examen direct et à la culture. L’examen histologique montrait un abondant infiltrat granulomateux associant lymphocytes, polynucléaires neutrophiles, des histiocytes et des cellules géantes multinucléées. L’échographie et la mammographie étaient normales. Entretemps, de multiples lésions d’EN étaient apparues au niveau des deux membres inférieurs, associées à des arthralgies inflammatoires. Les autres explorations étiologiques de l’EN étaient négatives. Le diagnostic retenu était celui d’EN associé à une MGI. Une corticothérapie générale était débutée, permettant une
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régression de l’ensemble des manifestations. L’érythème noueux disparaissait en quelques semaines. Discussion Les manifestations extra-mammaires de la MGI sont rares. Des associations avec un érythème noueux, des arthralgies inflammatoires et des épisclérites ont été rapportées sans pour autant faire considérer la MGI comme une maladie systémique. Moins de 15 cas d’association à un érythème noueux sont décrits dans la littérature. La prise en charge thérapeutique n’est pas codifiée mais fait classiquement appel à la corticothérapie générale. Conclusion L’EN est un symptôme fréquent de consultation en médecine interne. La MGI est une cause rare d’EN, mais il faut savoir y penser aux cours de l’enquête étiologique. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2015.03.035 CA016
Mastite tuberculeuse : un diagnostic à ne pas méconnaître ! M.L. Djama 1 , M. Salah 2 , S. Medaoud 2 , D. Hakem 2,∗ , A. Boudjelida 2 , N. Djenane 3 , R. Baba-ahmad 4 , A. Berrah 2 1 Médecine interne CHU Bab-El-Oued, boulevard Said Touati, Bab El Oued, Algérie 2 Médecine interne, hôpital Dr Mohammad-Lamine Debaghine, CHU Bab-El-Oued, Alger, Algérie 3 Laboratoire de cytologie et d’anatomopathologie, hôpital Dr Mohammad-Lamine Debaghine, CHU Bab-El-Oued, Alger, Algérie 4 Anatomopathologie, hôpital Dr Mohammad-Lamine Debaghine, CHU Bab-El-Oued, Alger, Algérie ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : hakem
[email protected] (D. Hakem) Introduction Nous rapportons un cas de mastite tuberculeuse originale par son association à une atteinte ganglionnaire et des épisodes d’érythème noueux, mimant une sarcoïdose. Observation D.A. âgée de 67 ans, G9P10, aux antécédents de diabète type 2, de purpura thrombopénique immunologique et d’HTA, est admise pour exploration d’un érythème noueux récidivant associé à une masse mammaire droite et des adénopathies superficielles. L’examen physique retrouve un érythème noueux touchant les membres inférieurs, une masse mammaire du QSE droit de 3 cm de diamètre de consistance ferme, non sensible, non adhérente aux plans profonds et sans signes inflammatoires en regard. Il n’est pas notée de rétraction du mamelon, d’aspect en peau d’orange ni de ganglions satellites (chaîne mammaire interne, axillaires droites). On palpe par contre des adénopathies cervicales bilatérales de 1,5 cm de diamètre, fermes, mobiles, non douloureuses sans goitre ni nodule thyroïdien palpable. La NFS est sans anomalies. Le bilan inflammatoire est positif. Le bilan hépatique, le bilan phospho-calcique, la fonction rénale sont sans anomalies. Le dosage de l’enzyme de conversion est retrouvé à un taux normal. L’IDR à la tuberculine est positive à 17 mm. Le dosage du quantiféron est positif (taux à 30 fois la normale). L’image thoracique est normale (absence d’image séquellaire ou évolutive pleuropulmonaire ni de calcifications de l’ombre cardiaque ; absence d’adénopathies médiastinales) et l’ASP (absence de calcifications au niveau de la projection des ombres rénales et surrénales). L’échographie cardiaque note l’absence d’épanchement péricardique ou de calcification péricardique. La mammographie couplée à l’échographie mammaire retrouve une masse dense du QSE droit de contours flous. La cytoponction ganglionnaire et de la masse mammaire retrouvent un follicule gigantocellulaire confirmé à la biopsie mammaire qui identifie un granulome gigantocellulaire avec nécrose caséeuse. Discussion La mastite tuberculeuse est une localisation singulière avec une incidence estimée à 1/1600 des lésions mammaires. Elle doit être reconnue dans les pays d’endémie ou elle est
