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MSOM-303; No. of Pages 7 Médecine du sommeil (2018) xxx, xxx—xxx
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ARTICLE ORIGINAL
Motifs de référence en consultation sommeil au Burkina Faso : À propos du syndrome d’apnées obstructif du sommeil Baselines for sleep consultation in Burkina Faso: About obstructive sleep apnea syndrome A.R. Ouédraogo a,∗, G. Ouédraogo a, E.L.P. Bemba b, A.S. Adambounou c, K. Boncoungou a, S. Maïga a, G.A. Sogbo a, R. Nacanabo d, G. Badoum a, M. Ouédraogo a a
A.R. Ouédraogo)
Service de pneumologie, centre hospitalier universitaire Yalgado Ouedraogo, Ouagadougou, Burkina Faso b Service de pneumologie, centre hospitalier universitaire de Brazzaville, Brazzaville, Congo c Service de pneumologie, centre hospitalier universitaire Sylvanus Olympio, Lomé, Togo d Service de pneumologie, centre hospitalier régional de Ouahigouya, Burkina Faso Rec ¸u le 8 juin 2018 ; accepté le 18 juillet 2018
MOTS CLÉS Sommeil ; Syndrome d’apnées du sommeil ; Motif de consultation
∗
Résumé Introduction. — La médecine du sommeil reste un champ encore mal exploré au Burkina Faso. Les symptômes évocateurs du syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) sont devenus de réels motifs de consultation. Cette étude s’intéresse aux motifs de consultation pour SAOS au Burkina Faso. Méthode. — Il s’est agi d’une étude transversale qui a concerné tous les patients rec ¸us en consultation sommeil dans le service de pneumologie du centre hospitalier universitaire Yalgado Ouedraogo à Ouagadougou au Burkina Faso, du 1er avril 2016—31 mars 2017. Les données sociodémographiques, cliniques et les motifs de consultations des patients concernés ont été recueillis à l’aide d’un questionnaire anonyme. L’échelle d’Epworth a permis d’évaluer la somnolence diurne et l’échelle de Pichot, la fatigue.
Auteur correspondant. Service de pneumologie, CHU-YO, 03 BP 7022, Ouagadougou, Burkina Faso. Adresse e-mail :
[email protected] (A.R. Ouédraogo).
https://doi.org/10.1016/j.msom.2018.07.002 1769-4493/© 2018 Elsevier Masson SAS. Tous droits r´ eserv´ es.
Pour citer cet article : Ouédraogo AR, et al. Motifs de référence en consultation sommeil au Burkina Faso : À propos du syndrome d’apnées obstructif du sommeil. Médecine du sommeil (2018), https://doi.org/10.1016/j.msom.2018.07.002
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A.R. Ouédraogo et al. Résultats. — Au total 106 patients ont été rec ¸us en consultation sommeil. Ce qui représente 5,9 % de toutes les consultations du service. La moyenne d’âge était de 47,8 ± 12,8 avec une prédominance masculine (sex-ratio = 1,4). Le principal motif de consultation était le ronflement (84 %) suivi de la sensation d’étouffement (59,4 %), la fatigue (55,7 %), la nycturie (52,8 %), la somnolence diurne (45,3 %). Les patients étaient majoritairement orientés par des pneumologues (59,4 %) et des cardiologues (29,2 %). Les antécédents étaient dominés par l’HTA (50 %), la dépression (17 %) et le diabète (13,2 %). Conclusion. — Les symptômes évocateurs de SAOS sont de plus en plus rencontrés en consultation. Une confirmation diagnostique et une prise en charge adéquate s’imposent dans un pays où les ressources sont limitées. © 2018 Elsevier Masson SAS. Tous droits r´ eserv´ es.