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probablement méconnue et sa fréquence sous-estimée. Cette atteinte tuberculeuse mammaire peut être primitive ou secondaire à une atteinte pulmonaire dans 36,7 % des cas ou à une atteinte extrapulmonaire dans 7,58 % des cas. Une notion de contage est retrouvée dans 2,3 % des cas. Les lésions siègent dans 63 % des cas au niveau du QSE. Des adénopathies associées sont retrouvées dans 75 % des cas et sont généralement volumineuses. Le traitement de la mastite tuberculeuse est médical basé sur les antituberculeux. La chirurgie est indiquée en cas de résistance au traitement médical. L’évolution est favorable dans 89,7 % des cas. Les récidives se voient dans 3,2 % des cas. Conclusion La tuberculose mammaire est rare, même en pays d’endémie. La clinique et l’imagerie ne sont pas spécifiques. Elle pose le problème du diagnostic différentiel avec la pathologie néoplasique et les autres granulomatoses. Le recours à l’étude histologique ou bactériologique est indispensable pour un diagnostic de certitude. Le traitement est surtout médical à base d’antituberculeux. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2015.03.036 CA017
La mastite granulomateuse
H. Zoubeidi ∗ , F. Daoud , Z. Aydi , L. Baili , B. Ben Dhaou , F. Boussema Service de médecine interne, hôpital Habib Thameur, rue Ali Ben Ayed Mont Fleury, Tunis, Tunisie ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (H. Zoubeidi) Introduction La mastite granulomateuse est une affection rare qui pose des problèmes diagnostiques et thérapeutiques. L’histologie constitue la clé du diagnostic positif. Elle permet d’objectiver le granulome et d’écarter un carcinome mammaire qui constitue le principal diagnostic différentiel à l’étape clinique. Le traitement et l’évolution restent conditionnés par l’étiologie sousjacente. Le but de notre travail était de relever les caractéristiques épidémiologiques, cliniques, étiologiques, thérapeutiques et évolutives des mastites granulomateuses. Patientes et méthodes Nous avions étudié des observations de patientes ayant eu une mastite granulomateuse. Toutes les patientes avaient bénéficié d’une échographie associée ou non à une mammographie et d’une biopsie des lésions. Le diagnostic était retenu devant la visualisation d’un granulome mammaire à l’examen anatomopathologique. Résultats Il s’agissait de 4 femmes dont la moyenne d’âge était de 39,5 ans (30–45 ans). Une de nos patientes était suivie pour un lupus érythémateux systémique avec une atteinte rénale stabilisé par des corticoïdes. La mastite granulomateuse était constamment révélée par une tuméfaction mammaire. Elle était associée à une mastodynie et à une galactorrhée dans un cas chacune. L’atteinte était bilatérale chez une seule patiente. La tuméfaction mammaire était objectivée chez toutes les patientes et associée à des signes inflammatoires chez 3 patientes. Une abcédation et une fistulisation à la peau était notée d’emblée chez une patiente et au cours de l’hospitalisation chez 2 autres. Il n’y avait pas de signes cliniques suspectant une origine néoplasique mammaire. On n’objectivait pas d’adénopathies axillaires. Un nodule thyroïdien gauche était noté chez une patiente. La biologie objectivait un syndrome inflammatoire biologique dans un seul cas. Le bilan phosphocalcique sanguin et urinaire était normal. On n’avait pas retrouvé d’autres sites granulomateux chez toutes les patientes. Les sérologies virales (HVB, HVC, CMV, EBV, HIV), les marqueurs tumoraux et le bilan immunologique (anticorps antinucléaires, anticorps anticytoplasme des polynucléaires) n’avaient pas montré d’anomalies chez toutes les patientes. Le dosage de l’ECA réalisé dans deux cas était normal. L’intradermoréaction à la tuberculine,