KEYWORDS Sleep; Sleep apnea syndrome; Reason for consultation
Summary Introduction. — Sleep medicine remains a poorly explored field in Burkina Faso. The symptoms suggestive of obstructive sleep apnea syndrome (OSAS) have become real reasons for consultation. This study looks at the reasons for consultation for OSAS in Burkina Faso. Method. — This was a cross-sectional study that involved all patients who received sleep consultation in the pneumology department of the Yalgado Ouedraogo University Hospital Center in Ouagadougou, Burkina Faso, from April 1, 2016—March 31, 2017. The data Sociodemographic, clinical and consultation reasons of the patients concerned were collected using an anonymous questionnaire. The Epworth scale was used to assess daytime sleepiness and the Pichot scale for the fatigue. Results. — A total of 106 patients were received in sleep consultation. This represents 5.9% of all service visits. The mean age was 47.8 ± 12.8 with a male predominance (sex-ratio = 1.4). The main reason for consultation was snoring (84%) followed by choking (59.4%), fatigue (55.7%), nocturia (52.8%), and daytime sleepiness (45.0%), (3%). Patients were predominantly directed by pulmonologists (59.4%) and cardiologists (29.2%). The antecedents were dominated by hypertension (50%), depression (17%) and diabetes (13.2%). Conclusion. — The symptoms related to OSAS are more and more encountered in consultation. Diagnostic confirmation and adequate management is needed in a country where resources are limited. © 2018 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Introduction Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) se définit comme étant la répétition d’épisodes de réduction (hypopnées) ou d’interruption (apnées) de la ventilation nasobuccale liée à un collapsus des voies aériennes supérieures (VAS) au cours du sommeil [1]. Il constitue le principal trouble respiratoire lié au sommeil et a pour conséquence de nombreuses complications médicales (atteintes cardiovasculaires, atteintes neurologiques) [2] et des répercussions sociétales (accidents de la voie publique et du travail, détérioration de la qualité de vie) [3]. Sa prévalence est estimée à 2 % chez les femmes et à 4 % chez les hommes en population générale [4]. Ce syndrome est souvent méconnu, bien que son diagnostic soit maintenant bien codifié et obéisse à des critères précis. Il est évoqué par l’interrogatoire mais son diagnostic de certitude est obtenu par la polysomnographie. En Afrique sub-saharienne, peu d’études ont été consacrées à cette affection. Au Burkina Faso la prise en charge du SAOS est récente. Le service
de pneumologie du centre hospitalier universitaire Yalgado Ouedraogo (CHU-YO), seule structure publique du pays à disposer d’une unité de dépistage des troubles respiratoires liés au sommeil a débuté ses activités en 2016. Cette étude a été initiée afin d’étudier les motifs de référence des patients vus en consultation sommeil du 1er avril 2016 au 31 mars 2017.
Matériels et méthodes Cadre et population d’étude Cette étude s’est déroulée à Ouagadougou, capitale politique et administrative du Burkina Faso. La population du Burkina Faso était estimée à 19 034 397 habitants en 2016 avec 2637 303 habitants à Ouagadougou [5]. C’est un pays enclavé situé en Afrique de l’ouest. Son système de santé se présente est sous forme pyramidale avec trois (03) niveaux qui assurent des soins de santé :
Pour citer cet article : Ouédraogo AR, et al. Motifs de référence en consultation sommeil au Burkina Faso : À propos du syndrome d’apnées obstructif du sommeil. Médecine du sommeil (2018), https://doi.org/10.1016/j.msom.2018.07.002
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Motifs de référence en consultation sommeil au Burkina Faso • le premier niveau de la pyramide est constitué par les districts sanitaires et comprend deux (02) échelons. Le premier échelon de soins est le centre de santé et de promotion sociale (CSPS), le deuxième échelon de soins du district sanitaire est le centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) et sert de référence aux CSPS ; • le deuxième niveau est représenté par les centres hospitaliers régionaux (CHR), ils servent de référence et de recours aux CMA ; • le troisième niveau est constitué par les centres hospitaliers universitaires (CHU) qui représentent le niveau de référence le plus élevé pour les soins spécialisés. Il sert également de cadre de formation des différentes catégories de personnels et de recherche. L’étude s’est déroulée dans le service de pneumologie du CHU-Yalgado Ouedraogo (CHU-YO) de Ouagadougou qui dispose de l’unique unité publique de prise en charge des pathologies respiratoires liées au sommeil du Burkina Faso. Les consultations sont assurées, de fac ¸on bihebdomadaire, par deux pneumologues formés dans la prise en charge des troubles respiratoires liés au sommeil. L’unité dispose uniquement d’un polygraphe ventilatoire de marque CIDELEC 102L. Le coût de l’enregistrement s’élevait à 45,73 Euros. Les patients qui n’arrivaient pas à s’acquitter de ces frais, avaient bénéficié d’une exonération. Notons que le Burkina Faso ne dispose pas de prestataire pour la commercialisation et la maintenance des appareils de PPC. Les appareils de PPC font l’objet de commande à l’étranger par les patients. La titration et le suivi sont assurés par les médecins de l’unité. Au niveau des structures libérales, il existe une clinique privée où s’effectue le diagnostic du SAOS à l’aide d’un polygraphe ventilatoire.
Population et type d’étude Il s’est agi d’une étude transversale qui a concerné tous les patients rec ¸u en consultation sommeil du 1er avril 2016 au 31 mars 2017 et qui ont donné leur consentement éclairé.
Collecte de données Une fiche d’enquête anonyme a permis de recueillir les caractéristiques sociodémographiques, les motifs de consultation, les antécédents, les paramètres anthropométriques et les habitudes de sommeil. L’échelle d’Epworth a permis d’évaluer la somnolence diurne et l’échelle de Pichot, la fatigue. Le questionnaire était administré au cours de la consultation sous forme d’interview et expliqué en langue locale pour les patients qui ne s’exprimaient pas en franc ¸ais.
Définitions opérationnelles • Échelle de somnolence diurne d’Epworth [6] : ◦ score<11 : vigilance normale ; ◦ score compris entre 11 et 15 : déficit de sommeil ; ◦ score ≥ 16 : signes de somnolence diurne excessive ; • Échelle de Pichot : ◦ score ≤ 22 : normale ; ◦ score > 22 : fatigue excessive ;
3 • le périmètre abdominal (PA), défini comme la plus petite circonférence entre la taille et les hanches, et mesuré par un mètre ruban, la normalité étant définie chez les hommes par un PA < 94 cm et chez les femmes par un PA < 80 cm ; • le périmètre cervical (PC) mesuré par un mètre ruban en prenant comme repère la mi-distance entre la fourchette sternale et la mandibule. La normalité étant définie chez les hommes par un PC < 43 cm et chez les femmes par un PC < 41 cm.
Analyse statistique Les données ont été analysées à l’aide du logiciel de statistiques Epi Info 7.2. Le test Chi2 brut de Pearson ou le test exact de Fischer ont été utilisés pour la comparaison des variables catégorielles lorsque nécessaire. Les valeurs moyennes ont été présentées avec l’écart type comme indice de dispersion. Les liaisons entre les variables étaient considérées comme statistiquement associées au seuil de probabilité de 0,05.
Résultats Pendant la période d’étude, le service de pneumologie a enregistré 1784 cas de consultations dont 106 cas en unité sommeil soit une proportion de 5,9 %.
Données sociodémographiques La prédominance étaient masculine avec 62(58,5 %) hommes et 44(41,5 %) femmes, soit un sex-ratio de 1,4 (Tableau 1). La moyenne d’âge était de 47,8 ± 12,8 ans avec des extrêmes de 18 et 79 ans. Les patients âgés d’au moins 40 ans représentaient 72,5 % (n = 77) de l’effectif. Parmi nos patients 83 (78,3 %) étaient mariés et 51,9 % avaient un niveau d’étude du supérieur. Les patients qui exerc ¸aient une activité nécessitant un niveau de vigilance accru représentaient 19,8 de l’effectif (11,3 % de Conducteurs professionnels, 7,6 % d’ouvriers, et 0,9 % de pilotes).