faite dans tous les cas, n’était positive que dans deux cas. Le test au quantiféron, fait dans un seul cas, était négatif. L’échographie mammaire objectivait des plages hypoéchogènes, hétérogènes et mal limitées dans tous les cas. Une collection mammaire évoquant un abcès était retrouvée dans deux cas. La mammographie n’était réalisée que chez deux patientes. Elle objectivait des lésions hypodenses, irrégulières, sans micro-calcifications ni adénopathies axillaires associées. Toutes les patientes avaient eu une microbiopsie. Elle permettait non seulement d’éliminer la présence d’un adénocarcinome mammaire mais aussi de confirmer le diagnostic d’une mastite granulomateuse. Une nécrose caséeuse était retrouvée dans un seul cas. Sur le plan étiologique, cette mastite granulomateuse était d’origine tuberculeuse et idiopathique dans respectivement deux cas. Elle était associée à un carcinome papillaire de la thyroïde confirmé histologiquement sur la pièce de lobo-isthmectomie gauche. Sur le plan thérapeutique, une antibiothérapie à base d’amoxicilline-acide clavulanique était prescrite chez deux patientes. Le traitement antituberculeux était prescrit dans les deux cas de mastite tuberculeuse et était poursuivi pendant six mois. Une mise à plat chirurgicale de l’abcès était nécessaire dans 3 cas. L’évolution initiale était favorable dans tous les cas. Une récidive était notée dans les deux cas de mastite granulomateuse idiopathique au bout d’une durée moyenne de 8 mois. Les mastites tuberculeuses ont bien évolué sous traitement antituberculeux. Conclusion La mastite granulomateuse est une pathologie bénigne rare du sein qui simule cliniquement et radiologiquement le cancer du sein. Cette entité anatomoclinique, d’éthiopathogénie encore mal élucidée, pose un problème de diagnostic différentiel avec les autres granulomatoses systémiques. Il n’existe pas à l’heure actuelle de consensus thérapeutique. Une collaboration multidisciplinaire est souvent nécessaire. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2015.03.037 CA018
Les thromboses veineuses superficielles : un regain d’intérêt légitime
Z. Meddeb , S. Bellakhal ∗ , A. Souissi , B. Ben Kaab , A. Mestiri , M.H. Douggui Médecine interne, hôpital des FSI la Marsa, Tunis, Tunisie ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (S. Bellakhal) Introduction La gravité des thromboses veineuses superficielles (TVS) a longtemps été sous-estimée. Souvent considérées comme bénignes, leur prise en charge était alors essentiellement basée sur la contention élastique et le traitement anti-inflammatoire. Il existe actuellement une reconsidération pour les TVS en raison du continuum dans la maladie thromboembolique (MTE). En effet, l’association des TVS aux thromboses veineuses profondes (TVP) et aux embolies pulmonaires (EP) est de plus en plus rapportée. Les facteurs de risque et les étiologies des TVS peuvent rejoindre ceux des TVP et des EP. L’objectif de notre travail était de décrire les particularités épidémiologiques, cliniques et évolutives ainsi que le profil étiologique des patients présentant une TVS dans un service de médecine interne. Patients et méthodes Il s’agit d’une étude rétrospective des dossiers des patients hospitalisés entre janvier 2003 et janvier 2015 ayant présenté une TVS confirmée par une échographie doppler. Résultats Parmi 136 patients suivis pour une MTE, 18 (13,23 %) ont présenté une TVS. L’âge moyen au moment du diagnostic était de 50 ans avec des extrêmes allant de 24 à 78 ans. Il s’agissait de 14 hommes et de 4 femmes et avec un sex-ratio (H/F) de 3,5. La TVS se localisait au niveau du membre inférieur dans 10 cas et