Médecins référents et motifs de références Dans notre étude, 59,4 % de nos patients étaient adressés par les pneumologues et 29,2 % par les cardiologues (Tableau 2). Le ronflement était le principal motif de consultation signalé par 84 % des patients. Le Tableau 2 résume les motifs de consultation. Ces symptômes ont été signalés dans 78 % des cas par les conjoints(es) et dans 60,4 % des cas par le patient lui-même. La durée moyenne d’évolution des symptômes était de 55,2 ± 76,1 mois. La suspicion du SAOS a été évoquée dans 93,1 % des cas par le médecin traitant et dans 6,9 % des cas par le patient lui-même. L’étude révèle une proportion de 20,8 % de nos patients qui affirmait avoir eu des informations sur le SAOS. Les Médias étaient la source d’information pour 48 % de ces patients (Tableau 2).
Données biométriques et antécédents L’hypertension artérielle (HTA), la baisse de la libido/faiblesse sexuelle, l’asthme, la dépression et le
Pour citer cet article : Ouédraogo AR, et al. Motifs de référence en consultation sommeil au Burkina Faso : À propos du syndrome d’apnées obstructif du sommeil. Médecine du sommeil (2018), https://doi.org/10.1016/j.msom.2018.07.002
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A.R. Ouédraogo et al. Tableau 1
Caractéristiques sociodémographiques.
Variables Tranches d’âge (ans) < 30 [30—40[ [40—50[ [50—60[ ≥ 60 Sexe Homme Femme Statut matrimonial Marié (e) Célibataire Veuf (ve) Divorcé (e) Niveau d’étude Supérieur Secondaire Primaire Non scolarisé Profession Agents administratiifs Femme au Foyer/Retraités Conducteurs professionnels Enseignants/Etudiants Commerc ¸ants Agents de santé Ouvriers Pilotes Musiciens
Effectif (n)
Proportion (%)
8 21 35 25 17
7,5 20 33 23,5 16
62 44
58,5 41,5
83 14 6 3
78,3 13,2 5,7 2,8
55 25 13 13
51,9 23,5 12,3 12,3
35 23 12 10 8 8 8 1 1
33 21,7 11,3 9,4 7,6 7,6 7,6 0,9 0,9
Tableau 2 Motifs de consultation, médecins référents et source d’information sur le SAOS. Variables Motifs de consultation Ronflement Sensation d’étouffement/suffocation Asthénie matinale Nycturie Somnolence diurne Céphalées matinaux Apnées HTA rebelle HTA nocturne Médecins référents Pneumologues Cardiologues Médecins généralistes Médecins internistes Oto-rhino-laryngologues Sources d’information sur le SAS (n = 22) Médias/Internet Médecins Famille/Amis
Somnolence et répercussion sociale Parmi nos patients, 36,8 % (39) estimaient que la durée de leur sommeil n’était pas suffisante. L’échelle de PICHOT a montré que 41,5 % de nos patients avaient une fatigue excessive. À l’échelle d’Epworth on a noté que 52,8 % de patients n’avaient pas de dette de sommeil et 21,7 % présentaient une somnolence diurne excessive. Les patients qui estimaient avoir un sommeil insuffisant avaient 3,2 plus de risque d’avoir une somnolence diurne (OR = 3,2 ; IC95 % [1,3;7,9] ; p = 0,02). Les autres facteurs associés à une somnolence diurne sont résumés dans le Tableau 4. Onze patients (10,4 %) affirmaient avoir présenté un accès de somnolence au cours de la conduite. Huit patients ont présenté un accident de travail dont l’un était en rapport avec un accès de somnolence.
Pourcenta (%)
89 63
84 59,4
59 56 48 35 23 5 4
55,7 52,8 45,3 33 21,7 4,7 3,8
63 31 8 3 1
59,4 29,2 7,5 2,8 0,9
11 10 1
48 44 8
Tableau 3 Antécédents/comorbidités biométriques. Variables
diabète étaient les principaux antécédents médicaux des patients dans des proportions respectives de 50 % ; 18,9 % ; 17 % ; 17 %, et 13,2 %. Une notion de consommation d’alcool était retrouvée chez 39 (36,8 %) patients. Vingt patients (18,9 %) étaient tabagiques. La moyenne de l’IMC était de 31,7 ± 6,9 kg/m2 avec des extrêmes de 19 et 50 kg/m2 . Les patients obèses représentaient 54,7 % de l’effectif. Le périmètre cervical était excessif chez 37,7 % des patients et le périmètre abdominal chez 70,8 % (Tableau 3).
Effectif (n)
Antécédents/comorbidités Tabagisme Alcool HTA Baisse de la libido/faiblesse sexuelle Asthme Dépression Diabète Cardiopathies BPCO VIH IMC (kg/m2 ) [18,5—25[ [25—30[ ≥ 30 Périmètre cervical Normal Excessif Périmètre abdominal Normal Excessif
et
données
Effectif (n)
Proportion (%)
20 39 53 20
18,9 36,8 50 18,9
18 18 14 8 1 1
17 17 13,2 7,5 0,9 0,9
15 33 58
14,2 31,1 54,7
66 40
62,3 37,7
31 75
29,2 70,8
IMC : indice de masse corporelle.
Pour citer cet article : Ouédraogo AR, et al. Motifs de référence en consultation sommeil au Burkina Faso : À propos du syndrome d’apnées obstructif du sommeil. Médecine du sommeil (2018), https://doi.org/10.1016/j.msom.2018.07.002
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Motifs de référence en consultation sommeil au Burkina Faso Tableau 4
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Facteurs associés à une somnolence diurne.
Variables
Sexe Masculin Féminin Âge (ans) < 48 ≥ 48 Périmètre cervical Normal Excessif Périmètre abdominal Normal Excessif Antécédent d’HTA Oui Non Tabac Oui Non Alcool Oui Non Sommeil suffisant ? Oui Non Échelle de Pichot ≤ 22 > 22
Score d’Epworth
OR [IC95 %]
p
< 11 n(%)
≥ 11n(%)
28(45,2) 28(63,6)
34(54,8) 16(36,4)
2,1[1;4,7]
0,06
29(51,8) 27(54)
27(48,2) 23(46)
0,9 [0,4;1,9]
0,8
36(54,5) 20(50)
30(45,5) 20(50)
0,8 [0,3;1,8]
0,6
19(61,3) 37(49,3)
12(38,7) 38(50,7)
0,6 [0,2;1,4]
0,3
43(81,1) 37(69,8)
10(18,9) 16(30,2)
0,5 [0,2;1,3]
0,17
17(85) 63(73,3)
3(15) 23(26,7)
0,5 [0,1;1,8]
0,27
31(79,5) 49(73,1)
8(20,5) 18(26,9)
2,4 [1,1;5,7]
0,33
56(83,6) 24(61,5)
11(16,4) 15(38,5)
3,2 [1,3;7,9]
0,02
77(76,2) 3(60)
24(23,8) 2(40)
2,1 [0,3;13,6]
0,4
Caractères en gras : les liaisons entre les variables étaient statistiquement associées.
Discussion Les troubles du sommeil sont de plus en plus reconnus comme un véritable problème de santé publique [7]. Au Burkina Faso la prise en charge du SAOS est récente. Après une année d’activité, nous avons enregistré 106 patients qui ont consulté pour troubles respiratoires liés au sommeil. Ce nombre non négligeable représente 5,9 % de l’ensemble des consultations du service de pneumologie sur cette période. Les symptômes évocateurs de syndrome d’apnées du sommeil sont présents dans au moins 10 à 15 % de la population [7]. Un besoin d’information du grand public sur les troubles respiratoires durant le sommeil s’avère nécessaire. Dans notre étude, seulement 20,8 % de nos patients ont affirmé avoir eu des informations sur le SAOS. À la méconnaissance du sujet répond assez souvent, celle plus relative des professionnels de santé. Ceci participe aussi sans doute à un retard diagnostique (la durée moyenne des symptômes était de 55,2 ± 76,1 mois). De toutes les spécialités médicales concernées, ce sont les pneumologues qui ont une activité essentiellement axée sur la prise en charge du SAOS. Dans notre étude, la majorité des patients ont été référés par les pneumologues (59,4 %), suivi des cardiologues (29,2 %). Cependant, de nombreuses autres
spécialités médicales sont concernées par les troubles du sommeil dont la neurologie, la psychiatrie, l’ORL, la pédiatrie, l’urologie, l’endocrinologie, la gériatrie, la médecine interne, la médecine du travail. Les troubles du sommeil représentent tout à la fois des pathologies spécifiques et des pathologies d’impact intéressant ces diverses spécialités, faisant de cette matière une discipline transversale dont la prise en charge complexe impose la multidisciplinarité. La moyenne d’âge de nos patients était de 47,8 ± 12,8 ans avec des extrêmes de 18 et 79 ans. Nous n’avons pas enregistré d’enfant, alors que la prévalence des troubles du sommeil est élevée affectant près de 30 % des enfants d’âge préscolaire [8]. Cette activité étant récente au Burkina Faso, une sensibilisation des pédiatres et des parents s’avère nécessaire. La prévalence du SAOS croit de fac ¸on quasi linéaire chez les adultes jusqu’à l’âge de 65 ans, indépendamment d’autres facteurs de risque [9,10]. La majorité de nos patients était des hommes (58,5 %). Le SAOS est 2 à 3 fois plus fréquent chez l’homme que chez la femme dans les principales cohortes notamment celui de Wisconsin Sleep Cohort Study (WSCS), de Southern Pennsylvania Cohort (SPC) et de Victoria-Gasteiz Spain Cohort (VGSC) [4,11,12]. Plus de la moitié (54,7 %) des patients rec ¸us en consultation était obèse. L’obésité est connue classiquement être un facteur
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A.R. Ouédraogo et al.
de risque du SAOS. Plusieurs études épidémiologiques ont confirmé l’augmentation de la prévalence du SAS chez les sujets présentant un surpoids [4,12]. Une proportion majoritaire de 87,7 % de nos patients était instruite ; 51,9 % avaient un niveau d’étude supérieur. Leur niveau d’instruction, leur facilitait l’accès aux informations médicales sur le SAOS via les médias (audiovisuels et internet) et les revues médicales, motivant ainsi la consultation d’un médecin. En effet, 48 % de nos patients affirmaient avoir eu des informations sur le SAS par le biais des médias (audiovisuels et internet). Concernant les motifs de consultation, le ronflement (84 %) était prédominant. Le ronflement est très fréquent dans la population générale ; sa prévalence augmente dans les deux sexes après 35 ans. On admet depuis environ quatre décennies que 60 % des hommes et 40 % des femmes d’âge moyen (40—60 ans) sont des ronfleurs habituels [13]. Considérés comme source de nuisance sonore nocturne, les ronflements peuvent engendrer des conflits dans des couples, d’autant plus que 78,3 % de nos patients sont mariés. Le ronflement est pratiquement constant dans le SAOS [7]. Cependant, tout ronflement n’est pas synonyme de SAOS [14]. La sensation d’étouffement (59,4 %) ressentie par le patient et/ou la survenue de pauses respiratoire (21,7 %) constatées par l’entourage, durant le sommeil, pourraient être dues à l’obstruction des voies aériennes supérieures. Pour Guilleminault, « les époux et autres partenaires partageant le même lit que le patient sont la meilleure source » [1]. Le diagnostic d’un SAOS pourrait être retardé chez les patients qui dorment seuls du fait d’une méconnaissance ou d’une sous-estimation des symptômes nocturnes. Et ce, d’autant plus s’ils n’ont pas de signes diurnes pouvant avoir des répercussions sociales ou professionnelles. Dans notre étude, 45,3 % des patients signalaient une somnolence diurne. À l’échelle d’Epworth, cette somnolence diurne était excessive dans 21,7 % des cas. La SDE est un signe cardinal du SAOS. Les sujets apnéiques présentent des micro-éveils nocturnes qui entraînent une fragmentation et une désorganisation du sommeil. La qualité du sommeil se trouve altérer car il devient superficiel et non-récupérateur. Cette dette de sommeil se paie indirectement par une somnolence diurne [1]. Plusieurs patients avaient une fatigue excessive (41,5 %) et on notait une mauvaise qualité du sommeil chez 42,5 % de patients. En fait la fatigue et la somnolence diurne sont intimement liées. Dans notre étude, les patients qui estimaient avoir un sommeil insuffisant avaient 3,2 plus de risque d’avoir une somnolence diurne (OR = 3,2 ; IC95 % [1,3;7,9] ; p = 0,02). Ces signes fonctionnels seraient à l’origine d’un trouble de la concentration, des troubles de la mémoire, d’une baisse des performances intellectuelles, et des accidents routiers ou du travail [15]. Au Burkina Faso, il n’existe aucune réglementation précise pour l’obtention ou le maintien du permis de conduite chez les conducteurs professionnels présentant un SAOS (11,3 % des patients étaient des conducteurs professionnels). Aussi 19,8 % des patients exerc ¸aient une activité nécessitant un niveau de vigilant accru. Onze patients (10,4 %) affirmaient avoir présenté un accès de somnolence au cours de la conduite et un (01) patient confirmait avoir présenté un accident de travail du à une somnolence. Le patient apnéique perd les bénéfices d’un bon sommeil. Selon la sévérité des troubles, il signalera une baisse de la concentration, de la mémoire voire des per-
formances sexuelles. [15]. Vingt patients avaient rapporté une baisse de la libido ou une faiblesse sexuelle. Le SAOS peut engendrer d’autres désordres endocriniens. On notait 14 patients diabétiques. Plus de la moitié (52,8 %) des patients avait une nycturie due à l’augmentation de la sécrétion du peptide natriurétique auriculaire [16]. Les céphalées matinales (33 %) s’expliqueraient par les troubles gazométriques que subit le cerveau du sujet apnéique durant son sommeil. Le SAOS est une cause majeure d’hypertension artérielle [17]. Une proportion de 30 à 40 % des hypertendus présenterait un SAOS et 50 % des sujets porteurs d’un SAOS seraient hypertendus. L’étude de la cohorte du Wisconsin a montré que le risque d’une HTA est multiplié par trois chez les sujets ayant un SAOS. Dans notre étude 50 % des patients avaient une HTA. Neuf patients (8,5 %) avaient consulté pour HTA nocturne ou rebelle. Une étude réalisée en Au Burkina Faso retrouvait des symptômes de SAS chez 33,5 % de patients hypertendus [18]. En effet l’hypoxie intermittente liée aux apnées est à l’origine d’une stimulation du chémoréflexe et des systèmes rénine-angiotensine-aldostérone et sympathique. Les troubles gazométriques intermittents déclenchent ces mécanismes de régulation qui aboutissent à des pics hypertensifs. À long terme, s’installe une HTA sévère rebelle au traitement classique [19].
Conclusion Cette étude a permis d’identifier les motifs de référence pour SAOS dans un pays où la prise en charge des troubles respiratoires du sommeil est à ses débuts. Il est ressorti que les symptômes évocateurs du SAOS sont présents, dominés par les ronflements. Les outils de confirmation diagnostique s’avèrent nécessaires dans un contexte où les ressources sont limitées.
Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
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Pour citer cet article : Ouédraogo AR, et al. Motifs de référence en consultation sommeil au Burkina Faso : À propos du syndrome d’apnées obstructif du sommeil. Médecine du sommeil (2018), https://doi.org/10.1016/j.msom.2018.07.002
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Pour citer cet article : Ouédraogo AR, et al. Motifs de référence en consultation sommeil au Burkina Faso : À propos du syndrome d’apnées obstructif du sommeil. Médecine du sommeil (2018), https://doi.org/10.1016/j.msom.2018.07.002